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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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Pour correspondre avec nous, nous proposer des articles ou des informations,

pour toute question : 

contact@memorial98.org

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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 20:53

 

Une fois de plus Marine Le Pen marche dans les pas de son père. Elle dénonce à nouveau Eva Joly, d'origine norvégienne, en raison de sa double nationalité et lui conteste le droit de se présenter à l'élection présidentielle de 2012.

Elle utilise pour cela la rhétorique classique de l’extrême-droite française en déclarant :

"Quand on est candidat à la présidentielle (...) il faut avoir un lien charnel avec notre pays, avec notre peuple. Je trouve profondément indécent que quelqu'un qui est devenu français à 20 ans, qui a la double nationalité, puisse poser sa candidature...Il faut supprimer la double nationalité"

La nouvelle présidente du Front National reprend ainsi le style et le contenu des diatribes de son père.

 Lors de la précédente présidentielle, en 2007 celui-ci avait d’abord à plusieurs reprises mis en cause les « 3 grands parents étrangers de Sarkozy ». Nous avions alors révélé qu’il s’agissait d’une référence codée au statut des Juifs  de  Pétain prévoyant l’exclusion de la vie publique pour ceux qui avaient 3 grands-parents juifs  ( Le Pen et les "3 grands-parents étrangers" de Sarkozy )

 Puis en juin 2007 il s’en était pris à Rachida Dati dans ces termes : " question à Mme Dati: est ce que vous avez la nationalité marocaine, ou est-ce que vous avez la nationalité française ? vous devez choisir. Si vous choisissez la nationalité étrangère, vous serez des étrangers, respectés en France, mais selon le statut des étrangers, sans les avantages que moi je crois devoir réserver aux Français… » (Le Pen récidive contre Rachida Dati)

Tradition délatrice

Les Le Pen père et fille s’inscrivent ainsi dans la longue tradition de l’extrême droite française consistant à dénoncer des personnes en raison de leur religion ou de leur origine et à  dresser dans ce but des « listes de noms ».

 Le dirigeant du FN avait souvent fait huer des noms à consonance juive de journalistes lors des fêtes de son parti.

 Il avait inauguré la mise en cause de la nationalité de ses contradicteurs dès 1989.

Le 5 décembre de cette année-là, à la télévision (sur la chaîne de l’époque « la 5 »), Le Pen est censé débattre avec Lionel Stoleru, alors secrétaire d'Etat chargé du Plan, sur le thème du travail au noir:

Le Pen commence par demander à son interlocuteur s'il a une double nationalité...

Réponse de Stoleru:

- "Être juif, ce n'est pas une nationalité... Jusqu'à présent, c'est une religion."

Après les hésitations de Le Pen qui évoque une prétendue double nationalité franco-israélienne de son , la discussion porte sur le contrôle du travail clandestin:

Lionel Stoleru : "Sur ce problème du travail au noir, j'ai moi-même organisé des descentes dans le Sentier, des opérations coup de poing..."

Jean-Marie Le Pen dans une "plaisanterie" nauséabonde : "Vraiment ? Vous pourriez faire une rafle, c'est le cas de le dire..."

Cette agression antisémite provoqua à l’époque un tollé.

 

En Europe, la droite et l’extrême droite contre la double nationalité

 La remise en cause en cause de la double nationalité n'est pas limitée aux  vitupérations de Le Pen. Dans notre pays, De Villiers avait inscrit à son programme présidentiel de 2007 " l'interdiction de la double nationalité". Dans plusieurs pays d’Europe, la droite met en cause les élus et responsables qui se trouvent dans ce cas. En Allemagne le parti  démocrate-chrétien CDU-CSU, correspondant de l’UMP et membre du même parti européen (PPE), mène depuis des années une campagne contre le droit à la double nationalité des personnes issues de l’immigration.(voir Europe : une marée brune ?)

Marine Le Pen tente ainsi d’exploiter et d’approfondir sa popularité auprès des franges xénophobes de l’électorat UMP, agité par les orientations que lui ont distillées Sarkozy, Besson et Hortefeux.(voir

Qui veut se faire piéger par Marine Le Pen ?

Succès du Front National: quelles conséquences?

Notons que Marine Le Pen réalise aussi une opération de soutien à l’ex-ministre mitterrandiste Roland Dumas, compagnon de route du Front national depuis 2007;voir (Impunité de l'antisémite Barre) et présentement soutien de Laurent Gbagbo. Dumas poursuit de sa haine Eva Joly qui avait mis à jour ses turpitudes financières dans l’affaire Elf.

Albert Herszkowicz pour

MEMORIAL 98

 

 

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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 16:11

 

                                          Alliot-Marie propose l'aide de la police française à Ben Ali

 

Les révolutions tunisienne et égyptienne en cours, après le soulèvement réprimé en Iran, montrent avec éclat l’aspiration des peuples à la liberté, la démocratie et la justice.

 Elles démontrent ainsi qu’aucune nation n’est condamnée par la fatalité ou le poids de l’histoire à vivre sous le joug dictatorial.

La contagion démocratique prend certes un relief particulier dans le monde arabe, au sein duquel règnent  le plus souvent l’arbitraire, la répression et la torture, voire la succession héréditaire comme forme de pouvoir.

Mais au-delà, on peut penser et espérer que dans les dizaines de pays répartis sur tous les continents et dans lesquels les populations vivent sans les libertés essentielles, le vent est à l’écoute, à l’information et à la révolte qui gronde.

La liberté d’information, d’association, de créer des syndicats indépendants, de tenir des élections libres représentent l’avenir et l’oxygène des peuples.

Actuellement les dictatures qui n’ont aucune légitimité sont étrangement qualifiées par des termes qui relèvent en principe du vocabulaire démocratique.

On parle ainsi du « gouvernement chinois » ou « président chinois » alors qu’il s’agit d’une organisation criminelle régnant par la force et qui a sur les mains le sang des millions de personnes victimes de la répression. (voir Chine: la défaite, 20 ans après

Ouïgours : révolte et massacre)

Cet exemple, particulièrement frappant s’agissant d’une puissance mondiale, s’applique  évidemment à  tous les cas dans lesquels les libertés démocratiques ne sont pas respectées (voir Droits de l'Homme: un combat nécessaire .  Russie/ un an après les assassinats Droits de l'Homme: un combat nécessaire .)

On ne peut pas prévoir où surgira de nouveau la flamme de la liberté ; on constate en revanche que tous ces régimes autoritaires suivent avec inquiétude et terreur les événements actuels en Tunisie et en Egypte.

Le gouvernement français actuel s’illustre particulièrement par son appui aux dictatures : après le silence sur le prix Nobel chinois, puis le soutien jusqu’au bout à Ben Ali c’est maintenant Moubarak qui est soutenu. (voir Tunisie, Algérie : solidarité  

Chine : le silence complice de Sarkozy

Dictateurs africains: célébration de l’impunité ? La menace islamiste est brandie comme une massue pour faire passer l’état d’urgence en place depuis 30 ans et les tirs à balles réelles sur les manifestants.

Ce soutien aux dictatures doit être sanctionné: est-il tolérable que se maintienne un gouvernement comportant un ministre de l’intérieur condamné pour injures raciales (voir Hortefeux doit partir !) et une ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, qui a proposé à la dictature tunisienne de l’aider à réprimer le soulèvement démocratique?

MEMORIAL 98

 

 

 

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 20:46

Le Pen et son supporter Dieudonné. 

 

 

 

 

 

Jusqu’au dernier moment du congrès d’intronisation de sa fille Marine à Tours, Jean-Marie Le Pen a tenu a marquer l‘importance de son engagement antisémite, au côté de ses attaques contre l'immigration.

Ainsi après que le service d’ordre ait agressé un journaliste portant un nom juif, Jean-Marie Le Pen a déclaré: " ... il a cru bon de dire qu'il était juif et que c'est pour cette raison qu'on l'avait expulsé, ce qui ne se voyait ni sur sa carte ni, si j'ose dire, sur son nez...".

Il est aussi revenu longuement sur  ses différents « dérapages » en se présentant en victime: « ….Parallèlement, le Front National a été victime d’une véritable persécution judiciaire et médiatique orchestrée par la police de la pensée.« Durafour crématoire », « détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale », « inégalité des races »… Tous mes propos ont été détournés de leur sens réel afin de me juger en sorcellerie parce que je refusais de me soumettre à la dictature de la Police de la pensée..."

À la veille de passer partiellement la main, Le Pen tient à marquer profondément la matrice antisémite de son mouvement.

Pour lui, la revanche de la Deuxième guerre mondiale et des années 30 est toujours d’actualité. C’est le sens de l’obsession du « détail » que représenterait la Shoah, reprise  régulièrement depuis 1987 .

C’est aussi le sens de références codées  à Laval ou, à propos de Sarkozy et des ses "trois grand-parents étrangers" au statut des Juifs promulgué par Pétain 

Dans un provocation passée inaperçue, fin 2008, Le Pen présentant ses vœux de Noël à la radio et à la télévision récitait le poème « Noël en taule » " de  Robert Brasillach écrit dans la prison de Fresnes où, ce fasciste déclaré qui ne cessa de dénoncer nommément des Juifs et des résistants, attendait son procès à l’issue duquel il fut fusillé pour intelligence avec l’ennemi.

Pour le président d’ honneur du FN, les Juifs demeurent les ennemis éternels du nationalisme car ils sont les  porteurs du « mondialisme » abhorré. En cela Le Pen est un héritier des thèses nazies.

De plus à l'approche de sa retraite politique, Le Pen tente de justifier son échec personnel en l'attribuant à la puissance du « lobby juif ».


En effet, le chef du FN n'a jamais réussi à concrétiser les extraordinaires succès électoraux de son parti, alors qu'il se voyait aux portes de la participation au pouvoir.
 Sa présence au deuxième tour de la présidentielle de 2002 est finalement restée sans lendemain. Même les alliances établies avec la droite lors des élections régionales de 1998 se sont effondrées dans le chaos.

Face à ce bilan d'échec de sa propre trajectoire et au moment de passer le relais à sa fille, Le Pen fait appel, avec une violence accrue, à deux explications déjà utilisées à de maintes reprises et répétées dans son long discours de passage de témoin: celle de la « décadence de la France » et  celle de la responsabilité sous-entendue du « lobby juif » qui a bloqué son ascension.

C'est le sens de ses propos dans une interview au journal « Bretons » en avril 2008; évoquant à nouveau le « détail «  il déclarait  alors:  «... C'est le sujet qui est important, je crois. J'aurais parlé, même de très loin, du génocide vendéen, personne n'aurait été choqué... Est-ce un pays de liberté où une phrase, si contestable soit-elle - et prononcée par un homme public -, mérite 150 millions d'amende et la mise à l'index de l'individu et de son parti ?"

Le Pen voudrait faire passer le message suivant: " j'ai échoué car j'ai osé toucher au tabou de la Shoah; les juifs m'ont harcelé et marginalisé"

Cette thématique a été martelée pendant des années, en mettant en cause les patronymes juifs des journalistes de l'audiovisuel, en évoquant « l'internationale juive » ou un soi-disant pacte des partis de droite avec la fantasmatique organisation juive Bnai-Brith pour interdire les alliances entre la droite et l'extrême-droite.


C'est aussi ce que Le Pen a exprimé quand il a évoqué à plusieurs reprises pendant la campagne présidentielle de 2007 les « trois grands-parents étrangers de Sarkozy »
.

Nous avions alors démontré et révélé que ces " trois grands-parents étrangers" constituaient une référence directe, bien que codée, au statut des Juifs de 1940 lequel fixait justement ce même critère de filiation des « 3 grands parents » pour exclure les juifs ainsi définis, des fonctions publiques et électives (voir encore Le Pen et les "3 grands-parents étrangers" de Sarkozy

Ainsi pour Le Pen, c'est le « lobby juif » qui est maintenant au pouvoir à travers Sarkozy. Cette thématique antisémite est d'ailleurs largement présente chez les Dieudonné, Soral et autres agitateurs antisémites sévissant sur Internet.

Les réactions dans le FN


Une grande partie de l'appareil se retrouve autour de Louis Aliot, proche conseiller de Marine Le Pen pour se préoccuper avant tout de l'électorat FN. Ce dernier se sent moins motivé par l'engagement antisémite et négationniste générique du FN que par sa ligne xénophobe et anti-immigrés. Aliot déclare ainsi « ... Dans la situation actuelle marquée par une augmentation de la pauvreté sans précédent, par l'accentuation des flux migratoires, par les dégâts considérables initiés par la mondialisation économique, par l'installation durable d'un islam radical sur notre sol, les Français attendent des solutions concrètes et une vision crédible de l'avenir que nous leur proposons. Concentrons-nous sur l'essentiel: les combats électoraux à venir... »

Mais la présence de Le Pen fait que dans l’avenir du FN, le « tabou » négationniste n’a pas fini de se manifester et son poison d’être diffusé.

MEMORIAL 98

voir aussi sur ce site

 Qui veut se faire piéger par Marine Le Pen ?

Estrosi: quand il voulait s’allier avec le Front National.

Eric Woerth : quand il s’alliait avec le Front National

L’escalade antisémite de Dieudonné : décryptage

Succès du Front National: quelles conséquences?

Le Pen et Dieudonné: la grande famille des antisémites.

Sarkozy, Gaudin, Estrosi: l'ombre du Front National

Sarkozy et le Front National: une liaison dangereuse

 ( voir plus d'articles en utilisant la fonction Recherche du site)

 

 

 

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11 janvier 2011 2 11 /01 /janvier /2011 22:01

Le scandale médiatique fut provoqué  en mars 2010 par les déclarations de celui qui en répond aujourd’hui devant la justice. Sur le plateau de l'émission de Canal+ "Salut les Terriens", le 6 mars 2010, Zemmour, avait déclaré lors d'un débat sur les contrôles de police au faciès : "Mais pourquoi on est contrôlé dix-sept fois ? Pourquoi ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes ! C'est comme ça, c'est un fait..." Lors de l'émission "L'hebdo", diffusée le même jour sur la chaîne France Ô, il avait répondu à une question concernant la discrimination à l'embauche que les employeurs "ont le droit" de refuser des Arabes ou des Noirs. Il est condamné pour incitation à la discrimination raciale à une amende de 2000 euros avec sursis.

Depuis, Zemmour a radicalisé son propos, plaide pour une alliance entre la droite et le Front National,  défend la personne et  les propos de Marine Le Pen, y compris lorsqu’elle trace un parallèle entre l’Occupation nazie et les prières de musulmans (voir Qui veut se faire piéger par Marine Le Pen ? )

Il est ravi : il se trouve au cœur d’une tempête médiatique et il renforce ainsi sa posture de porte-parole de la droite musclée, celui qui « dit tout haut ce que les autres pensent tout bas ».

Ce slogan vous rappelle quelque chose ? C’est bien le Pen qui l’a largement fait connaître. Les supporters de Zemmour, et au premier rang les incontournables croisés de « Riposte Laïque »,  utilisent beaucoup cette formule pour le défendre. 

Zemmour se présente comme un esprit rebelle, à la parole libre, mais il est en fait installé au cœur du système médiatique ( France 2, RTL, Le Figaro…)

De plus ,loin d'être un néophyte en politique, il a derrière lui une longue carrière à la droite de la droite; il a  beaucoup fréquenté Charles Pasqua et ses acolytes.

Il fut particulièrement proche de William Abitbol, conseiller politique de Pasqua et rédacteur de ses discours et aussi ancien militant du groupe fasciste Occident (comme Gérard Longuet, Devedjian, Hervé Novelli...)

La judéité des deux compères Zemmour et Abitbol ne le a jamais empêché de nager dans les eaux de la droite la plus radicale, celle qui brandit la xénophobie et l'antisémitisme comme étendards.

Zemmour dit il autre chose que Copé, Besson, Hortefeux, Morano, Longuet, Gaudin et tant d’autres dirigeants de la droite ?

Le cœur de cette argumentation est qu’il y a en France des populations non intégrables, dont l’origine étrangère, voire la « race », les propulse vers la criminalité. La police a donc ainsi tout à fait raison de pratiquer des contrôles au faciès et les employeurs ont raison de ne pas les embaucher.

  ( voir

 

Hortefeux : le retour du refoulé

 

De Villiers et son faux témoin

 

Morano : récidive d’une collaboratrice du Front National

 

Identité nationale : comment l’idée vint à Eric Besson

 

Gaudin: l'impensé colonial )

 

Vieilles théories recyclées.

 

Les propos de Zemmour, qui se présentent comme iconoclastes et novateurs, recyclent en fait les vieilles théories du Front National, installées dans la panoplie de la droite au milieu des années 80, par l’intermédiaire du Club de l’Horloge.

 Ce club, qui se positionnait comme une des passerelles idéologiques entre le FN et la droite, écrivait alors : «  Aujourd'hui le code de la nationalité est une machine à fabriquer des "Français de papier", qui n'ont ni assimilé ni notre culture ni affirmé leur attachement à la patrie. Pour maintenir notre identité nationale, il est urgent de réformer cette législation. Le Club de l'Horloge, qui a lancé ce débat dans l'opinion, décrit ici la réforme qu'il faudra réaliser tôt ou tard… »

La mise en pratique de  ces théories se fit en 1986, lors du retour de la droite aux affaires.  Elle fut symbolisée par la tentative de supprimer le traditionnel droit du sol et le droit à la nationalité française pour les enfants nés en France et issus de parents étrangers. "Être Français, ça se mérite" disait Pasqua,  « La carte  nationale d'identité n'est pas la Carte orange (carte Ratp de l’époque) », écrivait Le Pen dans l'exposé des motifs de sa proposition de loi n 82 « tendant à modifier le code de la nationalité française ».

  Dans cette bataille du code de nationalité, le gouvernement Chirac-Pasqua fut contraint de reculer fin 1986, en raison des grandes mobilisations étudiantes et de la mort du jeune Malik Oussekine, battu à mort par la police le 6 décembre de cette année.

 Cela n’empêcha pas Pasqua de faire référence à des « valeurs communes » de la droite et de l’extrême droite lors de la campagne présidentielle de 1988.

  (voir  Balladur et Sarkozy: de la préférence nationale à l'Identité nationale

Sarkozy et le Front National: une liaison dangereuse )

 

La lamentation réactionnaire de Zemmour, sa haine du féminisme et de l’universalité n’ont de moderne que leur adaptation à la forme télévisuelle dominante.

 Mais les dégâts en sont ainsi démultipliés, dans un contexte de renforcement du Front National (voir  Succès du Front National: quelles conséquences? )

 

 


MEMORIAL 98

 

 

 

 

 

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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 20:39

 

Combien de morts tombés sous les balles de la police, combien d'autres torturés, arrêtés, brutalisés par la répression en Tunisie et en Algérie?

 

Le régime dictatorial de Ben Ali montre une fois de plus son vrai visage: celui d’une dictature qui n’hésite pas à recourir aux formes les plus extrêmes de violence.

Depuis des années ce pouvoir se maintient hors de tout cadre démocratique : les élections sont une farce, la presse est totalement muselée, les opposants sont systématiquement pourchassés, calomniés, torturés. (voir Tunisie: femmes victorieuses contre l’impunité)

Ben Ali est soutenu par des gouvernements qui voient en lui la garantie d’une « stabilité » propices aux affaires et une garantie contre les « islamistes » . Ces gouvernements ne sont  nullement gênés par le sort infligé au peuple tunisien.

 Même face à la répression actuelle les dirigeants européens et particulièrement français se taisent et soutiennent ainsi la répression, comme dans le cas de la Chine (voir Chine : le silence complice de Sarkozy ).

En Algérie, le régime est tout aussi loin de toute légitimité démocratique.

L’armée et les services secrets accaparent l’énorme rente pétrolière qui contraste avec la pauvreté qui touche une grande partie de la population.(voir aussi Algérie, antisémitisme: un texte de Souâd Belhaddad

Algérie: proclamation antisémite du régime)

Notre solidarité va aux populations qui subissent cette oppression et à toutes les victimes des violences policières dans ce Maghreb qui a subi la colonisation puis la confiscation des indépendances et aspire à la justice et à la démocratie.

Memorial 98

 

 

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 23:47

Le Métropolite (équivalent d’un évêque ) orthodoxe Serafim Mentzelopoulos du Pirée s’est lancé le 21 Décembre dans une violente diatribe antisémite, antimaçonnique et négationniste sur la principale chaîne de télévision du pays, Mega TV, lors d’une interview matinale.

Il a accusé le "sionisme international" d’être à l’origine des problèmes financiers de la Grèce et  a dénoncé un « complot judéo-maçonnique » destiné  à asservir la Grèce et l'orthodoxie chrétienne.

Il a aussi accusé le « sionisme international » de chercher à détruire la cellule familiale en encourageant les familles monoparentales et le mariage homosexuel (voir pour la même thématique  Interdire les listes de Dieudonné ? ).

Lorsque l'animateur de l’émission lui a demandé : « Pourquoi êtes-vous en désaccord avec la politique d'Hitler ? S'ils font tout cela, n'était-ce pas une raison de les (Juifs) brûler ?, » le Métropolite a répondu : « Adolf Hitler était un instrument du sionisme international et a été financé par la célèbre famille Rothschild dans le seul but de convaincre les Juifs de quitter les terres d'Europe et d’aller en Israël pour établir le nouvel Empire. » Le prélat reprend ainsi les formules négationnistes les plus extrêmes, qui englobent la nazisme et ses chefs dans le "complot sioniste".

Il a ensuite déclaré que des Juifs comme « Rockefeller (sic!), Rotchschild et Soros dominent le système bancaire international qui contrôle la mondialisation. »

Le Métropolite Anthimos de Salonique a aussi fait des déclarations dans ce sens, ce qui dans cette ville produit une résonnance particulièrement sinistre.

Salonique, que l’on nommait la « Jérusalem des Balkans » , capital du judaïsme sépharade et du ladino, comptait plus de  55000 Juifs avant la Shoah ;  54000  furent expédiés dans les camps d'extermination nazis. Près de 98 % de la population juive totale de cette ville connut ainsi la mort durant la guerre. Seul le judaïsme polonais connut un taux de destruction plus important.

Depuis des années en Grèce la littérature antisémite et néo-nazie circule librement; c’est le cas notamment des «  Protocoles des sages de Sion ».

La tradition antisémite de la droite nationaliste grecque s’appuie sur l’Eglise orthodoxe et a aussi contaminé une partie de la gauche de ce pays (voir Grèce: première condamnation d'un néo-nazi 

Grèce : défaite contre le négationnisme )

La religion orthodoxe est la religion d’Etat. Son puissant clergé est au premier rang de l’exclusion des minorités religieuses (Juifs, musulmans, catholiques) et nationales (Albanais, Macédoniens…) ainsi que du soutien aux criminels de guerre serbes, au nom de la fraternité orthodoxe.

Les immigrés sont particulièrement maltraités et privés de droits. L’exercice du culte musulman est quasiment impossible.

A travers ses déclarations antisémites, le  clergé orthodoxe tente de dénaturer la mobilisation sociale du peuple grec contre l'austérité qui lui est  imposée.

MEMORIAL 98

 

 

 

 

 

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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 00:02

Ainsi 27 ans après la premier succès électoral du Front National, à Dreux en 1983, la droite et la gauche seraient « piégées »  par Marine Le Pen.

La porte-parole et sans aucun doute future dirigeante du FN a choisi délibérément de radicaliser son propos. Elle fait appel à une rhétorique de guerre contre les musulmans qui occuperaient le territoire et, coup double, évoque le souvenir de l’Occupation et donc du nazisme.

Elle déclare, en référence aux prières musulmanes : “... Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la seconde guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’occupation, on pourrait en parler pour le coup. C’est une occupation de pans de territoire. Certes, il n’y a pas de blindés, il n’y a pas de soldats, mais elle pèse sur les habitants.”

Ses propos ont d'autant plus de résonance  que Lyon est la ville de son concurrent  Bruno Gollnisch mais aussi le symbole de l’alliance du FN  avec la droite de Charles Million en 1998 afin de gérer le Conseil régional . Lyon est aussi la ville emblématique de la Résistance contre le nazisme.

En deux phrases, l’héritière Le Pen a ainsi marqué sa continuité avec son père dans le domaine de la transgression. Elle a aussi repris à son compte la charge du révisionnisme historique assumé qui a marqué son parti depuis 1987 et la qualification des chambre à gaz « comme détail de la 2e guerre mondiale »

Mais en même temps elle imprime sa propre marque en indiquant d’emblée qu’elle s’inscrit dans l’axe actuel de l’extrême-droite européenne qui désigne les immigrés musulmans souvent issus des anciennes colonies comme des « envahisseurs ». 

Depuis le succès de l’extrême-droite suisse  lors de référendum sur les minarets (voir Suisse : nouvelle victoire de l’extrême-droite. ), le modèle est partout suivi  et copié.  

Il faut néanmoins rappeler que Jean-Marie Le Pen a lui aussi construit ses mouvements sur la lutte contre l’immigration forcément « sauvage » et de l’ « invasion » avant de déployer ouvertement le discours négationniste et antisémite qui avait déjà cours à l’intérieur même des cercles dirigeants et parmi les militants aguerris de son parti.

En brandissant les spectres du « mondialisme » et de l’ « envahissement » Marine Le Pen poursuit la veine historique de l’extrême-droite nationaliste, celle qui a comme drapeau le cri « Dehors les métèques et les Juifs ».   

L’UMP condamne bien sûr les déclarations de M.Le Pen tout en reprenant les mêmes thématiques. Ainsi le nouveau chef  Copé fait de la surenchère et veut ressortir le débat sur l’identité nationale après avoir bâti sa campagne interne sur la burqa (voir Woerth, Copé et le Front National : décryptage) . Sarkozy cajole le groupe des députés dit « Droite populaire » qui fait le pont avec le Front National. Le ministre condamné pour injure raciale est toujours là, exige des préfets plus d’expulsions et soutient les policiers faussaires (voir Hortefeux doit partir ! ) .

Il faut donc se préparer.: les prochaines échéances verront, face à la gauche, un Front national offensif et rajeuni et une droite dure  et xénophobe, qui se sent portée par une vague européenne. Nous l'annoncions et hélas le confirmons( Europe : une marée brune ?

Succès du Front National: quelles conséquences?)

MEMORIAL 98

Voire aussi sur ce site:

Pourquoi les Roms ?

Décryptage Sarkozy : jusqu’où l'escalade ?

L’escalade antisémite de Dieudonné : décryptage

Dieudonné, Faurisson, Le Pen : décryptage.

Lyon: l'UMP avec les amis de Gollnisch

 

 

 

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24 novembre 2010 3 24 /11 /novembre /2010 23:01

 

Rebondissement dans l'affaire des propos racistes de Hortefeux tenus à l’université d’été de l’UMP en septembre 2009 ; dans un livre qui paraît ces jours-ci, Amine Benalia, qui était directement visé, dévoile la manipulation et les pressions de l'UMP pour protéger le ministre.

 Il détaille notamment l’invention de l’excuse des « Auvergnats » et l’attitude d’Hortefeux lui-même.

Son interview est à lire ici :  http://www.sudouest.fr/2010/11/24/derapage-d-hortefeux-a-seignosse-le-dacquois-amine-benalia-brouch-livre-sa-verite-248182-3350.php

 Le  récent remaniement ministériel a été présenté comme une rupture avec la stratégie  tournée vers l’électorat et les valeurs du Front National.

Le ministère de l’Identité nationale a ainsi disparu sans aucune explication. Cette réorientation découle de strictes considérations tacticiennes puisque selon les sondages commandités par le pouvoir, le gain de voix enregistré à l’extrême-droite était contrebalancé par des pertes au centre.

Mais plusieurs éléments montrent que ce nouveau visage ne remet pas en cause l’essentiel de la ligne suivie par Sarkozy depuis sa campagne électorale de 2007: le discours sécuritaire et xénophobe demeure au premier plan.

C‘est son compère Hortefeux, ami et confident depuis le début de sa carrière, qui symbolise ce pilier de la politique sarkozyste. Il est d’ailleurs en charge de toute l’administration de l’immigration.

Or ce même ministre a été condamné pour injure raciale (voir Hortefeux : la honte de la République .) De plus, les révélations d’Amine Benalia, à l’époque militant UMP et qui a accepté de le « couvrir » montrent le cynisme et l’indifférence d’Hortefeux à l’égard des conséquences de son acte.

N’est-il pas temps qu’il soit mis fin aux fonctions de ce ministre ?

(voir aussi sur ce site

Hortefeux : le retour du refoulé

Sarkozy : jusqu’où l'escalade ?

à propos de Copé, nouveau dirigeant de l'UMP: Un dirigeant UMP salit à nouveau la Shoah.

Woerth, Copé et le Front National : décryptage


Mémorial 98

 

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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 22:56

 

  A l’occasion de  la  commémoration de la Nuit de Cristal du 9 Novembre 1938, nous publions à nouveau deux articles de notre site consacrés à cet événement dramatique, écrits lors du 70e anniversaire en 2009.

Le premier article décrit le déroulement des violences en Allemagne même et leur planification, le second se concentre sur l’Autriche.

Depuis 2009, la situation sur le continent s'est aggravée.

Le contexte actuel en Europe est celui d’une offensive des droites radicales et extrêmes, qui  attaquent sans répit les populations immigrées, les populations musulmanes, les Roms, les Juifs (voir Europe : une marée brune ? ).

Les gouvernements accompagnent et amplifient les campagnes xénophobes (voir Europe : vague de racisme, les gouvernements responsables )

En Autriche, l’élection municipale de Vienne le 10 octobre dernier a vu une nouvelle poussée de la droite radicale qui a obtenu 27% des voix.

En Allemagne, le pamphlet anti-immigré de Thilo Sarrazin a déclenché une vaste polémique ouvrant la voie à un renforcement de la droite populiste et à une offensive visant la population d’origine turque.

 voir aussi sur ce site

Berlin : hommage à une Juste allemande

Rééditer Mein Kampf ?

 

MEMORIAL 98

 

Nuit de Cristal en Allemagne: les SA et la Gestapo en action

Notre article retrace le déroulement et la planification de ces violences antijuives ainsi que la réaction du gouvernement français de l'époque et l'hommage de Léon Trotsky à Herschel Grynzspan.

 Les nazis attendaient une occasion pour lancer une étape supplémentaire de ce qui deviendra, selon leur terminologie, la « solution finale du problème juif en Europe ». Le premier acte sera un vaste pogrom dans tous les territoires sous domination allemande, destiné à terroriser les populations juives et à les forcer à quitter l'Allemagne

L'attentat contre le conseiller d’ambassade Von Rath leur offre un prétexte idéal.

Herschel Grynzspan était un jeune Juif polonais qui, le 7 novembre 1938, dans un geste de protestation contre le sort des Juifs en Allemagne et l'expulsion de milliers d'entre eux vers la Pologne, avait abattu à Paris le conseiller d'ambassade Von Rath.

Hitler prépare alors une mise en scène destinée à démontrer que les Allemands du Grand Reich sont menacés par les Juifs. Le Volkischer Beobatcher, journal de propagande de Goebbels, écrit ainsi le 8 novembre, alors que Von Rath est encore vivant :

  "Il est clair que le peuple allemand tirera les conclusions de cette nouvelle action. On ne peut plus tolérer que des centaines de Juifs règnent encore à l'intérieur de nos frontières sur des rues entières de magasins, qu'ils peuplent nos lieux de distractions, que des propriétaires étrangers empochent l'argent des locataires allemands tandis que leurs frères de race incitent au-dehors à la guerre contre l'Allemagne et tuent des fonctionnaires allemands"

Parallèlement, dès le 8 novembre, les nazis prennent la précaution de confisquer chez les Juifs les armes et tout objet que ceux-ci pourraient utiliser pour se défendre.

Lorsque Von Rath décède le 9 novembre, tout est en place.

 Au moment où la nouvelle parvient à Hitler, ce dernier est à Munich, avec la vieille garde des SA, réunie pour commémorer sa tentative de putsch de 1923. Contrairement aux habitudes, Hitler quitte l'assemblée sans prononcer de discours et déclare:

"Il faut laisser le champ libre aux SA"

C'est Goebbels, ministre de la Propagande qui se charge non seulement d'annoncer publiquement le décès devant l'assemblée des SA mais également d'inciter au pogrom.

 Les principaux chefs nazis quittent ensuite la réunion à 23 heures et téléphonent les instructions à leurs sections régionales.

Pour les SA, il s'agit d'incendier les synagogues, sans autoriser les pompiers à intervenir, sinon pour empêcher la propagation du feu sur les maisons alentour, de détruire les magasins juifs, et d’y apposer des pancartes  "Mort à la juiverie internationale", d'abattre les Juifs trouvés en possession d'une arme.

Dans le même temps, un message secret est diffusé dès 23 h 55 depuis la direction de la Gestapo (police secrète d’Etat) à Berlin à tous ses services.

Pour la Gestapo, il s'agit d'incendier les synagogues, mais d'empêcher les pillages, de mettre en lieu sûr les archives importantes trouvées dans les synagogues, de préparer l'arrestation de 20 à 30 000 Juifs parmi les plus fortunés, de traiter avec une extrême rigueur les Juifs trouvés avec des armes.

Dans son Journal, Goebbels confirme qu'il présente les faits à Hitler; ce dernier décide de laisser les manifestations se poursuivre et donc de faire retirer la police.

Goebbels commente : « Les Juifs doivent sentir pour une fois la colère du peuple. »

Goebbels décrit ensuite précisément son action, il donne des ordres, motive les indécis. Il est ovationné par les dirigeants du parti. Tous se précipitent sur leurs téléphones. Le bataillon des SA « Hitler » part attaquer les Juifs de  Munich.

Selon les directives de Goebbels, la seule réserve est de ne pas apparaître en tant qu'organisation. Aussi, les SA et les SS s'habillent en civil et passent à l'acte dès 1 heure de matin.

Du nord au sud de l'Allemagne, incluant l'Autriche annexée, synagogues, maisons communautaires, asiles de vieillards, hôpitaux juifs, maisons d'enfants, logements privés et magasins juifs subissent l'assaut.

Les synagogues sont pillées, saccagées, détruites, incendiées, sans que les pompiers n'interviennent, se contentant d'empêcher la propagation des incendies  aux maisons alentour. Des groupes de SA attaquent les magasins juifs qui sont facilement reconnaissables, depuis qu'une ordonnance a exigé que le nom du propriétaire soit peint sur la vitrine en grandes lettres.

La teneur des messages des chefs des SA et de celui de la Gestapo, corrobore l'idée de l'existence d'un plan d'ensemble dont l'instigateur est Hitler.

D'ailleurs le silence officiel de Hitler ainsi que de Goebbels lors des événements des 7 et 8 novembre confirme cette thèse.

 Dans son journal, Goebbels écrit à propos de l'attentat, lorsqu'il relate la journée du 8 novembre : « A Paris, un juif polonais du nom de Grynzspan a tiré dans l'ambassade sur un diplomate allemand Von Rath, le blessant grièvement. Il voulait venger les Juifs. La presse allemande jette maintenant des hauts cris. Nous allons mettre les points sur les i... En Hesse, grandes manifestations antisémites. On brûle des synagogues. Si seulement on pouvait déchaîner la colère du peuple ».

Les conséquences

En Allemagne, 2000 à 2500 personnes ont trouvé la mort lors du pogrom ou dans les camps de concentration. Lorsque trois mois plus tard, certains sont libérés, c'est à la condition d'émigrer immédiatement. Rendus responsables du pogrom les Juifs d'Allemagne devront verser une amende d'un milliard de marks, et devront payer eux-mêmes les réparations sans bénéficier de l'aide financière de leurs assurances à titre d'indemnisation. Des milliers de Juifs d'Allemagne, privés de tous leurs biens, tentent de traverser clandestinement les frontières et d'obtenir le statut de réfugié politique.

En France

  Lors de la conférence internationale d'Évian de juillet 1938 sur les réfugiés, qui a abouti à un échec, le gouvernement français a exposé sa position : la France ne veut plus accueillir de réfugiés. Par ailleurs, lors des accords de Munich, la France a cédé aux exigences allemandes. Les Sudètes sont annexées, la paix est « sauvée ». La France tourne le dos ouvertement à ses principes  de pays de droits de l'homme, car le gouvernement recherche à tout prix l'apaisement avec son voisin allemand, à travers notamment des négociations secrètes menées par Georges Bonnet, ministre des affaires étrangères depuis le 10 avril 1938. Bonnet ne veut pas que les évènements de la Nuit de Cristal compromettent sa politique. Il choisit d'ignorer le rapport de George Von nouvel ambassadeur de France à Berlin qui lui écrit : "Le traitement infligé aux Juifs en Allemagne que les nazis tentent d'extirper complètement comme des bêtes malveillantes éclaire la grande distance qui sépare la conception hitlérienne du monde du patrimoine spirituel des nations démocratiques". Bonnet sera ensuite pétainiste, membre du Conseil national de Vichy.

La France est ainsi la seule grande démocratie à ne pas dénoncer officiellement les massacres perpétrés dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938.

 De plus, le 12 novembre 1938, deux jours après la Nuit de Cristal  une loi autorise l'internement des indésirables dans des camps de concentration. Les réfugiés juifs allemands et autrichiens entrés illégalement en France sont désormais directement menacés et seront internés puis livrés.

 

 L'hommage de Trotsky à Herschel Grynzspan (extraits) :

 

« Nous, marxistes, considérons la tactique du terrorisme individuel comme inopérante pour les tâches de la lutte libératrice du prolétariat ou des peuples opprimés. Un seul héros isolé ne peut pas remplacer les masses. Cependant nous ne comprenons que trop bien le caractère inévitable de ces actes convulsifs de désespoir et de vengeance. Toutes nos émotions, toute notre sympathie vont aux vengeurs qui se sacrifient, même s'ils n'ont pas trouvé la voie juste. Notre sympathie est d'autant plus grande que Grynzspan n'est pas un militant politique, mais un jeune, inexpérimenté, presque un enfant, dont le sentiment d'indignation a été l'unique conseiller.

Arracher Grynzspan des mains de la justice capitaliste, laquelle est capable de le décapiter pour mieux servir la diplomatie capitaliste, c'est le devoir élémentaire, immédiat de la classe ouvrière internationale.

Ce qui est le plus révoltant dans sa stupidité policière et sa bassesse inouïe, c'est la campagne actuellement menée sur ordre du Kremlin dans la presse stalinienne internationale. On essaie de le dépeindre comme un agent des nazis ou un agent des trotskystes liés aux nazis  Fourrant dans le même sac le provocateur et sa victime, les staliniens prêtent à Grynzspan l'intention de créer un prétexte favorable à la politique pogromiste de Hitler.

Nous sommes naturellement liés par les liens d'une solidarité morale ouverte à Grynzspan et non à ses geôliers " démocratiques " ou aux calomniateurs staliniens. La diplomatie du Kremlin, complètement dégénérée, essaie en même temps d'utiliser cet " heureux " incident pour renouer ses intrigues en vue d'un accord de réciprocité international entre les divers gouvernements, y compris ceux de Hitler et de Mussolini, pour l'extradition mutuelle des terroristes

Ils deviennent rares les gens qui soient même capables de s'indigner contre l'injustice et la bestialité. Mais ceux qui, comme Grynzspan, sont capables d'agir...

Du point de vue moral - et non pour ses méthodes d'action - Grynzspan peut servir d'exemple à tout jeune révolutionnaire. Notre solidarité morale avec Grynzspan nous donne doublement le droit de dire à tous les Grynzspan possibles, à tous ceux qui sont capables de se sacrifier dans la lutte contre le despotisme et la bestialité : Trouvez une autre voie ! Ce n'est pas un vengeur isolé qui peut libérer les opprimés, mais seulement un grand mouvement révolutionnaire des masses, qui ne laissera rien subsister du système de l'exploitation de classe, de l'oppression nationale et de la persécution raciale...

 

Trotsky,  30 janvier 1939

 

Terrible Autriche

 

 La vague de violences antijuives organisée par les nazis les 9 et 10 décembre 1938 et connue sous le nom de Nuit de Cristal (Kristallnacht), fut particulièrement meurtrière en Autriche, alors intégrée au Reich allemand. En ce 70e anniversaire, c'est aussi là que son souvenir résonne dans l'actualité récente.

Lors des législatives du 28 Septembre dernier l'extrême-droite a, malgré ses divisions, rassemblé 30% des voix.

Environ 40 % des moins de 18 ans ont voté pour le FPÖ de Heinz-Christian Strache, concurrent de Haider.

Strache, entouré de néo-nazis, s'est illustré au printemps dernier par une très violente campagne contre les immigrés et une éventuelle adhésion de la Turquie à l'Europe, sous le slogan «Autriche, reste libre!»

Près de 10 % de ces jeunes de 16 à 18 ans à qui le vote était ouvert pour la première fois ont opté pour le BZÖ de Haider

Mais dans cette Autriche vieillissante, il ne faut pas surestimer le poids des 16-18 ans, ils représentent moins de 3 % de l'électorat  Les résultats de l'extrême droite sont dus en majeure partie à des gens de plus de 50 ans.

La mort de Haider le 11 Octobre a ensuite donné lieu à une immense célébration.   

Jamais en Autriche, un homme politique n'avait été l'objet de tels honneurs. À Klagenfurt, la capitale régionale de la Carinthie dont il était le gouverneur des  milliers de bougies ont été allumées devant le palais du gouvernorat, tandis que des banderoles accrochées par des ribambelles d'écoliers pleurent «Jörg, le roi des cœurs carinthiens». Une messe célébrée en la cathédrale de Vienne a rassemblé des milliers de personnes, mêlant anciens ministres, conservateurs comme sociaux-démocrates, et néo-nazis discrets, identifiables seulement à leur crâne rasé et à la boucle de leur ceinturon affichant un double «s».

Dans les écoles de Carinthie, une minute de silence a été observée durant la semaine à la mémoire de Jörg Haider. Les enfants ont été invités à chanter pour lui.

Lors de ses obsèques, plusieurs orateurs se sont succédé à côté du cercueil veillé par six soldats, s'adressant à un parterre où la plupart des élites politiques autrichiennes avaient pris place. Le président de la république Heinz Fischer, le chancelier social-démocrate Alfred Gusenbauer, le chef du parti social-démocrate Werner Faymann - chargé de former le futur gouvernement à l'issue des dernières législatives, ses homologues des autres partis, à l'exception des écologistes, lui rendirent hommage

Cet emballement institutionnel et populaire, qui, pour le quotidien de droite à grand tirage Kurier, rappelle celui «autour de Lady Di et de Mère Teresa»,    vit célébrer en grande pompe la disparition d'«un homme politique de grand talent», selon les termes du président de la République, Heinz Fischer (SPÖ, gauche).

C'est le même Haider qui  se réclamait  «la politique de l'emploi réussie» du IIIe Reich et célébrait les Waffen SS, ces «hommes honnêtes restés fidèles à leurs convictions»

 Au même moment, l'élection à la co-présidence du Parlement autrichien de Martin Graf, député du parti d'extrême-droite FPÖ de Strache et membre de l'association antisémite et négationniste Olympia amplifie le malaise. Olympia compte à son actif l'organisation de conférences du négationniste David Irving (voir notre article précédent Oxford: négationnistes en vedette? ), et la prestation du chanteur compositeur antisémite Michael Müller qui, sur scène, entonnait: "Avec 6 millions de Juifs, la fête ne fait que commencer Jusqu'à 6 millions, le four reste allumé (...) Nous avons plein de Zyklon B (...) Avec 6 millions de Juifs, c'est encore loin d'être terminé".

Les partis de J. Haider et Strache s'inscrivent dans la tradition antisémite sans doute la plus intense d'Europe occidentale. Dès 1895, Karl Luger, dirigeant du parti social-chrétien maire de Vienne au programme explicitement antisémite, se fait élire sur la thématique de l'envahissement de la ville par les juifs de l'Est et l'atteinte à la nation autrichienne-allemande.

L'année 1938 a débuté par l'annexion de l'Autriche. L'armée allemande fait une entrée triomphale en Autriche le 12 mars 1938. À la fin cette  journée, les bureaux des organisations juives sont déjà saisis par les Nazis.

Dans les jours et les mois qui suivent presque tous les Juifs autrichiens ont perdu leurs moyens de subsistance et dans la majorité des cas leur domicile. Les mesures antisémites du Reich s'appliquent immédiatement.

Au lendemain de l'Anschluss, les Juifs sont forcés de revêtir leurs habits de fête et de nettoyer les rues de Vienne, accroupis sous le regard des Viennois goguenards et ravis. 
 Les jeunesses Hitlériennes paradent en tirant des Juifs orthodoxes par leur barbe ; d'autres Juifs sont été obligés de brouter l'herbe au parc du Prater  Ces actes sont rarement commis par des Nazis allemands mais plutôt par des Nazis autrichiens. À Vienne, les « parties de frottage », sont quotidiennes. Des groupes de S.A. sortent les Juifs de leur maison ou de leur magasin, leur mettent dans les mains un seau et une brosse et les obligent, sous les huées et les injures des gens qui font cercle autour d'eux, à effacer sur le macadam ou sur les murs des maisons les slogans appelant à s'opposer à l'Anschluss ou de  barbouiller de peinture jaune des magasins juifs.

 Lors de la Nuit de Cristal, la plupart des synagogues de Vienne furent détruites. Les commerces juifs furent vandalisés et saccagés. Des milliers de Juifs furent arrêtés et déportés vers les camps de concentration de Dachau ou de Buchenwald.

Les nazis autrichiens occupèrent une place centrale au sein de la galaxie nationale-socialiste, suivant l'exemple de Hitler, lui-même d'origine autrichienne. Adolf  Eichmann symbolise cette implantation au cœur de la mise en œuvre du génocide.

 

Après guerre, la réintégration rapide des nazis dans l'espace politique se fait sous la protection des Alliés et du mythe d'une Autriche "victime" du nazisme. La présidence de Kurt Waldheim, qui a participé à des crimes de guerre dans les Balkans, poursuit cette voie, aggravée en 1999 par la première victoire électorale de Haider avec 27% des voix.

 

MEMORIAL 98

 

 

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26 octobre 2010 2 26 /10 /octobre /2010 21:57

 

Nous republions un article de janvier 2010 rédigé au moment où Georges Frèche venait de se livrer à une attaque contre Fabius.

La suite des évenements a montré que faute d'unité à gauche, Frèche a été réélu.

Les éloges funèbres actuels, qui choisissent de passer sous silence la gravité de ses dérives à caractère raciste ajoutent à la confusion causée par la trop longue complaisance d'une partie de la gauche à son égard.

Memorial 98

 

Article du 31 Janvier 2010

Georges Frêche savait parfaitement ce qu’il disait quand il a mis en cause Fabius sur sa  «tronche pas catholique »
 L’extrême droite et  le journal « Minute » ont en effet  très souvent caricaturé et attaqué la « tronche » de Fabius sur un mode antisémite, notamment dans l’affaire du sang contaminé.
Cette dimension de notoriété publique n’est certes pas inconnue de l’imprécateur raciste de Montpellier, mais il pense que tout lui est permis, particulièrement à l’égard de « communautés » qui lui seraient redevables d’actes en leur faveur.
C’est le sens de sa lettre à Fabius dans laquelle il redouble son propos initial
Il y  prétend que son insulte "n'a pas de connotation religieuse"et poursuit :"...tu connais depuis longtemps mon amitié pour Israël. L'action que j'ai conduite en faveur de la communauté juive en porte le témoignage", On notera au passage l’amalgame entre la communauté juive et Israël.
Il réagit exactement, au terme près, comme en son temps Jacques Médecin, maire ultra-droitier de Nice quand celui-ci avait en 1990  réagi violemment au refus des membres de la communauté juive de cautionner son rapprochement avec Le Pen.  Il avait attaqué les  «Israélites qui ne refusaient jamais un cadeau»; interrogé plus tard sur cette réaction, il se justifie ainsi, sur le mode clientéliste:
«  J'étais de toutes les fêtes de la communauté, de tous leurs défilés, de toutes leurs manifestations. Mes propos ont été déformés, délibérément. En parlant, j'évoquais un problème de politesse. Et on m'a lynché dans le monde entier. »
Malgré ses propos abjects et redoublés contre les Harkis « sous-hommes », puis contre les Noirs trop nombreux en équipe de France, récemment contre  les militants de la Cimade (au passé glorieux de sauvetage de Juifs pendant la guerre) traités carrément de nazis il y a 15 jours parce qu’ils manifestaient contre l’entreprise israélienne Agrexco, Frêche avait malheureusement bénéficié de la complaisance d’une partie de la direction nationale du PS et des dirigeants locaux corrompus de ce parti.
Qui sont les  encore aujourd’hui les défenseurs de Frêche ?
Jean-Louis Nicolin, affairiste, président de club de foot local,  grand pourfendeur homophobe et misogyne de « tarlouzes et de gonzesses ».
Le président du CRIF Robert Prasquier lui délivre un certificat de bonne conduite, tout en légitimant le grandébat sur l’Identité nationale. Frêche utilise évidemment cette aubaine venue du CRIF. Au même moment, le CRIF  exclut le PC et les Verts de sa réception annuelle  et invite Eric Besson à son dîner annuel en Rhône-Alpes. C’est la marque de la dérive que nous avons déjà évoquée et qui semble s'aggraver . (voir surce site  Stéphane Guillon: bravo! )

Notons que pour la LICRA au contraire et fort pertinemment cette fois çi «il s’agit d’une stratégie délibérée afin de glaner les votes des électeurs du Front National dans la région qu’il convoite.»

La LDJ, porte-parole de l’extrême-droite juive soutient aussi Frêche.
 Jean Claude Gayssot, ancien ministre communiste, se range aux côtés de Frêche avec les corrompus locaux du PS.
Des responsables nationaux du PS tels Vincent Peillon, Pierre Moscovici et Ségolène Royal  lui trouvent encore des excuses
L’attitude du PS à l’égard de Frêche a représenté une véritable tragédie   malgré les alertes répétées, malgré les cris d’alarme des militants antiracistes depuis de nombreuses années, sa direction a attendu ce  dernier éclat  pour enfin se séparer électoralement de celui qu’elle avait pourtant exclu dès 2007
Cette pusillanimité peut entretenir l’idée que le PS s’émeut seulement quand l’insulte est antisémite.
Néanmoins,  on ne peut qu’espérer que de ce mal sorte un bien.

Il est temps que toute la gauche, au-delà de ses divergences tout à fait réelles, s’unisse véritablement, sans calcul de préséance  pour débarrasser la région de l’imprécateur qui la dirige. Le pire serait que les calculs des uns et des autres permettent à Frêche de prétendre encore une fois comme en 2008 devant des étudiants : "Moi j’ai toujours été élu par une majorité de cons et ça continue."

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