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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 22:56

 

Portraits des victimes des néo-nazis de la NSU

 

C’est une mort qui pourrait arranger beaucoup de monde, y compris des gens aux intentions peu louables.

Les deux néonazis et probables assassins multiples, Uwe Mundlos et Uwe Böhnhardt, âgés de 34 et 38 ans, ne sont plus de ce monde : ils sont morts d’une balle dans la tête, le 04 novembre 2011 à Eisenach, en ex-Allemagne de l’Est. Leurs corps calcinés ont été trouvés dans un camping-car ravagé par le feu, stationné dans cette ville de la région de Thuringe. Les deux Uwe seraient responsables, d’après les premiers éléments d’une enquête policière qui s’annonce longue, d’au moins une dizaine d’assassinats de petits commerçants d’origine immigrée, turcs dans leur grande majorité; une personne grecque y figure également. Ces crimes ont été commis entre 2000 et 2006 dans différentes villes d’Allemagne.

Depuis ce jour-là, les révélations sur les actions meurtrières du groupe auquel auraient appartenu les deux défunts, appelé « Nationalsozialistischer Untergrund » (NSU, « Clandestinité national-socialiste » ou « Maquis national-socialiste »), ne cessent plus. Tout comme les révélations sur la couverture que leur auraient procuré des autorités policières allemandes. En effet, les probables assassins avaient vécu dans la clandestinité depuis 1998, pendant pas moins de treize années. Ceci en ne quittant quasiment jamais la région, en tout cas pas pour longtemps. Or, pendant cette durée, ils disposaient de vrai-faux passeports délivrés (sous un autre nom) par des autorités de la région, leur permettant de se déplacer à l’étranger, entre autres en Hongrie et en Bulgarie.

Pire, des fonctionnaires de la police et surtout de l’ «  Office de protection de la constitution » (VfS, l’équivalent allemand des Renseignements généraux) de la région aurait été au courant des lieux où ils séjournaient. C’est ce qui ressort des révélations successives de la presse allemande depuis le 10 novembre dernier. Ainsi leur arrestation aurait été empêchée en 1998 par le VfS régional, alors qu’ils venaient de commettre un premier méfait, une tentative d’attentat à l’explosif contre un théâtre.

L’opinion publique, d’abord incrédule a appris, entre autres énormités, que ce même office de renseignement avait financé le groupe dans les rangs duquel les deux néonazis avaient d’abord milité dans les années 1990. Il s’agit du mouvement « Thüringer Heimatschutz » (« Protection de la patrie de Thuringe »), fort de 170 activistes prêts à la violence. Son ancien chef, Tino Brandt, aurait reçu pas moins de 200.000 deutschemark, l’équivalent de 100.000 euros, au nom de services qu’il aurait fournis en matière de renseignement. Or, se comportant plutôt en agent des nazis chez les policiers que l’inverse, Brandt aurait intégralement investi ces sommes dans ses activités d’extrême droite.

La version livrée par les autorités allemandes explique que les deux néonazis se seraient suicidés ou tués mutuellement, le 04 novembre, car leur cache venait d’être découverte par un policier en faction attendant des renforts. Juste avant, les deux hommes auraient effectué un énième hold-up dans une banque, mais cette fois-ci ils auraient fini par êtres découverts dans leur planque après avoir pris la fuite.

A peu près au même moment, à 180 kilomètres de là, à Zwickau – ville également située dans le sud de l’ex-RDA -, un appartement explosa. C’est une complice des deux néonazis, Beate Zschäpe, âgée de 36 ans, qui l’aurait fait sauter. Jusque-là, le « trio » avait vécu ensemble dans l’appartement, situé dans une zone d’habitation plutôt huppée. Sur place, les trois (Uwe Böhnhardt, Uwe Mundlos et Beate Zschäpe) avaient mené une vie en apparence normale, sous de faux noms, veillant à ne pas se faire remarquer. En même temps, les deux hommes avaient sillonné l’Allemagne dans des camping-cars, semant la mort dans plusieurs villes : Rostock, Nuremberg, Munich, Dortmund. Autour d’eux, un réseau comprenant au moins plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de personnes les aidaient en leur prêtant des passeports et en fournissant de l’argent, des appartements, des  couvertures. Quatre personnes ont été arrêtées entre-temps, d’autres mises en examen.Les assassins néonazis n’étaient donc pas socialement isolés.

Entre eux existaient des différences flagrantes d’origine sociale : Uwe Mundlos était un fils de professeur d’université, lettré, passant pour quelqu’un de cultivé, issu d’un milieu favorisé, son complice Böhnhardt menait une existence sociale précaire. Ce dernier ne travaillait que par intermittence, en tant qu’ouvrier intérimaire. Une composition du « noyau dur » du groupe qui reflète le caractère hétérogène de la mouvance d’extrême droite, surtout en ex-Allemagne de l’Est. Celle-ci y exerce une sorte d’hégémonie culturelle, dans une partie non négligeable de la jeunesse masculine, au moins dans de nombreuses petites et certaines moyennes villes. Cette influence s’explique en partie par le discrédit d’un discours de gauche - identifié à l’ancien régime de la RDA -, la perte de repères et de perspectives sociales après la réunification. Il passe aussi par des concerts, des bars tenus par des néonazis, des styles vestimentaires partagés. Ainsi une grande auberge gastronomique, le « Gasthof zur Bergbahn », située à Oberweissbach en Thuringe passe aux yeux des enquêteurs comme l’un des centres de la logistique entourant le groupe clandestin NSU. Jusqu’à 150 néonazis et partisans d’extrême droite s’y étaient régulièrement réunis.

Selon ce qui a été révélé par les autorités jusqu’ici, la mort des deux hommes et l’explosion de l’appartement auraient obéi à un plan préalablement établi par les néonazis. En cas de découverte, il fallait se suicider et effacer toutes les traces. Or, ce n’est pas exactement ce qui fit Beate Zschäpe, puisqu’après l’explosion de l’appartement elle se rendit aux autorités. Depuis, elle se trouve en détention, mais garde le silence, tentant d’obtenir une remise de peine en échange d’un rôle de témoin de l’accusation face aux autres personnes arrêtées après elle.

La version des autorités est remise en cause de différents côtés, que ce soit de la part des amateurs de théories du complot, mais aussi  de façon plus sérieuse –par des militants antifascistes. En effet, les contradictions abondent. Ainsi, les enquêteurs prétendent que les autorités n’étaient pas au courant du fait que c’était le même groupe – le NSU – qui avait commis les différents assassinats d’immigrés commis tout au long des années 2000 à 2006. C’est  la découverte de l’arme du crime qui leur aurait permis d’y voir enfin clair, pour la première fois. Jusqu’ici, au sein de la police, la piste de crimes commis « entre immigrés » (par la mafia, par des Kurdes ciblant des Turcs, …) avait été privilégiée. Par ailleurs, l’assassinat d’une policière – Michèle Kiesewetter – commis à Heilbronn en Allemagne du Sud, en 2006, serait également à mettre sur le compte de ce groupe, pour des motifs encore obscurs. Dans ce cas aussi les autorités l’auraient ignoré jusqu’à la découverte de l’arme du crime, commune à tous ces assassinats. Or, selon d’autres informations de la presse, les différentes armes trouvées dans l’appartement étaient totalement déformées par l’explosion et ensuite par le feu, rendant difficile toute identification, alors que l’information sur l’utilisation de cette arme avait été donnée immédiatement. La « découverte » du point commun des crimes à travers l'arme semble donc mensongère

Par ailleurs, l’hebdomadaire « Der Stern » mentionne un rapport des services états-uniens qui, au moment de l’assassinat de la policière en 2006, menaient une opération de filature d’islamistes radicaux dans la même ville. Ils auraient d’ailleurs été obligés de mettre fin à leur opération en raison de ce meurtre, puisque des enquêteurs de police se rendaient massivement sur place. Ce rapport mentionne dès 2006 que les assassins de la policière étaient « d’extrême droite ». Or, les autorités allemandes prétendent qu’elles viennent seulement de découvrir cette piste, en novembre 2011.

Ainsi, des militants antifascistes, tels que Wolf Wetzel, membre de la « Coordination anti-nazie » de Francfort, analysent que les assassins du NSU auraient plutôt pu êtres liquidés par leurs commanditaires ou par des anciens protecteurs. Peut-être en savaient-ils trop, ou étaient-ils devenus encombrants. Pour couvrir ce fait , suppose ainsi Wolf Wetzel, des informations qui se trouvaient déjà dans les dossiers depuis longtemps auraient été rendues publiques.

Au-delà du périmètre des activités du groupe NSU, des liens avec le parti néonazi NPD semblent être attestés. En témoignent des interpellations de complices du groupe clandestin, et notamment celle du militant Ralf Wohlleben - ancien chargé des relations avec la presse du NPD en Thuringe. Il a été arrêté le 29 novembre 2011 pour avoir procuré une arme et des munitions aux membres du NSU. Il apparaît que le groupe entretenaient également des liens avec le réseau international néo-nazi « Blood and Honour ». Au-delà de ces liaisons, c’est la question du rôle exact des autorités qui est Posée. La députée régionale du parti Die Linke (équivalent allemand du « Front de gauche ») en Saxe, région voisine de la Thuringe, Kerstin Köditz, a ainsi déclaré : « De la part des services VfS en Thuringe et en Saxe, je m’attends à beaucoup de choses. Mais uniquement à des choses négatives.»

On constate une fois de plus que des fascistes ou néonazis avérés travaillent, en tant qu’ ’’ agents doubles », à la fois pour les services de police et pour l’extrême droite. Ce n’est d’ailleurs pas nécessairement contradictoire dans leur esprit, puisqu’ils ne se vivent pas comme des « traîtres » travaillant contre leur camp idéologique. Au contraire, l’existence de réseaux d’extrême droite au sein de la police tout autant que la fascination de l’uniforme a toujours pu contribuer à ce qu’ils se reconnaissent dans ces deux facettes de leur activité. Cette intrication est d’autant moins étonnante qu’en Allemagne fédérale d’après-guerre la police et l’armée ont été construites en bonne partie par d’anciens nazis. Le parti NPD, principale formation de l’extrême droite activiste en Allemagne, entretient depuis des décennies un département rattaché à sa direction, qui s’occupe des « agents doubles» dans ses rangs. C’est ce département qui détermine quelles informations ils sont amenés à fournir aux appareils de police et de renseignement.

En 2003, une procédure engagée par le gouvernement fédéral et visant à faire interdire le NPD échoua justement en raison de la  très forte présente policière dans ses rangs.  La Cour constitutionnelle estima que les services de renseignement ne pouvaient pas être à la fois juges et parties et que l’Etat ne saurait demander l’interdiction d’un parti qu’il avait infiltré à ce point. Le risque étant, au plan juridique, qu’il pouvait pousser un parti politique à la faute par l’action de ses « agents provocateurs ».  La réalité est, cependant, souvent différente : il s’agit bel et bien d’agents doubles conscients, s’affirmant en tant que tels, qui travaillent aussi bien pour l’extrême droite  par conviction que pour les services de renseignement.

L’affaire n’en est qu’à ses débuts ; les antifascistes d’Allemagne se mobilisent pour mettre à jour les manipulations de l'appareil policier. Celui-ci vient de faire la preuve de son incapacité ou de  son refus à combattre la violence meurtrière de l’extrême-droite.

Bernard Schmid pour MEMORIAL 98

(à lire aussi: Allemagne: le bacille de Koch

Deux livres recommandés

Nuit de cristal : 70 ans après (II) Un acte prémédité.

Nuit de cristal : 70 ans après(I) Terrible Autriche

Berlin : hommage à une Juste allemande

Document exceptionnel: entretien avec Raul Hilberg

Rééditer Mein Kampf ?

 

 

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 00:10

 

Il y a vingt-cinq ans sortait en France « Welcome in Vienna », un film qui nous laissa abasourdis par son réalisme et sa noirceur. Le film décrit l’arrivée à Vienne de jeunes juifs autrichiens et allemands ayant dû fuir leur pays et qui reviennent comme GI’s après la défaite nazie.

La confrontation avec la société viennoise, encore largement empreinte de nazisme, est terrible.

Cette fois ce sont les 3 films de la trilogie qui sortent dans les salles. Les deux premiers décrivent la fuite devant les nazis ( « Dieu ne croit plus en nous ») et leur arrivée aux Etats-Unis (« Santa Fe »). Il semble qu’ils sont de la même qualité que l’œuvre qui donne son nom à la trilogie

Le réalisateur, Axel Corti, prématurément décédé en 1993,  a travaillé  sur un scénario largement autobiographique de Georg Stefan Troller.

 Il semble que l’œuvre existe en vidéo mais profitez de cette sortie exceptionnelle pour voir ou revoir Axel Corti.

(voir aussi Nuit de cristal : 70 ans après(I) Terrible Autriche

Nuit de cristal : 70 ans après (II) Un acte prémédité.

Le négationnisme s'infiltre au sommet de l’Europe.

Berlin : hommage à une Juste allemande

Rééditer Mein Kampf ?)

MEMORIAL 98

P.S: « Dieu ne croit plus en nous » est tout aussi exceptionnel et noir. Il relate la fuite et la traque des Juifs d'Autriche et d'anti-fascistes, quand la terre entière constituait une "planète sans visa". Les réfugiés juifs et anti-nazis en France furent d'ailleurs internés en tant que "resortissants ennemis".

 

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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 18:49

"La carte d'identité, elle n'est souvent que la carte bancaire, voire la carte Vitale pour certains", vient de  déclarer le 10 Novembre le député Lionnel Luca (Droite populaire/UMP)

« La carte  nationale d'identité n'est pas la Carte Orange  », écrivait Jean-Marie Le Pen, qui siégeait à l’’Assemblée Nationale entre 1986 et 1988,  dans l'exposé des motifs de sa proposition de loi n° 82 « tendant à modifier le code de la nationalité française ».

L'UMP s'est prononcée, jeudi 10 novembre, pour un retour à la loi Pasqua de 1993 sur l'acquisition de la nationalité. Le parti majoritaire entend aussi mener, lors de la campagne présidentielle, une "bagarre sans concession" contre le projet du PS d'accorder le droit de vote aux étrangers non communautaires pour les élections locales.

 

Actuellement, en vertu du droit du sol, - et de la loi Guigou de 1998 réformant la loi Pasqua de 1993 - tout enfant né en France de parents étrangers, devient sauf refus de sa part, automatiquement français à sa majorité s'il vit en France ou a vécu en France pendant cinq ans depuis ses 11 ans. Désormais, il devrait, à 18 ans, "en faire la demande" écrite.

La proposition avait été initiée dès l'an dernier par la Droite populaire, qui a obtenu la tenue de cette rencontre baptisée « atelier », organisée par l'UMP.  La réunion a été marquée par une protestation de Jeannette Bougrab. En "fille de harki", la secrétaire d'Etat à la jeunesse s'est élevée, contre "certains mots qui blessent".

Elle visait l'historien Dimitri Casali et Malika Sorel-Sutter, connus pour leur hostilité aux personnes d’origine musulmane, orateurs invités de cette réunion,  qui ont dénoncé une ghettoïsation des immigrés plus "voulue" que "subie".

Arno Klarsfeld, président de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, a du lui aussi  mettre en garde contre le risque de "faire des jeunes qui ont toutes leurs attaches en France des CDD de la nationalité française".

L’UMP, sous la houlette de Copé et de la Droite Populaire, veut-elle relancer la guerre du Code de nationalité et tenter de remettre en cause le "droit du sol", dont bénéficient chaque année 30 000 jeunes nés ici de parents étrangers  ?

(voir Sarkozy et Copé aux côtés du Front National.

Succès du Front National: quelles conséquences?)

C’est ce que suggérait déjà  le contenu du fameux discours de Sarkozy à Grenoble le 30 juillet 2010 sur les « déchéances de nationalité » et ce passage ;  « … Il est quand même invraisemblable que des jeunes gens de la deuxième, voire de la troisième génération, se sentent moins Français que leurs parents ou leurs grands-parents  ».

L’insistance personnalisée sur ce  terme infamant de « déchéance » laissait alors penser que Sarkozy s’apprêtait à reprendre le « chantier » emblématique du code de nationalité  entamé en son temps par son maître Pasqua et sur lequel celui-ci dû reculer dans des circonstances particulières.

Ce faisant, Sarkozy, Copé et la Droite Populaire recycleront -une fois de plus- les théories du Front National, installées dans la panoplie de la droite dans les années 1980, par l’intermédiaire du Club de l’Horloge.

Ce club, qui se positionnait comme une passerelle idéologique entre le FN et la droite, écrivait dès 1984 : «  Aujourd'hui le code de la nationalité est une machine à fabriquer des "Français de papier", qui n'ont ni assimilé notre culture ni affirmé leur attachement à la patrie. Pour maintenir notre identité nationale, il est urgent de réformer cette législation. Le Club de l'Horloge, qui a lancé ce débat dans l'opinion, décrit ici la réforme qu'il faudra réaliser tôt ou tard… » 

La mise en pratique de  ces théories fut concrétisée par Chirac et Pasqua, en 1986, lors du retour de la droite aux affaires. 

Elle fut symbolisée par la tentative de supprimer le traditionnel droit du sol et le droit à la nationalité française pour les enfants nés en France et issus de parents étrangers. "Être Français, ça se mérite" disait déjà Pasqua. Dans cette bataille du code de nationalité, le gouvernement Chirac-Pasqua, qui pensait remporter une victoire décisive, fut contraint de reculer fin 1986, en raison des grandes mobilisations étudiantes contre la loi Devaquet et les « facs-Tapie ». L’épisode tragique de la mort du jeune Malik Oussekine, battu à mort par la police le 6 décembre de cette même année symbolisa la violence contenue dans les projets gouvernementaux  .

En 1993, la droite reprit son offensive et imposa notamment une "déclaration de volonté" des jeunes nés de parents étrangers; l'absence de cette déclaration avant 18 ans supprimait leur accession automatique à la nationalité.

 La remise en cause du code de nationalité est dans notre pays, un marqueur historique de la convergence-concurrence de la droite avec le Front National. Elle est aussi au cœur de l’obsession de l’ « envahissement », distillée depuis des décennies.

En effet, la droite entretient depuis 30 ans des rapports ambigus avec le FN, depuis que l’UMP de l’époque s’est alliée avec le Front National lors de l’élection municipale de Dreux en Septembre 1983. Depuis le début de sa carrière politique, Sarkozy applique le principe de son inspirateur, Pasqua. Celui-ci a résumé sa doctrine, à la veille de la présidentielle de 1988, dans le magazine Valeurs actuelles du 2 mai 1988: « Sur l'essentiel, le Front national se réclame des mêmes préoccupations, des mêmes valeurs que la majorité »

(voir aussi Identité nationale : comment l’idée vint à Eric Besson

Sarkozy-Le Pen: le livre qui révèle

Sarkozy et le Front National: une liaison dangereuse

Mais au-delà du calcul électoral, le jeu avec le FN sert de paravent à une entreprise plus profonde et plus dangereuse, car venant du cœur du système de domination politique. L’enjeu stratégique porté par Sarkozy inclut toujours l’unification de la droite autour du thème de la défense de l’« identité nationale » menacée, thème récurrent et éternel de la droite nationaliste dans notre pays.

C’est la reprise du cri traditionnel de la droite nationaliste des années 1930 : Dehors les métèques !

Juifs dans les années 1930, Musulmans et Roms aujourd’hui, pour eux, il s’agit toujours de désigner un ennemi national contre lequel se rassembler.

MEMORIAL 98

 

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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 12:02

Le film "Welcome" de Philippe Lioret qui passe ce jeudi 27 Octobre sur France 3 jette un pavé dans la mare en décrivant, à travers une fiction forte et émouvante, la situation des sans-papiers de Calais et de ceux qui s’engagent dans une démarche d’aide à leur égard.

 L’escalade pratiquée par le ministre actuel de l’Intérieur et de l’Immigration donne toute son actualité à ce film ; son passage télévisuel est particulièrement opportun.(voir Au côté des Roms, contre la violence. )

 Lors de sa sortie en salle en 2009, l’alors ministre de l'Identité Nationale et de l'Immigration et ci-devant socialiste, Eric Besson, avait  cru bon de mettre en cause le film et son réalisateur qui aurait comparé le sort de ces « clandestins » et celui des Juifs pendant la guerre (voir Allez voir « Welcome »

"Welcome": Besson enrage et calomnie.)

L'accusation était grave, mais fausse.

En réalité, Lioret avait évoqué, lors d'une interview, les sentiments de ceux qui aident des immigrés en difficulté et sont menacés comme ont pu l'être ceux qui cachaient des Juifs.

Nous sommes particulièrement vigilants à propos des assimilations abusives concernant la Shoah et n'hésitons pas à critiquer de  telles dérives Europe: contre l'enfermement des étrangers « Nous soutenons donc les initiatives du collectif européen des associations et du réseau éducation sans frontières (RESF) Nous tenons néanmoins à marquer notre désaccord avec une des formules de l'appel qui parle de "logique concentrationnaire". Ce terme est déplacé et hors de propos. La" logique concentrationnaire" a acquis une signification précise, en rapport avec des génocides dont la Shoah. Il n'y a aucune justification à ces écarts de langage et nous le faisons savoir aux organisateurs qui ont rédigé le texte... »)

Mais il était par contre légitime d'alerter à propos de la criminalisation croissante de ceux qui viennent en aide bénévolement à des sans-papiers (voir Sans papiers:soutien criminalisé ? ). Toute la presse avait rapporté le cas de la personne de Béthune placée en garde-à-vue et menacée pour avoir rechargé les téléphones portables des sans-papiers qui n'ont pas de prise électrique à leur disposition. Il est aussi légitime et nécessaire d'évoquer les « rafles » actuelles, correspondant aux objectifs chiffrés de sans-papiers à arrêter et expulser. Il est légitime et nécessaire de décrire la « chasse au faciès » qui contribue à ces arrestations.

Le  zèle courtisan de Besson s'explique sans doute par le caractère emblématique de la situation à Calais, aux yeux de la cour sarkozyste. En 2002, alors  qu'il était ministre de l'Intérieur, Sarkozy avait érigé en symbole de sa « poigne » la fermeture  du centre d’accueil de réfugiés de la Croix-Rouge à Sangatte, tout proche de Calais. La conséquence en est que les sans-papiers n'ont plus aucun abri, dorment dehors ou dans des abris de fortune et survivent grâce à l'aide de militants associatifs.

Eric Besson avait aussi prétendu que le film déformait la réalité et que personne n'avait été mis en cause pour une aide bénévole aus sans-papiers. Quelques semaines plus tard le jugement ci-dessous avait démontré le contraire.

Nous avions déjà précédemment évoqué le cas d’André Barthélemy, membre de la Commission nationale consultative des droits de l'homme et président de l'ONG lyonnaise Agir ensemble pour les droits de l'homme (AEDH). Il a été condamné, le jeudi 19 mars 2009, à 1500 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Bobigny pour avoir protesté contre l'expulsion de deux Congolais. Alerté par les cris de deux passagers sans-papiers reconduits et escortés à bord d'un vol Air France Paris-Brazaville en avril 2008, M. Barthélemy aurait, selon la police, protesté contre les conditions de cette reconduite, incitant les autres passagers à la révolte. Les magistrats l'ont reconnu coupable de "provocation directe à la rébellion" et "d'entrave volontaire à la navigation".

 

MEMORIAL 98

 

 

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16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 18:50

   Des manifestations particulièrement importantes auront lieu demain 17 Octobre, à l’occasion du 50 e anniversaire de l’assassinat de plusieurs centaines d’Algériens par la police parisienne, sous les ordres de Maurice Papon, préfet de police de l’époque.

Ces manifestants pacifiques et désarmés ont été matraqués, battus à mort, jetés dans la Seine. Leur mort à été niée, dissimulée ; elle n’est toujours pas reconnue. C’est pourquoi Mémorial 98 se joint à l’appel unitaire ci-dessous et appelle aussi à participer aux manifestations qui se dérouleront dans de nombreuses villes.( voir liste sur  http://www.17octobre61.org/ )

Nous rappelons que Papon a toujours  bénéficié d'une clémence exceptionnelle puisqu'il a échappé à la justice de 1981 à 1997 malgré la révélation en 1981 de son rôle dans la déportation des Juifs de Bordeaux. De plus il n'a jamais été jugé pour les massacres d'octobre 1961 et de Charonne. Il a été libéré de prison sur la base d'une "expertise " de médecins complaisants mandatés par la justice. Ces experts l'ont déclaré "grabataire"  et ont estimé que le « pronostic vital » du prisonnier était posé.Cette expertise a permis à Papon-le-grabataire de sortir seul et à pied de la prison, de rentrer sans encombre chez lui septembre 2002 puis et d’y vivre tranquillement jusqu’en Février 2007.

Son procès s'est terminé en Avril 1998, symboliquement au moment même au moment même où dans 5 régions la droite faisait alliance avec le Front National.

( voir aussi sur ce site

Mort de Papon: hommage à Michel Slitinsky

Sarkozy encense Maurice Druon, ami et soutien de Papon

Arno Klarsfeld trahit les victimes de Papon

Messmer: disparition d'un copain et soutien de Papon

Druon : mort d’un soutien de Papon.

Agents RATP face au tramway de la honte )


 

Memorial 98

 

 

Appel unitaire

 

« Il y a cinquante ans, le préfet de Police de la Seine, Maurice Papon, avec l'accord du gouvernement, imposa un couvre-feu visant exclusivement tous les Français musulmans d'Algérie.

 

Ce couvre-feu raciste entraîna une réaction pacifique des Algériens, sous la forme d'une manifestation dans les rues de Paris. Au soir du mardi 17 octobre 1961, ils furent près de trente mille, hommes, femmes et enfants, à défiler pacifiquement sur les grandes artères de la capitale pour revendiquer le droit à l'égalité et défendre l'indépendance de l'Algérie.

 

La répression policière de ces protestations non-violentes est une des pages les plus sombres de notre histoire. Longtemps dissimulée à l'opinion et désormais établie par les historiens, elle fut féroce : onze mille arrestations, des dizaines d'assassinats, dont de nombreux manifestants noyés dans la Seine, tués par balles, frappés à mort. 

 

Le temps est venu d'une reconnaissance officielle de cette tragédie dont la mémoire est aussi bien française qu'algérienne. Les victimes oubliées du 17 octobre 1961 travaillaient, habitaient et vivaient en France. Nous leur devons cette justice élémentaire, celle du souvenir. 

 

«Reconnaître les crimes du 17 octobre 1961, c'est aussi ouvrir les pages d'une histoire apaisée entre les deux rives de la Méditerranée. En 2012, l'Algérie fêtera cinquante ans d'une indépendance qui fut aussi une déchirure française. À l'orée de cette commémoration, seule la vérité est gage de réconciliation. 

 

«Ni vengeance, ni repentance, mais justice de la vérité et réconciliation des peuples: c'est ainsi que nous construirons une nouvelle fraternité franco-algérienne.

pour se joindre à l'appel:

 

 http://blogs.mediapart.fr/edition/17-octobre-1961/article/121011/appel-pour-la-reconnaissance-officielle-de-la-tragedie-d

 

MEMORIAL 98

 

 

 

 

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10 octobre 2011 1 10 /10 /octobre /2011 23:39
 

Syrie: les massacres continuent et s'aggravent

Paris – Manifestation « Non au G20 du SILENCE » Place de la République à 14h30 le 15 Octobre

 Appel à une manifestation le samedi 15 octobre 14h30 Place de la République à Paris pour interpeller les chefs d’Etats du prochain G20 qui se réunissent les 3 et 4 novembre à Cannes

Le peuple syrien, qui a soif de liberté, affronte depuis plus de 8 mois une répression sanglante de la part du régime en place.

Les morts, les blessés, les victimes de tortures, les disparitions, les arrestations se comptent par milliers et le bilan s’alourdit chaque jour.

Les pays qui s’opposent à ce que le Conseil de Sécurité des Nations unies saisisse la Cour pénale internationale pour enquêter sur les exactions perpétrées en Syrie pourraient être considérés, de fait, comme complices des crimes commis.

Le G20, en tant qu’espace de dialogue international privilégié, ne saurait rester silencieux lorsque la communauté internationale est confrontée, comme en Syrie, à une situation de violation massive des droits de l’homme à laquelle elle doit réagir de toute urgence.

Les membres du G20 doivent condamner publiquement les crimes contre l’humanité perpétrés en Syrie et assurer leur soutien au peuple syrien réprimé.

Le prochain G20 en a le pouvoir et la responsabilité.

Manifestation

Samedi 15 octobre 14 h.30

De le République à la Bastille.

 

Le Collectif Urgence Solidarité Syrie – Comité de la déclaration de Damas – Collectif du 15 mars pour la démocratie en Syrie – Souria Houria – Les jeunes de la révolution syrienne 2011 – Mouvement pacifique syrien – Pour une Syrie libre - Mouvement de Solidarité avec le Peuple Syrien - Coordination des Kurdes de Syrie en France - Parti Yekiti Kurdi-Hebon - Association des amis de Samir Kassir – Rassemblement pour la démocratie au Liban – ATMF – PS – PC – PG – EE les Verts – La Gauche Unitaire – MRAP – ACAT-France – FEMED – LDH – FIDH – REMDH – Amnesty France – Syndicat de la Magistrature - Ligue de l’Enseignement – FSU – SNESUP - FSU – CGT IdF- UNEF – SNES FSU – CFDT- Mémorial 98

 

Voir aussi l’appel de solidarité que nous avons signé    http://appelsolidaritesyrie.free.fr

 

voir aussi sur ce site

Halte au massacre du peuple syrien !

Syrie: violences à Paris contre les manifestants

 

MEMORIAL 98

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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 01:43
 

Dans toutes l’Europe, les Roms sont pourchassés. Les situations les plus graves se rencontrent actuellement en Europe de l’Est (Roumanie, Slovaquie, Hongrie) et  tout particulièrement en Bulgarie. Dans ce pays, le parti d’extrême-droite Ataka (Attaque en bulgare) organise des manifestations comportant des slogans meurtriers en direction des populations d’origine turque et rom, tels que : « les Turcs sous le couteau et les Roms en savon (allusion à l’extermination des Juifs par les nazis) ».

http://balkans.blog.lemonde.fr/2011/09/30/les-flammes-de-katounitsa/

En France, ainsi qu’en Italie, vers lesquelles se dirigent une petite partie de ces Roms, les gouvernements, loin de chercher à intégrer cette population et à lui permettre de vivre dignement, multiplient les actes répressifs et les expulsions, amenant ainsi un marginalisation croissant de ce public. (voir Danger:les dirigeants européens encouragent le racisme)

 Face à cette situation dangereuse et porteuse de violence à l’égard des Roms, des actions de solidarité et d’explication se font jour.

Samedi 1e octobre, des rassemblements et manifestations intitulées « Roma pride » ont eu lieu dans plusieurs villes d’Europe, dont Paris, Metz et Besançon, à l’appel d’un large collectif d’associations. Dans la capitale, quelques centaines de personnes se sont retrouvées devant le Panthéon. Le témoignage du cinéaste Tony Gatlif a constitué le moment le plus fort de ce rassemblement. Il a notamment lancé un appel aux gens du voyage français à se mobiliser contre les mesures actuelles et  à participer aux échéances électorales prochaines.

Une autre initiative, que nous saluons et à laquelle nous appelons à participer est le colloque intitulé « tsiganes-nomades-un-malentendu-europeen » qui se déroule à partir du 5 octobre. Nous vous invitons à prendre connaissance du contenu très riche et des informations pratiques sur le site

 http://www. tsiganes-nomades-un-malentendu-europeen.com/

Un moment particulier de cette programmation est la projection du film documentaire « Mémoires tsiganes : l’autre génocide » le jeudi 6 Octobre à 19 H au Mémorial de la Shoah.

 

voir aussi sur ce site sur l'analyse de la politique de Sarkozy et Guéant

 

Pourquoi les Roms ? Décryptage

ainsi que

Agents RATP face au tramway de la honte

Italie: danger fasciste?

Danger négationniste à l'Est de l'Europe

 

MEMORIAL 98 

 

 

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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 19:45

 

 « En Europe, nous sommes en train de forger une image hostile énorme des banques et des riches. Cela est déjà arrivé une fois, c’était en apparence contre les Juifs, et en fait on visait les mêmes milieux. Par deux fois cela s‘est terminé avec des guerres ! ».

Cette déclaration de Maria Fekter, ministre autrichien des Finances, membre du parti conservateur ÖVP, a été prononcée le 17 septembre, lors de la réunion des ministres européens des Finances en Pologne à Wroclaw, ville située à 230 kilomètres du camp d’extermination d’Auschwitz

Selon cette dirigeante de la droite autrichienne, l’extermination des Juifs pendant la Shoah n’était donc qu’un avatar, un prétexte pour mettre en cause les riches. Cette version particulièrement perverse du négationnisme aurait sans doute ravi ses défunts compatriotes Hitler, Kaltenbrunner et Jörg Haider.

Sans surprise, Maria Fekter fait partie de l’aile droite du parti conservateur. Ministre de l’Intérieur dans le précédent cabinet, sa politique dure en matière d’immigration, lui a valu le surnom de « dame de fer »; elle se proclame aussi catholique pratiquante. Elle est, avec son parti, partenaire des sociaux-démocrates dans un gouvernement de coalition;le chancelier social-démocrate du SPÖ s’est contenté de rappeler à l’ordre sa ministre alors que le parti des Verts réclame, à juste titre, sa démission immédiate.

Cette ministre s’inscrit dans la continuité de l’antisémitisme historique de la droite radicale autrichienne( Nuit de cristal : 70 ans après(I) Terrible Autriche )

A un autre niveau, des dirigeants de la droite européenne, notamment française, ont souvent banalisé la Shoah en l'utilisant lors de polémiques dans lesquelles ils entendaient se placer comme victimes.

Ainsi, le 7 juin 2010, lors d'un débat au Conseil de Paris portant sur les projets de logements sociaux dans le 16e arrondissement, Goasguen, député maire de cet arrondissement qui compte 2,4% de logements sociaux contre plus de 30% dans des arrondissements de l'Est parisien, s'est emporté face aux critiques: "Si vous voulez, vous pouvez nous mettre une étoile jaune avec 16e écrit dessus".

Interrogé par des journalistes après la séance, Claude Goasguen, ne s’est pas excusé, mais s’est justifié en rappelant qu'il "aime" et "défend" la communauté juive. Il préside le groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée. C’est la ritournelle habituelle quand le retour du refoulé s’exprime au grand jour.( voir Frêche: raciste et antisémite! )

Il a aussi explicité et par là même confirmé son propos :"Quand je dis: est ce que je dois mettre l'étoile Jaune ? entendez: je ne suis pas un pestiféré. Les habitants du 16e arrondissement ne sont pas des pestiférés", a- t- il souligné.

On appréciera l’association d’idées et d’images. Un tel « ami  de la communauté juive" n’ignore sans doute pas que l’accusation de propager la peste noire a pesé sur le sort des communautés juives d’Europe, massacrées au nom de cette accusation (voir Qui manipule l’étoile jaune ? ) .

Quelques semaines plus tard, mis en cause par un livre de Martin Hirsch à propos de ses conflits  financiers d’intérêts (il est avocat d’affaires en même temps que député, maire...) Jean-François Copé a tracé un parallèle entre cette mise en cause et la dénonciation des Juifs pendant la guerre.

Il a ainsi déclaré le 26 septembre 2010:«…Il se trouve que Martin Hirsch et moi nous avons un point commun que nous avons découvert en parlant : ses parents, comme mon père pendant la guerre, ont été sauvés par des Justes… Quand on a cette culture familiale, je ne dis pas que cela commande des obligations... Je dis simplement que l'on ne peut pas vivre les choses de la même manière… En lisant ce livre, je me suis demandé si, sans peut-être s'en rendre compte, il se livrait à un exercice de délation, qui n'est pas tout à fait à l'honneur de quelqu'un qui a sa qualité"

Ainsi selon Copé, Martin Hirsch, lui-même d’origine juive, agirait comme un de ces délateurs qui dénonçaient les Juifs aux nazis.(voir Un dirigeant UMP salit à nouveau la Shoah.)

Il est à noter que Copé et Goasguen ont fait partie des dirigeants UMP qui, lors de l’affaire Woerth, ont mis en cause la presse et notamment Mediapart, en la comparant aux journaux fascistes des années 1930

(voir Qui joue avec le fascisme ?.

Woerth, Copé et le Front National : décryptage)

En fait ils s’inspiraient de leur mentor présidentiel. Nicolas Sarkozy a en effet commis un dérapage semblable, tendant à banaliser la délation envers les Juifs sous le régime de Vichy, comparée à la dénonciation de délits fiscaux.
 À peine élu et venu défendre la « dépénalisation du droit des affaires » lors de l'université d'été du Medef le 30 août 2007, il avait utilisé la formule suivante :
« A quoi sert-il d'expliquer à nos enfants que Vichy, la collaboration, c'est une page sombre de notre histoire, et de tolérer des contrôles fiscaux sur une dénonciation anonyme, ou des enquêtes sur une dénonciation anonyme ? ». Il avait été acclamé frénétiquement par son auditoire patronal, absolument ravi par cette scabreuse comparaison.

Quelques mois plus tard, interrogée par l'Express du 13 février 2008 sur la plainte déposée par Sarkozy contre le site Internet du Nouvel Obs - qu'il accuse de "faux" à propos d'un SMS, Mme Bruni Sarkozy déclarait : «  La plainte justifiée de mon mari n'est pas contre un organe de presse, bien sûr, mais contre les "nouveaux moyens de désinformation". Internet peut être la pire et la meilleure des choses... Si ce genre de sites avait existé pendant la guerre, qu'en aurait-il été des dénonciations de Juifs?... Elle a dû s’excuser et retirer ses propos ( Sarkozy et la presse "collaborationniste": un recyclage) . 

 À titre historique, il faut rappeler que dès 2002 le responsable chrétien-démocrate allemand Roland Koch, membre lui aussi de l’aile droite de son parti et spécialiste des attaques contre les immigrés, avait provoqué un tollé du même ordre. Il avait  assimilé le sort des personnes fortunées sous un gouvernement de  gauche, à celui des Juifs sous le nazisme, car selon lui ces 2 catégories étaient pareillement stigmatisées par une « étoile jaune ». Il avait  dû s’excuser et avait retiré ses propos (voir Allemagne: le bacille de Koch .)

Mme Fekter doit être expulsée du gouvernement et rendre des comptes sur ses propos négationnistes.

MEMORIAL 98


 

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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 00:35

Devant les militants  du FN réunis, dimanche 11 septembre, à Nice pour une « Université Marine », l'avocat Gilbert Collard, président du comité de soutien à la présidente du Front National, s'est présenté comme "l'avocat des enfants d'Izieu" au procès de Klaus Barbie (en 1987). Il a dit se rappeler "du petit André, parti pour les camps de la mort en chantant :Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine'". Et d'ajouter: "... C'est depuis cela que je ne supporte plus que l'on siffle la Marseillaise et quand on se torche avec le drapeau français, j'ai l'impression qu'on essuie les larmes de ce gosse avec de la merde !"

Le culot de Collard est illimité; d’une part, il n’a strictement aucun lien avec l’association du Mémorial d’Izieu. Ainsi, Geneviève Erramuzpé, la directrice de la Maison d'Izieu note qu’"il n'y avait aucun André parmi les 44 enfants".

Surtout utiliser ces enfants juifs exterminés par les nazis pour soutenir un parti dont le président d’honneur, Jean-Marie Le Pen, a été condamné pour antisémitisme (voir Le Pen : l’antisémitisme jusqu'au bout.) ), est particulièrement révoltant.

En 1998, quand la droite s’allia au Front National dans plusieurs régions, le symbole en  était représenté par la région Rhône-Alpes.

(voir Le sénateur complice de Le Pen

   Devedjian copie les insultes du Front national )

Charles Millon, ancien ministre de la défense de Chirac et Juppé, se fit élire président de la région grâce à une alliance avec le Front National local.

Son allié et compère n’était autre que Bruno Gollnisch, négationniste avéré condamné pour ses déclarations sur les chambres à gaz. 

Face au choc provoqué par les alliances  entre la droite et FN dans cinq régions, la résistance s’organisa, notamment contre Millon.

Ainsi à Izieu, qui se trouve dans l’Ain dont il était à l’époque député, Charles Millon fut conspué le dimanche 19 juillet 1998, devant la stèle qui symbolise le sort tragique de 44 enfants et 7 adultes juifs raflés par Klaus Barbie dans ce village d’enfants et exterminés pour la plupart en 1944 à Auschwitz.

 La présidente régionale de l’Amicale des déportés d’Auschwitz, Simone Lagrange, déportée à treize ans, interpella Millon en lui demandant  de quitter les lieux.

Celui-ci ne partit qu’à la fin de la cérémonie, bafouant ainsi la mémoire des disparus, des survivants et de leurs familles. Fin novembre de la même année, il fut  exclu de l’association du mémorial des enfants d’Izieu.

La perversité du langage et la manipulation des symboles de la période nazie demeurent la marque de fabrique du Front National, ainsi que de ses alliés et ralliés.

voir aussi sur ce site:

Qui veut se faire piéger par Marine Le Pen ?

Estrosi: quand il voulait s’allier avec le Front National.

Woerth, Copé et le Front National : décryptage

Succès du Front National: quelles conséquences?

Le Pen manipule la mémoire et les banlieues

 

MEMORIAL 98

 

 

 

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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 00:34

Nous avons eu l’occasion de rencontrer des agents RATP ce jeudi 1 septembre, au moment où était annoncée l’affaire du tramway de Saint Denis utilisé lors de l’expulsion de Roms.

 Ces salariés ont évoqué spontanément le souvenir de la rafle du Vel d’Hiv’ en juillet 1942,  au cours de laquelle  les autobus parisiens de la STCRP,  l’entreprise qui a précédé la RATP, ont transporté les Juifs raflés.

( voir Mémoire: la rafle méconnue du 20 août 1941.

  Vel d'Hiv: le document

  Allez voir la Rafle! )

 Ces salariés étaient  choqués,vexés par ce retour d’une pratique qui pèse toujours sur l’histoire de l’entreprise et sur le métier qu’ils exercent Ils rappelaient qu’à l’époque comme aujourd’hui ce sont les autorités policières qui avaient ordonné cette participation des véhicules et des employés des transports en commun.Certains évoquaient aussi la responsabilité individuelle des conducteurs de bus ou de tramway face à des ordres de ce type.

Il faut d’ailleurs y ajouter une autre occasion dramatique. Lors de la manifestation des Algériens de Paris le 17 octobre 1961 et de la répression meurtrière qui la suivit, les autobus de la RATP furent aussi utilisés pour transporter les personnes arrêtées

 Le syndicat Sud s'est indigné de l'utilisation d'une rame de la RATP. "Ce n'est pas à nous de transporter des convois de personnes qui ne sont pas forcément volontaires pour monter dans les tramways", a déclaré son délégué central, Ph. Touzet.

 Il a souligné que la gare de Bobigny, terminus de cette ligne de tramway, avait justement joué un rôle central durant la Seconde Guerre mondiale dans la déportation vers les camps de la mort de 22.000 Juifs du camp de Drancy ; elle abrite aujourd'hui un mémorial

Ces agents de la Régie insistaient aussi sur les effets de la « décentralisation » et ses effets pervers : les responsables locaux sont transformés en potentats, se croyant tout permis,   puisque chargés du titre de « manager ».

La direction de la RATP a d’ailleurs tenté de s’abriter derrière cette décentralisation pour s’exonérer de toute responsabilité dans cette affaire.

 Le trio du sommet de l’Etat, Sarkozy, Hortefeux, Guéant   qui a lancé l’offensive contre les Roms l’an dernier est en tout cas directement responsable des évènements de ces derniers jours (voir Pourquoi les Roms ? Décryptage

Tous dans la rue le 4 Septembre ).

Le ministère de l’Intérieur avait émis une circulaire appelant à organiser  des rafles de Roms y compris des enfants et à les mettre en scène pour les médiatiser (voir link lien vers le journal qui a révélé la circulaire).

Face au tollé, la circulaire avait été atténuée, mais son esprit demeure manifestement.

Demeure aussi  la mauvaise foi et la manipulation de ceux qui organisent la xénophobie d’Etat et utilisent l’exemple extrême de la Shoah pour relativiser la malfaisance de leur politique qui jour après jour,  entraîne un développement du racisme et du rejet.

L’an dernier Sarkozy avait violemment attaqué la commissaire européenne Viviane Reding qui avait déclaré : 

- « des personnes (les Roms) sont renvoyées d’un Etat membre uniquement parce qu’elles appartiennent à une certaine minorité ethnique. Je pensais que l’Europe ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la seconde guerre mondiale. ». Sarkozy avait alors prétendu que les” Juifs français” s’étaient sentis agressés par cette déclaration.

Cette fois ci c’est Guéant qui stigmatise les protestations et considère que: "…des propos comme ceux-là banalisent la Shoah et, finalement, encouragent au négationnisme".

Or nous avons montré qu’à plusieurs reprises c’est le président actuel et son entourage qui  ont banalisé l’extermination des Juifs par les nazis en traçant des parallèles entre cette période et des problèmes de fiscalité ou en référence à leurs petites affaires personnelles de SMS.  

(voir Sarkozy et la presse "collaborationniste": un recyclage

Qui joue avec le fascisme ?

Sarkozy jette aux orties la reconnaissance de la participation de la France à la Shoah

Sarkozy boycotte le 8 Mai)

 

MEMORIAL 98

 

 

 

 

 

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