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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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Sur les réseaux sociaux : 

    

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Pour correspondre avec nous, nous proposer des articles ou des informations,

pour toute question : 

contact@memorial98.org

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13 mars 2014 4 13 /03 /mars /2014 00:17

Sur Facebook suivez l'actualité quotidienne de la lutte contre le racisme, l'antisémitisme,et le négationnisme de Memorial 98 à l'adresse http://www.facebook.com/groups/348947755137242/

 

Trois ans sous les bombes de Bachar Al -Assad :

Jusqu’à quand laissera-t-on faire ?

 

Depuis trois ans les Syriens subissent la terreur de leur propre État, pour avoir osé se soulever face à la dictature qui dirige le pays depuis plus de 44 ans (voir Syrie : aux côtés du peuple martyrisé.) 

Cette dictature jouit du soutien de Poutine et du régime iranien ainsi que toute l'extrême-droite au niveau mondial. En France c'est le Front National, Soral, Dieudonné et leurs acolytes qui soutiennent Assad. Le régime se présente comme un "rempart contre le terrorisme" tout en favorisant les forces djihadistes et en s'abstenant de les combattre alors qu'il attaque violemment le reste de la résistance. Assad s'appuie aussi sur la passivité des gouvernements des grandes puissances qui multiplient les discours mais ne mènent aucune action concrète.

Le nombre de victimes atteint 140.000 victimes, dont plus de 11.000 sont des enfants atteints par  les barils de TNT lancés par les avions du régime. Cette terreur d’État a également causé le déplacement de millions de civils syriens, détruisant des quartiers entiers, des villages et des villes.

L’utilisation du viol et d’autres violences atroces contre les femmes est devenue monnaie courante comme l'ont montré des enquêtes récentes (voir link)

La nature criminelle de ce régime l’a poussé, non seulement à procéder à l’arrestation des militants pacifistes de l’opposition, mais aussi à utiliser à grande échelle la torture comme arme de punition, en recourant à l’exécution arbitraire de nombreux opposants. De même, il n’a pas hésité à larguer des barils de TNT sur les civils, ainsi que des missiles balistiques ou à fragmentation . Il a également mené, le 21 août 2013, une attaque avec des armes chimiques dans les faubourgs de Damas causant la mort de 1429 personnes, dont 426 enfants, ce qui a mené à la décision 2118 de l’ONU appelant à la mise hors d'Etat du régime et jamais mise en oeuvre.

 Ce régime utilise également le blocus contre certains territoires contrôlés par l’ASL (Armée Syrienne Libre), empêchant l’arrivée d’eau potable, de vivres et d’aide médicale,. Ce blocage a causé des centaines de morts par la famine, comme ce fut le cas , à Daraya, à Barzeh, dans le  camp palestinien de Yarmouk (assiégé par les forces gouvernementales depuis juillet 2013), à Homs assiégée depuis plus de 600 jours.

Le 22 février 2014, les membres du Conseil de sécurité ont adopté à l’unanimité la résolution 2139 exigeant du régime syrien qu’il autorise l’accès humanitaire aux populations civiles. Pendant ce temps la majorité de la population civile en Syrie est privée de l’assistance humanitaire qui pourrait soulager ses souffrances qui durent depuis trois ans déjà.

 À l’occasion du 3e anniversaire de la Révolution syrienne débutée le 15 Mars 2011, nous appelons les forces démocrates, les partis, les organisations, les associations et mouvements citoyens, ici en France et dans le monde à se rassembler le 15 mars 2014 en solidarité avec la Révolution du peuple syrien pour :

 – Demander l’arrêt immédiat des bombardements des villes et villages par l’aviation gouvernementale

 – Appeler au retrait de Syrie de tous les combattants étrangers.

 – Exiger l’ouverture des passages sécurisés et sans conditions pour l’acheminement des aides humanitaires et médicales notamment la levée immédiate du blocus imposé par les forces armées du régime aux quartiers, villes et villages.

–Obtenir un soutien international qui permette de protéger la population syrienne et d’aider à la réalisation de ces exigences essentielles.Ceux qui se battent pour la chute du régime et pour une Syrie Libre au service du peuple syrien doivent parvenir à réaliser leur projet d’un Etat de droit démocratique et pluraliste basé sur la liberté l’égalité et la dignité humaine.

 

Liste des manifestations unitaires du 15 Mars (sauf autre précision de date) auquelles nous appelons

Paris

 Parvis des droits de l’homme (Trocadéro) de 17h00 à 21h00

 Le rassemblement comportera deux temps :

17h00 à 19h00

sous le mot d’ordre : ”3 ans de lutte populaire pour une Syrie Libre et démocratique face à la terreur d’état”

19h00 à 21h00 :

(organisé par un large collectif dont Amnesty International)

sous le mot d’ordre : ”Avec les Syriens”

Strasbourg

Place Kleber à 15h

Lyon

Place Bellecour à 16h

Toulouse

Place du Capitole à 15h

Rouen

Place 19 d’Avril 1944 de 15h à 17h

Bordeaux

Place de la Comédie de 16h à 18H

Nice

Place du Palais de Justice à Nice à 18H

Asnières sur Seine

à la sortie de la gare d’Asnières à 18H

Langres

Place Diderot à 17h30

Valence

Le jeudi 13 mars, devant la Mairie à 19h00

Angoulême

devant la Mairie de 19h00 à 21h00

Montpellier

Place de la Comédie à 16h00

Evreux

Place Clémenceau (place du marché) de 18h00 à 20h30

Nancy

Place Stanislas de 18h30

MEMORIAL 98

voir aussi 

Syrie: 2 ans déjà, manifestons avec eux le 16 mars!

Quand une association France-Israël soutient le régime syrien.

Syrie : le sens de notre soutien.

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9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 22:16
 

 

Sur Facebook suivez l'actualité quotidienne de la lutte contre le racisme, l'antisémitisme,et le négationnisme de Memorial 98 à l'adresse http://www.facebook.com/groups/348947755137242/


Depuis plusieurs années, les négationnistes, les antisémites, racistes et xénophobes de tout poil sont à l'offensive. Dans un contexte de crise économique persistante,ils se sentent encouragés par la dérive des partis de la droite traditionnelle et par la poussée de l'extrême-droite. Les scandales se multiplient à propos du génocide des Tutsi au Rwanda ( voir les scandales Cantaloup (link) et Canal+ qui a donné lieu à une réprimande du CSA (link ), du génocide des Arméniens et de la Shoah ainsi qu'à propos des Roms (affaire Bourdouleix à Cholet  (voir le début de l'article  Dieudonné : au-delà de la quenelle, l’escalade meurtrière. ).

C'est dans ce contexte marqué par l'affaire Dieudonné, qu'un collectif d'associations et de personnalités vient de publier dans le Huffington Post( link) un appel qui retrace l'exemple de la pièce de théâtre antisémite représentée en avril dernier dans le cadre de l'Université de La Rochelle. Nos amis d’Opération Poulpe ont publié une analyse détaillée de cette pièce et de son contexte (voir link)

L'association Memorial 98 est partie prenante de cet appel intitulé "Halte à la résurgence des stéréotypes de la haine: à l'université et dans toute la société" que nous publions et vous demandons de faire connaître

Memorial 98

 

 

Texte de l'appel:

"Une parole raciste et antisémite se déploie et se banalise, encouragée par des discours haineux et médiatiques tels ceux de Dieudonné. Cela engendre un climat délétère. En marge de ces dérives, une campagne se développe pour invoquer le « droit de rire de tout », y compris dans le registre de l’injure, du négationnisme, de la haine des Juifs. Certains invoquent la liberté de pouvoir tout laisser dire, même ce qui est inacceptable sur le plan éthique. C’est ignorer que Dieudonné, depuis qu’il fraye avec les négationnistes, ne se situe pas dans le registre de l'argumentation, mais dans celui d’une diffusion de ses anathèmes contre les Juifs. Cela constitue une atteinte radicale au vivre ensemble républicain.

Il est particulièrement inquiétant que cette résurgence des stéréotypes de la haine ait trouvé un nouveau terrain dans une université. En avril 2013, une vingtaine d’étudiants de l’université de La Rochelle ont joué avec l’aide de subventions publiques [1] une pièce de théâtre intitulée « Une pièce sur le rôle de vos enfants dans la reprise économique mondiale ». Cette pièce prétend dénoncer les « excès de la finance folle ». On s’y moque des pauvres, des prostituées, des Chinois, des homosexuels, etc. Elle présente les Juifs comme les responsables de l’horreur financière du monde.

La pièce met en scène une machination d’une banque juive dans laquelle les enfants seront évalués avant leur naissance et contraints, une fois devenus adultes, de verser une part importante de leur salaire. Bref, une forme nouvelle d’esclavage inventée par les Juifs. Dans la pièce, un cuisinier d’un camp de concentration nazi, personnage devenu plutôt sympathique, est pourchassé par des Juifs ultra-orthodoxes, vulgaires et vindicatifs, et l’un d’eux se réconcilie avec ce nazi… en échange d’une liasse de billets. Ce sont bien les Juifs qui sont visés dans la pièce. Ils sont au centre du dispositif, et sans eux, il ne resterait rien de cette « œuvre ».

La troupe et ses animateurs professionnels ont été défendus avec obstination par la direction de l’université. Par la suite, des attaques violentes, malveillantes et injurieuses ont été proférées sur des sites internet à l’encontre de Michel Goldberg, l’enseignant-chercheur qui avait alerté l’université sur l’ignominie d’un spectacle érigé en tribune antisémite. Son patronyme et son prénom avaient été utilisés dans la pièce pour créer deux personnages répugnants. Par la suite, le Forum de l'université a déversé de nombreuses pages virulentes à son encontre, le qualifiant de malhonnête ou de terroriste. Il a été accusé de complot contre l’établissement, de manipulation, de totalitarisme.

Cependant, durant la controverse, le maire et les députés de La Rochelle et de Rochefort, ainsi que la ministre G. Fioraso ont critiqué sévèrement cette pièce et ont perçu son caractère antisémite. Des centaines de personnes les ont rejoints. La ministre s’est engagée à ce que la pièce ne soit plus rejouée au Canada où il était prévu de l’exporter. Le SNESUP, la LICRA, le CRIF, le MRAP, UAVJ ainsi que des comédiens, des metteurs en scène, de nombreux chercheurs ont montré l’horreur de l’idéologie de cette pièce. Tandis que l’université a refusé de condamner le texte.

Le CA de l’université de La Rochelle n’a pas pris la peine de s’intéresser aux analyses de cette pièce que l’université avait pourtant financée, à ces étudiants qui avaient été mis en situation d’apprendre un discours de haine à l’encontre des Juifs-qui-dominent-le-monde, ni aux professionnels qui avaient entièrement failli dans leur responsabilité éducative. Les attaques à l’encontre du collègue qui avait alerté l’université se sont poursuivies lors de deux CA, sans que le Conseil n’entende jamais ce collègue.

La diffusion sur le Forum de l’université d’un communiqué des quatre représentants des cultes de la ville, alertant sur la nocivité de la pièce, a été fallacieusement qualifiée d’atteinte au principe de laïcité. Et le CA a exprimé un soutien unanime à l’action d’un président qui n’a pourtant jamais émis aucune critique sérieuse à l’égard d’un texte d’un antisémitisme primaire, et qui a laissé se mettre en place des attaques indignes à l’encontre d’un membre du personnel. On pourrait donc ainsi d’un même mouvement justifier la libre expression de la parole antisémite au théâtre et refuser à ceux qui la critiquent le droit de s’exprimer dans un climat serein.

Au-delà de ce cas emblématique, les signataires s’inquiètent aussi de la résurgence des stéréotypes de la haine dont ces faits montrent comment elle peut insidieusement surgir lorsque l’on nie l’humanité de l’autre. C’est le cas lorsque la ministre Christiane Taubira est grossièrement insultée du fait de ses origines, ou lorsque des musulmans, des Roms … font l’objet en tant que tels de stigmatisation et d’agressions. Les signataires appellent à conjurer les périls d’une banalisation d’évènements tragiques de l’Histoire. L’actualité montre aujourd’hui qu’ils peuvent se reproduire dès lors qu’un groupe humain quel qu’il soit est désigné comme bouc émissaire.

[1 ] Dialogues de la pièce et analyses en ligne sur :

https://sites.google.com/site/atelierecriturelarochelle

.

Signataires : LICRA ; MRAP ; UAVJ ; MEMORIAL98 ; COLLECTIF VAN ; CONFRONTATIONS EUROPE – Éliette Abécassis, Romancière ; André Antibi, Professeur émérite à l’UPS (Toulouse 3) ; Arnold Bac, Professeur d’École honoraire ; Roger Benguigui, Secrétaire général de la LICRA ; Corinne Bitoun, Avocate ; Léon Brenig, Professeur de physique, Université de Bruxelles ; Michel Canet, Président de l'UFAL (Union des familles laïques) ; Jean-Claude Casanova, membre de l’Institut ; Marjolaine Chevallier, MCF honoraire à la Faculté de Théologie Protestante, Univ. Marc Bloch, Strasbourg ; Jean-Yves Duyck, Professeur Emérite de Sciences de Gestion, Université La Rochelle ; Olivier Gebuhrer, MCF honoraire de mathématiques, co-animateur de UAVJ ; Wladimir Glasman, Professeur d’arabe ; Michel Goldberg, Institut Pasteur, Professeur émérite ; Michel Goldberg, INSERM, Professeur émérite ; Michel Goldberg, musicien de jazz ; Gérard Gunzig, Professeur de physique, Université de Bruxelles ; Albert Herszkowicz, président de Memorial98 ; Philippe Herzog, président fondateur de Confrontations Europe et Claude Fischer, présidente ; Philippe Joutard, historien, ancien recteur ; Marc Knobel, historien ; Gérard Lauton, universitaire (UPEC), membre de la Commission Administrative Nationale du SNESUP-FSU ; Pascal Lederer, CNRS, DR émérite, co-animateur de UAVJ ; Bernard Maro, DR émérite, Médaille d'argent du CNRS ; Isabelle De Mecquenem, Philosophe, Université de Reims ; Sabine Missistrano, Présidente d’Honneur de la Ligue des Droits de l'Homme (Belgique) ; Seta Papazian, Présidente du Collectif VAN (Vigilance Arménienne contre le Négationnisme) ; Gilles Perrault, écrivain ; Alain Policar, Politologue, Centre de recherches politiques de Sciences-Po (CÉVIPOF) ; Richard Prasquier, ancien président du CRIF ; François Rastier, Directeur de recherche (CNRS) ; Nathalie Sayac, universitaire (UPEC) ; Bernard Schalscha, membre du Comité de rédaction de La Règle du jeu ; Philippe Schmidt, Vice-Président de la LICRA, Président de l’INACH (International Network Against Cyberhate) ; Marianne Seckel, Pasteur de l'ÉPUdF (Eglise Protestante Unie de France) à La Rochelle et l'Île de Ré ; Antoine Spire, journaliste, Vice-Président de la LICRA ; Pierre-André Taguieff, Directeur de recherche (CNRS) ; Gérard Unger, Président de Metrobus, Président de Jcall ; Emmanuel Wallon, Professeur de sociologie politique ;

 

Voir aussi

Dans un lycée de prestige, un antisémitisme d'une certaine classe

Histoire: la gauche combat l'antisémitisme.

Dieudonné : au-delà de la quenelle, l’escalade meurtrière.

Extrême-droite: récidive violente.

9 Novembre : 75 ans après la « Nuit de Cristal »

17 octobre 1961: un massacre colonial.

Avec les Roms : rendez vous à la Bastille 5 et 6 octobre 

 

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4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 23:20

  Le public de Dieudonné, ce sont surtout les jeunes de banlieue, issus de l'immigration. Poncif éculé dont beaucoup veulent voir la preuve dans les exemples de « quenelliers » mis en avant par les médias ces derniers temps.

Le site "Rue 89" et d'autres ont ainsi beaucoup parlé d'un jeune animateur de Seine et Marne, dont la municipalité qui l’employait a demandé et obtenu la démission après qu'il ait posté des photos de lui et des mômes dont il avait la responsabilité reproduisant, à son instigation, le geste de ralliement au politicien fasciste.

Mais cette apparence médiatique correspond à une réalité éludée: celle des protections sociales dont bénéficie une autre partie de la jeunesse quand il s'agit de réprimer l'antisémitisme, exactement comme c'est le cas pour d'autres comportements.

Il y a ainsi des établissements scolaires prestigieux, dans lesquels  le milieu social dont on est issu, comme le brillant avenir auquel on est promis, permettent de laisser libre cours à son antisémitisme, comme d'ailleurs à son homophobie et à son racisme.

Le journal, dont les articles sur l' « affaire Dieudonné » sont reproduits ci-dessous, n'est pas une petite feuille autonome faite par quelques élèves d'un lycée mal famé d'une banlieue excentrée.

La « Mouette Bâillonnée » est un journal lycéen récompensé en 2013 par un prix national, adoubé par la direction de l'établissement concerné, en l'occurrence le lycée  Marcelin Berthelot : celui-ci, situé au cœur d'une ville très bourgeoise du Val-de-Marne est un établissement dont les classes préparatoires aux grandes écoles sont, pour certaines, premières dans les classements nationaux. Les sportifs de haut niveau de l'INSEP y suivent des cours.

À parcourir le numéro 20 de « La Mouette Bâillonnée », on voit d'ailleurs tout de suite que les élèves qui l'animent ont déjà cette assurance des jeunes qui se destinent à des fonctions sociales élevées. On y commente l'actualité mondiale comme dans un hebdo de la presse mainstream, on n'hésite pas à donner un avis sur tout, en quelques lignes, de la guerre au Mali au second mandat de Barack Obama en passant par le nouveau pape, qu'on décrète « résolument progressiste », sans éprouver le besoin d'expliquer pourquoi. Côté loisirs, on a déjà ceux de sa classe, et l'on décerne un petit satisfecit à un bar à cupcakes du centre de Paris.

On est déjà à sa place, à l'aise dans la société, certain d'y briller, conscient de son « devoir de citoyen », et dans un rapport paisible avec l'autorité. C’est la raison pour laquelle d'ailleurs on s'investit dans un journal intégré à l'établissement et non dans une initiative autonome : à quoi bon, puisque seule une différence d'âge nous sépare de ces adultes qu'on remplacera bientôt  et qui incarnent la hiérarchie sociale,?

Et pourtant, cela n'est absolument pas contradictoire avec le fait d'être « anti-système », c’est-à-dire de se sentir dépositaire d'une certaine « rébellion », convaincu que certaines choses doivent changer en ce bas monde. Par exemple, la domination des "sionistes" qui empêche qu'on se marre sur la Shoah.

 Voilà en effet le sujet de deux « articles » du dernier numéro: il faut bien mettre « article » entre guillemets, car le contenu est juste une succession de copiés-collés trouvés sur les sites dieudonnistes, construit comme ces mauvais corrigés de sujets du bac qu'on trouve sur le net. Et là le sujet ce serait : «  En partant de l'exemple de Dieudonné, vous montrerez en quoi la France est dominée par les Juifs ».

Pour ces jeunes gens, en effet, Dieudonné, en s'offrant tel le Christ au sacrifice ultime a dévoilé la vérité du monde : il y a des « sionistes » partout, dans les médias et au plus haut niveau du pouvoir. Manuel Valls en est un, par sa femme, car c'est bien connu, cette chose-là se transmet par les femmes. Mais pas seulement : toutes celles et ceux qui ont pris position contre l'antisémitisme et le négationnisme, toutes celles et ceux qui considèrent que l'extermination des Juifs d'Europe est un événement important dans l'histoire européenne, toutes celles et ceux qui pensent que des meetings fascistes où l'on appelle à mettre les gens dans les chambres à gaz sont un problème, eux aussi sont aussi des « sionistes » et les vrais maîtres du pays.

Bien évidemment, ces jeunes gens là sont prudents et connaissent les limites de vocabulaire à ne pas franchir pour le moment : on ne lira pas sous leur plume que les Juifs contrôlent les médias ou le gouvernement, non, seulement les « sionistes ». Malheureusement pour nos « antisionistes », la rédaction est bâclée, et par conséquent est totalement absente  la petite référence traditionnelle aux Palestiniens, censée témoigner chez le locuteur antisémite de son amour des opprimés, amour qui ne s'exprime d'ailleurs chez lui que par la haine du Juif et non par des actions de solidarité avec la Palestine

 On ne les verra pas non plus remettre en cause des décisions de justice, juste proférer un énorme mensonge, selon lequel Dieudonné n'aurait jamais été condamné par un tribunal pour incitation à la haine raciale : en réalité Dieudonné fait l'objet actuellement de quatre condamnations définitives sur ce sujet, et d'une susceptible d'appel.

Mais sans doute nos journalistes en herbe ont-ils eu un doute sur la crédibilité de la manœuvre éculée consistant à remplacer dans la bonne vieille thèse du complot juif mondial à l'assaut du pays réel, le mot « Juif » par le mot « sioniste ». On ne voit pas d'autre raison à l'inversion victimaire, grossière et délirante qui intervient dans l'article lorsque ses auteurs parlent de « meurtres sur des citoyens faisant une quenelle ». On savait que le racisme et l'antisémitisme avaient tué en France récemment, on ignorait que des fascistes étaient morts. Mais sans doute est-ce parce que les « médias » nous le cachent, nos jeunes rebelles, élèves de Seconde, eux, sont tellement bien informés qu'ils nous présentent ces meurtres comme un fait, sans un mot de plus.

A vrai dire, l'article pourrait prêter à rire, ces mensonges grossiers sur le présent s'accompagnant de références historiques involontairement parlantes, lorsque l'apprenti journaliste se fait tribun en en appelant aux grands noms de la Révolution Française. Un peu dommage, lorsqu'on prétend défendre Dieudonné par antiracisme d'invoquer la mémoire du Duc de Castellane, qui certes fut révolutionnaire en 1789 mais devient ensuite un notable du Directoire et de l'Empire et est resté célèbre notamment pour avoir organisé en 1802 une rafle de Bohémiens, en arrêtant 500 en une seule nuit avec le projet de les déporter en Louisiane, alors qu'il était préfet. Il est vrai qu'à La Mouette Bâillonnée on n'aime pas trop les Roms : ainsi trouvait-on en novembre, la tribune indignée d'une rédactrice qui estimait qu'il était légitime d'expulser Leonarda Dibrani, et qu'elle avait attiré l'attention à cause de son origine, parce que « rom c'est bien plus attrayant et universel » ( http://lamouettebblog.wordpress.com/2013/11/15/leonarda-lexemple-a-ne-pas-suivre/).

Mais tout ceci est évidemment moins drôle si l'on se met à la place des élèves ou des personnels de l'établissement éventuellement visés par la haine dieudonniste. Ils peuvent lire dans le journal du lycée dont la publication est dirigée par le proviseur que le politicien antisémite est en fait la victime, et que ses dénonciateurs sont les véritables maîtres du pays qui ont organisé un « lynchage médiatique » digne d'une dictature.

Si c'est le cas, en tout cas, à Marcelin Berthelot, on résiste résolument à l'envahisseur « sioniste ». Dans certains lycées ordinaires, des élèves ont été sanctionnés par des renvois pour une « simple » quenelle, et leur affaire s'est immédiatement retrouvée au moins dans Le Parisien.

Mais il y a des avenirs à ne pas compromettre. Aussi, en ce qui concerne La Mouette Bâillonnée, l'affaire est à ce jour restée interne. En réalité, il n'y a pas vraiment eu d' « affaire » pour les lycéens concernés : ce sont plutôt celle, professeur, et  ceux, élèves, qui ont osé protester contre cet article qui sont dans un premier temps désignés comme des fauteurs de trouble par une partie de l'établissement. "On n'a jamais de réaction à l'exercice de la liberté d'expression lycéenne, sauf quand on parle des juifs", peut-on entendre dans les couloirs... ou les bureaux. La prof est juive, c'est pour ça, évidemment, qu'elle a réagi ! Pas parce qu'elle est prof d'histoire, pas parce qu'elle est citoyenne, pas parce qu'elle est engagée dans la lutte contre les communautarismes, non, rien de tout cela... Il faut dire que sa protestation a entraîné la mobilisation d'une  partie de la salle des profs. Aujourd'hui,  les articles ont été retirés du site Internet du journal. Et puis ? Et puis c'est tout.

Enfin, pas tout à fait. Une association de  parents d'élèves, sans doute bouleversée par la contestation de la pensée de ses brillants rejetons, reprend le flambeau de la juste lutte contre l'envahissement « sioniste » et choisit ce moment pour contester de nouveau des actions visant à faire connaître l'histoire de la Shoah, notamment par l'organisation de visites des vestiges des camps d'extermination. C'est évidemment une coïncidence ! La même prof les organise depuis dix ans et publiera bientôt un ouvrage sur  celles et ceux qui touchés par les lois raciales de Vichy ont porté l'étoile jaune dans l'établissement. Et elle ne dit rien, pour le moment, de ce qu'elle a trouvé...

Le lycée Marcelin Berthelot eut autrefois parmi ses professeurs, Georges Politzer, philosophe, communiste, résistant, fondateur de l'Université Ouvrière. Son professorat fut interrompu par son arrestation par la Gestapo, qui l'assassina en 1942. 

 Bien plus tard, le lycée accueillit un autre élève, Roger Garaudy, négationniste de son état.

 

À Marcelin Berthelot comme ailleurs, ne laissons pas les faussaires et les négationnistes l'emporter.

 

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Memorial 98 et Operation Poulpe ( link)

voir aussi Dieudonné : au-delà de la quenelle, l’escalade meurtrière.

Contre Dieudonné: l'exemple de Metz

Histoire: la gauche combat l'antisémitisme.

Hitler ? Pff, une banalité ! ... par Souâd Belhaddad

 

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19 janvier 2014 7 19 /01 /janvier /2014 22:46

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 Nous tenons à faire connaître le plus largement possible cet exemple de mobilisation unitaire en Lorraine contre Dieudonné et sa propagande. C’est un premier pas qui représente un exemple de rassemblement antiraciste et antifasciste. Les sections et fédérations locales de ces associations, partis et syndicats dans les autres villes et départements ainsi que leurs coordiantions nationales pourraient et devraient  s’inspirer de cette unité afin d'agir. L'exemple de Metz démontre qu'au delà de leurs débats et différences d'approche, les organisations et les personnes peuvent se retrouver pour une action contre la supercherie de Dieudonné et de ses alliés d'extrême-droite.


Post-scriptum: un rassemblement a bien eu lieu sur la place de la Préfecture à Metz; voir le reportage link

2e Post-scriptum (25/1/14):  Mobilisation aussi à Limoges ce soir , avec une référence forte à la résistance au nazisme. La région limousine fut à la fois le siège de massacres particuliers (Oradour, Tulle) et un haut-lieu de la Résistance.

link

MEMORIAL 98

 

 

 

LA MOSELLE N’EST PAS RACISTE

 

Communiqué commun à : LICRA, MRAP, SOS Racisme, LDH, Réseau Education Sans Frontières Metz, ISM Est, Couleurs Gaies, ACAT Marly, Cercle Jean Macé, CRIF, Bnai Brith, CFDT, FSU, UNSA, UNEF, MJS, PS, PCF, Re-génération

 

"Tous les citoyens sont les garants de la démocratie et des droits de l’homme.

 

Si la liberté d’expression est infiniment précieuse, la loi prévoit qu’elle ne peut être utilisée pour bafouer et mettre en danger ces droits. Le racisme et l’antisémitisme font partie des ces fléaux qui peuvent, l’histoire l’a montré, remettre en cause l’humanité dans son essence même.

 C’est pourquoi, nous, associations et organisations démocratiques, nous ne pouvons nous taire dans le débat national actuel. Dieudonné, ancien comique, est devenu le représentant emblématique de milieux d’extrême droite qui, à travers lui, font revivre publiquement l’idéologie antisémite la plus ignoble. Son succès, appuyé tantôt sur la naïveté, tantôt sur la perversité, ne peut nous laisser indifférents.

 La justice l’a déjà maintes fois condamné et nous appelons les instances de l’Etat à prendre les mesures nécessaires pour garantir la vie en commun dans la République.

 

Pour notre part, nous utiliserons tous les moyens démocratiques pour donner l’occasion aux citoyens de montrer leur attachement aux valeurs fondamentales de notre société.

 

 

Signatures :

 

LICRA, MRAP, SOS Racisme, LDH, RESF, ISM Est, Couleurs Gaies, ACAT Marly, Cercle Jean Macé, CRIF, Bnai Brith, CFDT, FSU, UNSA, UNEF, MJS, PS, PCF, Re-génération

 

 

Suite au communiqué ci-dessus, publié cette semaine, des associations réunies ce soir 15 janvier 2014 ont décidé de procéder à un

 

Dépôt de gerbe symbolique,

 

le dimanche 19 janvier à 16h,

 

Place de la préfecture à METZ,

devant la plaque qui rend hommage aux résistants morts pendant la deuxième guerre mondiale.

Le texte suivant sera lu :

 « Tous les citoyens sont les garants de la démocratie et des droits de l’homme. C’est à ce titre qu’aujourd’hui des associations et des organisations démocratiques rendent hommage, devant cette plaque, aux innombrables victimes de la barbarie nazie.

 

  Les idées racistes et antisémites ne doivent plus avoir droit de cité dans notre société, sous quelques prétextes ou forme que ce soit.

 

Notre vigilance sera sans faille et nous prendrons d’autres initiatives pour défendre et faire prévaloir les valeurs humanistes fondamentales, unis pour la liberté, l’égalité et la fraternité. »

 

Toutes les personnes et structures qui se sentent concernées sont invitées à faire circuler cette invitation à y participer.

Samedi 18 janvier 2014.
Post-scriptum: un rassemblement a bien eu lieu sur la place de la Préfecture à Metz; voir le reportage link
Voir aussi
A voir aussi l'enquête de Canal + sur Soral qui confirme tout à fait la posture et la fonction  politique de Soral et Dieudonné: ramener des électeurs  vers le FN. link

 

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16 janvier 2014 4 16 /01 /janvier /2014 23:05

En pleine affaire Dieudonné, nous publions un article à caractère  historique de l’association Memorial 98. Sa première parution date de juin 1998 dans la revue antifasciste « Mauvais Temps »(éditions Syllepse).

Ce texte intitulé « Un siècle de combats contre l’antisémitisme » rend compte de la continuité  de ce combat et aussi de ses difficultés au sein de la gauche. Il accompagne aussi la création de  l’association Mémorial 98.

Notre association avait organisé le 17 janvier 1998 sa première activité publique : une journée d’étude retraçant les relations complexes entre la gauche et la lutte contre l’antisémitisme.

En ce cent seizième anniversaire de la mobilisation du 17 janvier 1898, ce texte garde toute  son actualité et inspire notre engagement contre le racisme, l’antisémitisme et tous les négationnismes.

C'est aussi l'occasion d'appeler nos lecteurs et ceux qui se reconnaissent dans ses combats à faire connaître ce blog et ses articles. Le blog est complété par un groupe Facebook qui vit au rythme de l'actualité quotidienne et permet de partager de nombreux débats et informations.

Si vous visitez ce blog pour la première fois, nous vous proposons de vous y abonner afin de recevoir tous les articles à leur parution.

 

Memorial 98  

 

Le centenaire de la parution du J'accuse de Zola (le 13 Janvier 1998) a donné lieu à de nombreuses commémorations et prises de position.

On connaît moins l'engagement des militants de gauche qui se jetèrent très tôt dans la bataille pour la défense de Dreyfus, contre l'antisémitisme et le nationalisme.

Le 17 janvier 1898, quatre jours après la publication par Émile Zola de son J'accuse, protestant contre la condamnation de Dreyfus, au paroxysme de ce qu'il était alors convenu d'appeler l'Affaire, les antisémites ripostaient violemment.

Dans toute la France des cortèges, pogromistes déferlaient sur les quartiers juifs aux cris de « Conspuez Zola! » et de « Mort aux juifs! ». A Paris une réunion publique était programmée par l'aile la plus dure de l'antidreyfusisme, dans la salle dite du Tivoli‑Vauxhall; plusieurs milliers de personnes s'y pressaient.

Une centaine de militants ouvriers parisiens, allemanistes et anarchistes principalement, vinrent apporter une contradiction musclée à ce meeting.Les orateurs prévus dont Dubuc, président de la jeunesse antisémite, Jules Guérin, président de la Ligue antisémitique de France et directeur du journal l'"Antijuif", ne purent ce soir-là déverser leur poison en toute liberté. L'estrade fut prise d'assaut et la grande messe antijuive tourna court.

Cette action connut à l'époque un important retentissement; elle figurait en première page de tous les quotidiens parisiens et fut fièrement revendiquée par ses initiateurs. Ce sursaut fut, dans le mouvement ouvrier de l'époque, la première réaction publique de rejet de l'antisémitisme, alors que l'extrême droite tentait comme aujourd'hui, souvent dans les mêmes termes, d'orienter sa propagande vers les milieux populaires.

Un siècle, jour pour jour après ces événements, l'association Mémorial 98 a voulu rendre hommage à ces pionniers de la lutte antiraciste et réfléchir à cette occasion aux rapports entre le mouvement ouvrier et le combat contre l'antisémitisme.

Il ne s'agissait néanmoins pas d'une commémoration.

En effet, deux années plus tôt en 1996, alors que le mouvement des sans‑papiers se développe avec le soutien de la notoriété de l'abbé Pierre, débute l'affaire Garaudy. Cet ancien dirigeant du Parti communiste fait paraître aux éditions de la Vieille Taupe, spécialisées dans le négationnisme, un livre, qui sous prétexte de dénoncer « les Mythes fondateurs de la politique israélienne », reprend tous les clichés négationnistes. Le scandale s'aggrave lorsque l'abbé Pierre déclare son soutien à Roger Garaudy et multiplie les prises de position antisémites. On apprend à cette occasion que depuis plusieurs années il a défendu ce genre de thèses.

Militants antiracistes engagés dans le soutien aux sans‑papiers, nous sommes alors surpris par la gêne, voire la complaisance qui se manifeste à l'égard de l'abbé. Son discours antisémite est traité ‑ y compris par ceux qui sont en principe les plus vigilants dans la lutte contre le racisme - comme un dérapage, une foucade un peu obscène mais pas très grave.

C'est à ce moment que se cristallise le projet qui devait mener à la création de l'association Mémorial 98.

Notre attention avait déjà été attirée sur cette première mobilisation ouvrière contre l'antisémitisme par quelques phrases d'une brochure de l'organisation Alternative libertaire intitulée « La mauvaise conscience » et qui traitait de l'antisémitisme dans la gauche.

Ce document reprenait les informations de Michel Winock (« La gauche et les juifs » paru dans Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France)1 qui décrit ainsi la situation en janvier 1898 :

« Le 19 janvier après que les poursuites ont été lancées contre Zola un manifeste est lancé par 32 députés socialistes qui se déclarèrent "au-dessus de la mêlée". Les élections législatives devaient avoir lieu en mai 1898, Or les socialistes parlementaires sont sensibles à la pénétration des mots d'ordre nationalistes et antisémites dans les couches populaires.

C'est moins du côté du Parlement qu'on retrouve le premier foyer de résistance au nationalisme et les premiers bataillons dreyfusards que dans les tendances antiparlementaires du mouvement ouvrier: dans le groupe dit allemaniste et dans les colonnes de son journal "Le Parti ouvrier" et chez les anarchistes qui entourent Sébastien Faure et le Libertaire. Dès la fin de l'année 1897 ils ont fait leur choix [...]. Le 17 janvier, Jules Guérin ayant organise une réunion antisémite les anarchistes de Faure et les allemanistes pren­nent d'assaut l'estrade et dispersent la réunion. »

Le mouvement ouvrier français a longtemps hésité à s'engager dans la bataille démocratique et antiraciste. L'évolution de ses dirigeants vers la cause dreyfusarde n'est pas linéaire.

La gangrène antisémite a largement touché le mouvement ouvrier français du XIXe siècle. Bien entendu, elle était antérieure à celui-ci et n'avait pas épargné la philosophie des Lumières. Voltaire rédigeait ainsi l'article « Juifs » de son Dictionnaire philosophique: « Vous ne trouverez en eux qu'un peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition". »

Néanmoins, la Révolution a reconnu dès 1789 les Juifs comme citoyens français, puis a émancipé ceux d'Alsace et de Lorraine en 1791. Sous Louis‑Philippe, la presse souligne la fortune colossale accumulée par la famille Rothschild, à laquelle on ne tarde pas à assimiler tous les Juifs...

Un antisémitisme à prétention sociale allait dès lors renforcer l'antisémitisme d'origine chrétienne.

Des figures marquantes du mouvement ouvrier français cèdent à la tentation d'amalgamer le Juif et l'usurier, ou d'habiller leur antisémitisme d'un sentiment athéiste. Proudhon, un des pères de l'anarchisme français, écrit à propos de la « race juive » :

« Demander son expulsion de France, à l'exception des individus mariés avec des Françaises; abolir les synagogues, ne les admettre à aucun emploi [...]  Le Juif est l'ennemi du genre humain. Il faut renvoyer cette race en Asie ou l'exterminer  »2

Le jeune Marx lui‑même tient un discours douteux dans La question juive écrite en 1844 alors qu'il séjournait en France:

« L'argent est le dieu jaloux d'Israël, devant qui nul autre dieu ne doit subsister, »

En 1891, un délégué juif américain demande au congrès international socialiste de Bruxelles de condamner l'antisémitisme. Mais la motion retenue renvoie dos-à-dos « les excitations antisémitiques et philosémitiques ». C'est notamment à la demande de deux délégués français que ce dernier mot a été ajouté.

Édouard Drumont, l'auteur antisémite du best-seller absolu de l'époque "La France juive", n'hésite pas à se parer d'un vocabulaire anticapitaliste :

« Avec le sémite, tout part de la Bourse, tout revient à la Bourse, toute action se résume à une spéculation. [...] Sur qui pèse le régime actuel? Sur l'ouvrier révolutionnaire et sur le conservateur chrétien. L’un est atteint dans ses intérêts vitaux ; l'autre blessé dans ses croyances les plus chères. »3

 

DU CÔTÉ DES ANARCHISTES...

 

Lorsque commence l'affaire Dreyfus, les anarchistes français sont affaiblis par la répression. Beaucoup d'entre eux sont contaminés par l'antisémitisme à prétention sociale. En novembre 1894, au début de l'affaire Dreyfus, Pouget écrit dans son journal "Le Père peinard" :

« Un youtre alsacien, Dreyfus, grosse légume au ministère de la Guerre, a bazardé un tas de secrets militaires en Allemagne. Ohé, bourgeois, ne vous épatez donc pas; les militaires ont ça dans le sang. »4

Les anarchistes qui, comme Bernard Lazare, défendent la cause de Dreyfus sont au début très isolés. Pourquoi défendre un officier, fils de bourgeois... et un « youtre » ?

Bernard Lazare s'engage aux côtés de Dreyfus dès le début de 1895, bien avant Zola, Il essaye de convaincre les autres révolutionnaires d'en finir avec leurs préjugés dans un texte intitulé : « Antisémitisme et révolution ». Mais il faut attendre janvier 1898 pour que le mouvement anarchiste commence à basculer, notamment grâce à Sébastien Faure. Dans son journal, "Le Libertaire", celui-ci écrit : « Dreyfus est l'enchaîné de vos lois, monde chrétien et société bourgeoise! ». En février, il répond à Pouget que l'affaire Dreyfus « porte à l'ordre du jour la question sociale toute entière dans ses complexités ». Peu à peu, Émile Pouget et d'autres libertaires finissent par s'engager dans ce que Jean Grave, dirigeant anarchiste, appelle «la lutte entre clarté et obscurantisme». Mais Sébastien Faure sera, après coup, l'objet de nombreuses critiques de la part de ses camarades qui lui reprocheront une « compromission avec les partis politiques  ».

LES SOCIALISTES : DE L’ABSTENTION AU DREYFUSISME

Le socialisme français est fortement divisé à cette époque. Le Parti ouvrier français de Guesde et de Lafargue est le plus organisé. Les socialistes révolutionnaires d'Allemane, implantés dans le mouvement syndical, viennent de se séparer des possibilistes de Brousse. Millerand incarne l'aile droite du mouvement, les socialistes indépendants. Depuis 1893, une quarantaine de socialistes sont députés; parmi eux Jaurès, Guesde et Millerand.

Tous ont longtemps rechigné à s'engager, à l'exception des allemanistes et notamment de Lucien Herr qui mobilisera largement les intellectuels aux côtés de Dreyfus.

Avant l'affaire Dreyfus, Jaurès entretenait des relations somme toute cordiales avec des antisémites notoires comme Drumont et l'ancien communard Rochefort. En mai 1895, à l'issue de courtes vacances en Algérie et après la condamnation et la déportation de Dreyfus à l'île du Diable, Jaurès publie deux articles dans La Dépêche de Toulouse; il écrit : « Sous la forme un peu étroite de l'antisémitisme se propage en Algérie un véritable esprit révolutionnaire »,. Et Jaurès de reprendre à son compte les arguments du lobby antisémite contre la « puissance juive ». Il n'a vu que « l'usure juive » qui réconcilie contre elle «  l'Européen » et « l'Arabe ».

Lorsque Zola lance son "J'accuse", le 13 janvier 1898, les choses vont évoluer... mais lentement. Le Parti ouvrier socialiste révolutionnaire d'Allemane s'est engagé dès décembre 1894 contre le conseil de guerre qui avait condamné Dreyfus.

« Étrangère à l'antisémitisme, c'est la coopérative d'impri­merie, dirigée par Allemane, qui publie en 1898 la belle Lettre des ouvriers juifs de Paris au Parti socialiste français : cessez de nous prendre pour des Rothschild! »5

Comme on l'a vu, les parlementaires socialistes n'en sont pas du tout là. Le plus droitier d'entre eux, Millerand, ne se ralliera au camp dreyfusard qu'au tout dernier moment, le 31 août 1898, après le suicide du commandant Henry, auteur confondu du faux accablant Dreyfus; la révision du procès devenant inévitable, le pragmatique Millerand s'y rallia.

L'évolution de Jaurès est plus rapide, mais non exempte d'ambiguïtés. En juin 1898, déjà acquis à la cause dreyfusarde, il déclare encore :

« Nous savons bien que la race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain quand ce n'est pas par la fièvre du prophétisme, nous savons bien qu'elle manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de cor­ruption et d'extorsion. Mais nous disons, nous : ce n'est pas la race qu'il faut briser; c'est le mécanisme dont elle se sert, et dont se servent comme elle les exploiteurs chrétiens. »6

L'adhésion au dreyfusisme n'évacue pas tout antisémitisme.

Alors que Jules Guesde l'« orthodoxe » a vu dans J’accuse « le plus grand acte révolutionnaire du siècle », son parti publie néanmoins, fin juillet 1898, un manifeste qui tranche : « Les prolétaires n'ont rien à voir dans cette bagarre ». Seules comptent la lutte de la classe et la révolution sociale.

Derrière ce discours simpliste, se cache la déception électorale de mai 1898 : Jaurès et Guesde ont été battus dans leurs circonscriptions, alors que Drumont est élu à Alger sur la base d'une campagne dont les thèmes sont à la fois « républicains » et antisémites : « Vive l'Armée! Vive la République! À bas les juifs! ».

L'antidreyfusisme ouvrier persiste, notamment chez les travailleurs de l'habillement concurrencés par le nouveau prolétariat juif originaire d'Europe central. Et « l’on compterait 10 % d'ouvriers, en particulier des cheminots, parmi les 100 000 premiers adhérents de la Ligue de la patrie française »7.

Tout de même, l'ensemble du mouvement socialiste finira par entrer dans la bataille. Le mouvement ouvrier pèsera de tout son poids contre les ligues nationalistes, dans un contexte de remontée de la combativité : entre 1898 et 1900, le nombre de jours de grève passe de 1,2 à 3,7 millions. Dans les manifestations dreyfusardes, « les prolétaires font masse, ils contribuent, avec les étudiants, à dynamiser » le mouvement8.

Dreyfusard très tardif, Millerand deviendra ministre du Bloc des gauches. Il s'attachera à convaincre Jaurès de se contenter d'une grâce présidentielle et d'abandonner la bataille pour la révision du procès.

L'affaire Dreyfus a montré que la lutte contre le racisme ou pour les droits de l'homme en général n'était pas étrangère à la lutte des classes. Dreyfusard de la première heure, Bernard Lazare écrira en 1901 :

« On ne pourra Jamais détruire l'antisémitisme; on pourra momentanément en enrayer les manifestations violentes, mais on le verra réapparaître selon les circonstances. Le Juif est trop nécessaire aux peuples chrétiens, l'antisémitisme trop utile pour les possédants, les chefs d'État, les dirigeants des nations chrétiennes. Le Juif n'existerait pas pour qu'on puisse détourner sur lui les colères de ceux dont'on spolie et sauver ainsi les coffres‑forts qu'ondoya l'eau du baptême, qu'assurément on l'inventerait.  »9

Notes:

1) WINOCK (Michel), « La gauche et les juifs », Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France, Points Histoire, Le Seuil.

2)PROUDHON (P.J.), Carnets, 1858.

3)DRUMONT (Édouard), La France juive, 1886.

4)CRANIGUES (Jean), « Les anarchistes », L'Affaire Dreyfus de A à Z, sous la direction de M. Drouin, Flammarion, 1994.

5)REBÉRIOUX (Madeleine), « Jaurès et les socialistes », L'Affaire Dreyfus de A à Z, op. cit.

6)Ibid note 1.

7)PIGENET (M.), « Les ouvriers et leurs organisations » in L'Affaire Dreyfus de A à Z, op. cit.

 8) Ibid.

9)ORIOL (Philippe), « Bernard Lazare », L'Affaire Dreyfus de A à Z, op cit.

voir aussi ces articles qui représentent une petite sélection parmi 334 articles publiés depuis 2007: 

Dieudonné : au-delà de la quenelle, l’escalade meurtrière.

Dieudonné: " la guerre c'est la paix" , et autres saluts nazis non-inversés

9 Novembre: commémoration du 76ème anniversaire de la Nuit de Cristal

Rwanda: enfin une stèle du souvenir à Paris.

17 octobre 1961: pour la vérité historique, contre le racisme.

Zemmour réhabilite Pétain: pour qui, pourquoi?

D'où viennent les jeunes djihadistes?

Retrait de l'école: l'entreprise politique et commerciale des JRE

De Brahim Bouarram à Clément Méric, l'ordinaire de l'indulgence judiciaire pour les militants d'extrême-droite.

" Dans un lycée de prestige, un antisémitisme d'une certaine classe".

Ghetto de Varsovie: 70 ans après la révolte

Génocide des Tutsi : pour une reconnaissance des responsabilités françaises

Hitler ? Pff, une banalité ! ... par Souâd Belhaddad

Michel Slitinsky: hommage à un combattant.

La rafle du Vel d’Hiv et la mémoire de la Shoah

Srebrenica : la brûlure de la mémoire

Badinter : la confusion des arguments

Rwanda : une claque aux négationnistes

Génocide arménien: la justice enfin?

Antisémitisme: le double anniversaire du 3 Octobre

Le centenaire d'Hergé, antisémite et collaborateur des nazis

 

MEMORIAL 98

 

 

 

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30 décembre 2013 1 30 /12 /décembre /2013 01:26

 

Quelle est la différence entre la déclaration du maire UDI de Cholet, Bourdouleix,  éructant en juillet dernier contre les gens du voyage: « "Hitler n'en a peut-être pas tué assez » et celle de Dieudonné éructant  dans son  théâtre, à propos du journaliste à patronyme juif Patrick Cohen: « Moi, tu vois, quand je l'entends parler, Patrick Cohen, j'me dis, tu vois, les chambres à gaz… Dommage. » ?

La vraie différence est que Dieudonné est un multirécidiviste et que ses propos sont diffusés à grande échelle.

Face à l’emballement médiatique et institutionnel en cours et afin de déterminer les axes de la riposte antiraciste, la première question qu’il faut se poser est la suivante : pourquoi Dieudonné radicalise-t-il à nouveau son propos en appelant à l’extermination du journaliste Patrick Cohen dans une chambre à gaz dont il a par ailleurs nié l’existence, avec son ami Faurisson ? 

Voici les propos exacts de Dieudonné : « Tu vois, lui, si le vent tourne, je ne suis pas sûr qu'il ait le temps de faire sa valise », commence Dieudonné, accoudé à un comptoir de briques. « Moi, tu vois, quand je l'entends parler, Patrick Cohen, j'me dis, tu vois, les chambres à gaz… Dommage. » Rires dans la salle. 

 

 4 raisons  expliquent cette escalade:

 

1) Depuis 2001, Dieudonné a sans cesse procédé ainsi, en testant et en lançant de nouvelles provocations

Dieudonné n'est pas du tout un bouffon, même s'il utilise des techniques tirées de cet univers.

Il poursuit un combat politique dont la motivation essentielle est l'antisémitisme et, de manière de plus en plus ouverte,  la référence à l'univers nazi.

Au passage il construit son empire médiatique et économique, dont la gestion donne lieu à concurrence et dénonciations.

Au moins depuis les attentats du 11 septembre 2001, après lesquels il a déclaré son admiration pour Ben Laden, Dieudonné n'a plus cessé de radicaliser un propos s'inscrivant dans la tradition antisémite et complotiste de l'extrême-droite française et européenne.

En même temps il se réjouissait du soutien que lui apportaient les "idiots utiles" qu'il méprise tant et à qui il jetait parfois un os à ronger, sous forme d’ « antisionisme » ou de « bataille pour la liberté d’expression » ( voir Tariq Ramadan avec Dieudonné et Soral : vers l'antisémitisme?).

Notons que Dieudonné n'est absolument pas motivé par le sort du peuple palestinien et par ses aspirations légitimes. Il soutient ainsi actuellement, avec tous ses amis fascistes, le régime syrien de Assad qui massacre les Palestiniens, notamment ceux du camp Yarmouk de Damas.

Le geste de la quenelle, d’emblée et explicitement antisémite, (sous le vocable « antisioniste » en l’occurrence purement cosmétique) lui a apporté une visibilité inespérée.

Son usage est devenu  systématique lors des apparitions publiques de Dieudonné au cours de la compagne de la «liste antisioniste», explicitement antisémite, qu’il a présentée en Ile-de-France lors des européennes de 2009, au côté d’Alain Soral, ex-plume de Jean-Marie Le Pen, devenu gourou idéologique de l’ex-humoriste.

A l’époque, Dieudonné se réjouissait ainsi: « l’idée de glisser ma petite quenelle dans le fond du fion du sionisme est un projet qui me reste très cher», «, comme il l’avait déclaré à Libération.

Lors de cette même campagne, le financier de l’entreprise , Yahia Gouasmi, porteur des 3 millions d’euros fournis par le régime de Téhéran (dixit Soral lui-même) déclarait notamment: « : A chaque divorce, moi je vous le dis, il y a un sioniste derrière….» ce qui démontre évidemment qu'il ne s'agit pas de quelconques "sionistes" mais bien des Juifs de France et d'Europe ( voir  Interdire les listes de Dieudonné ? )

2) Dieudonné surfe sur la radicalisation de la droite réactionnaire qui a manifesté contre le mariage gay.

Dieudonné le « libertaire » a ainsi qualifié le mariage gay de: «projet sioniste qui vise à diviser les gens" . Il  reprend d’ailleurs, dans le même" spectacle" filmé par "Complément d'enquête", les attaques animalières contre Christiane Taubira qu’il traite de singe « sheetah », comme les plus extrémistes des anti-mariage gay.

3) Il se sent surtout conforté par les sondages favorables au Front National et les perspectives de percée de celui-ci lors des prochains scrutins.  

Le Front National est le parti de Dieudonné au moins depuis 2006 (voir Dieudonné, Faurisson, Le Pen : décryptage. )

Cela a débuté par Bruno Gollnisch, le négationniste qu'il défend officiellement et ouvertement depuis mars 2005 et de Jean-Marie Le Pen à qui il va rendre visite officiellement à la fête du FN en 2006, avant de l’honorer comme parrain de son enfant (Le Pen et Dieudonné: la grande famille des antisémites.)

Le Pen et Golnisch ainsi que Florian Philippot le lui rendent bien; Golnisch vient encore de faire la propagande de Dieudonné lors d’une séance du Conseil régional de Rhône-Alpes (qu’il a co-dirigé avec Charles Milon en 1998 ) en concluant par une référence codée  mais claire au fameux  « détail » des chambres à gaz ( écoutez bien ses derniers mots)  . 

Le seul parti dont Dieudonné et Soral sont proches est le Front National. Soral a été désigné membre de son comité central sur intervention directe de Jean-Marie Le Pen. Leur propagande antisémite trouve son débouché politique parmi les militants et sympathisants de ce parti et dans la propagande "souterraine" que ceux-ci développent sur ce thème.

Au-delà de la prétendue "dédiabolisation" affichée par Marine Le Pen, l'antisémitisme demeure puissamment ancré dans les représentations portées par le nationalisme et la xénophobie du FN.

De nombreuses remontées de terrain nous parviennent sur un antisémitisme très répandu parmi les jeunes qui gravitent autour du FN, associée à une islamophobie omniprésente.

Un autre témoignage public dans ce sens est celui porté par le député Modem Jean Lassalle qui a réalisé un "Tour de France " et qui le raconte. Il note la présence de la "parole antisémite liée à l'argent" http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/12/13/jean-lassalle-depute-modem-et-temoin-du-rejet-de-l-autre_4333792_823448.html

4) Dieudonné  se sent aussi conforté par l’impunité dont il jouit avec son acolyte Soral qui vient de publier un livre de débat avec la vedette télévisuelle Eric Naulleau, partenaire de Eric  Zemmour.

Face à cette situation inquiétante, correspondant à une poussée de l’extrême-droite en Europe, nous en appelons à une mobilisation immédiate de toutes les forces antiracistes et antifascistes, attachées à la lutte pour l’égalité et au refus de l’antisémitisme et du néo-nazisme, afin de se rassembler localement et nationalement.

Le collectif unitaire qui a appelé aux rassemblements après l’assassinat de Clément Méric par un membre du groupe de Serge Ayoub, ami et complice de Dieudonné, le collectif qui a organisé récemment  les manifestations du  30 novembre (voir Contre le racisme : mobilisation unitaire le 30 Novembre! ) doivent  prendre des initiatives unitaires sous toutes les formes : rassemblements, manifestations, pétitions.

Nous soutenons toutes les démarches locales visant à s’opposer aux « meetings d’extrême-droite » que représentent désormais les prestations de Dieudonné, comme à Orléans avec le collectif antifasciste du Loiret voir http://www.youtube.com/watch?v=qCRwylZNK8w&feature=share et http://comiteantifa45.blogspot.fr/2013/10/dieudonne-orleans-pas-de-zenith-pour.html.

Avec eux nous exigerons des maires qu’ils prennent des mesures contre ces manifestations de haine et d’apologie du nazisme.

Nous n’allons pas commenter sans fin les déclarations d'un Ministre de l'Intérieur, par ailleurs pas très propre sur lui, qui promet d'interdire tous les spectacles de Dieudonné comme il a promis il y a six mois de s'en prendre au site d'Alain Soral  Egalité et Réconciliation, qui est toujours là, comme il a promis il y a deux mois de s'en prendre sévèrement et pour de bon aux discours racistes ( le site Fdesouche est toujours là).

La démarche de Valls est un coup de pub, car il sait très bien qu'il ne peut pas y avoir d'interdiction générale des réunions de Dieudonné, même une loi nouvelle serait censurée par le Conseil Constitutionnel.

C’est au mouvement social, aux associations unies, de prendre l’offensive et par la même occasion d’éradiquer la puanteur antisémite qui traîne depuis si longtemps dans la société française.

voir aussi sur ce site: 

Extrême-droite: récidive violente.

Marine Le Pen: un dérapage?

Extrême-droite : assez de crimes, assez de violences !

Un suicide pour appeler à la violence.

Peste brune : non à la parade de l'extrême-droite le 12 mai

Pour repousser l’extrême droite : passer à la vitesse supérieure

30 janvier 1933 : le désastre. Hitler ?

Pff, une banalité ! ... par Souâd Belhaddad

Le Pen et le "détail": décryptage

Le Pen manipule la mémoire et les banlieues

et par nos amis d'Opération Poulpe

link 

voir aussi

http://www.slate.fr/story/4903/comment-dieudonn%C3%A9-est-devenu-antis%C3%A9mitisme-fn-soral


 

 

Albert Herszkowicz pour

Memorial 98 

 

 

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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 23:46

 

« L’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui, depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles… Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès. »

Il s'agit du passage le plus connu et le plus répugnant du discours de Sarkozy à Dakar le 26 juillet 2007; en voici un autre extrait : «  La colonisation n'est pas responsable de toutes les difficultés actuelles de l'Afrique. Elle n'est pas responsable des guerres sanglantes que se font les Africains entre eux. Elle n'est pas responsable des génocides. Elle n'est pas responsable des dictateurs. Elle n'est pas responsable du fanatisme. Elle n'est pas responsable de la corruption, de la prévarication. Elle n'est pas responsable des gaspillages et de la pollution…. »

Ainsi, Sarkozy qui a prononcé ces phrases méprisantes et méprisables, participera aux obsèques de Nelson Mandela, en tant qu'invité de François Hollande.

On peut se demander comment celui qui dès 2007 a insulté l'Afrique toute entière dans ce discours de Dakar qui faisait la leçon aux Africains "non entrés dans l'Histoire" a le culot d'aller se pavaner à l'enterrement de Nelson Mandela qui symbolise l'inverse absolu de la morgue  sarkozyste (voir Sarkozy: service minimum sur la Shoah et insultes pour les Africains ) .

Mais l'ancien président nous a habitué à ses perverses tentatives de récupération auprès d'un Aimé Césaire encore vivant  ou carrément en direction de personnages décédés qui ne pouvaient donc pas échapper à ses manipulations: Jaurès, Guy Moquet et tant d'autres... et maintenant Melson Mandela

(voir Guy Moquet et l'"identité nationale": contre la manipulation

Sarkozy salit la mémoire de Guy Moquet .

Résistants des Glières contre Sarkozy  

Les obsèques de Nelson Mandela constitueront dans leur partie internationale un grand rendez-vous de l’hypocrisie politique, en raison de la présence de chefs d’Etat et de gouvernements qui mettent en œuvre des politiques totalement contraires aux idéaux d’égalité et de lutte contre l’apartheid.

Sarkozy figurera très haut dans ce classement de l’infamie avec dans sa besace la création d’un Ministère de l'Identité nationale et de l’Immigration (voir Identité nationale : comment l’idée vint à Eric Besson!  le discours de Grenoble contre les Roms (voir  Pourquoi les Roms ? Décryptage) et son acharnement à ne pas reconnaître la responsabilité des autorités françaises dans les crimes coloniaux et dans la déportation des Juifs de ce pays

voir Sarkozy jette aux orties la reconnaissance de la participation de la France à la Shoah

Sarkozy boycotte le 8 Mai

 

Honte à Sarkozy!

 

MEMORIAL 98

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19 novembre 2013 2 19 /11 /novembre /2013 22:11

 

Sur Facebook suivez l'actualité quotidienne de la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme de Memorial 98 à l'adresse http://www.facebook.com/groups/348947755137242/ 

Face au déferlement de propos et d’actes racistes, un rassemblement d’organisations syndicales et d’associations de défense des droits de l’homme s’est formé et appelle à organiser des « Marches contre le racisme » le samedi 30 Novembre, partout dans le pays (voir texte d'appel ci-dessous). Nous nous joignons à cette initiative que nous souhaitions et appelons tous nos lecteurs à participer à ces marches.

Il s’agit bien sûr de montrer que nous sommes très nombreux à rejeter la xénophobie, mais aussi d’affirmer les revendications d’égalité des droits portées par le mouvement antiraciste. Il s’agit notamment du refus des expulsions touchant des jeunes scolarisés ici et le retour de ceux qui ont été expulsés, du droit de vote des étrangers, de la régularisation des sans-papiers, du refus des discriminations.

30 ans après la grande marche pour l'Egalité de novembre-décembre 1983, ce combat est toujours aussi actuel et vital.

Alors que l’extrême-droite se gargarise déjà de ses succès à venir, il est important que se rassemble un front antiraciste et antifasciste. Celui-ci doit poursuivre son activité commune au delà de la marche unitaire du 30. Mais  pour l’instant il reste 10 jours afin de réussir le rendez-vous du 30 Novembre.

Merci de diffuser largement cet appel autour de vous.

Memorial 98

voir sur ce site  Extrême-droite: récidive violente.

Marine Le Pen: un dérapage?

Halte à la Valls des expulsions!

23 juin: journée nationale antifasciste.

Extrême-droite : assez de crimes, assez de violences !

Premier mai: agir contre la xénophobie en Europe.

Antifascisme: regroupement des forces

 

 

Marchons contre le racisme

 

Appel unitaire à manifester le 30 novembre.

 

Un climat nauséabond s’installe dans notre pays. Le garde des Sceaux, Ministre de la Justice, Christiane Taubira, a subi ces dernières semaines des attaques racistes venues de temps obscurs que l’on croyait révolus. Les déclarations racistes d’une candidate du Front national, les invectives d’enfants, téléguidés par leurs parents, traitant la ministre de la Justice de « guenon », sont une souillure pour la République.

 

Ces propos attaquent frontalement des millions d’êtres humains originaires d’Afrique, des Caraïbes, des Amériques, de l’Océan indien, citoyens français ou non et dont les aïeux ont été jadis martyrisés du fait de leur couleur de peau. Ils constituent une atteinte violente contre toutes et tous car ils visent au cœur le pacte républicain.

 

Nous condamnons solennellement cette dérive raciste, de même que les actes et propos qui en ont permis la maturation. Nous n’admettons pas que des millions de personnes soient déniées dans leur humanité et leur citoyenneté, que ce soit en raison de leurs origines, de leur situation sociale, de leur culture, de leur religion... Nous ne supportons pas que des boucs émissaires soient désignés comme les responsables de nos maux et comme des menaces sur notre avenir.

 

Alors que la France doit affronter les énormes défis liés à la dégradation économique, au chômage et aux inégalités, face à ceux et à celles qui veulent aviver les souffrances sociales, les peurs et les colères, nous nous dressons pour affirmer avec force : la République n’a d’avenir qu’égale, solidaire et fraternelle.

 

C’est pourquoi nous appelons toutes celles et tous ceux qui ont à cœur les valeurs de l’humanité, toutes celles et ceux qui veulent opposer l’égalité et la fraternité aux visages hideux du racisme à participer à une marche le 30 novembre 2013 à Paris, dont le rendez-vous est donné à 14h30, place de la République, ainsi que partout en France métropolitaine et dans les Dom.

 

Signataires :

 Collectifdom - CM 98

Ligue des droits de l’Homme - Licra - Mrap - SOS Racisme

CFDT - CFTC - CGT - FSU - UNSA - Union syndicale Solidaires UEJF (Union des étudiants Juifs de France) - FIDL - UNEF - UNL - UFAT (Union Française des associations Tziganes) - R=(Respect) - EGAM - FNASAT - Banlieues du Monde - France Terre d’asile - Ni Pute Ni soumise - Collectif des écrivains nègres - Association ultramarine de France - Les amis du PPM en France - Haut Conseil des Maliens de France - Association pour la Promotion de la Langue et de la culture Soninké (APS) - Association culturelle de musulmans de Drancy - Conseil de Coordination des organisations arméniennes - La Maison des potes - Mémorial 98 - Le Syndicat des Avocats de France (SAF) - Le Syndicat de la Magistrature - Les Marianne de la diversité - RESF - Fédération des Mutuelles de France - Mouvement pour la paix - Fondation Copernic - SNES - FCPE - CIMADE - SNEP - SNUEP - DAL (Droit au logement) - Ligue de l’enseignement

 

Paris, le 19 novembre 2013

 

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11 novembre 2013 1 11 /11 /novembre /2013 21:29

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L’extrême-droite a tenté à nouveau de s’imposer par la violence lors de l’anniversaire de la fin de la 1e guerre mondiale.

Pourtant, la  date du 11 novembre sonne la condamnation absolue de la logique du nationalisme guerrier qui constitue l’essence de ses positions.

C’est au nom de ces « valeurs »  que des dizaines de millions de personnes ont été massacrées dans cette guerre barbare.

C’est un militant d’extrême droite qui  assassine Jean Jaurès le 31 juillet 1914,  alors que celui-ci tente, à sa manière, de stopper la marche à la guerre qui éclatera le 3 août. Le 14 juillet, au congrès extraordinaire de la SFIO (parti socialiste) il avait soutenu la motion qui préconisait l’appel à la grève en cas de conflit imminent : « plutôt l’insurrection que la guerre », à quoi Jaurès ajoute que cette grève devra être « simultanément et internationalement organisée ».

 Cette position lui vaut d’être attaqué par le journal des classes possédantes Le Temps, qui le 18 juillet l’accuse de soutenir la "thèse abominable qui conduirait à désarmer la nation, au moment où elle est en péril"

Le tueur de Jaurès est Raoul Villain, adhérent de la Ligue des jeunes amis de l’Alsace-Lorraine, groupement d’étudiants nationalistes, partisans de la guerre et proche de l’Action française royaliste. Il est arrêté et déclare avoir agi en solitaire pour « supprimer un ennemi de son pays ». Sans avoir jamais vu Jaurès, il s’est peu à peu mis en tête de tuer  « le traître, l’Allemand » 

Cette thèse de l’acte isolé est reprise telle quelle dans l’acte d’accusation dressé le 22 octobre 1915.

Pourtant depuis de longs mois, voire des années, la presse nationaliste et les représentants des Ligues « patriotes » (comme Léon Daudet ou Charles Maurras) s’étaient déchaînés contre les déclarations pacifistes de Jaurès et son internationalisme. Ils l’avaient désigné comme l’homme à abattre, en raison de son engagement passé en faveur du capitaine Dreyfus. Les déclarations assassines abondent dans les semaines précédentes son assassinat. Ainsi dans l’Echo de Paris du 17 juillet :

 « Dites-moi, à la veille d’une guerre, le général qui commanderait […] de coller au mur le citoyen Jaurès et de lui mettre à bout portant le plomb qui lui manque dans la cervelle, pensez-vous que ce général n’aurait pas fait son plus élémentaire devoir ? »

Raoul Villain est incarcéré en attente de son procès durant toute la Première Guerre mondiale... Il ne sera jugé qu’en 1919, dans un climat d’ardent nationalisme. C'est ainsi qu'il est acquitté le 29 mars 1919 par onze voix sur douze, un juré ayant même estimé qu’il avait rendu service à sa patrie : « Si l’adversaire de la guerre, Jaurès, s’était imposé, la France n’aurait pas pu gagner la guerre. » La veuve de Jaurès est condamnée aux dépens (paiement des frais du procès).

En réaction, Anatole France écrit : « Travailleurs, Jaurès a vécu pour vous, il est mort pour vous. Un verdict monstrueux proclame que son assassinat n’est pas un crime. Ce verdict vous met hors la loi, vous et tous ceux qui défendent votre cause. Travailleurs, veillez ! » Une manifestation est organisée le 6 avril suivant par les sections socialistes et syndicales de Paris pour protester contre le verdict et honorer Jaurès le pacifiste. 100 000 personnes défilent, et les affrontements avec la police causent deux morts.

Après la mort de Jaurès, une grande partie la gauche française se rallia à la guerre au nom de « l’Union Nationale » et sous le prétexte de lutter contre les régimes impériaux. Certains des « antimilitaristes » les plus irréductibles basculent. Ainsi, le journal La Guerre sociale de Gustave Hervé sort une édition spéciale avec trois titres : " Défense nationale d'abord !, Ils ont assassiné Jaurès, Nous n’assassinerons pas la France."  À la salle Wagram, le 2 août, à la réunion du Parti socialiste qu’avait convoquée Jaurès avant sa mort, Édouard Vaillant, le vieux révolutionnaire de la Commune, déclare : « En présence de l’agression, les socialistes rempliront tout leur devoir. Pour la Patrie, pour la République, Pour l’Internationale ».

La guerre éclate le 3 août.

Le 4 août au matin, les obsèques officielles de Jaurès sont célébrées. C’est la première manifestation officielle de l’Union nationale. Léon Jouhaux, le secrétaire général de la CGT lance un appel aux armes. Il prononce ces mots funestes et hypocrites :

 « Jaurès a été notre réconfort dans notre action passionnée pour la paix; ce n’est pas sa faute si la paix n’a pas triomphé. […C’est celle des empereurs d’Allemagne et d’Autriche-Hongrie…]. Nous prenons l’engagement de sonner le glas de vos règnes. Avant d’aller vers le grand massacre, cet engagement, je le prends au nom des travailleurs qui sont partis, et de ceux qui vont partir. »

 On connaît la suite, la destruction et le massacre, puis l'apocalypse fasciste et nazie.

100 ans après, le combat contre le nationalisme et le chauvinisme, pour la solidarité internationale, demeurent d'une actualité brûlante.

voir

9 Novembre : 75 ans après la « Nuit de Cristal »

Extrême-droite : assez de crimes, assez de violences !

Peste brune : non à la parade de l'extrême-droite le 12 mai

Après les manifestations du 12 mai : poursuivre la mobilisation.

Un suicide pour appeler à la violence.

30 janvier 1933 : le désastre.

Mémoire de lutte contre l'antisémitisme: 110 ans après (Jaurès et l'affaire Dreyfus)

Deux livres recommandés (Jaurès et la lutte arménienne)


 Memorial 98

 

 

 

 

 

 

 

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9 novembre 2013 6 09 /11 /novembre /2013 14:18

 

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Le terme de « Nuit de Cristal » est censé évoquer le bruit des vitres des magasins appartenant à des propriétaires juifs, brisées lors des manifestations anti-juives de la nuit du 9 novembre 1938 sur  tout le territoire du Reich allemand. Mais ce terme est fort douteux car il minimise la portée de ce qui s’est déroulé lors de cette nuit ; il évacue les morts, les incendies, les destructions de synagogues, les déportations qui ont lieu. Le terme de  « Novemberpogrome » (pogrom de novembre) utilisé dans des publications allemandes est plus explicite.

 

Nuit de Cristal: les SA et la Gestapo en action

 

Les nazis guettaient une occasion pour lancer une étape supplémentaire de ce qui deviendra, selon leur terminologie, la « solution finale du problème juif en Europe ».

Le premier acte en sera un vaste pogrom organisé dans tous les territoires sous domination allemande, destiné à terroriser les populations juives et à les forcer à quitter l'Allemagne.

L'attentat à Paris contre le conseiller d’ambassade allemand Vom Rath leur offre un prétexte idéal.

 Herschel Grynzspan était un jeune Juif polonais qui, le 7 novembre 1938, dans un geste de protestation contre le sort des Juifs en Allemagne et l'expulsion de milliers d'entre eux vers la Pologne, avait abattu à Paris le conseiller d'ambassade Vom Rath.

 

Hitler prépare alors une mise en scène destinée à démontrer que les Allemands du Grand Reich sont menacés par les Juifs. Le quotidien du parti nazi le "Völkischer Beobatcher", dirigé par  Goebbels, écrit ainsi le 8 novembre, alors que Vom Rath est encore vivant :

  "…Il est clair que le peuple allemand tirera les conclusions de cette nouvelle action. On ne peut plus tolérer que des centaines de Juifs règnent encore à l'intérieur de nos frontières sur des rues entières de magasins, qu'ils peuplent nos lieux de distractions, que des propriétaires étrangers empochent l'argent des locataires allemands tandis que leurs frères de race incitent au-dehors à la guerre contre l'Allemagne et tuent des fonctionnaires allemands"

 

Parallèlement, dès le 8 novembre, les nazis prennent la précaution de confisquer chez les Juifs  tout objet que ceux-ci pourraient utiliser pour se défendre.

 Lorsque Vom Rath décède, le 9 novembre, l’organisation de la terreur est en place.

 Au moment où la nouvelle parvient à Hitler, ce dernier se trouve à Munich, avec la « vieille garde » des Sections d’assaut du parti nazi (SA). Ils sont réunis comme chaque année pour commémorer la tentative de putsch nazi de 1923.

 Contrairement aux habitudes, Hitler quitte l'assemblée sans prononcer de discours et déclare:

"Il faut laisser le champ libre aux SA (Sections d'Assaut)"

 C'est Goebbels, ministre de la Propagande, qui se charge d'annoncer publiquement le décès de Vom Rath devant l'assemblée des SA, et également d'inciter au pogrom.

 Les principaux chefs nazis quittent ensuite la réunion à 23 heures et téléphonent des instructions à leurs sections régionales.

 Pour les SA, il s'agit d’abord  d'incendier les synagogues, sans laisser les pompiers intervenir, sauf pour empêcher la propagation du feu vers les maisons alentour, de détruire les magasins juifs, et d’y apposer des pancartes  "Mort à la juiverie internationale" ainsi que de tuer sur place les Juifs trouvés en possession d'une arme.

 Dans le même temps, un message secret est diffusé dès 23 h 55 depuis la direction de la Gestapo (police secrète d’Etat) de Berlin à tous ses services locaux.

 Pour la Gestapo, il s'agit d'incendier les synagogues, mais d'empêcher les pillages, de mettre en lieu sûr les archives trouvées dans les synagogues, de préparer l'arrestation de 20 à 30 000 Juifs parmi les plus fortunés, de traiter avec une « extrême rigueur » les Juifs trouvés avec des armes.

 Dans son Journal, Goebbels confirme qu'il présente un rapport sur la situation à Hitler; ce dernier décide de laisser les manifestations se poursuivre et donc de faire retirer la police.

  Goebbels commente : « Les Juifs doivent sentir pour une fois la colère du peuple. »

  Goebbels décrit ensuite précisément son action, il donne des ordres, motive les indécis. Il est ovationné par les dirigeants du parti. Tous se précipitent sur leurs téléphones. Le bataillon des SA « Hitler » part attaquer les Juifs de  Munich.

Selon les directives de Goebbels, la seule réserve est de ne pas apparaître en tant qu'organisation officielle. La fiction de la « réaction populaire » doit être maintenue.

 Aussi, les SA et les SS s'habillent en civil et passent à l'acte dès 1 heure de matin.

Du nord au sud de l'Allemagne, incluant l'Autriche annexée, synagogues, maisons communautaires, asiles de vieillards, hôpitaux juifs, maisons d'enfants, logements privés et magasins juifs subissent l'assaut.

Les synagogues sont pillées, saccagées, détruites, incendiées, sans que les pompiers n'interviennent, se contentant d'empêcher la propagation des incendies aux maisons alentour. Des groupes de SA attaquent les magasins juifs qui sont facilement reconnaissables, depuis qu'une ordonnance nazie a exigé que le nom du propriétaire soit peint sur la vitrine en grandes lettres.

La teneur des messages des chefs de SA et de celui de la Gestapo montre  l'existence d'un véritable plan d'ensemble dont l'instigateur est Hitler lui-même.

 Le silence officiel de Hitler et Goebbels lors des événements des 7 et 8 novembre confirme ce plan : officiellement, il ne s’agit pas d’une action organisée par l’Etat mais d’une explosion de colère populaire contre les Juifs.

 Dans son journal, Goebbels écrit à propos de l'attentat, lorsqu'il relate la journée du 8 novembre : « A Paris, un juif polonais du nom de Grynzspan a tiré dans l'ambassade sur un diplomate allemand Vom Rath, le blessant grièvement. Il voulait venger les Juifs. La presse allemande jette maintenant des hauts cris. Nous allons mettre les points sur les i... En Hesse, grandes manifestations antisémites. On brûle des synagogues. Si seulement on pouvait déchaîner la colère du peuple ».

 

Les conséquences

 

En Allemagne, 2000 à 2500 personnes ont trouvé la mort lors du pogrom ou dans les camps de concentration vers lesquels elles ont été expédiées. Lorsque trois mois plus tard, certains sont libérés, c'est à la condition d'émigrer immédiatement. Rendus responsables du pogrom, les Juifs d'Allemagne devront verser collectivement une amende d'un milliard de marks, et devront payer eux-mêmes les réparations, sans pouvoir bénéficier des indemnisations dues par leurs assurances. Des milliers de Juifs d'Allemagne, privés de tous leurs biens, tentent de traverser clandestinement les frontières et d'obtenir le statut de réfugiés politiques dans les pays avoisinants.

 

En France

 

 Lors de la conférence internationale d'Évian de juillet 1938, réunie pour tenter de trouver des lieux d'asile notamment pour les réfugiés juifs et qui a abouti à un échec, le gouvernement français a exposé sa position négative : la France ne veut plus accueillir de réfugiés.

 Par ailleurs, lors des accords de Munich le 30 septembre de la même année, la France a cédé aux exigences allemandes. Une partie de la Tchécoslovaquie, les Sudètes sont annexées au Reich nazi, la paix est « sauvée ». La France tourne le dos ouvertement à ses principes  de pays de droits de l'homme, car le gouvernement recherche à tout prix l'apaisement avec son voisin allemand, notamment à travers  des négociations secrètes menées par Georges Bonnet, ministre des affaires étrangères depuis le 10 avril 1938. Bonnet ne veut pas que les évènements de la Nuit de Cristal compromettent sa politique. Il choisit d'ignorer le rapport de George Von, nouvel ambassadeur de France à Berlin, qui lui écrit : "Le traitement infligé en Allemagne aux Juifs que les nazis tentent d'extirper complètement, comme des bêtes malveillantes, éclaire la grande distance qui sépare la conception hitlérienne du monde du patrimoine spirituel des nations démocratiques". Bonnet sera ensuite pétainiste, membre du Conseil national de Vichy.

 

La France est ainsi la seule grande démocratie à ne pas dénoncer officiellement les massacres perpétrés dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938.

 

 De plus, le 12 novembre 1938, deux jours après la Nuit de Cristal, une loi autorise en France l'internement des "indésirables" dans des camps de concentration. Les réfugiés juifs allemands et autrichiens entrés illégalement en France sont désormais directement menacés et seront internés puis plus tard livrés aux nazis.

 

Mussolini avait pris les devants

 

Quelques semaines avant la Nuit de Cristal, des "lois raciales" dirigées notamment contre les personnes de religion juive sont proclamées par Mussolini le 18 septembre 1938 depuis le balcon de l'hôtel de ville de Trieste, ville où vivait l'une des plus importantes communautés juives d'Italie.

 

Le spectre de la Shoah

 

À compter de 1938, le cadre de l’extermination de masse des Juifs, déjà présent dans les premiers programmes du parti nazi dès les années 1920 et dans le livre "Mein Kampf "( Rééditer Mein Kampf ?) , se profile à l’horizon. Il sera martelé par Hitler le 30 janvier 1939 dans un discours au Reichstag :

« Aujourd’hui, je serais encore un prophète : si la finance juive internationale en Europe et hors d’Europe devait parvenir encore une fois à précipiter les peuples dans une guerre mondiale, alors le résultat ne serait pas la bolchevisation du monde, donc la victoire de la juiverie, au contraire, ce serait l’anéantissement de la race juive en Europe »

 

Voir sur ce site :

30 janvier 1933 : le désastre.

Hitler ? Pff, une banalité ! ... par Souâd Belhaddad

Nuit de cristal : 70 ans après Terrible Autriche

Ghetto de Varsovie: 70 ans après la révolte.

Michel Slitinsky: hommage à un combattant.

La rafle du Vel d’Hiv et la mémoire de la Shoah

Allemagne: qui protège les néos-nazis?

Collard insulte la mémoire des enfants d'Izieu

Les nouveaux amis d'Hitler.

Le Pen : l’antisémitisme jusqu'au bout.

Antisémitisme: le double anniversaire du 3 Octobre

Simone Veil: tragique méprise

Benoît XVI : le pape révisionniste.

voir sur l'excellent site PHDN link

 

MEMORIAL 98



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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