3 octobre 1940 : premier statut des Juifs de Vichy.
Ce statut d’exclusion, basé sur la mise à l’écart de la « race juive » a été durci personnellement par Pétain, comme le montrent ses mentions manuscrites sur le projet . Ainsi il supprime d'un trait de plume l'exemption prévue pour les Juifs nés français ou naturalisés avant 1880.
Ces révélations confirment que Pétain, nourri des théories de « l’Identité nationale », a favorisé les courants les plus antisémites de son entourage et a directement aggravé le statut.
Au lendemain de la promulgation du statut des Juifs, Pétain signait le 4 octobre 1940 la "loi sur les ressortissants étrangers de race juive" permettant leur internement "dans des camps spéciaux".
Ils étaient 11.000 internés en zone occupée avant l'été 1942
Quelques jours après , il demanda à rencontrer Hitler et officialisa la collaboration avec le nazisme à Montoire.
Quelques mois plus tard, en mai 1941, débutaient les premières rafles de Juifs
Pétain n’a en rien constitué un « bouclier » contre les nazis, comme le prétendait une partie de l’historiographie de la droite et comme le proclament l’extrême-droite et Eric Zemmour .
L’hommage qui lui fut rendu, par la fleurissement de sa tombe le 11 novembre pendant la présidence de François Mitterrand et sur ordre de ce dernier, n’en est que plus scandaleux.
Mitterrand connaissait parfaitement le rôle de Pétain et aussi celui de son propre ami personnel René Bousquet, chef de la police de Vichy, collaborateur zélé de la déportation et organisateur de la rafle du Vel' d'Hiv' .
Il s’agit de taches indélébiles sur le parcours de celui qui symbolisa le Parti Socialiste.
MEMORIAL 98
Mise à jour du 12 janvier 2017
Hommage à Pierre Arpaillange, ancien garde des Sceaux sous Mitterrand (1988-90), qui vient de mourir.
C'est lui qui a déclenché une procédure judiciaire contre René Bousquet, chef de la police sous Vichy et organisateur de la déportation des Juifs de France, notamment lors de la rafle du Vel d'Hiv'.
Dans ce dossier, Pierre Arpaillange s'est opposé à François Mitterrand et à son ministre Georges Kiejman, qui appliquait les consignes présidentielles.
Celui-ci a tout fait pour le procès de Bousquet, qui était son ami et son allié, ne se tienne pas. Malgré ce blocage, le 25 septembre 1990, Arpaillange donne des instructions écrites au procureur général près la cour d'appel de Paris afin de requérir des poursuites contre Bousquet. Malgré cette décision courageuse, Bousquet échappera à tout jugement, car il sera abattu le 8 juin 1993 par un certain Christian Didier.
Bousquet (à droite) avec le Chef SS Oberg avec qui il a signé des accords dits "Bousquet-Oberg" ( ce dernier était général SS, chef supérieur de la SS et de la police en zone occupée) établissant la déportation des Juifs et la place centrale de la police française dans ce processus. Bousquet est l'organisateur de la rafle du Vel' d'Hiv' ainsi que de celle de Marseille en 1943 .
Ci-dessous, Bousquet reçu par Mitterrand dans sa maison de Latché en 1974
Memorial 98
Voir sur les sites de Memorial 98
http://www.memorial98.org/article-zemmour-rehabilite-petain-pour-qui-pourquoi-124774288.html
Déchéance de la nationalité : quand Pétain sévissait
Le Pen et les "3 grands-parents étrangers" de Sarkozy
Sarkozy jette aux orties la reconnaissance de la participation de la France à la Shoah
http://info-antiraciste.blogspot.com/2015/10/il-y-75-ans-hitler-et-petain.html
http://info-antiraciste.blogspot.com/2017/07/rafle-du-vel-dhiv-une-memoire-presente.html
3 octobre 1980 : attentat antisémite de la rue Copernic.
Quel que soit le ou les auteurs de l’attentat, il s’agissait clairement d’un crime antisémite. La date choisie du 3 octobre faisait-elle référence à l’anniversaire du statut des Juifs ?
La commémoration de ce crime est indissociable des proclamations antisémites de Raymond Barre, premier ministre de l’époque.
Il avait déclaré: « Cet attentat odieux voulait frapper les Israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic » .
Sa passion antisémite s’est ensuite aggravée, se focalisant sur un prétendu « lobby juif de gauche ».
Le premier ministre Fillon a lors de la commémoration de ce jour (3/10/12) sur les lieux de l’attentat exprimé le "regret" de "ne pas entendre les autorités" de l'époque "trouver les mots justes".
Pourtant, lors du décès de Barre en août 2007, il lui avait ainsi rendu hommage encore plus élogieusement que d’autres dirigeants de droite en déclarant :« …"La première image qui vient à l'esprit quand on pense à Raymond Barre, c'est la droiture, c'est la rigueur morale et la rigueur intellectuelle. C'était un exemple de rigueur morale et intellectuelle… "
Nous reproduisons ci-dessous l’article publié à l’époque sur notre site:
Barre : requiem pour un antisémite
Impunité post-mortem.
La mort de Raymond Barre donne lieu à un véritable déluge d’hommages, malgré son antisémitisme déclaré et récemment réaffirmé (voir nos articles précédents Décryptage: R. Barre récidive pour Papon et Gollnisch
Impunité de l'antisémite Barre )
Le plus complaisant de ces dithyrambes est, à ce jour, celui de François Fillon :
"La première image qui vient à l'esprit quand on pense à Raymond Barre, c'est la droiture, c'est la rigueur morale et la rigueur intellectuelle. C'était un exemple de rigueur morale et intellectuelle. ", a- t- il déclaré. On attend la réaction indignée de son conseiller Arno Klarsfeld.
Les autres déclarations officielles, dont celle de Nicolas Sarkozy, sont de la même veine. Certains hiérarques socialistes en rajoutent dans la flagornerie, tels Delors, Rocard et le maire de Lyon Gérard Collomb qui déshonore ainsi la gauche et sa ville, capitale de la Résistance.
Ceux qui sont plus gênés et directement concernés, comme son "héritier" François Bayrou, se réfugient derrière la pauvre excuse de l’état de santé de Barre au moment de ses déclarations antisémites les plus récentes de Mars dernier. Cette justification est totalement inconsistante car depuis 1980 et ses premières déclarations sur les « Français (Non-juifs) innocents » tués lors de l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic, Barre a persisté dans cette voie ; en témoignant pour Papon lors du procès de celui-ci en 1998, en affirmant à plusieurs reprises son soutien à Bruno Gollnisch, dirigeant du Front National, négationniste et antisémite avéré.
D’autre encore notent cette « tâche » ou ses « propos inadmissibles » de Raymond Barre mais les considèrent comme une espèce de bizarrerie qui selon eux ne remet pas en cause sa « stature d’homme d’État»
Pourtant ses dernières déclarations qui ont fait scandale, tenues sur France Culture le 1er mars dernier (2007), sont d’une grande brutalité. On y trouve, en plus des appréciations déjà connues sur le "lobby juif de gauche", l'attentat de la synagogue Copernic, cette phrase incroyable à propos de Papon:"Je ne porte pas un jugement moral sur l'attitude que l'on devait avoir à l'égard des déportations de Juifs ou non"
Au fond, cette impunité semble constituer un privilège de la fonction. À partir d'un certain niveau de pouvoir ou de renommée, on peut, sans risque, dire ou écrire des horreurs. Le parallèle qui vient à l’esprit est celui de l’abbé Pierre, pareillement absous de son antisémitisme lors de son décès, avec les mêmes justifications.
Reste à prendre la mesure la passion antisémite de Raymond Barre, qui se déclarait catholique pratiquant et fut un fieffé réactionnaire tout au long de sa carrière.
MEMORIAL 98