L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.
Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.
Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes
(Arménie, Rwanda, Shoah ...)
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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :
Le film "Welcome" de Philippe Lioret qui passe ce jeudi 27 Octobre sur France 3 jette un pavé dans la mare en décrivant, à travers une fiction forte et émouvante, la situation des sans-papiers de Calais et de ceux qui s’engagent dans une démarche d’aide à leur égard.
L’escalade pratiquée par le ministre actuel de l’Intérieur et de l’Immigration donne toute son actualité à ce film ; son passage télévisuel est particulièrement opportun.(voir Au côté des Roms, contre la violence. )
Lors de sa sortie en salle en 2009, l’alors ministre de l'Identité Nationale et de l'Immigration et ci-devant socialiste, Eric Besson, avait cru bon de mettre en cause le film et son réalisateur qui aurait comparé le sort de ces « clandestins » et celui des Juifs pendant la guerre (voir Allez voir « Welcome »
En réalité, Lioret avait évoqué, lors d'une interview, les sentiments de ceux qui aident des immigrés en difficulté et sont menacés comme ont pu l'être ceux qui cachaient des Juifs.
Nous sommes particulièrement vigilants à propos des assimilations abusives concernant la Shoah et n'hésitons pas à critiquer de telles dérives Europe: contre l'enfermement des étrangers « Nous soutenons donc les initiatives du collectif européen des associations et du réseau éducation sans frontières (RESF) Nous tenons néanmoins à marquer notre désaccord avec une des formules de l'appel qui parle de "logique concentrationnaire". Ce terme est déplacé et hors de propos. La" logique concentrationnaire" a acquis une signification précise, en rapport avec des génocides dont la Shoah. Il n'y a aucune justification à ces écarts de langage et nous le faisons savoir aux organisateurs qui ont rédigé le texte... »)
Mais il était par contre légitime d'alerter à propos de la criminalisation croissante de ceux qui viennent en aide bénévolement à des sans-papiers (voir Sans papiers:soutien criminalisé ? ). Toute la presse avait rapporté le cas de la personne de Béthune placée en garde-à-vue et menacée pour avoir rechargé les téléphones portables des sans-papiers qui n'ont pas de prise électrique à leur disposition. Il est aussi légitime et nécessaire d'évoquer les « rafles » actuelles, correspondant aux objectifs chiffrés de sans-papiers à arrêter et expulser. Il est légitime et nécessaire de décrire la « chasse au faciès » qui contribue à ces arrestations.
Le zèle courtisan de Besson s'explique sans doute par le caractère emblématique de la situation à Calais, aux yeux de la cour sarkozyste. En 2002, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, Sarkozy avait érigé en symbole de sa « poigne » la fermeture du centre d’accueil de réfugiés de la Croix-Rouge à Sangatte, tout proche de Calais. La conséquence en est que les sans-papiers n'ont plus aucun abri, dorment dehors ou dans des abris de fortune et survivent grâce à l'aide de militants associatifs.
Eric Besson avait aussi prétendu que le film déformait la réalité et que personne n'avait été mis en cause pour une aide bénévole aus sans-papiers. Quelques semaines plus tard le jugement ci-dessous avait démontré le contraire.
Nous avions déjà précédemment évoqué le cas d’André Barthélemy, membre de la Commission nationale consultative des droits de l'homme et président de l'ONG lyonnaise Agir ensemble pour les droits de l'homme (AEDH). Il a été condamné, le jeudi 19 mars 2009, à 1500 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Bobigny pour avoir protesté contre l'expulsion de deux Congolais. Alerté par les cris de deux passagers sans-papiers reconduits et escortés à bord d'un vol Air France Paris-Brazaville en avril 2008, M. Barthélemy aurait, selon la police, protesté contre les conditions de cette reconduite, incitant les autres passagers à la révolte. Les magistrats l'ont reconnu coupable de "provocation directe à la rébellion" et "d'entrave volontaire à la navigation".
Des manifestations particulièrement importantes auront lieu demain 17 Octobre, à l’occasion du 50 e anniversaire de l’assassinat de plusieurs centaines d’Algériens par la police parisienne, sous les ordres de Maurice Papon, préfet de police de l’époque.
Ces manifestants pacifiques et désarmés ont été matraqués, battus à mort, jetés dans la Seine. Leur mort à été niée, dissimulée ; elle n’est toujours pas reconnue. C’est pourquoi Mémorial 98 se joint à l’appel unitaire ci-dessous et appelle aussi à participer aux manifestations qui se dérouleront dans de nombreuses villes.( voir liste sur http://www.17octobre61.org/ )
Nous rappelons que Papon a toujours bénéficié d'une clémence exceptionnelle puisqu'il a échappé à la justice de 1981 à 1997 malgré la révélation en 1981 de son rôle dans la déportation des Juifs de Bordeaux. De plus il n'a jamais été jugé pour les massacres d'octobre 1961 et de Charonne. Il a été libéré de prison sur la base d'une "expertise " de médecins complaisants mandatés par la justice. Ces experts l'ont déclaré "grabataire" et ont estimé que le « pronostic vital » du prisonnier était posé.Cette expertise a permis à Papon-le-grabataire de sortir seul et à pied de la prison, de rentrer sans encombre chez lui septembre 2002 puis et d’y vivre tranquillement jusqu’en Février 2007.
Son procès s'est terminé en Avril 1998, symboliquement au moment même au moment même où dans 5 régions la droite faisait alliance avec le Front National.
« Il y a cinquante ans, le préfet de Police de la Seine, Maurice Papon, avec l'accord du gouvernement, imposa un couvre-feu visant exclusivement tous les Français musulmans d'Algérie.
Ce couvre-feu raciste entraîna une réaction pacifique des Algériens, sous la forme d'une manifestation dans les rues de Paris. Au soir du mardi 17 octobre 1961, ils furent près de trente mille, hommes, femmes et enfants, à défiler pacifiquement sur les grandes artères de la capitale pour revendiquer le droit à l'égalité et défendre l'indépendance de l'Algérie.
La répression policière de ces protestations non-violentes est une des pages les plus sombres de notre histoire. Longtemps dissimulée à l'opinion et désormais établie par les historiens, elle fut féroce : onze mille arrestations, des dizaines d'assassinats, dont de nombreux manifestants noyés dans la Seine, tués par balles, frappés à mort.
Le temps est venu d'une reconnaissance officielle de cette tragédie dont la mémoire est aussi bien française qu'algérienne. Les victimes oubliées du 17 octobre 1961 travaillaient, habitaient et vivaient en France. Nous leur devons cette justice élémentaire, celle du souvenir.
«Reconnaître les crimes du 17 octobre 1961, c'est aussi ouvrir les pages d'une histoire apaisée entre les deux rives de la Méditerranée. En 2012, l'Algérie fêtera cinquante ans d'une indépendance qui fut aussi une déchirure française. À l'orée de cette commémoration, seule la vérité est gage de réconciliation.
«Ni vengeance, ni repentance, mais justice de la vérité et réconciliation des peuples: c'est ainsi que nous construirons une nouvelle fraternité franco-algérienne.
Paris – Manifestation « Non au G20 du SILENCE » Place de la République à 14h30 le 15 Octobre
Appel à une manifestation le samedi 15 octobre 14h30 Place de la République à Paris pour interpeller les chefs d’Etats du prochain G20 qui se réunissent les 3 et 4 novembre à Cannes
Le peuple syrien, qui a soif de liberté, affronte depuis plus de 8 mois une répression sanglante de la part du régime en place.
Les morts, les blessés, les victimes de tortures, les disparitions, les arrestations se comptent par milliers et le bilan s’alourdit chaque jour.
Les pays qui s’opposent à ce que le Conseil de Sécurité des Nations unies saisisse la Cour pénale internationale pour enquêter sur les exactions perpétrées en Syrie pourraient être considérés, de fait, comme complices des crimes commis.
Le G20, en tant qu’espace de dialogue international privilégié, ne saurait rester silencieux lorsque la communauté internationale est confrontée, comme en Syrie, à une situation de violation massive des droits de l’homme à laquelle elle doit réagir de toute urgence.
Les membres du G20 doivent condamner publiquement les crimes contre l’humanité perpétrés en Syrie et assurer leur soutien au peuple syrien réprimé.
Le prochain G20 en a le pouvoir et la responsabilité.
Manifestation
Samedi 15 octobre 14 h.30
De le République à la Bastille.
Le Collectif Urgence Solidarité Syrie – Comité de la déclaration de Damas – Collectif du 15 mars pour la démocratie en Syrie – Souria Houria – Les jeunes de la révolution syrienne 2011 – Mouvement pacifique syrien – Pour une Syrie libre -Mouvement de Solidarité avec le Peuple Syrien -Coordination des Kurdes de Syrie en France - Parti Yekiti Kurdi-Hebon - Association des amis de Samir Kassir – Rassemblement pour la démocratie au Liban – ATMF – PS – PC – PG – EE les Verts – La Gauche Unitaire – MRAP – ACAT-France – FEMED – LDH – FIDH – REMDH – Amnesty France – Syndicat de la Magistrature -Ligue de l’Enseignement – FSU – SNESUP - FSU – CGT IdF- UNEF – SNES FSU – CFDT- Mémorial 98
Dans toutes l’Europe, les Roms sont pourchassés. Les situations les plus graves se rencontrent actuellement en Europe de l’Est (Roumanie, Slovaquie, Hongrie) et tout particulièrement en Bulgarie. Dans ce pays, le parti d’extrême-droite Ataka (Attaque en bulgare) organise des manifestations comportant des slogans meurtriers en direction des populations d’origine turque et rom, tels que : « les Turcs sous le couteau et les Roms en savon (allusion à l’extermination des Juifs par les nazis) ».
En France, ainsi qu’en Italie, vers lesquelles se dirigent une petite partie de ces Roms, les gouvernements, loin de chercher à intégrer cette population et à lui permettre de vivre dignement, multiplient les actes répressifs et les expulsions, amenant ainsi un marginalisation croissant de ce public. (voir Danger:les dirigeants européens encouragent le racisme)
Face à cette situation dangereuse et porteuse de violence à l’égard des Roms, des actions de solidarité et d’explication se font jour.
Samedi 1e octobre, des rassemblements et manifestations intitulées « Roma pride » ont eu lieu dans plusieurs villes d’Europe, dont Paris, Metz et Besançon, à l’appel d’un large collectif d’associations. Dans la capitale, quelques centaines de personnes se sont retrouvées devant le Panthéon. Le témoignage du cinéaste Tony Gatlif a constitué le moment le plus fort de ce rassemblement. Il a notamment lancé un appel aux gens du voyage français à se mobiliser contre les mesures actuelles et à participer aux échéances électorales prochaines.
Une autre initiative, que nous saluons et à laquelle nous appelons à participer est le colloque intitulé « tsiganes-nomades-un-malentendu-europeen » qui se déroule à partir du 5 octobre. Nous vous invitons à prendre connaissance du contenu très riche et des informations pratiques sur le site
Un moment particulier de cette programmation est la projection du film documentaire « Mémoires tsiganes : l’autre génocide » le jeudi 6 Octobre à 19 H au Mémorial de la Shoah.
voir aussi sur ce site sur l'analyse de la politique de Sarkozy et Guéant
« En Europe, nous sommes en train de forger une image hostile énorme des banques et des riches. Cela est déjà arrivé une fois, c’était en apparence contre les Juifs, et en fait on visait les mêmes milieux. Par deux fois cela s‘est terminé avec des guerres ! ».
Cette déclaration de Maria Fekter, ministre autrichien des Finances, membre du parti conservateur ÖVP, a été prononcée le 17 septembre, lors de la réunion des ministres européens des Finances en Pologne à Wroclaw, ville située à 230 kilomètres du camp d’extermination d’Auschwitz
Selon cette dirigeante de la droite autrichienne, l’extermination des Juifs pendant la Shoah n’était donc qu’un avatar, un prétexte pour mettre en cause les riches. Cette version particulièrement perverse du négationnisme aurait sans doute ravi ses défunts compatriotes Hitler, Kaltenbrunner et Jörg Haider.
Sans surprise, Maria Fekter fait partie de l’aile droite du parti conservateur. Ministre de l’Intérieur dans le précédent cabinet, sa politique dure en matière d’immigration, lui a valu le surnom de « dame de fer »; elle se proclame aussi catholique pratiquante. Elle est, avec son parti, partenaire des sociaux-démocrates dans un gouvernement de coalition;le chancelier social-démocrate du SPÖ s’est contenté de rappeler à l’ordre sa ministre alors que le parti des Verts réclame, à juste titre, sa démission immédiate.
A un autre niveau, des dirigeants de la droite européenne, notamment française, ont souvent banalisé la Shoah en l'utilisant lors de polémiques dans lesquelles ils entendaient se placer comme victimes.
Ainsi, le 7 juin 2010, lors d'un débat au Conseil de Paris portant sur les projets de logements sociaux dans le 16e arrondissement, Goasguen, député maire de cet arrondissement qui compte 2,4% de logements sociaux contre plus de 30% dans des arrondissements de l'Est parisien, s'est emporté face aux critiques: "Si vous voulez, vous pouvez nous mettre une étoile jaune avec 16e écrit dessus".
Interrogé par des journalistes après la séance, Claude Goasguen, ne s’est pas excusé, mais s’est justifié en rappelant qu'il "aime" et "défend" la communauté juive. Il préside le groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée. C’est la ritournelle habituelle quand le retour du refoulé s’exprime au grand jour.( voir Frêche: raciste et antisémite! )
Il a aussi explicité et par là même confirmé son propos :"Quand je dis: est ce que je dois mettre l'étoile Jaune ? entendez: je ne suis pas un pestiféré. Les habitants du 16e arrondissement ne sont pas des pestiférés", a- t- il souligné.
On appréciera l’association d’idées et d’images. Un tel « ami de la communauté juive" n’ignore sans doute pas que l’accusation de propager la peste noire a pesé sur le sort des communautés juives d’Europe, massacrées au nom de cette accusation (voir Qui manipule l’étoile jaune ? ) .
Quelques semaines plus tard, mis en cause par un livre de Martin Hirsch à propos de ses conflits financiers d’intérêts (il est avocat d’affaires en même temps que député, maire...) Jean-François Copé a tracé un parallèle entre cette mise en cause et la dénonciation des Juifs pendant la guerre.
Il a ainsi déclaré le 26 septembre 2010:«…Il se trouve que Martin Hirsch et moi nous avons un point commun que nous avons découvert en parlant : ses parents, comme mon père pendant la guerre, ont été sauvés par des Justes… Quand on a cette culture familiale, je ne dis pas que cela commande des obligations... Je dis simplement que l'on ne peut pas vivre les choses de la même manière… En lisant ce livre, je me suis demandé si, sans peut-être s'en rendre compte, il se livrait à un exercice de délation, qui n'est pas tout à fait à l'honneur de quelqu'un qui a sa qualité"
Ainsi selon Copé, Martin Hirsch, lui-même d’origine juive, agirait comme un de ces délateurs qui dénonçaient les Juifs aux nazis.(voir Un dirigeant UMP salit à nouveau la Shoah.)
Il est à noter que Copé et Goasguen ont fait partie des dirigeants UMP qui, lors de l’affaire Woerth, ont mis en cause la presse et notamment Mediapart, en la comparant aux journaux fascistes des années 1930
En fait ils s’inspiraient de leur mentor présidentiel. Nicolas Sarkozy a en effet commis un dérapage semblable, tendant à banaliser la délation envers les Juifs sous le régime de Vichy, comparée à la dénonciation de délits fiscaux. À peine élu et venu défendre la « dépénalisation du droit des affaires » lors de l'université d'été du Medef le 30 août 2007, il avait utilisé la formule suivante : « A quoi sert-il d'expliquer à nos enfants que Vichy, la collaboration, c'est une page sombre de notre histoire, et de tolérer des contrôles fiscaux sur une dénonciation anonyme, ou des enquêtes sur une dénonciation anonyme ? ». Il avait été acclamé frénétiquement par son auditoire patronal, absolument ravi par cette scabreuse comparaison.
Quelques mois plus tard, interrogée par l'Express du 13 février 2008 sur la plainte déposée par Sarkozy contre le site Internet du Nouvel Obs - qu'il accuse de "faux" à propos d'un SMS, Mme Bruni Sarkozy déclarait : « La plainte justifiée de mon mari n'est pas contre un organe de presse, bien sûr, mais contre les "nouveaux moyens de désinformation". Internet peut être la pire et la meilleure des choses... Si ce genre de sites avait existé pendant la guerre, qu'en aurait-il été des dénonciations de Juifs?... Elle a dû s’excuser et retirer ses propos ( Sarkozy et la presse "collaborationniste": un recyclage) .
À titre historique, il faut rappeler que dès 2002 le responsable chrétien-démocrate allemand Roland Koch, membre lui aussi de l’aile droite de son parti et spécialiste des attaques contre les immigrés, avait provoqué un tollé du même ordre. Il avait assimilé le sort des personnes fortunées sous un gouvernement de gauche, à celui des Juifs sous le nazisme, car selon lui ces 2 catégories étaient pareillement stigmatisées par une « étoile jaune ». Il avait dû s’excuser et avait retiré ses propos (voir Allemagne: le bacille de Koch .)
Mme Fekter doit être expulsée du gouvernement et rendre des comptes sur ses propos négationnistes.
Devant les militants du FN réunis, dimanche 11 septembre, à Nice pour une « Université Marine », l'avocat Gilbert Collard, président du comité de soutien à la présidente du Front National, s'est présenté comme "l'avocat des enfants d'Izieu" au procès de Klaus Barbie (en 1987). Il a dit se rappeler "du petit André, parti pour les camps de la mort en chantant :Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine'". Et d'ajouter: "... C'est depuis cela que je ne supporte plus que l'on siffle la Marseillaise et quand on se torche avec le drapeau français, j'ai l'impression qu'on essuie les larmes de ce gosse avec de la merde !"
Le culot de Collard est illimité; d’une part, il n’a strictement aucun lien avec l’association du Mémorial d’Izieu. Ainsi, Geneviève Erramuzpé, la directrice de la Maison d'Izieu note qu’"il n'y avait aucun André parmi les 44 enfants".
Surtout utiliser ces enfants juifs exterminés par les nazis pour soutenir un parti dont le président d’honneur, Jean-Marie Le Pen, a été condamné pour antisémitisme (voirLe Pen : l’antisémitisme jusqu'au bout.)), est particulièrement révoltant.
En 1998, quand la droite s’allia au Front National dans plusieurs régions, le symbole en était représenté par la région Rhône-Alpes.
Charles Millon, ancien ministre de la défense de Chirac et Juppé, se fit élire président de la région grâce à une alliance avec le Front National local.
Son allié et compère n’était autre que Bruno Gollnisch, négationniste avéré condamné pour ses déclarations sur les chambres à gaz.
Face au choc provoqué par les alliances entre la droite et FN dans cinq régions, la résistance s’organisa, notamment contre Millon.
Ainsi à Izieu, qui se trouve dans l’Ain dont il était à l’époque député, Charles Millon fut conspué le dimanche 19 juillet 1998, devant la stèle qui symbolise le sort tragique de 44 enfants et 7 adultes juifs raflés par Klaus Barbie dans ce village d’enfants et exterminés pour la plupart en 1944 à Auschwitz.
Celui-ci ne partit qu’à la fin de la cérémonie, bafouant ainsi la mémoire des disparus, des survivants et de leurs familles. Fin novembre de la même année, il fut exclu de l’association du mémorial des enfants d’Izieu.
La perversité du langage et la manipulation des symboles de la période nazie demeurent la marque de fabrique du Front National, ainsi que de ses alliés et ralliés.
Nous avons eu l’occasion de rencontrer des agents RATP ce jeudi 1 septembre, au moment où était annoncée l’affaire du tramway de Saint Denis utilisé lors de l’expulsion de Roms.
Ces salariés ont évoqué spontanément le souvenir de la rafle du Vel d’Hiv’ en juillet 1942, au cours de laquelle les autobus parisiens de la STCRP, l’entreprise qui a précédé la RATP, ont transporté les Juifs raflés.
Ces salariés étaient choqués,vexés par ce retour d’une pratique qui pèse toujours sur l’histoire de l’entreprise et sur le métier qu’ils exercent Ils rappelaient qu’à l’époque comme aujourd’hui ce sont les autorités policières qui avaient ordonné cette participation des véhicules et des employés des transports en commun.Certains évoquaient aussi la responsabilité individuelle des conducteurs de bus ou de tramway face à des ordres de ce type.
Il faut d’ailleurs y ajouter une autre occasion dramatique. Lors de la manifestation des Algériens de Paris le 17 octobre 1961 et de la répression meurtrière qui la suivit, les autobus de la RATP furent aussi utilisés pour transporter les personnes arrêtées
Le syndicat Sud s'est indigné de l'utilisation d'une rame de la RATP. "Ce n'est pas à nous de transporter des convois de personnes qui ne sont pas forcément volontaires pour monter dans les tramways", a déclaré son délégué central, Ph. Touzet.
Il a souligné que la gare de Bobigny, terminus de cette ligne de tramway, avait justement joué un rôle central durant la Seconde Guerre mondiale dans la déportation vers les camps de la mort de 22.000 Juifs du camp de Drancy ; elle abrite aujourd'hui un mémorial
Ces agents de la Régie insistaient aussi sur les effets de la « décentralisation » et ses effets pervers : les responsables locaux sont transformés en potentats, se croyant tout permis, puisque chargés du titre de « manager ».
La direction de la RATP a d’ailleurs tenté de s’abriter derrière cette décentralisation pour s’exonérer de toute responsabilité dans cette affaire.
Le trio du sommet de l’Etat, Sarkozy, Hortefeux, Guéant qui a lancé l’offensive contre les Roms l’an dernier est en tout cas directement responsable des évènements de ces derniers jours(voir Pourquoi les Roms ? Décryptage
Le ministère de l’Intérieur avait émis une circulaire appelant à organiser des rafles de Roms y compris des enfants et à les mettre en scène pour les médiatiser (voir link lien vers le journal qui a révélé la circulaire).
Face au tollé, la circulaire avait été atténuée, mais son esprit demeure manifestement.
Demeure aussi la mauvaise foi et la manipulation de ceux qui organisent la xénophobie d’Etat et utilisent l’exemple extrême de la Shoah pour relativiser la malfaisance de leur politique qui jour après jour, entraîne un développement du racisme et du rejet.
L’an dernier Sarkozy avait violemment attaqué la commissaire européenne Viviane Reding qui avait déclaré :
- « des personnes (les Roms) sont renvoyées d’un Etat membre uniquement parce qu’elles appartiennent à une certaine minorité ethnique. Je pensais que l’Europe ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la seconde guerre mondiale. ». Sarkozy avait alors prétendu que les” Juifs français” s’étaient sentis agressés par cette déclaration.
Cette fois ci c’est Guéant qui stigmatise les protestations et considère que: "…des propos comme ceux-là banalisent la Shoah et, finalement, encouragent au négationnisme".
Or nous avons montré qu’à plusieurs reprises c’est le président actuel et son entourage qui ont banalisé l’extermination des Juifs par les nazis en traçant des parallèles entre cette période et des problèmes de fiscalité ou en référence à leurs petites affaires personnelles de SMS.
Les "chabbiha" (milices du régime Assad) et autres voyous syriens à l’œuvre à Paris
Dans la soirée du vendredi 26 août, sur la Place du Châtelet à Paris,alors qu’une manifestation de soutien à la révolution syrienne se déroulait comme toutes les jeudis, vendredis et samedis, une dizaine de perturbateurs partisans du président Bachar Al Assad se sont infiltrés parmi les manifestants, les défiant, les injuriant et frappant certains d’entre eux. Au cours de la bagarre qui s’est ensuivie, plusieurs personnes des deux camps ont été blessées. La police est intervenue pour séparer les protagonistes, emmenant avec elle pour enquête l’ensemble des agresseurs et trois des animateurs de la manifestation.
Les personnes de toute nationalité désireuses d'apporter leur soutien aux justes revendications de la population syrienne, dans son combat pour la liberté et la dignité, pourront participer, samedi 27 août, à partir de 17h30, à un nouveau rassemblement sur la Place du Châtelet.
Les policiers ont été surpris de constater que six des neuf contre-manifestants qui avaient agressé les participants étaient porteurs de passeports diplomatiques syriens. Conformément aux règles en usage, ils ont été contraints de les remettre en liberté.
Selon des opposants, il s’agissait pour la plupart de membres de la famille Jad’an. Originaire de Deïr al Zor, la famille Jad'an est étroitement apparentée au clan présidentiel, via le mariage de Manal Jad’an avec Maher Al Assad.
Lorsque les trois manifestants, deux jeunes gens et une femme, ont été relâchés à leur tour, ils ont été à nouveau agressés. Ils ont été entraînés dans une rue secondaire proche du commissariat par les passagers de deux voitures de l’ambassade de Syrie à Paris, auxquels se sont joints d’autres voyous appelés par eux en renfort.
Sévèrement passés à tabac, ils souffrent de blessures plus ou moins graves. Elles ont nécessité l’hospitalisation des deux jeunes gens.
Ce n’est pas la première fois que le régime syrien montre chez nous son savoir-faire en matière de perturbation des manifestations hostiles à son endroit. Au début des années 1980, alors qu’une manifestation de protestation contre les crimes commis dans la ville de Hama se déroulait sur le boulevard Saint Germain, l’ambassade de Syrie avait lancé contre eux des dizaines de casseurs, dont certains appartenaient aux tristement célèbres "Brigades de défense" de Rifaat Al Assad. Armés de bâtons, de couteaux, de chaînes et même pour certains d’armes à feu, ils avaient fait des dizaines de blessés.
D’une génération à l’autre les choses en Syrie ne changent décidément pas. Le régime de Bachar Al Assad paraît soucieux de démontrer que, à l’intérieur de ses frontières aussi bien qu’à l’extérieur, il a repris les méthodes à l’honneur du temps son père, et qu’en réponse aux demandes pacifiques ou aux mouvements de protestation, il ne sait, ne peut ou ne veut avoir recours qu’à un seul et unique moyen : la force brutale.
Cette agression devrait contribuer à ouvrir les yeux de ceux qui, niant l'évidence, persistent à affirmer que les forces de l'ordre n'interviennent en Syrie que "pour porter secours aux populations victimes de groupes terroristes islamiques"...
Une fois de plus, nous posons la question: qu'attendent les organisations et associations françaises de défense des droits de l'homme pour organiser des initiatives de soutien au peuple syrien?
post scriptum: lors du rassemblement de ce samedi 27 août Place du Châtelet, forte présence des manifestants syriens mais à nouveau quasi-absence de soutien français. Qu'attendent donc les partis et associations?
Mise à jour du 14 mai 2021: à l'occasion du 80e anniversaire de la rafle dite du "billet vert" des photos d'une importance exceptionnelle sont présentées par le Mémorial de la Shoah ( ci-dessous)
Elles montrent notamment la rétention des Juifs arrêtés au sein du gymnase Japy, leur transfert dans les camps et transférés dans les camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers dans le Loiret.
On peut aussi voir la photo d'un gendarme français surveillant les internés. Ces photos seront visibles à partir du 19 mai au sein du Mémorial.
Voir liens complémentaires, actualisations et mises à jour en fin d'article.
La rafle du " billet vert"
Dès le 14 mai 1941, 3700 hommes juifs sont arrêtés à Paris lors de la rafle dite du "billet vert" et transférés dans les camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers dans le Loiret.
Des milliers de Juifs étrangers, dont la liste a été établie grâce au fichier du recensement effectué à partir de septembre 1940 par les autorités françaises sur ordre allemand, reçoivent une convocation, le « billet vert » : ils sont « invités à se présenter », le 14 mai, dans divers lieux de rassemblement « pour examen de situation », comme on peut le voir sur le document ci-dessous
Photo d’une convocation dite « billet vert » envoyée par la préfecture de police à Monsieur Moïse Kimman, Paris. France,
Le 8 mai 1942, 289 d’entre eux sont transférés au camp de Compiègne-Royallieu, d’où ils sont majoritairement déportés vers Auschwitz le 5 juin 1942, par le convoi 2.
En juin-juillet 1942, la quasi-totalité des internés est déportée.
Trois convois partent directement vers Auschwitz : le 25 juin et le 17 juillet 1942 de Pithiviers, le 28 juin de Beaune-La-Rolande. Ainsi, avant la rafle du Vel' d'Hiv' de juillet 1942, il y en a eu a plusieurs autres, souvent peu connues.
Les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande sont la concrétisation de la politique antisémite et de collaboration engagée par le régime de Vichy dès son arrivée au pouvoir.
Un décret du 4 octobre 1940, signé par le maréchal Pétain, a permis d'interner «les ressortissants étrangers de race juive» dans des camps spéciaux, sur simple décision préfectorale et sans motif. Le «statut des Juifs», paru la veille, avait donné une définition «française» - qui n'est pas la même que celle des nazis - de la «race juive» et édicté les premières interdictions professionnelles (fonction publique, presse, cinéma ...).
Au printemps suivant, cette politique antisémite s'intensifie sous les pressions allemandes, avec la création du Commissariat Général aux Questions Juives et l'internement d'un total d'environ 5 000 Juifs étrangers de la région parisienne.
C'est ainsi que sont créés les camps jumeaux de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande. Le choix de ces petites villes du Loiret est dû à leur proximité de Paris, à une bonne accessibilité par le chemin de fer, à la possibilité de trouver sur place du ravitaillement et à la présence d'installations sécurisées (barbelés, miradors) qui ont déjà hébergé des prisonniers de guerre français, transférés depuis en Allemagne.
Les camps sont administrés par la préfecture du Loiret, à Orléans; un "Service des Camps" y a été mis en place.
La grande rafle du 20 août 1941
Moins de trois mois plus tard, le matin du 20 août 1941, des policiers français, accompagnés par des Allemands en uniforme envahissent les rues du XIe arrondissement de Paris.
Ce jour-là, en plein Paris, les policiers français soutenus par les militaires allemands, arrêtent 4232 Juifs afin de les envoyer vers le camp de Drancy, qui vient d’ouvrir ses portes.
Tous les hommes, français ou étrangers, sont contrôlés et les Juifs envoyés vers la place Voltaire. Toutes les entrées des stations de métro entre République et Nation sont bouclées.
Ceux des Juifs qui étaient allés s’enregistrer dans les commissariats, conformément à l’ordonnance allemande du 27 septembre 1940 publiée en zone occupée,ont déjà été appréhendés directement chez eux.
L'ordre stipulait que « toute personne juive devra se présenter jusqu’au 20 octobre auprès du sous-préfet de l’arrondissement dans lequel elle a son domicile habituel pour se faire inscrire sur un registre spécial »
Même sort pour ceux qui étaient « connus » comme faisant partie des familles juives du quartier, même non répertoriées. Les femmes sont épargnées. Personne ne sait vers où les Juifs sont emmenés.
Cette rafle « surprise » utilise comme prétexte un simple contrôle d’identité à la préfecture de Police, contrairement à celle qui l’a déjà précédée le 14 mai et qu'on a nommée " rafle du billet vert" (voir ci-dessus)
Les 4232 personnes arrêtées sont toutes conduites dans des autobus de la régie des transports parisiens à partir de la place Voltaire, en direction du camp de Drancy, « inauguré » à cette occasion.
Aucune différence n'est faite entre citoyens français et étrangers.
Du jour de son ouverture le 20 août 1941 jusqu'à sa libération le 18 août 1944, plus de 70.000 Juifs, dont 11.000 enfants (le plus jeune est un bébé de 15 jours) sont passés par le camp de Drancy, avant d'être déportés à Auschwitz. En effet à partir de Mars 1942 le camp de Drancy devient un camp de transit dont la population est tout simplement redirigée vers les camps, afin d’y être exterminée.
Seuls 2.500 d'entre eux ont survécu.
Ces premières rafles avaient sans doute pour but de fournir de la main d’œuvre aux nazis. C’est ce qui explique que beaucoup des Juifs qui en ont fait partie furent libérés. En effet, la rafle ayant été faite de manière systématique, une majorité des personnes raflées était inadaptée aux travaux que les nazis prévoyaient, en raison de la malnutrition subies et des maladies. Certains furent donc libérés assez rapidement (malades, handicapés, vieillards…)
Cette rafle d’août 1941 a eu lieu onze mois avant celle du Vel' d’Hiv' de Juillet 1942 (voirVel d'Hiv: le document.)
Souvent absente des manuels d’histoire, elle est le résultat du zèle du gouvernement de l’État français, dirigé par le maréchal Pétain.
En effet, le gouvernement de Pétain est allé au-delà des directives de l’ordonnance allemande du 27 septembre 1940; il a promulguéle premier "Statut des Juifs" dès le 4 octobre 1940 (voir Antisémitisme: le double anniversaire du 3 Octobre)
À la même date, la machine d’extermination nazie est déjà intensément à l’œuvre en Europe de l’Est . Ainsi, pour cette seule journée du 20 août 1941, on note les massacres suivants :
- La Gestapo assassine 350 Juifs de Koretz (Ukraine).
- Après l'entrée des nazis à Minsk (Biélorussie), où vivent 60000 juifs, un ghetto est créé, comme première étape vers l'extermination.
- Après la déportation des 3 000 juifs du Banat à Tasmajdan, près de Belgrade, les nazis déclarent le Banat yougoslave, situé entre la rivière Tisa (Theiss), à l'ouest et la frontière roumaine, à l'est, « purifié de ses juifs » (Judenrein).
- Un convoi quitte Vienne (Autriche) avec 997 juifs à destination du camp de concentration de Theresienstadt (Tchécoslovaquie).
- La déportation des juifs de Radzin (province de Lublin en Pologne) au camp d'extermination de Treblinka débute.
- 2000 Juifs de Rembertov (province de Varsovie) sont déportés au camp d'extermination de Treblinka. Tous sont tués par les SS.
- Durant quatre jours à compter du 21 août, 21 000 Juifs sont déportés du ghetto de Kielce (Pologne) au camp d'extermination de Treblinka. Le ghetto se trouve ainsi pratiquement liquidé. Les 2000 juifs restants sont regroupés dans un camp de travail forcé.
Dans cette même ville de Kielce un pogrom se déroulera après la guerre, le 4 juillet 1946. Quarante juifs rescapés de la Shoah y seront massacrés par la foule, après des rumeurs mensongères selon lesquelles un enfant aurait été tué par des Juifs.
- Un convoi de 1 000 Juifs, hommes et femmes, quitte le ghetto de Theresienstadt (Tchécoslovaquie) en direction de "l'Est". Sa destination reste à ce jour encore inconnue, car on ne signale aucun survivant. Il semble que les déportés furent assassinés dans la région de Minsk (Biélorussie) par les SS.
Le 12 décembre 1941 se déroule la troisième rafle rafle anti-juive à Paris, après celles du 14 mai (3 747 Juifs étrangers internés à Beaune-la-Rolande et Pithiviers) et du 20 au 25 août (4 232 Juifs français et étrangers internés à Drancy).
Cette fois il s’agit de la « rafle des notables » car les nazis ont ciblé des responsables de la communauté, des chefs d'entreprise et des membres de professions libérales. 743 Juifs de nationalité française sont arrêtés à leur domicile, tôt le matin. Ils sont enfermés à l'Ecole militaire de Paris ( une plaque minuscule ci-dessous en rend compte) puis transportés au camp de Royallieu, près de Compiègne. Nombre d'entre eux seront déportés en mars 1942.
De décembre 1941 à juillet 1942, les rafles sont interrompues par manque de trains pour la déportation, après le premier convoi du 27 mars.
En effet, bien que des plans pour la déportation des Juifs internés dans les camps français aient été évoqués dès le mois de décembre 1941, le premier convoi ne quitta la France que le 27 mars 1942. Ce laps de temps peut s’expliquer par le manque de matériel roulant nécessaire pour concrétiser la déportation. Le 24 décembre 1941, Heinrich Müller, le chef de la Gestapo au Reich, envoie un télégramme au commandant militaire en France, l’informant que compte tenu du nombre élevé de soldats partis en vacances de Noël dans le réseau ferroviaire du Reich, la déportation de 1000 Juifs de la France vers l’est sera impossible pendant cette période. Ces 1000 Juifs doivent donc rester au camp d’internement jusqu’à ce que les conditions de transport s’améliorent. Müller précise qu’il espère que 1000 juifs seront déportés de France dès le mois de février ou de mars. L’autorisation pour cette déportation est envoyée par Adolf Eichmann le 1er mars 1942.
Au cours d'une réunion à laquelle participent les chefs des départements des "affaires juives" de France, de Hollande et de Belgique, le 4 mars 1942, Dannecker propose que 5000 Juifs soient déportés de France, en plus des 1000 Juifs internés au camp de Compiègne dont le départ est déjà prévu pour la fin du mois de mars. Un télex dépêché le 25 mars 1942 met en place les questions techniques concernant ces prochaines déportations. Ce télex statue que l'évacuation de 1115 Juifs, en plus des derniers 34 Juifs yougoslaves, serait effectuée par un train spécial composé de wagons de passagers. Ce train était réservé pour le 27 mars à 17h, à la gare du Nord de Paris. Le camp de Compiègne ne comprenant pas les 1000 Juifs requis pour la déportation, la moitié des déportés part de Drancy le 27 mars, avec une halte à Compiègne, avant de poursuivre sa route vers l'est. Le 25 mars, André Tulard, sous-directeur au service des étrangers et des affaires juives à la préfecture de police, confirme auprès de Theodor Dannecker que dix autobus seront disponibles au camp de Drancy le 27 mars à 14h, pour le transfert des Juifs du camp à la gare. Il donne l'ordre au directeur de la PQJ (police aux questions juives), Jacques Schweblin, de fouiller minutieusement les déportés. Chaque Juif peut apporter un sac, mais il leur est strictement interdit d'apporter des objets en métal, à l'exception d'une cuillère. La première déportation se produit donc le 27 mars 1942, jour où le premier convoi de déportés quitte la gare du Bourget.
Dans les wagons de 3ème classe (à partir du 2ème convoi, il n'y aura que des wagons à bestiaux) sont enfermés 1 112 hommes, en partie des internés de Drancy, pris dans la rafle du 20 août 1941 et en partie des "notables" , internés à Royalieu, lors de la rafle du 12 décembre 1941 (voir ci-dessus).
Le convoi est escorté jusqu'à la frontière allemande par des gendarmes français et un officier SS.
Théodore Dannecker, chef SS chargé des affaires juives en France et représentant d'Eichmann ( voir ici) dirige le convoi jusqu'à Auschwitz.
20 aout 2019: l'anniversaire de la grande rafle du 20 août 1941 à Paris coincide cette année avec celui du 75e anniversaire de la libération du camp de Drancy . Ce camp a justement été ouvert à cette occasion afin d'interner les 4232 Juifs arrêtés ce jour là dans le 11e arrondissement ( voir ci-dessous)
Celle-ci prend différentes formes, alliant des campagnes électorales et des participations dans des gouvernements, mais aussi des actes terroristes contre les minorités et les migrants, comme le montrent les attentats récents de San Diego,Christchurch, Pittsburgh. Des groupes dits « Identitaires » servent de troupes de choc à des partis qui prétendent se normaliser.
L'extrême-droite parrainée et soutenue par Trump etPoutine, pèse lourdement dans de nombreux pays d’Europe, comme on a pu le constater à l’occasion des élections européennes du mois de mai dernier.
Nous en appelons plus que jamais au combat contre les idéologies et actes racistes et antisémites quels que soient leur prétextes, ainsi que pour la mémoire des génocides et crimes contre l'humanité ( comme on peut le voir ici et ici )
Suivez l'actualité des combats contre le racisme et les fascistes
Le 27 mars 1942, le premier convoi de déportation de Juifs de France vers Auschwitz, appelé convoi N° 1, partait du camp d'internement de Drancy puis passait à Compiègne et parvenait à destination le 30 mars. (voir ci-dessous). Il comprenait 1112 personnes . Parmi elles 23 personnes seulement ont survécu.
En début d'après-midi, le 27 mars 1942, les quelque 4 000 Juifs détenus au camp de Drancy sont rassemblés sur la place centrale, ceinte de bâtiments en U. Depuis sept mois, les nazis y parquent les Juifs étrangers, appartenant pour la plupart aux "classes laborieuses", qui ont été raflés le 20 août 1941 par la police française, dans le 11e arrondissement de Paris ( voir ci-dessous).
Un officier allemand hurle 565 noms et chaque appelé doit sortir des rangs. En moins d'un quart d'heure ils doivent rassembler leurs affaires personnelles dans des musettes et des baluchons. Ils comprennent alors qu'un départ s'organise. Vers où ? Personne ne sait. Après de multiples comptages, les 565 sont conduits à la gare du Bourget-Drancy.
Là, ils montent à bord des voitures de 3e classe d'un train de voyageurs. Il est 17 heures lorsque le train spécial 767 s'ébranle. Arrivé à Compiègne, il s'arrête et, dans la nuit, on fait monter 547 autres hommes. Il s'agit cette fois, en majeure partie, de Juifs français arrêtés à leur domicile, à Paris, le 12 décembre 1941 essentiellement des "notables", mais aussi de Juifs étrangers, déplacés de Drancy à Compiègne, ainsi que d'un groupe séparé de 34 Juifs yougoslaves. L'escorte est assurée jusqu'à la frontière allemande par des gendarmes français accompagnés d'un officier SS. Theo Dannecker, le chef du service des affaires juives de la Gestapo, antisémite fanatique, prend lui-même la direction du convoi.
"S'il y a une évasion, on fusille tout le wagon", a-t-on menacé les 1 112 "passagers". Un seul d'entre eux réussira à s'échapper avant Reims, où le convoi est verrouillé. Le lendemain, le train passe la frontière , traverse l'Allemagne et pénètre en Pologne. Au terme de trois journées, rendues très pénibles par la soif, ils parviennent le 30 mars au terminus : Auschwitz-Birkenau.
"Hébétés et épuisés nous avons été saisis par le froid et par la neige qui s'accrochait encore aux marécages de Birkenau où s'élevaient les premiers baraquements, se souvient Joseph Rubinstein, qui faisait partie de ce convoi et en a été un des rares survivants . On nous a distribué des uniformes rayés et puis on nous a tatoués, à l'encre bleue." Bientôt, les hommes du premier convoi ne seront plus que des numéros de matricule, de 27533 à 28644.
A Birkenau, pour ceux du premier convoi, un long cauchemar commence. ils seront très peu à résister, ne recevant pour nourriture quotidienne qu'une soupe claire et une boule de pain, mordus par un froid polaire, astreints à d'épuisants travaux de terrassement, dévorés par la vermine et terrassés par la dysenterie ou le typhus, Les chiffres sont parlants : d'avril à août 1942, 1 008 des 1 112 déportés succomberont à ce traitement inhumain, soit un taux de mortalité de 91,6 % en cinq mois.
Longtemps, Joseph Rubinstein et Simon Gutman, survivants du premier convoi, n'ont pas pu en parler. Parce qu'ils pensaient qu'on ne les croirait pas ou qu'on les croirait fous. Et quand ils ont commencé à témoigner, les mots n'ont pas eu assez de force pour exprimer ce que fut leur condition . Ils ne savaient plus dire que par bribes l'extrême sadisme de certains de leurs bourreaux — ordonnant par exemple à un père de battre son fils puis à ce fils de battre son père, et devant leurs refus les abattant tous deux "comme des chiens" —, le désespoir, les souffrances, les humiliations, l'endurcissement. Joseph évoque seulement "la haine" qui le tenait debout. "Chaque journée c'était un siècle", soupire Simon. L'un comme l'autre n'entrevoient plus qu'à peine les images d'épouvante des longues cohortes noyées dans "la nuit et le brouillard", les scènes déchirantes ponctuées de cris insoutenables, l'angoisse et la terreur collectives.
Née en 1932 à Paris, Mireille Knoll a pu s’échapper de Paris avec sa mère quelques jours avant l’arrestation massive de plus de 13 000 Juifs en juillet 1942, lors de la rafle du Vel' d’Hiv. C’est un passeport brésilien hérité de son père qui lui avait alors permis de trouver refuge au Portugal.
Actualisation du 21 aout 2017:
le 75e anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv' de juillet 1942 a été marquée par la polémique lancée par les dirigeants du FN à propos des responsabilités de l'Etat français. C'est l'occasion de rappeler que ce jour-là,le parti collaborationniste de Doriot, le PPF, fournit plusieurs centaines de militants comme auxiliaires de la police française, afin de procéder aux rafles. Le numéro 2 du PPF, Victor Barthélémy, fut un des fondateurs du FN.
Rappelons aussi que le 21 aout 1942 eut lieu la "sélection" d'un convoi de Juifs de France arrivant de Drancy. 817 personnes sur 1000 furent envoyées dans les chambres à gaz.
Ce matin du 17 juillet 1942, à Paris, "les bus de la honte" , ont déversé, à l'intérieur du Vélodrome, leur contingent de Juifs étrangers munis de leurs maigres affaires rassemblées à la hâte. La police française vient d'arrêter, sans état d'âme, 13152 hommes, femmes et enfants de tous âges parqués dans le vélodrome, dans des conditions déplorables.
Ils seront acheminés vers les camps d'internement de Drancy, Beaune la Rolande et Pithiviers puis déportés vers le camp d'extermination d'Auschwitz.
Cérémonie officielle, devant le monument du Mémorial de la Shoah, sur le lieu de l'ancien Vél d'Hiv.
Je viens de prendre place, avec un ami, qui, en attendant, me raconte me raconte "son plus ancien souvenir".
Le 16 juillet 1942, il a exactement 2 ans et trois mois. Lui et sa sœur, plus âgée de 16 mois, sont dans la chambre du petit appartement qu'ils occupent et voient, par l'entrebâillement de la porte, leur mère dans la pièce à côté; elle parlemente en pleurant avec deux policiers français.
Ils lui demandent de se préparer mais, compatissants, repartent sans les emmener.
Avec les deux enfants elle s'empresse de quitter le quartier au plus vite, échappant ainsi à la rafle. C'est ce "miracle" m'explique mon ami, qu'il tient chaque année à venir commémorer, conscient du destin tragique auquel il a échappé.
Obligés de se réfugier dans le minuscule appartement qui leur servait d'atelier, ses parents furent arrêtés en février 1943, déportés à Auschwitz sans retour.
Les deux enfants, qui dormaient chez un voisin de palier d'origine polonaise, purent être remis à un couple ami des parents, qui les cacha en province et devint leur tuteur.
Témoignage de Monsieur J-M R, témoin de la rafle.
A la manière de l’écrivain Georges Perec (dont la mère fut déportée à Auschwitz ou elle fut gazée en 1943), J-M.R. introduit son témoignage par la formule bien connue de ce dernier : "Je me souviens" répété trois fois.
Le ton grave empreint des images de ce souvenir fait écho au grand silence de l'assemblée.
Il est sept heures du matin ce 16 juillet 1942.
C'est depuis la fenêtre de l'appartement où il s'est caché pour la nuit avec sa mère qu'il voit les autres familles juives monter dans les bus stationnés au coin de la rue du Faubourg St Denis et de la rue d'Enghien. Parmi eux, son copain Simon W., qu'il n'a jamais revu.
Quand il scande d'une manière appuyée : " J'avais huit ans, Oui, je m'en souviens", rien ne bouge dans l'auditoire.
Un des locataires a vu la concierge montrer du doigt aux policiers, l'escalier C où étaient regroupées ces familles.
Ce jour là, il réalise que les jardins et le dernier wagon du métro sont interdits "aux Juifs et aux chiens", le couvre feu est à 20 heures pour eux au lieu de 22 heures pour les autres. ˝L'étoile jaune, que j'arborais presque avec fierté sur ma blouse grise d'écolier est devenue alors l'étoile de la honte. Ce jour là, j'ai perdu ma légèreté d'enfant, J'ai compris ce qu'est la peur de chaque jour".
Allocution du président du comité français pour Yad Vashem (Association fondée en 1981 afin de faire reconnaître et honorer ceux et celles qui en France sont venus en aide aux Juifs pendant la guerre).
˝Le 16 juillet 1942 la France, patrie des Lumières et des droits de l'homme, manquait à sa devise : Liberté, Egalité, Fraternité˝.
: ˝ Pendant six semaines jusqu'au 30 août 1942 vingt mille Juifs ont été déportés. Six semaines encore et quarante mille Juifs de France ont été arrêtés soit 2/3 de la population française. Les nazis avaient pris soin de donner l'ordre à la police française de ne laisser aucun enfant derrière eux."
Le 23 août 1942 l'Archevêque de Toulouse, Monseigneur Saliège, a lu sa fameuse lettre pastorale de protestation, déclarant notamment " ... Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos Frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier..."
Bon nombre de français ont sauvé des familles, parfois au péril de leur vie, Beaucoup de ces bienfaiteurs ont reçu le titre de "Justes parmi les Nations", décerné par Yad Vashem et par l'État d'Israël. Il a fallu cinquante ans pour que Jacques Chirac reconnaisse la responsabilité du gouvernement de Vichy dans la déportation des Juifs de France (17 juillet 1995).
Témoignage d’une arrière petite- fille de "Justes parmi les Nations "
Ses arrières grands-parents tenaient la boulangerie d'un petit village en Isère (qui n'était plus en zone libre à ce moment là). Ils ont caché sans hésitation deux enfants de 5 et 7 ans.
Ces enfants possédaient des papiers d'identité avec un nom d'emprunt.
Un de ces enfants, Jacques D. le petit garçon d'alors, assiste à la cérémonie.
C'est tardivement, qu'elle, leur arrière petite fille, et sa famille ont eu connaissance de cet épisode survenu sous l'occupation. Ses arrière-grands parents ont été reconnus "Justes parmi les Nations".
Chaque intervenant appelle de ses vœux à une lutte sans relâche contre les négationnistes pour que perdure la transmission, à l'heure où les témoins directs disparaissent.
Behring Breivik a commis un massacre politique précisément orienté. Il ne s’agit ni d’un attentat-suicide, ni d’un acte « aveugle ».
Il a abattu individuellement des jeunes participants à un rassemblement de jeunes de la gauche travailliste après s’en être pris au siège du gouvernement.
Il a dit lui-même qu'il avait voulu s'en prendre au Parti travailliste, au pouvoir en Norvège, parce que, selon lui, ce parti a trahi le pays. Breivik a voulu « porter un coup d'arrêt au recrutement de nouveaux membres au sein de ce parti », selon lui, « favorise la venue massive de musulmans en Norvège ».
Nous avons déjà entendu cette argumentation à de nombreuses reprises de la part de ces partis qui sont présents dans beaucoup de pays d’Europe de l’Ouest
C’est le cas notamment en France, en Italie, en Autriche, aux Pays-Bas, au Danemark, en Belgique, en Suisse…
Ces partis, plus ou moins relookés, concentrent leur agitation sur la défense de l’identité nationale et la dénonciation des musulmans et des immigrés.
Dans plusieurs pays, la droite traditionnelle cherche la voie d’une alliance avec ces partis parfois nommés "populistes".
Les partis d’extrême-droite « populistes » et islamophobes européens, ainsi que leurs alliés dans les partis de la droite traditionnelle tentent déjà de faire passer Brievik pour un dément isolé. Ils tenteront de faire valoir que ce n'est pas ce qu'ils voulaient dire lorsqu'ils parlent de « guerre totale » contre l’immigration et les musulmans.
Breivik a pourtant largement participé aux activités du parti norvégien de la droite radicale, nommé étrangement Parti du Progrès, ouvertement xénophobe dans un pays qui n’est pas confronté à une crise sociale.
Malgré l’image bucolique qui s’attache à elle, la Norvège a connu dans son histoire une convulsion violente qui a laissé des traces profondes : lors de 2e guerre mondiale, un gouvernement pronazi a été mis en place sous la direction de Quisling, dont le nom est d’ailleurs devenu le symbole de la collaboration avec un occupant.
Mais au-delà des particularités norvégiennes et scandinaves, c’est toute l’Europe qui est percutée par l’onde de choc de ces crimes.
Ils interpellent directement les partis de droite qui ont choisi la xénophobie comme instrument de conquête ou de maintien au pouvoir.
L'extrémisme politique de droite, nourri de nationalisme et de xénophobie, a cessé d'être un tabou puisque des dirigeants de la droite aussi déterminants que Sarkozy, Angela Merkel et Cameron défendent tous trois l'idée que ce qu'ils nomment péjorativement le « multiculturalisme » est un échec dans leur pays et qu’il faut « serrer la vis » contre les étrangers. (voir Europe : vague de racisme, les gouvernements responsables)
Quand un ministre de l’intérieur français martèle qu’on « ne se sent plus chez soi » n’encourage-t-il pas ainsi une atmosphère de violence ?
Entre autres crimes de la haine dans notre pays, rappelons que le 1er mai 1995 Brahim Bouaram, jeune marocain de 29 ans, a été assassiné par des militants d'extrême droite participant à un cortège du Front National qui l'ont jeté à la Seine.
D’ailleurs un dirigeant national du Front National, Laurent Ozon, membre de son bureau politique et proche de Marine Le Pen, a posté plusieurs messages dans lesquels il « explique » ainsi le crime de Breivik :
"Expliquer le drame d'Oslo: explosion de l'immigration: X6 (multipliée par 6, NDLR) entre 1970 et 2009".