«Vent printanier»: ce fut le nom de code imaginé pour la plus vaste opération d'arrestations de Juifs pendant la Seconde guerre mondiale en France et pour laquelle le régime de Vichy avait mobilisé la police française.
Les 16 et 17 juillet 1942, à Paris, 13 152 Juifs sont arrêtés par la police française. 1129 hommes, 2916 femmes et 4115 enfants sont enfermés dans l’enceinte sportive du Vélodrome d’Hiver.
Les couples sans enfants et les célibataires (1989 hommes et 3003 femmes) sont internés au camp de Drancy.
Du 19 au 22 juillet, les familles du Vél’ d’Hiv’ sont transportées dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande. Adultes et adolescents sont déportés en premier. Brutalement séparés de leurs parents, environ 3000 enfants en bas-âge sont laissés sur place dans une affreuse détresse. Ils sont transférés à Drancy puis déportés entre le 17 et 31 août 1942. Aucun d’entre eux n’est revenu.
D'autres rafles avaient précédé celle-ci, dont celle méconnue du 20 août 1941
La responsabilité du régime de Vichy dans les déportations des Juifs est restée longtemps un sujet tabou, y compris sous la présidence de François Mitterrand qui faisait fleurir chaque année la tombe de Pétain à l’Ile d’Yeu (voir Sarkozy boycotte le 8 Mai )
Lors de la cérémonie commémorative de la rafle du Veld'Hiv en juillet 1995, Jacques Chirac a reconnu publiquement que les autorités françaises avaient accompli l’irréparable en déclarant: «Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux.»
Une partie de la droite a rejeté cette prise de position, soit ouvertement , soit en attaquant la « repentance » comme Sarkozy à plusieurs reprises
(voir Sarkozy jette aux orties la reconnaissance de la participation de la France à la Shoah
Sarkozy encense Maurice Druon, ami et soutien de Papon )
En ce 70e anniversaire, Serge Klarsfeld fait preuve de complaisance à l'égard de Sarkozy dans sa tribune du Monde (http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/07/10/la-presidence-normale-et-la-rafle-du-vel-d-hiv_1731634_3232.html.)
A travers ce texte, il tente de faire croire que la formule creuse de Sarkozy « "Jacques Chirac a dit ce qu'il fallait dire et il n'y a rien à ajouter et rien à retrancher à son très beau discours." est suffisante pour contrebalancer ses nombreuses remises en cause des responsabilités françaises dans la déportation et son refus de participer à la commémoration du 8 mai avec Chirac en 2007 (voir Sarkozy: service minimum sur la Shoah et insultes pour les Africain)
Les bus qui ont transporté les Juifs raflés, devant le Vel d'Hiv
Symboliquement c’est à la veille de cette commémoration de la rafle parisienne qu’un criminel de guerre nazi hongrois, Laszlo Csatary, a été identifié et retrouvé à Budapest
"Il y a dix mois, un informateur nous a donné des renseignements qui nous ont permis de localiser Csatary à Budapest » a déclaré le directeur du centre Wiesenthal à Jérusalem. Il a ajouté que les informations sur la localisation avaient été transmises dès septembre 2011 au Parquet de Budapest. En plus des informations fournies en septembre 2011, le Centre Wiesenthal a transmis la semaine dernière de nouvelles pièces à conviction au Parquet de Budapest sur l'implication de Csatary dans la déportation des Juifs, "Ces nouvelles preuves renforcent les accusations déjà très graves contre Csatary et notre insistance pour qu'il rende compte de ses crimes. Le temps qui passe ne diminue en rien sa culpabilité et la vieillesse ne doit pas constituer une protection pour les auteurs de l'Holocauste"
Le Procureur adjoint de la République à Budapest, Jenö Varga s’est contenté d‘indiquer: "Une enquête est en cours. Le Parquet étudie les informations reçues".
Csatary avait été chef de la police dans le ghetto de Kosice (Kassa en hongrois, Kaschau en allemand), situé aujourd'hui en Slovaquie,où 15.700 Juifs avaient été pour certains assassinés sur place et pour l'immense majorité déportés vers le camp d'Auschwitz, en Pologne, pendant l'occupation par l'Allemagne nazie de ce qui était alors la République de Tchécoslovaquie.
Csatary traitait les Juifs du ghetto avec une cruauté particulière, fouettant les femmes et les forçant à creuser des tranchées à mains nues.
Condamné à mort par contumace en 1948 par un tribunal tchécoslovaque, il avait disparu et avait réussi à se réfugier au Canada. Il y a une quinzaine d'années, les autorités canadiennes avaient découvert sa véritable identité ce qui l'avait amené à disparaître de nouveau et à fuir en Hongrie. M. Feldmajer, Président de la communauté juive hongroise, déclare que si Csatary échappait à la justice, cela constituerait un déshonneur pour toute la nation hongroise. Le risque est en effet grand que le gouvernement de droite radicale actuellement au pouvoir en Hongrie empêche tout jugement; ce pouvoir et l’extrême-droite du parti Jobbik tentent de réhabiliter le régime antisémite du Maréchal Horthy et même les milices des Croix Fléchées, collaboratrices des nazis.
C’est aussi à la veille de cette commémoration que Madonna se heurte une fois de plus au Front National.
Le vice-président du Front national, Florian Philippot, a déclaré que le parti d'extrême droite allait porter plainte contre Madonna. Il met en cause la diffusion lors d'un concert de la chanteuse au Stade de France le , d'un clip vidéo déjà projetée lors de l’inauguration de sa tournée et dans lequel Marine Le Pen apparaît brièvement porteuse d'une croix gammée sur le front.
Nous ne connaissons pas les intentions de Madonna ni la signification exacte de cette "provocation" (au bon sens du terme) mais notre soutien lui est acquis, pour avoir osé rappeler que la ligne politique des Le Pen et du FN se place encore et toujours dans la continuité du fascisme et du nazisme
(voir Le Pen : l’antisémitisme jusqu'au bout.
Qui veut se faire piéger par Marine Le Pen ?
Marine Le Pen récidive contre Eva Joly.
MEMORIAL 98