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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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Sur les réseaux sociaux : 

    

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Pour correspondre avec nous, nous proposer des articles ou des informations,

pour toute question : 

contact@memorial98.org

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21 juin 2015 7 21 /06 /juin /2015 01:31

Robert Faurisson, Dieudonné, et Frédéric Châtillon.Cette semaine, Robert Faurisson passait en procès pour ses déclarations négationnistes à propos de la Shoah dans le film "Un homme", hagiographie réalisée par Paul-Eric Blanrue et diffusée initialement par Marc Georges (voir plus bas à propos de ces personnages), sur le site d'extrême-droite "Medialibre", il y a déjà quatre ans.

 

Le film est accessible en deux clics puisqu'il est disponible sur YouTube. Si l'on cherche à s'informer sur le procès en tapant "Faurisson" dans Google Actus, on tombera immédiatement,  outre la référence au compte-rendu d'audience publié par le Monde, sur le même site Medialibre, référencé comme "actualité" par Google, et sur le site de "publication libre" Agora Vox, qui relaie un article antisémite sur le sujet. 

 

Aussi bien, beaucoup d'intellectuels méconnus, de chercheurs sérieux et ignorés du grand public aimeraient-ils souffrir de la même "censure" et des mêmes "persécutions" que le néo-nazi Faurisson et ses soutiens. 

 

Faurisson passe certes en procès mais ceux-ci ne servent pas à grand-chose. Non seulement parce qu'ils sont menés en proportion une fois sur cent propos négationnistes et  parce qu'ils se tiennent quatre ans après les faits. Mais aussi parce qu'ils semblent souvent traités par les procureurs et les juges comme une affaire de "routine". Ainsi à propos d'"Un homme",  le procureur a-t-il uniquement requis six mois de prison avec sursis ( le "blogueur néo-nazi" Boris Le Lay à l'audience pourtant bien plus faible  vient d'être condamné à 6 mois de prison ferme). La première condamnation de Faurisson à de la prison avec sursis remonte à 1981, pour des propos tenus sur Europe1. Sa dernière condamnation date du 3 octobre 2006. Robert Faurisson n'a jamais été incarcéré, ses sursis n'ont jamais été révoqués, alors même que l'ensemble de son activité consiste à récidiver en  réitérant les mêmes propos, à la ligne près, sans interruption, par ses écrits, ses vidéos et ses enregistrements audio. 

 

Quant aux amendes, nul ne sait, à part le Trésor Public, si Faurisson les paie, ou si comme son grand complice et ami Dieudonné il s'en abstient pendant des années sans encombres. Quand bien même il les paierait, ce serait avec sa retraite de l'Enseignement Supérieur. Robert Faurisson non seulement n' a jamais été révoqué de l’Éducation nationale, mais de plus, il a pu exercer  le métier de propagandiste néo-nazi et négationniste à plein temps. Son salaire de détaché, à sa demande, au Centre national de télé-enseignement, ne comportait  aucune activité effective d'enseignement. En 1980, il a aussi bénéficié d'une mesure collective de reclassement qui lui donne le grade de professeur. 

 

On pourrait se consoler en se disant que les  très rares procès qui lui sont intentés permettent au moins de combattre ses idées. Il suffit de lire l'article du Monde consacré au dernier en date, pour voir que ce n'est pas le cas. L'article comporte sept paragraphes dont trois sont consacrés à la reprise sans commentaire des propos négationnistes du militant d'extrême-droite. Un paragraphe décrit la plaidoirie de sa défense. Sur les trois restants, deux sont une présentation factuelle de l'audience, et un seul décrit les réquisitions du procureur. La majorité de l'article est donc la reprise des propos que le négationniste souhaite voir diffusés à la plus grande échelle possible. Le Monde a jugé cela plus pertinent que d'interroger des historiens du négationnisme ou des victimes des mensonges de Faurisson, survivantEs du génocide. Ce faisant, non seulement le journal reproduit des propos négationnistes, mais il donne même l'occasion à Faurisson de poser en travailleur acharné et prolixe, puisque sont retranscrits ses propos sur les innombrables "volumes" qu'il aurait écrit. 

 

Or comme l'explique très bien l'historienne Valérie Igounet dans son excellente biographie du négationniste, les écrits de celui-ci sont la sempiternelle reprise des mêmes élucubrations, des redites perpétuelles, la répétition en boucle de quelques pseudo-arguments. Il n'y a jamais eu d'"ouvrage définitif" pourtant annoncé par Faurisson depuis vingt ans. On est confronté à une succession d'articles qui renvoient à des articles exactement semblables. Et il suffit d'aller voir son blog, puisqu'il est accessible, pour constater que beaucoup d'entre eux ne sont que de longues tartines à peine lisibles consacrées aux prétendus "complot" contre Faurisson, à des charges interminables contre les combattants anti-négationnisme. Charges dont le niveau peut se mesurer à l'une de ses dernières republications d'un "article" contre Valérie Ignounet: Faurisson ne trouve pas mieux que de répéter plusieurs fois, très fier de cette trouvaille, qu'il la surnomme , comme son acolyte Paul-Eric Blanrue, " Zigounette". 

 

Voilà le niveau des "volumes" faurissoniens, dont Le Monde se fait complaisamment l'écho. De plus le journal omet très étrangement de citer Paul-Eric Blanrue, réalisateur du documentaire incriminé, tout comme son diffuseur Marc George, ancien du FN et fondateur d’Égalité et Réconciliation avec Alain Soral. Pourquoi cette anonymisation des kamarades de Faurisson ? Il y a certes des pays européens où les médias font le choix de ne citer aucun nom lorsqu'ils évoquent les condamnations pour négationnisme, afin de ne pas faire de publicité à ces néo-nazis mais ce n'est certes pas le cas du Monde. Celui-ci fut en effet le  principal responsable de la médiatisation de Faurisson dans la presse en publiant le 29 décembre 1978 sa tribune intitulée : « Le problème des chambres à gaz ou la rumeur d'Auschwitz ». Le quotidien y est revenu sous forme d'autocritique en mai 2014 , sous une forme anecdotique et superficielle, mais continue aujourd'hui à lui offrir des citations in extenso de sa propagande. 

 

Cette anonymisation partielle , visant les co-inculpés du procès, Blanrue et Marc George, a au moins une conséquence délétère: elle efface l'existence d'une mouvance négationniste inter-générationnelle, en ne laissant entrevoir que l'image d'un homme de 86 ans, dont on peut ainsi penser qu'il appartient au passé. Citer Marc George, c'est rappeler le réel des liens entre le Front National et les négationnistes, qui passent d'ailleurs aussi par Frédéric Chatillon, proche de Marine Le Pen et dont les photos avec Faurisson sont trouvables en un clic ( voir notamment l'illustration de cet article). Citer Blanrue, c'est citer non pas un obscur et inconnu néo-nazi, mais un militant d'extrême-droite de toujours, antisémite acharné, qui n'en fut pas moins journaliste à Historia et même ailleurs. En 2013, soit deux ans après la diffusion de son film sur Faurisson, il écrivait encore pour Le Point. Et citer Blanrue, c'est aussi citer un "essayiste" dont la bouillie antisémite fut parfois défendue comme ouvrage à lire, jusque dans les colonnes d'un blog de journaliste du Monde Diplomatique, comme ce fut le cas pour "Sarkozy, Israël et les Juifs", lorsque Blanrue avait inventé une prétendue censure de l'ouvrage.

 

Les conditions et le contexte du procès de Faurisson et de ses acolytes démontrent donc une nouvelle fois l'inanité dangereuse des débats innombrables, malheureusement tenus aussi dans le camp progressiste, sur le combat contre le négationnisme. Depuis des années, la seule question posée est celle des "limites à la liberté d'expression en général" qui auraient été amenées par les lois de lutte contre le négationnisme. Or le négationnisme s'exprime en réalité en toute liberté, et pire, les rares séquences judiciaires, bien loin de mettre un frein à cette expression sont, en raison de l'incurie médiatique ( voire de la complaisance ), une occasion de diffuser un peu plus de propagande.

 

La seule question d'actualité est donc évidemment celle-ci: quand se décidera-t-on à réprimer le négationnisme ?

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19 juin 2015 5 19 /06 /juin /2015 17:46

                         Les neuf victimes 

 

Dylann Roof posant avec le drapeau confédéré, symbole de l'esclavagisme. 

 

Mise à jour du 11 janvier 2016

Sans surprise, Dylan Roof a été condamné à mort.

 

Mise à jour du 4 janvier 2016

Lors du procès de Dlylan Roof, jeune tueur néo-nazi, l'horreur et la pulsion de mort sont présentes  jusqu'au bout. En effet l'assassin de neuf personnes noires dans une église de Charleston a refusé à la fois d'être défendu par des avocats et de plaider la folie, ce qui était à peu près sa seule chance d'échapper à la peine de mort.

Dans un texte qu'il a écrit (voir la reproduction ci-dessous), l'on trouve parmi d'autres constructions racistes et antisémites, l'affirmation selon laquelle la psychologie a été "inventée" par les Juifs pour créer des maladies chez les gens bien portants.

 

Evidemment, aucun des propagandistes néo-nazis qui ont contribué à la formation idéologique du jeune tueur n'est sur le banc des accusés.
Face à ce tombereau terrifiant d'insanités et à la machine à tuer qu'est devenu ce jeune homme , même plus en capacité de chercher à sauver sa propre vie, on trouve une lueur extraordinaire d'humanité ses victimes.

Des survivantEs et des proches des victimes de la tuerie raciste ont écrit au tribunal pour s'opposer à la peine de mort et demander que Dylan Roof ne soit pas exécuté.

MEMORIAL 98

 

Jeudi 18 juin, neuf personnes noires (dont les photos figurent ci-contre) ont été abattues dans une église de Charleston. L'auteur présumé des faits, Dylan Roof est un jeune raciste suprémaciste blanc, qui relayait, avant l'attentat la propagande et les symboles des mouvements d'extrême-droite américains. Le lieu de l'attentat démontre la préméditation et le caractère politique assumé de l'acte. En effet, l'église en question a été fondée par les personnes noires réduites en esclavage, et brûlée par les esclavagistes en représailles à une révolte qui y a été initiée en 1822, avant d'être reconstruite et d'être visitée par toutes les figures de la lutte des droits civiques de passage à Charleston.

 

Nous proposons ici la traduction d'un article paru le 16 juin dans le New York Times. Il s'attaque à un problème qui n'est pas propre aux Etats Unis, mais commun à beaucoup de pays occidentaux : le terrorisme d'extrême-droite, et les réticences à le définir et à le combattre comme tel.

 

Nous avons évoqué cette problématique dans de nombreux articles : en Allemagne, le traitement policier et médiatique du néo-nazisme à permis au groupe terroriste NSU de commettre des assassinats répétés en toute quiétude pendant des années, et récemment d'autres groupes ayant notamment attaqué des centres pour réfugiés ont été découverts.

 

En France, depuis le mois de janvier, alors qu'une vague islamophobe déferlait dans le pays,  le nombre de projets d'attentats émanant des néo-nazis a explosé, tandis que des « affaires » traitées médiatiquement de manière éparse, montrent que le niveau de dangerosité des réseaux d'extrême-droite augmente, comme le montre la révélation de nombreux trafics d'armes lourdes pratiqués par des militants confirmés et connus.

Le plus souvent ces projets ne sont pas qualifiés de terroristes, ni médiatiquement, ni judiciairement. Un exemple typique est celui des quatre élèves de l'Armée de l'Air qui ont été dénoncés juste avant d'attaquer une mosquée à l'explosif, certains de ces explosifs ayant été retrouvés à leur domicile. Les jeunes gens ont été laissés libres sous contrôle judiciaire et l'inculpation sera simplement « association de malfaiteurs ».

 

Aux Etats-Unis, comme l'article du New York Times le montre, la dangerosité des réseaux d'extrême-droite commence à être évoquée. De même est abordé le danger connexe consistant à focaliser uniquement sur le terrorisme émanant des groupes armés se revendiquant du djihadisme. Une des conséquences en est la méconnaissance des mouvances néo-nazies et suprémacistes blanches.  Et comment combattre et prévenir ce que l'on n'a pas cherché à connaître ?

 

En France comme aux Etats-Unis, des jeunes comme Dylan Roof, qui affichait ses convictions racistes et négrophobes sur les réseaux sociaux et dans son entourage peuvent se radicaliser sans que quiconque ne s'en préoccupe, jusqu'au jour où ils passent à l'acte. La montée du racisme dans nos sociétés, et bien souvent dans les institutions politiques banalise même ses expressions les plus extrêmes. Là bas l'attentat de Charleston s'inscrit dans une période de révoltes contre les crimes racistes commis par des forces de police. Mais en France, l'indifférence au néo-nazisme montant va de pair avec celle qui entoure les tabassages de migrants à Calais, perpétrés par de petits commandos, ou les attaques physiques contre les Roms.

Sauf à se résigner  au terrorisme d'un nombre grandissant des militantEs néo-nazis, il faudra bien combattre toutes les formes du racisme actuel.

 

Memorial 98

La menace montante du terrorisme d'extrême-droite

 

Article en version originale disponible ici

 

Ce mois-ci, les gros titres des médias portaient sur un homme musulman à Boston qui a été accusé de menacer les policiers avec un couteau. Le mois dernier, deux musulmans ont attaqué une conférence anti-islamique à Garland, au Texas. Le mois précédent, un homme musulman a été accusé d'avoir comploté pour envoyer un camion piégé sur une installation militaire dans le Kansas. Si vous vous en tenez à ces nouvelles , vous savez qu'un faible mais stable flux des musulmans américains, radicalisé par les extrémistes à l'étranger, se livrent à la violence ici aux États-Unis.

Mais les manchettes peuvent induire en erreur. La principale menace terroriste aux États-Unis n'est pas celle des extrémistes musulmans violents, mais des extrémistes de droite. Il suffit de demander à la police.

Dans un sondage que nous avons mené avec l'an dernier avec les membres du Police Executive Research Forumen en interrogeant 382 organismes policiers , ​​74 pour cent ont cité l'extrémisme anti-gouvernement comme l'une des trois principales menaces terroristes dans leur juridiction; 39 pour cent l'extrémisme connecté avec Al-Qaïda ou des organisations terroristes similaires. Et seulement 3 pour cent identifié la menace des extrémistes musulmans comme graves, comparativement à 7 pour cent pour les anti-gouvernement et d'autres formes d'extrémisme.

Les efforts de l'Etat Islamique autoproclamé pour radicaliser les musulmans américains, qui ont commencé juste après l'enquête se soit terminée,ont pu entraîner une perception accrue de la menace un peu, mais pas de beaucoup, comme nous avons pu le voir dans les entretiens de suivi au cours de la dernière année avec 19 spécialistes de la lutte antiterroriste . Ces officiers, choisis parmi les zones urbaines et rurales à travers le pays, ont déclaré que la radicalisation du Moyen-Orient était une préoccupation, mais pas aussi dangereuse que la radicalisation des extrémistes de droite.

Un officier d'une grande région métropolitaine a déclaré que «les milices, les néo-nazis et les citoyens souverains sont la plus grande menace ectrémiste qui nous guette » . Un autre officier a expliqué qu'il a classé la menace de droite comme plus élevée parce que "c' est une menace émergente sur laquelle nous ne disposons quede très peu de prise, même en ce qui concerne nos unités de recherche criminelle, contrairement à ce dont nous disposons sur la question Al Shabab / Al-Qaïda, à qui nous avons affaire depuis un certain temps. Un officier de la côte Ouest a expliqué que la" "menace anti-gouvernement des « citoyen souverains » a réellement pris son envol, et représente un phénomène inédit et que nous ne connaissons pas encore, contrairement à celle du terrorisme se revendiquant de l'islam.

L'année dernière, par exemple, un homme lié au mouvement citoyen souverain - qui affirme ne pas reconnaître l'autorité du gouvernement fédéral ou local - a attaqué un palais de justice dans le comté de Forsyth, Ga, tirant au fusil d'assaut sur les policiers et essayant de couvrir. son approche avec des gaz et des grenades lacrymogènes. Le suspect a été tué par la police, qui a riposté. Au Nevada, des militants anti-gouvernementaux auraient ont tiré sur deux policiers dans un restaurant, puis placé un drapeau "Ne marchez pas sur moi" sur leur corps. Un extrémiste anti-gouvernement en Pennsylvanie a été arrêté, soupçonné d'avoir tiré sur deux policiers , en tuant un, arrestation survenue au terme d'une chasse à l'homme de 48 heures. Au Texas , un militant d'extrême-droite a été interpellé , soupçonné d'être l'auteur d'une attaque de fourgon blindé destinée à se procurer des armes . Ces individus d'extrême-droite inquiètent de plus en plus les responsables de l'application de la loi.

Désormais, les services de police à travers le pays font suivre à leurs officiers des formations destinées à reconnaître les signes de l'extrémisme anti-gouvernement et à faire preuve d'attention à aux indices potentiels d'interaction avec des mouvements d'extrême-droite lors des contrôles routiers , des enquêtes criminelles et autres i. "La menace est réelle", dit le document d'un programme de formation parrainé par le ministère de la Justice. Depuis 2000, 25 membres des forces de sécurité ont été tués par des extrémistes de droite, qui partagent un discours fondé sur la «peur que le gouvernement confisque les armes à feu» et une «croyance dans l'effondrement proche du gouvernement et de l'économie."

Malgré l'anxiété du public concernant les extrémistes inspirés par Al-Qaïda et l'Etat islamique, le nombre de faits de violence commis par ces individus est resté très faible. Depuis le 9/11, une moyenne de neuf musulmans américains par an ont été impliqués dans une moyenne de six actions liées au terrorisme contre des cibles aux États-Unis. La plupart ont été empêchés, mais les 20 actions effectivement mises en œuvre ont tué 50 personnes au cours des 13 dernières années et demie.

 

En revanche, les extrémistes de droite ont mené en moyenne 337 attaques par an dans la décennie suivant les attaques du 11 septembre 2001, provoquant un total de 254 décès, selon une étude réalisée par Arie Perliger, chercheur spécialisé sur la lutte contre le terrorisme du Centre de l'Académie militaire des États-Unis. Le bilan a augmenté depuis l'étude publiée en 2012.

D'autres ensembles de données, utilisant différentes définitions de la violence politique, dressent un tableau comparable. La base de données Global Terrorism du Start Center de l'Université du Maryland recense 65 attaques aux États-Unis associées avec les idéologies de droite et 24 par des extrémistes musulmans depuis le 9/11. Le Programme de sécurité internationale de la New America Foundation identifie 39 décès dus à des extrémistes maison « non-djihadistes » et 26 décès dus à des extrémistes "djihadistes".

Dans le même temps, le terrorisme sous toutes ses formes a représenté une petite proportion de la violence en Amérique. Il y a eu plus de 215.000 meurtres aux États-Unis depuis 9/11. Pour chaque personne tuée par des extrémistes musulmans, il ya eu 4.300 homicides d'autres sources.

Les débats publics sur le terrorisme se concentrent intensément sur les musulmans. Mais cette orientation ne cadre pas avec le faible nombre d'attaques aux États-Unis commises par des musulmans, et la focalisation sur un groupe minoritaire aggrave sa situation , alors qu'il souffre dejà d'une opinion publique de plus en plus hostile. Comme les services de police provinciaux et locaux nous le rappellent, de l'extrémisme anti-gouvernement d'extrême-droite est la principale source de la violence idéologique en Amérique.

 

Charles Kurzman enseigne la sociologie à l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill. David Schanzer est directeur du Centre de Triangle sur le terrorisme et la sécurité intérieure à l'Université Duke.

 

Note: hormis dans le titre, nous avons gardé la traduction littérale : le terme " right wing terrorism " a été le plus souvent traduit par terrorisme de droite bien qu'il désigne ce que nous appelons ici l'extrême-droite, tout comme l'expression " extrémisme anti-gouvernement": une des thématiques favorites des néo-nazis et suprémacistes américains est en effet historiquement l'opposition au gouvernement fédéral accusé d'être le centre du "complot", le plus souvent juif pour " exterminer les vrais patriotes".

Memorial 98

 

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2 juin 2015 2 02 /06 /juin /2015 10:26

Pourquoi prendre la peine de réagir suite à un article du torchon raciste et antisémite de Soral « Égalité et Réconciliation », mettant en cause Memorial 98 et l’un de ses fondateurs, Albert Herszkowicz ?

 

Nous ne l’avons pas fait par le passé, bien que ce ne soit pas la première fois que nous soyons cités par le site d’Alain Soral ou par son comparse négationniste Joe le Corbeau. Les précédentes occurrences liées notamment à un article sur Plantu et à un article décryptant la stratégie des JRE avaient été l’occasion d’un déferlement malheureusement banal de haine antisémite. Notre collectif préfère en général se consacrer à l’offensive contre cette mouvance, plutôt que réagir au coup par coup au torrent de boue ininterrompu dont les victimes sont innombrables.

 

Mais aujourd’hui, Egalité et Réconciliation ne se contente pas des habituelles imprécations antisémites à notre encontre. Alain Soral et son troupeau tentent en effet d’utiliser un de nos articles pour diffamer une tierce personne : en l’occurrence le rédacteur du journal lycéen La Mouette Bâillonnée, actuellement victime de menaces de mort récurrentes et confronté à un harcèlement inacceptable.

 

En janvier 2014, Memorial 98 avait publié un texte  dénonçant effectivement plusieurs articles de soutien à Dieudonné publiés dans La Mouette Bâillonnée, journal du prestigieux lycée Marcelin Berthelot…de l’époque. Nous n’avons pas un seul mot à retirer de cet article, qui décrivait les pressions et l’absence totale de soutien vécus par les professeurs et les élèves qui avaient, à juste titre, protesté contre ces écrits antisémites .

 

Mais par définition, la rédaction d’un journal lycéen change chaque année. C’est une évidence pour tout le monde, sauf pour la horde antisémite qui diffuse l’article d’Egalité et Réconciliation, intitulé  " Un lycéen menacé de mort pour son soutien à Charlie où à Dieudonné"? en y ayant trouvé son carburant quotidien. Glissez un nom à consonance juive dans un texte, ajoutez-y un complot prétendument fomenté par ces mêmes Juifs et peu importe le niveau d’absurdité manifeste de la thèse, l’obsédé soralien diffuse.

 

L’équipe de La Mouette bâillonnée n’étant pas celle de 2014, se servir de notre article pour affirmer, en titre, que le lycéen harcelé « défend Dieudonné », constitue donc de la désinformation pure. D’ailleurs, si Egalité et Réconciliation avait eu le moindre intérêt réel pour le journal qu’ils prétendent aujourd’hui soutenir par leur article, ils l’auraient lu. Ils auraient découvert par exemple, que la nouvelle équipe a publié cet hiver un article sur le camp d’extermination d’Auschwitz et la nécessité du combat contre le négationnisme.

Ne souhaitant pas contribuer aux stratégies de salissure et de désinformation des fascistes soraliens, nous avons donc décidé de publier cette mise au point.

 

Pour le reste, c'est-à-dire les attaques antisémites, nous n’avons pas forcément le temps et les moyens matériels d’y donner une réponse judiciaire. Mais nous nous réjouissons que d’autres, également attaqués, le fassent et touchent ainsi les fascistes au portefeuille, qu’ils ont bien garni. Paiement « en espèces , petite monnaie non acceptée », comme le spécifiait Dieudonné pour le paiement de son spectacle avorté à Bruxelles. Pour autant le silence n’est pas un oubli. À propos d’oubli, nous remarquons qu’Alain Soral et son torchon ont repris la présentation de notre collectif en mentionnant la mémoire de l’Affaire Dreyfus mais en retirant volontairement l’explication de la date (17 janvier 1898) à laquelle le nom de Memorial 98 fait référence . C’est celle des premières manifestations ouvrières et socialistes contre les antisémites anti-dreyfusards . Nous nous félicitons donc d’avoir bonne mémoire, et d’avoir choisi de faire vivre celle de ces meetings antisémites attaqués et empêchés par le mouvement ouvrier, dont le souvenir dérange apparemment les fascistes. Sans doute sont-ils anxieux que ce passé là puisse ressurgir, s’il ne tombait pas dans l’oubli.

 

L’année prochaine à la Main d’Or, donc, ou celle d’après, peu importe. Les vents mauvais finissent toujours par tourner, le compte des injures racistes sera un jour collectivement soldé.

MEMORIAL 98

 

 

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29 mai 2015 5 29 /05 /mai /2015 11:09

Dans le cadre de l'immense scandale de corruption qui secoue le monde du football professionnel, un des principaux mis en cause, Jack Warner, accusait dès 2011,  les "sionistes", terme à peine codé pour désigner les Juifs, comme responsables de sa chute. Aujourd'hui Poutine défend la direction corrompue de la Fédération internationale de football (FIFA) et met en cause la justice américaine. L'antisémitisme peut servir à couvrir toutes les turpitudes. On peut être certain que cette "information" sur les "sionistes" et l'implication de la situation au Moyen-Orient se retrouvera très rapidement sur tous les sites complotistes et antisémites de la planète. Elle repoussera aussi au second plan l'autre scandale de la FIFA qui concerne les conditions désastreuses de travail et de vie des ouvriers immigrés qui préparent la Coupe du Monde 2022 au Qatar.

 

C'est l'occasion de rappeler que les instances internationales du sport olympique ont beaucoup pactisé avec le nazisme et les dictatures. C'est le cas aussi pour les fédérations de course automobile, qui ont été longtemps dirigées par des fascistes avérés. Quant au football, on connait la fréquence des incidents antisémites et racistes provoqués par des supporters. Certains clubs européens se distinguent d'ailleurs par la virulence antisémite et néo-nazie de leurs "ultras: Lazio de Rome, Legia Varsovie, West Ham (GB), Chelsea (GB), Kaiserlautern (Allemagne), FC Lucerne en Suisse avec un incident grave récent, PSG en son temps...

 

Au plan international, le symbole historique de la complaisance envers le nazisme trouve une expression particulière lors des Jeux Olympiques d’hiver de 1936, qui eurent lieu du 6 au 16 février, dans la ville allemande de Garmisch-Partenkirchen.

Ces Jeux, désirés par Hitler, arrivé au pouvoir trois ans auparavant (1933), furent organisés afin de lui servir de vitrine par Goebbels, Ministre de la Propagande du Troisième Reich. C'est le belge Henri de Baillet-Latour, antisémite notoire, qui était alors le président, depuis 1925, du Comité international olympique (CIO).

Un célèbre cliché photographique le montre entouré, lors de la cérémonie d’ouverture de ces Jeux d’hiver de 1936, de Adolf Hitler et de Rudolf Hess, dauphin du Führer. Lorsque Baillet-Latour mourut en 1942, Hitler lui fit envoyer, portées par une garde d’honneur composée de soldats allemands, plusieurs couronnes de fleurs, dont une en son nom personnel et une aux couleurs du Troisième Reich, le tout assorti de rubans à croix gammées.

Et puis il y eut à Berlin 1936, du 1er au 16 août les "Jeux de la honte".

Le fondateur de l'olympisme moderne président d’honneur à vie du CIO, Pierre de Coubertin, qui admirait « intensément » Hitler, fut plus dithyrambique encore à leur égard : « Que le peuple allemand et son chef soient remerciés pour ce qu’ils viennent d’accomplir. (…). Cette glorification du régime nazi a été le choc émotionnel qui a permis le développement qu’elles (les Olympiades) ont connu ! » Hitler, qui n’en demandait pas tant pour vanter son régime aux yeux du monde, le proposa, pour le remercier, comme lauréat du prix Nobel de la paix,  ce que à quoi l’Académie d’Oslo se refusa d’acquiescer.

Il existe aussi, à ce sujet, une photo, tout aussi compromettante, reproduite ci-dessus,  de la cérémonie d’ouverture des JO de Berlin en 1936, où l’on voit Adolf Hitler, arborant la croix gammée, saluer le drapeau olympique en faisant le salut nazi.

Ainsi est-ce en 1936 que les premières persécutions antisémites apparaîtront, en Allemagne, au grand jour. Pas moins de 114 lois anti-juives y seront édictées pendant le seule période s’étalant entre les Jeux Olympiques d’hiver, à Garmisch-Partenkirchen, et ceux d’été, à Berlin, tandis que tous les athlètes juifs de l’équipe nationale allemande en seront exclus. Le 16 juillet 1936, deux semaines avant l’ouverture de ces JO d’été, 800 Tziganes et Roms résidant à Berlin furent arrêtés lors d’une rafle orchestrée par la police allemande, puis internés dans un camp sous la garde des SS de Himmler. Ce fut là le premier camp de concentration de l’histoire nazie spécialement aménagé à cet effet, celui de Marzahn, quartier situé dans l’est de Berlin. La plupart de ces prisonniers-là, dont beaucoup y furent exécutés sommairement, n’en sortiront jamais plus.

Sur ce premier crime de guerre commis par le Troisième Reich, en plein Jeux Olympiques, ni le président du CIO, Henri de Baillet-Latour, ni son président d’honneur, Pierre de Coubertin, ne pipèrent mot, le couvrant ainsi  du haut de leur prestige international

Pire encore, le président du Comité National Olympique Américain d’alors, Avery Brundage, antisémite chevronné, nazi convaincu et membre actif de deux associations ultra racistes outre-Atlantique, relativement secrètes et toutes deux proches du « Ku Klux Klan », convainquit les États-Unis d’Amérique de ne pas boycotter ces Jeux de Berlin, sous prétexte que « les Juifs étaient bien traités par le Reich »,

Brundage, disciple d’Hitler et que Göring recevait régulièrement en grande pompe, fut nommé, en 1952, président du CIO, puis, en 1972, « président d’honneur à vie » lui aussi.

Il existe là encore une photo de l’entrée triomphale d’Adolf Hitler, entouré des principaux membres du CIO, lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Berlin.

Une autre date marquante est le 18 novembre 1936, à peine trois mois après la clôture des Jeux de Berlin.

C’est ce jour-là, en effet, qu’eut lieu le départ des aviateurs allemands de la légion « Condor », unité de la « Luftwaffe » alors placée sous les ordres de Göring, pour aller combattre en Espagne, contre les républicains, aux côtés des fascistes de Franco. Au premier rang de ceux-ci émergeait alors, un certain Juan Antonio Samaranch, qui militait déjà, en ce temps-là, dans les rangs des pro-hitlériennes « Phalange Espagnole Traditionnaliste » (FET) et autres « Juntes Offensives National-Syndicalistes (JONS). Après avoir été nommé par Franco lui-même, en 1967, « Secrétaire aux Sports » dans le gouvernement espagnol (lequel favorisa de grands criminels nazis), deviendra de 1980 à 2001, le nouvel et inamovible président du CIO.

 

Le CIO n'a à ce jour pas présenté d'excuses pour la tenue de ces Jeux de 1936, malgré les nombreuses demandes dans ce sens. Il reste donc marqué par sa collaboration avec le régime nazi.

 

Dans le "sport" automobile, autre énorme machine à profits, 2 dirigeants marqués par le nazisme, dont un fut le premier SS français, se sont succédé à la tête de la Fédération internationale du sport automobile (FISA) pendant 30 ans, de 1978 à 2009. Il s'agit de Jean-Marie Ballestre (France, de 1978 à 1991) et Max Mosley (Grande-Bretagne, de 1991 à 2009) .

Ballestre adhère dès 1940 aux organisations d'extrême droite « Jeunes du Maréchal » puis « Jeune Front ». Il y fait la rencontre de Robert Hersant, futur magnat de la presse française,  qui en est l'un des dirigeants. Dès l'été 1940, on le trouve impliqué dans des violences antisémites en compagnie de Robert Hersant.

Il s'engage en 1942 dans le NSKK, unité nazie des forces motorisées. Il lance en novembre 1942 le journal Jeune Force de France et collabore à Devenir, le journal des SS français. Il écrira à cette occasion : « Nous le pensons et nous l'affirmons : le salut ne nous viendra que du combat. L'heure des hommes virils a sonné. Il faut choisir entre le national-socialisme et la juiverie ». Le 17 mai 1943, il entre en fonction à l'Erstaztcommando de la SS française avec le grade de deuxième classe à Paris. Il est ainsi le premier français admis dans les SS. Tombé aux mains de l'armée américaine en avril 1945, il revient en France est dénoncé comme ancien SS par les membres de la communauté juive. Mais un non-lieu est rendu le 16 mai 1947 et Ballestre fait carrière dans les instances automobiles nationales puis internationales.

Son successeur Max Mosley est le fils du fondateur du mouvement fasciste en Grande-Bretagne, Oswald Mosley, ami et allié de Mussolini, Hitler et Franco. Max Mosley lui-même a été très longtemps fort actif dans ce mouvement. En 1961, alors secrétaire de l'Oxford union society, une association de débats sur la société Mosley y fait campagne sous le slogan « liberté d'expression pour les fascistes ». Parallèlement, il milite au sein de l'Union Movement, le parti créé par leur père après la Seconde Guerre mondiale. Puis il devient pilote de course et dirigeant de ce secteur, sans que son engagement fasciste ne constitue une quelconque entrave. En 2008 une vidéo fait scandale. On y voit Mosley en compagnie de cinq jeunes femmes, dont certaines apparaissent vêtues d'un uniforme rayé de prisonnier des camps nazis. Selon le "Times" , qui parle d'une «orgie nazie», Mosley s'exprime en allemand et joue tour à tour le rôle d'un détenu et d'un gardien de camp de concentration. Ces révélations ne l'empêchent pas de poursuivre sa présidence jusqu'en 2009.

 

On constate à quel point les structures de direction du sport-spectacle et du sport-business s’accommodent de la présence à leur tête de fascistes et de racistes connus et de la collaboration avec les pires régimes. Le sport, transformé en exaltation du nationalisme et source de profit, devient ainsi un rouage de la barbarie.

 

 

MEMORIAL 98

 

 

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10 mai 2015 7 10 /05 /mai /2015 23:18

Une photo de femmes nues assortie d'un commentaire rigolard assimilant ces photos à une prière musulmane, un autre montage photo s'« amusant » cette fois sur le thème des « tournantes marocaines ». Banal dans la France de 2015, gangrenée par tous les racismes, de l'islamophobie à l'antisémitisme en passant par la haine contre les Roms ?

En effet, cela n'a rien de particulièrement original. Mais dans ce cas précis,  c'est une responsable de la CGT Services publics de l’Essonne qui a publié ces photos sur Facebook. D’autres militants CGT ont alors signalé à l’Union Départementale CGT 91 le problème que posait cette propagande raciste et islamophobe .

 

La réaction logique dans un syndicat qui a inscrit l'antiracisme dans ses fondamentaux aurait été au minimum une exigence de suppression immédiate de ces photos, d'autant que la syndicaliste s'exprime en affichant son appartenance syndicale. Un communiqué dissociant la CGT de ces propos racistes semblait également constituer une évidence, avant même toute procédure de sanction éventuelle, impliquant également le droit pour la personne mise en cause de se défendre,

Mais il a fallu deux mois pour que l’UD CGT de l'Essonne décide d’instaurer une commission des conflits et de convoquer les « différents protagonistes ».

Le militant syndical qui a dénoncé cette affaire a rendu publique le 9 avril, sur le site de son syndicat http://www.cgt-ville-chilly-mazarin.com/, sa réponse à cette convocation, à laquelle il n’a pas accepté de se rendre, ainsi que les photos et commentaires en question.

 

Il y explique l'évidence : une commission des conflits a pour vocation de résoudre les conflits inscrits dans le cadre des principes de la CGT. On peut comprendre qu'une instance intervienne pour départager deux militants ou deux structures en opposition sur les revendications à mettre en œuvre ou sur des questions de périmètres.

Mais dans le cas présent, le seul conflit existant est la contradiction entre les positions antiracistes du syndicat et les prises de position antagonistes d'une responsable syndicale. Ce qui est donc anormal, ce n'est pas qu'un militant ait dénoncé ces positions, mais qu'il ait été le seul.

 

Nous ne savons pas, à l’heure qu’il est, quelle décision va prendre la CGT de l’Essonne. Mais on voit d’ores et déjà la difficulté à mettre en œuvre les valeurs antiracistes à l’intérieur de la structure syndicale, notamment vis-à-vis de militants ayant des responsabilités importantes.

 

Ce qui affaiblit le plus une organisation qui se réclame de valeurs antiracistes et égalitaires, n’est pas que des positions haineuses de quelques militants soient rendues publiques. Au contraire ce qui est facteur de trouble est le fait de ne pas prendre ses responsabilités face à des militants racistes, antisémites, sexistes, xénophobes. Ce n’est ni le propre ni de la CGT ni des seuls syndicats.

 

En réalité, la CGT assume au moins d'exclure les militants du FN. C'est peu, mais c'est beaucoup au regard des positions adoptées par la CFDT ou par FO, qui considèrent que figurer sur des listes électorales d'un parti d'extrême-droite et s'investir dans un syndicat ne sont pas forcément incompatibles.

 

Mais pourquoi un tel malaise dans une organisation dont les statuts et les orientations sont pourtant très clairs ?

 

D’abord, parce que le problème est largement ignoré et absent des discussions collectives. Cela conduit à ce que des militants, voire des structures locales, développent une idéologie raciste ou antisémite. Et évidemment, au fil du temps, le mal est plus étendu, les militants en question accèdent à des responsabilités. Il devient alors forcément embarrassant de reconnaître qu’on a placé sur ses listes ou dans ses instances dirigeantes une personne qui en réalité porte ce que l’organisation est censée combattre.

 

Mais de toute façon, le problème devient forcément public un jour ou l'autre... par exemple quand ces militants décident tout simplement de rejoindre ouvertement l'extrême-droite. L'affaire Fabien Engelman, parti au FN avec l'ensemble de sa section syndicale, n'est pas isolée. Très récemment, dans le Loiret, Martiale Huyghe, investie de responsabilités à la CGT Thalès se présentait-elle sur une liste FN. Aux municipales 2014, en Seine Maritime et en Ile et Vilaine, deux CGTistes figuraient sur les listes du Front National.

 

Il y a aussi un problème de fond sous-jacent. Certes, les militants des organisations progressistes sont eux aussi sensibles au contexte social et politique, et peuvent développer des thèses racistes. Mais justement, si l’organisation jouait son rôle, elle mettrait régulièrement ces sujets en débat, ce qui bien souvent suffit à faire comprendre à ces personnes qu’il y a un désaccord irréconciliable avec les positions de l’organisation. Libre à eux ensuite de changer leur positionnement ou de changer d'organisation.

 

Mais au sein de la CGT, comme dans nombre d'organisations syndicales ou politiques de gauche, le risque de voir des gens quitter la structure est une donnée fondamentale dans la prise des décisions. Ce risque est souvent évalué au regard des rapports de force présumés dans la société: aujourd'hui, les idées fascistes sont présentées comme quasi-hégémoniques et incontournables, et elles rallient effectivement une partie des salariés. Même si une infime minorité de ces salariés rejoint un syndicat, et à plus forte raison la CGT, beaucoup de syndicalistes sont persuadés que l'exclusion d'un syndiqué militant raciste, islamophobe ou antisémite déclenchera l'indignation des salariés non-syndiqués. Et de fait, la prophétie devient « auto-réalisatrice ».

 

En tolérant en son sein des militants racistes et antisémites, et surtout en les laissant arborer leur appartenance syndicale, la CGT répand l'idée que ces idéologies sont parfaitement compatibles avec le syndicalisme...puisque des militants syndiqués les portent. Et plus ils les portent longtemps, plus ils peuvent agréger des syndiqués ayant les mêmes opinions qu’eux. Dans une entreprise il est évident que des salariés opposés à l'islamophobie où à l'antisémitisme ne rejoindront  un syndicat dont le délégué défend ces thèses. À l’inverse, les salariés sensibles à ces rhétoriques haineuses vont pouvoir considérer qu'après tout, ils peuvent se sentir à l’aise dans ce syndicat. Et c'est ainsi qu'on va trouver des sections syndicales entières prêtes à entamer un jour une campagne mettant en cause l'embauche de travailleurs d'origine étrangère, affichant ouvertement leur soutien à tel ou tel antisémite connu, ou exigeant des mesures discriminatoires contre les musulmans.

 

Cette tolérance va amener les salariés et les syndiqués antiracistes à hésiter avant de dénoncer des pratiques ou des discours racistes et antisémites, ou à soutenir celles et ceux qui les dénoncent, ou au mieux à s'emparer tardivement du problème. Si l'on sait que telle publication écrite ouvertement raciste n'a pas été sanctionnée immédiatement, on se dira que des propos oraux et internes n'ont aucune chance d'être pris en compte. Si l'on voit un militant convoqué en « commission des conflits » pour avoir mis le holà à un discours inacceptable, on se dit qu'on subira le même sort. Et si des syndiqués accèdent à des responsabilités en tenant des discours antagonistes avec les principes antiracistes du syndicat, alors à quoi bon se battre contre une ligne qui apparaît comme acceptée dans les faits ?

 

Or, ces dernières années, de nombreux militants et militantes ont fait une amère expérience : dénoncer en interne n'aboutit à rien, voire entraîne une franche hostilité et à des ennuis dans le travail syndical du quotidien. Prendre parti publiquement contre des propos douteux aboutit à être considéré comme celui qui porte atteinte au syndicat et fait le jeu de ses ennemis, comme si l'atteinte n'était pas constituée par les discours ou les pratiques de celles et ceux qui souscrivent aux idées d'extrême-droite.

 

Une affaire similaire à celle qui touche aujourd'hui la CGT du 91 avait eu lieu dans le Gard , au sein de l'entreprise Tango, filiale de Keolis : en 2013, deux salariés, dont un délégué CGT avaient publié sur leurs profils Facebook des caricatures violemment islamophobes et racistes. Il y avait aussi dans cette section CGT, des salariés de confession musulmane, directement touchés par ces caricatures. Mais,  au lieu de les soutenir et de prendre des mesures contre les auteurs de ces post islamophobe, la CGT avait tergiversé. Résultat, les salariés visés ont quitté le syndicat et ont du s'adresser au CCIF pour être soutenus dans leur plainte.

 

Ce type d'affaires détruit beaucoup de choses et notamment le travail antiraciste réellement mené au sein de la CGT : un travail que nul ne peut mettre en doute, au niveau des prises de positions théoriques et sur le terrain. Et ce d'abord parce qu'une partie des militants syndiqués sont eux même des cibles de la discrimination raciste : ce fut le cas par exemple d'un délégué syndical au CHSCT qui faillit se faire renvoyer de son emploi dans une zone aéroportuaire parce qu'il saluait ses collègues en arabe. Et c'est un exemple parmi des centaines d'autres : utiliser le racisme et l'islamophobie ambiante pour criminaliser des syndicalistes est évidemment une tentation patronale courante.

 

Malheureusement, dans le contexte actuel, le problème du racisme, de l'antisémitisme, de l'islamophobie ou de l'homophobie ne se posent pas que chez l'adversaire. Il est aussi un problème qui divise les salariés, et même les syndiqués : la puissance de frappe de l'extrême-droite est énorme, et elle contamine même les luttes.

 

Faire l'autruche ne mène nulle part : à force de ne pas vouloir être « isolé » ou « minoritaire » on le devient. Le racisme n'est pas un phénomène abstrait, une opinion sans conséquence dans les rapports de travail : on ne peut pas être un bon militant syndical en ayant intégré des logiciels de haine. Quand on considère une partie de ses collègues comme des ennemis, quand on entérine la division entre les salariés, comment être encore efficace dans la lutte contre les initiatives antisociales des employeurs ?

 

Militants antiracistes, et syndiqués pour ceux qui sont en emploi, cégétistes pour certains, nous souhaitons dire toute notre solidarité au militant CGT de Chilly Mazarin qui a voulu préserver son syndicat de dérives racistes et islamophobes. Et nous espérons que la CGT prendra la décision qui s'impose évidemment : sanctionner les propos racistes et non pas isoler un militant qui a fait ce qu'il y avait à faire.

 

MEMORIAL 98

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5 mai 2015 2 05 /05 /mai /2015 22:07

La défense de la liberté d'expression de Dieudonné a été une cause unificatrice ces dix dernières années. L'extrême-droite n'a pas été la seule à affirmer qu'on avait le droit de tout dire. Tout un pan de la gauche, tout en condamnant les saillies les plus caricaturales du politique néo-nazi, a toujours répété que la loi ne devrait pas sanctionner des paroles. D'autres admettaient une condamnation judiciaire, mais pas les mesures permettant de faire cesser immédiatement des appels réitérés et prévisibles à la haine raciale.

 

Depuis le lundi 4 mai , sur le site "Quenel Plus" de Dieudonné, s'affiche ce qui est présenté comme un entretien avec Patrice Alègre, actuellement détenu à la centrale de Poissy pour cinq meurtres, une tentative de meurtre et six viols qu'il a reconnus. Dieudonné affirme depuis plusieurs années animer un « atelier » dans cette centrale avec d'autres personnes condamnés pour meurtres et tortures , dont Germain Gaiffe, présenté comme le directeur de publication de Quenel Plus. Depuis quelques semaines, il annonçait son rapprochement avec Patrice Alègre.

 

Apocryphe ou non, le contenu de cet « entretien » est difficilement soutenable à la lecture. Dans un premier temps, le texte s'attaque à l'enfant en situation de handicap de Laurent Louis, politicien antisémite belge avec lequel Dieudonné s'est récemment brouillé pour une affaire de gros sous liée au lancement d'une entreprise baptisée l'Ananassurance. « Morte née accrochée au fion de sa mère », « cancrelat tout désarticulé », «  baignant dans sa pisse et dans ses excréments » sont quelques uns des qualificatifs utilisés. Dans la suite du texte, l'auteur appelle au meurtre à coup de pelle de l'enfant. Dans la suite de l'article, c'est l'assassinat récent d'une petite fille violée qui est évoquée dans des termes tout aussi insoutenables, accompagnés du prénom de l'enfant.

 

Une partie des antisémites qui commentent ce texte sur le site de Dieudonné,  se déclarent choqués. Bien évidemment, quand ceux là disaient qu'on pouvait rire de tout, ils pensaient surtout qu'on pouvait rire des victimes juives du génocide perpétré par les nazis.

 

Mais la question posée par cet appel au meurtre des enfants en situation de handicap, accompagné d'apologies de viols et de meurtres d'enfants ayant réellement été assassinés, ne met pas seulement en cause la responsabilité des partisans officiels de Dieudonné.

 

Qu'en pensent celles et ceux , organisations politiques, éditorialistes plus ou moins connus, militants  de la « liberté d'expression » et qui défendent une politique qui consisterait à réagir uniquement  par la voie judiciaire , au coup par coup, à chaque nouvelle provocation prévisible du néo-nazi ?

 

Les plaintes déposées contre des vidéos antisémites et racistes publiées par Dieudonné ont mis des semaines, voire des  mois à aboutir à leur suppression sur You Tube. Dans l'intervalle, elles avaient été visionnées des centaines de milliers de fois. Il en sera de même pour ce texte si une plainte est déposée. Dans l'intervalle, les droits et les libertés individuelles des enfants nommément visés dans ce texte sont-ils respectés ? Doit-on imposer à la famille d'un enfant assassiné et violé qu'un tel discours public soit disponible ?

 

Ceux qui répètent depuis des années que sanctionner Dieudonné serait lui faire de la « publicité », sont-ils prêts à défendre le maintien de ce texte, à expliquer aux familles concernées qu'il vaut mieux ne rien faire et ne rien dire ?

 

Mais si la réponse est négative, alors pourquoi serait-elle positive pour d'autres ? Pour la famille d'Ilan Halimi qui a du supporter une vidéo où Dieudonné parle de profaner le cadavre de leur fils tué ? Pour l'ensemble des survivantEs du génocide commis par les nazis qui doivent supporter depuis des années qu'on les traite de menteurs et de faussaires, qu'un néo-nazi nie l'atrocité de ce que leur ont fait les nazis ?

 

En 2009, dans une vidéo postée après son invitation au Zénith faite au négationniste Robert Faurisson, Dieudonné disait «C’est nucléaire ce qui vient de se passer. J’ai fait mieux que Fourniret, Dutroux, tous les pédophiles. Pourquoi tu vas te faire chier à violer un enfant. T’invite Robert (Faurisson) chez toi, t’es peinard»…

 

Evidemment, ceux qui ont défendu sa « liberté d'expression » à ce moment là, n'imaginaient sans doute pas que Dieudonné irait aussi convoquer des tueurs en série ordinaires à sa table pour faire l'apologie de la persécution et du meurtre d'enfants, qui ne soient pas ceux spécifiquement assassinés par les nazis dans le cadre d'un génocide.

 

Pourtant dès lors qu'on ne nie pas l'évidence, à savoir que Dieudonné est un néo-nazi, son propos actuel est insoutenable mais parfaitement logique. L'élimination  des personnes en situation de handicap mental ou physique a été perpétrée par le 3ème Reich. De même, les nazis ont perpétuellement franchi les limites socialement consensuelles concernant ce qui pouvait être fait à des enfants. Dès lors qu'on ne traite pas idéologiquement les personnes juives ou supposées juives différemment du reste de l'humanité, alors il n'y pas de différence de principe entre le contenu de ce texte et d'autres déclarations de Dieudonné et des siens.

 

En fait c'est l'ensemble de la rhétorique dieudonniste qui est d'inspiration nazie : eux aussi légitimaient les persécutions et les meurtres d'enfants en accusant les Juifs de pépétrer des crimes rituels contre les enfants. Et depuis des années, les réseaux qui s'agitent autour de Dieudonné et ce dernier utilisent la thèse du complot pédophile des « élites mondialisées ». Ils n'hésitent pas dans ce cadre à persécuter nommément des gens en les accusant publiquement de viol ou de meurtre , parfois sur leurs propres enfants.

 

Si ce texte peut-être considéré comme une forme de « suicide politique » , dans la mesure où il l'expose à la réprobation d'une partie même de son public, il est peut-être aussi le fruit d'une stratégie volontaire. Dieudonné ne peut pas ignorer que la présence de contenus à caractère pédophile est légalement passible de la fermeture immédiate du site dans son ensemble, ou du moins de l'impossibilité partielle d'y accéder par le biais des fournisseurs classiques d'accès à Internet.

 

Cette mesure qui toucherait l'ensemble d'un de ses sites et pas seulement un contenu spécifique présenterait un caractère « inédit ». Dans un moment où divers affrontements internes à l'extrême-droite antisémite lui posent problème, Dieudonné peut espérer qu'une telle mesure ressoude non seulement ses troupes, mais aussi génère une opposition semblable à celle qui a par exemple accompagné l'interdiction d'un seul de ses spectacles à Nantes, après qu'il ait réitéré dans les précédents des appels à mettre des personnes juives dans les chambres à gaz.

 

En tout état de cause, si Dieudonné n'avait pas été soutenu au nom de la « liberté d'expression » pendant des années, si en lieu et place, l'ensemble de celles et ceux qui se sont mobilisés au nom des droits du néo-nazi avaient utilisé leur énergie à se mobiliser concrètement contre sa propagande, la situation serait sans doute bien différente. Mais c'est au mieux l'indifférence à l'antisémitisme qui a prévalu, une indifférence bien souvent teintée de sous entendus accusatoires : si Dieudonné était ce qu'il était, c'était un peu la faute de ses victimes qui avaient sur-réagi à ses propos et l'avaient « rendu fou ».

 

Les mêmes aujourd'hui pensent-ils que des enfants en situation de handicap ou assassinés ont fait quelque chose qui ait fait peser une insoutenable pression sur le néo-nazi ?

 

NB: Chacun peut aller consulter sur Quenel Plus la prose intégrale dont il est question ici, et dont nous n'avons cité que quelques extraits, et pas les plus insoutenables. Nous avons gardé copie de ce texte au cas où il serait supprimé, mais ne souhaitons pas mettre de lien y renvoyant. Par ailleurs  nous sommes bien conscients qu'une des victimes de ses dénonciations est  un fasciste tout aussi répugnant que Dieudonné. Nous lui laissons la responsabilité des méthodes dont il éprouve aujourd'hui l'ignominie après les avoir utilisées.

 

 

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28 avril 2015 2 28 /04 /avril /2015 17:56

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Actualisation du 10 octobre 2016
Regroupement familial: les exagérations et mensonges de Christian Estrosi, qui défend le référendum que Sarkozy veut organiser afin de mettre fin à ce droit élémentaire, garanti par des conventions internationales.
Le lundi 10 octobre, le président LR de la région PACA est interrogé par Jean-Jacques Bourdin (BFM TV) sur l’ampleur des chiffres du regroupement familial. Et l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, porte-parole de sa campagne pour la primaire de la droite invente des "centaines de milliers" de bénéficiaires.
- Jean-Jacques Bourdin : Le regroupement familial, combien de personnes ? Vous le savez. Combien de personnes le regroupement familial ?

- Christian Estrosi : Oh, le regroupement familial, c’est plusieurs centaines de milliers de personnes par an…

- Jean-Jacques Bourdin : C’est 12.000 (par an) . Pas plusieurs centaines de milliers, c’est 12.000.

- Christian Estrosi : Sur le mandat. Très bien. C’est 12.000.

- Jean-Jacques Bourdin : Pas sur le mandat. C’est 12.000. Vous en parlez sans savoir, sans connaître.

Effectivement, si l’on rapporte les chiffres annuels du regroupement familial sur un mandat de cinq ans (12.000x5 = 60.000), on est bien loin d’atteindre les centaines de milliers annoncés par Estrosi.

 

Toute la campagne de Sarkozy et des autres candidats à la primaire de la droite sont du même acabit: mensonges, exagérations, reprise des thèmes du FN.

 

Memorial 98

 

Actualisation du 24 aout 2106

 

Estrosi, en première ligne des arrêtés anti-burkini, se lance aussi dans la censure des photographes et internautes.

Le vrai-faux maire de Nice, qui n’est officiellement qu’adjoint du vrai maire (pour éviter de tomber sous le coup des cumuls de mandat), a fait publier un communiqué de presse par la mairie pour annoncer qu’il porterait plainte contre ceux qui diffuseraient des photos de policiers municipaux qui verbalisent les femmes coupables d’exercer ce qu’elles croyaient être leur liberté de s’habiller dsur les plages.

« Des photos montrant des policiers municipaux de Nice dans l’exercice de leurs fonctions circulent depuis ce matin sur les réseaux sociaux et suscitent des propos diffamatoires et des menaces à l’encontre de ces agents », assure le communiqué. Il évoque implicitement les clichés diffusés mardi par le Daily Mail, qui font désormais le tour du monde.

On y voit quatre policiers qui obligent une femme allongée sur la plage de Nice à retirer sa tunique

Il n'y a  évidemment aucune base légale à une telle plainte, les policiers ne bénéficiant pas de protection particulière qui interdirait par principe de prendre en photos ou en vidéo leurs actions dans l’espace public, ou de les diffuser.

Il s'agit donc pour Estrosi d'intimider et d'imposer un discours discriminatoire, sans que celui-ci puisse être contesté et déconstruit.

 

 

Memorial 98

 

Les déclarations belliqueuses du maire UMP de Nice et tête de liste UMP pour les régionales en Paca, Christian Estrosi, évoquent pêle-mêle une "3e guerre mondiale déjà commencée", la "5e colonne musulmane dans les caves", des "Français de papier" ainsi que la "défense de la civilisation judéo-chrétienne".

Elles ne constituent pas pour autant la bouffée délirante d'un politicien médiocre. Estrosi est très proche de Sarkozy qui est venu en personne l'investir à Nice comme tête de liste pour les élections régionales.

Il applique scrupuleusement la stratégie mise en place dès 2007 par le chef de l'UMP et explicitée pour la période actuelle par l’ex-ministre Eric Woerth le 22 avril dans Le Monde:

« Pour endiguer le FN, il faut montrer que la barrière est infranchissable en refusant toute alliance. A partir du moment où la digue est érigée, on peut aller très loin en s’approchant le plus possible de la frontière ».

Il s'agit donc pour eux de capitaliser doublement, d'une part en légitimant les thèses racistes et islamophobes du FN afin de s'adresser à l'électorat de l'extrême-droite, tout en se proclamant les seul capables d'empêcher le désordre, notamment économique, que le FN apporterait.

 

Sans surprise on retrouve dans la mise en œuvre de cette orientation les dirigeants UMP qui se sont déjà investis dans les diverses manœuvres concernant le FN. Nadine Morano est quasiment hors-concours car elle a récolté des parrainages d'élus locaux pour Jean-Marie Le Pen lors de la présidentielle de 2007, sur ordre direct de Sarkozy.

Mais il s'agit aussi de ceux qui ont passé des alliances avec le FN lors des élections régionales de 1998. Eric Woerth, déjà cité, en représente un bon échantillon car il a travaillé à une majorité Droite-FN au conseil régional de Picardie

Et on retrouve à nouveau Estrosi qui en 1998 a mené une bataille acharnée pour une telle alliance en région PACA.

Sa tentative a finalement échoué face à la résistance de dirigeants locaux de la droite, tel François Léotard, ainsi que par la révélation de ces manœuvres secrètes.

 

Dans un entretien à "Minute" en date du 11 mars 1998, à la veille de régionales, Estrosi avait annoncé la couleur et préparé l'alliance en déclarant :

«Dire "moi je suis là pour empêcher M. Le Pen d'exercer des responsabilités parce qu'il est xénophobe" ne me semble pas la meilleure méthode pour être crédible et efficace"». En effet c’est le chef du FN qui était tête de liste de son parti dans la région et qui aurait donc accédé à la présidence régionale.

Cet épisode, à la recherche d’une alliance avec le dirigeant antisémite et négationniste, l'homme du "détail des chambres à gaz", n’empêche pas Estrosi de se présenter comme un « grand ami » de la communauté juive; il avait été jusqu’à déclarer en Novembre 2007 que «Sarkozy est le candidat naturel des électeurs juifs».

Il agit en fait dans l’esprit celui qui fut son mentor et initiateur dans le marigot politicien niçois, qui regorge de passerelles entre la droite dure et l'extrême-droite .

 

 

L’histoire politique de C. Estrosi a débuté sous les auspices de Jacques Médecin, maire de Nice de 1965 à 1990, très à droite et très corrompu. Estrosi a été rangé parmi les « bébés Médecin » et a bénéficié de son appui, y compris après la fuite de ce dernier vers l'Uruguay en 1990. Il avait choisi de fuir pour éviter de comparaître devant la justice française, qui finira par le faire extrader pour le juger et le condamner.

Ainsi le 24 octobre 1991, M. Médecin envoya depuis son exil un appel de soutien à M. Estrosi et déclarait: "Je vous dis: faites confiance à ces hommes et à ces femmes qui se sont rassemblés aujourd'hui autour de M. Estrosi… ». Or J. Médecin soutenait l’apartheid en Afrique du Sud et se situait à la lisière du Front National. Il avait ainsi déclaré, dans l’organe de celui-ci, National Hebdo, en avril 1990:

" Les thèses du Front national sont les miennes à 99,9 %. Nous avons un raisonnement identique sur l'identité nationale (...) ; les options actuelles du FN, je pense que je les ai eues avant même que le mouvement n'existe et que Jean Marie Le Pen les exprime et les " mette en musique " avec son exceptionnel talent ".

Avant sa fuite, il avait en 1990 réagi violemment au refus des membres de la communauté juive niçoise de cautionner son rapprochement avec Le Pen, notamment lors de la venue à Nice pour un congrès du FN de l’ancien Waffen SS allemand Schoenhuber, dirigeant du Parti des Républicains (!) d'Allemagne . Après la démission de trois conseillers municipaux juifs, Médecin éructa dans Le Monde du 5 avril 1990 : « Ce sont les Juifs qui sont partis» . Il avait attaqué les «Israélites qui ne refusaient jamais un cadeau».

Connaitra-t-on un jour les réels sentiments d'Estrosi, grand persécuteur des Roms, à l’égard de ces "autres gens du voyage" que sont les Juifs?

Estrosi symbolise les dirigeants de la droite dure du Midi, tournés vers la glorification de l’Algérie française, qui recyclent massivement les thèmes de l’extrême droite ainsi que les responsables locaux de celle-ci.

A ce titre, Estrosi représente un bon profil pour lancer les ballons d'essai que Sarkozy juge nécessaire de tester dans le cadre de sa stratégie.

Il nous éclaire aussi sur le déferlement de haine que ce dernier va diffuser jusqu'à la présidentielle.

 

 

Spécial 1er mai/ 20e anniversaire de l'assassinat de Brahim Bouarram : nous nous souvenons que le 1er mai 1995, Brahim Bouarram, jeune marocain de 29 ans, a été jeté dans la Seine par des militants d'extrême-droite qui participaient à un cortège du Front National. Comme chaque année nous nous retrouverons à Paris avec plusieurs associations sur le pont du Carrousel le 1er mai à 11h pour honorer sa mémoire. Nous appelons nos lecteurs parisiens à nous y rejoindre pour ce rendez-vous.

 

MEMORIAL 98

 

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11 avril 2015 6 11 /04 /avril /2015 22:04

L'escalade de l'affrontement entre Jean-Marie Le Pen (JMLP) et la direction actuelle du FN ne constitue pas une mise en scène, bien qu'elle en revête parfois l'aspect.
Il ne s'agit pas non plus d'une répartition artificielle des rôles, destinée à "ratisser large", même si Marine Le Pen (MLP) pourra à terme tirer profit de la situation afin d'apparaitre plus modérée que son père, sans avoir rien changé sur le fond du programme de son parti, toujours basé sur la "préférence nationale" et l'exclusion de couches entières de la population. La direction actuelle du FN pourra ainsi intégrer plus aisément des politiciens de droite qui ne demandent qu'a le rejoindre et à qui il faut donner un coup de pouce sous forme d'une prétendue "dédiabolisation".

 

De même, il serait artificiel d'opposer un JMLP uniquement "trublion" et qui n'aurait jamais voulu accéder au pouvoir, à une MLP réellement désireuse d'y parvenir. En effet JMLP peut se prévaloir d'avoir figuré au 2e tour de la présidentielle de 2002, en éliminant le premier ministre socialiste de l'époque, ce qui n'est pas le cas de la cheffe actuelle du FN. Il a aussi obtenu des accords aux régionales d'abord en PACA avec Gaudin dès 1986, puis dans 5 régions en 1998.

 

D'ailleurs dans son interview à Rivarol du 9 avril, JMLP tire un bilan critique du résultat du FN lors des récentes élections départementales; il déclare: "Il fallait s’attendre à ce que les résultats ne correspondissent pas tout à fait à notre très grand succès du premier tour. Le FN... est bien le premier parti de France ayant réuni au premier tour plus de 25 % des voix et plus de 5 millions de suffrages. Il est devant l’UMP et le PS. Le FN a réalisé un très beau parcours au premier tour mais, s’agissant d’un scrutin majoritaire à deux tours, nous avons été apparemment battus le 29 mars au soir car nous avons obtenu 62 élus sur 2054... ce type d’élections locales au scrutin majoritaire à deux tours étant certainement le plus difficile qui soit pour un mouvement comme le nôtre qui ne dispose encore que de peu de notables..."

Le Pen indique ainsi que le FN attire beaucoup de votants au premier tour en raison de son identité mais ne peut pas franchir l'étape locale du 2e tour, en raison du barrage des autres partis. On sait que JMLP n'a jamais accordé d'importance à l'implantation électorale locale et comptait avant tout sur l'élection présidentielle.

 

En réalité, il s'agit actuellement d'un véritable affrontement politique. JMLP est persuadé qu'une posture plus "dure" incluant au niveau national une expression ouverte de l'antisémitisme, du négationnisme et même une forme de soutien à Pétain sont nécessaires à l'identité de "son" parti et à ses éventuels succès, passant par l'éclatement de la droite.

 

Les dirigeants actuels du FN sont sans doute tout aussi imprégnés d'antisémitisme que leurs prédécesseurs mais ne veulent pas que leur haine antisémite s'exprime ainsi ouvertement au niveau de la propagande centrale du parti, ni qu'elle fasse trop explicitement référence au négationnisme et à la tradition pétainiste et nazie. En revanche, Marine Le Pen dénonçait, il y a quelques mois le CRIF qui « manipulerait » les Juifs français et les dresserait contre le FN. L'entourage de Marine Le Pen est lourdement chargé d'anciens dirigeants du GUD tel Frédéric Chatillon, dont l'antisémitisme est bien connu. Ils assurent aussi la liaison avec Dieudonné et Soral. De plus la direction du FN toute entière a aussi toléré et minimisé les déclarations antisémites de ses candidats aux départementales. On peut même penser que le retrait éventuel de JMLP permettra désormais au FN d'aller plus loin sur les thématiques antisémites, dans un contexte qui y est favorable et de manière "maitrisée". Pour se dédouaner, il se réfugiera derrière la condamnation de l'interview de JMLP dans Rivarol.

 

Dans ce cadre et même s’il a tout fait pour que sa fille Marine lui succède, le président d’honneur du FN a, dès le congrès d'intronisation de celle-ci en 2011 à Tours, tenu quant à lui à marquer profondément la matrice explicitement antisémite de son mouvement. Il considère que cet antisémitisme est la marque distinctive du FN et garantit son extériorité par rapport à ce qu'il nomme "le système", dans un terme d'ailleurs repris du vocabulaire nazi. Il vient encore de faire référence à cette soumission au "système" qui constituerait la toile de fond des attaques qui le visent.

 

Sa rancune a été stimulée par sa mise à l'écart des décisions quotidiennes du parti ainsi que par les déclarations de différents partis de l’extrême-droite européenne, qui ont justifié leur refus d’alliance avec le FN au Parlement européen par les déclarations antisémites de son fondateur et président d’honneur. C’est notamment le cas du parti UKIP britannique. Sa non-désignation comme tête de liste FN en PACA lors des régionales de décembre prochain représente un véritable casus-belli.

 

Le Pen rejette la « dédiabolisation » qui impliquerait un jugement négatif sur sa propre carrière, toute entière basée sur une posture de chef fasciste tricolore, dirigeant autoritaire d'un parti construit par d'anciens vichystes, voire des rescapés de la Waffen-SS. Ainsi, à l'approche inéluctable de sa retraite politique, Le Pen tente de justifier son échec personnel en l'attribuant à la puissance du « lobby juif ».

 

En effet, le fondateur du FN n'a jamais réussi à concrétiser les importants succès électoraux de son parti, alors qu'il se voyait aux portes de la participation au pouvoir.

Sa présence au deuxième tour de la présidentielle de 2002 est restée sans lendemain. Même les alliances établies avec la droite lors des élections régionales de 1998 ( et dans lesquelles Bruno Golnisch, son ancien ennemi et actuel allié joua un rôle important) se sont ensuite effondrées. La seule exception fut la région Languedoc-Roussillon qui demeura gérée par une alliance droite-FN sous la présidence de Jacques Blanc, resté sénateur jusqu'en 2011 et proche de Copé.

 

Face à ce qui apparaît comme un bilan d'échec de sa trajectoire politique, Le Pen fait appel, avec une violence accrue, à deux explications déjà utilisées à de maintes reprises: celle de la « décadence de la France » et celle de la responsabilité du « lobby juif » qui a bloqué son ascension. C'est le sens de ses propos dans l'interview du magazine « Bretons » en Avril 2008 à propos du « point de détail ». Il y expliquait: «... C'est le sujet qui est important, je crois. J'aurais parlé, même de très loin, du génocide vendéen, personne n'aurait été choqué... Est-ce un pays de liberté où une phrase, si contestable soit-elle - et prononcée par un homme public -, mérite 150 millions d’amendes et la mise à l'index de l'individu et de son parti ?"

 

Le Pen cherche à faire passer le message suivant: " j'ai échoué car j'ai osé toucher au tabou de la Shoah; les Juifs m'ont harcelé et marginalisé"

Cette thématique a déjà été martelée pendant des années, en mettant en cause le patronyme juif des journalistes de l'audiovisuel, en évoquant « l'internationale juive » ou un soi-disant pacte des partis de droite avec la fantasmatique organisation juive Bnai-Brith pour interdire les alliances entre la droite et l'extrême-droite.

 

Dans l'affrontement actuel, Le Pen a l'impression de rejouer la bataille de 1998 contre Mégret, qu'il avait surnommé le "félon". Déjà à l'époque l'appareil soutenait très majoritairement Mégret, qui prétendait "dédiaboliser" le FN et adapter son langage, sans rien changer au fond raciste. De très nombreux "traîtres mégretistes" sont d'ailleurs présents au sommet de la direction actuelle du FN, dont Steeve Briois et le secrétaire général Nicolas Bay. Il est à noter que la volonté de "modernité" de Mégret ne l'empêcha nullement d'accueillir au sein de son parti, le MNR, certains des négationnistes et antisémites les plus extrêmes issus du FN, tels l'avocat Eric Delcroix et Pierre Vial, dirigeant du mouvement néo-nazi Terre et peuple .

JMLP pense sans doute aussi disposer d'un pouvoir de nuisance lié à son nom, à sa connaissance intime de l'histoire du FN ainsi qu'à ses sources de financement passées et présentes.

 

L’hypocrisie des dirigeants du FN

 

Depuis des années une grande partie de l'appareil frontiste se retrouve sur une ligne dite de " dédiabolisation" destinée à sembler se préoccuper avant tout de mobiliser l'électorat FN. Cet électorat se sentirait en général moins directement motivé par l'engagement antisémite et négationniste générique du FN que par sa ligne anti-immigrés et islamophobe. Louis Alliot déclarait ainsi dès 2008: « ... Dans la situation actuelle marquée par une augmentation de la pauvreté sans précédent, par l'accentuation des flux migratoires, par les dégâts considérables initiés par la mondialisation économique, par l'installation durable d'un islam radical sur notre sol, les Français attendent des solutions concrètes et une vision crédible de l'avenir que nous leur proposons. Concentrons-nous sur l'essentiel: les combats électoraux à venir... »

L'antisémitisme demeure néanmoins très présent parmi nombre de cadres du FN et dans son environnement militant. On a pu le constater très récemment lors de la campagne des départementales. Une des caractéristiques de cette campagne aura été la présence notable d'un discours antisémite assumé par le FN, à la surprise de certains. De nombreux candidats visaient ouvertement les Juifs dans leurs diatribes virtuelles, beaucoup ont affichent sans souci leur admiration conjointe pour Dieudonné et Pétain.

 

Même aujourd'hui aucun des dirigeants du FN ne veut dénoncer explicitement la nature antisémite et génocidaire des propos de Le Pen. Certes ils critiquent ses propos et le fait qu'il les tienne dans Rivarol. Ils dénoncent l’exploitation qui est en faite par les adversaires du FN et lui en attribuent la responsabilité. Marine Le Pen parle ainsi de provocations et d'actes d'hostilité dont elle serait la victime. Mais aucun dirigeant du premier cercle ne se permet de dire que JMLP est et a toujours été, un nostalgique de Pétain et un antisémite forcené. Ces dirigeants devraient alors reconnaitre qu'ils sont coupables d'avoir travaillé avec un tel personnage et d'avoir notamment assumé depuis 28 ans et 4 campagnes présidentielles la phrase sur les "chambres à gaz, détail de l'histoire" prononcée pour la première fois le 1" septembre 1987 dans l'émission Le Grand Jury de RTL.

 

D'ailleurs, face aux appels à l'exclusion de JMLP lancés par de proches de Philippot, la garde rapprochée de MLP s'est empressée de publier des messages d'apaisement . Ainsi Alliot a déclaré vendredi 10 avril sur RMC et BFMTV. « Je ne suis pas favorable à une exclusion. Je tiens compte du travail effectué, de tout ce qu’il a apporté au combat national. Je suis rentré au Front parce que c’était lui ». Aymeric Chauprade, proche quant à lui de Marion Maréchal-Le Pen, s’est lui opposé sur Twitter au souhait de Florian Philippot d’exclure le président d’honneur : « Qui suis-je, moi, pour sanctionner ou exclure le fondateur du Front national ? Celui qui a nourri mon engagement politique et ma passion pour le combat patriote ? Mon honneur me l’interdit. ».

 

On ne peut pas connaitre l'issue de la bataille en cours au sein du FN mais nous savons que nous combattrons plus que jamais ce parti raciste, antisémite, anti-social, fasciste, ses idées et le poison qu'il déverse quotidiennement.

 

Memorial 98

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6 avril 2015 1 06 /04 /avril /2015 01:25

 

Actualisation du 3 mars 2016 : Memorial 98 salue la mémoire du psychiatre rwandais Naasson Munyandamutsa, qui vient de mourir à l'âge de 58 ans à Kigali. Ce médecin a joué un rôle très important dans la prise en charge des rescapés du génocide des Tutsi de 1994, au cours duquel la quasi totalité de sa propre famille fut massacrée.
 

Pour de nombreux survivants marqués par l’horreur, il a représenté une aide immense. A un mois de la commémoration du génocide le 7 avril, nous adressons des condoléances particulières à nos amis de l'association de rescapés du génocide Ibuka-France.

Memorial 98

 

Le mois d’avril voit se dérouler la commémoration de 3 génocides majeurs du XXe siècle : celui des Tutsi du Rwanda le 7 avril (date du début des massacres en avril 1994) celui de la Shoah le 19 avril (correspondant au début de la révolte du ghetto de Varsovie le 19 avril 1943) celui des Arméniens le 24 avril (correspondant aux premières arrestations des intellectuels arméniens à Constantinople/Istanbul en avril 1915).

Nous y associons notamment les actions génocidaires en Bosnie à Srebrenica dont le 20e anniversaire aura lieu en juillet prochain, au Darfour, le génocide des Roms, les actions génocidaires du régime khmer rouge au Cambodge et la récente tentative d’extermination des Yézidis d’Irak par Daech...

Ces différents génocides ont des liens entre eux car dans tous les cas les populations promises à l’extermination ont été d’abord été discriminées, stigmatisées, accusées de tous les maux, mises en cause comme préparant des plans hostiles aux pouvoirs autoritaires en place, puis désignées comme ennemies, regroupées, marquées et « étiquetées » sous différentes formes et enfin conduites à l’extermination ou massacrées sur place. Le génocide est l’aboutissement de décennies, voire de siècles, de discriminations.

La possibilité de réaliser un génocide et d’échapper à la punition correspondant à l’horreur de cette entreprise a aussi constitué un puissant facteur d’encouragement pour les génocidaires successifs. Les nazis eux-mêmes trouvaient une stimulation dans la manière dont le génocide arménien demeurait impuni : « Mais qui se souvient encore du massacre des Arméniens ? » déclarait ainsi Hitler dans une allocution aux commandants en chef de l'armée allemande le 22 août 1939, quelques jours avant l'invasion de la Pologne.

Un autre point commun à ces 3 génocides est la négation de ce qui s’est passé, dans le cadre d’une solidarité avec ceux qui ont perpétré le génocide. Nous luttons contre ce phénomène très organisé, mis en place par les génocidaires eux mêmes et qui constitue avec l’impunité une incitation à de nouveaux massacres. Le but des génocidaires, en tout temps et en tout lieu, ne consiste pas seulement à assassiner les vivants, mais aussi à nier à tout jamais leur existence. C’est pour cette raison que les négationnismes sont consubstantiels aux génocides. En niant, il ne s’agit pas seulement d’une tentative faite par les assassins pour échapper aux conséquences de leurs crimes. Au même titre que les massacres physiques de masse, la négation est au service au service du but final : effacer de l’histoire et de l’humanité une partie des hommes et des femmes qui la constituent.

Cette année avec le centenaire du génocide des Arméniens, nous faisons face au négationnisme d'un appareil d’Etat. Il s’agit de l’Etat turc, qui non seulement refuse de reconnaître qu’il y a eu un génocide organisé envers les Arméniens, mais fait aussi pression dans le monde entier afin que cette reconnaissance n’ait pas lieu.

Les gouvernements turcs successifs mènent en effet un négationnisme d'Etat utilisant des moyens humains et financiers considérables, visant à intimider les universitaires, les journalistes et le monde associatif.

L’une des armes du gouvernement turc consiste à faire plier ses opposants par des procès qui peuvent déboucher sur des dommages financiers colossaux (aux Etats-Unis, les sommes se chiffrent même en millions de dollars) ou au moins sur une perte de temps et d’énergie importante pour les personnes poursuivies.

En France, les historiens, les journalistes, les responsables associatifs, les hommes politiques, dès lors qu’ils travaillent hors des sentiers balisés par l’historiographie officielle de l’Etat turc, s’attirent des pressions, des menaces, des insultes et des appels à la haine, diffusés à grande échelle sur Internet. Ce négationnisme étatique trouve aussi des relais chez des responsables politiques, y compris à gauche et notamment chez Robert Badinter.

On l’a aussi vu lorsque le Sénat et l’Assemblée nationale, pourtant majoritairement à gauche (le Sénat est repassé à droite depuis) ont multiplié les difficultés avant de voter le loi pénalisant la négation du génocide arménien. Celle-ci fut ensuite rejetée par le Conseil Constitutionnel.

Nous en sommes donc à la même situation de blocage, 14 ans après que le Parlement ait reconnu ce génocide. L’exigence de justice et de défense contre le négationnisme d’Etat demeure donc entière, un siècle après la déportation et l’extermination sur les routes de Turquie. À l’occasion de ce centenaire, une grande commémoration aura lieu en Turquie même le 24 avril. De son côté, le gouvernement turc provoque en organisant le 23 et 24 une commémoration du 100e anniversaire de la bataille de Gallipoli, qui a vu les troupes dirigées par Mustafa Kemal Atatürk résister à l’invasion franco-britannique dans les Dardanelles. Le président turc Erdogan a de plus insulté le président arménien en l’invitant à participer à cette commémoration, organisée afin de détourner l’attention de celle du génocide.

Rwanda

Le 20e anniversaire du génocide des Tutsi, qui s’est déroulé durant l’année 2014 au Rwanda, a vu une très importante activité de mémoire. De très nombreux débats, colloques et expositions ont marqué ce 20e anniversaire. Un symbole en est l’inauguration d’une stèle du souvenir à Paris, dans le cimetière du Père-Lachaise. Pour obtenir ce petit monument il a fallu des années de demandes  et des combat des rescapés, représentés par l’association Ibuka ( qui signifie « Souviens-toi » dans la langue rwandaise ) ainsi que de ceux qui les ont soutenus. L’exigence demeure d’un réel lieu de mémoire dans l’espace public ; l’engagement pris dans ce sens par Anne Hidalgo, maire de Paris, lors de l’inauguration de la stèle le 31 octobre dernier, doit être tenu. Des progrès ont aussi été réalisés dans le domaine de la justice puisque enfin des génocidaires ont été jugés et condamnés en France. Ces procès doivent beaucoup à l’action de nos amis du Collectif des parties civiles pour le Rwanda qui poursuivent un combat incessant pour que la justice joue enfin son rôle.

Les habitants de nôtre pays ont un devoir particulier en ce qui concerne le Rwanda. En effet, une partie du combat est aujourd'hui celui de la pleine reconnaissance par l’État français de ses responsabilités. Cet Etat qui prétend parler en notre nom, persiste aujourd'hui à garder un silence complice sur l’implication de l’armée française dans le génocide des Tutsi.

Or le pouvoir rwandais a reçu de manière continue et appuyée le soutien des autorités françaises tant au plan politique, militaire que financier, avant, pendant et après le génocide. Toute la vérité doit être faite au sujet de cette implication : tous les documents doivent être rendus publics. De ce point de vue la prochaine mutation statutaire du juge Trévidic est une mauvaise nouvelle. Il a fait franchir une étape capitale à la recherche de la vérité en allant enquêter sur place à Kigali et en rompant avec les efforts mensongers du juge Bruguière concernant le début du génocide.

Nous appelons à participer aux cérémonies de commémoration du génocide des Tutsi, à l’appel d’Ibuka-France et Belgique dont le détail figure sur le blog d'actualités de Memorial 98, l'Info Antiraciste

Les combats contre l’impunité et le négationnisme sont plus que jamais au cœur de nôtre action. C'est aussi dans lutte quotidienne contre le racisme et les discriminations que nous construisons le barrage qui doit empêcher d'autres génocides.

Notre site a publié de très nombreux articles sur les génocides des Arméniens, des Tutsi et contre le négationnisme en général.

Le moteur de recherche situé en haut et à droite de cet article vous permet de les retrouver.

MEMORIAL 98

 

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31 mars 2015 2 31 /03 /mars /2015 10:04

62 conseillers départementaux du FN ont été élus ( en binôme), à l'issue des élections départementales. Il faut y ajouter les 4 élus de la liste de la Ligue du Sud dans le Vaucluse.

Ainsi lors de ces élections le Front National aura franchi une étape de plus. Il a pu réaliser des scores élevés, se positionner en première position des suffrages exprimés tout en maintenant les candidats, qui dans la campagne, ont tenu les discours antisémites et racistes voire pro-nazis les plus violents.

Pour la première fois, pourtant, les grands médias ont consacré, dans les dernières semaines de la campagne, de nombreux articles aux déclarations de ces candidats FN.

Le vote FN constitue donc dans bien des cas un vote d'adhésion au racisme défendu par ce parti . Les candidats ayant tenu les propos les plus violents et les plus médiatisés ont pour beaucoup obtenu des scores excellents, certains ont réuni plus d'un tiers des votants. De plus, 64 % des électeurs du FN déclarent ouvertement que les propos racistes ou antisémites des candidats ne changeraient pas leur vote.

Une des caractéristiques de cette campagne aura d'ailleurs été  la présence notable d'un discours antisémite parfaitement assumé par le FN, à la surprise de certains. De nombreux candidats visaient ouvertement les Juifs dans leurs diatribes virtuelles, beaucoup affichent sans souci leur admiration conjointe pour Dieudonné et Pétain. Les analyses, selon lesquelles le champ antisémite et la référence au fascisme et au vichysme originel auraient disparu voire seraient combattues au sein du FN, étaient donc totalement fausses. En réalité, le partage du travail idéologique entre Marine Le Pen, Soral et Dieudonné arrive à son terme. L'antisémitisme s'est désormais banalisé et diffusé massivement dans la société. Les déclarations de Zemmour sur Pétain, les propos antisémites très violents du notable Roland Dumas le confirment. Le parti d'extrême-droite peut donc se permettre d'assumer ouvertement cette dimension essentielle de son corpus idéologique et ne s'en prive pas.

 

L'électorat FN est donc à la fois très virulent, consciemment d'extrême-droite et très mobilisé. Cette mobilisation dans les urnes tient notamment à un activisme extrêmement important des réseaux fascistes dans leur ensemble. En zone rurale comme en zone urbaine, le FN a vraiment fait campagne : collages quasi-quotidiens, passage en porte à porte, courriers réguliers dans les boites aux lettres plusieurs semaines avant le scrutin, présence sur les marchés. Ces méthodes, souvent considérées comme « ringardes » et dépassées au regard de la « politique 2.0 », ne permettent peut-être pas de convaincre un nombre important de nouveaux électeurs. En revanche elles motivent la base électorale déjà très importante du parti fasciste afin qu'elle se rende aux urnes lors de chaque élection.

 

Deuxième enseignement : dans les cantons où ont eu lieu des duels FN-Gauche, souvent, le score a été plus élevé pour le FN au deuxième tour qu'au premier, confirmant ainsi la porosité entre les électorats de droite et d'extrême-droite.

Cette porosité s'est également confirmée au sommet de la droite, notamment chez Sarkozy. La campagne UMP a été violemment raciste et anti-sociale, reprenant des pans entiers du programme et de la rhétorique fascistes. L’exemple le plus frappant a été celui de la suppression des ‘repas de substitution » dans les écoles, ciblant les enfants musulmans et juifs. En cela, Sarkozy et les siens n'ont nullement innové, mais repris les discours et les orientations des polémistes comme Zemmour.

Ne nous faisons pas d'illusions, cela se traduira sur le terrain, dans tous les domaines où la droite pourra agir. Dans l’ensemble ce n'est pas la droite "républicaine" qui a triomphé, mais un camp désormais totalement composite, dont une grande partie est déterminée à concurrencer le FN dans l'abjection, notamment en prévision des régionales.

L'union concrète d'une partie de la droite et de l'extrême-droite se traduit d'ailleurs aussi dans les réseaux militants : depuis 2012, UMP et FN ont par exemple défilé ensemble lors des cortèges des manifestations homophobes.

D'ailleurs bien à contre-courant des analyses dominantes sur un « gauchissement » du FN, ces élections auront montré la proximité idéologique des dirigeants frontistes avec ceux de la droite dure. L'exemple le plus abouti est  celui du Vaucluse, où Marion Maréchal Le Pen s'est entourée d'une équipe composée d'anciens du RPR ou de l'équipe Balkany de Levallois. De même, les rares déclarations d'intention concrètes sur l'après-départementales de Marine Le Pen ciblaient la destruction des politiques sociales, celle des services publics et du tissu associatif. C'est d'ailleurs une des fonctions du discours raciste : commencer par prétendre que « seuls les étrangers » bénéficient des droits sociaux, pour accréditer l'idée que ceux-ci ne sont que de l' « assistanat » et ensuite les détruire pour tous.

Cette politique qui s'adresse aux électeurs de droite a un certain succès puisque le FN progresse dans le Sud partout où il dirige déjà des villes. De plus il a cette fois-ci plutôt progressé dans les quartiers aisés et urbains. Cela fonctionne également dans les zones plus pauvres où il est implanté. Outre la pénétration très forte du racisme et de l'antisémitisme dans les classes populaires, la démobilisation générée par l'absence de projet concret et progressiste porté massivement freine la mobilisation contre le parti d’extrême-droite. Cette démoralisation génère surtout beaucoup de fatalisme. Dans ces zones, la dynamique fasciste s'alimente donc des succès précédents aux municipales. Cette dynamique délétère doit cependant être relativisée. Si les cantons recoupant les villes FN ont vu celui-ci y triompher, la contamination ne s'étend pas forcément aux cantons voisins. Par exemple, si F. Engelmann a bien gagné à Hayange, dont il est le maire, les communes avoisinantes se sont mobilisées à gauche.

 

On peut considérer plus globalement qu’il y a bien eu une mobilisation antifasciste électorale. Celle-ci est d'autant plus exceptionnelle qu'elle s'inscrit dans le cadre d'une démobilisation et d'un découragement profonds, instillés par les politiques anti-sociales que mène le gouvernement. Dès le premier tour, des électeurs se sont déplacés pour faire barrage à l'extrême-droite, et au second, le mouvement s'est confirmé. Le PS a ainsi remporté très souvent les duels avec le FN. Les départements qui étaient annoncés comme gagnés d'avance par le parti frontiste n'ont finalement pas vu la victoire des fascistes.

Pour autant, la situation post-électorale est particulièrement inquiétante.

Ainsi, pour la première fois, dans de nombreux départements, une majorité de droite dure va cohabiter avec une opposition majoritairement d'extrême-droite. Or, si l'opposition n'a pas le pouvoir de décision, elle détient celui des « propositions ». L’attitude du FN dans les conseils départementaux va consister à promouvoir des mesures racistes et anti-sociales et à orienter le débat sur les thématiques d'extrême-droite. Ces « débats » constituent une partie du sommaire des journaux locaux, et l'atmosphère de surenchère islamophobe par exemple en sera alimentée. Il y a fort à parier que la droite aux commandes cédera sans problèmes à ces surenchères, qu'il s'agisse de l'interdiction du voile dans les crèches ou de de la suppression de services publics et de droits sociaux.

 

De plus le vote FN galvanise les mouvances extra-légales qui évoluent autour de ce parti. Ainsi, la carte de l'implantation du FN et de ses meilleurs scores au premier tour des cantonales coïncide avec celle des zones où sévit une mouvance néo-nazie de plus en plus nombreuse et de plus en plus violente. C'est très visible dans le département que le FN aurait pu gagner au second tour, l'Aisne; c'est dans ce même département que vient d'être démantelée une filière néo-nazie manifestement déterminée à passer au terrorisme violent.

C'est également le cas dans certains départements du Sud, parmi lesquelles le Tarn , lieu d'activisme quotidien et violent des néo-nazis. En Alsace, où les profanations de cimetières Juifs ou musulmans, comme les dégradations de lieux de culte sont très fréquentes, le FN arrive aussi en tête dans de nombreux cantons.

Ceci dément le discours lénifiant tenu sur le Front National par de nombreux analystes. Selon eux, en offrant des débouchés institutionnels et électoraux aux opinions racistes et antisémites, celui-ci était censé marginaliser totalement l'extrême-droite radicale. En réalité il n'y a qu'une seule extrême-droite, dont les composantes électorales et extra-légales se renforcent et s'alimentent mutuellement.

 

Il ne faut  négliger aucun des enseignements de ce scrutin: comme dans d'autres pays d'Europe, l’extrême-droite progresse, dans la rue et dans les urnes. L'institutionnalisation du FN se traduira par des moyens financiers accrus pour l'extrême-droite. Ses militantEs sauront l’utiliser pour l'activisme le plus débridé ainsi que pour intégrer des éléments venus des milices extra-parlementaires, comme c'est déjà le cas dans les mairies FN.

 

A l’inverse, le projet d'extrême-droite, qui prend corps concrètement, dans les institutions et sur le terrain, suscite aussi une prise de conscience antiraciste et antifasciste, partielle, ténue, mais bien réelle. Elle ne s'exprime pas seulement au plan électoral. Durant ces élections, de nombreux rassemblements locaux contre les meetings FN ont eu lieu, réunissant parfois plusieurs centaines de personnes dans de petites ou moyennes communes. La médiatisation des propos les plus violents et les plus ouvertement antisémites et racistes des candidats FN est d'abord le fait du travail acharné de nombreux militantEs et pas un choix spontané des médias, plutôt portés à la « dédiabolisation » du parti d'extrême-droite. De même, c'est parce que le combat antiraciste, sans cesse décrédibilisé et ringardisé sans arrêt, ne cesse pas au quotidien que le gouvernement est amené à prendre certaines initiatives.

 

S’il affiche désormais sa volonté de s'en prendre à l'extrême-droite extra-légale, si enfin des procédures sont engagées contre des leaders de la mouvance fasciste comme Dieudonné , si enfin les agressions de femmes musulmanes donnent lieu à des réactions publiques et officielles du Ministère de l'Intérieur, c’est en raison de la pression que nous exerçons collectivement par nos actions.

C’est ce combat que nous appelons à consolider et à intensifier.

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