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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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23 août 2011 2 23 /08 /août /2011 00:30

Voir liens complémentaires,  actualisations et mises à jour en fin d'article.

La rafle du " billet vert"

Dès le 14 mai 1941, 3700 hommes juifs sont arrêtés à Paris lors de la rafle dite du "billet vert" et transférés dans les camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers dans le Loiret.

Des milliers de Juifs étrangers, dont la liste a été établie grâce au fichier du recensement effectué à partir de septembre 1940 par les autorités françaises sur ordre allemand, reçoivent une convocation, le « billet vert » : ils sont « invités à se présenter », le 14 mai, dans divers lieux de rassemblement « pour examen de situation », comme on peut le voir sur le document ci-dessous 

    Photo d’une convocation dite « billet vert » envoyée par la préfecture de police à Monsieur Moïse Kimman, Paris. France, 

Le 8 mai 1942, 289 d’entre eux sont transférés au camp de Compiègne-Royallieu, d’où ils sont majoritairement déportés vers Auschwitz le 5 juin 1942, par le convoi 2.

En juin-juillet 1942, la quasi-totalité des internés est déportée.

Trois convois partent directement vers Auschwitz : le 25 juin et le 17 juillet 1942 de Pithiviers, le 28 juin de Beaune-La-Rolande. Ainsi, avant la rafle du Vel' d'Hiv' de juillet 1942, il y en a eu a plusieurs autres, souvent peu connues.

Les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande sont la concrétisation de la politique antisémite et de collaboration engagée par le régime de Vichy dès son arrivée au pouvoir.

Un décret du 4 octobre 1940, signé par le maréchal Pétain, a permis d'interner «les ressortissants étrangers de race juive» dans des camps spéciaux, sur simple décision préfectorale et sans motif. Le «statut des Juifs», paru la veille, avait donné une définition «française» - qui n'est pas la même que celle des nazis - de la «race juive» et édicté les premières interdictions professionnelles (fonction publique, presse, cinéma ...).

Au printemps suivant, cette politique antisémite s'intensifie sous les pressions allemandes, avec la création du Commissariat Général aux Questions Juives et l'internement d'un total d'environ 5 000 Juifs étrangers de la région parisienne.

C'est ainsi que sont créés les camps jumeaux de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande. Le choix de ces petites villes du Loiret est dû à leur proximité de Paris, à une bonne accessibilité par le chemin de fer, à la possibilité de trouver sur place du ravitaillement et à la présence d'installations sécurisées (barbelés, miradors) qui ont déjà hébergé des prisonniers de guerre français, transférés depuis en Allemagne.

Les camps sont administrés par la préfecture du Loiret, à Orléans; un "Service des Camps" y a été mis en place.

La grande rafle du 20 août 1941

Moins de trois mois plus tard, le matin du 20 août 1941, des policiers français, accompagnés par des Allemands en uniforme envahissent les rues du XIe arrondissement de Paris.

Ce jour-là, en plein Paris, les policiers français soutenus par les militaires allemands, arrêtent 4232 Juifs afin de les envoyer vers le camp de Drancy, qui vient d’ouvrir ses portes.

Tous les hommes, français ou étrangers, sont contrôlés et les Juifs envoyés vers la place Voltaire. Toutes les entrées des stations de métro entre République et Nation sont bouclées.

Ceux des Juifs qui étaient allés s’enregistrer dans les commissariats, conformément à l’ordonnance allemande du 27 septembre 1940 publiée en zone occupée, ont déjà été appréhendés directement chez eux.

L'ordre stipulait que « toute personne juive devra se présenter jusqu’au 20 octobre auprès du sous-préfet de l’arrondissement dans lequel elle a son domicile habituel pour se faire inscrire sur un registre spécial » 

Même sort pour ceux qui étaient « connus » comme faisant partie des familles juives du quartier, même non répertoriées. Les femmes sont épargnées. Personne ne sait vers où les Juifs sont emmenés.

Cette rafle « surprise » utilise comme prétexte un simple contrôle d’identité à la préfecture de Police, contrairement à celle qui l’a déjà précédée le 14 mai et qu'on a nommée " rafle du billet vert" (voir ci-dessus)

Les  4232 personnes arrêtées sont toutes conduites dans des autobus de la régie des transports parisiens à partir de la place Voltaire, en direction du camp de Drancy, « inauguré » à cette occasion.

Aucune différence n'est faite entre citoyens français et étrangers.

Du jour de son ouverture le 20 août 1941 jusqu'à sa libération le 18 août 1944, plus de 70.000 Juifs, dont 11.000 enfants (le plus jeune est un bébé de 15 jours) sont passés par le camp de Drancy, avant d'être déportés à Auschwitz.  En effet à partir de Mars 1942 le camp de Drancy devient un camp de transit dont la population est tout simplement redirigée vers les camps, afin d’y être exterminée.

Seuls 2.500 d'entre eux ont survécu.

Ces premières rafles avaient sans doute pour but de fournir de la main d’œuvre aux nazis. C’est ce qui explique que beaucoup des Juifs qui en ont fait partie furent libérés. En effet, la rafle ayant été faite de manière systématique, une majorité des personnes raflées était inadaptée aux travaux que les nazis prévoyaient,  en raison de la malnutrition subies et des maladies. Certains furent donc libérés assez rapidement (malades, handicapés, vieillards…)

Cette rafle d’août 1941 a eu lieu onze mois avant celle du Vel' d’Hiv' de Juillet 1942 (voir Vel d'Hiv: le document.)

Souvent absente des manuels d’histoire, elle est le résultat du zèle du gouvernement de l’État français, dirigé par le maréchal Pétain.

En effet, le gouvernement de Pétain est allé au-delà des directives de l’ordonnance allemande du 27 septembre 1940; il a  promulgué le premier "Statut des Juifs" dès le 4 octobre 1940 (voir Antisémitisme: le double anniversaire du 3 Octobre)

 

À la même date, la machine d’extermination nazie est déjà intensément à l’œuvre en Europe de l’Est . Ainsi, pour cette seule journée du 20 août 1941, on note les massacres suivants :

  - La Gestapo assassine 350 Juifs de Koretz (Ukraine).

  - Après l'entrée des nazis à Minsk (Biélorussie), où vivent 60000 juifs, un ghetto est créé, comme première étape vers l'extermination.

  - Après la déportation des 3 000 juifs du Banat à Tasmajdan, près de Belgrade, les nazis déclarent le Banat yougoslave, situé entre la rivière Tisa (Theiss), à l'ouest et la frontière roumaine, à l'est, « purifié de ses juifs » (Judenrein).

  - Un convoi quitte Vienne (Autriche) avec 997 juifs à destination du camp de concentration de Theresienstadt (Tchécoslovaquie).

  - La déportation des juifs de Radzin (province de Lublin en Pologne) au camp d'extermination de Treblinka débute.

 - 2000 Juifs de Rembertov (province de Varsovie) sont déportés au camp d'extermination de Treblinka. Tous sont tués par les SS.

 - Durant quatre jours à compter du 21 août, 21 000  Juifs sont déportés du ghetto de Kielce (Pologne) au camp d'extermination de Treblinka. Le ghetto se trouve ainsi pratiquement liquidé. Les 2000 juifs restants sont regroupés dans un camp de travail forcé.

Dans cette même ville de Kielce un pogrom se déroulera après la guerre, le 4 juillet 1946. Quarante juifs rescapés de la Shoah y seront massacrés par la foule, après des rumeurs mensongères selon lesquelles un enfant aurait été tué par des Juifs.

-  Un convoi de 1 000 Juifs, hommes et femmes, quitte le ghetto de Theresienstadt (Tchécoslovaquie)  en direction de "l'Est". Sa destination reste à ce jour encore inconnue, car on ne signale aucun survivant. Il semble que les déportés furent assassinés dans la région de Minsk (Biélorussie) par les SS.

 

Le 12 décembre 1941 se déroule la  troisième rafle rafle anti-juive à Paris, après celles du 14 mai (3 747 Juifs étrangers internés à Beaune-la-Rolande et Pithiviers) et du 20 au 25 août (4 232 Juifs français et étrangers internés à Drancy).

Cette fois il s’agit de la « rafle des notables » car les nazis ont ciblé des responsables de la communauté, des chefs d'entreprise et des membres de professions libérales. 743 Juifs de nationalité française sont arrêtés à leur domicile, tôt le matin.  Ils sont enfermés à l'Ecole militaire de Paris ( une plaque minuscule ci-dessous en rend compte) puis transportés au camp de Royallieu, près de Compiègne. Nombre d'entre eux seront déportés en mars 1942.


 

 

 

 

 

 

 

De décembre 1941 à juillet 1942, les rafles sont interrompues par manque de trains pour la déportation, après le premier convoi du 27 mars.

En effet, bien que des plans pour la déportation des Juifs internés dans les camps français aient été évoqués dès le mois de décembre 1941, le premier convoi ne quitta la France que le 27 mars 1942. Ce laps de temps peut s’expliquer par le manque de matériel roulant nécessaire pour concrétiser la déportation. Le 24 décembre 1941, Heinrich Müller, le chef de la Gestapo au Reich, envoie un télégramme au commandant militaire en France, l’informant que compte tenu du nombre élevé de soldats partis en vacances de Noël dans le réseau ferroviaire du Reich, la déportation de 1000 Juifs de la France vers l’est sera impossible pendant cette période. Ces 1000 Juifs doivent donc rester au camp d’internement jusqu’à ce que les conditions de transport s’améliorent. Müller précise qu’il espère que 1000 juifs seront déportés de France dès le mois de février ou de mars. L’autorisation pour cette déportation est envoyée par Adolf Eichmann le 1er mars 1942.


Au cours d'une réunion à laquelle participent les chefs des départements des "affaires juives" de France, de Hollande et de Belgique, le 4 mars 1942,  Dannecker propose que 5000 Juifs soient déportés de France, en plus des 1000 Juifs internés au camp de Compiègne dont le départ est déjà prévu pour la fin du mois de mars. Un télex dépêché le 25 mars 1942 met en place les questions techniques concernant ces prochaines déportations. Ce télex statue que l'évacuation de 1115 Juifs, en plus des derniers 34 Juifs yougoslaves, serait effectuée par un train spécial composé de wagons de passagers. Ce train était réservé pour le 27 mars à 17h, à la gare du Nord de Paris. Le camp de Compiègne ne comprenant pas les 1000 Juifs requis pour la déportation, la moitié des déportés part de Drancy le 27 mars, avec une halte à Compiègne, avant de poursuivre sa route vers l'est. 
Le 25 mars, André Tulard, sous-directeur au service des étrangers et des affaires juives à la préfecture de police, confirme auprès de Theodor Dannecker que dix autobus seront disponibles au camp de Drancy le 27 mars à 14h, pour le transfert des Juifs du camp à la gare. Il donne l'ordre au directeur de la PQJ (police aux questions juives), Jacques Schweblin, de fouiller minutieusement les déportés. Chaque Juif peut apporter un sac, mais il leur est strictement interdit d'apporter des objets en métal, à l'exception d'une cuillère.

La première déportation se produit donc le 27 mars 1942, jour où le premier convoi de déportés quitte la gare du Bourget.

Dans les wagons de 3ème classe (à partir du 2ème convoi, il n'y aura que des wagons à bestiaux) sont enfermés 1 112 hommes, en partie des internés de Drancy, pris dans la rafle du 20 août 1941 et  en partie des "notables" , internés à Royalieu, lors de la rafle du 12 décembre 1941 (voir ci-dessus).
Le convoi est escorté jusqu'à la frontière allemande par des gendarmes français et un officier SS.
Théodore Dannecker, chef SS chargé des affaires juives en France et représentant d'Eichmann ( voir ici)
dirige le convoi jusqu'à Auschwitz.

 

 


 

 

Mise à jour du 14 mai 2021: à l'occasion du 80e anniversaire de la rafle dite du "billet vert" des photos d'une importance exceptionnelle sont présentées par le Mémorial de la Shoah ( ci-dessous)

Elles montrent notamment la rétention des Juifs arrêtés au sein du gymnase Japy, leur transfert dans les camps et transférés dans les camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers dans le Loiret.

On peut aussi voir la photo d'un gendarme français surveillant les internés. Ces photos seront visibles à partir du 19 mai au sein du Mémorial.

 

 

Actualisations et mises à jour 

 

A voir sur nos sites:

Déchéance de la nationalité : quand Pétain sévissait

Allez voir la Rafle!

Sarkozy boycotte le 8 Mai

Sarkozy jette aux orties la reconnaissance de la participation de la France à la Shoah

Sur le blog des actualités de Memorial 98:

Sur la capitulation nazie du 8 mai 1945: http://info-antiraciste.blogspot.com/2019/05/8-mai-1945-le-nazisme-defait-son.html

Révolte du ghetto de Varsovie: le nazisme défié.
 Sur la rafle du Vel' d'Hiv': http://info-antiraciste.blogspot.fr/2017/07/rafle-du-vel-dhiv-une-memoire-presente.html

 

 

20 aout 2019: l'anniversaire de la grande rafle du 20 août 1941 à Paris coincide cette année avec celui du 75e anniversaire de  la libération du camp de Drancy . Ce camp a justement été ouvert à cette occasion afin d'interner les 4232 Juifs arrêtés ce jour là dans le 11e arrondissement ( voir ci-dessous)

 

L'actualité  est marquée par  l'offensive durable de l'extrême-droite à travers le monde. 


Celle-ci prend différentes formes, alliant des campagnes électorales et des participations dans des gouvernements, mais aussi des actes terroristes contre les minorités et les migrants, comme le montrent les attentats récents de San Diego, Christchurch, Pittsburgh. Des groupes dits « Identitaires » servent de troupes de choc à  des partis qui prétendent se normaliser.
Des propagandistes de la haine déversent des flots de propos complotistes et racistes, grâce à la complaisance des grandes plates-formes et à l'indulgence de juges qui les protègent en reculant devant l’application des lois limitant le négationnisme (voir ici sur Soral) 
 
L'extrême-droite parrainée et soutenue par Trump etPoutine, pèse lourdement dans de nombreux pays d’Europe, comme on a pu le constater à l’occasion des élections européennes du mois de mai dernier. 
En France,  AllemagneAutricheHongriePologneItalie,Grande-Bretagne, Estonie, les nostalgiques et racistes de tout poil sont à l'offensive et pour certains déjà installés au pouvoir . 
Nous en appelons plus que jamais au combat contre les idéologies et actes racistes et antisémites  quels que soient leur prétextes, ainsi que pour la mémoire des génocides et crimes contre l'humanité ( comme on peut le voir ici et ici  )
Suivez l'actualité des combats contre le racisme et les fascistes 
 combat sur notre site http://info-antiraciste.blogspot.com/
MEMORIAL 98
Mise à jour du 30 mars 2019:
 
Le 27 mars 1942, le premier convoi de déportation de Juifs de France vers Auschwitz, appelé convoi N° 1, partait du camp d'internement de Drancy puis passait à Compiègne et parvenait à destination le 30 mars. (voir ci-dessous). Il comprenait 1112 personnes . Parmi elles 23 personnes seulement ont survécu. 
 

En début d'après-midi, le  27 mars 1942, les quelque 4 000 Juifs détenus au camp de Drancy sont rassemblés sur la place centrale, ceinte de bâtiments en U. Depuis sept mois, les nazis y parquent les Juifs étrangers, appartenant pour la plupart aux "classes laborieuses", qui ont été raflés le 20 août 1941 par la police française, dans le 11arrondissement de Paris ( voir ci-dessous).

Un officier allemand hurle 565 noms et chaque appelé doit sortir des rangs. En moins d'un quart d'heure ils doivent rassembler leurs affaires personnelles dans des musettes et des baluchons. Ils comprennent alors qu'un départ s'organise. Vers où ? Personne ne sait. Après de multiples comptages, les 565 sont conduits à la gare du Bourget-Drancy.

Là, ils montent à bord des voitures de 3e classe d'un train de voyageurs. Il est 17 heures lorsque le train spécial 767 s'ébranle. Arrivé à Compiègne, il s'arrête et, dans la nuit, on fait monter 547 autres hommes. Il s'agit cette fois, en majeure partie, de Juifs français arrêtés à leur domicile, à Paris, le 12 décembre 1941 essentiellement des "notables", mais aussi de Juifs étrangers, déplacés de Drancy à Compiègne, ainsi que d'un groupe séparé de 34 Juifs yougoslaves. L'escorte est assurée jusqu'à la frontière allemande par des gendarmes français accompagnés d'un officier SS. Theo Dannecker, le chef du service des affaires juives de la Gestapo, antisémite fanatique, prend lui-même la direction du convoi.

"S'il y a une évasion, on fusille tout le wagon", a-t-on menacé les 1 112 "passagers". Un seul d'entre eux réussira à s'échapper avant Reims, où le convoi est verrouillé. Le lendemain, le train passe la frontière , traverse l'Allemagne et pénètre en Pologne. Au terme de trois journées, rendues très pénibles par la soif,  ils parviennent le 30 mars  au terminus : Auschwitz-Birkenau.

"Hébétés et épuisés nous avons été saisis par le froid et par la neige qui s'accrochait encore aux marécages de Birkenau où s'élevaient les premiers baraquements, se souvient Joseph Rubinstein, qui faisait partie de ce convoi et en a été un des rares survivants . On nous a distribué des uniformes rayés et puis on nous a tatoués, à l'encre bleue." Bientôt, les hommes du premier convoi ne seront plus que des numéros de matricule, de 27533 à 28644.

A Birkenau, pour ceux du premier convoi, un long cauchemar commence. ils seront très peu à résister, ne recevant pour nourriture quotidienne qu'une soupe claire et une boule de pain, mordus par un froid polaire, astreints à d'épuisants travaux de terrassement, dévorés par la vermine et terrassés par la dysenterie ou le typhus, Les chiffres sont parlants : d'avril à août 1942, 1 008 des 1 112 déportés succomberont à ce traitement inhumain, soit un taux de mortalité de 91,6 % en cinq mois. 

Longtemps, Joseph Rubinstein et Simon Gutman,  survivants  du premier convoi, n'ont pas pu en parler. Parce qu'ils pensaient qu'on ne les croirait pas ou qu'on les croirait fous. Et quand ils ont commencé à témoigner, les mots n'ont pas eu assez de force pour exprimer ce que fut leur condition . Ils ne savaient plus dire que par bribes l'extrême sadisme de certains de leurs bourreaux — ordonnant par exemple à un père de battre son fils puis à ce fils de battre son père, et devant leurs refus les abattant tous deux "comme des chiens" —, le désespoir, les souffrances, les humiliations, l'endurcissement. Joseph évoque seulement "la haine" qui le tenait debout. "Chaque journée c'était un siècle", soupire Simon. L'un comme l'autre n'entrevoient plus qu'à peine les images d'épouvante des longues cohortes noyées dans "la nuit et le brouillard", les scènes déchirantes ponctuées de cris insoutenables, l'angoisse et la terreur collectives.

 

Memorial 98

Mise à jour 9 mai 2018

L’assassinat a caractère antisémite de Mme Mireille Knoll le 23 mars dernier a ravivé le souvenir des rafles, en lien avec son histoire personnelle.
 
Née en 1932 à Paris, Mireille Knoll a pu s’échapper de Paris avec sa mère quelques jours avant l’arrestation massive de plus de 13 000 Juifs en juillet 1942, lors de la rafle du Vel' d’Hiv. C’est un passeport brésilien hérité de son père qui lui avait alors permis de trouver refuge au Portugal.

 

Actualisation du 21 aout 2017:

le 75e anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv' de juillet 1942 a été marquée par la polémique lancée par les dirigeants du FN à propos des responsabilités de l'Etat français. C'est l'occasion de rappeler que ce jour-là, le parti  collaborationniste de Doriot, le PPF, fournit plusieurs centaines de militants comme auxiliaires de la police française, afin de procéder aux rafles. Le numéro 2 du PPF, Victor Barthélémy, fut un des fondateurs du FN.

Rappelons aussi que le 21 aout 1942 eut lieu la "sélection" d'un convoi de Juifs de France arrivant de Drancy. 817 personnes sur 1000 furent envoyées dans les  chambres à gaz.

Ni oubli ni pardon

 

 

 

 

 

Mise à jour 17 juillet 2016

Commémoration de la rafle du Vel d'Hiv du 17 juillet 1942

 

Ce matin du 17 juillet 1942, à Paris, "les bus de la honte" , ont déversé, à l'intérieur du Vélodrome, leur contingent de Juifs étrangers munis de leurs maigres affaires rassemblées à la hâte. La police française vient d'arrêter, sans état d'âme, 13152 hommes, femmes et enfants de tous âges parqués dans le vélodrome, dans des conditions déplorables.

Ils seront acheminés vers les camps d'internement de Drancy, Beaune la Rolande et Pithiviers puis déportés vers le camp d'extermination d'Auschwitz.

 

 

Cérémonie officielle, devant le monument du Mémorial de la Shoah, sur le lieu de l'ancien Vél d'Hiv.

 

Je viens de prendre place, avec un ami, qui, en attendant, me raconte me raconte "son plus ancien souvenir".

Le 16 juillet 1942, il a exactement 2 ans et trois mois. Lui et sa sœur, plus âgée de 16 mois, sont dans la chambre du petit appartement qu'ils occupent et voient, par l'entrebâillement de la porte, leur mère dans la pièce à côté; elle parlemente en pleurant avec deux policiers français.

Ils lui demandent de se préparer mais, compatissants, repartent sans les emmener.

Avec les deux enfants elle s'empresse de quitter le quartier au plus vite, échappant ainsi à la rafle. C'est ce "miracle" m'explique mon ami, qu'il tient chaque année à venir commémorer, conscient du destin tragique auquel il a échappé.

Obligés de se réfugier dans le minuscule appartement qui leur servait d'atelier, ses parents furent arrêtés en février 1943, déportés à Auschwitz sans retour.

Les deux enfants, qui dormaient chez un voisin de palier d'origine polonaise, purent être remis à un couple ami des parents, qui les cacha en province et devint leur tuteur.

 

 

Témoignage de Monsieur J-M R,  témoin de la rafle.

 

 

A la manière de l’écrivain Georges Perec (dont la mère fut déportée à Auschwitz ou elle fut gazée en 1943), J-M.R. introduit son témoignage par la formule bien connue de ce dernier  : "Je me souviens" répété trois fois. 

 Le ton grave empreint des images de ce souvenir fait écho au grand silence de l'assemblée.

Il est sept heures du matin ce 16 juillet 1942.

C'est depuis la fenêtre de l'appartement où il s'est caché pour la nuit avec sa mère qu'il voit les autres familles juives monter dans les bus stationnés au coin de la rue du Faubourg St Denis et de la rue d'Enghien. Parmi eux, son copain Simon W., qu'il n'a jamais revu.

Quand il scande d'une manière appuyée : " J'avais huit ans, Oui, je m'en souviens", rien ne bouge dans l'auditoire.

Un des locataires a vu la concierge montrer du doigt aux policiers, l'escalier C où étaient regroupées ces familles.

Ce jour là, il réalise que les jardins et le dernier wagon du métro sont interdits "aux Juifs et aux chiens", le couvre feu est à 20 heures pour eux au lieu de 22 heures pour les autres. ˝L'étoile jaune, que j'arborais presque avec fierté sur ma blouse grise d'écolier est devenue alors l'étoile de la honte. Ce jour là, j'ai perdu ma légèreté d'enfant, J'ai compris ce qu'est la peur de chaque jour".

 

Allocution du président du comité français pour Yad Vashem (Association fondée en 1981 afin de faire reconnaître et honorer ceux et celles qui en France sont venus en aide aux Juifs pendant la guerre).

 

˝Le 16 juillet 1942 la France, patrie des Lumières et des droits de l'homme, manquait à sa devise : Liberté, Egalité, Fraternité˝.

: ˝ Pendant six semaines jusqu'au 30 août 1942 vingt mille Juifs ont été déportés. Six semaines encore et quarante mille Juifs de France ont été arrêtés soit 2/3 de la population française. Les nazis avaient pris soin de donner l'ordre à la police française de ne laisser aucun enfant derrière eux."

 

Le 23 août 1942 l'Archevêque de Toulouse, Monseigneur Saliège, a lu sa fameuse lettre pastorale de protestation, déclarant notamment " ... Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos Frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier..."

Bon nombre de français ont sauvé des familles, parfois au péril de leur vie, Beaucoup de ces bienfaiteurs ont reçu le titre de "Justes parmi les Nations",  décerné par Yad Vashem et par l'État d'Israël. Il a fallu cinquante ans pour que Jacques Chirac reconnaisse la responsabilité du gouvernement de Vichy dans la déportation des Juifs de France (17 juillet 1995).

 

Témoignage d’une arrière petite- fille de "Justes parmi les Nations "

 

Ses arrières grands-parents tenaient la boulangerie d'un petit village en Isère (qui n'était plus en zone libre à ce moment là). Ils ont caché sans hésitation deux enfants de  5 et 7 ans.

Ces enfants possédaient des papiers d'identité avec un nom d'emprunt

Un de  ces  enfants, Jacques D. le petit garçon d'alors, assiste à la cérémonie.

C'est tardivement, qu'elle, leur arrière petite fille, et sa famille ont eu connaissance de cet épisode survenu sous l'occupation. Ses arrière-grands parents ont été reconnus "Justes parmi les Nations".

 

Chaque intervenant appelle de ses vœux à une lutte sans relâche contre les négationnistes pour que perdure la transmission, à l'heure où les témoins directs disparaissent.

 

Memorial 98

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commentaires

G
Merci a ce blog de ranimer la memoire de cette rafle. Mon grand-père, tres malade a été raflé avec son fils ainé, prisonnier évadé de Narwick, revenu chez lui.<br /> Mon grand père a été relâché mais mon oncle est parti avec le convoi n°4 en mai 42 et décédé en aout 42
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M
Merci à vous pour ce témoignage personnel. Nous ne sommes pas seulement un blog mais surtout une association de lutte contre le racisme et l'antisémitisme. Memorial 98
T
<br /> <br /> Merci de cette piqure de rappel. Cette rafle-là est effectivement moins connue que les autres.<br /> <br /> <br /> <br />
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