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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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12 septembre 2007 3 12 /09 /septembre /2007 09:13

 

 
Reconnaissance du génocide arménien : polémique aux USA et en Israël

Depuis plusieurs mois, le Congrès américain prépare une résolution reconnaissant  le génocide arménien commis par les autorités turques et ayant fait un million et demi de victimes à partir de 1915. Ce projet est vivement combattu par l’état turc qui nie encore le génocide et  cherche à bloquer sa reconnaissance par tous les moyens.

En avril dernier l’organisation juive américaine Anti Defamation League (ADL) dirigée par Abraham Foxman, dont la vocation historique est la lutte contre l’antisémitisme et le racisme, a d’abord pris une position hostile à cette reconnaissance.
 
Foxman s’est opposé à cette initiative, pourtant soutenue par l’écrasante majorité des sénateurs d’origine juive (29 sur 43), en utilisant une ligne ressemblant à celle de l’Etat turc : il s’agirait uniquement d’un débat historique à régler par le « dialogue » entre la Turquie et l’Arménie.
La direction de l’ADL arguait aussi de l’absence de tout danger pour les Arméniens actuellement (quelques mois après l’assassinat à Istanbul du journaliste Hrant Dink !) A l’inverse elle arguait des  dangers  menaçant les Juifs de Turquie, ainsi que les intérêts d’Israël dont la Turquie est l’alliée régionale.
 
 
Foxman a même limogé le responsable ADL de la région de Boston pour s’être publiquement opposé à sa position et s’être déclaré favorable à la reconnaissance, en solidarité avec les Arméniens.
Face au tollé dans les communautés juive et arménienne, Foxman, après s’être concerté avec Elie Wiesel, a reconnu qu’il s’agissait bien d’un « équivalent de génocide » mais maintient son opposition à la résolution du Sénat ;
 
 
Cette revirement a connu un impact très important et déclenché une contre-offensive turque.  
Le gouvernement israélien sollicité  par le gouvernement turc s’est immiscé dans ce débat. Le président Pérès a réaffirmé qu’Israël maintenait sa position traditionnelle de non-reconnaissance du génocide arménien (voir notre article précédent Une loi contre le négationnisme ?)
Cette position scandaleuse est contraire à la vérité historique et à la solidarité de deux peuples qui ont subi un génocide.
Faut-il rappeler que les nazis eux –même trouvaient un encouragement dans la manière dont le génocide arménien était nié :
« Mais qui se souvient encore du massacre des Arméniens ? » déclarait ainsi Hitler dans une allocution aux commandants en chef de l'armée allemande le 22 août 1939 prononcée à Obersalzberg , quelques jours avant l'invasion de la Pologne. Le texte de ce discours est conservé aux Archives nationales de Washington ( USA) ci-dessous. 

 
 
De nombreuses prises de position dans ce débat font référence à Henry Morgenthau, personnalité juive qui a voulu empêcher les massacres en 1915.  
 
Alors ambassadeur des Etats-Unis en Turquie, Morgenthau a tenté d’éviter le génocide (le terme n’existait pas à l’époque et a été forgé en 1948).

Il  a ainsi envoyé un message d'alerte au Département d’Etat américain le 10 juillet 1915 : "Persécution d’Arméniens.. Supposition de dimensions sans précédents ... tentative systématique de déraciner la paisible population arménienne et par arrestations arbitraires, épouvantables tortures, expulsions de masse et déportations d’un point de l’Empire à l’autre accompagné par des cas fréquents de viols, pillages et meurtres, se métamorphosant en massacres, pour apporter destruction et misère sur eux. Ces mesures sont ... dirigées de Constantinople .... " 
Le 11 août de la même année, son câble décrit les actions turques comme « un effort pour exterminer une race ».
 
 
Le  cynisme des gouvernants israéliens qui refusent la reconnaissance de ce génocide au nom de la géopolitique régionale, s’applique d’ailleurs aussi  aux survivants de la Shoah en Israël, dont beaucoup vivent dans le misère, et aux réfugiés du Darfour, que les autorités voulaient refouler vers l’Egypte avant d’accepter de les accueillir.

MEMORIAL 98
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commentaires

J
Israël, qui aurait dû être le premier Etat au monde à reconnaître le Génocide des arméniens, est malheureusement en porte-à-faux avec l'avis de l'immense majorité des Juifs qui approuve la reconnaissance. C'est un triste constat qui veut que la géo-stratégie l'emporte toujours sur les droits de l'Homme. Si j'étais croyant, je dirais : que Dieu protège Israël.<br /> <br /> Par bonheur, les déclarations d' êtres à haute moralité comme Elie Wiesel, et Bernard Henri Levy dont voici le texte, rassénérent les fils et filles de ceux qui ont vécus l'innommable.<br /> <br /> « On dit : "Ce n’est pas à la loi d’écrire l’Histoire"... Absurde. Car l’Histoire est déjà écrite. Que les Arméniens aient été victimes, au sens précis du terme, d’une tentative de génocide, c’est-à-dire d’une entreprise planifiée d’annihilation, Churchill l’a dit. Jaurès l’a crié. Péguy, au moment même où il s’engage pour Dreyfus, parle de ce commencement de génocide comme du "plus grand massacre du siècle". Les Turcs eux-mêmes l’admettent. Oui, c’est une chose que l’on ne sait pas assez : dès 1918, Mustapha Kemal reconnaît les tueries perpétrées par le gouvernement jeune-turc ; des cours martiales sont instituées ; elles prononcent des centaines de sentences de mort. Et je ne parle pas des historiens ni des théoriciens du génocide, je ne parle pas des chercheurs de Yad Vachem, ni de Yehuda Bauer, ni de Raoul Hilberg, je ne parle pas de tous ces savants pour qui, à l’exception de Bernard Lewis, la question de savoir s’il y a eu, ou non, génocide ne s’est jamais posée et ne se pose pas.<br /> <br /> Il ne s’agit pas de "dire l’Histoire", donc. L’Histoire a été dite. Elle a été redite et archi-dite. Ce dont il est question, c’est d’empêcher sa négation. Ce dont le Sénat va discuter, c’est de compliquer, un peu, la vie aux insulteurs. Il y a des lois, en France, contre l’insulte et la diffamation. N’est-ce pas la moindre des choses d’avoir une loi qui pénalise cette insulte absolue, cet outrage qui passe tous les outrages et qui consiste à outrager la mémoire des morts ?<br /> On dit : "Oui, d’accord ; mais la loi n’a pas à se mêler, si peu que ce soit, de l’établissement de la vérité car elle empêche, lorsqu’elle le fait, les historiens de travailler." Faux. C’est le contraire. Ce sont les négationnistes qui empêchent les historiens de travailler. Ce sont les négationnistes qui, avec leurs truquages, brouillent les pistes. Prenez la loi Gayssot. Citez-moi un cas d’historien, un seul, que la loi Gayssot, sanctionnant la négation de la destruction des juifs, ait empêché de travailler.<br /> C’est une loi qui empêche Le Pen ou Gollnisch de trop déraper. C’est une loi qui met des limites à l’expression d’un Faurisson. C’est une loi qui gêne les incendiaires des âmes type Dieudonné. C’est une loi qui, par parenthèse, nous évite des mascarades du type de ce procès du super-négationniste David Irving qui eut lieu à Londres il y a sept ans et où, précisément faute de loi, l’on vit juges, procureurs, avocats, journalistes à scandale, affairés à se substituer aux historiens et à semer, pour de bon, le trouble dans les esprits. Mais c’est une loi qui ne s’est jamais mise en travers de la route d’un seul historien digne de ce nom. C’est une loi qui, contrairement à ce que nous disent, je n’arrive pas à comprendre pourquoi, les "historiens pétitionnaires", les protège, oui, les protège de la pollution négationniste. Et il en ira de même avec l’extension de cette loi Gayssot à la négation du génocide arménien.<br /> <br /> On dit : "Où s’arrêtera-t-on ? Pourquoi pas, tant qu’on y est, des lois sur le colonialisme, la Vendée, les caricatures de Mahomet ? Est-ce qu’on ne s’oriente pas vers des dizaines de lois mémorielles dont le seul résultat sera d’interdire l’expression des opinions non conformes ?" Autre erreur. Autre piège. D’abord, il n’est pas question de "lois mémorielles", mais de génocide ; il n’est pas question de légiférer sur tout et n’importe quoi, mais sur les génocides et les génocides seulement ; et des génocides, il n’y en a pas cent, ni dix - il y en a quatre, peut-être cinq, avec le Rwanda, le Cambodge et le Darfour, et c’est une escroquerie intellectuelle de brandir l’épouvantail de cette multiplication de nouvelles lois attentatoires à la liberté de pensée.<br /> <br /> Et puis, ensuite, soyons sérieux : il n’est pas question, dans cette affaire, d’opinions non conformes, incorrectes, etc. ; il est question de négationnisme, seulement de négationnisme, c’est-à-dire de ce tour d’esprit très particulier qui consiste non pas à avoir une certaine opinion quant aux raisons de la victoire d’Hitler ou des Jeunes-Turcs, mais qui consiste à dire que le réel n’a pas eu lieu. Pas de chantage, donc, à la tyrannie de la pénitence ! Arrêtons avec le faux argument de la boîte de Pandore ouvrant la voie à une inquisition généralisée ! Le fait que l’on punisse le négationnisme antiarménien n’impliquera en aucune façon cette fameuse prolifération, en métastases, de lois politiquement correctes.<br /> <br /> Et puis j’ajoute, secundo, cette autre observation. Lorsque je me suis plongé dans la littérature négationniste touchant les Arméniens, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que c’est la même littérature, littéralement la même, que celle que je connaissais et qui vise la destruction des juifs. Même rhétorique. Mêmes arguments. Même façon, tantôt de minimiser (des morts, d’accord, mais pas tant qu’on nous le dit), tantôt de rationaliser (des massacres qui s’inscrivent dans une logique de guerre), tantôt de renverser les rôles (de même que Céline faisait des juifs les vrais responsables de la guerre, de même les négationnistes turcs expliquent que ce sont les Arméniens qui, par leur double jeu, leur alliance avec les Russes, ont fait leur propre martyre), tantôt, enfin, de relativiser (quelle différence entre Auschwitz et Dresde ? quelle différence entre les génocidés et les victimes turques des "bandes armées" arméniennes ?)<br /> Bref. A ceux qui seraient tentés de jouer au jeu de la guerre des mémoires, je veux répondre en plaidant pour la fraternité des génocidés. C’est la position de Jan Patocka, le philosophe de la "solidarité des ébranlés". C’était la position des pionniers d’Israël, qui, tous, se sentaient un destin commun avec les Arméniens naufragés. La lutte contre le négationnisme ne se divise pas. Laisser une chance à l’un équivaudrait à ouvrir une brèche à l’autre...<br /> <br /> On dit enfin - et cela se veut l’argument définitif : "Pourquoi ne pas laisser la vérité se défendre seule ? N’est-elle pas assez forte pour s’imposer et faire mentir les négationnistes ?" Eh bien non, justement ! Parce que ce négationnisme anti-arménien a une particularité que l’on ne trouve pas, pour le coup, dans le négationnisme judéocide : c’est un négationnisme d’Etat ; c’est un négationnisme qui s’appuie sur les ressources, la diplomatie, la capacité de chantage, d’un grand Etat.<br /> Imaginez un instant ce qu’eût été la situation des survivants de la Shoah si l’Etat allemand avait été, après la guerre, un Etat négationniste ! Imaginez leur surcroît de détresse s’ils avaient eu, face à eux, une Allemagne non repentante menaçant ses partenaires de rétorsions s’ils qualifiaient de génocide la tragédie des hommes, femmes et enfants triés sur la rampe d’Auschwitz ! C’est votre situation, amis arméniens ; et il y a là une adversité qui n’a, cette fois, pas d’équivalent et à laquelle je ne suis pas sûr que la vérité, dans sa belle nudité, ait assez de force pour s’opposer.<br /> <br /> Un tout dernier mot. Vous vous souvenez d’Himmler créant, en juin 1942, un commando spécial, le commando 1005, chargé de déterrer les corps et de les brûler. Vous connaissez les euphémismes utilisés pour ne pas avoir à dire "meurtre de masse" et pour effacer donc, jusque dans le discours, la marque de ce qui était en train de s’opérer.<br /> Eh bien, cette loi qui est celle de la Shoah, ce théorème que j’appelle le théorème de Claude Lanzmann et qui veut que le crime parfait soit un crime sans trace et que l’effacement de la trace soit partie intégrante du crime lui-même, cette évidence d’un négationnisme qui n’est pas la suite mais un moment du génocide et qui lui est consubstantiel, tout cela vaut pour tous les génocides et donc aussi, naturellement, pour le génocide du peuple arménien. On croit que ces gens expriment une opinion : ils perpétuent le crime. Ils se veulent libres-penseurs, apôtres du doute et du soupçon : ils parachèvent l’oeuvre de mort.<br /> <br /> Il faut une loi contre le négationnisme parce que le négationnisme est, au sens strict, le stade suprême du génocide. » Bernard-Henri Levy <br /> <br /> LE MONDE du 02.02.07
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M
merci pour votre commentaire; l'article de BHL que vous citez est publié in extenso sur notre site