Mise à jour du 29 janvier 2017:
Photo à l'aéroport de Roissy; des passagers pour New York porteurs d'un nom "suspect" convoqués par Air France
La direction d'Air France fait du zèle et applique le décret anti-immigration de Donald Trump
Les syndicats CGT, CFDT, SUD, ALTER et SPAF d’Air France organisent une conférence de presse et appellent à un rassemblement à l’occasion de l’assemblée générale des actionnaires de la compagnie aérienne convoquée le jeudi 12 juillet à 14 heures au 99 de la rue de Rivoli à Paris.
Ces organisations entendent demander que la compagnie Air France renonce à transporter sur ses lignes des étrangers sans papiers expulsés. En effet, comme les années précédentes, la plus grosse part du quota de 25 000 reconduites voulues par le gouvernement se fera sur les appareils et avec les équipages d’Air France.
La pratique de la reconduite contrainte d’hommes, de femmes, parfois d’enfants est dans son principe même choquante. Le spectacle de personnes menottées, parfois ligotées de la tête aux pieds, bâillonnées et frappées dès lors qu’elles protestent est insupportable aussi bien pour les équipages que pour les passagers à qui ces scènes donnent d’Air France une image bien éloignée de celle suggérée par les publicités. Depuis plusieurs mois maintenant, les incidents se multiplient à bord des appareils.
Le Comité d'Entreprise d'Air France a voté à l'unanimité une motion identique.
Quelques exemples de violences lors des vols:
* Le 30 août 2006, le Directeur de la sécurité d’Air France décide de remplacer personnellement le commandant de bord le un vol « sensible » qui doit expulser le lycéen Jeff Babatunde Shitu. Il fait investir l’appareil Air France par les CRS pour mater les passagers du Paris Lagos d’Air France.
* Florimond Guimard, instituteur de Marseille, est accusé de violence en réunion avec arme par destination pour avoir protesté, le 11 novembre 2006, contre l’expulsion d’un père algérien de 2 enfants sur un vol Air France au départ de Marignane. Il sera jugé le 22 octobre 2007 et risque 3 années de prison et 45 000 € d’amende. Il sera présent jeudi 12 juillet.
* Vol Air France Paris-Bamako du 29 novembre 2006, les passagers d’Air France protestent contre les mauvais traitements infligés à un expulsé. L’identité d’une passagère d’Air France est relevée. Placée en garde à vue à son retour, elle risque 5 années de prison et 18 000 € d’amende pour entrave à la circulation d’un aéronef. Sa présence est espérée le 12 juillet.
* Le 2 décembre 2006, François Auguste, vice-président de la Région Rhône-Alpes, s’adresse aux passagers d’un vol Air France Lyon-Paris car une famille expulsée se trouve dans l’appareil d’Air France. Jeté à terre par l’escorte policière, molesté, placé en garde-à-vue, il est accusé d’entrave à la circulation d’un aéronef. Il sera jugé le 26 novembre à Lyon. Il risque 5 années de prison et 18 000 € d’amende. François Auguste s’est excusé de ne pouvoir être présent le 12 juillet.
* 28 avril 2007, vol Air France Paris Bamako encore, deux expulsés qui crient sont frappés, étouffés par des oreillers. Des passagers d’Air France protestent verbalement, parmi eux Marie-Françoise Durupt. Les reconduits sont débarqués mais Marie-Françoise Durupt et un autre passager d’Air France sont débarqués, placés en garde à vue. Le procès de ces passagers d’Air France a eu lieu le 3 juillet. Verdict le 4 septembre. Marie-Françoise Durupt sera présente le 12 juillet.
* 26 mai 2007 : Air France Paris Bamako toujours. Un expulsé proteste. Les policiers le bourrent de coups de poings et l’étranglent jusqu’à l’évanouissement. Il est débarqué sans connaissance. Des passagers protestent. L’un d’entre eux est interpellé et placé en garde à vue. Le vol Air France Paris-Bamako est annulé. Salif Kamate, le malien qui a refusé d’embarquer a été relaxé du délit de coups et blessures à agent (il a mordu le policier qui l’étranglait), le tribunal ayant considéré que la violence à son encontre était disproportionnée et qu’il se trouvait en état de légitime défense.
Choquante d’un point de vue éthique, traumatisante pour les équipages comme pour les passagers, la pratique des reconduites contraintes à bord des avions de ligne doit cesser. C’est la demande des représentants du personnel, c’est aussi celle des organisations de défense des droits de l’homme et du RESF que les syndicats ont tenu à associer à leur démarche.
A noter la réaction sans surprise du ministre de l'Immigration et de l'identité nationale Hortefeux (voir notre précédent article des "collègues" du FN à la tête de l'UMP) qui a calculé que"4,6%" des 6.000 expulsions par avion intervenues entre janvier et mai 2007 avaient présenté des "difficultés", ce qui représente 280 refus d'embarquement. Selon la direction générale de la police nationale, 200 policiers, "tous volontaires" font partie de "l'unité nationale d'escorte et de soutien et d'intervention" chargée des reconduites nécessitant une présence policière. Ils sont "sélectionnés pour leurs qualités de sang froid et de maîtrise, ils reçoivent une formation basée sur la psychologie et la maîtrise des gestes techniques de contrôle". Le cabinet ministériel a précisé à l'AFP que "6.000 éloignements" avaient déjà été enregistrés entre janvier et mai 2007, dont "2.223 avec escorte"
Memorial 98
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