Hongrie: une vague brune?
Un transport de Juifs hongrois arrive sur la "rampe" d'Auschwitz-Birkenau
Le drame polonais se déroule alors que se profile dans la Hongrie voisine un cataclysme électoral particulièrement inquiétant. Le triomphe annoncé de droite dure du Fidesz risque de s'accompagner d’une percée du parti Jobik.
Il s’agit d’un parti nationaliste, xénophobe, qui a fait campagne contre les Roms et les Juifs ; il dirige aussi une milice nommée Garde hongroise qui utilise un uniforme proche de celui des « Croix fléchées », le parti fasciste qui prit une part importante au massacre des Juifs de Hongrie à la fin de la guerre (voir ci-dessous).
Nous reviendrons sur la signification de ces élections dans le contexte européen actuel, notamment à l'Est du continent (voir Danger négationniste à l'Est de l'Europe .)
À la veille de la journée de la commémoration de la Shoah, nous rappelons brièvement le déroulement du génocide en Hongrie, à partir de mai 1944, alors que se préparait le débarquement en Normandie.
À la mi-mai 1944, les autorités hongroises, en coordination avec la Gestapo allemande, commencèrent à déporter systématiquement les Juifs hongrois. Adolf Eichmann fut le chef de l'équipe "d'experts en déportation" qui travailla avec les autorités hongroises. La police hongroise procéda à des rafles et fit monter de force les Juifs dans les trains de déportation. En moins de deux mois, près de 440 000 Juifs furent déportés de Hongrie dans plus de 145 trains. La plupart furent exterminés à Auschwitz. Au début du mois de juillet 1944, la seule communauté juive qui demeurait en Hongrie se trouvait à Budapest.
L’amiral Horthy, qui dirigeait le régime, avait entamé des négociations avec l'armée soviétique pour un armistice. À la mi-octobre 1944, les Allemands apportèrent leur soutien à un coup d’État. Ils arrêtèrent Horthy et mirent en place un nouveau gouvernement hongrois sous la direction de Ferenc Szalasi, le dirigeant du parti fasciste et antisémite radical des Croix fléchées, dont se réclame le parti Jobbik.
En novembre 1944, le régime des Croix fléchées ordonna aux Juifs de Budapest qui restaient de se regrouper dans un ghetto qui, sur une surface de 0,26 kilomètre carré, devint la résidence de 70 000 personnes. Plusieurs milliers de Juifs de Budapest furent également contraints de marcher, sous garde hongroise, jusqu'à la frontière autrichienne, entre novembre et décembre 1944
Sur les quelque 825 000 Juifs qui vivaient en Hongrie en 1941 environ 63 000 moururent ou furent assassinés avant l'occupation allemande de mars 1944. Sous l'occupation, un peu plus de 500 000 d'entre eux moururent suite aux mauvais traitements, furent assassinés ou déportés. Quelque 255 000 Juifs, soit moins d'un tiers de ceux qui vivaient dans la Hongrie élargie de mars 1944, survécurent à la Shoah.
Pologne:
Depuis la catastrophe aérienne de Smolensk, de nombreuses requêtes sont dirigées vers notre site pour s’informer à propos de Lech Kaczynski.
Le caractère dramatique de l’événement est renforcé par ses circonstances ; la délégation polonaise venait commémorer le massacre de Katyn : des dizaines de milliers de militaires polonais y furent exécutés sur ordre de Staline en avril et mai 1940
Ce massacre fait partie de nombreux crimes de Staline, dans le contexte particulier du pacte Hitler-Staline d’août 1939 et du partage de la Pologne qui y était contenu.
Concernant les positions de Lech Kaczynski, il faisait partie d’un parti de la droite dure, le PIS, qui s’était allié à l’extrême droite antisémite la plus radicale en 2005 (voir Pologne: l'antisémitisme sévit au gouvernement )
Néanmoins, à la différence de son frère jumeau qui fut le Premier ministre de cette coalition, il était considéré par ses détracteurs d'extrême-droite comme "un ami des Juifs".
Il fut d’ailleurs violemment mis en cause par Rydzyk, curé dirigeant la radio antisémite Radio Marya (voir aussi Pologne: l'antisémitisme sévit au gouvernement )
Au lendemain même d’une messe du 8 juillet 2007 en faveur de cette radio tenue en présence de son frère, l'hebdomadaire Wprost, révéla que le père Tadeusz Rydzyk, avait accusé le président Lech Kaczynski, d’’ être favorable aux revendications des Juifs envers la Pologne », "Vous savez, il est question que la Pologne donne (aux juifs) 65 milliards de dollars. Ils viendront vous voir et diront rendez-moi ce manteau. Enlève ce pantalon! Donne les chaussures!", avait déclaré le père Rydzyk en évoquant sa rencontre avec le président, lors de cette conférence, fermée au public, prononcée en avril 2007 dans son école de journalisme. La Pologne était le seul pays "post-communiste" à n'avoir pas réglé le problème des restitutions des biens perdus pendant la guerre.
Lors de cette conférence, Rydzyk s'en était également pris à l'épouse du président Maria Kaczynska, victime elle aussi de la catastrophe de Smolensk.
Il lui avait notamment reproché de s'être opposée à un amendement à la Constitution, proposé par l'extrême droite, destiné à interdire totalement l'avortement en Pologne et barrer la route à son éventuelle légalisation. L'amendement a finalement été rejeté par le Parlement polonais en avril 2007.
"Madame la présidente et l'euthanasie? Sorcière!, Tu va voir ce que tu va voir! Si tu veux tuer les gens, commence par toi-même", a vait déclaré le père Rydzyk.
Certains radicaux polonais considéreront sans doute la tragédie de Smolensk comme une punition divine.
Sur la Pologne et l'antisémitisme voir:
La Pologne de nouveau face à l'antisémitisme
Antisémitisme en Pologne: le scandale éclate!
Pologne: défaite de la droite radicale
Pologne: le gouvernment et les evêques pour la radio antisémite
Le pape soutient les antisémites polonais
Pologne: Radio Maryja protégée par la hiérarchie catholique
Pologne: protestation catholique contre l’antisémitisme.
MEMORIAL 98