Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

_______________________________________

__________________________________________

Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

__________________________________________________________    

________________________________________________________

Sur les réseaux sociaux : 

    

____________________________________________

_____________________________________________

 

Pour correspondre avec nous, nous proposer des articles ou des informations,

pour toute question : 

contact@memorial98.org

______________________________________________________________________________________________

________________________________________________________________________________

14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 22:27


Chronique de  Stéphane Guillon sur France Inter le 12 Janvier :

 "Hier, en faisant une recherche sur Internet, je suis tombé sur une info qui m'avait totalement échappé en décembre dernier - sans doute la frénésie des fêtes - : Brice Hortefeux remporte le prix de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme. Prix décerné par l'Union des patrons juifs de France (...). À mon avis, c'est du second degré, un canular, nous sommes dans la grande tradition de l'humour juif, mélange de noirceur et d'auto-dérision.

A priori, on pense en effet à un gag, mais il s’agit  bien d’une réalité : le groupe dénommé Union des Patrons et Professionnels Juifs de France (UPJF) a vraiment, remis à Hortefeux un prix 2009 de la lutte contre l’antisémitisme et le racisme.

Hortefeux a ainsi pu déclarer lors de sa « décoration », que « le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme n’ont pas leur place en France » .

C’est  pourtant  le même qui deux mois auparavant déclenché un scandale avec le fameux propos  : "Quand il y en a un [Arabe] ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes".

Guillon rappelle d’ailleurs que les autres  propos tenus ce jour là par les amis de Hortefeux sur le signe distinctif des bons français qui mangent du cochon, excluent à la fois  les musulmans et les juifs.(voir notre article Hortefeux : le retour du refoulé )

C’est pourtant le même le même qui expulse à tour de bras, y compris vers l’Afghanistan ou en séparant des enfants de leurs parents.

Qu’une union de patrons décore Hortefeux est plutôt dans l’ordre des choses; qu’elle y  mêle la  lutte contre l’antisémitisme est particulièrement écoeurant.

L’UPJF est connue pour ses positions très réactionnaires et se proclame évidemment «  apolitique » ; elle franchit ici un pas dans la flagornerie et le mensonge.

Dans  cette affaire, Hortefeux avait déjà bénéficié de la complaisance des chefs de la LICRA (Ligue contre le racisme et l’antisémitisme), au grand dam des adhérents et militants de cette association. Après l’avoir rencontré, ce quarteron de dirigeants avaient tenté de légitimer la fable d’un propos faisant allusion à des « Auvergnats ».

D’autres associations telle la vénérable Alliance Israélite Universelle  choisissent de mettre en valeur des intervenants de la droite radicale. (voir notre article Alliance Israélite : débattre avec une alliée du Font National ? )

Cette dérive est appuyée sur la vision « stratégique » d’une alliance avec la droite qui soutient la politique des gouvernements israéliens et se pose en barrage contre le « danger islamiste ». Nous y reviendrons.

Notons l’attitude de la communauté juive de Suisse lors la campagne électorale de 2007 dominée par la propagande xénophobe de l’UDC (voir notre article Blocher: un xénophobe triomphe en Suisse) .

Elle avait publié  la déclaration suivante : « Outrée par la campagne d’affiches de l’UDC (dans laquelle des moutons blancs repoussent un mouton noir hors du drapeau et du territoire helvétique), la Fédération suisse des communautés israélites s’élève avec véhémence contre ces débordements indignes des valeurs qui caractérisent notre pays. Pour nous juifs, l’étranger a toujours joui d’un statut respectant sa dignité humaine. Le quatrième des 10 commandements nous demande de lui permettre de bénéficier des mêmes droits que tout citoyen et de profiter des mêmes avantages sans la moindre discrimination. Que de fois la Torah ne répète-t-elle pas: «souviens-toi que tu as été étranger en Égypte …Les juifs de Suisse considèrent que l’attitude de l’UDC représente une atteinte de nos valeurs démocratiques et rejette cette campagne avec dégoût. Nous demandons le retrait de ces affiches. L’étranger a droit à notre respect et nous devons l’aider à s’intégrer de manière harmonieuse. »

Notons aussi que les juifs américains, objets de tant de fantasmes conspirationnistes, ont voté massivement pour Al Gore contre Bush en 2004 et à plus de 75% pour Obama, malgré la propagande le dépeignant en dangereux gauchiste dissimulant son identité musulmane.

 

MEMORIAL 98

 

 

Partager cet article
Repost0
11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 21:34
 
Nous avons alerté à plusieurs reprises et dès sa création, contre l'existence de ce ministère, qui par son nom même est un appel à la xénophobie ( voir nos articles précédents et notamment Identité nationale : comment l’idée vint à Eric Besson  Hortefeux : le retour du refoulé   Balladur et Sarkozy: de la préférence nationale à l'Identité nationale  Contre le ministère de la xénophobie  Guy Moquet et l'"identité nationale": contre la manipulation )
Le Pen ne cesse de se féliciter du lancement du "grandébat national" par Eric Besson qui ouvre un boulevard à ses idées.
C'est pourquoi nous apportons notre soutien à l'initiative de ceux qui déclarent (ci-dessous):
"Nous exigeons la suppression du ministère de l'Identité nationale et de l'Immigration"

Nous signons cet appel et vous demandons de le signer ici link
MEMORIAL 98
 

Télécharger l'appel au format PDF 

Promesse électorale de Nicolas Sarkozy, la création d’un ministère chargé de l'Immigration et de "l'Identité nationale" a introduit dans notre pays un risque d'enfermement identitaire et d'exclusion dont on mesure, chaque jour depuis deux ans et demi, la profonde gravité. Très officiellement, des mots ont été introduits sur la scène publique, qui désignent et stigmatisent l'étranger – et par ricochet, quiconque a l'air étranger. Réfugiés et migrants, notamment originaires de Méditerranée et d'Afrique, et leurs descendants, sont séparés d'un «nous» national pas seulement imaginaire puisque ses frontières se redessinent sur les plans matériel, administratif et idéologique.

Qu'a fait naître ce ministère ? De nouveaux objectifs d'expulsion d'étrangers (27 000 par an), des rafles de sans-papiers, l'enfermement d'enfants dans des centres de rétention, le délit de solidarité, l'expulsion des exilés vers certains pays en guerre au mépris du droit d'asile, la multiplication des contrôles d'identité au faciès, enfin la naturalisation à la carte, préfecture par préfecture, qui rompt avec le principe d'égalité...

Dans cette fissure de la République se sont engouffrés nos dirigeants. Par des propos inadmissibles dans une démocratie, banalisés et désormais quotidiens, ils légitiment tous les comportements et les paroles de rejet, de violence, et de repli sur soi. Nous ne sommes pas ici face à des "dérapages" individuels. En réalité, ces propos sont la conséquence logique d'une politique que le gouvernement souhaite encore amplifier sous le couvert d'un "débat" sur l'identité nationale. Nous sommes ainsi appelés à devenir coauteurs et coresponsables du contrôle identitaire sur la France.

La circulaire ministérielle adressée aux préfectures pour encadrer le débat lance une interrogation : "Pourquoi la question de l'identité nationale génère-t-elle un malaise chez certains intellectuels, sociologues ou historiens ?" La réponse est simple. Nous ne pouvons pas accepter que le regard inquisiteur d'un pouvoir identitaire puisse planer, en s'autorisant de nous, sur la vie et les gestes de chacun.

C'est pourquoi il est temps aujourd'hui de réaffirmer publiquement, contre ce rapt nationaliste de l'idée de nation, les idéaux universalistes qui sont au fondement de notre République.

Nous appelons donc les habitants, les associations, les partis et les candidats aux futures élections à exiger avec nous la suppression de ce "Ministère de l'Identité nationale et de l'Immigration", car il met en danger la démocratie.

Premiers signataires : Michel Agier (anthropologue, EHESS et IRD), Etienne Balibar (philosophe, université Paris-X et university of California), Marie-Claude Blanc-Chaléard (historienne, université Paris-X), Luc Boltanski (sociologue, EHESS), Marcel Detienne (historien, EPHE et université Johns Hopkins), Eric Fassin (sociologue, ENS), Michel Feher (philosophe, Paris), Françoise Héritier (anthropologue, Collège de France), Daniel Kunth (astrophysicien, CNRS), Laurent Mucchielli (sociologue, CNRS), Pap Ndiaye (historien, EHESS), Gérard Noiriel (historien, EHESS), Mathieu Potte-Bonneville (philosophe, Collège international de philosophie), Richard Rechtman (psychiatre, Institut Marcel Rivière, CHS la Verrière), Serge Slama (juriste, université d’Evry), Emmanuel Terray (anthropologue, EHESS), Tzvetan Todorov (historien, CNRS), Paul Virilio (urbaniste, Ecole spéciale d’architecture de Paris), Sophie Wahnich (historienne, CNRS) et Patrick Weil (historien, CNRS)

Partager cet article
Repost0
1 janvier 2010 5 01 /01 /janvier /2010 21:52

L’article ci-dessous de Luiza Toscane illustre à quel point les états bafouent allègrement les garanties élémentaires dont disposent les citoyens.
La situation des Droits de l’Homme a connu en 2009 une aggravation dramatique  :

Gaza( voir nos articles Gaza: appel aux consciences La Paix Maintenant manifeste. Israël: le triomphe de Poutine? , Sri-Lanka (voir nos articles Sri Lanka: Tamouls en danger Sri Lanka : ONU silencieuse, régime impuni.) ,  Chine (voir nos articles Chine: la défaite, 20 ans après  Ouïgours : révolte et massacre) Caucase (voir notre article Russie: contre les assassinats Beaubourg 1er Février 15h ), Iran, Guinée, Bosnie( voir nos articles L'étrange procès de Florence Hartmann Bosnie:les parias de la solidarité )

Les grandes puissances pérorent et laissent faire, quand elles n’appuyent pas directement les massacreurs.

La France singulièrement présente un bilan terrible: à l’intérieur avec la xénophobie érigée en arme par le gouvernement( Morano : récidive d’une collaboratrice du Front National Hortefeux : le retour du refoulé , ) les expulsions d’Afghans vers leur pays en guerre ( Allez voir « Welcome » , "Welcome": Besson enrage et calomnie.) le “grandébat” sur l’Identité nationale( Identité nationale : comment l’idée vint à Eric Besson ,) la remise en cause de la presence de la CIMADE dans les centres de retention(voir nos articles Europe: contre l'enfermement des étrangers Sans papiers: le soutien criminalisé ;) à l’extérieur, la cooperation avec les dictatures revêt des aspects inattendus quand l’UMP signe un accord de cooperation avec le Parti communiste chinois, machine à réprimer et outil principal de la dictature. En Afrique , la France a fait élire le fils Bongo et P. Balkany, ami et conseiller de Sarkozy, defend D. Camara,  chef des massacreurs guinéens.

En 2010 nous poursuivrons notre combat contre l’impunité( notre premier article de 2009 relatait justement ce combat Tunisie: femmes victorieuses contre l’impunité)et le négationnisme, contre le racisme et l’antisémitisme.

Mémorial 98

 

 

 

Yassine Ferchichi, de nationalité tunisienne, terminait une peine de six ans et six mois, assortie d’une interdiction définitive du territoire français, dans une affaire de financement du terrorisme. Incarcéré à la prison de Fresnes, il avait appris récemment, peu de temps avant sa libération,  qu’il faisait l’objet de deux condamnations par contumace en Tunisie, prononcées en vertu des dispositions de la loi antiterroriste promulguée en 2003, totalisant trente-deux ans et six mois d’emprisonnement et quinze ans de contrôle administratif.

 Ayant déjà été soumis à de graves tortures, notamment à l’électricité, avant de quitter son pays, il a saisi l’Office Français pour la Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA) d’une demande d’asile. L’OFPRA n’avait toujours pas répondu à la veille de sa libération, prévue le 24 décembre dernier.


Le 22 décembre, son conseil, le cabinet W.Bourdon, saisissait la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), qui enjoignait aux autorités françaises de surseoir au renvoi de Yassine Ferchichi en Tunisie, en raison des risques graves de torture encourus.

Le 24 décembre, Yassine Ferchichi se voyait notifier le rejet de sa demande d’asile et était conduit dans la foulée de la prison de Fresnes à l’aéroport de Roissy-CDG afin d’être mis à bord d’un avion en partance le jour même pour le Sénégal.

Cette destination inattendue contournait et bafouait la décision de la CEDH notifiée la veille.

Son conseil saisissait immédiatement de nouveau cette cour, qui enjoignait cette fois-ci à la France de surseoir au renvoi de Yassine Ferchichi vers le Sénégal tant que des garanties n’auraient pas été fournies à la Cour quant au non renvoi de Yassine Ferchichi du Sénégal vers la Tunisie.

Passant outre à cette injonction, les autorités françaises n’ont pas fait descendre le requérant de l’avion, pourtant retardé en raison de la requête déposée.
Yassine Ferchichi a donc été renvoyé le 24 décembre au soir au à Dakar où il a été immédiatement gardé à vue, pour des raisons inexplicables, jusqu’au mardi 28 décembre.

Ce renvoi a, au passage, provoqué l’ire des autorités tunisiennes qui ont nié, une fois de plus, l’existence de la torture en Tunisie !

Le 28 décembre, il a été remis « en liberté » sur le territoire sénégalais, sans papiers d’identité, sans statut, sans ressources, mais sous surveillance policière, dans un pays où il n’a aucune attache.

De prisonnier, il est devenu un paria.

Depuis sa prison française, il avait rêvé de sa réinsertion et l’avait activement préparée. Seul son rapatriement en France mettra un terme à cette situation sans issue et dangereuse.

 

Luiza Toscane

 

 

Partager cet article
Repost0
30 décembre 2009 3 30 /12 /décembre /2009 00:21

 

 

La réaction publique de Serge Klarsfeld face au processus de béatification du pape Pie XII qui demeura silencieux face à la Shoah (voir ici ) est choquante et inquiétante.

Pour ne pas risquer de travestir sa pensée, nous reproduisons intégralement ci-dessous son interview au Point, parue le 24 décembre 2009 :

 Lepoint.fr : Que pensez-vous de la prochaine béatification de Pie XII ?

S. Klarsfeld : C’est une affaire interne à l’Église ! Je pourrais presque dire que cette décision me laisse assez indifférent. Il n’y a aucune raison pour que Pie XII ne devienne pas saint ! En revanche, une chose me heurte davantage : la publication des lettres antisémites de Céline dans La Pléiade, chez Gallimard. Même si Céline est considéré comme un génie littéraire, je trouve cela choquant.

Et puis, si l’on parle beaucoup de Pie XII, pourquoi ne regarde-t-on pas aussi le général de Gaulle ? Il est considéré comme un saint en France ! Eh bien, lors de l’été 1942, après la rafle du Vel’ d’hiv, le général de Gaulle n’a pas élevé la voix. Pourtant, par la suite, de nombreuses autres rafles ont suivi, menées uniquement par des uniformes français et organisées par l’administration préfectorale ! Le général de Gaulle n’a pas élevé la voix pour avertir par exemple : ’Fonctionnaires, si vous arrêtez les juifs, vous serez arrêtés et traduits en justice !’

 

Quel est votre jugement sur la position de Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale ?

 

Pie XII a joué un rôle déterminant contre Hitler, mais aussi dans la lutte contre le communisme en Europe de l’Est. Le Polonais Karol Wojtyla, futur Jean-Paul II, est né de la volonté de Pie XII de lancer ce mouvement de résistance. Le rôle de Pie XII a aussi été diplomatique et idéologique : il a été le rédacteur de l’encyclique de 1937 condamnant le nazisme et publiée par son prédécesseur.

 Pourtant, on reproche à Pie XII son silence pendant la Shoah...

Tout cela est très difficile à apprécier. N’occultons pas que Pie XII a eu des gestes discrets et efficaces pour aider les juifs. Citons par exemple ce qui s’est passé à Rome. Un millier de juifs ont été arrêtés lors d’une rafle-surprise. Pie XII n’a pas protesté à voix haute, mais il a demandé aux établissements religieux d’ouvrir leurs portes. Résultat : des milliers de juifs ont pu être sauvés. Alors que si Pie XII avait élevé la voix, quelles auraient été les conséquences ? Est-ce que cela aurait changé les choses pour les juifs ? Probablement pas. Déjà, ses déclarations pour défendre les catholiques n’ont pas été entendues puisqu’en Pologne deux millions de catholiques ont été tués. Néanmoins, une prise de parole publique aurait sûrement amélioré la propre réputation de Pie XII aujourd’hui.

 Au sein du monde juif, certains sont plus virulents que vous...

Quelques-uns, comme moi, essaient de regarder quels étaient la réalité historique et le contexte de l’époque. En revanche, d’autres ne pensent pas une seconde aux milliers de catholiques tués, mais en priorité aux rabbins et aux juifs massacrés pendant la Shoah. Mais le pape, c’est avant tout le pape des catholiques. La priorité de Pie XII était de protéger les catholiques des régimes nazi et communiste.

 Alors que pensez-vous de cette polémique ?

Cette controverse ne me surprend pas. Elle me paraît assez normale dans la mesure où les archives du Vatican n’ont pas été ouvertes malgré des promesses. Il s’est quand même passé plus de 60 ans depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les archives devraient être libres d’accès pour que l’on constate, par nous-mêmes, quels ont été les gestes et la réaction de Pie XII.

 En dehors des éléments concernant Céline (voir notre article précédent Sarkozy: une année dure et exigeante ) et De Gaulle, l’argumentation de Klarsfeld porte sur 3 points essentiels :

Un engagement de Pie XII contre le nazisme.

SK déclare que « Pie XII a joué un rôle déterminant contre Hitler » sans apporter aucun début de preuve dans ce sens. Si c’était vrai, cela constituerait pourtant une révélation historique bouleversante.

Au contraire, tous les historiens estiment que Pie XII, attaché à l’Allemagne et à la lutte contre le « bolchevisme », ne s’est absolument pas engagé contre les nazisme et à même cherché à  préserver l’Allemagne nazie de la défaite qui s’annonçait à partir de la fin de 1942 et de la capitulation de l’armée allemande à Stalingrad le 31 janvier 1943.

Dès  1964,  Saul Friedlander publie le livre  « Pie XII et le IIIe Reich, Documents » (éditions du Seuil) qui démontre amplement ce que fut l’attitude réelle de ce pape.

Notons ainsi que lors de son accession à la papauté en mars 1939, le premier ambassadeur qu’il reçut, de sa propre initiative, fut celui de l’Allemagne nazie. Puis il expédia immédiatement un courrier à Hitler lui-même en faisant assaut d’amabilités et de références à son attachement renouvelé à son séjour allemand prolongé en tant que nonce dans ce pays et négociateur du Concordat de 1933 avec le régime nazi.

 

SK développe une autre idée selon laquelle Pie XII n’avait au fond pas  à se préoccuper des Juifs, mais uniquement de l’avenir du catholicisme.

Ainsi le chef d’une Église qui se proclame universelle, qui commande à des millions de catholiques, de prêtres, d’évêques, n’aurait eu aucun devoir de sauvegarde à l’égard d’êtres humains ne faisant pas partie de sa chapelle. Cette position est d’autant plus monstrueuse que pendant des centaines d’années, l’Église et les papes ont diffusé la haine et le mépris des Juifs. 

Il ne s’agit pas ici d’un gourou local ou du chef d’un petite secte spirituelle mais d’un homme qui détient un pouvoir immense. Les nazis sont sensibles à ce pouvoir.

Quand l’Église d’Allemagne s’engagea contre l'euthanasie des malades, elle obtint rapidement gain de cause. L’évêque de Munster, Mgr Von Galen, explique en détail dans un sermon prononcé à l'église Saint Lambert de Münster, le 3 août 1941, comment on tue les malades innocents et comment on trompe les familles par des avis de décès falsifiés. Des copies du sermon furent distribuées dans toutes l'Allemagne et sur le front, parmi les soldats. Peu après le sermon du 3 août, Hitler donna l'ordre d'arrêter le programme d'euthanasie. L’évêque ne subit pas de répression.

Dans son ouvrage plus récent « L'Allemagne nazie et les Juifs » (Editions du Seuil) Saul Friedlander examine une nouvelle fois l'attitude de Pie XII face au IIIe Reich. Se demandant pourquoi Hitler n'a pas reculé dans ses plans d'extermination du peuple juif, comme il l'avait fait pour l'élimination des « aliénés », Friedlander trouve « une seule réponse vraisemblable : Hitler et ses acolytes devaient être convaincus que le pape ne protesterait pas ». Ainsi comme le proclame le panneau du musée Yad Vashem à Jérusalem accompagnant le portrait de Pie XII (voir ci-dessous le texte intégral de ce panneau) : « … son silence et l’absence de directives mit les gens d’Église de toute l’Europe dans l’obligation de réagir de leur propre initiative… »

La vraie  explication de la position de S. Klarsfeld réside peut être dans le troisième thème qu’il évoque et qui magnifie le combat de Pie XII contre le « communisme » en Europe. Klarsfeld paraît reprendre à son compte la principale motivation de Pie XII, qui choisit de ne pas condamner la barbarie nazie afin de ne pas affaiblir l’Allemagne, seul rempart contre le « bolchevisme ». Est-il nécessaire de rappeler que de très nombreux nazis ont pu s’échapper puis se recycler au nom de cette « lutte contre le communisme » ? C’est le cas notamment de Klaus Barbie, récupéré et protégé par l’armée américaine dès 1947 pour cette raison même.

Quand, à  partir de 1948, la France réclame l'extradition de Barbie, le Counter Intelligence Corps qui l’emploie refuse puis l’exfiltre vers l’Argentine avec le concours des réseaux d’évasion de l’Église. On connaît la suite et le combat victorieux de Serge et Beate Klarsfeld pour son extradition de Bolivie et son jugement.

Face à cette déclaration du fondateur de l’association des Fils et Filles des déportés juifs de France, on ne peut pas rester silencieux.

Nous avions déjà noté la complaisance de Serge Klarsfeld au moment de la controverse sur la repentance (voir notre article précédent Sarkozy: service minimum sur la Shoah et insultes pour les Africains)

Mais il s’agit ici d’une toute autre dimension qui nous fait craindre de nouvelles  dérives.

 

Albert Herszkowicz pour Memorial 98

 

Voici le texte qui figure sous le portrait de Pie XII au musée Yad Vashem à Jérusalem (Musée de la Shoah) :

 “La réaction de Pie XII au massacre des Juifs est objet de controverse. En 1933, alors qu’il était secrétaire d’État du Vatican, il prit une part active dans l’établissement d’un concordat avec le régime allemand pour garantir les droits de l’Église en Allemagne, même si cela signifiait la reconnaissance du régime nazi raciste.

Élu pape en 1939, il fit disparaître une lettre contre le racisme et l’antisémitisme préparée par son prédécesseur.

Même lorsque des rapports sur le massacre des Juifs parvinrent au Vatican, le pape ne protesta, ni verbalement, ni par écrit.

En décembre 1942, il s’abstint de signer une déclaration des Alliés condamnant l’extermination des Juifs.

Quand les Juifs furent déportés de Rome vers Auschwitz, le pape n’intervint pas.

Le pape conserva sa position de neutralité tout au long de la guerre, à l’exception, vers la fin, d’appels aux gouvernants de Hongrie et de Slovaquie.

Son silence et l’absence de directives mit les gens d’Église de toute l’Europe dans l’obligation de réagir de leur propre initiative”.

À propos du sauvetage des Juifs de Rome,  les responsables juifs d’Italie ont rappelé, suite à l’annonce de Benoît XVI, que « le train de 1021 déportés du 16 octobre 1943 est parti de Rome vers Auschwitz dans le silence de Pie XII ».

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
21 décembre 2009 1 21 /12 /décembre /2009 00:23

Benoît XVI rend hommage à Pie XII

 

Mise à jour du 4 mars 2019 ( voir d'autres mises à jour à la suite de l'article, dont une réponse à Serge Klarsfeld )

Le pape François a annoncé, lundi 4 mars, que les archives secrètes du Vatican sur le pontificat de Pie XII (1939-1958) seraient ouvertes le 2 mars 2020, ce qui pourrait permettre de faire la lumière sur son (in)action pendant la Seconde Guerre mondiale.

De nombreux chercheurs réclament depuis des années de pouvoir examiner pourquoi Pie XII n'est pas plus intervenu contre la Shoah, "L'Eglise n'a pas peur de l'histoire", a affirmé François, en rappelant que Pie XII s'était retrouvé à la tête de l'Eglise "en un moment parmi les plus tristes et sombres du XXe siècle""J'assume cette décision (...), sûr que la recherche historique sérieuse et objective saura évaluer sous sa juste lumière, avec les critiques appropriées, les moments d'exaltation de ce pape et, sans doute aussi, les moments de graves difficultés, de décisions tourmentées, de prudence humaine et chrétienne", a-t-il ajouté. Alors que ses successeurs Jean XXIII (1958-1963), Paul VI (1963-1978) et Jean-Paul II (1978-2005) ont été canonisés, le procès en béatification de Pie XII, relancé en 2009 par Benoît XVI, est depuis au point mort en raison des controverses sur son rôle pendant la guerre.

Notons que la précédente déclaration d'ouverture de ces archives, en 1999, a constitué une tromperie avec de nombreux documents dissimulés par le Vatican, ce qui a conduit à une protestation des experts juifs et à leur départ en juillet 2001( voir récit ci-dessous). Face à ce précédent, une question se pose donc: pourquoi François fixe-t-il un délai d'un an avant l'ouverture de ces archives? S'agit-il de procéder à un toilettage des textes?

MEMORIAL 98

La décision de Benoît XVI de canoniser (déclarer comme saint) le pape Pie XII constitue une gifle non seulement pour les victimes juives de la Shoah, mais aussi pour toutes les victimes de violences racistes et de génocides.

Contrairement à la présentation médiatique influencée par les propagandistes de la papauté, il ne s’agit pas d’une obscure querelle entre le Vatican et les organisations juives, mais d’une question qui interpelle toute l’humanité : peut-on béatifier, ou même absoudre, une personne d’autorité, qui par son attitude permet que soient commis des génocides ou des crimes de masse ?

En effet, selon Benoît XVI, le pape Pie XII serait donc un saint. Or ce dernier était parfaitement averti du génocide nazi et a choisi de ne pas le dénoncer, Pour parfaire l’ignominie, Benoît XVI a fait annoncer sa décision un samedi, jour sacré de shabbat pour les Juifs. il s’agissait sans doute pour lui de retarder de vingt-quatre heures les protestations attendues de la part de ceux qui respectent le shabbat, mais on notera une fois de plus l’absence du plus élémentaire respect chez ce prélat réactionnaire.

Il l’avait déjà démontré abondamment, notamment par ses propos contre le préservatif lors de sa visite en Afrique, lors de son discours anti-islam à Ratisbonne, ou lors de la réintégration dans l’Eglise officielle de l’évêque négationniste Williamson il y a moins d’un an (voir nos articles précédents dont Benoît XVI et son évêque négationniste )

 

Le contexte d’émotion internationale après le vol récent  du panneau "Arbeit Macht Frei" à l'entrée du camp d'Auschwitz n’a pas davantage freiné la décision papale, mais sans doute le pape prétendra-t-il ne pas en avoir été informé, comme lors de l’affaire Williamson

Benoît XVI vient aussi de bafouer les promesses qu’il avait fait de retarder la décision concernant Pie XII jusqu’à l’ouverture des archives encore fermées du Vatican.

Il est en effet nécessaire de rappeler qu’une Commission internationale d’historiens juifs et catholiques, avait été instituée par les instances du Vatican, en octobre 1999. Ces experts devaient passer en revue les dix-huit volumes des « Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la seconde guerre mondiale ». L'Eglise espérait ainsi lever la majorité des soupçons déshonorants qui pesaient sur Pie XII. Pourtant, un an, plus tard, les membres de cette Commission remettaient un rapport « accablant » sur l’attitude de l’Église pendant la Shoah. Les désaccords s’amplifièrent entre les experts juifs et ceux du Vatican, particulièrement le jésuite Peter Gumpel, qui prétendaient que les experts n’avaient pas étudié sérieusement les volumes en question. De leur côté ces historiens exigeaient des documents dont leur lecture des Actes en question leur avait révélé qu’ils n’avaient pas été mis à leur disposition.

En juillet 2001, lassés et irrités des difficultés, voire de l’obstruction auxquelles se heurtaient leurs demandes, les historiens juifs décidèrent de suspendre leurs travaux.

 

Pie XII et l'Allemagne

 

Pie XII a débuté sa carrière internationale à partir d’Avril 1917, en tant que nonce à Munich, alors que s’y déroulaient de violents affrontements entre la gauche et l’extrême-droite militaire et pré-nazie.

Sa correspondance d’alors avec le Vatican fourmille de références hostiles aux «juifs révolutionnaires ».

Plus tard il s’associe aussi à la campagne de dénigrement orchestrée par les nazis et reprise dans le "Mein Kampf " de Hitler, contre les soldats noirs de l’armée française, stationnés en Allemagne et qu’ils accusent de répandre la syphilis.

Le futur Pie XII appuie la protestation raciste et l’adresse au Vatican pour "supplier" Pie XI, le pape d’alors, d’agir au plus vite, afin de sensibiliser le monde à cette « honte noire », et d’obtenir des autorités françaises« le retrait des troupes françaises de couleur ».

Il revient sur ce thème durant la 2e guerre mondiale, le 26 janvier 1944, deux mois après le début de la campagne d’Italie. Alors que les armées alliées font route vers Rome, le pape Pie XII dépêche son Secrétaire d’Etat, le cardinal Maglione, auprès de l’ambassadeur de Grande-Bretagne, sir Osborne, pour lui présenter la requête suivante :

« Le pape espère qu’il n’y aura pas de soldats de couleur au sein des troupes alliées qui seront déployées à Rome après la libération ».

La demande du pape vise, non seulement les soldats afro-antillais et noirs américains, mais aussi algériens et marocains, soit une grande partie des troupes engagées dans la reconquête de Rome, alors aux mains des nazis. (In« Et si Dieu n’aimait pas les Noirs : Enquête sur le racisme aujourd’hui au Vatican  » Serge Bilé et A. Ignace, éd. Pascal Galodé).

 

 

Pie XII et la Shoah

 

Concernant la Shoah, le silence assourdissant de  Pie XII a eu des conséquences pratiques catastrophiques dans toute l’Europe: en Slovaquie et Croatie ce sont des dictatures catholiques dirigées qui ont mis en oeuvre la Solution Finale (voir notre article Danger négationniste à l'Est de l'Europe )

En France, la hiérarchie de l'Eglise catholique, qui en 1940 est au courant du statut des Juifs en préparation ne dit pas un mot. Pire, l’assemblée des cardinaux et des évêques se félicite en août 1940 des limites imposées aux Juifs du pays, et aucun membre de la hiérarchie n’exerça la moindre protestation concernant les statuts imposés aux Juifs d’octobre 1940 et de juin 1941.

C'est plus tard que des mouvements chrétiens et des prêtres s'engagèrent dans le sauvetage des Juifs, contrastant avec le silence et l'inaction de leur pape.

En Allemagne même, lorsque l’archevêque catholique de Berlin, Preysing, demanda à deux ou trois de ses collègues de préparer un texte de protestation, le chef de l’Eglise allemande, le cardinal archevêque de Breslau, Bertram, s’opposa au projet. Le même ordonnera en mai 1945 de dire des messes de requiem en l'honneur d'Hitler, qui venait de se suicider.

Pie XII n’était sans doute pas un antisémite forcené mais il se désintéressait totalement du destin de cette population. Bien qu’informé très précisément du sort des Juifs d’Europe, il s’abstint de protester pour ne pas embarrasser l’Allemagne nazie, en qui il voyait le seul rempart possible contre le "bolchevisme". Ce calcul diplomatique et politique le conduisit à garder le silence, alors qu’il prit ouvertement la parole pour évoquer le sort tragique des Polonais catholiques.

 Durant toute la guerre, il se tut. Il se contenta de balbutier quelques mots dans son message de Noël le 24 Décembre 1942, sans pour autant mentionner explicitement le sort des Juifs exterminés; il évoquait

« des centaines de milliers de personnes, qui, sans aucune faute de leur part, et parfois pour le seul fait de leur nationalité ou de leur race, ont été vouées à la mort ou à une extermination progressive»

 

Quatre mois auparavant, le 23 août 1942 l'Archevêque de Toulouse, Monseigneur Saliège, avait quant à lui condamné explicitement la persécution dans sa fameuse lettre pastorale de protestation, déclarant notamment " ... Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos Frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier..."

Ainsi lorsque les Juifs de Rome furent massivement déportés en octobre 1943, l'ambassadeur du Troisième Reich auprès du Vatican, Von Weiszäcker, expédia une note à sa chancellerie, dans laquelle l'ambassadeur se félicitait que « bien que pressé de toutes parts, le Pape ne s'est laissé entraîner à aucune réprobation démonstrative de la déportation des Juifs de Rome [...] Il a également tout fait dans cette question délicate pour ne pas mettre à l'épreuve les relations avec le gouvernement allemand » (in Le Bréviaire de la haine  L. Poliakov. Livre de Poche réédité chez Presses Pocket en 1993)

 

À la fin de la guerre Pie XII couvrira les filières organisées par la haute hiérarchie romaine pour aider et évacuer les dignitaires nazis. Grâce à ces réseaux, dirigés par l’évêque Hudal, le curé croate Draganovic et le cardinal Montini, futur pape Paul VI, de très nombreux criminels tels que Eichman, Mengele, Aloïs Bruner, Stangl… et  le milicien Paul Touvier purent s’enfuir et échapper aux poursuites.

Pie XII a aussi ordonné à l’Église de France de ne pas rendre à leurs parents les enfants juifs cachés pendant la guerre, comme le prouve une lettre datée du 20 novembre 1946. Ces enfants avaient été confiés aux institutions catholiques pour les sauver des nazis, mais après la guerre, elles ont reçu pour consigne de ne les rendre sauf s’ils n’avaient pas encore été baptisés catholiques.

Cet ordre explicite figure dans le courrier adressé au nonce Roncalli, le futur pape Jean XXIII, qui représentait alors le Vatican à Paris et dont voici un extrait:

« Veuillez noter que cette décision a été approuvée par le Saint-père » souligne la lettre, faisant référence à Pie XII. Elle ordonne, entre autres choses, que les enfants baptisés « ne soient pas confiés à des institutions qui ne leur garantissent pas une éducation chrétienne. » Quant aux orphelins non baptisés, l’Église ne devait en aucun cas les confier « à des personnes qui n’ont pas de droits sur eux. »

 

Benoît XVI: un pape ultra-réactionnaire

 

En désignant Benoît XVI  la haute hiérarchie de l'Eglise  a fait le choix d'un pape déterminé à mener le combat du retour vers la tradition autoritaire du catholicisme. Il ne cesse de confirmer l'orientation « restaurationniste » et réactionnaire  qu'il entend donner à son pontificat.

Quand il n'était encore que le cardinal Ratzinger, Benoît XVI estimait déjà que le concile « rénovateur » Vatican II n'était qu'une parenthèse.

Il a ouvert la porte de l'Église à des intégristes membres de la Légion du Christ, de l'Opus Dei et à des traditionalistes.

Benoît XVI a, pendant l'été 2007, reçu à sa résidence de Castel Gandolfo le directeur de la radio antisémite polonaise Radio Marya (voir nos articles précédents dont Pologne: le gouvernement et les évêques pour la radio antisémite ) et l'a publiquement félicité pour "l'ensemble de son activité".
 Il a ainsi apporte un soutien marqué  au père  Rydzyk qui s'illustre par ses diatribes antisémites, homophobes, anti-IVG et xénophobes.

Le pape ne néglige pas la dénonciation de l'Islam. Ainsi lors de son fameux discours de Ratisbonne en 2006 il avait cité un auteur byzantin: « Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines... »

Sans doute avait-il préparé ce discours en recevant en septembre 2005, Oriana Fallaci, propagandiste de la dénonciation des musulmans. À la mort de cette dernière, le cardinal Ruini, bras droit du pape en Italie, en tant que président de la conférence épiscopale, avait rendu hommage à son "courage", sa "force morale" et son "engagement".

Son insensibilité à l’égard de la Shoah remonte à loin.

Alors que le futur pape est ordonné prêtre en Allemagne en 1951, six ans après la fin de la guerre et de la Shoah, il ne fait aucune allusion à cet événement dans sa réflexion religieuse et ses écrits en vue de la prêtrise. Sa proximité avec les courants catholiques intégristes le pousse à exiger lors de son déplacement à Paris en Septembre 2008 de porter des vêtements et objets liturgiques provenant de l'abbaye provençale du Barroux, dirigée par des prêtres d'extrême-droite.

Le processus de béatification de Pie XII est une infamie. On ne peut pas se contenter de déclarations.

Les organisations qui se réclament de la lutte contre le négationnisme et l’antisémitisme ont la responsabilité d’organiser une réelle campagne publique contre la décision du pape.

Memorial 98

 

Mise à jour du 30 décembre 2009:

Serge Klarsfeld prend position et relativise la responsabilité de Pie XII. Nous lui répondons.

http://www.memorial98.org/article-serge-klarsfeld-au-dela-du-respect-42017129.html

Actualisation du 25 juin 2016:

 

Dans la capitale arménienne Erevan, le pape François a dénoncé, vendredi 24 juin, le génocide des Arméniens en 1915/1916  sous l’Empire Ottoman, prononçant pour la deuxième fois ce mot jugé inacceptable par la Turquie.
 

« Cette tragédie, ce génocide a marqué malheureusement le début de la triste série des catastrophes immenses du siècle dernier », s’est exclamé au palais présidentiel le pape.

Le mot « génocide » ne figurait pas dans son texte distribué à l’avance. Le pape l’avait déjà prononcé une première fois au Vatican en avril 2015, déclenchant la colère du pouvoir turc.

Cette déclaration suit de quelques semaines le vote du Parlement allemand reconnaissant le génocide des Arméniens et le rôle négatif de l'Allemagne de l'époque. 

Cet engagement est positif. Il doit logiquement être suivi d'une démarche similaire à l'égard de la Shoah, car, comme le dit François, le génocide arménien a inauguré la série des "catastrophes". Depuis des dizaines d'années, le Vatican refuse d'ouvrir les archives et multiplie les obstacles à la recherche historique. Ces blocages doivent cesser.

Toute la lumière doit  être faite sur ce qu'a été réellement l'attitude du Vatican et de Pie XII face à ce génocide ( voir ci-dessus)

 

Voir nos articles précédents:

Benoît XVI appuie les intégristes antisémites en France

Les intégristes encouragés par le pape.

Négationnisme: révolte catholique contre Benoît XVI Benoît XVI et son évêque négationniste

Brochure antisémite polonaise au Parlement européen

Pologne: le gouvernement et les évêques pour la radio antisémite

Pologne: protestation catholique contre l’antisémitisme. Pologne: l'antisémitisme sévit au gouvernement 

Antisémitisme en Pologne: le scandale éclate! 

 

 

Partager cet article
Repost0
16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 23:07

 

Nadine Morano est une sarkozyste fervente. Ses propos sur « le jeune musulman » qui porte la casquette à l’envers et parle le verlan ne constituent pas un dérapage et encore moins un lapsus ; ils représentent en fait l’essence même de son discours politique (voir notre article précédent Hortefeux : le retour du refoulé )

Elle a d’ailleurs choisi de s’exprimer dans le cadre du débat sur l’Identité Nationale à Charmes, dans le département des Vosges. Cette commune  a été sélectionnée par l’organisateur de la soirée, le député (UMP) Jean-Jacques Gaultier, parce qu’elle est la ville natale de l’écrivain Maurice Barrès, symbole du nationalisme d’extrême-droite, antisémite et antidreyfusard enragé.

Lors de ce débat, le président de l’association locale Mémoire de Barrès avait d’ailleurs été invité à s’exprimer comme “grand témoin”. Il a défendu le “nationalisme de Barrès” par opposition au “cosmopolitisme “. Barrès affirma notamment en 1902, après que la justice ait reconnu que les « preuves » contre Dreyfus étaient fausses : "Je n'ai pas besoin qu'on me dise pourquoi Dreyfus a trahi. En psychologie, il me suffit de savoir qu'il est capable de trahir et il me suffit de savoir qu'il a trahi. L'intervalle est rempli. Que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race…Quant à ceux qui disent que Dreyfus n'est pas un traître, le tout, c'est de s'entendre. Soit ! Ils ont raison : Dreyfus n'appartient pas à notre nation et, dès lors, comment la trahirait-il ? Les Juifs sont de la patrie où ils trouvent leur plus grand intérêt. Et par là on peut dire qu'un Juif n'est jamais un traître » In Maurice Barrès "Ce que j'ai vu à Rennes", Scènes et doctrines du nationalisme.

 Lors de sa campagne électorale de 2007 Sarkozy a plusieurs fois fait référence à Barrès. Ainsi dans son discours de Metz le 17 Avril 2007, il commence par invoquer sa mémoire: « et sur la colline inspirée de Sion, Barrès priait d’un même élan du coeur la Vierge, la Lorraine et la France et écrivait pour la jeunesse française le roman de l’énergie nationale ».

 Barrés est de nouveau appelé à la rescousse lors du meeting de Rouen le 24 Avril (voir notre article précédent  Sarkozy et le Front National: une liaison dangereuse)

 Lors de cette campagne présidentielle, Mme  Morano  a elle-même collecté des signatures d’élus pour permettre à  Le Pen de se présenter à l’élection. La consigne de Sarkozy était de manifester ainsi  sa bonne volonté à l’égard du dirigeant du FN et de ses électeurs. Le Canard enchaîné, jamais démenti depuis, l’indique explicitement dans son édition du 11 Avril 2007 : "En Meurthe-et-Moselle, par exemple, Nadine Morano, en bon petit soldat, réunit des maires ruraux début mars…nous étions cinq ou six à être désignés pour signer en faveur de Le Pen. Nadine nous a demandé d’envoyer nos parrainages non pas directement au Conseil constitutionnel, mais au siège du comité de soutien départemental de l’UMP. C’est elle, ensuite, qui les a emmenés à Paris raconte l’un d’eux"… » (voir notre article précédent N.Morano au gouvernement:appel à l'extrême droite)

Ce qui se joue actuellement autour de la campagne sur l’Identité Nationale ne se résume pas à  une succession de dérapages et de scandales dérisoires, mais constitue une tentative de replacer la nationalisme et la xénophobie au cœur des affrontements politiques.

MEMORIAL 98  

Partager cet article
Repost0
6 décembre 2009 7 06 /12 /décembre /2009 22:11

 

 

 

Buisson avec Fillon et Sarkozy.

 

La scène fondatrice se déroule pendant la campagne présidentielle de 2007, lors d’une réunion de l’équipe de campagne de Sarkozy :

« …Le jeudi 8 mars 2007, face à la remontée de Ségolène Royal dans les intentions de vote du second tour, une prompte décision s’impose. Pourquoi ce “coup de mou” que rien ne laissait présager ?

L’analyse est fournie, une fois de plus, par Patrick Buisson (conseiller de Sarkozy issu de l’extrême droite ndlr) lors d’une réunion convoquée d’urgence.

"– Nicolas est en train de se notabiliser, attaque Buisson. J’y vois la conséquence du choix de Simone Veil pour présider le comité de soutien.

Puis, s’adressant à Sarkozy:

–  Tu as percé parce que tu incarnes une transgression par rapport aux tabous de la politique traditionnelle. Il faut, sans tarder, envoyer un signal fort à toutes les couches nouvelles qui ont déjà basculé dans ton camp ou qui sont prêtes à le faire. Or, le tabou des tabous, c’est l’immigration. La transgression majeure, elle est là. Pas ailleurs. Il faut en remettre un coup sur le thème de l’identité nationale.

–  Le silence, alors, est à couper au couteau.

–  Seul Guaino intervient pour soutenir Buisson. Puis, après un nouveau silence, Sarkozy lui-même :

Patrick a raison. Je vais proposer la création d’un ministère de l’Identité nationale. Quant à Simone, je la gère. Elle doit comprendre. Elle comprendra."

Eric Besson a lu et étudié ce passage du livre Histoire secrète de la droite, 1958-2008,  rédigé par des journalistes sarkozystes et dont est extraite le récit de cette scène.

Tout y est explicité : le cynisme avant tout, le désir de réécrire l’Histoire, de la manipuler au profit d’une victoire électorale tant attendue, sans hésiter à recourir à un imaginaire d’exclusion.

Le jeu avec le FN sert de paravent à une entreprise plus profonde et plus dangereuse, car venant du cœur du système de domination politique.

C’est la reprise du cri éternel de la droite nationaliste française : Dehors les métèques ! Juifs dans les années 30, Musulmans aujourd’hui, il s’agit de désigner un ennemi contre lequel se rassembler. Depuis 150 ans, les possédants ont découvert que la xénophobie leur fournissait une  arme efficace pour duper le peuple et le détourner des enjeux sociaux et économiques du moment.

Buisson le confirme en répliquant à Raffarin et en se félicitant des propos racistes de comptoir :  «la France d’en bas s’était saisie du sujet ! »

Dans une posture de continuité politique qui dépasse peut-être leur culture politique, Sarkozy, Fillon et leurs rédacteurs de discours ont d’ailleurs recours aux figures symboliques du nationalisme :  Maurice Barrès pour l’un et maintenant Jacques de  Bainville pour l’autre.

Le tableau est complété par l’utilisation de l’ex-socialiste Eric Besson,  dans un parallèle vertigineux avec les Marcel Déat et  Jacques Doriot, venus de la gauche pour se transformer en hérauts de la « Révolution nationale » pétainiste.

Au plan politique et symbolique c’est cette création d’un ministère de « l’immigration et de l’identité nationale » qui concrétise le plus ouvertement le recours à la  menace d’’ "envahissement " qui constitue depuis plus de cent ans la bannière  du nationalisme en France.

C’est pourquoi nous soutenons  les chercheurs qui ont lancé une fois de plus un appel à la  suppression de ce ministère : www.liberation.fr/.../0101606559-nous-exigeons-la-suppression-du-ministere-de-l-identite-nationale-et-de-l-immigration.

Mais au-delà, n’est-il pas temps que se rassemble le camp majoritaire de ceux et celles qui veulent en finir avec le racisme comme arme de division ? L’exemple venu d’Italie, avec ses centaines de milliers de manifestants réclamant la démission de Berlusconi, ouvre une perspective.

(voir aussi parmi de nombreux autres articles de notre site

Guy Moquet et l'"identité nationale": contre la manipulation, Balladur et Sarkozy: de la préférence nationale à l'Identité nationale,

Contre le ministère de la xénophobie,

Sarkozy et le Front National: une liaison dangereuse,

France-Tunisie: la manipulation sarkozyste décryptée,

Sarkozy: une année dure et exigeante )

Actualisation 24 novembre 2016:

Patrick Buisson soutient évidemment Fillon dans le cadre du 2eme tour de la primaire de la droite et salue sa "révolution conservatrice".

Il ajoute (Europe 1 le 24 novembre): " Fillon a fait une campagne de transgression des tabous".

C'est un terme codé qui signifie que Fillon a utilisé l'arme du racisme et de la dénonciation des musulmans. Ce sont exactement les mêmes mots que Buisson a utilisé en 2007 pour achever de convaincre Sarkozy d'annoncer "un ministère de l'Identité nationale" (voir -ci-dessus)

Buisson conseille aussi Laurent Wauquiez tout en se déclarant proche de Marion Maréchal Le Pen et De Villiers.

Il poursuit obstinément son projet de convergence de la droite et du FN sur ligne xénophobe et ultra-réactionnaire. La victoire récente de Trump, après celle du Brexit, renforce son propos.

 

MEMORIAL 98

 

 

    

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
29 novembre 2009 7 29 /11 /novembre /2009 22:43

 

Deux ans jour pour jour après sa victoire électorale d’Octobre 2007, l’UDC vient de remporter un nouveau succès.

Le référendum sur les minarets permet à ce parti xénophobe, antisémite  et négationniste (voir notre précédent article détaillé Blocher: un xénophobe triomphe en Suisse ) d’ancrer sa domination, particulièrement dans la partie germanophone du territoire.

Les partis xénophobes de toute l’Europe vont se sentir renforcés et vont reprendre l’offensive contre les immigrés et les exilés. Les partis d’extrême droite autrichiens, allemands, scandinaves, britanniques, français  vont  immédiatement exploiter la « divine surprise » helvétique.

 Besson et Sarkozy vont accentuer leur campagne d’ « indignité nationale » avec l’aide de pourfendeurs de burquas  tels  de Villiers,  le député national-communiste « rouge-brun » A.Gérin et les sites de propagande comme le mal-nommé « Riposte Laïque ».

En effet il ne faut prendre des vessies pour des lanternes et accorder en l’occurrence un quelconque crédit  à la propagande dirigée contre les mosquées et la religion musulmane.

Ce sont exactement les mêmes thèmes qui ont servi à empêcher de construire de synagogues des temples ou des églises, ou qui conduisent à brûler des édifices religieux.

L’interdiction faite aux religions minoritaires de construire des bâtiments de culte est une constante des régimes archaïques.

Ainsi  durant de longs siècles, une synagogue ne pouvait pas dépasser en hauteur les églises locales comme sous domination musulmane, le clocher de l’église ne pouvait dépasser la hauteur du minaret de la mosquée

En France, Le document le plus ancien signalant l’existence d’une synagogue date du 14 mai 576. Il relate la destruction de la synagogue de Clermont-Ferrand par une foule chrétienne conduite par l’évêque Avit qui impose  aux Juifs la conversion ou l’exil.

Quelques synagogues sont  ensuite construites, mais les papes interviennent régulièrement pour demander que l’interdiction soit respectée. Aux XIIe et XIIIe siècles des synagogues sont bâties puis souvent détruites. À partir du XIVe siècle, toutes les constructions sont interdites ; en 1394, Charles VI expulse définitivement tous les Juifs du Royaume de France.

C’est seulement en 1784 que  Louis XVI autorise l’édification d’une synagogue à Paris.

Faut il rappeler les synagogues brûlées pendant la Nuit de Cristal nazis, les temples et les mosquées incendiés récemment en Inde?

Le succès de l’UDC est un avertissement grave pour toute l’Europe.

Mise à jour 19 Mars 2017

Le militant suisse d'extrême-droite Oskar Freysinger,  qui est à l'origine du référendum des minarets (voir ci-contre les affiches que son parti UDC a diffusé lors de cette campagne), vient d'être battu lors des élections locales dans le canton du Valais. Alors qu'il faisait partie de l'exécutif cantonal au nom de l'UDC, il est éliminé du Conseil d'Etat et perd donc sa fonction. 

C'est un symbole car Il s'est baladé dans toute l'Europe afin d'encourager les campagnes haineuses notamment  en France avec "Riposte Laïque" et en Allemagne avec Pegida. Dans sa fonction ministérielle dans les canton du Valais, il a multiplié les pratiques de corruption en embauchant par exemple un proche de Soral, Pietro San Giorgio, comme "spécialiste des risques"

MEMORIAL 98

 

Partager cet article
Repost0
17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 23:35

MurMure

Une comédie sur le conflit israélo-palestinien.

Librement inspirée des récits et dialogues d’Amira Hass et Mahmoud Al Safadi

Du 18 Novembre au 13 Décembre 2009

Du Mardi au samedi à 21h et le Dimanche à 17h

 Centre culturel Confluences

 190 boulevard de Charonne

75020 Paris – M° Alexandre Dumas ou Philippe Auguste

01 40 24 16 34

www.confluences.net

 

 Dans toutes les prisons du monde, les prisonniers cherchent toujours par n’importe quels moyens - légaux ou illégaux  - à entrer en contact avec le monde extérieur. L’apparition de la technologie du téléphone portable a révolutionné leur vie et transformé la perception des prisonniers ; une fenêtre s’est ouverte sur le monde : « C’était le poumon par lequel nous respirions…».

 Le récit que Mahmoud Al Safadi fait de l’intérieur de la prison est un point de vue unique, au quotidien,, de la vie des prisonniers politiques palestiniens.

 Comment offrir, le temps d’une représentation théâtrale, un point de vue singulier sur les relations entre les protagonistes du conflit israélo-palestinien et mettre en lumière, par l’humour, certains mécanismes de comportement de ces deux sociétés profondément en crise, en sachant que ce conflit est l’un des plus médiatisés au monde?

 En novembre 2005, Ariel Cypel et Gaël Chaillat rencontrent Amira Hass, journaliste au grand quotidien israélien Haaret’z et écrivaine. Elle leur fait part de ses conversations téléphoniques clandestines avec un détenu politique palestinien, Mahmoud Zahara Al Safadi, enfermé depuis 17 ans dans les prisons israéliennes.

 L’écriture de MurMure s’inspire de cette réalité et toutes les situations et les histoires du spectacle sont inspirées de faits réels, desquels les fils de l’absurde sont tirés à l’excès.

MurMure invite le public à rire de l’arbitraire qui sépare Amira Hass et Mahmoud Al Safadi alors que la faculté d’autodérision manque cruellement aux acteurs du conflit, toujours prêts à enfermer l’adversaire dans un rôle de monstre. Le pire des enfermements est bien celui-là : l’enfermement des consciences dans le déni de l’autre.

 

MEMORIAL 98

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
12 novembre 2009 4 12 /11 /novembre /2009 22:54

 

 

 

Nous publions le courrier adressé  le 11 novembre  par le président de l’association Memorial 98 au président de l’Alliance Israélite Universelle (courrier électronique). A l’occasion de son 150e anniversaire, cette vénérable institution organise une conférence solennelle.

La première intervenante de ce colloque est Mme Chantal Delsol, connue comme une représentante de la droite catholique, qui traitera de « l’Universel et la marque de l’enracinement » (voir ci-dessous le programme du colloque).

Or Mme Delsol est connue pour ses prises de position politiques et notamment pour son soutien explicite à l’alliance avec le Front national lors des élections régionales de 1998 dans la région Rhône-Alpes.

Il ne s’agit ni d’histoire ancienne ni d’un péché véniel ; les relations avec l’extrême droite hantent  la vie politique et sociale du pays depuis plus d’un siècle et sont évidemment d’une importance capitale quand une organisation juive se penche sur l’identité.

La lettre au Président de l’AIU est reproduite ci-dessous, avec quelques corrections de forme.

 

Monsieur le Président,

 

Ayant lu dans la presse que l'AIU organise le 14 Novembre  une conférence à  l'occasion de son 150e anniversaire, avec comme invitée-vedette Madame Chantal Delsol, je me permets de vous faire de ma stupéfaction et de ma protestation. 

En effet Mme Delsol a pris position publiquement en faveur d'une alliance politique avec le Front national, lorsque celle-ci pût se réaliser, à l'occasion des élections régionales de 1998. De très nombreux articles de presse de l'époque en témoignent.

Un portrait de Mme Delsol, paru dans le journal Le Monde dans son édition du 15 juin 2002 (p. 34 ) donc plusieurs années après ces événements, documente précisément cette posture inchangée:

"...Mais Chantal Delsol, c'est aussi Chantal Millon-Delsol, l'épouse de Charles Millon, réélu en 1998 à la présidence du conseil régional de Rhône-Alpes avec l'appoint des voix du Front national... Elle ne l'en a pas moins soutenu dans des choix : "Le Front national avait donné son soutien sur un programme précis", justifie-t-elle. "De plus, il y a comme une imposture à faire d'un côté du FN un parti légal, et de l'autre à ériger une sorte d'ordre moral au nom duquel accepter ses voix serait inadmissible."

À ma connaissance, elle n'est jamais revenue depuis sur cette prise de position.

Est-il possible de débattre de « l'Universel et de la politique des identités » avec une personne qui banalise une alliance politique avec un parti xénophobe et antisémite, dont les principaux dirigeants ont été condamnés pour négationnisme et incitation à la haine raciale? 

Il s'agit bien sûr de Jean-Marie Le Pen mais aussi de Mr Gollnisch dirigeant du Front national dans la région Rhône-Alpes, partenaire de l'alliance nouée à l'initiative de Monsieur Million et qui entraîna notamment un énorme scandale au Mémorial des enfants d'Izieu. En raison de son alliance avec le Front National, Mr Millon fût chassé du Mémorial le 19 Juillet 1998 à l'initiative de Mme Lagrange, présidente de l'Amicale régionale des déportés d'Auschwitz.

 

Dans l'attente de votre réponse, veuillez recevoir, Monsieur le Président, l'assurance de mes sentiments les meilleurs.

 

Pour l'association Mémorial 98…

 

 MEMORIAL 98

Partager cet article
Repost0