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On pouvait penser que 20 ans après le génocide des Tutsi, les autorités françaises auraient à cœur de montrer qu’elles avaient pris la mesure de leurs responsabilités pour tracer le chemin d’une reconnaissance historique honnête. La tenue récente du procès du génocidaire Pascal Simbikangwa, obtenue de haute lutte par les associations qui se battent pour le jugement des présumés génocidaires résidant en territoire français, notamment nos amis du CPCR (http://www.collectifpartiescivilesrwanda.fr/), semblait indiquer un tournant après des années d’inaction. Sa condamnation à 25 années de réclusion montre la gravité des crimes dont se sont rendus coupables ceux qui ont fait exterminer en 3 mois plus de 800 000 personnes, soit les trois quarts de la population Tutsi. Rapide, sanglant, et surtout, extrêmement bien préparé par ses instigateurs et par leurs « médias de la haine » , c’est en moins de trois mois, d’avril à juillet 1994 qu’ils ont mené leur œuvre de mort.
Or c’est tout le contraire qui se produit : le gouvernement de gauche français annule sa participation prévue en la personne de Christiane Taubira à la commémoration du génocide à Kigali le 7 avril et la réduit à la présence de l’ambassadeur en poste localement. Il prend prétexte de la réaffirmation des positions bien connues du gouvernement rwandais, qui n'accepte pas l'impunité des responsables européens de l'époque.
Un pays qui a subi un terrible génocide sans qu'aucune puissance ni l’ONU ne tentent d'arrêter le massacre, n'a-il pas le droit de clamer sa colère et son deuil?
Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères, a raison d’estimer "injustifiée" la décision française d'annuler sa participation aux cérémonies. Suite aux propos du président rwandais Paul Kagamé qui a accusé la France d'avoir joué un "rôle direct dans la préparation du génocide" et d'avoir participé "à son exécution même".
La ministre explique: "…Pour que nos deux pays commencent réellement à s'entendre, nous allons devoir regarder la vérité en face, la vérité est difficile, il est compréhensible qu'il soit très difficile d'accepter la vérité d'être proche de quelqu'un associé au génocide… Il est impossible pour nos deux pays d'avancer, si la condition est que le Rwanda doive oublier son histoire pour s'entendre avec la France (...) Nous ne pouvons avancer au détriment de la vérité historique du génocide"
"C'est malheureux parce que l'histoire est l'histoire", a t-elle poursuivi estimant que "le peuple français en général ne devrait pas être tenu dans l'ignorance de ce que certains responsables français ont fait" au Rwanda. C’est ce que rappelle aussi Jean-François Dupaquier, journaliste, écrivain et témoin expert au Tribunal Pénal International pour le Rwanda
En effet, pourquoi le gouvernement actuel se sent-il obligé d'endosser les responsabilités de l'époque? S'agit-il de protéger la mémoire de François Mitterrand et de son « super-gendarme » Paul Barril dont la présence est attestée au Rwanda avant le début du génocide et dont il est prouvé qu’il a vendu des armes aux génocidaires http://www.lemonde.fr/international/article/2014/04/05/l-ombre-omnipresente-et-insaisissable-de-paul-barril-sur-le-genocide_4396313_3210.html
? S'agit-il de ce qu'on nomme la "continuité de l’État?" Doit-on suivre la ligne tracée par le juge « anti-terroriste » Bruguière qui a saboté pendant des années l’enquête sur le début du génocide ? (voir Rwanda : une claque aux négationnistes )
Devra-on attendre encore une fois 50 ans avant de reconnaître l'implication des autorités françaises dans ce génocide?
Le délai de 50 ans semble en effet constituer une norme: 50 ans entre la fin de la 2e guerre mondiale et le discours du Vel' d'Hiv de Chirac en juillet 1995 reconnaissant la participation de la police française dans la déportation des Juifs, 51 ans entre le massacre des Algériens à Paris le 17 octobre 1961 et la reconnaissance de ce massacre par François Hollande le 17 octobre 2012.
Toute la lumière doit être faite dès maintenant sur l'implication du gouvernement français dans le génocide des Tutsi : toutes les archives doivent s'ouvrir, sans se réfugier dans le "secret défense" qui sert à entraver les enquêtes. Assez d'impunité, la vérité doit se faire jour. C'est ce qui est dû aux 800000 morts du génocide et aux survivants. C’est aussi ce qui est dû aux peuples d’Afrique au moment où d’autres guerres, d’autres massacres mettent en danger des populations entières, comme en Centrafrique.
Au-delà du deuil et de la solidarité envers les survivants, c’est le combat pour la vérité et la justice qui demeure à l’ordre du jour.
Voir aussi
17 octobre 1961: un massacre colonial.
Génocide des Tutsi : pour une reconnaissance des responsabilités françaises
Rwanda: au coeur des médias de la haine
17 Octobre: la mémoire d'un massacre à Paris
La rafle du Vel d’Hiv et la mémoire de la Shoah
Rwanda: 18 ans après le génocide.
17 Octobre 1961 : 50e anniversaire du massacre des Algériens.
Sarkozy jette aux orties la reconnaissance de la participation de la France à la Shoah
Albert Herszkowicz pour
MEMORIAL 98
Le programme Rwanda/ 7 avril 1994 / 7 avril 2014
Rappel du programme parisien de commémoration du génocide; d'autres informations sur le site d'Ibuka France Pour le 7 avril 2014
de 15 à 17h00 : Rassemblement sur le Parvis de l’Hôtel de Ville de Paris : prises de paroles et lâchers des ballons avec la participation de la Maire de Paris, Anne Hidalgo, qui nous accueille
Adresse : 9 Place de l’Hôtel de Ville, M° Hôtel de Ville (Ligne 1)
de 18h30 à 20h00 : cérémonie officielle de commémoration co-organisée par l’Ambassade du Rwanda et l’UNESCO dans la cadre de la journée de la journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsi du Rwanda
Adresse : 125 avenue Suffren 75007 Paris (Salle I de l'UNESCO)
Pour réserver, il faut s'inscrire en ligne: http://on.unesco.org/rsvp0804
Pour plus d'informations: http://www.unesco.org/new/fr/education/resources/in-focus-articles/genocide-in-rwanda/
de 21h00 à 5h00 du matin : veillée commémorative au siège de Médecins du Monde : un recueillement animé par des lectures, des chants du souvenir et des témoignages
Adresse : 62, rue Marcadet 75018, M° Marcadet Poissonniers (L4 ou L12)
Pour la veillée commémorative, merci de prendre des dispositions, des congés , par exemple
Pour le 10 avril à 18h00 : lancement du cycle d’expo consacré au 20 ème anniversaire du génocide des Tutsi au Rwanda au Mémorial de la Shoah, événement co-organisé par le Mémorial de la Shoah et Ibuka France
contact@memorialdelashoah.org ou
www.memorialdelashoah.org/rwanda
Du 7 au 18 avril 2014 : 20ème commémoration co-organisée par la Ville d’Ivry-sur-Seine, Appui Rwanda et Ibuka France en partenariat avec la Communauté Rwandaise de France
le 7 avril : installation de l’expo “Les Hommes debout" de Bruce Clarke
le 11 avril :
18h30 : cérémonie commémorative
20h30 : concert, carte blanche à Carte blanche à Gaël Faye : concert de solidarité aux rescapés du génocide
Si vous êtes intéressés par ce concert de solidarité, les billets seront en vente dès à 19h00
Adresse : Le Hangar, 5 rue Raspail, à Ivry-sur-Seine
Nous comptons sur vous pour un hommage aux victimes
Ibuka France
MEMORIAL 98