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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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Sur les réseaux sociaux : 

    

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Pour correspondre avec nous, nous proposer des articles ou des informations,

pour toute question : 

contact@memorial98.org

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19 février 2013 2 19 /02 /février /2013 21:59

 

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Une bonne nouvelle sur le front de la lutte contre l'extrême droite: le regroupement de forces associatives dans une coordination nationale contre l’extrême droite, la CONEX. Il s'agit notamment de partager les informations, de mutualiser la diffusion d'analyses et de documents et de travailler particulièrement sur le versant "social" que le Front National tente d'instrumentaliser. Ci-joint dessous le texte de fondation de ce regroupement, auquel Mémorial 98 participe; une mention particulière aux militants syndicalistes de VISA (Vigilance syndicale anti-fasciste) à l'origine de ce projet.

MEMORIAL 98

 

COordination Nationale contre l’EXtrême droite CONEX

 

FACE A L’EXTREME DROITE ET SON IDEOLOGIE,

LA CONTRE-OFFENSIVE UNITAIRE

EST UNE URGENCE !

 L’extrême droite s’est durablement enracinée dans le paysage politique français et européen.

Ses thèmes de prédilection n’ont pas changé : la préférence nationale, la stigmatisation des immigrés, la xénophobie, l’antisémitisme, l’homophobie, la défense de l’ordre moral au détriment des droits et de la place des femmes, l’Etat autoritaire, le nationalisme exacerbé…

Ces thèmes s’accompagnent aujourd’hui d’inflexions nouvelles avec la stigmatisation des musulmans, une soi disant défense du peuple et des travailleurs français, ainsi qu’une dénonciation des institutions financières et politiques internationales.

Le Front National, principal représentant de l’extrême droite, réalise des scores électoraux sans précédent, y compris dans les couches populaires désorientées et frappées par les politiques d’austérité. Par ailleurs, nous assistons au développement de groupuscules radicaux et violents qui représentent une menace pour nos libertés.

L’idéologie nauséabonde de l’extrême droite a trouvé des échos, voire des convergences, dans une partie de la droite qui reprend sans complexe des pans entiers des thèmes du FN, pensant ainsi séduire son électorat.

Par ailleurs, certains à gauche, sur la question des droits des immigrés (dans et hors Schengen, avec ou sans papiers, les Roms), abondent dans le même sens, au mépris des engagements pris par leur candidat maintenant Président.

La diffusion de cette idéologie est facilitée par la stratégie de « dédiabolisation » de Marine Le Pen que certains intellectuels et médias ont accompagnée. Le FN, même derrière son paravent bleu marine, n’a en fait pas changé et les groupuscules fascistes font de la surenchère pour se démarquer. Le danger que représente l’extrême droite s’en trouve ainsi renforcé.

Cette situation lourde de menaces n’est pas spécifique à la France. Partout en Europe, sous les coups de boutoir des politiques d’austérité, les courants fascistes, voire néo-nazis comme en Grèce, relèvent la tête. Des mouvements populistes apparus plus récemment leur emboîtent le pas.

Tous ces courants prétendent apporter leurs solutions démagogiques à la crise du système capitaliste. Mais comme dans les années 1930, cette crise économique et financière pourrait conduire à de nouvelles catastrophes sociales et politiques !

Pour éviter cela, les mobilisations contre les politiques anti-sociales sont donc nécessaires, mais il nous faut aussi créer les conditions d’un large front antifasciste unitaire qui soit un bouclier efficace face à la résurgence de toute forme de fascisme !

C’est à cette tâche que, nous, associations nationales, régionales et locales, nous sommes attelés. Afin de démultiplier notre combat tout en respectant les particularités de chacun, nous décidons maintenant de mettre nos efforts en commun en créant une :

 

Coordination Nationale contre l’extrême droite : CONEX

 

Nous appelons tous les collectifs, réseaux, associations et syndicats qui partagent cette inquiétude et qui ont à cœur de participer à cette bataille à nous rejoindre. Nous encourageons aussi la création de structures unitaires antifascistes dans toutes les régions.

Notre unité dans l’action sur des objectifs communs est une nécessité vitale pour ce combat décisif !

Premiers signataires :

Les collectifs Ras l’front de Rouen, Grenoble, Voiron, Grésivaudan, Justice & Libertés de Strasbourg, Le Collectif de Vigilance Lyon/ 69, les Collectifs de Lutte antifascistes de Rennes et de Reims, le collectif de St Denis / 93 contre le FN et l'extrême droite, La Horde, VISA, Mémorial 98 et le Collectif Antifasciste d'Avignon.

 

 

Actions à Lyon

 

Le Collectif de vigilance de Lyon, membre de la CONEX, était d’ailleurs ce samedi 16 février au cœur d’une mobilisation contre la tentative de mainmise des Identitaires locaux  sur le quartier du Vieux Lyon ; le récit en figure sur le blog de ce collectif

http://collectifvigilance69.over-blog.com/

ainsi que sur cet article d’un journal suisse de gauche.

http://www.lecourrier.ch/106019/le_vieux_lyon_laboratoire_de_l_extreme_droite

 Lyon représente un enjeu important pour le Front National, dirigé par B. Gollnisch qui y réalisa en 1998 une alliance régionale avec Charles Millon , ainsi que pour divers groupes fascisants comme les Jeunesses Nationalistes.

Voir à propos de Lyon:

Résistance : Aubrac et son tortionnaire.

Lyon: l'UMP avec les amis de Gollnisch

Le sénateur complice de Le Pen

R.Barre: requiem pour un antisémite

Qui veut se faire piéger par Marine Le Pen ?

Devedjian copie les insultes du Front national

 

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2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 00:50

La révolte du peuple syrien débutée le 15 Mars 2011 par les manifestations de Deraa, va bientôt parvenir à son 2e anniversaire.

Malgré les immenses manifestations de la population syrienne, malgré les massacres et les bombardements, malgré le caractère sanguinaire du régime, la mobilisation en soutien à ce soulèvement demeure faible dans la gauche politique et associative.

Nous saluons d'ailleurs les associations « apolitiques » comme Amnesty International et l’ACAT (action des chrétiens pour l'abolition de la torture)  qui constituent le fer de lance des manifestations, avec les Syriens demeurant ici. 

A un moment où la révolution qui s’est produite dans différents pays arabes semble marquer le pas, voire être vampirisée par des forces islamistes, une propagande insistante assimile les manifestants et les combattants de la résistance syrienne à une petite minorité islamiste. Celle-ci est  d’ailleurs d’autant plus forte que les gouvernements des principales puissances se contentent de  palabrer et de se désoler.     

Certains sont troublés par le soutien sans faille apporté  à Assad par  Hugo Chavez et d’autres dirigeants de gauche latino-américains, dont il faut noter qu’ils soutiennent aussi Ahmadinejad.

 Au total, une confusion s’installe, aiguillonnée par le complotisme, fort présent sur Internet  

Comme l’écrit Farouk Mardam Bey (http://www.lorientlitteraire.com/article_details.php?cid=8&nid=3970) 

«  … Que Frédéric Chatillon, gros bras du Front national, soit le principal diffuseur en France de la propagande du régime syrien n’est pas très difficile à comprendre. Que Richard Millet, l’apologiste de l’assassin néonazi Anders Breivik, ait consacré dans la foulée un opuscule à la gloire des Assad, père et fils, est aussi dans l’ordre des choses. Mais les autres ? Pourquoi des hommes et des femmes qui se disent de gauche, démocrates, altermondialistes, défenseurs des peuples opprimés, et qu’on ne peut a priori soupçonner de racisme anti-arabe ni d’islamophobie, s’abaissent-ils jusqu’à soutenir Bachar et son clan ?

Il y a d’abord les tenants de l’interprétation policière de l’histoire, et ils sont plus nombreux qu’on ne le croit. Ils vous disent que tout ce qui s’est passé dans le monde arabe depuis décembre 2010 n’est finalement qu’une ruse de l’impérialisme américain pour propulser au pouvoir ses affidés islamistes, avec l’Arabie saoudite et le Qatar dans le rôle de tiroirs-caisses. … »

Face à ces difficultés et à la situation humanitaire gravissime en Syrie même, le mouvement de soutien à élargi son action vers le soutien concret aux populations. Des comités unitaires de secours se créent ainsi dans de nombreuses localités.

 

C’est pourquoi nous serons présents le samedi 2 Février devant l’Assemblée nationale à Paris dans une manifestation unitaire (extraits de l'appel ci-dessous).

               Tous unis aux côtés du peuple syrien

Pour les secours à la population, l’arrêt des massacres et une Syrie libre

Samedi 2 février 2013 à 15h : Rassemblement devant l’Assemblée Nationale

60 000 morts reconnus par l’ONU, 200 000 personnes détenues, torturées, disparues, des millions de déplacés en Syrie et plus de 500 000 exilés souffrant de la faim, du froid et privés de soins...

Le peuple syrien, soulevé héroïquement depuis vingt-deux mois contre la dictature maffieuse de Bachar Al Assad, subit un chantage à l’extermination. Mais il exige encore et toujours la mise hors d’état de nuire de Bachar et des autres criminels de son régime….

Aujourd’hui, les Syriens ont de toute urgence besoin d’une aide logistique et financière, ainsi que de la reconnaissance de leur capacité à se créer un avenir de paix, de démocratie, de justice et de liberté.

Pour y parvenir, ils réclament et espèrent un appui rapide et efficace sans aucune intervention militaire directe, en Syrie même et dans les camps de réfugiés. Il est clair qu’une aide aux opposants en moyens de protection des populations, et un embargo total sur les armes destinées à la répression par le régime (vecteurs, munitions, pièces détachées et conseillers) auraient épargné des milliers de victimes.

….Et même les gouvernements qui ont reconnu comme représentant légitime du peuple syrien, la coalition nationale rassemblant très largement l’opposition, ne lui accordent que des moyens dérisoires pour protéger son peuple contre les massacres, et faire face à la crise humanitaire que vivent les Syriens dans et hors de leur pays.

En conséquence, nous appelons les populations de l’Europe et du monde entier à la solidarité directe avec le peuple syrien, en se rassemblant le même jour devant les Parlements dans tous les pays, pour interpeller les parlementaires et leurs gouvernements respectifs, pour que ceux-ci prennent leurs responsabilités :

- Renforcer massivement les aides humanitaires au peuple syrien en dehors de tout contrôle du régime.

- Exiger la libération immédiate de tous les prisonniers politiques en Syrie.

- Prendre les mesures nécessaires pour faire cesser la fourniture d’armes au régime de Bachar Al Assad.

- Protéger les Syriens et reconnaître leur droit à la vie, à la résistance et à l’autoprotection.

- Saisir l’Assemblée générale de l’ONU pour voter une résolution qui définisse clairement la responsabilité des dirigeants du régime dans le massacre du peuple syrien.

- Créer les conditions de la saisine de la Cour Pénale Internationale sur les cas de Bachar Al Assad et de ses complices, responsables de crimes de guerre et crimes contre l’Humanité.

 

Premiers Signataires :

Collectif Urgence Solidarité Syrie – SouriaHouria (SyrieLiberté) – Comité de la Déclaration de Damas – Comité de Coordination pour le soutien à la Révolution syrienne –– Conseil national des Kurdes Syriens – InterCollectif de Solidarité avec les luttes des peuples du monde arabe –

LDH – REMDH – Sandrine Recurt (MSF) – MRAP – MÉMORIAL 98 – AIRCRIGE –

Fédération Syndicale Unitaire (FSU) – SNESUP-FSU – UNEF –

Parti de Gauche – Europe Écologie Les Verts (EÉLV) –

 

A Paris encore une initiative locale aura lieu le dimanche 3 février, permettant de débattre avec des représentants du peuple syrien en lutte et d’organiser les secours (appel de la Mairie du 2e Arrondissement , d’Europe Ecologie , du Parti de Gauche, d’Attac) 

Réunion  d'information et de débats 

Dimanche 3 février 2013 de 15h à 18h

Salle Jean Damme 17 rue Leopold Bellan Paris 2e 

Métro Sentier ou les Halles

 

Sur la révolution syrienne et l'organisation des secours à la population syrienne 

 

Avec Farouk Mardam Bey (ex dir revue d'Etudes palestiniennes/Sinbad) Michel Kilo (Forum Démocratique), Mazen Adi (Parti du Peuple/Coalition): état des lieux et perspectives

Shadi Abu Fakher (Coordination Damas/Collectif pour le Secours et le Développement) : solidarité et secours

Rania Badri (journaliste): témoignage féministe

Sami Shoukeir :  Chants

 

 voir Syrie : l’année de la libération ?

Syrie: mobilisation internationale le 20 octobre

Syrie: le déchirement

Pour le peuple syrien: vague blanche le 17 avril

Syrie: un an de combat et de débat.

Syrie: un permis de tuer?

Syrie: agir contre la tuerie !

Syrie urgence: arrêter enfin le massacre!

Syrie: violences à Paris contre les manifestants

Halte au massacre du peuple syrien !

 

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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 23:01

Hitler ? Pff, une banalité ! ... 

(Ou à qui profite le relativisme ?) 

Mais comment sommes nous donc parvenus, depuis ces dernières années, à ce que le nom et la figure de Hitler se banalisent tant ?

A ce qu'un cinéaste exprime tranquillement en public, devant un parterre de journalistes, qu'il en éprouve de la " sympathie "(1) ?  A ce qu'un créateur de mode (2) en fasse un slogan louangeur ( " J'aime Hitler" ), à l'image de la pub pour une capitale américaine  (bientôt des T.Shirts ou tasses à café avec un coeur rouge à côté de " I love Hitler " ?) Ou qu'un militant  contre le mariage homosexuel, sous prétexte d’être " blessé " par la position de François Hollande sur ce sujet, associe « l’homme que l’Allemagne a bien connu en 1933 » au président de la République française de 2012 (3) ?...
 

Ainsi galvaudé, le fascisme hitlérien perdrait donc toute dimension exceptionnelle. Dont, surtout, celle de son innommable spécificité: l'extermination des Juifs, ainsi que celle des Tziganes et des homosexuels.

Hormis l'excès outrancier de ces divers propos, la question qui se pose et doit inlassablement se poser est : à qui profite ce relativisme  ? 

Qui donc peut tirer profit du fait que le travail de mémoire et de sacralisation réalisée autour de cette période se banalise ainsi ? Et qui peut se réjouir du fait que l'Holocauste ne tienne plus de place particulière dans l'histoire des crimes contre l’humanité ?

Malmener et/ou dédiaboliser le tabou – nécessaire – construit autour du plus grand dictateur du siècle dernier, c’est tout simplement le banaliser.

Avec le risque que sous peu, les voix, déjà trop nombreuses, avançant qu on en parle trop  » se multiplient, et sans grande réaction collective.  Confondant ainsi en parler " trop " avec en parler " mal ".

Bon, il faut croire que le message n'est pas encore bien passé… Allez,  on s'y colle à nouveau.  On le répète encore une fois, on est prêt à l'ânonner même, s'il le faut. Et il le faut : non, Hitler n'est pas " sympathique " ni antipathique, il est simplement un des plus grands dictateurs de l'Histoire.

Non, Hitler n’est pas un slogan publicitaire, et il ne  relève pas d'une opinion ( "pour ou contre H;") pas plus qu'il n'est un outil d’évaluation ("plus H. ou moins H.?"...)

Il est un des tyrans les plus terrifiants. Qui s'est distingué par sa haine des Juifs et son obsession délirante de les faire disparaître de la terre.Cela s'appelle un génocide, et sous le IIIe Reich, celui-ci a eu la particularité unique de répondre à une logique industrielle. Comment, dès lors, amalgamer cette page d’histoire au débat national qui agite actuellement la France sur le mariage homosexuel ?

 

 Souâd Belhaddad

 

Auteure de SurVivantes, Rwanda dix ans après, La fleur de Stéphanie, Rwanda entre déni et réconciliation, Entre deux je.

 

1) En mai 2011, lors d' une conférence de presse du festival de Cannes pour la présentation de son film Melancholia, Lars Von Trier, déclare à propos d'Hitler : " (...) Il n’est pas vraiment un brave type, mais je comprends beaucoup de lui et je sympathise un peu avec lui » (voir Les nouveaux amis d'Hitler.)

2) En février 2011, une vidéo diffusée par le Sun montre John Galliano, créateur de la maison Dior, déclarant : " I love Hitler ". C’était avant ses propos antisémites et racistes exprimés à un couple de clients, dans un café parisien. 

3) Le 13 janvier 2013, Xavier Bongibault déclare : «  C'est une logique choquante et homophobe de la part de ce gouvernement. C'est dire que tous les homosexuels n'ont pour seul instinct [politique] leur orientation sexuelle. C'est la ligne qui était défendue par un homme que l'Allemagne a bien connu à partir de 1933, et c'est la ligne que défend aujourd'hui François Hollande."

Voir aussi 

Algérie, antisémitisme: un texte de Souâd Belhaddad

France-Rwanda: escalade et négation

Et, sur la complaisance à l'égard de "personnalités" pro-nazies, en l'ocurrence  Hergé, voir Le centenaire d'Hergé, antisémite et collaborateur des nazis http://www.memorial98.org/article-10546397.html

 

 

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 22:42

Nous publions un article du site tunisien Nawaat, mis en ligne le 13 janvier, et qui alerte contre l’antisémitisme en Tunisie. Ce texte est évidemment inquiétant mais il témoigne aussi de la résistance de citoyens face à la propagande antisémite. La solidarité avec les révolutions dans les pays arabes implique aussi de combattre le poison antisémite.

Nawaat est un site indépendant qui existe depuis 2004; il a agi contre la dictature de Ben Ali et poursuit maintenant son activité en toute indépendance.

Il publie des opinions de tous bords, qui ne l'engagent pas forcément

Nawaat a été récompensé en mars 2011 par Reporters Sans Frontières pour son combat, en ces termes (extrait) : « Nawaat.org est un blog collectif indépendant animé par des blogueurs tunisiens, créé en 2004. Son but : “il donne la parole à tous ceux qui, par leur engagement citoyen, la prennent, la portent et la diffusent”. Nawaat joue un rôle crucial dans la couverture des troubles sociaux et politiques en Tunisie depuis le 17 décembre 2010. Astrubal et Sami Ben Gharbia, deux blogueurs tunisiens bien connus publient régulièrement sur le site.

Le site a récemment créé une page spéciale sur les révélations de WikiLeaks relatives à la Tunisie, et une autre sur les évènements récents de Sidi Bouzid (qui ont déclenché la révolution tunisienne NDLR) , qui n’ont pas été couverts dans les médias traditionnels. Nawaat met également à disposition des internautes des conseils sur le contournement de la censure, insistant sur les dangers de s’identifier en ligne… » voir http://fr.rsf.org/prix-reporters-sans-frontieres-du-14-03-2011,39784.html

MEMORIAL 98

Texte publié sur Nawaat

http://nawaat.org/portail/2013/01/13/le-tunisien-est-il-antisemite/

" En tant que citoyen tunisien, musulman et profondément croyant, soutenant de tout mon être et mon cœur la cause palestinienne, je voudrais vous inviter à une réflexion sur l’antisémitisme.

 Tout d’abord, explicitons ce terme d’antisémite. On pourrait croire que le peuple tunisien, étant arabe et donc sémite, ne peut être taxé d’antisémite. Pourtant, l’antisémitisme ne s’applique qu’aux actes ou paroles qui sont proférés contre des personnes pour la seule raison qu’ils sont juifs.

 En Tunisie, depuis la révolution, les pulsions réprimées et la parole censurée sous la dictature, s’expriment désormais au grand jour, dans une explosion formidable. Parmi ces sentiments réprimés, il en existe un qui subsiste dans cet inconscient collectif : l’antisémitisme qui apparaît au grand jour comme une composante de la société. C’est l’occasion de saisir cette chance que nous offre la liberté d’expression pour soulever cette question dans l’espace public afin que tout un chacun y réfléchisse.

 Les actes antisémites se produisent de plus en plus dans notre pays et sont banalisés. Il y a trois mois, les deux synagogues de Sfax ont subi le vol de leurs Qandils, ou veilleuses à l’huile, dont les supports en argent sont de véritables œuvres d’art des orfèvres juifs de l’époque, même les rouleaux de la Torah n’ont pas été épargnés. Les synagogues ont également été vandalisées : menorahs (candélabres rituels NDLR) cassés, vitraux brisés, tabernacles défoncés, portes extérieures taguées… On ne saurait imaginer des gens saccageant une mosquée, et pourtant beaucoup trouvent normal le saccage d’une synagogue. Selon la petite communauté juive de Sfax, jamais d’actes pareils ne s’étaient produits, ni du temps de Bourguiba ni sous Ben Ali. C’est depuis l’arrivée d’Ennadha que ces lieux de culte n’ont plus bénéficié de surveillance, les policiers ayant été retirés, laissant ces lieux livrés à eux-mêmes.

 Il est à rappeler que l’histoire encore récente de la Tunisie est marquée par le multiculturalisme. Ces lieux de culte font partie de notre histoire collective comme du patrimoine national. Il est à se demander si le peuple tunisien, pourtant croyant et pieux, n’a pas tendance à oublier que, dans ces lieux, on vénère le même Dieu.

 Un deuxième cas d’antisémitisme est celui de l’imam de Radés, fonctionnaire, donc payé par les deniers publics. Ce dernier, devant un parterre de croyants, s’adresse aux téléspectateurs en direct sur une chaîne nationale, appelant à la haine contre les juifs en toute sérénité, tout en donnant une vision manichéenne du conflit israélo-palestinien.

Il n’est pas à douter de son érudition en islam mais plutôt de la déviation de son cadre religieux pour faire de la géopolitique, incitant à la haine et à la vengeance. Dans ce contexte, cet imam devient éminemment critiquable et d’autant plus dangereux qu’il ancre dans les consciences des préjugés primaires. On en oublierait presque que les juifs sont des gens du livre et que leurs prophètes sont également les nôtres. Il faut pourtant rappeler à cet imam que tout « appel à la haine entre les races, les religions ou les populations » est passible de un à trois ans de prison.

 Si l’on en venait à compter les actes et les propos fanatiques des salafistes qui à chaque manifestation appellent à la mort des juifs, leitmotiv devenu banal, la palme d’or leur reviendrait.

 Enfin, le dernier exemple en date est celui du secrétaire d’État, une des élites du parti Ennadha, Houcine Jaziri, qui, dans une émission télévisée de grande écoute à propos de l’attaque du meeting à Djerba de Nida Tounes, a attaqué ce parti pour avoir choisi « l’hôtel d’un juif tunisien »…Le constat est affligeant, voire pathétique.

 Pourtant, cette culture juive habite profondément l’identité du peuple tunisien. On la retrouve dans notre patrimoine culinaire, musical et même architectural, symbolisé par des étoiles de David sur des tombes, des portes de maison et même sur le mihrab de la mosquée de la Zitouna. À l’origine ce symbole, avant de devenir le symbole de l’État d’Israël, était associé à la puissance supposée du roi Salomon de pouvoir éloigner les mauvais esprits ou djinn. Il est aussi à noter que des juifs tunisiens ont profondément marqué l’histoire de la Tunisie contemporaine comme Georges Adda, militant ayant fait de la prison pour son combat pour l’indépendance et connu pour ses positions antisionistes. Quant à Gilbert Naccache, un opposant à Bourguiba, il passa plus de 11 ans en prison. Ces personnes ont fait preuve d’esprit patriotique autant que leurs frères musulmans.

 

 Pour conclure, il est à se demander si l’antisémitisme serait dû à un manque d’éducation et de connaissance de l’autre. Malheureusement, dans l’esprit de beaucoup, on associe facilement la cause palestinienne aux juifs tunisiens. Et cet amalgame est entretenu par nos politiciens qui, pour augmenter leur popularité, utilisent la cause palestinienne et par conséquent, cautionnent et encouragent indirectement ces actes antisémites. Plusieurs exemples illustrent cet antagonisme comme la volonté de criminaliser les relations avec l’état d’Israël, acte qui tient davantage du populisme primaire que d’une connaissance profonde du conflit palestinien.

 Ou encore, lors d’une séance plénière, la proposition d’une députée de ne plus vendre de terre aux juifs de Djerba ; oubliant de ce fait que les juifs sont aussi tunisiens qu’elle.

 Autre exemple, celui du refus de la nomination de René Trabelsi, chef de la communauté juive de Djerba, par le conseil de la Choura, comme ministre du tourisme. Ce choix aurait pu être un signe fort d’ouverture et de tolérance, dont se targue la Tunisie vis-à-vis de l’extérieur, et également une reconnaissance de cette petite communauté. Qui se souvient encore que Yom Kippour avait été déclaré jour férié par le premier gouvernement Tunisien, issu des accords d’autonomie interne de 1954 ? Qui se souvient encore que la communauté israélite, lors de la formation du premier gouvernement post-indépendance, s’était vu offrir le ministère de la reconstruction et de l’urbanisme à un de ses plus importants notables, Albert Bessis ?

 Il est important que les autorités prennent conscience de ce problème et condamnent ces actes antisémites, par trop banalisés et même trop graves. Le fait d’être antisioniste est compréhensible par rapport aux injustices que subit le peuple palestinien, mais celui d’être antisémite doit être combattu dans notre jeune société démocratique, n’étant pas un honneur pour la nouvelle Tunisie.

 Quand verrons-nous une figure importante d’Ennadha (parti islamiste au pouvoir NDLR), visiter une synagogue ou une école de Talmud Torah (qui dispense des cours de judaïsme NDLR), acte de reconnaissance de cette communauté soeur?"

voir aussi Tunisie : alerte contre l’antisémitisme.

Abattre toutes les dictatures

Tunisie, Algérie : solidarité

Tunisie: femmes victorieuses contre l’impunité

France-Tunisie: la manipulation sarkozyste décryptée

Face à la torture en Tunisie: droit d'asile!

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8 janvier 2013 2 08 /01 /janvier /2013 00:32

 

La nouvelle année s’est ouverte en Syrie par les révélations de l’ONU, qui décompte 60000 morts. L’agence de l’ONU pour les droits de l’homme a présenté le 2 janvier une étude qui alourdit de beaucoup le bilan humain du conflit syrien, en comparaison du chiffre de 45000  morts fourni par l’observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé en Angleterre.

Ce chiffre est "bien supérieur à ce que nous escomptions et est vraiment choquant", a déclaré Navi Pillay, la Haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme. L’étude établit une liste de 59 648 personnes tuées en Syrie entre le 15 mars 2011 et le 30 novembre 2012. "Étant donné que le conflit s’est poursuivi sans relâche depuis la fin novembre, nous pouvons supposer que plus de 60 000 personnes ont été tuées jusqu’au début 2013" rajoute Navi Pillay.

L’étude s’appuie sur un ensemble de 147.349 signalements de meurtres identifiés, en provenance de 7 sources différentes, de l’OSDH au gouvernement syrien lui-même. Les analystes ont croisé et trié ces rapports et enlevé les doublons pour parvenir à ce chiffre.

L’analyse montre une nette augmentation du nombre moyen de décès documentés par mois depuis le début du conflit. Si environ 1000 morts violentes par mois étaient enregistrées à l’été 2011, on compte une moyenne de 5 000 morts par mois depuis juillet 2012. Géographiquement, le plus grand nombre de meurtres a été signalé à Homs (12 560), dans la périphérie rurale de Damas (10 862) et à Idlib (7 686), suivis d’Alep (6 188), de Daraa (6 034) et de Hama (5 080).

Ces localisations correspondent aux cibles des bombardements de l’aviation et des blindés du régime, notamment à Homs.

Face à ces macabres révélations, Bachar El Assad  a rompu un silence médiatique de plusieurs mois pour répéter son mantra : les révoltés ne seraient que des « ennemis de la patrie, manipulés de l’extérieur ». C’est la seule justification d’une telle accumulation de massacres, depuis le début de la révolte le 15 mars 2011, sous l’effet des soulèvements populaires en Tunisie et en Egypte.

Au fond, la vraie question qui se pose une fois de plus est la suivante : que font les gouvernements et que font les organisations de défense des droits de l’homme ?

Concernant les gouvernements, dont le nôtre, force est de constater que les efforts diplomatiques n’ont abouti à rien. Successivement, à différents niveaux, la « communauté internationale » a envoyé des observateurs qui ont vu le peuple syrien se faire massacrer. Puis elle s'est décidée à déléguer des médiateurs, sans mandat précis et sans capacité de contrainte. On en voit le résultat dans l’errance de l’ « émissaire spécial » Lakhdar Brahimi, qui répète qu'il "faut trouver une solution". Mais cette même communauté internationale reste paralysée, imputant tour à tour son immobilisme à la complexité de la situation, à l'absence de structuration de l'opposition, aux désaccords prévalant entre les puissances 

Le trio des régimes russe, chinois et iranien soutien et arme toujours la dictature. Ces régimes sont déjà très entraînés et experts pour  réprimer et massacrer leurs propres peuples, leur aide à Assad est donc calibrée et terriblement efficace. Elle se double d’une offensive propagandiste visant à semer le trouble sur le combat du peuple syrien et  qui trouve des alliés auprès de l’extrême-droite internationale ainsi que dramatiquement auprès de courants proches d’Hugo Chavez.

Les révoltés syriens ne veulent ni de corps expéditionnaire, ni d'opération militaire. Ils ont démontré, depuis deux ans, leur courage et leur capacité au combat. En revanche, ils attendent toujours les moyens qui leur permettront d'acquérir les armes qui leur font défaut pour contrer la folie destructrice d'un régime aux abois. Et ils demandent que nos gouvernements cessent de parler et agissent enfin et donnent effectivement les sommes qu'ils promettent dans leurs discours, et qu'on laisse enfin le peuple syrien  se procurer ce dont il a  besoin pour assurer sa survie.

L’année 2013 doit être celle d’un vaste mouvement de soutien à ce combat, d’un véritable front uni de toutes les associations, partis et citoyens qui veulent contribuer à la chute de la dictature et à la liberté enfin retrouvée d’un peuple martyr.

MEMORIAL 98

voir sur ce site Syrie: mobilisation internationale le 20 octobre

Syrie: appel urgent de solidarité.

Syrie: le déchirement

Pour le peuple syrien: vague blanche le 17 avril

Syrie: un an de combat et de débat.

Reportage: avec les Syriens de Paris

et le blog "Un oeil sur la Syrie" http://syrie.blog.lemonde.fr/ ainsi que le texte de Farouk Mardam Bey "La révolution syrienne et ses détracteurs" http://www.lorientlitteraire.com/article_details.php?cid=8&nid=3970

Suivez l'actualité de Memorial 98 sur Facebook à l'adresse http://www.facebook.com/groups/348947755137242/

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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 00:26

                        Papon salue ses soutiens

 

Michel  Slitinsky au Palais de Justice de Bordeaux

 

 

 

 

C’est le symbole de l’affaire Papon et de la lutte contre les « génocidaires de bureau » qui vient de décéder. C’était aussi un ami de notre site dont il lisait les articles.

Le 19 octobre 1942, son père, Abraham Slitinsky, est raflé par les services de police de la préfecture de Gironde, puis déporté et gazé à Auschwitz.

Michel Slitinsky, qui a alors 17 ans, aura juste le temps de s'enfuir par les toits lors de l'arrestation nocturne de sa famille.

Esther, sa mère, restera cachée pendant trois ans dans une cave. Il entre en clandestinité et intègre un réseau de résistance qui le mène dans les maquis d'Auvergne (M.U.R).

 

Dès son retour à Bordeaux à la Libération, il porte plainte contre les policiers qui étaient venus l'arrêter. L'affaire est classée sous des prétextes fallacieux. Slitinsky poursuit ses recherches. Il reconstitue l'histoire de la Résistance en Gironde, collectant témoignages et documents consignés dans des livres parus en 1969 et 1972. Sa recherche en fait un historien autodidacte.

Très déterminé, il fouille les archives, reconstitue les carrières et les organigrammes. Quarante ans plus tard, il a réuni suffisamment de preuves pour démasquer des hauts fonctionnaires de Vichy responsables des déportations et des spoliations. En 1981 l’universitaire  Michel Bergès, qui effectue des recherches dans les archives de la préfecture de Gironde (mais défendra ensuite Papon), retrouve le procès-verbal de police qui relate l'arrestation de la famille Slitinsky.

 

 

D'autres documents portent le nom de Maurice Papon, alors ministre du Budget, et qui était, entre 1942 et 1944, secrétaire général de la préfecture de Gironde.

La communication par Slitinsky de certains de ces documents au Canard enchaîné, qui les publie, est à l'origine de l'« affaire Papon »

Le 8 décembre 1981, 3 membres de la famille Matisson, amis d’enfance de Slitinsky, portent plainte contre Papon pour "crimes contre l'humanité » Papon est inculpé en 1983. En France, depuis 1964, les crimes contre l'humanité sont imprescriptibles.

Mais ce n'est qu'après dix-sept années de batailles juridiques que débute le procès en octobre 1997. Papon avait été renvoyé, le 18 septembre 1996, devant la cour d'assises de la Gironde.

Parmi les plaignants, on compte 34 membres de la famille de Juifs déportés et 14 associations qui se sont constitué parties civiles. Papon est accusé d'avoir fait déporter, entre juillet 1942 et mai 1944, près de 1600 juifs de Bordeaux vers Drancy. Le renvoi devant les assises de la Gironde ne concerne que soixante-douze victimes déportées entre 1942 et 1944 et parentes des plaignants. C'est le procès le plus long en France depuis la Seconde Guerre mondiale.

 

Lors de ce procès de Papon, Slitinsky est porte-parole des parties civiles et assiste à toutes les audiences pendant six mois. Sa déposition a lieu les 21 et 22 janvier 1998 ( voir sur le site des parties civiles et familles le compte-rendu intégral du procès http://www.matisson-consultants.com/affaire-papon/proces_bordeaux/audiences/papon_21_janvier_1998.htm)

 

Slitinsky apostrophe Papon qui « porte sur ses épaules la responsabilité de 1.600 arrestations, dont 250 enfants… Pour les enfants, il aurait pu faire un effort, dissimuler les listes dans son tiroir. Il ne l'a pas fait. Il est allé à l'extrémité de ses possibilités".

Papon ne regrette rien et cible son accusateur principal. Lors de l’audience du 7 Novembre 1997 il le met en cause : " Puisque vous faites état d'une note de juillet 1942, j’ai de bonnes raisons de n'avoir pas oublié, puisqu'elle a servi à la fabrication d'un faux par Monsieur Slitinsky. Monsieur Slitinsky est un faussaire ! J'en apporterai la preuve." Cette preuve ne vint bien sûr jamais.

Cette attitude rappelle celle de Barbie tentant de compromettre le résistant Raymond Aubrac (voir Résistance : Aubrac et son tortionnaire. )

 

Lors de ce procès, de nombreuses personnalités viennent témoigner en faveur de Papon. C’est le cas notamment de l’académicien et ministre Maurice Druon qui déclare qu’avant le printemps 1945, on ne connaissait pas « la solution finale » et ajoute  :

« Si on avait su, il n'y aurait pas eu de préfets et de sous-préfets pour signer les ordres de déportation, il y aurait eu moins de Juifs passifs, attendant qu'on vienne les arrêter, cousant leur étoile jaune sur leur vêtement, ils ne seraient pas restés là à attendre comme des groggys offerts aux sacrificateurs ».

Il assure que ce procès profitera seulement à l'Allemagne : « Si l'on se met à condamner un Français symbolique, il leur sera facile de dire : on est tous pareils, les Français sont aussi moches que nous, il y aura une dissolution de la responsabilité, de la culpabilité, c'est pour cela que je suis venu devant vous ». Il ajoute :« Il y a un paradoxe de voir les fils des victimes devenir les alliés objectifs des fils des bourreaux ».

C’est auprès de lui que Sarkozy viendra chercher une onction gaulliste en 2007 (voir Sarkozy encense Maurice Druon, ami et soutien de Papon )

 

Maurice Papon est condamné le 2 avril 1998 à une peine de dix ans de réclusion criminelle, d'interdiction des droits civiques, civils et de famille pour complicité de crimes contre l'humanité par la cour d'assises. Seules ont été retenues des complicités d'arrestation et de séquestration pour quatre convois sur huit,.

Après cette condamnation et la fuite de Papon en Suisse, ses soutiens continuent à veiller sur lui.

Au premier rang se trouvent Druon déjà cité, l’ancien Premier ministre Messmer qui avait aussi témoigné pour lui et Raymond Barre dont il fut ministre, dans le même gouvernement que Simone Veil (voir Simone Veil: tragique méprise.)

Ils multiplient les appels pour qu’il soit amnistié 

(voir Messmer: disparition d'un copain et soutien de Papon

Décryptage: R. Barre récidive pour Papon et Gollnisch

R.Barre: requiem pour un antisémite ).

Face à l’échec de ces démarches, c’est grâce à une loi de 2002 sur les détenus malades et à une expertise médicale mensongère que Papon sortira rapidement de prison dès le 18 septembre 2002. 

Il a été libéré sur la base d'une "expertise " de médecins complaisants mandatés par la justice. Ces experts l'ont déclaré "grabataire"  et ont estimé que le « pronostic vital » du prisonnier était posé. 

Cette expertise a permis à "Papon-le-grabataire" de sortir seul et à pied de la prison, de rentrer sans encombre chez lui et d’y vivre tranquillement jusqu’en Février 2007.

Hélas, Robert Badinter et Mouloud Aounit, à l’époque président du MRAP, approuvèrent cette libération.

Au total, Papon a toujours bénéficié d'une clémence exceptionnelle puisqu'il a échappé à la justice de 1981 à 1997, malgré la révélation dès 1981 de son rôle dans la déportation des Juifs de Bordeaux. De plus, il n'a jamais été jugé pour les massacres des Algériens à Paris d'octobre 1961 et de Charonne

Le combat de Michel Slitinsky, dont nous saluons la mémoire, se sera heurté à la solidarité des hautes sphères de l’Etat.

(voir 17 Octobre 1961 : 50e anniversaire du massacre des Algériens.

17 Octobre: la mémoire d'un massacre à Paris)

Mise à jour du 6 mars 2019: les révélations d'un juge du procès Papon. 

 

Une des juges du Procès Papon, Irène Carbonnier,  témoigne de l'atmosphère qui régnait au Palais de Justice de Bordeaux à propos de Papon. Tout était organisé afin qu'il soit acquitté.

Son témoignage est à voir ici et a été retranscrit ici :

Extrait " ... Papon représentait l’establishment. C’est la raison pour laquelle le premier président (du tribunal Castagnède)  voulait l’acquittement, c’était connu de tous au palais de justice. Quand on lit les livres écrits sur le procès Papon, les auteurs disent que ce procès a bien fonctionné et que l’on a eu une condamnation moyenne, dix ans, ce qui montre le bon fonctionnement de la justice. Si [Arno, fils de Serge] Klarsfeld n’avait pas fait pression sur le président, de manière un peu honteuse certes, s’il n’avait pas fait pression, on aurait eu un acquittement. Tout était fait pour qu’il y ait un acquittement. L’avocat général, dans un premier temps, voulait requérir un non-lieu. Par la suite, le parquet a nommé d’autres avocats généraux qui soutenaient l’accusation. Mais le siège, les juges bordelais, voulait l’acquittement alors que la nation entière était favorable au jugement de ces comportements..."

 

On comprend du coup que la libération de Papon dès le 18 septembre 2002 sur la base d'une expertise médicale mensongère ordonnée par la justice ( voir ci-dessous) participait de la même volonté de protéger ce membre des hautes sphères de l'appareil d'Etat, génocidaire de bureau puis massacreur des Algériens de Paris.

 

MEMORIAL 98

 

 

 

Mise à jour du 9 juin 2018

Hommage à l'avocat Gérard Boulanger.

Militant des droits de l’homme et personnage important du procès de Maurice Papon, l’avocat bordelais est mort le 8 juin 2018 à 69 ans .

En 1981, suite aux recherches du rescapé et résistant Michel Slitinsky (voir ci-dessous), il déposa les toutes premières plaintes contre Papon, ministre du budget de Giscard d’Estaing et auparavant préfet, maire, député, ministre. 

Il fallut ensuite quinze ans de procédures pour aboutir à un procès de six mois durant lequel Me Boulanger défendit une majorité des parties civiles. 

Outre ce dossier auquel il a consacré près de vingt ans de sa vie, Me Boulanger était également un militant des droits de l’homme, qui plaida dans de nombreux dossiers de droit d’asile et de sans-papiers et présida la Ligue des droits de l’homme en Gironde.

MEMORIAL 98

 

voir aussi La rafle du Vel d’Hiv et la mémoire de la Shoah

Arno Klarsfeld trahit les victimes de Papon

Sarkozy jette aux orties la reconnaissance de la participation de la France à la Shoah

Sarkozy boycotte le 8 Mai

 

MEMORIAL 98

 

 

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27 novembre 2012 2 27 /11 /novembre /2012 00:48

Les riches se plaignent de ne pas être aimés. L’un d’entre eux, Pierre Kosciusko-Morizet, se compare ainsi aux Juifs persécutés en lançant: "A un moment on a cherché les juifs, maintenant on cherche les riches." http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/11/22/riches-a-pleurer_1794718_3246.html

L’homme d’affaires, qui a amassé plus de 40 millions d'euros en vendant son entreprise de commerce en ligne Priceminister, ajoute : «  On dit’Les riches, les riches, les riches'. On voit les couvertures de journaux terrifiantes :A quoi servent les riches ?' Tout cela sent mauvais. »

Loin de représenter un dérapage isolé, cette propension à tracer un parallèle entre la lutte contre les inégalités et les persécutions raciales du nazisme est  un classique de la droite européenne.

À titre historique, il faut rappeler que dès 2002 le responsable chrétien-démocrate allemand Roland Koch, membre lui de l’aile droite de son parti et spécialiste des attaques contre les immigrés, avait provoqué un tollé du même ordre. Il avait  assimilé le sort des personnes fortunées sous un gouvernement de  gauche, à celui des Juifs sous le nazisme, car selon lui ces 2 catégories étaient pareillement stigmatisées par une « étoile jaune ». Il avait  dû s’excuser et avait retiré ses propos (voir Allemagne: le bacille de Koch )

 Plusieurs dirigeants de la droite européenne, notamment française, ont ensuite banalisé la Shoah en l'utilisant lors de polémiques dans lesquelles ils entendaient prendre une posture de victimes.

 Ainsi, le 7 juin 2010, lors d'un débat au Conseil de Paris portant sur les projets de logements sociaux dans le XVIe arrondissement, Claude Goasguen, député maire de cet arrondissement qui compte 2,4% de logements sociaux contre plus de 30% dans des arrondissements de l'Est parisien, s'est emporté face aux critiques: "Si vous voulez, vous pouvez nous mettre une étoile jaune avec 16e écrit dessus".

Interrogé par des journalistes après la séance, Claude Goasguen, ne s’est pas excusé, mais s’est justifié en rappelant qu'il "aime" et "défend" la communauté juive. Il préside le groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée. C’est la ritournelle habituelle quand le retour du refoulé s’exprime au grand jour (voir Frêche: raciste et antisémite! )

Il a aussi explicité et par là même confirmé son propos :"Quand je dis: est ce que je dois mettre l'étoile Jaune ? entendez: je ne suis pas un pestiféré. Les habitants du XVIe arrondissement ne sont pas des pestiférés", a- t- il souligné.

On appréciera l’association d’idées et d’images. Un tel « ami  de la communauté juive" n’ignore sans doute pas que l’accusation de propager la peste noire a pesé sur le sort des communautés juives d’Europe au XIVe siècle, massacrées au nom de cette accusation (voir Qui manipule l’étoile jaune ? ) .

Quelques semaines plus tard, mis en cause par un livre de Martin Hirsch à propos de ses conflits d’intérêts (il est avocat d’affaires en même temps que député, maire...) Jean-François Copé a tracé un parallèle entre la mise en cause de ses contradictions et la dénonciation des Juifs pendant la guerre.

Il a ainsi déclaré le 26 septembre 2010:«…Il se trouve que Martin Hirsch et moi nous avons un point commun que nous avons découvert en parlant : ses parents, comme mon père pendant la guerre, ont été sauvés par des Justes… Quand on a cette culture familiale, je ne dis pas que cela commande des obligations... Je dis simplement que l'on ne peut pas vivre les choses de la même manière… En lisant ce livre, je me suis demandé si, sans peut-être s'en rendre compte, il se livrait à un exercice de délation, qui n'est pas tout à fait à l'honneur de quelqu'un qui a sa qualité"

Ainsi selon Copé, Martin Hirsch, lui-même d’origine juive, agirait comme un de ces délateurs qui dénonçaient les Juifs aux nazis (voir Un dirigeant UMP salit à nouveau la Shoah.)

Il est à noter que Copé et Goasguen ont fait partie des dirigeants UMP qui, lors de l’affaire Woerth, ont mis en cause la presse et notamment Mediapart, en la comparant aux journaux fascistes des années 1930

(voir Qui joue avec le fascisme ?.

Woerth, Copé et le Front National : décryptage)

Dans leur utilisation perverse de la Shoah, ils s’inspiraient de leur mentor présidentiel. Nicolas Sarkozy a en effet commis un dérapage semblable, tendant à banaliser la délation envers les Juifs sous le régime de Vichy, comparée à la dénonciation de délits fiscaux.
 À peine élu et venu défendre la « dépénalisation du droit des affaires » lors de l'université d'été du Medef le 30 août 2007, il avait utilisé la formule suivante:
« A quoi sert-il d'expliquer à nos enfants que Vichy, la collaboration, c'est une page sombre de notre histoire, et de tolérer des contrôles fiscaux sur une dénonciation anonyme, ou des enquêtes sur une dénonciation anonyme ? ». Il avait été acclamé frénétiquement par son auditoire patronal, absolument ravi par cette scabreuse comparaison.

Quelques mois plus tard, interrogée par l'Express du 13 février 2008 sur la plainte déposée par Sarkozy contre le site Internet du Nouvel Obs - qu'il accuse de "faux" à propos d'un SMS- Mme Bruni Sarkozy déclarait : «  La plainte justifiée de mon mari n'est pas contre un organe de presse, bien sûr, mais contre les "nouveaux moyens de désinformation". Internet peut être la pire et la meilleure des choses... Si ce genre de sites avait existé pendant la guerre, qu'en aurait-il été des dénonciations de Juifs?... Elle avait  dû s’excuser et retirer ses propos (.

 Citons encore 2 exemples très proches de la diatribe de Pierre Kosciusko-Morizet: « En Europe, nous sommes en train de forger une image hostile énorme des banques et des riches. Cela est déjà arrivé une fois, c’était en apparence contre les Juifs, et en fait on visait les mêmes milieux. Par deux fois, cela s‘est terminé avec des guerres ! ».

Cette déclaration de Maria Fekter, ministre autrichien des Finances, membre du parti conservateur ÖVP, a été prononcée le 17 septembre 2011, lors de la réunion des ministres européens des Finances en Pologne à Wroclaw, Selon cette dirigeante de la droite autrichienne, l’extermination des Juifs pendant la Shoah n’était donc qu’un avatar, un prétexte pour mettre en cause les riches. Sans surprise, Maria Fekter fait partie de l’aile droite du parti conservateur. Ministre de l’Intérieur dans un précédent cabinet, sa politique dure en matière d’immigration, lui avait valu le surnom de « dame de fer »; elle se proclame aussi catholique pratiquante (voir Le négationnisme s'infiltre au sommet de l’Europe.)

 

En mars 2012 le  dénommé Jacques Béhague, Vice Président UMP du Conseil Général des Hautes-Pyrénées et Conseiller général, a publié sur son site Internet le texte suivant, ensuite supprimé face au tollé:

"...M. François HOLLANDE cultive la haine des riches, et ce depuis longtemps…
Une vidéo est d’ailleurs disponible sur Internet dans laquelle il affirme explicitement « qu’il n’aime pas les riches, qu’il en convient » !!!

Cette haine des riches a déjà été développée par Adolf HITLER au travers des juifs.

J’accuse Monsieur HOLLANDE de faire renaître ces mêmes haines qui ont conduit l’humanité dans ce que nous avons connu de plus effroyable et de nauséabonde (sic !).J’accuse Monsieur HOLLANDE de prôner le nettoyage ethnique de tous ceux qui auraient le malheur de « trop » gagner d’argent…

– Soit par la confiscation de leurs biens et de leurs revenus.

– Soit par l’incitation à l’émigration.

Monsieur HOLLANDE est donc
– Soit un criminel à l’encontre d’une population, celle des « riches », au même titre que Hitler en son temps quand celui-ci s’est lui aussi attaqué aux riches au travers des juifs.»

Loin de représenter un dérapage isolé, la diatribe de Pierre Kosciusko-Morizet s’inscrit dans une tradition française et européenne.

MEMORIAL 98

 

 

 

 

 

 

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17 novembre 2012 6 17 /11 /novembre /2012 23:23

Le démon des origines hante décidément les dirigeants de la  droite française. Interrogé le 12 Novembre au matin par la radio RMC sur une hypothèse de rassemblement de "la droite et l'extrême droite", François Fillon a répondu: "jamais". "Pour vous jamais mais pour Jean-François Copé peut-être ?", a embrayé le journaliste Jean-Jacques Bourdin qui l'interrogeait : "Je ne le crois pas, parce que tout dans ses origines, dans son engagement politique le conduit...", a répondu François Fillon, interrompu dans sa phrase par une relance de son interlocuteur. Il semble que Fillon ait ainsi fait allusion à la judéité de Copé. Cette allusion a provoqué de nombreux commentaires.

En fait, Fillon et Copé ont tous les deux l'habitude de recourir aux origines de leur (s) adversaire (s) afin de les stigmatiser. Copé l'a abondamment montré dans la dernière période avec sa fable du pain au chocolat dérobé par des musulmans( Copé : au-delà de la provocation). Il a aussi mis en cause les origines juives de Martin Hirsch qui avait noté les conflits d’intérêts du dirigeant UMP (voir Un dirigeant UMP salit à nouveau la Shoah)

Fillon a lui aussi recouru à la traque des origines notamment en mettant en cause Eva Joly qui avait osé en 2011 proposer un défilé citoyen et non-militaire pour le 14 juillet : "«Je pense que cette dame n'a pas une culture très ancienne de la tradition française, de l'histoire française et des valeurs françaises» (voir Eva Joly : un triomphe lepéniste ? )

Un des porte-parole les plus proches de Fillon est Laurent Wauquiez qui s'est lui aussi fondé sur les origines de Strauss-Kahn afin de le critiquer. Le 3 mars 2011, à l'occasion d'une visite de Sarkozy en Haute-Loire L.Wauquiez, alors ministre des affaires européennes mettait en cause les  "racines" des uns et des autres; il déclarait : "... Son discours (de DSK) est celui d'une mondialisation sans couleur, ni saveur, qui se joue dans des grandes capitales internationales, c'est très loin de nous tout ça... Dominique Strauss-Kahn, c'est Washington… C'est pas la Haute-Loire et c'est pas ces racines-là". C'est le terme "racines" qui livrait la clé du propos, visant à disqualifier celui qui en serait privé, selon le stéréotype historique du Juif errant, issu directement de l'anti-judaïsme de l’Église catholique, repris et amplifié par l’extrême-droite contre Léon Blum et Pierre Mendès-France( voir Sarkozy-Le Pen: l’apocalypse ?). Les dirigeants du Front National demeurent d’ailleurs les spécialistes incontestés de cette traque des origines, dans la tradition du nationalisme agitant le spectre de l'"invasion étrangère

(voir Marine Le Pen récidive contre Eva Joly.

Le Pen : l’antisémitisme jusqu'au bout.

Le Pen et les "3 grands-parents étrangers" de Sarkozy )

A propos du parcours de Copé voir aussi:

Copé: le visionnaire facho.

Nationalité : Copé et l’UMP en embuscade.

Sarkozy et Copé aux côtés du Front National.

Woerth, Copé et le Front National : décryptage

Succès du Front National: quelles conséquences?

MEMORIAL 98

 

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17 novembre 2012 6 17 /11 /novembre /2012 00:25

 

Face à la situation de guerre qui se développe, nous publions le témoignage d’une Israélienne vivant à toute proximité de la bande de Gaza et qui rejette l’option décidée par le gouvernement Netanyahu-Liberman-Barak.

Les termes entre guillemets carrés et ceux marqués NDLR ne sont pas écrits par l'auteure mais traduisent ou contextualisent ses propos.

  MEMORIAL 98

voir aussi sur ce site:

Israël au risque de barbarie

Israël: le triomphe de Poutine?

Gaza : nouveau crime

La Paix Maintenant manifeste.

 

 

«Ne nous défendez pas – pas comme ça»

 

par Mihal Wasser

 

Mihal Wasser est une enseignante israélienne ; elle vit au kibboutz Kfar-Aza,  situé à trois kilomètres de Gaza entre les villes de Nétivot et de Sdérot. Voici la traduction d’un article qu’elle a publié le 15 novembre 2012 dans le quotidien israélien Haaretz (version originale, en hébreu: www.haaretz.co.il/opinions/1.1865593). Cet article s’adresse au gouvernement de son pays.

 

« La première chose que je veux dire est ceci: ne me défendez pas, s’il vous plaît. Pas de cette manière.

 Je suis dans ma «chambre sûre» [la pièce prévue, dans tous les foyers israéliens, pour s’y réfugier en cas d’attaque], au kibboutz Kfar-Aza, et j’écoute les bombardements de la guerre généralisée qui se déroule à l’extérieur. Je ne sais plus distinguer «nos» bombardements de «leurs» bombardements. À vrai dire, les enfants du kibboutz font cela mieux que moi; leur «oreille musicale» s’est développée dès le plus jeune âge, et ils savent distinguer un obus d’artillerie d’un missile tiré depuis un hélicoptère, et un obus de mortier d’un Qassam (missile NDLR). Qu’ils soient bénis.

 C’est à cela que ressemble la «défense du foyer»? Je ne comprends pas: est-ce que tous nos dirigeants dormaient durant leurs cours d’histoire? Ou peut-être ont-ils étudié selon le programme (scolaire NDLR) du Mapaï [le parti travailliste, au pouvoir en Israël entre 1949 et 1977] ou celui de [l’actuel ministre de l’éducation membre du Likud] Guideon Saar (je suis désolée de dire que la différence entre les deux n’est pas si grande), et ont-ils mal compris le mot «défense»? Est-ce que défendre la sécurité des citoyens, cela signifie mener une guerre totale toutes les quelques années? Est-ce qu’aucun homme politique n’a entendu l’expression «planification à long terme»?

 Si vous voulez me défendre, alors, s’il vous plaît, n’envoyez pas Tsahal (l’armée israélienne NDLR) avec pour mission de «gagner». Commencez à penser sur le long terme, et pas seulement dans la perspective des prochaines élections (prévues en Israël le 22 janvier 2013 NDLR). Essayez de négocier jusqu’à ce qu’une fumée blanche sorte de la cheminée. Tendez la main à Mahmoud Abbas. Cessez les «exécutions ciblées», et regardez aussi les civils d’en face droit dans les yeux.

 Je sais que la majorité du public m’accusera d’être «une belle âme». Mais c’est moi qui suis ici, au moment où les obus de mortier tombent dans mon jardin, et pas Saar ni le premier ministre Binyamin Netanyahou – et pas non plus [la dirigeante travailliste] Shelly Yacimovich ni [le dirigeant du parti centriste Yesh Atid] Yaïr Lapid. C’est moi qui ai choisi d’élever mes enfants ici, bien que j’aie eu et que j’aie encore d’autre options.

 On peut m’accuser de manquer de sionisme, on peut m’accuser de mollesse et de faiblesse de caractère, mais il est impossible de m’accuser de pratiquer un double langage. Mes enfants ont servi dans des unités combattantes, en plus de l’«année de service» (service civique NDLR) qu’ils ont effectuée, à titre bénévole, pour le pays. Nous vivons ici, et nous aimons ce pays.

 

Notre combat à nous est un combat pour la forme que revêt l’Etat, pas pour ses frontières. Pour sa nature démocratique, et pour la dignité humaine en son sein. Pour la raison. Alors, cessez de tuer des civils de l’autre côté de la frontière afin de protéger ma vie.

 

Si vous voulez mettre un terme aux actions hostiles qui proviennent de l’autre côté, ouvrez vos oreilles et commencez à écouter. Si vous vous souciez de nous, cessez de nous défendre par des missiles, des actions «ciblées» et des «vols dissuasifs». En place de l’opération « Pilier de Défense » (nom de code de l’opération militaire en cours NDLR)  lancez-vous dans une opération "Espoir pour l’Avenir". C’est plus compliqué, il faut pour cela de la patience, et c’est moins populaire. Mais c’est la seule issue possible. »

MEMORIAL 98

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 22:07

A l’occasion du 74e anniversaire de la Nuit de Cristal du 9 Novembre 1938, nous publions deux articles de notre site consacrés à cet événement, écrits en 2008 lors du 70e anniversaire.

Le premier article décrit le déroulement des violences en Allemagne même et leur planification, le second se concentre sur les événements en Autriche. Quelques semaines avant la Nuit de Cristal, des "lois raciales" dirigées notamment contre les personnes de religion juive furent proclamées par Mussolini le 18 septembre 1938 depuis le balcon de l'hôtel de ville de Trieste, ville où vivait l'une des plus importantes communautés juives d'Italie,

Depuis 2008, la situation sur le continent européen s'est aggravée.

Le contexte actuel en Europe est celui d’une offensive des droites radicales et extrêmes, qui attaquent sans répit les populations immigrées, les populations musulmanes, les Roms, les Juifs. La récente campagne électorale en France et celle en cours au sein de l'UMP en témoignent.

Sous le poids de la crise économique et des politique d'austérité, on assiste à une poussée des droites radicales et même de partis néo-nazis tel que le parti Aube dorée en Grèce. Le massacre mis en oeuvre par Breivik en Norvège en constitue un autre exemple.

Les gouvernements, y compris ceux qui se réclament de la gauche, accompagnent les campagnes xénophobes.

En Autriche, la droite (très) radicale demeure menaçante après avoir connu plusieurs succès électoraux

En Allemagne, l'extrême-droite maintient une atmosphère de violence et semble bénéficier d'une grande tolérance de la part des forces de l'ordre, comme le prouve l'impunité dont a bénéficié le groupe NSU qui a multiplié les assassinats d'immigrés .

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 MEMORIAL 98

 

Nuit de Cristal en Allemagne: les SA et la Gestapo en action

Cet article retrace le déroulement et la planification de ces violences antijuives ainsi que la réaction du gouvernement français de l'époque et l'hommage de Léon Trotsky à Herschel Grynzspan.

Les nazis guettaient une occasion pour lancer une étape supplémentaire de ce qui deviendra, selon leur terminologie, la « solution finale du problème juif en Europe ». Le premier acte en sera un vaste pogrom dans tous les territoires sous domination allemande, destiné à terroriser les populations juives et à les forcer à quitter l'Allemagne.

L'attentat à Paris contre le conseiller d’ambassade Von Rath leur offre un prétexte idéal.

Herschel Grynzspan était un jeune Juif polonais qui, le 7 novembre 1938, dans un geste de protestation contre le sort des Juifs en Allemagne et l'expulsion de milliers d'entre eux vers la Pologne, avait abattu à Paris le conseiller d'ambassade Von Rath.

Hitler prépare alors une mise en scène destinée à démontrer que les Allemands du Grand Reich sont menacés par les Juifs. Le quotidien du parti nazi le"Volkischer Beobatcher",  dirigé par  Goebbels, écrit ainsi le 8 novembre, alors que Von Rath est encore vivant :

  "Il est clair que le peuple allemand tirera les conclusions de cette nouvelle action. On ne peut plus tolérer que des centaines de Juifs règnent encore à l'intérieur de nos frontières sur des rues entières de magasins, qu'ils peuplent nos lieux de distractions, que des propriétaires étrangers empochent l'argent des locataires allemands tandis que leurs frères de race incitent au-dehors à la guerre contre l'Allemagne et tuent des fonctionnaires allemands"

Parallèlement, dès le 8 novembre, les nazis prennent la précaution de confisquer chez les Juifs  tout objet que ceux-ci pourraient utiliser pour se défendre.

Lorsque Von Rath décède le 9 novembre, tout est en place.

 Au moment où la nouvelle parvient à Hitler, ce dernier est à Munich, avec la vieille garde des SA, réunie pour commémorer sa tentative de putsch de 1923. Contrairement aux habitudes, Hitler quitte l'assemblée sans prononcer de discours et déclare:

"Il faut laisser le champ libre aux SA (Sections d'Assaut)"

C'est Goebbels, ministre de la Propagande qui se charge non seulement d'annoncer publiquement le décès devant l'assemblée des SA, mais également d'inciter au pogrom.

Les principaux chefs nazis quittent ensuite la réunion à 23 heures et téléphonent les instructions à leurs sections régionales.

Pour les SA, il s'agit d'incendier les synagogues, sans autoriser les pompiers à intervenir, sauf pour empêcher la propagation du feu vers les maisons alentour, de détruire les magasins juifs, et d’y apposer des pancartes  "Mort à la juiverie internationale" ainsi que de tuer sur place les Juifs trouvés en possession d'une arme.

Dans le même temps, un message secret est diffusé dès 23 h 55 depuis la direction de la Gestapo (police secrète d’Etat) de Berlin à tous ses services.

Pour la Gestapo, il s'agit d'incendier les synagogues, mais d'empêcher les pillages, de mettre en lieu sûr les archives importantes trouvées dans les synagogues, de préparer l'arrestation de 20 à 30 000 Juifs parmi les plus fortunés, de traiter avec une extrême rigueur les Juifs trouvés avec des armes.

Dans son Journal, Goebbels confirme qu'il présente un rapport sur la situation à Hitler; ce dernier décide de laisser les manifestations se poursuivre et donc de faire retirer la police.

Goebbels commente : « Les Juifs doivent sentir pour une fois la colère du peuple. »

Goebbels décrit ensuite précisément son action, il donne des ordres, motive les indécis. Il est ovationné par les dirigeants du parti. Tous se précipitent sur leurs téléphones. Le bataillon des SA « Hitler » part attaquer les Juifs de  Munich.

Selon les directives de Goebbels, la seule réserve est de ne pas apparaître en tant qu'organisation. Aussi, les SA et les SS s'habillent en civil et passent à l'acte dès 1 heure de matin.

Du nord au sud de l'Allemagne, incluant l'Autriche annexée, synagogues, maisons communautaires, asiles de vieillards, hôpitaux juifs, maisons d'enfants, logements privés et magasins juifs subissent l'assaut.

Les synagogues sont pillées, saccagées, détruites, incendiées, sans que les pompiers n'interviennent, se contentant d'empêcher la propagation des incendies aux maisons alentour. Des groupes de SA attaquent les magasins juifs qui sont facilement reconnaissables, depuis qu'une ordonnance a exigé que le nom du propriétaire soit peint sur la vitrine en grandes lettres.

La teneur des messages des chefs des SA et de celui de la Gestapo, corrobore l'idée de l'existence d'un plan d'ensemble dont l'instigateur est Hitler.

D'ailleurs le silence officiel de Hitler ainsi que de Goebbels lors des événements des 7 et 8 novembre confirme cette thèse.

 Dans son journal, Goebbels écrit à propos de l'attentat, lorsqu'il relate la journée du 8 novembre : « A Paris, un juif polonais du nom de Grynzspan a tiré dans l'ambassade sur un diplomate allemand Von Rath, le blessant grièvement. Il voulait venger les Juifs. La presse allemande jette maintenant des hauts cris. Nous allons mettre les points sur les i... En Hesse, grandes manifestations antisémites. On brûle des synagogues. Si seulement on pouvait déchaîner la colère du peuple ».

Les conséquences

En Allemagne, 2000 à 2500 personnes ont trouvé la mort lors du pogrom ou dans les camps de concentration vers lesquels elles ont été expédiées. Lorsque trois mois plus tard, certains sont libérés, c'est à la condition d'émigrer immédiatement. Rendus responsables du pogrom, les Juifs d'Allemagne devront verser collectivement une amende d'un milliard de marks, et devront payer eux-mêmes les réparations, sans pouvoir bénéficier  d'indemnisations de leurs assurances. Des milliers de Juifs d'Allemagne, privés de tous leurs biens, tentent de traverser clandestinement les frontières et d'obtenir le statut de réfugiés politiques dans les pays avoisinants .

En France

Lors de la conférence internationale d'Évian de juillet 1938,  réunie pour tenter de trouver des lieux d'asile notamment pour les réfugiés juifs et qui a abouti à un échec, le gouvernement français a ainsi exposé sa position: la France ne veut plus accueillir de réfugiés. Par ailleurs, lors des accords de Munich le 30 septembre de la même année, la France a cédé aux exigences allemandes. Une partie de la Tchécoslovaquie, les Sudètes sont annexées au Reich nazi, la paix est « sauvée ». La France tourne le dos ouvertement à ses principes  de pays de droits de l'homme, car le gouvernement recherche à tout prix l'apaisement avec son voisin allemand, notamment à travers  des négociations secrètes menées par Georges Bonnet, ministre des affaires étrangères depuis le 10 avril 1938. Bonnet ne veut pas que les évènements de la Nuit de Cristal compromettent sa politique. Il choisit d'ignorer le rapport de George Von, nouvel ambassadeur de France à Berlin, qui lui écrit : "Le traitement infligé aux Juifs en Allemagne que les nazis tentent d'extirper complètement comme des bêtes malveillantes, éclaire la grande distance qui sépare la conception hitlérienne du monde du patrimoine spirituel des nations démocratiques". Bonnet sera ensuite pétainiste, membre du Conseil national de Vichy.

La France est ainsi la seule grande démocratie à ne pas dénoncer officiellement les massacres perpétrés dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938.

 De plus, le 12 novembre 1938, deux jours après la Nuit de Cristal, une loi autorise en France l'internement des "indésirables" dans des camps de concentration. Les réfugiés juifs allemands et autrichiens entrés illégalement en France sont désormais directement menacés et seront internés puis plus tard livrés.

 

 L'hommage de Léon Trotsky à Herschel Grynzspan (extraits) :

 

« Nous, marxistes, considérons la tactique du terrorisme individuel comme inopérante pour les tâches de la lutte libératrice du prolétariat ou des peuples opprimés. Un seul héros isolé ne peut pas remplacer les masses. Cependant nous ne comprenons que trop bien le caractère inévitable de ces actes convulsifs de désespoir et de vengeance. Toutes nos émotions, toute notre sympathie vont aux vengeurs qui se sacrifient, même s'ils n'ont pas trouvé la voie juste. Notre sympathie est d'autant plus grande que Grynzspan n'est pas un militant politique, mais un jeune, inexpérimenté, presque un enfant, dont le sentiment d'indignation a été l'unique conseiller.

Arracher Grynzspan des mains de la justice capitaliste, laquelle est capable de le décapiter pour mieux servir la diplomatie capitaliste, c'est le devoir élémentaire, immédiat de la classe ouvrière internationale.

Ce qui est le plus révoltant dans sa stupidité policière et sa bassesse inouïe, c'est la campagne actuellement menée sur ordre du Kremlin dans la presse stalinienne internationale. On essaie de le dépeindre comme un agent des nazis ou un agent des trotskystes liés aux nazis  Fourrant dans le même sac le provocateur et sa victime, les staliniens prêtent à Grynzspan l'intention de créer un prétexte favorable à la politique pogromiste de Hitler.

Nous sommes naturellement liés par les liens d'une solidarité morale ouverte à Grynzspan et non à ses geôliers " démocratiques " ou aux calomniateurs staliniens. La diplomatie du Kremlin, complètement dégénérée, essaie en même temps d'utiliser cet " heureux " incident pour renouer ses intrigues en vue d'un accord de réciprocité international entre les divers gouvernements, y compris ceux de Hitler et de Mussolini, pour l'extradition mutuelle des terroristes

Ils deviennent rares les gens qui soient même capables de s'indigner contre l'injustice et la bestialité. Mais ceux qui, comme Grynzspan, sont capables d'agir...

Du point de vue moral - et non pour ses méthodes d'action - Grynzspan peut servir d'exemple à tout jeune révolutionnaire. Notre solidarité morale avec Grynzspan nous donne doublement le droit de dire à tous les Grynzspan possibles, à tous ceux qui sont capables de se sacrifier dans la lutte contre le despotisme et la bestialité : Trouvez une autre voie ! Ce n'est pas un vengeur isolé qui peut libérer les opprimés, mais seulement un grand mouvement révolutionnaire des masses, qui ne laissera rien subsister du système de l'exploitation de classe, de l'oppression nationale et de la persécution raciale...

 

Trotsky,  30 janvier 1939

 

Terrible Autriche

 

 La vague de violences antijuives organisée par les nazis les 9 et 10 décembre 1938 et connue sous le nom de Nuit de Cristal (Kristallnacht), fut particulièrement meurtrière en Autriche, alors intégrée au Reich allemand. En ce 70e anniversaire, c'est aussi là que son souvenir résonne dans l'actualité récente.

Lors des législatives du 28 Septembre dernier (Septembre 2010) l'extrême-droite a, malgré ses divisions, rassemblé 30% des voix.

Environ 40 % des moins de 18 ans ont voté pour le FPÖ de Heinz-Christian Strache, concurrent de Haider.

Strache, entouré de néo-nazis, s'est illustré au printemps dernier par une très violente campagne contre les immigrés et une éventuelle adhésion de la Turquie à l'Europe, sous le slogan «Autriche, reste libre!»

Près de 10 % de ces jeunes de 16 à 18 ans à qui le vote était ouvert pour la première fois ont opté pour le BZÖ de Haider

Mais dans cette Autriche vieillissante, il ne faut pas surestimer le poids des 16-18 ans, ils représentent moins de 3 % de l'électorat  Les résultats de l'extrême droite sont dus en majeure partie à des gens de plus de 50 ans.

La mort de Haider le 11 Octobre a ensuite donné lieu à une immense célébration.   

Jamais en Autriche, un homme politique n'avait été l'objet de tels honneurs. À Klagenfurt, la capitale régionale de la Carinthie dont il était le gouverneur des  milliers de bougies ont été allumées devant le palais du gouvernorat, tandis que des banderoles accrochées par des ribambelles d'écoliers pleurent «Jörg, le roi des cœurs carinthiens». Une messe célébrée en la cathédrale de Vienne a rassemblé des milliers de personnes, mêlant anciens ministres, conservateurs comme sociaux-démocrates, et néo-nazis discrets, identifiables seulement à leur crâne rasé et à la boucle de leur ceinturon affichant un double «s».

Dans les écoles de Carinthie, une minute de silence a été observée durant la semaine à la mémoire de Jörg Haider. Les enfants ont été invités à chanter pour lui.

Lors de ses obsèques, plusieurs orateurs se sont succédé à côté du cercueil veillé par six soldats, s'adressant à un parterre où la plupart des élites politiques autrichiennes avaient pris place. Le président de la république Heinz Fischer, le chancelier social-démocrate Alfred Gusenbauer, le chef du parti social-démocrate Werner Faymann - chargé de former le futur gouvernement à l'issue des dernières législatives, ses homologues des autres partis, à l'exception des écologistes, lui rendirent hommage

Cet emballement institutionnel et populaire, qui, pour le quotidien de droite à grand tirage Kurier, rappelle celui «autour de Lady Di et de Mère Teresa», vit célébrer en grande pompe la disparition d'«un homme politique de grand talent», selon les termes du président de la République, Heinz Fischer (SPÖ, gauche).

C'est le même Haider qui  se réclamait  «la politique de l'emploi réussie» du IIIe Reich et célébrait les Waffen SS, ces «hommes honnêtes restés fidèles à leurs convictions»

 Au même moment, l'élection à la co-présidence du Parlement autrichien de Martin Graf, député du parti d'extrême-droite FPÖ de Strache et membre de l'association antisémite et négationniste Olympia amplifie le malaise. Olympia compte à son actif l'organisation de conférences du négationniste David Irving (voir notre article précédent Oxford: négationnistes en vedette? ), et la prestation du chanteur compositeur antisémite Michael Müller qui, sur scène, entonnait: "Avec 6 millions de Juifs, la fête ne fait que commencer Jusqu'à 6 millions, le four reste allumé (...) Nous avons plein de Zyklon B (...) Avec 6 millions de Juifs, c'est encore loin d'être terminé".

Les partis de J. Haider et Strache s'inscrivent dans la tradition antisémite sans doute la plus intense d'Europe occidentale. Dès 1895, Karl Luger, dirigeant du parti social-chrétien maire de Vienne au programme explicitement antisémite, se fait élire sur la thématique de l'envahissement de la ville par les juifs de l'Est et l'atteinte à la nation autrichienne-allemande.

L'année 1938 a débuté par l'annexion de l'Autriche. L'armée allemande fait une entrée triomphale en Autriche le 12 mars 1938. À la fin cette  journée, les bureaux des organisations juives sont déjà saisis par les Nazis.

Dans les jours et les mois qui suivent presque tous les Juifs autrichiens ont perdu leurs moyens de subsistance et dans la majorité des cas leur domicile. Les mesures antisémites du Reich s'appliquent immédiatement.

Au lendemain de l'Anschluss, les Juifs sont forcés de revêtir leurs habits de fête et de nettoyer les rues de Vienne, accroupis sous le regard des Viennois goguenards et ravis. 
 Les jeunesses Hitlériennes paradent en tirant des Juifs orthodoxes par leur barbe ; d'autres Juifs sont été obligés de brouter l'herbe au parc du Prater  Ces actes sont rarement commis par des Nazis allemands mais plutôt par des Nazis autrichiens. À Vienne, les « parties de frottage », sont quotidiennes. Des groupes de S.A. sortent les Juifs de leur maison ou de leur magasin, leur mettent dans les mains un seau et une brosse et les obligent, sous les huées et les injures des gens qui font cercle autour d'eux, à effacer sur le macadam ou sur les murs des maisons les slogans appelant à s'opposer à l'Anschluss ou de  barbouiller de peinture jaune des magasins juifs.

 Lors de la Nuit de Cristal, la plupart des synagogues de Vienne furent détruites. Les commerces juifs furent vandalisés et saccagés. Des milliers de Juifs furent arrêtés et déportés vers les camps de concentration de Dachau ou de Buchenwald.

Les nazis autrichiens occupèrent une place centrale au sein de la galaxie nationale-socialiste, suivant l'exemple de Hitler, lui-même d'origine autrichienne. Adolf  Eichmann symbolise cette implantation au cœur de la mise en œuvre du génocide.

 Après guerre, la réintégration rapide des nazis dans l'espace politique se fait sous la protection des Alliés et du mythe d'une Autriche "victime" du nazisme. La présidence de Kurt Waldheim, qui a participé à des crimes de guerre dans les Balkans, poursuit cette voie, aggravée en 1999 par la première victoire électorale de Haider avec 27% des voix.

 

MEMORIAL 98

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