Devedjian est certes un grossier personnage et une canaille, mais il y a aussi dans son propos contre Anne-Marie Comparini, traitée par lui en public de "salope", une insulte à celle qui a résisté à l'accord avec le Front National lors des régionales de 1998 (voir link)
D’ailleurs lorsque le conseil régional Rhône-Alpes, dont Anne-Marie Comparini est une élue, a adopté le 29 juin dernier une motion condamnant les propos de Patrick Devedjian, les conseillers membres du Front national et ceux de l’UMP se sont abstenus. Saluons toutefois les quatre femmes de l’UMP qui se sont démarquées de leur groupe, en apportant leurs voix à cette motion.
L’extrême droite lyonnaise, et B. Gollnisch le négationniste en particulier, ont des comptes politiques à régler avec AM Comparini. Celle-ci a refusé en 19998 et 1999 l’alliance entre la droite locale et le FN et a résisté aux pressions y compris celles de Séguin et Sarkozy (voir ci dessous le récit de ces manœuvres).
Lors de cette crise les responsables du Front National ont souvent insulté publiquement Mme Comparini en la traitant, déjà, de « salope ».
La
bataille contre l’alliance fut d’abord perdue puisque Charles Million, alors porte parole de la droite lyonnaise et ancien ministre de la défense de Juppé et Chirac, réalisa un accord politique avec le FN et fût élu président de la région.
En janvier 1999 après que l’élection de Million ait été invalidée, AM Comparini fut élue présidente de la région grâce aux voix de la gauche et le resta jusqu’en 2004.
Devedjian est un ancien responsable du mouvement fasciste et antisémite « Occident » comme Goasguen, Madelin, Longuet. Il a été condamné le 12 juillet 1967 pour « violences et voies de faits avec préméditation et armes » : il avait participé à une attaque en bande, habituelle dans ce groupe, contre les militants du comité Vietnam de l’Université de Rouen, faisant plusieurs blessés graves.
Lors de la récente campagne présidentielle Devedjian, cité dans le Monde du 10/04/07, a ainsi défini les enjeux très droitiers de cette élection : "La droite est sortie honteuse de la guerre. Depuis la Libération, la gauche exerce un magistère moral sur l'histoire, distribuant les bons et les mauvais points : à gauche le parti des fusillés, à droite les collaborateurs. Même Chirac n'a jamais dit qu'il était de droite, et Jospin n'a pas hésité à dire de la droite qu'elle était héritière d'un courant anti-dreyfusard, antisémite et raciste... Il (Sarkozy) a sorti nos valeurs de la réclusion, il redonne sa dignité à la droite, la droitisation de la société permet aujourd'hui ce réajustement idéologique qui anticipe la victoire politique… » Analyse à rapprocher des propos de Charles Millon qui déclarait en novembre 1998, alors qu’il gèrait la région Rhône-Alpes avec le FN , que la droite, " la vraie ", n’était pas au pouvoir depuis... 1945.
C’est en quelque sorte un retour du refoulé qui s’est exprimé dans l’insulte de Devedjian.
Est il tolérable que ce personnage demeure secrétaire général de l’UMP et président du Conseil général des Hauts de Seine ?
Sarkozy l' a en tout cas déjà absous en arguant de ses excuses et en refusant toute sanction.
Voir nos précédents articles notamment :
Des "collègues" du FN à la tête de l'UMP
Sarkozy et le Front National: une liaison dangereuse
Décembre 1998 : L’ANNULATION DE L’ELECTION DE MILLION
Le 9 décembre 1998, l’élection de Charles Millon à la présidence de la région Rhône-Alpes est invalidée par le Conseil d’Etat, assailli de recours. Il a donné raison à Etienne Tête, conseiller régional Vert, qui avait déposé un recours dès mars 1998 contre les conditions d’élection du président de région, jugeant irrégulier le débat qui eut lieu entre le lepéniste Gollnisch et Charles Millon avant le deuxième tour de scrutin.
La gauche qui peut compter sur 60 élus, contre 15 au groupe UDF RPR, est alors tentée de présenter un candidat, le socialiste Queyranne, aux trois tours de scrutin. Le risque est cependant trop grand de perdre une nouvelle fois la région au profit d’une alliance droite extrême droite. Anne-Marie Comparini est choisie comme candidate des " Républicains de droite " face à Millon, candidat à sa succession avec l’appui des seuls lepénistes et de son groupe. Son lieutenant Amaury Nardone propose plusieurs fois de " mettre des claques " à Marie-Thérèse Geffroy, lorsqu’elle prend la parole en séance, pour la punir d'avoir été la seule élue RPR à refuser de mêler ses voix à celles du FN le 20 mars 1998.
MEMORIAL 98