La vidéo de l’événement et le récit des festivités de l’après-meeting (voir ci-dessous) montrent à quel point l’événement à été pensé et planifié pour obtenir un impact maximum. Dans ce but ont été exploitées toutes les ressources visuelles et allusives du négationnisme.
Dieudonné commence par chauffer la salle en demandant un « tonnerre d’applaudissements » pour Faurisson ; l’ovation monte de la salle, qui devait être avertie de ce « clou » du spectacle.
Embrassades et tutoiements de rigueur entre le vétéran négationniste et celui qui aspire à reprendre le flambeau, sous l’œil attentif du parrain de l’enfant du maître de la soirée (voir notre article précédent Le Pen et Dieudonné: la grande famille des antisémites. )
Faurisson déclare: " ne pas avoir l'habitude de ce genre d'accueil" et ajoute "Je suis supposé être un gangster de l'histoire!".
Faurisson discourt, manifeste son amicale complicité à Dieudonné, se plaint d’avoir souvent été victime de « traitement spéciaux », allusion codée et directe au terme « traitement spécial » (« besonderes behandlung » en allemand) utilisé par les nazis pour éviter de laisser une trace écrite de l’extermination des déportés juifs. De même il se plaint d’être traité en « Palestinien dans son propre pays ».
Dans les travées du Zénith s’esbaudit le gratin de l'extrême droite, comme lors de la précédente édition de 2006. Lors de ce premier grand " spectacle" on avait noté la présence, aux côtés de Jany Le Pen, de Roland Dumas, ancien ministre de Mitterrand puis président scandaleux du Conseil Constitutionnel, ami des Le Pen.
A la fin du spectacle, une trentaine de proches de Dieudonné se sont retrouvés à l'étage, dans la zone VIP, pour partager un "verre de l'amitié".
Pourquoi maintenant ?
La période se prête à la propagande antisémite. La crise financière et économique, la récente affaire Madoff donnent lieu à un renouveau des campagnes reprenant les thèmes traditionnels de la « finance juive », même si Madoff a ruiné de nombreuses organisations philanthropiques juives ainsi que des Juifs fortunés.
La situation au Moyen-Orient, avec la terrible situation de Gaza (même si le spectacle/meeting s’est déroulé avant le début des bombardements israéliens) permet tous les amalgames venant de ceux pour qui la situation du peuple palestinien est avant tout un prétexte.
Il faut aussi prendre en compte les enjeux internes au Front National. Celui ci est plongé dans une guerre de succession et d’affrontements de cliques et de fractions. Dieudonné prend parti , en lien avec son mentor Alain Soral, candidat à la tête de liste du FN en Ile de France pour les prochaines européennes.
Nous écrivions dans un précédent article ( Le Pen et le "détail": décryptage ): « Dans la bataille pour la succession au sein du FN, le « tabou » négationniste n’a pas fini de se manifester et son poison d’être diffusé.
Demeure la question la plus importante : quel est ce public qui ovationne Faurisson ?
MEMORIAL 98