L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.
Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.
Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes
(Arménie, Rwanda, Shoah ...)
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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :
Les "chabbiha" (milices du régime Assad) et autres voyous syriens à l’œuvre à Paris
Dans la soirée du vendredi 26 août, sur la Place du Châtelet à Paris,alors qu’une manifestation de soutien à la révolution syrienne se déroulait comme toutes les jeudis, vendredis et samedis, une dizaine de perturbateurs partisans du président Bachar Al Assad se sont infiltrés parmi les manifestants, les défiant, les injuriant et frappant certains d’entre eux. Au cours de la bagarre qui s’est ensuivie, plusieurs personnes des deux camps ont été blessées. La police est intervenue pour séparer les protagonistes, emmenant avec elle pour enquête l’ensemble des agresseurs et trois des animateurs de la manifestation.
Les personnes de toute nationalité désireuses d'apporter leur soutien aux justes revendications de la population syrienne, dans son combat pour la liberté et la dignité, pourront participer, samedi 27 août, à partir de 17h30, à un nouveau rassemblement sur la Place du Châtelet.
Les policiers ont été surpris de constater que six des neuf contre-manifestants qui avaient agressé les participants étaient porteurs de passeports diplomatiques syriens. Conformément aux règles en usage, ils ont été contraints de les remettre en liberté.
Selon des opposants, il s’agissait pour la plupart de membres de la famille Jad’an. Originaire de Deïr al Zor, la famille Jad'an est étroitement apparentée au clan présidentiel, via le mariage de Manal Jad’an avec Maher Al Assad.
Lorsque les trois manifestants, deux jeunes gens et une femme, ont été relâchés à leur tour, ils ont été à nouveau agressés. Ils ont été entraînés dans une rue secondaire proche du commissariat par les passagers de deux voitures de l’ambassade de Syrie à Paris, auxquels se sont joints d’autres voyous appelés par eux en renfort.
Sévèrement passés à tabac, ils souffrent de blessures plus ou moins graves. Elles ont nécessité l’hospitalisation des deux jeunes gens.
Ce n’est pas la première fois que le régime syrien montre chez nous son savoir-faire en matière de perturbation des manifestations hostiles à son endroit. Au début des années 1980, alors qu’une manifestation de protestation contre les crimes commis dans la ville de Hama se déroulait sur le boulevard Saint Germain, l’ambassade de Syrie avait lancé contre eux des dizaines de casseurs, dont certains appartenaient aux tristement célèbres "Brigades de défense" de Rifaat Al Assad. Armés de bâtons, de couteaux, de chaînes et même pour certains d’armes à feu, ils avaient fait des dizaines de blessés.
D’une génération à l’autre les choses en Syrie ne changent décidément pas. Le régime de Bachar Al Assad paraît soucieux de démontrer que, à l’intérieur de ses frontières aussi bien qu’à l’extérieur, il a repris les méthodes à l’honneur du temps son père, et qu’en réponse aux demandes pacifiques ou aux mouvements de protestation, il ne sait, ne peut ou ne veut avoir recours qu’à un seul et unique moyen : la force brutale.
Cette agression devrait contribuer à ouvrir les yeux de ceux qui, niant l'évidence, persistent à affirmer que les forces de l'ordre n'interviennent en Syrie que "pour porter secours aux populations victimes de groupes terroristes islamiques"...
Une fois de plus, nous posons la question: qu'attendent les organisations et associations françaises de défense des droits de l'homme pour organiser des initiatives de soutien au peuple syrien?
post scriptum: lors du rassemblement de ce samedi 27 août Place du Châtelet, forte présence des manifestants syriens mais à nouveau quasi-absence de soutien français. Qu'attendent donc les partis et associations?
Voir liens complémentaires, actualisations et mises à jour en fin d'article.
La rafle du " billet vert"
Dès le 14 mai 1941, 3700 hommes juifs sont arrêtés à Paris lors de la rafle dite du "billet vert" et transférés dans les camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers dans le Loiret.
Des milliers de Juifs étrangers, dont la liste a été établie grâce au fichier du recensement effectué à partir de septembre 1940 par les autorités françaises sur ordre allemand, reçoivent une convocation, le « billet vert » : ils sont « invités à se présenter », le 14 mai, dans divers lieux de rassemblement « pour examen de situation », comme on peut le voir sur le document ci-dessous
Photo d’une convocation dite « billet vert » envoyée par la préfecture de police à Monsieur Moïse Kimman, Paris. France,
Le 8 mai 1942, 289 d’entre eux sont transférés au camp de Compiègne-Royallieu, d’où ils sont majoritairement déportés vers Auschwitz le 5 juin 1942, par le convoi 2.
En juin-juillet 1942, la quasi-totalité des internés est déportée.
Trois convois partent directement vers Auschwitz : le 25 juin et le 17 juillet 1942 de Pithiviers, le 28 juin de Beaune-La-Rolande. Ainsi, avant la rafle du Vel' d'Hiv' de juillet 1942, il y en a eu a plusieurs autres, souvent peu connues.
Les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande sont la concrétisation de la politique antisémite et de collaboration engagée par le régime de Vichy dès son arrivée au pouvoir.
Un décret du 4 octobre 1940, signé par le maréchal Pétain, a permis d'interner «les ressortissants étrangers de race juive» dans des camps spéciaux, sur simple décision préfectorale et sans motif. Le «statut des Juifs», paru la veille, avait donné une définition «française» - qui n'est pas la même que celle des nazis - de la «race juive» et édicté les premières interdictions professionnelles (fonction publique, presse, cinéma ...).
Au printemps suivant, cette politique antisémite s'intensifie sous les pressions allemandes, avec la création du Commissariat Général aux Questions Juives et l'internement d'un total d'environ 5 000 Juifs étrangers de la région parisienne.
C'est ainsi que sont créés les camps jumeaux de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande. Le choix de ces petites villes du Loiret est dû à leur proximité de Paris, à une bonne accessibilité par le chemin de fer, à la possibilité de trouver sur place du ravitaillement et à la présence d'installations sécurisées (barbelés, miradors) qui ont déjà hébergé des prisonniers de guerre français, transférés depuis en Allemagne.
Les camps sont administrés par la préfecture du Loiret, à Orléans; un "Service des Camps" y a été mis en place.
La grande rafle du 20 août 1941
Moins de trois mois plus tard, le matin du 20 août 1941, des policiers français, accompagnés par des Allemands en uniforme envahissent les rues du XIe arrondissement de Paris.
Ce jour-là, en plein Paris, les policiers français soutenus par les militaires allemands, arrêtent 4232 Juifs afin de les envoyer vers le camp de Drancy, qui vient d’ouvrir ses portes.
Tous les hommes, français ou étrangers, sont contrôlés et les Juifs envoyés vers la place Voltaire. Toutes les entrées des stations de métro entre République et Nation sont bouclées.
Ceux des Juifs qui étaient allés s’enregistrer dans les commissariats, conformément à l’ordonnance allemande du 27 septembre 1940 publiée en zone occupée,ont déjà été appréhendés directement chez eux.
L'ordre stipulait que « toute personne juive devra se présenter jusqu’au 20 octobre auprès du sous-préfet de l’arrondissement dans lequel elle a son domicile habituel pour se faire inscrire sur un registre spécial »
Même sort pour ceux qui étaient « connus » comme faisant partie des familles juives du quartier, même non répertoriées. Les femmes sont épargnées. Personne ne sait vers où les Juifs sont emmenés.
Cette rafle « surprise » utilise comme prétexte un simple contrôle d’identité à la préfecture de Police, contrairement à celle qui l’a déjà précédée le 14 mai et qu'on a nommée " rafle du billet vert" (voir ci-dessus)
Les 4232 personnes arrêtées sont toutes conduites dans des autobus de la régie des transports parisiens à partir de la place Voltaire, en direction du camp de Drancy, « inauguré » à cette occasion.
Aucune différence n'est faite entre citoyens français et étrangers.
Du jour de son ouverture le 20 août 1941 jusqu'à sa libération le 18 août 1944, plus de 70.000 Juifs, dont 11.000 enfants (le plus jeune est un bébé de 15 jours) sont passés par le camp de Drancy, avant d'être déportés à Auschwitz. En effet à partir de Mars 1942 le camp de Drancy devient un camp de transit dont la population est tout simplement redirigée vers les camps, afin d’y être exterminée.
Seuls 2.500 d'entre eux ont survécu.
Ces premières rafles avaient sans doute pour but de fournir de la main d’œuvre aux nazis. C’est ce qui explique que beaucoup des Juifs qui en ont fait partie furent libérés. En effet, la rafle ayant été faite de manière systématique, une majorité des personnes raflées était inadaptée aux travaux que les nazis prévoyaient, en raison de la malnutrition subies et des maladies. Certains furent donc libérés assez rapidement (malades, handicapés, vieillards…)
Cette rafle d’août 1941 a eu lieu onze mois avant celle du Vel' d’Hiv' de Juillet 1942 (voirVel d'Hiv: le document.)
Souvent absente des manuels d’histoire, elle est le résultat du zèle du gouvernement de l’État français, dirigé par le maréchal Pétain.
En effet, le gouvernement de Pétain est allé au-delà des directives de l’ordonnance allemande du 27 septembre 1940; il a promulguéle premier "Statut des Juifs" dès le 4 octobre 1940 (voir Antisémitisme: le double anniversaire du 3 Octobre)
À la même date, la machine d’extermination nazie est déjà intensément à l’œuvre en Europe de l’Est . Ainsi, pour cette seule journée du 20 août 1941, on note les massacres suivants :
- La Gestapo assassine 350 Juifs de Koretz (Ukraine).
- Après l'entrée des nazis à Minsk (Biélorussie), où vivent 60000 juifs, un ghetto est créé, comme première étape vers l'extermination.
- Après la déportation des 3 000 juifs du Banat à Tasmajdan, près de Belgrade, les nazis déclarent le Banat yougoslave, situé entre la rivière Tisa (Theiss), à l'ouest et la frontière roumaine, à l'est, « purifié de ses juifs » (Judenrein).
- Un convoi quitte Vienne (Autriche) avec 997 juifs à destination du camp de concentration de Theresienstadt (Tchécoslovaquie).
- La déportation des juifs de Radzin (province de Lublin en Pologne) au camp d'extermination de Treblinka débute.
- 2000 Juifs de Rembertov (province de Varsovie) sont déportés au camp d'extermination de Treblinka. Tous sont tués par les SS.
- Durant quatre jours à compter du 21 août, 21 000 Juifs sont déportés du ghetto de Kielce (Pologne) au camp d'extermination de Treblinka. Le ghetto se trouve ainsi pratiquement liquidé. Les 2000 juifs restants sont regroupés dans un camp de travail forcé.
Dans cette même ville de Kielce un pogrom se déroulera après la guerre, le 4 juillet 1946. Quarante juifs rescapés de la Shoah y seront massacrés par la foule, après des rumeurs mensongères selon lesquelles un enfant aurait été tué par des Juifs.
- Un convoi de 1 000 Juifs, hommes et femmes, quitte le ghetto de Theresienstadt (Tchécoslovaquie) en direction de "l'Est". Sa destination reste à ce jour encore inconnue, car on ne signale aucun survivant. Il semble que les déportés furent assassinés dans la région de Minsk (Biélorussie) par les SS.
Le 12 décembre 1941 se déroule la troisième rafle rafle anti-juive à Paris, après celles du 14 mai (3 747 Juifs étrangers internés à Beaune-la-Rolande et Pithiviers) et du 20 au 25 août (4 232 Juifs français et étrangers internés à Drancy).
Cette fois il s’agit de la « rafle des notables » car les nazis ont ciblé des responsables de la communauté, des chefs d'entreprise et des membres de professions libérales. 743 Juifs de nationalité française sont arrêtés à leur domicile, tôt le matin. Ils sont enfermés à l'Ecole militaire de Paris ( une plaque minuscule ci-dessous en rend compte) puis transportés au camp de Royallieu, près de Compiègne. Nombre d'entre eux seront déportés en mars 1942.
De décembre 1941 à juillet 1942, les rafles sont interrompues par manque de trains pour la déportation, après le premier convoi du 27 mars.
En effet, bien que des plans pour la déportation des Juifs internés dans les camps français aient été évoqués dès le mois de décembre 1941, le premier convoi ne quitta la France que le 27 mars 1942. Ce laps de temps peut s’expliquer par le manque de matériel roulant nécessaire pour concrétiser la déportation. Le 24 décembre 1941, Heinrich Müller, le chef de la Gestapo au Reich, envoie un télégramme au commandant militaire en France, l’informant que compte tenu du nombre élevé de soldats partis en vacances de Noël dans le réseau ferroviaire du Reich, la déportation de 1000 Juifs de la France vers l’est sera impossible pendant cette période. Ces 1000 Juifs doivent donc rester au camp d’internement jusqu’à ce que les conditions de transport s’améliorent. Müller précise qu’il espère que 1000 juifs seront déportés de France dès le mois de février ou de mars. L’autorisation pour cette déportation est envoyée par Adolf Eichmann le 1er mars 1942.
Au cours d'une réunion à laquelle participent les chefs des départements des "affaires juives" de France, de Hollande et de Belgique, le 4 mars 1942, Dannecker propose que 5000 Juifs soient déportés de France, en plus des 1000 Juifs internés au camp de Compiègne dont le départ est déjà prévu pour la fin du mois de mars. Un télex dépêché le 25 mars 1942 met en place les questions techniques concernant ces prochaines déportations. Ce télex statue que l'évacuation de 1115 Juifs, en plus des derniers 34 Juifs yougoslaves, serait effectuée par un train spécial composé de wagons de passagers. Ce train était réservé pour le 27 mars à 17h, à la gare du Nord de Paris. Le camp de Compiègne ne comprenant pas les 1000 Juifs requis pour la déportation, la moitié des déportés part de Drancy le 27 mars, avec une halte à Compiègne, avant de poursuivre sa route vers l'est. Le 25 mars, André Tulard, sous-directeur au service des étrangers et des affaires juives à la préfecture de police, confirme auprès de Theodor Dannecker que dix autobus seront disponibles au camp de Drancy le 27 mars à 14h, pour le transfert des Juifs du camp à la gare. Il donne l'ordre au directeur de la PQJ (police aux questions juives), Jacques Schweblin, de fouiller minutieusement les déportés. Chaque Juif peut apporter un sac, mais il leur est strictement interdit d'apporter des objets en métal, à l'exception d'une cuillère. La première déportation se produit donc le 27 mars 1942, jour où le premier convoi de déportés quitte la gare du Bourget.
Dans les wagons de 3ème classe (à partir du 2ème convoi, il n'y aura que des wagons à bestiaux) sont enfermés 1 112 hommes, en partie des internés de Drancy, pris dans la rafle du 20 août 1941 et en partie des "notables" , internés à Royalieu, lors de la rafle du 12 décembre 1941 (voir ci-dessus).
Le convoi est escorté jusqu'à la frontière allemande par des gendarmes français et un officier SS.
Théodore Dannecker, chef SS chargé des affaires juives en France et représentant d'Eichmann ( voir ici) dirige le convoi jusqu'à Auschwitz.
Mise à jour du 14 mai 2021: à l'occasion du 80e anniversaire de la rafle dite du "billet vert" des photos d'une importance exceptionnelle sont présentées par le Mémorial de la Shoah ( ci-dessous)
Elles montrent notamment la rétention des Juifs arrêtés au sein du gymnase Japy, leur transfert dans les camps et transférés dans les camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers dans le Loiret.
On peut aussi voir la photo d'un gendarme français surveillant les internés. Ces photos seront visibles à partir du 19 mai au sein du Mémorial.
20 aout 2019: l'anniversaire de la grande rafle du 20 août 1941 à Paris coincide cette année avec celui du 75e anniversaire de la libération du camp de Drancy . Ce camp a justement été ouvert à cette occasion afin d'interner les 4232 Juifs arrêtés ce jour là dans le 11e arrondissement ( voir ci-dessous)
Celle-ci prend différentes formes, alliant des campagnes électorales et des participations dans des gouvernements, mais aussi des actes terroristes contre les minorités et les migrants, comme le montrent les attentats récents de San Diego,Christchurch, Pittsburgh. Des groupes dits « Identitaires » servent de troupes de choc à des partis qui prétendent se normaliser.
L'extrême-droite parrainée et soutenue par Trump etPoutine, pèse lourdement dans de nombreux pays d’Europe, comme on a pu le constater à l’occasion des élections européennes du mois de mai dernier.
Nous en appelons plus que jamais au combat contre les idéologies et actes racistes et antisémites quels que soient leur prétextes, ainsi que pour la mémoire des génocides et crimes contre l'humanité ( comme on peut le voir ici et ici )
Suivez l'actualité des combats contre le racisme et les fascistes
Le 27 mars 1942, le premier convoi de déportation de Juifs de France vers Auschwitz, appelé convoi N° 1, partait du camp d'internement de Drancy puis passait à Compiègne et parvenait à destination le 30 mars. (voir ci-dessous). Il comprenait 1112 personnes . Parmi elles 23 personnes seulement ont survécu.
En début d'après-midi, le 27 mars 1942, les quelque 4 000 Juifs détenus au camp de Drancy sont rassemblés sur la place centrale, ceinte de bâtiments en U. Depuis sept mois, les nazis y parquent les Juifs étrangers, appartenant pour la plupart aux "classes laborieuses", qui ont été raflés le 20 août 1941 par la police française, dans le 11e arrondissement de Paris ( voir ci-dessous).
Un officier allemand hurle 565 noms et chaque appelé doit sortir des rangs. En moins d'un quart d'heure ils doivent rassembler leurs affaires personnelles dans des musettes et des baluchons. Ils comprennent alors qu'un départ s'organise. Vers où ? Personne ne sait. Après de multiples comptages, les 565 sont conduits à la gare du Bourget-Drancy.
Là, ils montent à bord des voitures de 3e classe d'un train de voyageurs. Il est 17 heures lorsque le train spécial 767 s'ébranle. Arrivé à Compiègne, il s'arrête et, dans la nuit, on fait monter 547 autres hommes. Il s'agit cette fois, en majeure partie, de Juifs français arrêtés à leur domicile, à Paris, le 12 décembre 1941 essentiellement des "notables", mais aussi de Juifs étrangers, déplacés de Drancy à Compiègne, ainsi que d'un groupe séparé de 34 Juifs yougoslaves. L'escorte est assurée jusqu'à la frontière allemande par des gendarmes français accompagnés d'un officier SS. Theo Dannecker, le chef du service des affaires juives de la Gestapo, antisémite fanatique, prend lui-même la direction du convoi.
"S'il y a une évasion, on fusille tout le wagon", a-t-on menacé les 1 112 "passagers". Un seul d'entre eux réussira à s'échapper avant Reims, où le convoi est verrouillé. Le lendemain, le train passe la frontière , traverse l'Allemagne et pénètre en Pologne. Au terme de trois journées, rendues très pénibles par la soif, ils parviennent le 30 mars au terminus : Auschwitz-Birkenau.
"Hébétés et épuisés nous avons été saisis par le froid et par la neige qui s'accrochait encore aux marécages de Birkenau où s'élevaient les premiers baraquements, se souvient Joseph Rubinstein, qui faisait partie de ce convoi et en a été un des rares survivants . On nous a distribué des uniformes rayés et puis on nous a tatoués, à l'encre bleue." Bientôt, les hommes du premier convoi ne seront plus que des numéros de matricule, de 27533 à 28644.
A Birkenau, pour ceux du premier convoi, un long cauchemar commence. ils seront très peu à résister, ne recevant pour nourriture quotidienne qu'une soupe claire et une boule de pain, mordus par un froid polaire, astreints à d'épuisants travaux de terrassement, dévorés par la vermine et terrassés par la dysenterie ou le typhus, Les chiffres sont parlants : d'avril à août 1942, 1 008 des 1 112 déportés succomberont à ce traitement inhumain, soit un taux de mortalité de 91,6 % en cinq mois.
Longtemps, Joseph Rubinstein et Simon Gutman, survivants du premier convoi, n'ont pas pu en parler. Parce qu'ils pensaient qu'on ne les croirait pas ou qu'on les croirait fous. Et quand ils ont commencé à témoigner, les mots n'ont pas eu assez de force pour exprimer ce que fut leur condition . Ils ne savaient plus dire que par bribes l'extrême sadisme de certains de leurs bourreaux — ordonnant par exemple à un père de battre son fils puis à ce fils de battre son père, et devant leurs refus les abattant tous deux "comme des chiens" —, le désespoir, les souffrances, les humiliations, l'endurcissement. Joseph évoque seulement "la haine" qui le tenait debout. "Chaque journée c'était un siècle", soupire Simon. L'un comme l'autre n'entrevoient plus qu'à peine les images d'épouvante des longues cohortes noyées dans "la nuit et le brouillard", les scènes déchirantes ponctuées de cris insoutenables, l'angoisse et la terreur collectives.
Née en 1932 à Paris, Mireille Knoll a pu s’échapper de Paris avec sa mère quelques jours avant l’arrestation massive de plus de 13 000 Juifs en juillet 1942, lors de la rafle du Vel' d’Hiv. C’est un passeport brésilien hérité de son père qui lui avait alors permis de trouver refuge au Portugal.
Actualisation du 21 aout 2017:
le 75e anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv' de juillet 1942 a été marquée par la polémique lancée par les dirigeants du FN à propos des responsabilités de l'Etat français. C'est l'occasion de rappeler que ce jour-là,le parti collaborationniste de Doriot, le PPF, fournit plusieurs centaines de militants comme auxiliaires de la police française, afin de procéder aux rafles. Le numéro 2 du PPF, Victor Barthélémy, fut un des fondateurs du FN.
Rappelons aussi que le 21 aout 1942 eut lieu la "sélection" d'un convoi de Juifs de France arrivant de Drancy. 817 personnes sur 1000 furent envoyées dans les chambres à gaz.
Ce matin du 17 juillet 1942, à Paris, "les bus de la honte" , ont déversé, à l'intérieur du Vélodrome, leur contingent de Juifs étrangers munis de leurs maigres affaires rassemblées à la hâte. La police française vient d'arrêter, sans état d'âme, 13152 hommes, femmes et enfants de tous âges parqués dans le vélodrome, dans des conditions déplorables.
Ils seront acheminés vers les camps d'internement de Drancy, Beaune la Rolande et Pithiviers puis déportés vers le camp d'extermination d'Auschwitz.
Cérémonie officielle, devant le monument du Mémorial de la Shoah, sur le lieu de l'ancien Vél d'Hiv.
Je viens de prendre place, avec un ami, qui, en attendant, me raconte me raconte "son plus ancien souvenir".
Le 16 juillet 1942, il a exactement 2 ans et trois mois. Lui et sa sœur, plus âgée de 16 mois, sont dans la chambre du petit appartement qu'ils occupent et voient, par l'entrebâillement de la porte, leur mère dans la pièce à côté; elle parlemente en pleurant avec deux policiers français.
Ils lui demandent de se préparer mais, compatissants, repartent sans les emmener.
Avec les deux enfants elle s'empresse de quitter le quartier au plus vite, échappant ainsi à la rafle. C'est ce "miracle" m'explique mon ami, qu'il tient chaque année à venir commémorer, conscient du destin tragique auquel il a échappé.
Obligés de se réfugier dans le minuscule appartement qui leur servait d'atelier, ses parents furent arrêtés en février 1943, déportés à Auschwitz sans retour.
Les deux enfants, qui dormaient chez un voisin de palier d'origine polonaise, purent être remis à un couple ami des parents, qui les cacha en province et devint leur tuteur.
Témoignage de Monsieur J-M R, témoin de la rafle.
A la manière de l’écrivain Georges Perec (dont la mère fut déportée à Auschwitz ou elle fut gazée en 1943), J-M.R. introduit son témoignage par la formule bien connue de ce dernier : "Je me souviens" répété trois fois.
Le ton grave empreint des images de ce souvenir fait écho au grand silence de l'assemblée.
Il est sept heures du matin ce 16 juillet 1942.
C'est depuis la fenêtre de l'appartement où il s'est caché pour la nuit avec sa mère qu'il voit les autres familles juives monter dans les bus stationnés au coin de la rue du Faubourg St Denis et de la rue d'Enghien. Parmi eux, son copain Simon W., qu'il n'a jamais revu.
Quand il scande d'une manière appuyée : " J'avais huit ans, Oui, je m'en souviens", rien ne bouge dans l'auditoire.
Un des locataires a vu la concierge montrer du doigt aux policiers, l'escalier C où étaient regroupées ces familles.
Ce jour là, il réalise que les jardins et le dernier wagon du métro sont interdits "aux Juifs et aux chiens", le couvre feu est à 20 heures pour eux au lieu de 22 heures pour les autres. ˝L'étoile jaune, que j'arborais presque avec fierté sur ma blouse grise d'écolier est devenue alors l'étoile de la honte. Ce jour là, j'ai perdu ma légèreté d'enfant, J'ai compris ce qu'est la peur de chaque jour".
Allocution du président du comité français pour Yad Vashem (Association fondée en 1981 afin de faire reconnaître et honorer ceux et celles qui en France sont venus en aide aux Juifs pendant la guerre).
˝Le 16 juillet 1942 la France, patrie des Lumières et des droits de l'homme, manquait à sa devise : Liberté, Egalité, Fraternité˝.
: ˝ Pendant six semaines jusqu'au 30 août 1942 vingt mille Juifs ont été déportés. Six semaines encore et quarante mille Juifs de France ont été arrêtés soit 2/3 de la population française. Les nazis avaient pris soin de donner l'ordre à la police française de ne laisser aucun enfant derrière eux."
Le 23 août 1942 l'Archevêque de Toulouse, Monseigneur Saliège, a lu sa fameuse lettre pastorale de protestation, déclarant notamment " ... Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos Frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier..."
Bon nombre de français ont sauvé des familles, parfois au péril de leur vie, Beaucoup de ces bienfaiteurs ont reçu le titre de "Justes parmi les Nations", décerné par Yad Vashem et par l'État d'Israël. Il a fallu cinquante ans pour que Jacques Chirac reconnaisse la responsabilité du gouvernement de Vichy dans la déportation des Juifs de France (17 juillet 1995).
Témoignage d’une arrière petite- fille de "Justes parmi les Nations "
Ses arrières grands-parents tenaient la boulangerie d'un petit village en Isère (qui n'était plus en zone libre à ce moment là). Ils ont caché sans hésitation deux enfants de 5 et 7 ans.
Ces enfants possédaient des papiers d'identité avec un nom d'emprunt.
Un de ces enfants, Jacques D. le petit garçon d'alors, assiste à la cérémonie.
C'est tardivement, qu'elle, leur arrière petite fille, et sa famille ont eu connaissance de cet épisode survenu sous l'occupation. Ses arrière-grands parents ont été reconnus "Justes parmi les Nations".
Chaque intervenant appelle de ses vœux à une lutte sans relâche contre les négationnistes pour que perdure la transmission, à l'heure où les témoins directs disparaissent.
Behring Breivik a commis un massacre politique précisément orienté. Il ne s’agit ni d’un attentat-suicide, ni d’un acte « aveugle ».
Il a abattu individuellement des jeunes participants à un rassemblement de jeunes de la gauche travailliste après s’en être pris au siège du gouvernement.
Il a dit lui-même qu'il avait voulu s'en prendre au Parti travailliste, au pouvoir en Norvège, parce que, selon lui, ce parti a trahi le pays. Breivik a voulu « porter un coup d'arrêt au recrutement de nouveaux membres au sein de ce parti », selon lui, « favorise la venue massive de musulmans en Norvège ».
Nous avons déjà entendu cette argumentation à de nombreuses reprises de la part de ces partis qui sont présents dans beaucoup de pays d’Europe de l’Ouest
C’est le cas notamment en France, en Italie, en Autriche, aux Pays-Bas, au Danemark, en Belgique, en Suisse…
Ces partis, plus ou moins relookés, concentrent leur agitation sur la défense de l’identité nationale et la dénonciation des musulmans et des immigrés.
Dans plusieurs pays, la droite traditionnelle cherche la voie d’une alliance avec ces partis parfois nommés "populistes".
Les partis d’extrême-droite « populistes » et islamophobes européens, ainsi que leurs alliés dans les partis de la droite traditionnelle tentent déjà de faire passer Brievik pour un dément isolé. Ils tenteront de faire valoir que ce n'est pas ce qu'ils voulaient dire lorsqu'ils parlent de « guerre totale » contre l’immigration et les musulmans.
Breivik a pourtant largement participé aux activités du parti norvégien de la droite radicale, nommé étrangement Parti du Progrès, ouvertement xénophobe dans un pays qui n’est pas confronté à une crise sociale.
Malgré l’image bucolique qui s’attache à elle, la Norvège a connu dans son histoire une convulsion violente qui a laissé des traces profondes : lors de 2e guerre mondiale, un gouvernement pronazi a été mis en place sous la direction de Quisling, dont le nom est d’ailleurs devenu le symbole de la collaboration avec un occupant.
Mais au-delà des particularités norvégiennes et scandinaves, c’est toute l’Europe qui est percutée par l’onde de choc de ces crimes.
Ils interpellent directement les partis de droite qui ont choisi la xénophobie comme instrument de conquête ou de maintien au pouvoir.
L'extrémisme politique de droite, nourri de nationalisme et de xénophobie, a cessé d'être un tabou puisque des dirigeants de la droite aussi déterminants que Sarkozy, Angela Merkel et Cameron défendent tous trois l'idée que ce qu'ils nomment péjorativement le « multiculturalisme » est un échec dans leur pays et qu’il faut « serrer la vis » contre les étrangers. (voir Europe : vague de racisme, les gouvernements responsables)
Quand un ministre de l’intérieur français martèle qu’on « ne se sent plus chez soi » n’encourage-t-il pas ainsi une atmosphère de violence ?
Entre autres crimes de la haine dans notre pays, rappelons que le 1er mai 1995 Brahim Bouaram, jeune marocain de 29 ans, a été assassiné par des militants d'extrême droite participant à un cortège du Front National qui l'ont jeté à la Seine.
D’ailleurs un dirigeant national du Front National, Laurent Ozon, membre de son bureau politique et proche de Marine Le Pen, a posté plusieurs messages dans lesquels il « explique » ainsi le crime de Breivik :
"Expliquer le drame d'Oslo: explosion de l'immigration: X6 (multipliée par 6, NDLR) entre 1970 et 2009".
«Je pense que cette dame n'a pas une culture très ancienne de la tradition française, de l'histoire française et des valeurs françaises».
En une phrase lancée contre Eva Joly, candidate à la présidentielle, Fillon a choisi de basculer dans le camp des dirigeants UMP qui font leurs les campagnes et obsessions du Front National.
Il symbolise ainsi la dérive d’une droite à bout de souffle, dont le seul ressort semble être l’escalade xénophobe.
Fillon s'empare de thématiques élaborées par l'extrême-droite depuis des dizaines d'années: dénonciation des "Français de papier" et de la bi-nationalité, lourdes plaisanteries sur les accents, traque des origines...
En effet lors de la précédente présidentielle, en 2007, JM Le Pen avait systématiquement mis en cause les « 3 grands parents étrangers de Sarkozy ».
Ainsi, dans une interview au Parisien du 15 Avril 2007, il faisait référence aux origines hongroises du candidat : " …Je dis à M. Sarkozy qu'il n'a pas ce passé qui constitue la structure de la nation" car un président, " … est en charge d'une incarnation du peuple et de la nation, et le fait d'avoir trois grands-parents étrangers n'est pas ce qui vous qualifie le plus pour cette fonction exceptionnelle".
À la question de savoir pourquoi il prenait autant pour cible Sarkozy, Le Pen répondait dans une autre déclaration : "…Il se trouve que Sarkozy a trois grands-parents étrangers sur quatre. Il peut être Français, ministre et même Premier ministre. Mais la fonction présidentielle a une dimension quasi-religieuse".
L’insistance sur les grands-parents et la « dimension quasi-religieuse » nous avait permis de comprendre et révéler qu’il s’agissait pour le chef du FN d’une référence codée au statut des Juifs de Pétain, prévoyant l’exclusion de la vie publique pour ceux qui avaient 3 grands-parents juifs, comme le montre le texte de ce statut:
« LOI portant statut des juifs
Source : Journal officiel, 18 octobre 1940, p. 5323.
Nous, Maréchal de France, chef de l'État français, Le conseil des ministres entendu,
Décrétons :
Article l". - Est regardé comme juif, pour l'application de la présente loi, toute personne issue de trois grands-parents de race juive ou de deux grands-parents de la même race, si son conjoint lui-même est juif.
Art. 2. - L'accès et l'exercice des fonctions publiques et mandats énumérés ci-après sont interdits aux juifs :
1. Chef de l'État, membre du Gouvernement, conseil d'État, conseil de l'ordre national de la Légion d'honneur, cour de cassation, cour des comptes, corps des mines, corps des ponts et chaussées, inspection générale des finances, cours d'appel, tribunaux de première instance, justices de paix, toutes juridictions d'ordre professionnel et toutes assemblées issues de l'élection..... »
Après l’élection de Sarkozy Le Pen avait creusé ce sillon: en juin 2007 il s’en était pris à Rachida Dati, alors ministre de la Justice, en ces termes : " question à Mme Dati: est ce que vous avez la nationalité marocaine, ou est-ce que vous avez la nationalité française ? vous devez choisir. Si vous choisissez la nationalité étrangère, vous serez des étrangers, respectés en France, mais selon le statut des étrangers, sans les avantages que moi je crois devoir réserver aux Français… »
Dès que la candidature d’Eva Joly a été connue, en Juillet 2010, JM Le Pen l’avait ainsi immédiatement attaquée : "…C'est une question de bon sens et de pudeur, une question de bienséance, on ne se présente pas à la présidence de la République d'un pays avec lequel on n'a pas de lien direct, même pas celui de la naissance" (conférence de presse du 14 juillet 2010)
Marine Le Pen, censée rompre avec l’extrémisme de son père, lui a emboîté le pas. Elle dénonce à son tour Eva Joly, en raison de sa double nationalité et lui conteste le droit de se présenter à l'élection présidentielle de 2012. Elle utilise pour cela la rhétorique classique de l’extrême-droite française en déclarant en janvier dernier :
"Quand on est candidat à la présidentielle (...) il faut avoir un lien charnel avec notre pays, avec notre peuple. Je trouve profondément indécent que quelqu'un qui est devenu français à 20 ans, qui a la double nationalité, puisse poser sa candidature... Il faut supprimer la double nationalité"
C’est à ce discours que se rallient Fillon et les autres chefs de l’UMP qui évoquent même « l’anti-France », selon une terminologie issue directement de l’extrême-droite des années 1930. C’est le cri classique du nationalisme français : « Dehors les métèques ! »
Il y avait déjà avait eu une première salve contre Strauss-Kahn, à l’époque favori des sondages.
Pour le dissuader de se présenter, les dirigeants UMP se sont montrés prêts à recourir à des attaques fortement teintées d’antisémitisme.
La première offensive est venue de Christian Jacob, président des députés UMP et proche de Copé en février dernier. Elle faisait référence aux « terroirs » dont DSK serait exclu, selon le modèle des attaques contre Léon Blum et Pierre Mendès-France
Puis, pour montrer qu’il ne s’agissait pas d’une simple plaisanterie, est ensuite venue l'explication de texte d’un « intellectuel » du gouvernement lors du pèlerinage « chrétien » de Sarkozy au Puy-en-Velay le 3 mars dernier.
L. Wauquiez, alors ministre des affaires européennes et agrégé d’histoire plongeait carrément dans l’univers des références du poujadisme, puisqu’il s'agissait pour lui des "racines"des uns et des autres ; il déclarait :"...Son discours (de DSK) est celui d'une mondialisation sans couleur, ni saveur, qui se joue dans des grandes capitales internationales, c'est très loin de nous tout ça... Dominique Strauss-Kahn, c'est Washington… C'est pas la Haute-Loire et c'est pas ces racines-là". C'est le mot "racines" qui livrait la clé du propos, visant à disqualifier celui qui en serait privé, selon le stéréotype historique du Juif errant, issu directement de l'anti-judaïsme de l'Eglise catholique.
Pourquoi tant de haine? décryptage
Dans le cas d’Eva Joly, il y a une dimension supplémentaire : en tant que juge, elle a osé défier la compagnie pétrolière ELF et les turpitudes financières dans cette affaire de l’ex-ministre mitterrandiste Roland Dumas, qui la poursuit depuis de sa vindicte.
Dumas , maintenant compagnon de route du Front national, a auparavant, dans sa fonction de président du Conseil Constitutionnel, rendu de distingués services aux dirigeants de la droite.
Il a ainsi fait valider les comptes de campagne d’Edouard Balladur en 1997, malgré les très lourds soupçons qui pesaient et pèsent toujours sur son financement ; Balladur était à l’époque soutenu par Sarkozy, Fillon, Pasqua…
Puis Dumas a fait adopter l’impunité des présidents pendant leur mandat, ce qui a permis à Chirac d’échapper à toute mise en cause judiciaire pendant de longues années.
Pour la droite et l’extrême-droite, Eva Joly est décidément une femme à abattre.
Casques bleus à Srebrenica face à la foule en juillet 1995
Mise à jour du 27 juin 2017: nouvelle et importante décision judiciaire contre l'impunité des autorités néerlandaises.
Six ans après ses premiers verdicts (voir ci-dessous) la justice néerlandaise prend en appel une décision importante et positive, bien qu'incomplète.
Elle juge que les autorités néerlandaises ont laissé se dérouler le génocide de Srebrenica, sans permettre le sauvetage des personnes qui tentaient de se réfugier dans l'enclave des Casques Bleus. C'est le résultat d'une longue bataille des victimes et de leurs avocats avec le soutien d'ONG néerlandaises et internationales, mobilisées pour la justice et contre l'impunité.
Cette reconnaissance est importante car elle trace la responsabilité des gouvernements qui laissent se dérouler des génocides et crimes contre l'humanité et n'interviennent pas pour sauver des vies humaines.
Le jugement résonne d'une part avec l'actualité immédiate face aux crimes du régime Assad et de Poutine en Syrie. D'ailleurs, en décembre dernier (2016), lors du siège et des massacres d'Alep, des enfants des victimes de Srebrenica avaient lancé un appel de solidarité avec les habitants d'Alep. Memorial 98 avait diffusé cet appel ( à écouter ici et à lire ici)
La condamnation des autorités néerlandaises concerne aussi le débat sur les responsabilités des autorités et de l'armée française dans le déroulement du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, un an à peine avant le génocide de Srebrenica. Des révélations confirment l'implication des pouvoirs publics et de hauts personnages de l'Etat dans sa mise en oeuvre. Toute la vérité doit être faite et les coupables éventuels doivent être jugés.
Enfin, la décision du tribunal d'appel représente un soutien aux victimes, rescapés et familles de victimes du génocide. Elles sont encore la cible du négationnisme des chefs serbes, soutenus par Poutine. La condamnation récente du génocidaire Karadzic a représenté un début de justice pour ce dernier génocide d'un 20e siècle qui en a tant connu . La décision du tribunal d'appel représente une étape supplémentaire, mais elle reste frappée par une absurdité évidente. Le jugement exonère en effet les autorités néerlandaises de 70% de leurs responsabilités, sous le prétexte pervers que même réfugiées dans l'enclave ONU, les victimes auraient été tuées. Ce calcul macabre représente une incitation à la non-prise de responsabilité de la part de ceux qui peuvent au moins tenter de sauver des vies en s'opposant aux génocidaires.
L'impunité des auteurs de ces tueries et massacres représente un facteur évident de récidive et de perpétuation des actes génocidaires. C'est pourquoi, plus que jamais, la mémoire des génocides nourrit nos combats.
La décision judiciaire:
L'Etat néerlandais est tenu "partiellement responsable" du décès de 350 musulmans lors du massacre de Srebrenica en 1995, selon un jugement de la Cour d'appel de La Haye rendu mardi."
La Cour juge que l'Etat néerlandais a agi illégalement" et "condamne l'Etat à verser une compensation partielle" aux familles des victimes, a déclaré la juge . Les Casques bleus néerlandais ont "facilité la séparation des hommes et des garçons musulmans tout en sachant qu'il y avait un risque réel qu'ils subissent un traitement inhumain ou qu'ils soient exécutés par les Serbes de Bosnie", a-t-elle expliqué.
Environ 8.000 hommes et garçons musulmans ont perdu la vie en 1995 lors du génocide de Srebrenica, théâtre des pires atrocités commises en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Les troupes néerlandaises, connues sous le nom de "Dutchbat", retranchées dans leur base, avaient recueilli des milliers de réfugiés dans l'enclave des Nations unies.
Mais elles avaient d'abord fermé les portes aux nouveaux arrivants, puis permis aux troupes serbes de Bosnie d'évacuer les réfugiés. Les hommes et les garçons avaient alors été séparés et mis dans des bus puis massacrés.
"Dutchbat aurait dû prévenir ces hommes des risques qu'ils couraient et aurait dû leur laisser le choix de rester dans l'enclave pendant que leur famille était évacuée", a poursuivi la juge.
Toutefois, la Cour d'appel condamne l'Etat néerlandais à verser seulement 30% des dommages et intérêts réclamés par les familles des victimes car elle "n'est pas certaine que ces personnes n'auraient pas été tuées plus tard même si elles étaient restées dans l'enclave."
Une cour inférieure avait déjà statué en 2014 que l'Etat néerlandais était responsable du décès de ces 350 hommes et garçons bosniaques.
L'Etat néerlandais avait fait appel du verdict, en disant que personne n'aurait pu prévoir un génocide. Plus de 200 Casques Bleus demandent également des dommages et intérêts au gouvernement pour les avoir envoyé à Srebrenica remplir "une mission irréaliste, dans des circonstances impossibles", selon les mots prononcés l'année dernière par la ministre de la Défense.
MEMORIAL 98
20.000 personnes se sont rassemblées ce lundi 11 juillet au mémorial Potočari, dans le contexte de l’arrestation récente et fort tardive du commandant du massacre, Ratko Mladic. (voir Mladic: un génocidaire enfin arrêté.)
Cette année, 613 victimes identifiées ont été enterrées dans le cimetière où reposent déjà plus de 4.500 victimes.. En juillet 1995, environ 8.000 hommes Musulmans, adultes et adolescents, ont été tués en à peine quelques jours par les forces serbes de Bosnie. Un génocide selon la justice internationale.
Le 5 juillet, 16 ans jour pour jour après les faits, le gouvernement des Pays-Bas a été pour la première fois jugé coupable de la mort de trois Musulmans en juillet 1995 à Srebrenica. En 2008, lors du jugement en première instance, les Pays-Bas avaient été jugés non coupables.
Le bataillon des casques bleus néerlandais était chargé de protéger, face aux menaces serbes, l’enclave musulmane déclarée zone protégée par l’Onu.
Le 11 juillet 1995, les forces des Serbes de Bosnie qui encerclaient Srebrenica, sous les ordres de Mladic ont pénétré dans la ville.
Les casques bleus néerlandais se sont alors retirés dans leur base, où presque 5.000 réfugiés trouvèrent protection. Mais 27.000 autres restèrent à la merci des Serbes.
8.000 hommes ont été tués et jetés dans les fosses communes par les forces serbes.Parmi les réfugiés du camp néerlandais,il y avait le traducteur du bataillon, avec toute sa famille (père, mère et petit frère),et l’électricien. Le 13 juillet, l’électricien et le petit frère du traducteur furent chassés du camp par les militaires néerlandais. Le père du traducteur les suivit. Les trois hommes furent massacrés avec les autres, et à la fin de la guerre, leurs proches déposèrent une plainte contre le gouvernement des Pays-Bas.
L’Etat néerlandais s’est défendu en soutenant que le bataillon n’était pas sous son contrôle, mais qu’il était commandé par l’ONU. Le tribunal a rejeté cette thèse, jugeant qu’« à cause de la situation extrêmement difficile et périlleuse », le gouvernement néerlandais avait progressivement repris le contrôle de ses hommes. Le tribunal a également estimé que le bataillon connaissait les risques et les dangers de la situation. En conséquence, les militaires néerlandais savaient qu’en excluant les trois hommes, ils les condamnaient à une mort certaine.
Sur cette base, les Pays-Bas ont été reconnus responsables de la mort des trois Bosniaques.
L’État a décidé de se pourvoir en cassation. Ce jugement pourrait en tout cas faire jurisprudence pour les 6.000 survivants et les proches des victimes.
Mais la plaie est encore ouverte, d’autant qu’aucun représentant serbe ne participait cette année aux cérémonies commémoratives
L’histoire se répète tragiquement : face à d’immenses manifestations, face aux massacres perpétrés à l’arme lourde, face à la dictature, les gouvernements assistent sans réagir au massacre du peuple syrien.
Le prétexte pour le quasi-silence face à la guerre menée contre le peuple, est que le régime syrien constituerait un « facteur d’équilibre » au Moyen-Orient.
C’est la vieille antienne qui considère que pour des impératifs « géopolitiques » certains peuples n’ont pas droit à la justice et à la liberté, ni même aux droits élémentaires.
Le pays est dominé par l’armée et les services secrets ; la famille Assad et ses alliés ont fait main basse sur l’économie, la police politique espionne toute activité, les enfants même sont menacés, battus, torturés.
Le soutien apporté par Chavez à cette dictature sanglante, comme à celle de Kadhafi, est un crime impardonnable.
Qu’attend la gauche française, qu’attendent les associations de défense des droits de l’homme pour organiser des initiatives de soutien au peuple syrien ?
Pourquoi cette arrestation survient-elle si tardivement? Quelles sont les responsabilités internationales dans le massacre génocidaire de Srebrenica, commis quasiment sous les yeux des troupes de l'ONU?
A l'occasion de l'arrestation de Mladic, nous publions un article mis en ligne sur notre site en juillet dernier. Memorial 98
La responsabilité de L’ONU et des grandes puissances.
Le 11 juillet 1995, alors que les milices serbes de Bosnie approchent de l'enclave de Srebrenica, des dizaines de milliers de civils prennent la route de Potocari, à 8 kilomètres de distance. C'est là qu'est basé le quartier général du bataillon néerlandais de soldats de la Forpronu (Force de protection des Nations unies). Quatre cent cinquante hommes y sont chargés d'assurer la protection des quelque 40 000 habitants de Srebrenica, en majorité des musulmans de Bosnie. Quand les miliciens serbes de Bosnie séparent les hommes des femmes, les soldats néerlandais regardent et laissent faire. Les hommes sont entassés dans des cars et seront exécutés. On dénombre environ 8 000 victimes à l'issue de ce massacre, qualifié de génocide par la Cour Internationale de Justice et par le TPIY. Parmi les hommes qui ont choisi de se placer sous la protection des Nations unies, pratiquement aucun n'a survécu. Ceux des habitants de Srebrenica qui se sont réfugiés dans les forêts, eux, ont eu un peu plus de chances de survie.
Le mandat de l'ONU en Bosnie prévoyait pourtant clairement un recours à la force en cas de besoin. Le 10 juillet, la veille du massacre, le commandant du bataillon néerlandais avait demandé au général français Bernard Janvier, qui assumait le commandement militaire des Nations unies en ex-Yougoslavie, de lancer des frappes contre les forces serbes de Bosnie. Mais il n'a pas été entendu. Deux avions de l'ONU ont bien décollé, mais sans effectuer de frappes significatives. En France, une mission parlementaire s'interrogea en 2001 sur les raisons de cette « erreur » du général Janvier et conclut que « Srebrenica est aussi un échec pour la France ». « La mission d'information est convaincue qu'en effectuant des frappes massives sur la route sud, la seule qui menait à Srebrenica, l'ONU et l'Otan auraient pu arrêter l'offensive », estimaient les auteurs du rapport. Le général Janvier avait rencontré Ratko Mladic, le chef militaire des Serbes de Bosnie, un mois avant le massacre. À l'époque, plusieurs centaines de Casques bleus étaient retenus en otages par les milices serbes. La commission parlementaire française n'exclut pas l'hypothèse qu'une entente ait été trouvée entre les deux hommes : la libération des otages contre la non-intervention de l'ONU à Srebrenica. Une autre hypothèse met en cause les autorités néerlandaises de l'époque. Le 11 juillet, le ministre de la Défense néerlandais aurait téléphoné au commandement de la Forpronu pour demander que les avions de l'ONU, qui avaient déjà décollé, regagnent leur base. Il aurait craint pour la vie des Casques bleus néerlandais.
L'affaire est extrêmement sensible aux Pays-Bas, au point qu'elle a contraint un Premier ministre à la démission. En 2002, un rapport officiel a été publié, estimant que les soldats néerlandais ont été confrontés à une « mission impossible » à Srebrenica, car ils étaient trop faiblement armés. Une plainte a également été déposée contre l'ONU par les familles des victimes de Srebrenica. Mais le tribunal néerlandais qui avait été saisi s'est dit incompétent, car l'ONU bénéficie de l'immunité. Les Nations unies ont reconnu leur responsabilité dans le massacre de Srebrenica en 1999. Un rapport présenté par son secrétaire général, Kofi Annan, reconnaissait alors la « faillite de la politique dans des zones de sécurité ». Le rapport ajoute : « La communauté des nations, en décrétant un embargo sur les armes, a laissé les Serbes dans une position de supériorité militaire écrasante et a, en fait, privé la République de Bosnie-Herzégovine de son droit de légitime défense, consacré dans la Charte des Nations unies ». « La fourniture d'une aide humanitaire n'était pas une initiative suffisante face aux opérations de ´´nettoyage ethnique´´ et de génocide ». « Srebrenica a été le révélateur d'une vérité que l'ONU et le reste du monde ont comprise trop tard, à savoir que la Bosnie était une cause morale autant qu'un conflit militaire. La tragédie de Srebrenica hantera à jamais notre histoire »
Dimanche 11 juillet 2010, plusieurs dizaines de milliers de personnes se recueilleront sur place et partageront leur douleur et leur colère face à l’impunité. Une délégation des associations de solidarité francophones sera présente. À dix jours de la commémoration des 15 ans des massacres à Srebrenica, un nouveau charnier vient d'être localisé à proximité de la ville. Les experts légistes supposent que la fosse contient des restes de victimes tuées dans un entrepôt agricole à Kravic; c’est là que plus de mille hommes ont été tués, parmi un total 8.000 hommes et adolescents bosniaques massacrés en quelques jours. Un crime qualifié de génocide par la Cour Internationale de Justice (CIJ) Près de 6.800 personnes ont déjà été identifiées, exhumées d’une centaine de fosses communes. Le 11 juillet, un enterrement collectif de 700 victimes nouvellement identifiées aura lieu au centre mémorial de Potocari, près de Srebrenica La reconnaissance du génocide Srebrenica ne doit pas occulter le reste de la Bosnie-Herzégovine, les autres massacres de masse perpétrés ne l’ont pas été, malgré la saisine de la CIJ par la Bosnie-Herzégovine. De plus, la CIJ n’a pas reconnu l’Etat serbe de l’époque comme responsable du génocide perpétré contre les non-serbes mais seulement de n’avoir pas empêché les massacres des Bosniaques (Musulmans) après la chute de Srebrenica. Or, les preuves existaient : les comptes-rendus du Conseil Suprême de Défense de la Serbie Monténégro de Milosevic en témoignent. Mais certaines pages ont été soustraites par des juges du Tribunal International pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) au procès de Milosevic, afin qu’elles ne soient pas connues de la CIJ. C’est pour avoir publié le contenu de deux décisions confidentielles de la chambre d'appel du TPIY, qui refusait de rendre publics certains documents que Florence Hartman ancienne porte-parole de la procureure, a été condamnée à 7000 euros d’amende par le TPIY . Elle a fait appel de ce jugement inique ; nous soutenons son combat, avec le collectif des associations(voir L'étrange procès de Florence Hartmann )
L'arrêt de la CIJ exigeait aussi de la Serbie qu'elle punisse les auteurs du génocide et cette obligation continue de s'imposer puisque les autorités de Belgrade n'ont toujours pas livré à la justice internationale le chef de l'armée des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, qui aux dires mêmes du Procureur en chef du TPIY, se trouve encore sur le territoire de la Serbie. Mladic doit être livré et jugé ! Dans ces conditions le déni prévaut encore et toujours dans les opinions publiques serbes, dans l’entité serbe de Bosnie, comme en Serbie même où quelques progrès sont toutefois constatés. Ainsi une reconnaissance partielle et une demande de pardon a été récemment formulée par les autorités, dans un contexte de demande d’adhésion à l’Union Européenne.
Lars Von Trier de retour au Festival de Cannes et à nouveau pour le pire. Il a été à invité malgré ses déclarations de 2011 , quand il avait exprimé sa "sympathie " pour Hitler lors de la conférence de presse de son film "Melancholia" (voir ci-dessous notre alerte de l'époque).
Alors que festival est censé mettre les femmes à l'honneur, suite à la mobilisation du mouvement #Metoo, celles-ci sont particulièrement brutalisées dans le film ultra-violent de Von Trier "The House that Jack Built". Sept ans après le scandale de ses propos sur Hitler, l'Allemagne nazie est aussi brièvement évoquée à travers des images d'avions allemands et même d'Hitler, alors que Jack parle de ce qu'il considère comme des "icônes".
La complaisance à l'égard de Von Trier lui permet ainsi de bénéficier d'une publicité maximale
Memorial 98
Ayons l’obsession de la mémoire de l’anti-nazisme.
Une réaction de Souâd Belhaddad.
Lars Von Trier, aujourd’hui. John Galliano, hier. Et peut-être (sans doute ?) d’innombrables anonymes, au comptoir d’un bar, dans un salon privé, exprimant des propos analogues : « Hitler a fait des mauvaises choses mais… », « I love Hitler… »
Combien de fois ai-je entendu que « bon, la Shoah, ça va, on en parle trop » ? Mais si, aujourd’hui, en 2011, ce que nous entendons publiquement, dans un café ou à une prestigieuse tribune cannoise est possible, à quoi cela a-t-il donc servi de « trop » en parler ?
Pour ma part, je pense qu’il faut en parler encore. Plus que jamais en cette période où l’Europe marque une croissance de l’extrême droite, où la France permet l’expression d’une parole raciste qui menace notre cohésion, il faut en parler.
Continuer de (tenter…) transmettre cette mémoire. Il faut en faire une obsession.
On le sait (ou ne veut-on pas le savoir ?): derrière ce nom de Hitler, c‘est le fascisme qui est relativisé – celui-là même qui reprend beaucoup de terrain en Europe. C’est le génocide des Juifs et des Roms et l’antisémitisme qui sont relativisés. C’est la banalité du mal qui est consacrée. La banalité du mal, nous y voilà désormais ! « Je pense qu’il a fait de mauvaises choses…Il n’est pas vraiment un brave type, mais je comprends beaucoup de lui et je sympathise un peu avec lui» dit Lars Von Trier à propos de Hitler – sans que personne de son équipe à ses côtés ne se lève pour quitter cette conférence de presse, même sans un mot, ne serait-ce que par signe de désapprobation.
Dans le café où Galliano a sévi, il s’agissait de clients anonymes autour.
Dans le cas de Vo
n Trier, ce sont des acteurs et actrices de renommée internationale, des journalistes… et donc la possibilité d’être vus par le monde entier, à travers leur réaction. Mais pas de réaction.
Des « mauvaises choses », cela s’appelle un génocide. Un génocide, c’est la planification puis la mise à exécution de l’extermination d’un peuple. Mais ces « mauvaises choses », c’est ce qui n’apparaît plus si important dans ce XXIe siècle, porteur d’une parole qui se libère de façon effrayante. Tout peut se dire désormais sur les Noirs, les Arabes,les Roms, les musulmans, les femmes.
Maintenant Hitler… La boîte de Pandore est désormais dangereusement ouverte. Prochaine étape ?
Avec une grande tristesse, je pense aux derniers rescapés des camps. Plus de soixante après la Shoah, beaucoup sont proches de disparaître. Bientôt, ils ne seront plus là pour dire, témoigner que « ces mauvaises choses » ont été les pires de l’Humanité. Un rescapé de génocide, par définition, est toujours seul « avec ça », cette tragédie. Aujourd’hui, comme ils doivent se sentir encore plus seuls.
Souâd Belhaddad
Auteur de SurVivantes, Rwanda dix ans après
La fleur de Stéphanie, Rwanda entre déni et réconciliation
Ciné Histoire est une association qui s’attache à montrer des films et des aspects peu connus de l’Histoire. Créée en 2004, l’association, outre son action pédagogique vers les scolaires, organise des journées grand public, dont des projections.
Les rendez-vous CINE HISTOIRE à Paris
Au cinéma La Pagode Tous les 1ers samedi du mois à 10h30
57 bis, rue de Babylone 75007 Paris
Métro : St.François Xavier/Sèvres Babylone
Tarif unique à 6 €
Le cinéma est un moyen privilégié de rendre audible, visible, la réalité d’une époque à ceux qui ne l’ont pas connue.
Le réalisateur développe sa vision singulière, il est donc prévu d’accompagner les projections par un débat avec des historiens et des témoins qui répondent aux questions du
La thématique actuelle des projections-débat porte sur « l’histoire occultée et l’histoire manipulée »
Le 7 mai prochain, à la veille du 66e anniversaire de la fin de la 2e guerre mondiale, sera projeté le film « Autopsie d’un mensonge » de Jacques Tarnero, en présence du réalisateur.
Ce film est basé sur de nombreux entretiens avec des historiens, des philosophes, des sociologues et des écrivains pour revenir aux sources et au développement des thèses négationnistes ; il comprend aussi des témoignages de survivants de la Shoah.
Les théories négationnistes, qui s’inscrivent dans le paysage politique depuis la 2e guerre mondiale, débordent largement les frontières de quelques groupuscules néonazis.
Le négationnisme s’est improvisé « science » et risque d’être banalisé via Internet
La projection suivante aura lieu le 4 juin et porte sur le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 avec l’intéressant film « Kigali , des images pour un massacre » de J.C. Klotz
Nous soutenons cette action en la faisant connaître à nos lecteurs parisiens.
Alors que le FN semble caracoler dans les sondages et que Marine Le Pen entend porter la veine "sociale" du fascisme, il est important de rappeler la continuité de ce parti, dont l'idéologie est basée sur la désignation de boucs émissaires.
Le combat contre la xénophobie, pour des politiques sociales inégratrices et non excluantes est un enjeu européen, alors que les extrêmes-droites prétendent se porter en défense des acquis sociaux, comme récemment en Finlande avec le parti des "vrais Finlandais".
A la veille du 1er mai et de la parade lepéniste qui a lieu ce jour là, nous nous souvenons que le 1er mai 1995 Brahim BOUARRAM, jeune marocain de 29 ans, a été assassiné par des militants d'extrême droite qui participaient à un cortège du Front National.
Comme chaque année nous nous retrouverons avec plusieurs associations sur le pont du Carrousel le 1er mai à 11h pour honorer sa mémoire.
Extrait du texte d’appel :
« …Oui, il faut barrer la route à l'extrême droite, barrer la route aux idées de haine qui ont tué Brahim Bouarram. C'est pourquoi toutes les organisations qui, depuis le 4 septembre 2010, se sont réunies « contre la politique du pilori et contre la xénophobie » appellent à un rassemblement le 1er mai 2011, à Paris à 11h au pont du Carrousel et dans le plus grand nombre possible de villes de France :• Pour rendre hommage à la mémoire de Brahim Bouarram et à toutes les victimes des crimes racistes• Pour dénoncer les discours et les lois xénophobes qui mettent en danger les étrangers et discriminent les citoyens selon leurs origines ou leurs croyances• Pour appeler à en finir avec tout ce qui, depuis des années, défigure la République… »
Le 4 mai prochain au Sénat, le Parti socialiste utilisera une niche parlementaire concernant la Proposition de loi tendant à réprimer la contestation de l'existence du génocide des Arméniens en 1915, en attente au Sénat depuis 5 ans après le vote de l'Assemblée nationale. Il est demandé de contacter en urgence le sénateur de votre territoire afin de mettre fin à ce blocage.