Le procès de l'ancien chef militaire de l'armée serbe de Bosnie, Ratko Mladic, a repris lundi 9 juillet à La Haye, avec la déposition du premier témoin de l'accusation, deux jours avant la commémoration de la chute de Srebrenica le 11 juillet 1995.
Ratko Mladic doit répondre devant le Tribunal Pénal International pour la Yougoslavie (TPIY) de génocides, crimes contre l'humanité et crimes de guerre durant la guerre en Bosnie (1992-1995), au cours de laquelle 100.000 personnes avaient été tuées et 2,2 millions de personnes déplacées. Il s’est caché pendant 16 ans, protégé par les réseaux nationalistes et militaires serbes.
Selon l'accusation, ses hommes avaient tué, violé, torturé, détenu et chassé des milliers de Musulmans et Croates dans 14 municipalités en Bosnie.
L'ancien chef militaire est également accusé du massacre de Srebrenica, qualifié de génocide par la justice internationale. Cette ville protégée par les Casques bleus de l'ONU était tombée le 11 juillet 1995 aux mains des forces serbes de Bosnie (voir Mladic: un génocidaire enfin arrêté.
Génocide en Bosnie: début de justice aux Pays-Bas. )
Près de 8.000 hommes et adolescents musulmans y avaient été tués par les hommes de Ratko Mladic, lors de ce qui constitue le pire massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
30.000 personnes sont attendues mercredi dans la région de Srebrenica pour la commémoration du 17e anniversaire du massacre commis par l'armée serbe de Bosnie. Une dizaine de milliers sont arrivés après avoir marché le long du chemin emprunté par ceux qui tentaient de fuir.
À cette occasion, 520 victimes, identifiées depuis un an, seront mises en terre au mémorial de Potocari (voir Srebrenica : l’impunité jusqu’à quand ? ) .
En 1995, les cadavres avaient été déposés dans des fosses communes, qui avaient ensuite été ouvertes par des bulldozers pour déplacer les cadavres afin de dissimuler l'étendue du crime, comme l’avaient pratiqué les nazis pour dissimuler les traces de la Shoah.
Ratko Mladic est également poursuivi pour son rôle dans le siège de Sarajevo, au cours duquel 10.000 civils avaient été tués, et dans la prise en otage de 200 soldats et observateurs de l'ONU en 1995.
17 ans après la fin de la guerre, les dirigeants nationalistes serbes rêvent encore de revanche et de violence. Ainsi à Srebrenica même, ils organisent cette année un « festival » du 7 au 12 juillet, ajoutant ainsi une provocation au lourd bilan du génocide
Le président nationaliste serbe Nikolic, à peine élu, a quant à lui déclaré le 1er juin dernier qu'il niait le génocide de Srebrenica
"Il n'y a pas eu de génocide à Srebrenica. Il est très difficile d'inculper et prouver devant un tribunal qu'un événement avait la forme d'un génocide", Il a néanmoins été obligé de reconnaître qu’ «...Un grand crime s'est produit à Srebrenica commis par des Serbes, des membres du peuple serbe, il faut les trouver, les juger et les punir"
Interrogé sur l'éventualité d'une prochaine visite à Srebrenica, Nikolic a répondu: "…Cessez de demander tout le temps, tous les mois ou deux au président serbe quand il se rendra à Srebrenica… Mon prédécesseur s'y est rendu et a présenté ses hommages (...)"
L'ancien président Tadic, battu par Nikolic lors de la présidentielle, avait justemment été le premier président de Serbie à se rendre à Srebrenica, le 11 juillet 2005, à l'occasion du dixième anniversaire du massacre. Il s'y est rendu une deuxième fois en 2010.
Au moment où à propos de la Syrie, Kofi Anan parle de "non-réussite" de l’ONU pour protéger le peuple victime du massacre (voir Syrie: le déchirement ), il faut se souvenir que l’appareil de l’ONU a aussi laissé faire le génocide des Tutsi au Rwanda, le génocide de Srebrenica, le massacre des Tamouls au Sri-Lanka (voir Sri Lanka : ONU silencieuse, régime impuni) .
MEMORIAL 98