L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.
Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.
Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes
(Arménie, Rwanda, Shoah ...)
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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :
A la Libération Hergé figure dans la "Galerie des traitres" en raison de se collaboration au journal belge pro-nazi "Le Soir"
MEMORIAL 98
On célèbre actuellement en grande pompe le centenaire de la naissance d'Hergé. Il est assez peu question de sa collaboration avec les fascistes et collaborateurs pro-nazis de Belgique, ainsi que de ses dessins antisémites.
C'est d'ailleurs un phénomène général concernant les écrivains antisémites : un voile pudique enveloppe le plus souvent leurs turpitudes racistes. Parmi tant d'autres mentionnons Simenon, compatriote d'Hergé, qui a poursuivi ses tirades antisémites au lendemain de la deuxième guerre. C'est le cas aussi de Céline, qui a passé la même guerre à encourager publiquement l'extermination des juifs et à dénoncer individuellement certains d'entre eux. Il faut aussi mentionner Paul Morand, pétainiste bon teint, Giraudoux commissaire à la propagande de Pétain et dont la pièce la Folle de Chaillot, écrite en pleine guerre, disserte sur les effets néfastes de l'occupation de Paris par une race étrangère de spéculateurs et se termine par le gazage de ceux-ci. Dans la génération précédente il y eut Maurice Barrès, nationaliste anti-dreyfusard et antisémite forcené remis à l'honneur par Sarkozy pendant sa campagne (voir notre précédent article Sarkozy et le Front National)
Georges Remi, dit "Hergé", l'auteur de Tintin, fut le compagnon de route de plusieurs dirigeants de l’extrême droite belge. Issu des rangs de la droite catholique, tendance maurrassienne, Hergé fut l’ami de Léon Degrelle, dirigeant du fascisme en Belgique et nazi convaincu.
Après 1940, sa carrière professionnelle se poursuivra au sein du journal Le Soir, volé par la propagande nazie et dirigé par un quarteron de collabos.
Il est issu de la droite catholique marquée par les années 1930 et la situation politique de cette décennie.
Le dessinateur rencontre au collège bruxellois Saint-Boniface ceux qui incarneront l’extrême droite religieuse et culturelle: l’abbé Wallez, le véritable père spirituel d’Hergé, Paul Jamin, qui, sous le pseudonyme de "Jam", dessinera les caricatures antipolitiques et antisémites dans "Le Pays réel" organe du parti fasciste Rex, ainsi que Léon Degrelle lui-même, le "Chef" de cette formation.
Hergé a illustré la brochure de ce dernier, "Histoire de la guerre scolaire", en 1932. Juste avant la guerre, Hergé a prété son concours à un journal financé par l'ambassade d'Allemagne à Bruxelles: "L'Ouest" . Il y publie une série "neutraliste" intitulée les "Aventures de Mr Bellum" qui caricature violemment la position de la France en décembre 1939.
Quand les nazis s’installent en Belgique, le jeune dessinateur en profite largement.
Le journal " Le Soir ", dit "Le Soir volé" était alors dirigé par Raymond De Becker qui, issu des rangs démocrates-chrétiens, devint un adepte du national-socialisme. Contrôlé et toléré par les nazis, ce quotidien avait une diffusion maximale. A un moment donné, il tire à 300.000 exemplaires.
Tintin contribua au succès du quotidien. Les années 1940-1944 furent les meilleures pour Hergé. Il n’a jamais autant dessiné.
Les aventures de Tintin paraissent d'abord dans un supplément, "Le Soir Jeunesse". Parmi le lectorat du " Soir ", il fidélise un public de plus en plus tintinophile avec des dessins, en règle générale apolitiques, qui n’évoquèrent que rarement la guerre ou l’occupation.
Sauf dans " L’Etoile mystérieuse ", où une orientation clairement anti-américaine et antisémite se manifeste sans complexe.
Dans la première édition de L'Étoile Mystérieuse, l'expédition internationale à laquelle participe Tintin ne compte que des pays neutres ou membres de l'Axe nazi, et leur déloyal concurrent est sous pavillon américain et financé par un certain Blumenstein, nom à connotation juive. Ce nom sera remplacé par Bohlwinkelet le pavillon américain par celui d'un pays imaginairedans des versions ultérieures. Une planche qui caricaturait des marchands juifs, se réjouissant des affaires qu'ils allaient faire grâce à la fin du monde, avait été supprimée dans l'album.
L'œuvre d'Hergé contient aussi d'autres dessins douteux dans ce registre ; ils ont pratiquement tous été corrigés par la suite, à l'exception notable du nez de Blumenstein, que Hergé projetait de redessiner, sans jamais pourtant prendre le temps de le faire.
A la Libération, le "cas Hergé" fut rapidement oublié par les magistrats qui avaient alors de plus lourds dossiers à boucler.
La parution des "7 Boules de Cristal" sera interrompue le 3 septembre 1944. En quelques jours, Hergé est arrêté à quatre reprises, par la Sûreté de l'État, la police judiciaire, le Mouvement National Belge et le Front de l'indépendance. Son domicile est perquisitionné. Tous les journalistes ayant participé à la rédaction d'un journal pendant l'Occupation se voient interdire provisoirement toute publication.
Pendant cette période troublée, Hergé a écrit des récits d'évasion, évitant de faire référence à la situation politique internationale.
Mise à jour du 20 novembre 2016:
Les ventes des planches de Hergé continuent à battre des records de prix. Les millions d'euros s'accumulent. Un minimum de justice et de correction devrait conduirait à verser une partie de ces sommes à des victimes du nazisme ainsi qu'à des associations de lutte contre les idéologies de haine. Un tel geste constituerait une compensation à la collaboration de Hergé avec le nazisme.
Actualisation du 26 septembre 2016:
A l'occasion de la grande exposition Hergé qui s'ouvre ces jours-ci à Paris, on constate à nouveau à quel point la trajectoire du dessinateur est occultée, malgré les centaines d'articles qui lui sont consacrés.
Aucune mention de sa coopération avec les collaborateurs des nazis en Belgique et de son compagnonnage avec le chef fasciste local, Léon Degrelle.
Notre publication de 2007, à l'occasion du centenaire de la naissance de Hergé, est donc plus que jamais d'actualité.
La nouvelle équipe dirigeante de l’UMP est composée d’un triumvirat Gaudin-Hortefeux-Méhaignerie dont les deux premiers se sont illustrés dans la complaisance à l'égard du Front National.
Jean-Claude Gaudin, actuel maire de Marseille a, dès 1986, fait alliance avec le Front National pour être élu à la tête de la région PACA et gérer localement avec ce parti jusqu'en 1992, à coup de nominations et de désistements réciproques lors des échéances électorales. Cette gestion a servi de laboratoire et de "modèle" à des dirigeants régionaux de la droite qui ont finalisé leurs accords locaux en 1998.
Il a ensuite récupéré de nombreux cadres et élus FN locaux, rebaptisés « droite républicaine », sans avoir rien changé de leurs idées et de leurs pratiques.
Un des fleurons de ce recyclage est Daniel Simonpieri, maire de Marignane qu'il a conquise en 1995 sous la bannière FN, intégré à l'UMP par Gaudin en 2004, qui a déclaré au lendemain du premier tour de la présidentielle de 2007: «Beaucoup d'électeurs FN ont constaté que Nicolas Sarkozy disait les mêmes choses que Le Pen, mais que lui avait une chance de les mettre un jour en application. Ils ont donc voté utile. Parce qu'ils ont cessé de croire à l'accession de Le Pen au pouvoir». (dans Le Canard enchaîné du 25 Avril 2007).
En 1998 lors de la grande vague d’alliances entre la droite et le FN dans les conseils régionaux, la bataille pour une telle alliance en région PACA était menée par un autre dirigeant de l'UMP, Christian Estrosi, actuel ministre et très proche de Sarkozy.
Cela ne l'a pas empêché de déclarer récemment dans la presse israélienne que Sarkozy était le « candidat naturel des juifs de France » et de multiplier les initiatives en direction des institutions juives.
En 1998, le même Gaudin organisait la scission de l’UDF qui refusait l’alliance avec le FN et créait le parti Démocratie Libérale avec Madelin, Raffarin…
Le second « triumvir » de l'UMP est Brice Hortefeux, proche compagnon et ami de Sarkozy qui s’est illustré ces dernières semaines par un grossier appel du pied au Front National.
A la veille du premier tour, le 13 Avril, il s’est déclaré en faveur de l’élection de députés à la proportionnelle, contrairement à la doctrine habituelle de la droite UMP. Il s’agissait clairement d’un signal d’ouverture à l’égard du FN. Ce qui est apparu comme un dérapage tactique s’inscrivait dans la continuité de la campagne sarkozyste toute entière tournée vers la récupération de l’électorat FN (voir nos précédents articles).
Le trio dirigeant actuel représente la vérité profonde de la campagne de Sarkozy et le secret de son succès.
Les cautions qu'apporteraient des ralliés venus du camp de la gauche et la trahissant ne feraient qu'aggraver la confusion et le mensonge.
Le nouveau président élu a décidé de ne pas participer aux cérémonies du 8 Mai commémorant la défaite du nazisme.
La même situation de transition entre deux présidents s'était déroulée différemment en 1995: Chirac, invité par Mitterrand, avait pleinement participé aux cérémonies.
Cette décision est d'autant plus choquante que le candidat Sarkozy avait, il y a quatre jours, organisé une opération de récupération médiatique de la Résistance, sur le plateau des Glières.
Cette manipulation a d'ailleurs provoqué une vive protestation des représentants locaux de la Résistance qui organisent un rassemblement le 13 Mai afin de rendre publique leur réprobation (voir notre article précédent Résistants des Glières contre Sarkozy )
Le malaise s'est encore alourdi avec le discours de victoire de Sarkozy le 6 Mai.
Il y a de nouveau attaqué la "repentance" qui conduit à "la haine de soi". Cette tirade récurrente témoigne de la volonté de réécrire l’histoire pour une exaltation nationaliste.
Ce sont notamment la colonisation et la collaboration des autorités françaises avec l’occupation nazie qui sont révisées. On comprend dès lors que Sarkozy ne tienne pas à figurer le 8 Mai aux côtés de Chirac. Celui-ci avait déclaré le 16 juillet 1995, lors de la commémoration de la rafle du Vel' d'Hiv': "
...Ces heures noires souillent à jamais notre histoire et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été, chacun le sait, secondée par des Français, secondée par l'État français. La France, patrie des Lumières, patrie des Droits de l'homme, terre d'accueil, terre d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable..."
Cette reconnaissance, fruit du combat acharné contre la négation, constitue depuis un acquis de l'histoire du pays. Ainsi Lionel Jospin, qui avait succédé à François Mitterrand à la tête du Parti socialiste, lorsqu'il fut le candidat de la gauche à l'élection présidentielle de 1995, avait pris d'emblée du recul, au nom du « droit d'inventaire » par rapport aux positions de Mitterrand à l'égard du régime de Vichy, et notamment aux liens d'amitié qui unissaient ce dernier à René Bousquet, ancien dirigeant de la police du régime pétainiste.
Devenu Premier ministre de cohabitation en juin 1997, Jospin s'est exprimé clairement dès le 16 juillet de la même année, à l'occasion du 55ème anniversaire de la rafle du Vélodrome d'Hiver et sur le même registre : "Cette rafle fut décidée, planifiée et réalisée par des Français. […] Ce crime doit marquer notre conscience nationale. Rappeler cela, si cruelle et révoltante que soit cette réalité, ne nous conduit pas à confondre le régime de Vichy et la République, les collaborateurs et les résistants, les prudents et les « justes ». Il s'agit seulement de reconnaître avec solennité, comme le fit le président Jacques Chirac il y a deux ans, qu'un gouvernement, une administration de notre pays, ont alors commis l'irréparable..."
Il est à noter que des proches de Sarkozy ont déjà, dans le passé, remis en cause cette avancée du travail de mémoire.
Ainsi le 21 octobre 1997, lors de la séance des questions à l'Assemblée nationale, en marge du procès Papon et pour répondre à un article de Philippe Séguin qui interpellait dans Le Figaro le gouvernement et y dénonçait déjà l'« esprit d'autoflagellation », Lionel Jospin réaffirma ainsi la nécessité de mener « l'effort de recherche sur notre passé » : " Oui, des policiers, des administrateurs, des gendarmes, une administration, un État français ont perpétré, ont assumé devant l'histoire, des actes terrifiants, collaborant avec l'ennemi et avec la « solution finale » […] Mais il n'y a pas de culpabilité de la France parce que, pour moi, la France était à Londres ou dans le Vercors, […] parce que Vichy était la négation de la France, en tout cas la négation de la République..."
L’absence du futur président Sarkozy lors de la commémoration du 8 Mai 2007 prend ainsi valeur de symbole. Déjà Giscard d'Estaing avait supprimé cette commémoration en 1975; elle fut rétablie en 1981.
Sarkozy mène un combat acharné pour remodeler les valeurs et l’Histoire, il faut relever ce défi !
Zemmour profane la mémoire des résistants des Glières. Il vient de se rendre devant le monument des résistants antinazis.
Le pétainiste et poutiniste, raciste et antisémite, a donc osé se revendiquer de ceux dont le combat est exactement l'inverse totale de sa haine fasciste.
Nous publions la déclaration des responsables locaux de la Résistance après l'opération médiatique de Sarkozy le 4 Mai à la veille du second tour de la présidentielle sur le plateau des Glières et nous associons à leur déclaration.
Résistants indignés au Plateau des Glières :
"Non, M. Sarkozy, les combattants des Glières ne sont pas récupérables !"
Des citoyens haut-savoyards soutenus par trois figures de la résistance en Haute-Savoie, Walter Bassan, déporté, résistant, rescapé de Dachau, Robert Lacroix, résistant, et Constant Paisant résistant, ancien des Glières, disent leur indignation et lancent un appel à un rassemblement sur le plateau des Glières dimanche 13 mai 2007 à midi pour dire
: "Non, M. Sarkozy, les combattants des Glières ne sont pas récupérables !"
M. Sarkozy vient de réaliser une opération médiatique sur le lieu des combats de 1944, aux Glières. Tantôt marchant absolument seul vers le monument, tantôt serré par des parlementaires de son parti et entouré de micros et caméras, il est certain que M. Sarkozy disposait d’un bon metteur en scène ce vendredi 4 mai 2007.
Les dialogues étaient beaucoup moins affûtés : parler de la « sérénité » du lieu s’accommodait bien mal de la bousculade médiatique de ce jour là.
Et les propos polémiques contre sa concurrente au poste de la Présidence de la République face aux micros tendus n’étaient pas dignes d’être proférés sur le lieu même du sacrifice des Résistants Unis.
M. Sarkozy ne sert pas la mémoire des Glières et de la Résistance. M. Sarkozy se sert des Glières.
Nul ne lui contesterait le droit de rendre un hommage personnel et discret aux hommes tombés ici. Nul ne lui contesterait le droit de rendre un hommage public dans une fonction officielle.
Nous lui contestons le droit de récupérer un symbole historique au service de son ambition personnelle, dans une mise en scène détestable à quelques heures du scrutin. La mémoire des combattants des Glières appartient au peuple français. Les avancées politiques issues de ces sacrifices et des combats de toutes les Forces Françaises de l’Intérieur doivent être défendues. Le programme du Conseil National de la Résistance, unifiant les composantes combattantes a permis des avancées sociales extraordinaires à la Libération. Nous, nous y souscrivons toujours. Nous appelons à un rassemblement digne sur le plateau des Glières, autour d’un repas tiré du sac et fraternellement partagé, dimanche 13 mai 2007 vers midi : citoyennes et citoyens sont conviés à montrer que ce sont des gens du peuple, d’origines très diverses, qui se sont dressés ici contre l’oppression. Non, aucun politique en campagne, de quelque bord qu’il soit, n’aurait dû venir entacher l’esprit du plateau.
Depuis la proclamation par Charles Pasqua des « valeurs communes » de la droite et de l’extrême droite lors de la campagne présidentielle de 1988, cette convergence demeure une question récurrente.
Masquée partiellement lors des mandats de Chirac, elle rebondit avec force lors de la campagne actuelle. D’abord fondamentalement en raison de l’orientation de Sarkozy depuis 2002 vers un populisme d’exclusion symbolisé par les fameux « Racaille » et « « nettoyage au Karcher »
Dans la campagne électorale elle-même Sarkozy a multiplié les gestes concrets en direction du Front National.
il a appelé publiquement à fournir des signatures à Le Pen afin que celui ci puisse se présenter. Il ne s’agit pas de paroles en l’air ; la députée UMP Nadine Morano, très proche du candidat UMP, a elle même collecté ces signatures pour Le Pen comme l'indique le Canard enchaîné, jamais démenti, dans son édition du 11 Avril 2007 : "En Meurthe-et-Moselle, par exemple, Nadine Morano, en bon petit soldat, réunit des maires ruraux début mars; “Nous étions cinq ou six à être désignés pour signer en faveur de Le Pen. Nadine nous a demandé d’envoyer nos parrainages non pas directement au Conseil constitutionnel, mais au siège du comité de soutien départemental de l’UMP. C’est elle, ensuite, qui les a emmenés à Paris”, raconte l’un d’eux".
Puis Brice Hortefeux, proche conseiller de Sarkozy et souvent commis aux basses œuvres, a lancé l'idée de la proportionnelle afin de complaire au FN.
Au plan politique et symbolique c’est sans doute le projet de création d’un ministère de « l’immigration et de l’identité nationale » qui concrétise le plus fortement et le plus ouvertement une référence forte à cette menace d’ « envahissement » qui depuis cent ans, constitue en France la bannière du nationalisme.
C’est aussi dans la mise en scène des meetings que se déploie cette rhétorique, quand le candidat les conclut maintenant systématiquement par la formule « vive la République et surtout vive la France »
D’ailleurs lorsque le Monde l’interroge le 26 Avril:
« …Avez-vous des valeurs communes avec le FN ? », Sarkozy répond : « Mes valeurs sont les valeurs de la République : travail, mérite récompense, fraternité, autorité, exigence, récompense… ».
Cette énumération, qui s’oppose explicitement aux termes de la devise républicaine en soustrayant la Liberté et l’Egalité, est parfaitement choisie pour sa compatibilité avec les « valeurs » du FN
La récupération directe des voix du FN vers Sarkozy vient parachever cette campagne menée depuis 2002 Daniel Simonpieri, maire de la ville de Marignane (13) qu'il a conquise en 1995 sous la bannière FN, maintenant à l'UMP, déclare ainsi, sans non plus être démenti: «Beaucoup d'électeurs FN ont constaté que Nicolas Sarkozy disait les mêmes choses que Le Pen, mais que lui avait une chance de les mettre un jour en application. Ils ont donc voté utile. Parce qu'ils ont cessé de croire à l'accession de Le Pen au pouvoir». ( Le Canard enchaîné du 25 Avril 2007)
Sarkozy veut récupérer l’électorat et sans doute les cadres du Front National, alors que se profile le retrait de Le Pen.
Le soubassement « théorique » de ce rapprochement avec le FN, au delà des invectives de campagne entre Le Pen et Sarkozy, est à chercher dans la tentative acharnée du candidat UMP et de son entourage, truffé d’anciens du groupe fasciste et antisémite Occident (Devedjian, Longuet…) de réhabiliter une droite dure et décomplexée dont l’effacement remonte à la guerre.
Comme le résume Devedjian, cité dans le Monde du 10 avril 2007 : "La droite est sortie honteuse de la guerre. Depuis la Libération, la gauche exerce un magistère moral sur l'histoire, distribuant les bons et les mauvais points : à gauche le parti des fusillés, à droite les collaborateurs. Même Chirac n'a jamais dit qu'il était de droite, et Jospin n'a pas hésité à dire de la droite qu'elle était héritière d'un courant anti-dreyfusard, antisémite et raciste." Puis poursuit "Il a sorti nos valeurs de la réclusion, il redonne sa dignité à la droite, analyse M. Devedjian, pour qui "la droitisation de la société permet aujourd'hui ce réajustement idéologique qui anticipe la victoire politique". M. Guaino (rédacteur des discours de Sarkozy) renchérit : "Ce travail sur l'histoire est un travail préalable pour convaincre les gens qu'ils peuvent refaire les grandes choses qui ont été faites avant eux."
Acharné contre ce qu'il appelle la "repentance nationale » Sarkozy remet aussi en cause l’avancée que constitue la déclaration officielle de Chirac en 1995 concernant le rôle de l'Etat français de Vichy (voir nos articles:"Sarkozy jette aux orties la reconnaissance de la participation de la France à la Shoah" et "Sarkozy encense Maurice Druon, ami et soutien de Papon")
De plus il attribue aux Allemands (et pas aux nazis !) la responsabilité unique du génocide. Or qui a promulgué un statut d'exclusion des juifs dès Octobre 1940 de manière volontaire et autonome? l'Etat français. Qui a décidé la déportation des enfants, non demandée par les nazis? Laval.
Sarkozy va chercher très loin et très à droite les sources de cette révision idéologique.
Dans son discours de Metz le 17 Avril, il commence par invoquer les mannes de Maurice Barrès: « et sur la colline inspirée de Sion, Barrès priait d’un même élan du coeur la Vierge, la Lorraine et la France et écrivait pour la jeunesse française le roman de l’énergie nationale ». Qui est Barrès ? un nationaliste d’extrême droite antidreyfusard, qui affirma notamment : "Je n'ai pas besoin qu'on me dise pourquoi Dreyfus a trahi. En psychologie, il me suffit de savoir qu'il est capable de trahir et il me suffit de savoir qu'il a trahi. L'intervalle est rempli. Que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race…Quant à ceux qui disent que Dreyfus n'est pas un traître, le tout, c'est de s'entendre. Soit ! Ils ont raison : Dreyfus n'appartient pas à notre nation et, dès lors, comment la trahirait-il ? Les Juifs sont de la patrie où ils trouvent leur plus grand intérêt. Et par là on peut dire qu'un juif n'est jamais un traître."
Maurice Barrès, "Ce que j'ai vu à Rennes", Scènes et doctrines du nationalisme, 1902, après que la justice ait reconnu que les » preuves »étaient fausses.
Barrés est de nouveau appelé à la rescousse lors du meeting de Rouen le 24 Avril.
Quand Sarkozy cite à plusieurs reprises Jaurès et Blum, il ne s’agit nullement d’une innovation inspirée mais de la reprise de discours de l’écrivain nationaliste et ex-de gauche Max Gallo appelant dès 1996 à
" réconcilier Louis XIV et les soldats de l'an II, Péguy et Jaurès, Blum et même Brasillach (écrivain fasciste fusillé en 1946 pour collaboration et délation) "
Face à cette entreprise sarkozyste de réécriture de l’Histoire, dont l'ampleur est sous-estimée, un vaste et profond combat s’engage: nous y participons!
Sarkozy fait appel à un "témoin de moralité" qui a témoigné pour Papon lors de son procès en 1998 et y a insulté les déportés et leurs enfants
Le candidat de l'UMP est engagé dans une entreprise de réhabilitation de la droite "décomplexée" et de ses valeurs . Il butte sans cesse sur la colonisation et sur la collaboration d'une grande partie de la droite avec la nazisme à travers le régime de Vichy (voir notre article précédent. Sarkozy jette aux orties la reconnaissance de la participation de la France à la Shoah)
Dans sa recherche de légitimité gaulliste, Sarkozy a été se faire adouber le 1er mars dernier par Maurice Druon. On a surtout retenu de cette épisode la complaisance des journalistes qui ont réjoui Sarkozy et Druon en entonnant le "chant des Partisans" auquel Druon a contribué. Du coup personne ou presque n'a relevé que Druon a témoigné en faveur de Papon lors du procés de ce dernier en 1997. L'académicien ultra-réactionnaire avait scandalisé lors de l'audience en dénonçant la passivité des Juifs déportés (voir ci-dessous le compte rendu de son témoignage par le journal Sud-Ouest ); il avait aussi mis en cause les parties civiles du procès les accusant d'être les "alliés des fils des bourreaux" parce qu'ils mettaient en cause les autorités collaborationnistes françaises de l'époque et pas exclusivement les "Allemands", selon son expression.
On retrouve une argumentation identique à celle de Druon dans le discours de Sarkozy notamment à Nice le 30 Mars: "Je veux leur dire qu'ils auront à choisir entre ceux qui assument toute l'Histoire de France et les adeptes de la repentance qui veulent ressusciter les haines du passé en exigeant des fils qu'ils expient les fautes supposées de leur père et de leurs aïeux. Je suis de ceux qui pensent que la France n'a pas à rougir de son histoire. Elle n'a pas commis de génocide. Elle n'a pas inventé la solution finale. Elle a inventé les droits de l'Homme et elle est le pays du monde qui s'est le plus battu pour la liberté."
Druon a déclaré le 1er mars que Sarkozy faisait partie de sa "descendance" politique; en effet !
Le procès Papon s'est terminé en Avril 1998 et c'est au même moment que la droite a passé des accords avec le Front national dans 5 régions pour diriger ensemble ces institutions. Raffarin et Longuet, dirigeants de la campagne de Sarkozy ont à l'époque crée le parti " Démocratie Libérale" pour soutenir ces accords. Gaudin, vice-président de l'UMP avait déjà dirigé avec le FN dans sa région...Ils ne sont jamais revenus sur ces forfaitures
Le témoin suivant est Maurice Druon, 79 ans, Secrétaire perpétuel de l'Académie Française, ancien ministre, ancien député et parlementaire européen, ancien engagé des Forces Françaises Libre. Il avance, la canne sur le bras, et dépose longuement, comme un discours à l'Académie. Il rappelle d'abord que le jury d'honneur a reconnu les actes de résistance de Maurice Papon et ne tait pas une certaine ironie : « Je me demande si les membres du jury d'honneur et les témoins qui ont été entendus étaient des débiles mentaux, oublieux ou complaisants ! ». Il se livre ensuite à un véritable plaidoyer en faveur de l'accusé et surtout à une virulente critique du procès qui lui est fait : « Comment le juger devant un jury populaire lorsque un jury de 35 millions de personnes a élu par deux fois un homme décoré de la Francisque et médaillé de la Résistance ? ». Le nom de François Mitterrand n'est jamais prononcé.
«Un français symbolique»
Maurice Druon précise qu'il n'a aucun lien particulier avec Maurice Papon qu'il a rencontré lorsqu'il était parlementaire et ministre mais témoigne de « rapports courtois, cordiaux, sans effusion. Il m'a toujours paru un homme très intelligent, très vif, efficace, froid et toujours patriote ».
Pendant la guerre, Maurice Druon était à Londres. Il affirme qu'avant le printemps 1945, on ne connaissait pas la solution finale : « si on avait su, il n'y aurait pas eu de préfets et de sous-préfets pour signer les ordres de déportation, il y aurait eu moins de Juifs passifs, attendant qu'on vienne les arrêter, cousant leur étoile jaune sur leur vêtement, ils ne seraient pas restés là à attendre comme des groggys offerts aux sacrificateurs ». Un brouhaha monte dans la salle.
Maurice Druon refuse que l'on refasse le procès de Vichy : « Il a été fait à la Libération. On pensait alors que le chapitre noir était fermé et qu'il n'aurait pas à être rouvert sinon dans les livres d'histoire. Si on veut rechercher des coupables, en Allemagne, il y a assez d'anciens SS, de gestapistes à traduire devant la justice comme des lois européens le permettent ». Il assure, en effet, que ce procès profitera seulement à l'Allemagne : « Si l'on se met à condamner un français symbolique, il leur sera facile de dire : on est tous pareils, les Français sont aussi moches que nous, il y aura une dissolution de la responsabilité , de la culpabilité, c'est pour celà que je suis venu devant vous ». Il ajoute : « Il y a un paradoxe de voir les fils des victimes devenir les alliés objectifs des fils des bourreaux ». Un murmure d'indignation ponctue son propos. Me Jacob, de sa voix éraillée, n'accepte pas qu'en fils de résistant juif, on en fasse un complice des bourreaux. Maurice Papon qui tient toujours sa tête posée sur sa main gauche a la parole en dernier. Sa voix est faible : « J'observe toujours une dérive pour engager le procès du général De Gaulle. Je partage la véhémence de Maurice Druon, je me sens en bonne compagnie ».
"Jean-Marie Le Pen et les origines de Nicolas Sarkozy
Jean-Marie Le Pen a de nouveau évoqué, mardi 17 avril, sur France 2 les origines étrangères des parents de Nicolas Sarkozy. M. Sarkozy "qui n'a somme toute qu'un grand-parent français n'est peut-être pas le mieux qualifié pour incarner la France et le peuple français comme doit le faire le président de la République" a-t-il dit. Dans Le Parisien du 15 avril, le président du Front national avait précisé : "Le fait d'avoir trois grands-parents étrangers n'est pas ce qui vous qualifie le plus pour cette fonction exceptionnelle." Selon l'association Mémorial 98, qui milite contre le racisme et l'antisémitisme, ce rappel sur les "trois grands-parents (est) une référence directe, bien que codée, au statut des Juifs de 1940 qui fixait ce critère pour exclure les Juifs des fonctions publiques et électives". Il se trouve que Benedict Mallah, le grand-père maternel de M. Sarkozy, était d'origine juive."
Le Pen utilise le statut des Juifs promulgé par le régime de Pétain pour attaquer Sarkozy
Le Pen multiplie les dénonciations à l'encontre de Sarkozy.
Il fait référence dans son interview du Parisien du 15 Avril 2007 aux origines hongroises de celui-ci : "Je dis à M. Sarkozy qu'il n'a pas ce passé qui constitue la structure de la nation", lance-t-il.
Il proclame que le président de la République "est en charge d'une incarnation du peuple et de la nation, et le fait d'avoir trois grands-parents étrangers n'est pas ce qui vous qualifie le plus pour cette fonction exceptionnelle".
Ces " trois grands-parents étrangers" constituent une référence directe et codée au statut des Juifs de 1940 édicté par Pétain et qui fixe justement ces critères des " trois grands parents " et exclut d'ailleurs les Juifs des fonctions publiques et électives (voir ci-après).
Source : Journal officiel, 18 octobre 1940, p. 5323.
Nous, Maréchal de France, chef de l'État français, Le conseil des ministres entendu,
Décrétons :
Article l". - Est regardé comme juif, pour l'application de la présente loi, toute personne issue de trois grands-parents de race juive ou de deux grands-parents de la même race, si son conjoint lui-même est juif.
Art. 2. - L'accès et l'exercice des fonctions publiques et mandats énumérés ci-après sont interdits aux juifs :
1. Chef de l'État, membre du Gouvernement, conseil d'État, conseil de l'ordre national de la Légion d'honneur, cour de cassation, cour des comptes, corps des mines, corps des ponts et chaussées, inspection générale des finances, cours d'appel, tribunaux de première instance, justices de paix, toutes juridictions d'ordre professionnel et toutes assemblées issues de l'élection.....
Des sites de l'extrême-droite traditionelle et de la mouvance Dieudonné-Soral font aussi constamment référence aux origines hongroises et juives de Sarkozy.
Il est d'autant plus choquant que ce dernier poursuive la recherche d'une alliance avec le FN xénophobe et antisémite et le valorise constamment.
Sarkozy nie les méfaits de l'entreprise coloniale française et de ses crimes de guerre.
Au passage, il révise l'histoire du nazisme et veut effacer la participation des militaires et policiers français à la déportation des Juifs, à la torture et à la guerre contre les peuples colonisés ainsi que la complicité des autorités françaises dans le génocide rwandais.
Sarkozy explore les voies d'une alliance avec le Front National; les déclarations de son plus ancien et plus proche conseiller Hortefeux sur la proportionnelle le confirment après tant d'autres gestes et notamment son appel pour que Le Pen obtienne des signatures d'élus.
Dans sa volonté réaffirmée de réhabiliter "la fierté nationale " et notamment les bienfaits de la colonisation, Sarkozy en vient à réécrire l'histoire du nazisme et de la collaboration.
Ainsi dans le discours de Nice ci-dessous il récuse toute "repentance", jettant d'ailleurs aux orties le dscours de Chirac en 1995 qui reconnaissait la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs.
Nicolas Sarkozy à Nice Vendredi 30 mars 2007
....Je veux redonner à tous les Français la fierté d'être Français.
Je veux leur dire qu'ils auront à choisir entre ceux qui assument toute l'Histoire de France et les adeptes de la repentance qui veulent ressusciter les haines du passé en exigeant des fils qu'ils expient les fautes supposées de leur père et de leurs aïeux.
Je suis de ceux qui pensent que la France n'a pas à rougir de son histoire. Elle n?a pas commis de génocide. Elle n'a pas inventé la solution finale. Elle a inventé les droits de l'Homme et elle est le pays du monde qui s'est le plus battu pour la liberté.
Je veux dire que durant la guerre tous les Français n'ont pas été pétainistes, qu'ils y a eu aussi les héros de la France libre et de la résistance, que si certains Français ont dénoncé des Juifs à la Gestapo, d'autres, beaucoup plus nombreux, les ont aidés au péril de leur vie, que des mères ont caché des enfants juifs parmi leurs propres enfants.
Je veux dire que dans les colonies, tous les colons n'étaient pas des exploiteurs, qu'il y avait parmi eux beaucoup de gens courageux qui avaient travaillé dur toute leur vie, qui n'avaient jamais exploité personne, qui avaient construit des routes, des hôpitaux, des écoles, qui avaient enseigné, qui avaient soigné, qui avaient planté des vignes et des vergers sur un sol aride, qui ne devaient rien qu'à eux-mêmes, qui avaient beaucoup donné à une terre où ils étaient nés et qui un jour n'ont eu le choix qu'entre la valise et le cercueil. Ils ont tout perdu. Je veux qu'on les respecte...
Je veux que la France reconnaisse sa dette, vis-à-vis des harkis et des supplétifs d'Indochine et qu'elle l'honore. C'est une question d'honneur et l'honneur pour moi c?est encore une vertu cardinale pour un homme comme pour une nation.
Je veux dire aux Français que le 22 avril et le 6 mai, ils auront à choisir entre ceux qui sont attachés à l'identité nationale et qui veulent la défendre et ceux qui pensent que la France a si peu d'existence qu'elle n'a même pas d'identité.
Dans le fameux dialogue philosophique et "génétique" avec M. Onfray (Philosophie- Magazine) Sarkozy insiste:
"Qu'un grand peuple démocratique participe par son vote à la folie nazie, c'est une énigme. Il y a beaucoup de nations à travers le monde qui traversent des crises sociales, monétaires, politiques, et qui n'inventent pas la solution finale ni ne décrètent l'extermination d'une race. Mieux vaut admettre qu'il y a là une part de mystère irréductible plutôt que de rechercher des causes rationnelles."
Tout est mensonge dans cette explication qui tend à opposer deux peuples alors que ce sont des systèmes politiques d'oppression qui sont en cause.
Ce n'est pas le "peuple allemand" qui a inventé la solution finale mais le régime nazi.
Celui ci n'est pas venu au pouvoir par les élections mais par la violence et en raison de la tragique division de la gauche. Ainsi lors des derniers scrutins de 1932, à la présidentielle du 13 Mars Hitler a obtenu 30,1% et a été battu au deuxième tour par Hidenburg, lors des législatives de Juillet 1932, au summum de sa poussée le parti nazi a obtenu 37,4 % mais lors des législatives de Novembre 1932 (les dernières élections libres) il retombe à 33,1 en perdant 2 millions de voix. La nomination de Hitler comme chancelier en Janvier 1933 ne doit donc rien à une victoire électorale. C'est le début de la destruction des libertés, accelérée par l'incendie du Reichstag.
La déportation des Juifs de France n'est pas le fait "d'individus qui ont dénoncé à la Gestapo" mais d'un système dans lequel le régime de Vichy a eu toute sa part en instituant dès Octobre 1940 le statut d'exclusion des Juifs, en mettant ses fonctionnaires au service de la déportation et en décidant la déportation des enfants. C'est encore le spectre de Papon qui rôde.
Voir aussi nos précédents articles
Dans son entreprise de réhabilitation des valeurs de la droite radicale, Sarkozy est prêt à aller très loin, aussi bien dans des aliiances avec l'extrême droite que dans la révision de l'histoire du 20eme siècle.
Le dirigeant du FN jubile et utilise un langage codé
Dans une longue interview au Monde du 5 Avril , Le Pen fanfaronne et proclame:
« Qui se souvient de la mobilisation de l'entre-deux tours de 2002 ? "
Cette formulation étrange et provocatrice fait référence à une « petite phrase » bien connue des tenants du négationnisme et de ceux qui les combattent:
« Mais qui se souvient encore du massacre des Arméniens ? »
tirée d'une allocution d' Hitler aux commandants en chef de l'armée allemande le 22 août 1939 quelques jours avant l'invasion de la Pologne.
A plusieurs reprises ces dernières semaines Le Pen choisit ainsi de s'appuyer sur le "patrimoine " historique du nazisme et de la collaboration (voir notre précédent article Le Pen s'en prend aux enfants, dans la lignée de Laval)
En utilisant ces références codées mais parfaitement compréhensibles par les cadres de son parti , Le Pen réaffirme une fois de plus l'identité profonde de son combat qui s'inscrit dans la tradition de l'extrême-droite française depuis des décennies . Quels que soient les discours éléctoraux et les opérations de propagande, la filiation fasciste et pétainiste demeure et il la porte sans réticences. Il y a sans doute aussi de sa part une certaine jubilation à se permettre ce genre d'allusion, au moment où la campagne électorale est à nouveau dominée par les thématiques de la sécurité et de l"identité nationale".
Dans le même registre, les déplacements en banlieue des Le Pen père et fille à Argenteuil et Aulnay sont en lien avec les activités des ralliés de la dernière période dans la mouvance de Dieudonné. A Aulnay les accompagnateurs de Marine le Pen étaient Alain Soral, agitateur "rouge-brun" violemment antisémite censé représenter un courant "de gauche", doriotiste, du Front National et Ahmed Moualek accompagnateur de Dieudonné à la fête du FN et dont le site internet se concentre sur la haine des Juifs.
Qui se souvient, se réjouit le leader d'extrême-droite? Nous tous, nous nous souvenons de la matrice du lepénisme et aussi de l' alliance que les partis de droite ont établi avec le Front National en 1998. Nous nous souvenons aussi que Sarkozy a eu comme mentor et fournisseur de cadres un Charles Pasqua qui avait proclamé des "valeurs communes" avec Le Pen.
Simone Weil est ainsi bien "naïve" de prétendre que les déclarations de Sarkozy sur l"identité nationale" ne constituent pas un clin d'oeil à le Pen. C'est exactement l'inverse qui est vrai.