La campagne présidentielle de Sarkozy a été notoirement orientée vers l’électorat de la droite radicale et du FN.
L’exaltation chauvine et sécuritaire y fut symbolisée par les diatribes contre la « repentance" , terme péjoratif censé disqualifier l’examen de la responsabilité de la France dans les crimes de la colonisation et dans la mise en œuvre de la Shoah, dont l’Allemagne seule était tenue responsable.
(Voir nos articles précédents notamment:
Sarkozy jette aux orties la reconnaissance de la participation de la France à la Shoah)
Au lendemain de son élection Sarkozy choisit même de ne pas participer aux cérémonies de commémoration du 8 Mai en compagnie de Chirac.
(Voir notre article précédent: Sarkozy boycotte le 8 Mai)
Confronté de nouveau ces jours-ci à ces deux moments capitaux de l’histoire du pays, Sarkozy a choisi dans le cas de la Shoah de concéder une approbation « esthétique » de la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français.
Serge Klarsfeld, dans une tribune au Monde à cette occasion rappelle l’historique de la position des présidents français par rapport à Vichy, se félicite de la continuité manifestée par Sarkozy quand à la déclaration de Chirac en 1995 et lui exprime sa « reconnaissance ».
Cette expression complaisante de Serge Klarsfeld face à la formule minimaliste de Sarkozy est loin de clore le débat lancé par les déclarations provocatrices de Sarkozy tout au long de la campagne.
On nous accusera de « diaboliser » Sarkozy, selon le code sémantique lancé par ceux qui veulent voir en lui un homme providentiel, mais nous référons à ses nombreux discours et déclarations, tous orientés vers la réécriture chauvine de l’histoire nationale.
Quelques jours plus tard, à l'occasion de son voyage en Afrique, Sarkozy concède la reconnaissance de fautes du colonisateur mais rabâche de nouveau cette étrange formule destinée à brouiller les cartes :
"nul ne peut demander aux fils de se repentir des fautes de leurs pères".
Puis vient la leçon faite aux Africains et destinée à justifier la politique restrictive et répressive de la France en matière d’immigration :
"L'Afrique a sa part de responsabilité dans son propre malheur : la colonisation n'est pas responsable des guerres sanglantes que se font les Africains entre eux, des génocides, des dictateurs, du fanatisme, de la corruption et de la prévarication."
Au moment même où les révélations s’accumulent sur le rôle de l’armée française dans la préparation du génocide rwandais, il ose se dégager de toute responsabilité.
Au moment même ou Sarkozy va visiter Omar Bongo, symbole du lien corrompu de la Françafrique, et Sassou N’Guesso initiateur de crimes de guerre, il rejette la faute sur l’ « Afrique »
Face à ce continent qui souffre des plaies de la colonisation et du néocolonialisme, de la pauvreté et du SIDA, de régimes dictatoriaux maintenus en place par la France y compris par la force armée, voici son analyse : "Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire (…). Jamais il ne s'élance vers l'avenir. Il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès.. »
Cette caricature, digne de l’imagerie coloniale la plus éculée, démontre que Sarkozy n’a pas changé
MEMORIAL 98