L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.
Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.
Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes
(Arménie, Rwanda, Shoah ...)
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8 mai: une mémoire actuelle, 77 ans après la chute du nazisme, dans un contexte dramatique
L'anniversaire de la victoire contre le nazisme se déroule cette année dans un contexte inquiétant, notamment en Ukraine et en France .
La guerre d'invasion de Poutine en Ukraine se fait au nom du souvenir de la lutte contre le nazisme. Le maître du Kremlin avait déclaré, au moment où il a lancé l’invasion, que cette « opération militaire spéciale » viserait à « dénazifier » son voisin souverain. La presse russe tente depuis de dépeindre l’Ukraine comme étant alignée au nazisme, sans pour autant apporter la moindre preuve à l’appui de ces accusations.
Cette campagne mensongère censée justifier les multiples crimes de guerre de Boutcha et de Marioupol s'est étendue à une diatribe antisémite du pouvoir russe contre le président ukrainien Zelensky, comparé à Hitler.
Le ministre des affaires étrangères Lavrov a déclaré dimanche 1er mai que le fait que le président ukrainien soit Juif ne contredisait pas les affirmations de Moscou selon lesquelles cette invasion avait été lancée pour « dénazifier » le pays, affirmant que même Hitler « avait du sang juif. »
Dans une interview à la chaîne d’information italienne Zona Bianca, durant laquelle il a été demandé à Lavrov comment le président russe Vladimir Poutine pouvait prétendre qu’il essayait de « dénazifier » l’Ukraine alors que Volodymyr Zelensky, le président démocratiquement élu du pays, était Juif.
« Et alors, si Zelensky est juif ? Cela ne change rien à la présence d’éléments nazis en Ukraine. Il me semble qu’Hitler avait aussi du sang juif », a déclaré M. Lavrov, ajoutant que « certains des pires antisémites sont juifs ».
En France l'élection présidentielle se traduit par des résultats mitigés
Malgré sa défaite face à Macron, le score de Marine Le Pen au deuxième tour est énorme: 13 288 000 voix et plus de 41% des suffrages.
Elle a gagné 2,6 millions de voix depuis le 2e tour de 2017 et 5 millions de voix entre les 2 tours de 2022 malgré un programme de préférence nationale, d'interdiction du voile et de proximité avec Poutine.
Il y a évidemment de nombreux facteurs liés à la politique anti-sociale et répressive de Macron mais un autre facteur a joué aussi: sa "protection" par la radicalité de la candidature Zemmour.
Avant cette campagne électorale, la pandémie du Covid a donné lieu à un déluge de propagande complotiste et antisémite
Les enjeux et défis sont donc immenses pour ceux et celles qui combattent la renaissance du fascisme et la multiplication des crimes contre l'humanité
1945: la capitulation et la joie
Le 7 mai 1945, à 2h41 du matin, l'Allemagne nazie capitule. C'est la fin des combats en Europe.
Le lendemain, une immense vague de joie déferle sur la planète, provoquant des scènes de liesse dans toutes les capitales, à l’exception de Berlin et Tokyo.
Le régime impérial japonais poursuit les combats dans le Pacifique, la Seconde Guerre mondiale n’est pas encore terminée.
La joie est ternie par la découverte des camps de mise à mort , depuis quelques mois, au fur et à mesure de la progression des armées alliées, notamment soviétiques. Le dernier camp est "libéré" le 8 mai 1945; il s'agit de celui de Theresienstadt/Terezin, en Tchécoslovaquie alors que Auschwitz l'a été le 27 janvier de la même année. .
Alors même que s'effondrait le régime le plus réactionnaire que l'histoire ait connu, les peuples colonisés exprimèrent leurs aspirations à l’égalité et à l'auto-détermination.
Ainsi l’Algérie "française" connait, en ce jour du 8 mai 1945, des scènes de répression coloniale d’une extrême violence. Les célébrations se terminent dans un bain de sang à Sétif, Guelma, et Kherrata, entraînant la mort d’environ 45 000 personnes.
Un passé toujours actuel
Le souvenir du 8 mai 1945 et plus généralement de la période de Vichy et de la collaboration avec les nazis demeure un sujet de débat et de clivage notamment dans la droite, mais aussi dans une partie de la gauche.
Ainsi Giscard d'Estaing, alors président de la République, avait supprimé la commémoration du 8 mai à partir de 1975, sous prétexte de construction européenne.
Elle fut rétablie en 1981 par Mitterrand.
Mais ce dernier a maintenu la fiction d'une non responsabilité des autorités françaises notamment dans la déportation des Juifs de France. Il a dans ce cadre mis en œuvre, de 1987 à 1992, un hommage à Pétain auquel il ne mit fin qu'à la suite d'un important scandale face à la persistance de cette révérence si choquante. Le respect organisé de la personne de Pétain représente une des tâches de cette présidence.
A droite, c'est Sarkozy qui lança, dès sa campagne électorale de 2007, une offensive d'ampleur contre la "repentance" et contre la reconnaissance de la participation des autorités françaises à la Shoah. A peine élu, il choisit de boycotter la cérémonie du 8 mai 2007, pour ne pas se retrouver à côté de Chirac qui avait reconnu les responsabilités françaises dans la déportation des Juifs. A l'époque, Patrick Devedjian, alors dirigeant de premier plan de l'UMP, décédé depuis, en résumait ainsi les enjeux (dans le journal Le Monde du 10 avril 2007) : " La droite est sortie honteuse de la guerre. Depuis la Libération, la gauche exerce un magistère moral sur l'histoire, distribuant les bons et les mauvais points: à gauche le parti des fusillés, à droite les collaborateurs. Même Chirac n'a jamais dit qu'il était de droite, et Jospin n'a pas hésité à dire de la droite qu'elle était héritière d'un courant anti-dreyfusard, antisémite et raciste. Il (Sarkozy) a sorti nos valeurs de la réclusion, il redonne sa dignité à la la droitisation de la société permet aujourd'hui ce réajustement idéologique qui anticipe la victoire politique".
Plus concrètement, il s'agissait alors pour la droite comme aujourd'hui de récupérer les thèmes et l'électorat du FN et donc de jouer sur le nationalisme. Sarkozy a sans cesse œuvré à légitimer les thèses du Front National
Pendant la campagne présidentielle de 2022, la candidate de la droite Valérie Pécresse a repris de nombreux thèmes d'extrême-droite dont celui de la théorie mensongère du prétendu " Grand remplacement".
Son échec cinglant est venu renforcer le score de Marine Le Pen.
La situation au lendemain de cette élection nécessite le développement de larges campagnes antiracistes et antifascistes afin de faire refluer cette vague mortifère.
81e anniversaire du massacre de Babi Yar du 29 et 30 septembre 1941.
Alors que Poutine annexe des territoires ukrainiens après des simulacres de référendums, Volodimyr Zelenski a le 28 septembre rendu hommage aux Juifs victimes du massacre de Babi Yar (Babyn Yar en ukrainien) au Memorial qui marque cette étape de la Shoah
Les délégués gouvernementaux pour les questions relatives à la Shoah aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada, en Allemagne et dans cinq autres pays européens ont saisi l'occasion de l'anniversaire du massacre de Babi Yar pour publier une déclaration commune condamnant les actions militaires russes en Ukraine et l'utilisation d'une prétendue lutte contre les "nazis" au pouvoir dans ce pays:
"Nous ne devons jamais oublier le crime odieux contre l'humanité qui s'est produit il y a 81 ans, lorsque près de 34 000 Juifs ont été assassinés par les nazis et leurs complices à Babi Yar. Nous ne laisserons jamais le souvenir de ces victimes et de tous ceux qui ont été assassinés pendant l'Holocauste ( Shoah) être déshonoré, effacé ou cyniquement détourné à des fins politiques", peut-on lire dans la déclaration.
"Il est donc particulièrement horrifiant que Vladimir Poutine justifie sa guerre contre l'Ukraine en détournant l'histoire de l'Holocauste. Dire que l'Ukraine d'aujourd'hui doit être "dénazifiée" est une insulte à tous ceux qui ont souffert du régime nazi en Ukraine. Nous appelons la Russie à mettre immédiatement fin à sa guerre d'agression contre l'Ukraine."
Cette déclaration converge avec celle des historiens de la Shoah publiée le 27 février dernier (ci-dessous)
L'actualité de la commémoration est marquée par la sortie du film documentaire Babi Yar. Contexte. du cinéaste ukrainien Sergueï Loznitsa. Une analyse approfondie en est présentée ci-dessous:
Attaque antisémite du pouvoir russe contre Zelensky, comparé à Hitler, dans une théorie ultra-complotiste
Sergueï Lavrov : « Et alors, si Zelensky est juif ? Même Hitler ‘avait du sang juif' »
Dans une tentative de défendre ses déclarations sur la "dénazification" l'Ukraine, le ministre des Affaires étrangères russe déclare que "certains des pires antisémites sont juifs"
Sergueï Lavrov a déclaré le 1er mai que le fait que le président ukrainien soit Juif ne contredisait pas les affirmations de Moscou selon lesquelles cette invasion avait été lancée pour « dénazifier » le pays, affirmant que même Hitler « avait du sang juif. »
Dans une interview à la chaîne d’information italienne Zona Bianca, durant laquelle il a été demandé à Lavrov comment le président russe Vladimir Poutine pouvait prétendre qu’il essayait de « dénazifier » l’Ukraine alors que Volodymyr Zelensky, le président démocratiquement élu du pays, était Juif.
« Et alors, si Zelensky est juif ? Cela ne change rien à la présence d’éléments nazis en Ukraine. Il me semble qu’Hitler avait aussi du sang juif », a déclaré M. Lavrov, ajoutant que « certains des pires antisémites sont juifs ».
Des théories complotistes selon lesquelles Hitler aurait eu des ancêtres juifs, ce qui aurait été une des causes de son antisémitisme et aurait conduit au meurtre de six millions de Juifs, ont été démenties à de nombreuses reprises par les historiens.
Poutine avait déclaré, au moment où il a lancé l’invasion, que cette « opération militaire spéciale » viserait à « dénazifier » son voisin souverain. La presse russe tente depuis de dépeindre l’Ukraine comme étant alignée au nazisme, sans pour autant apporter la moindre preuve à l’appui de ces accusations.
Le directeur du musée israélien de la Shoah Yad Vashem, Dani Dayan, a condamné les remarques de Lavrov, faites la semaine, au moment même où Israël commémorait la Shoah, estimant qu’il s’agissait de « propos sans fondement, délirants et dangereux qui méritent d’être condamnés ».
Yad Vashem et d’autres groupes représentant les survivants de la Shoah avaient déjà condamné les affirmations de la Russie selon lesquelles l’Ukraine devait être « dénazifiée » comme n’étant « pas fondées sur des faits, elles déforment et banalisent la Shoah, et nous les déplorons. »
Le 27 février dernier un large collectif de de spécialistes des processus génocidaires, du nazisme et de la Seconde Guerre mondiale publiait la déclaration suivante:
"Depuis le 24 février 2022, les forces armées de la Fédération de Russie sont engagées dans une agression militaire de l’Ukraine que rien ne justifiait. Cette attaque s’inscrit dans le prolongement de l’annexion de la péninsule de Crimée par la Russie en 2014 et de sa forte implication dans le conflit armé dans la région du Donbass.
L’attaque russe fait suite aux accusations formulées par le président russe Vladimir Poutine de crimes contre l’humanité et de génocide1 qui auraient été commis par le gouvernement ukrainien dans le Donbass. La propagande russe présente régulièrement les dirigeants élus de l’Ukraine comme des nazis et des fascistes qui opprimeraient la population locale d’origine russe, qui devrait donc être libérée. Le président Poutine a déclaré que l’un des objectifs de son « opération militaire spéciale »2 contre l’Ukraine est la « dénazification »3 du pays.
Nous sommes des spécialistes des processus génocidaires, de la Shoah et de la Seconde Guerre mondiale. Nos vies professionnelles sont dédiées à l’étude du fascisme et du nazisme, et à la commémoration de leurs victimes. Nombre d’entre nous sont activement engagés dans la lutte contre les héritiers actuels de ces régimes maléfiques et contre tous ceux qui tentent de nier ou de dissimuler leurs crimes.
Nous rejetons fermement l’utilisation cynique par le gouvernement russe du terme génocide, de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah, ainsi que l’assimilation de l’État ukrainien au régime nazi pour justifier son agression unilatérale. Cette rhétorique est erronée sur le plan des faits, moralement répugnante et profondément offensante pour la mémoire des millions de victimes du nazisme et de ceux qui l’ont courageusement combattu, notamment les soldats russes et ukrainiens de l’Armée rouge.
Nous n’idéalisons pas la société et l’État ukrainiens. Comme tout autre pays, il compte des groupuscules d’extrême droite extrémistes et des groupes xénophobes violents. L’Ukraine doit aussi mieux faire face aux chapitres les plus sombres de son histoire douloureuse et compliquée. Pourtant, rien de tout cela ne justifie l’agression russe et cette manière écœurante de qualifier l’Ukraine. En ce moment crucial, nous nous unissons à l’Ukraine libre, indépendante et démocratique et rejetons fermement l’utilisation abusive par le gouvernement russe de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale comme légitimation de sa propre violence." Ce texte a été publié en anglais et en russe avec la liste des signataires le 27 février 2022 dans le Jewish Journalici.
L'attaque brutale de Lavrov, acolyte dévoué de Poutine, constitue une escalade antisémite alors que jusqu'à ce jour le nom juif n'était pas apparu malgré l'accusation mensongère et manipulatrice d'un " nazisme" dirigeant l'Ukraine. Poutine, au fil de ses interventions sur l’Ukraine, se présente en héritier de la guerre contre les ( vrais) nazis Pourtant, le mot « juif » n’apparaît dans aucun de ses textes, pas plus que le mot « génocide » appliqué à la seconde guerre mondiale.
« En Russie, à l’instar de ce qui se passait en URSS, explique l'historienne spécialiste Marlène Laruelle, à aucun moment on ne dit clairement que le nazisme est une idéologie de la race, qui veut détruire d’autres races. On le présente toujours comme une création des capitalistes contre l’URSS et contre les Slaves. La Shoah n’est pas niée, mais les juifs sont mentionnés avant tout comme des citoyens soviétiques, et l’accent est mis sur le nombre de Soviétiques morts, plus que sur la spécificité de la Shoah. » Dénoncer le nazisme sans mettre en avant son crime principal, qui définit sa place dans l’histoire : ultime paradoxe de la « dénazification » poutinienne.
Poutine poursuit ainsi le silence sur le caractère spécifiquement antisémite du nazisme et de ses crimes
Celui-ci demeura longtemps camouflé par Staline et ses acolytes, dont le chef du Kremlin défend la mémoire Pour atténuer la portée spécifique d'extermination génocidaire et antisémite des Juifs. Staline interdit d'ailleurs la parution du " Livre noir de l'extermination des Juifs en URSS et Pologne" rédigé par Vassili Grossman et Ilya Ehrenbourg. Il fit ensuite assassiner les animateurs du Comité Antifasciste Juif et inventa le prétendu complot antisémite des Blouses Blanches qui devait mener à une déportation de masse des Juifs d'URSS.
Ce déni est particulièrement sensible en Ukraine où eu lieu dès 1941 le grand massacre de Babi Yar .
Le 29 et 30 septembre 1941, trente-trois mille sept cents Juifs ukrainiens de tous âges et des deux sexes ont été tués par les nazis au lieu-dit Babi Yar (le «ravin de la vieille femme» en russe) à proximité de Kiev.
Ce massacre est le plus important de cette première phase de la Shoah; il dépasse même les chiffres des tueries quotidiennes dans les camps de la mort.
Ce crime de masse survient dix jours après l'entrée des troupes nazies dans ce qui était alors la capitale de l'Ukraine soviétique. La ville de Kiev comptait 900.000 habitants, dont environ 120.000 Juifs .
Ces derniers ont été convoqués par les autorités allemandes à Babi Yar le 28 septembre, veille cette année là de la grande fête juive de "Yom Kippour" et menacés d'exécution sur place en cas de désobéissance.
Croyant d'abord à un départ vers un camp quelconque, les Juifs sont immédiatement conduits par groupes de dix vers le bord du ravin, obligés de se dévêtir et massacrés à la mitrailleuse. Les rescapés de ce premier massacre vont être tués à leur tour et jetés dans le ravin au cours des mois suivants, au rythme de deux jours de tuerie par semaine.
Le site de Babi Yar a été jusqu'en 1943 le théâtre d'exécutions massives: jusqu'à 100.000 personnes y ont été tuées, parmi lesquelles des Juifs, des Roms, des combattants de la résistance et des prisonniers de guerre soviétiques.
Après la guerre, la mémoire de ce début de la Shoah fut longtemps masquée.
Le carnage des 29 et 30 septembre 1941 a certes été révélé lors des grands procès de Nuremberg en 1946, mais les dirigeants de l'URSS, dont l'Ukraine faisait alors partie, ont toujours cherché à minimiser ce drame, pour ne pas avoir à admettre que les victimes étaient juives.
En effet, les autorités soviétiques staliniennes niaient et dissimulaient le caractère antisémite des exactions nazies, ajoutant ainsi une occultation au génocide lui-même.
Dans le cas de Babi Yar , les victimes juives étaient présentées comme des « citoyens soviétiques pacifiques » sans mention de leur judéité et de l'acharnement des nazis contre elles.
Pendant des décennies, les rassemblements de commémoration furent interdits dans le ravin.
En 1966, les autorités soviétiques érigèrent sur place un monument qui passait encore sous silence les victimes juives.
Ce n’est qu’en 1991, après la chute de l'URSS, que le gouvernement ukrainien autorisa la création d'un monument spécifique à ces victimes. Ce monument fut inauguré 10 ans plus tard, en septembre 2001, soit soixante ans après les faits. Le débat sur la mémoire de Babi Yar se poursuit comme le montre le dossier de Lisa Vapné .
La diatribe antisémite de Lavrov doit être condamnée. Elle éclaire la manipulation complotiste de la guerre d'invasion de Poutine dont l'armée multiplie les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité, comme à Boutcha (ci-dessous) et à Marioupol. Cela fut déjà le cas dès 1999 en Tchétchénie et se poursuit en Syrie.
Plus que jamais nous sommes aux côtés de la population ukrainienne qui se défend contre la sale guerre déclenchée par le maître impérialiste du Kremlin. Avec le mouvement de soutien en France auquel nous participons, nous réclamons notamment la livraison des armes demandées par l'Ukraine.
Les positions d'une partie de la gauche française ( LFI et PCF notamment) sont indignes face à un nécessaire engagement internationaliste et à la nécessité de soutenir le droit de se défendre face à la guerre impérialiste et criminelle de Poutine.
Mise à jour du 6 mai 2021: Manipulation autour d'"excuses" de Poutine
Le président russe Vladimir Poutine aurait présenté ses excuses au Premier ministre israélien Naftali Bennett pour les propos de son chef de la diplomatie, selon un communiqué du bureau du dirigeant israélien publié jeudi 5 mai. "Le Premier ministre a accepté les excuses du président Poutine pour les remarques de Lavrov et l'a remercié d'avoir mis au clair son attitude concernant le peuple juif et la mémoire de l'Holocauste", est-il écrit.
Mais du côté russe, nul mention d'excuses ou même d'une référence à cette affaire.
Communiqué de la Ligue des Droits de l'Homme auquel Memorial 98 s'associe
Brahim Bouarram a été jeté dans la Seine, le 1er mai 1995, par des individus qui participaient à un défilé du Front national.
Plus d’un quart de siècle après, l’extrême droite est toujours à l’œuvre. Elle a même obtenu au second tour de l’élection présidentielle un nombre de voix qu’elle n’avait jamais atteint ( 13 288 686 soit 41, 4% des suffrages exprimés NDLR) .
Contrairement à ce qu’il veut faire croire, le Rassemblement national n’est pas porteur de justice sociale ni de sécurité. Son projet n’est pas anticapitaliste. Il reproche, tout au contraire, aux capitalistes de ne pas aller assez loin et il introduit une division entre les défavorisés qui entrave leur riposte.
Les politiques menées ces dernières années lui ont préparé le terrain avec la stigmatisation des quartiers populaires, de l’immigration et la paupérisation d’une partie croissante de la population.
Les campagnes contre un prétendu « séparatisme », le voile, le péril que représenterait l’islam de France ont préparé la banalisation du discours de haine et de division porté par l’extrême droite.
En instaurant une doctrine de l’ordre public qui menace tous ceux qui s’opposent aux politiques gouvernementales, en intégrant des mesures d’exception dans le droit commun, les politiques publiques ont mis en cause les libertés fondamentales et les droits économiques et sociaux des plus défavorisés.
Le Rassemblement national promet d’aller plus loin encore dans la répression en portant un projet de présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre : autant dire que les victimes de violences policières n’auraient plus aucune chance de les faire reconnaître.
Et en appelant à une distinction entre travailleurs selon leur origine, il favorise aussi les discours de haine raciste.
C’est tous ensemble, en nous rassemblant le 1er mai 2022, de 11h à 12h, à Paris, au pont du Carrousel, là où Brahim a été assassiné, que nous exprimerons notre refus de toutes les formes de racisme, notre exigence de justice sociale et que nous ferons reculer l’ombre planante du fascisme.
LDH
Vingt-sept ans après l'assassinat de Brahim Bouarram, nous nous souvenons que le 1er mai 1995, ce jeune Marocain de 29 ans a été jeté dans la Seine par des militants d'extrême-droite qui participaient à un défilé du Front National.
Comme chaque année, nous nous retrouverons à Paris avec les proches de Brahim, sur le pont du Carrousel le 1er mai à 11h pour honorer sa mémoire.
Lors du 20e anniversaire, Memorial 98 avait décrypté les errements de la justice dans le procès de ses assassins, voir ci-dessous.
Le 1er mai 1995 Brahim Bouarram est jeté à la Seine, en marge d'un défilé du FN, par des militants néo-nazis, dont il sera très vite établi qu'ils avaient des liens habituels avec le parti d'extrême-droite. Plusieurs d'entre eux étaient en effet utilisés régulièrement comme membres du service d'ordre par les responsables du FN de leur département d'origine, la Haute- Marne.
Moins d'un an après le meurtre, plusieurs des co-accusés sont libérés pendant l'instruction alors en cours. Quatre témoins ont d'abord relaté des faits accablants et concordants démontrant que l'ensemble des néo-nazis cherchait activement une victime en scrutant les berges de la Seine, bien avant de tomber sur Brahim Bouarram. Mais en quelques mois, ces quatre personnes se sont toutes rétractées, notamment une jeune femme qui apparaît muette et terrorisée au cours des audiences. Le juge, pourtant, ne tient aucun compte du caractère troublant de ces rétractations tardives générales, et relâche les co-accusés. L'un des présents à la ratonnade a d'ailleurs été relâché bien avant, comme si la possibilité de pression sur les témoins n'avait aucune importance
Par ailleurs, le responsable du service d’ordre central du FN ( nommé DPS) comme celui du FN de la Haute Marne ne seront jamais inquiétés. Ils avaient pourtant attendu une semaine avant de donner l'identité des accusés à la police et s’étaient auparavant rendus au domicile de ces derniers, ce qui leur a laissé tout le temps pour se débarrasser d'éléments compromettants et élaborer une stratégie de défense.
Au procès lui-même, les peines des co-accusés du meurtre de Bouarram permettront à trois d'entre eux de ne pas retourner en prison, la peine ferme d'un an étant couverte par la détention préventive, et les trois ans restants étant du sursis. Un seul co-accusé, David Halbin, fera un an de prison, mais seulement parce qu'il était resté libre le temps de l'instruction. Quant à celui qui a poussé Brahim Bouarram dans la Seine, Mickaël Freyminet, il écopera d'un jugement très modéré de huit ans de prison ferme.
Sept ans plus tard, on retrouvera son nom cité dans une autre affaire de meurtre : en septembre 2002, une bande de néo-nazis tabasse François Chenu à Reims, le jette à l’eau, puis le repêche pour l'achever à coup de rangers. François Chenu était homosexuel, le seul mobile du meurtre. Après les faits, les jeunes néo-nazis avaient passé de nombreux coups de fil à leur mentor un peu plus âgé qui n'était autre que le meurtrier de Brahim Bouarram. Mickaël Freyminet. Celui-ci, qui avait déclaré avoir abjuré ses croyances et avait osé demander pardon à la compagne de Brahim Bouarram s'était dès sa libération, immédiatement relancé dans l'activisme néo-nazi . Il avait d’ailleurs rencontré les trois meurtriers de François Chenu lors d’un camp organisé par cette mouvance. Le rassemblement du 1er mai sera l'occasion de réaffirmer notre volonté de combattre tous les crimes racistes et de lutter contre le RN/FN raciste, antisémite, anti-social, fasciste ainsi que ses idées et le poison qu'il déverse quotidiennement.
Le 1er Mai 2018 lors de la commémoration
1
Ce matin en mémoire de Brahim Bouarram, rassemblement sur le pont du Carrousel puis descente sur les berges de la Seine, à l'endroit de son assassinat. Des fleurs en hommage
L'EXPOSITION COLONIALE INTERNATIONALE (ECI) DE 1931.
Le Palais de la Porte Dorée de Paris a été construit à l'occasion de l'Exposition Coloniale Internationale de 1931. Elle ferma ses portes le 30 novembre, soit il y a 90 ans jour pour jour.
Le palais changea ensuite plusieurs fois d'attribution, tout en maintenant l'Aquarium tropical, présent depuis 1931.
En fin depuis 2007, le Musée de l'histoire de l'immigration Celui-ci est le fruit d'une longue exigence finalement satisfaite, portée par nombre d’organisations antiracistes et historien-nes , sociologues , spécialistes de cette question .
Du 6 mai au 30 novembre 1931, cette exposition tenta de promouvoir une image de la France impériale à l'apogée de sa puissance.
Ce fut un immense succès populaire. Véritable ville dans la ville, l'exposition s'étendait sur plus de 1200 mètres de long et était sillonnée par plus de dix km de chemins soigneusement balisés. Elle s'inscrivait dans la tradition des expositions universelles du XIX eme siècle vouées à promouvoir la puissance des nations européennes. Cependant celle était exclusivement consacrée aux colonies.
L'exposition a accueilli plus de 8 millions de visiteurs, c'est un chiffre considérable : 4 millions de parisiens, 3 millions de gens de banlieue et un million d’étrangers. Cette dernière indication est sujette à caution, car 1931 est une année de recensement indiquant que 3 millions d'étrangers résident en France, essentiellement européens mais pas seulement
Ainsi depuis que les Etats-Unis ont suspendu leur politique de quotas de ressortissants étrangers, la France est elle devenue la plus importante aire d'arrivée de migrants au monde
Un soin inouï et un apparat peu commun ont entouré l'ouverture de cet « évènement de l'année » selon Lyautey qui, conquérant du Maroc et « fondateur de l'Empire » bénéficia d'une entorse au protocole et fut autorisé à partager la banquette arrière de la voiture présidentielle de Gaston Doumergue.
L'historienne Catherine Coquery–Vidrovitch relate un article du journal Le Temps : « le cortège s'émerveilla de la reconstitution du temple d'Angkor qui fut le clou de l'Exposition. Puis le cortège longea les pagodes du Laos, aux toits colorés ,la coupole blanche du pavillon de l'Algérie , les huttes africaines …
« La spécialiste de l'AOF indique qu'une immense tour de plus de 60 m de haut fut érigée par l'armée au centre de la ville coloniale représentée pour sa propre gloire. Le grand historien Charles Robert Ageron nous a démontré que l'exposition coïncide avec les premiers retentissements sérieux de la crise mondiale dans les possessions françaises. De sourdes contestations et des solutions alternatives au fait colonial sont à l'oeuvre . Le retour au passé n'est déjà plus possible. Le colonialisme civil et militaire appuyé par les églises va diviser les peuples, se raidir et frapper sévèrement. Mais avant cela il se doit de représenter à sa manière, selon l'historien Christophe Bosquillon, l'ensemble du monde colonial et toutes ses composantes sous un jour flatteur.
C'est pourquoi, pour rendre l'évènement plus vivant et plus attractif, des animations y furent proposées.
Dans chaque section des habitants des colonies donnaient vie aux villages reconstitués. 1500 femmes et hommes d'Afrique subsaharienne furent recrutés sous contrat. Des artisans montraient leur habileté à travailler le cuir et le métal. Des femmes faisaient la cuisine ou lavaient le linge en chantant et en dansant, reproduisant ainsi les stéréotypes. Il s'agissait d'exhiber des femmes et des hommes pour affirmer le pouvoir de la France sur ces populations.
Exotique, démesurée, l'exposition se prolongeait la nuit sous les effets des jeux de lumière et des fontaines lumineuses. Il fallait que le quidam en eût pour son argent.
A travers cette vision idéalisée du monde colonial, suintait l'idéologie raciste d'une époque, prouvant la supériorité de l'Occident chrétien, qu'il fût catholique ou protestant. Cet Occident se considérait comme porteur d’une mission civilisatrice contre « les tyrannies locales ».
Cette exposition avait un autre but. Celui de montrer aux autres puissances coloniales qu'il fallait compter sur la France éternelle. Le manque d'enthousiasme des autres colonialismes fut patent: ni l'Espagne (revendiquant une plus grande part du Maroc) ni l'Angleterre n'acceptèrent de participer.
De ce point de vue tourné vers la propagande, on fit preuve d'offensive à l'égard des jeunes générations.
Une dizaine de caravanes scolaires amenèrent près de 20 000 élèves avec leur directrices, leurs directeurs, leurs maîtres et maîtresses..
Les étudiant(e)s pour leur part reçurent des leçons d'histoire ou plutôt des « leçons de choses » Le palais des colonies, seul bâtiment construit en dur pour survivre à l’événement constituait un lieu de synthèse de l'exposition , présentant l'histoire de l'empire français , ses territoires . Il fallait donner à voir l'empire de façon soignée et didactique.
Quant aux « valeurs » du colonialisme, que devaient être la morale, le progrès, l’effort, le nationalisme, la loyauté à l'égard de la métropole, l'historien et militant anticolonialiste Gilbert Meynier a observé que celles-ci sont autant de rivières se jetant dans le « grand fleuve de l’idéologie populaire impériale pour un public infantilisé »
Quant au quotidien Paris Soir, il publia un montage de six photos en un seul lot représentant à la fois un éléphant , des zèbres, des girafes, des singes s'amusant en liberté ainsi qu’un groupe de Marocains et un groupe de Tunisiens . Notons que les organisateurs avaient interdit les pousse-pousse car jugés dégradants pour les hommes attelés comme pour les … usagers !!
Une courageuse minorité anticoloniale s'est opposée à cette gigantesque manifestation colonialiste.
La condamnation du Parti communiste fut d’abord sans appel. Puis son discours s'affaissa quand son secrétaire général Maurice Thorez déclara: « le droit au divorce (des colonisés NDLR) n'oblige pas de divorcer"
Le timide projet de réforme Blum-Violette à propos de l'Algérie , tenté par le Front Populaire soutenu par le PC, mais qui ne vit jamais le jour, mit en grande difficulté ce parti, face aux revendications des indépendantistes algériens du Parti du peuple algérien ( PPA)
La SFIO ( parti socialiste ) n'a pas récusé le bien fondé de cette manifestation .Son journal le Populaire en publia de nombreux compte-rendus .
Un de ses commentaire était limpide : « Que le peuple de Paris, de France et de l'Univers en tire plaisir et profit, nous n'y faisons aucun obstacle.
Des militants communistes essentiellement Indochinois firent plusieurs tentatives pour organiser des initiatives visibles.
Ils distribuèrent des tracts et tentèrent à trois reprises d'organiser une manifestation dans l'enceinte même de l’exposition. La préparation la plus avancée prévue le 3 Août échoua par l'arrestation et l'emprisonnement de dizaines de militants avant qu'elle ne commence.
Une contre exposition intitulée la vérité sur les colonies à laquelle participèrent artistes, intellectuels, écrivains dont Aragon, Paul Eluard ou André Breton tenta de dénoncer les pans peu glorieux passés sous silence.
Cette exposition dura peu, sa fréquentation fut réduite ( 4200 entrées du 19 septembre au 2 décembre ) et son impact fut très faible.
La parole anticolonialiste la plus franche fut portée par une poignée de militant-es communistes libertaires autour de Daniel Guérin notamment et des jeunes socialistes de gauche regroupés dans la SFIO et dont certains rejoindront les premiers groupes trotskistes. Ils prêchèrent souvent dans le désert.
Mais ils menèrent aussi des actions de solidarité très concrètes : pour cette période, ils ont ainsi soutenu financièrement, hébergé clandestinement, protégé y compris physiquement des hommes et femmes en particulier d'Algérie et d'Indochine, qui joueront plus tard un rôle déterminant dans leurs pays libérés.
Au moment où soufflent sur ce pays des vents mauvais et pestilentiels, où certains osent parler de rôle positif de la colonisation, où la parole raciste est vomie sur les ondes, sur les écrans, dans les journaux populaires de façon décomplexée et sans aucune retenue , il est important de rappeler que ce pays a une longue tradition coloniale et xénophobe .
Philippe Chamek pour Memorial 98
En travaillant à cet article , je me suis rendu compte que le Musée de l'histoire de l'Immigration autrefois Musée de la Porte dorée et donc vestige de l'ECI avait donné des conférences extrêmement intéressantes sur l'année 1931
Claire Zalc : » La France hostile, xénophobie , racisme et antisémitisme à l'heure de l'Exposition Coloniale «
Sous la direction de Laure Blevis , Hélène Lafont- Couturier , Nanette Jacomijn, Claire Zalc aux éditions Gallimard : « Les étrangers aux temps de l'exposition coloniale » .
Bibliographie .
Christophe BOSQUILLON :, De l'exposition coloniale au musée de la France d'Outre Mer. La mise en scène du colonisé dans la société (mémoire de maitrise, université Paris VII, 1985.
Jacques Thobie / Gilbert Meynier/ Catherine Coquery-Vidrovitch/ Charles-Robert Ageron : Histoire de la France coloniale 1914-1990
L’Histoire, numéro spécial Le temps des colonies numéro 69, pages 41 à 48 ;
Catherine Hodeir, le Non-Dit dans l'exposition coloniale de 1931, mémoire de maîtrise, université Paris VIII, 1978 .
: «… Regardez l'histoire de la conquête de ces peuples que vous dites barbares et vous y verrez la violence, tous les crimes déchaînés, l'oppression, le sang coulant à flots, le faible opprimé, tyrannisé par le vainqueur ! Voilà l'histoire de votre civilisation ! (...) Combien de crimes atroces, effroyables ont été commis au nom de la justice et de la civilisation. Je ne dis rien des vices que l'Européen apporte avec lui : de l'alcool, de l'opium qu'il répand, qu'il impose s'il lui plaît. Et c'est un pareil système que vous essayez de justifier en France dans la patrie des droits de l'Homme !... »
En pleine vague de propagande antisémite et d'extrême-droite,Memorial 98, organise pour la huitième année consécutive, avec ses partenaires, un rassemblement en mémoire des victimes de la « Nuit de Cristal », pogrom d’État commis par les nazis le 9 novembre 1938, contre les Juifs d’Allemagne, d’Autriche et des Sudètes et vous invite à y participer.
Retrouvons nous le 9 Novembre à 18 H 30 devant le gymnase
Japy (2 rue Japy 75011, métro Voltaire ou Charonne)
afin de rendre hommage aux victimes de la Nuit de Cristal nazie et de
tous les génocides et d'affirmer notre détermination à combattre
l'extrême-droite et toutes les idéologies de haine
Le gymnase Japy est un lieu particulier de mémoire puisque c’est là que furent parqués les Juifs raflés par la police de Vichy dès 1941, avant d’être déportés vers les camps d’extermination nazis.
La Nuit de Cristal: une étape majeure de la persécution des Juifs
Lors de cette vague de violences entièrement organisée par les nazis, plusieurs centaines de personnes juives furent tuées et plusieurs centaines d'autres se suicidèrent. A Berlin et Vienne uniquement, 400 morts par suicides ont été dénombrés.
Le chiffre total des victimes juives se monte à plus de 2500. Vingt-six mille personnes furent arrêtées et pour certaines jetées dans des camps de concentration. Deux cent soixante-quinze synagogues furent brûlées ou détruites ( voir ici le déroulement organisé par les nazis).
Dans la montée du nazisme et du fascisme en Europe, la Nuit de Cristal a représenté un jalon important.
Les nazis, au pouvoir depuis 1933, franchissaient une nouvelle étape avec cette vague de violences antisémites commises au vu et au su de toute l'Europe.
Les images des synagogues incendiées, des enfants, des femmes et des hommes assassinés, arrêtés en masse, frappés et humiliés en public ne pouvaient pas être ignorées.
Pourtant, en France les informations venues d'Allemagne ne changèrent pas la situation; ni à la politique de refoulement des Juifs qui tentaient de fuir l'Allemagne, ni à la politique de laissez faire face à Hitler. La France fut ainsi la seule grande démocratie à ne pas avoir dénoncé officiellement les massacres perpétrés dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938.
Lutter contre l'offensive antisémite des complotistes et contre Zemmour et le RN
Cette commémoration se déroule dans un contexte particulier
La pandémie du Covid donne lieu dans toute l'Europe à une déferlante de propagande antisémite et complotiste sous la forme la plus violente.
Des étoiles jaunes sont brandies par les opposants organisés à la vaccination. On condamne un "pass nazitaire" et compare ce pass à l'inscription sinistre du portail d'Auschwitz (ci-dessus)
Vague de comparaisons nauséabondes
Dès le 15 mai dernier, les partisans de Philippot se rassemblaient à Orléans, arborant des étoiles jaunes et une banderole "Liberté" (voir ci-dessous)
Puis e multiplient les pancartes portant le fameux " Qui?" visant à accuser les Juifs d'être responsables de la pandémie et des prétendus dangers des vaccins.
Le 30 octobre, en Italie, à Novare des anti-pass/vax se déguisent en déportés juifs, entourés de barbelés, pour défiler et arborent même un numéro matricule comme pour les prisonniers du camp de la mort d'Auschwitz (ci-dessous)
Zemmour surfe sur la vague antisémite et l'amplifie
Les thèses habituelles de Zemmour sont connues et développées depuis des dizaines d’années : racisme, sexisme, attaques violentes contre les musulmans.
En 2014, il a de plus entamé dans son ouvrage Le suicide français une tentative de réhabilitation du régime de Vichy et de Pétain. Ce dernier aurait contribué à "sauver" des Juifs français. Zemmour trouve dans l’attitude de Pétain une justification supplémentaire de la « préférence nationale ». Pour lui, Pétain a eu raison de livrer aux nazis les Juifs étrangers afin de sauvegarder plus de Juifs de nationalité française.
Depuis, les attaques antisémites de Zemmour recyclent tous les thèmes de l’extrême-droite dans ce domaine : contestation de l’innocence du capitaine Dreyfus, condamnation de Zola et des dreyfusards, défense d’un rôle supposément positif de l’État français dans le sauvetage des Juifs français, défense de l’attitude de Maurice Papon pendant la Seconde Guerre mondiale et dénonciation de son procès , critique de la loi Pleven votée à l’unanimité de l’Assemblée nationale en 1972 qui pénalise racisme et antisémitisme et qui entraînerait selon lui « la fin de la liberté d’expression », refus de la loi Gayssot pénalisant le négationnisme de la Shoah, rejet du discours du Vel d’Hiv de Jacques Chirac reconnaissant la responsabilité de l’État français dans la déportation des Juifs (1995), rejet du terme même de Shoah qui aurait été substitué par Claude Lanzmann au terme français « Holocauste », reprenant ainsi la litanie du « remplacement »
L’attaque de Zemmour contre les les familles Monsengo et Sandler, victimes de Mohamed Merah, marque une nouvelle étape de cette pensée d’exclusion. Il écrit dans son dernier ouvrage La France n’a pas dit son dernier mot (2021).
« La famille de Mohamed Merah a demandé à l’enterrer sur la terre de ses ancêtres en Algérie, on a su aussi que les enfants juifs assassinés devant l’école confessionnelle à Toulouse seraient eux enterrés en Israël. Les anthropologues nous ont enseigné qu’on était du pays où on est enterré. Assassins ou innocents, bourreaux ou victimes, ennemis ou amis, ils voulaient bien vivre en France, faire de la garbure en France ou autre chose, mais pour ce qui est de laisser leurs os, ils ne choisissaient surtout pas la France, étrangers avant tout, et voulant le rester par-delà la mort »
Les remarques antisémite abondent dans ces quelques lignes. Ces enfants et leurs parents sont des étrangers car ils fréquentaient une école juive et leurs parents les ont fait inhumer en Israël. Ces parents « faisaient leur garbure en France » c’est à dire qu’ils profitaient de la situation (« faisaient leur beurre ») et de prétendus anthropologues les cataloguent comme étrangers. Au fond, dit Zemmour, le massacre de Toulouse implique des populations qui « Assassins ou innocents » ne sont de toute façon pas de chez nous et cette affaire ne concerne pas les « vrais Français ». La référence à des enfants juifs assassinés fait d’ailleurs le lien avec la déportation des Juifs de France, notamment aux 11458 enfants déportés et massacrés. Parmi eux, très nombreux étaient de nationalité française, car nés dans le pays.
Dans ce domaineZemmour défend sans cesse la politique de Pétain qui selon lui "aurait donné les Juifs étrangers afin de sauver les Juifs français".
Il reçoit pour cela l'appui de Jean Marie Le Pen, mentor incontesté de l’antisémitisme dans la vie politique française, qui dans une interview au Monde l’approuve totalement et ajoute « La seule différence entre Eric et moi, c’est qu’il est juif. Il est difficile de le qualifier de nazi ou de fasciste. Cela lui donne une plus grande liberté. »
La judéité de Zemmour ne nous empêche pas quant à nous de le qualifier pour ce qu'il est : un fasciste qui a recours aux thèmes traditionnels de l'extrême-droite, racisme, sexisme, antisémitisme, déclinisme et appels répétés à la guerre civile et raciale, comme lors de la Convention de Marion Maréchal en septembre 2019.
L’insistance de Zemmour à réhabiliter Pétain poursuit des buts politiques, comme il l’exprime lui même en indiquant : « C’est mon combat contre la repentance et la culpabilité. On essaye de culpabiliser le peuple français en permanence »
La réhabilitation de Pétain est à ses yeux nécessaire afin d’assurer la victoire d’une droite dure. Celle-ci inclut une extrême-droite, qui est toujours marquée par le sceau infamant de la collaboration qu’il s’agit donc de lever.
Pour Zemmour, l’horizon est d'aboutir à un abaissement de l'Etat de droit et des libertés publiques, d'imposer une "remigration" forcée de nombreux étrangers et d’aller vers une stigmatisation systématique des Français de confession musulmane, mais aussi de Juifs considérés comme étrangers. Sa réhabilitation de Vichy et du maréchal Pétain porte ce dessein : accoutumer les esprits à une politique radicale contre les étrangers, les "ennemis de l'intérieur" et les "mauvais Français"
Retrouvons nous le 9 Novembre à 18 H 30 devant le gymnase
Japy (2 rue Japy 75011, métro Voltaire ou Charonne)
afin de rendre hommage aux victimes de la Nuit de Cristal et de
tous les génocides.
MEMORIAL 98
Articles et dossiers de Memorial 98 sur le Nuit de Cristal:
Rassemblement de protestation ce dimanche 19 septembre - 16 h 00 - Place Baudoyer ( Mairie du 4e Métro Hôtel de Ville), - Paris
Appel du RESEAU D’ACTIONS CONTRE L'ANTISEMITISME ET TOUS LES RACISMES (RAAR) soutenu par Memorial 98
Nous appelons tous les ami-es de Memorial 98 à participer à ce rassemblement du 19 septembre.
Il s'agit de la première manifestation publique contre la vague de propagande antisémite et complotiste qui déferle sur le pays.
"La pandémie du Covid a déjà donné lieu à une déferlante antisémite et complotiste. Dès avril 2020, Soral avait ainsi publié une liste de patronymes de médecins et responsables politiques à consonance juive, en la qualifiant de « liste de Schindler »
On assiste actuellement à une nouvelle vague de cette propagande. Elle prend la forme de l’assimilation de la vaccination et du pass sanitaire à la Shoah.
Des étoiles jaunes sont brandies par des opposants à la vaccination. On condamne un « pass nazitaire » et on le compare à l’inscription sinistre du portail d’Auschwitz (ci-dessous) .
Les propos et actes antisémites ont explosé dans et hors des manifestations récentes, notamment ceux désignant des personnalités juives comme responsables de la situation sanitaire, sous forme directe et explicite, ou par l’utilisation du terme antisémite codé « Qui ? », lequel cherche à stigmatiser les Juifs-ves qui seraient à la fois les responsables et les bénéficiaires de la pandémie.
La stèle de Simone Veil à Perros-Guirec a été souillée et profanée à plusieurs reprises, ce contre quoi un rassemblement unitaire a protesté le 20 août; le local parisien de l’Union syndicale Solidaires a également été l’objet de tags racistes et fascistes.
Les partisans de l’extrême-droite sont au premier rang de cette campagne. Il s’agit notamment de Florian Philippot, ancien porte-parole de Marine Le Pen, chef auto-proclamé de l’opposition à toute précaution face au Covid. Mais les propos et discours antisémites sont tolérés bien au-delà. Le débat légitime sur le contenu des mesures sanitaires et l’appréciation de la politique gouvernementale est détourné au profit de théories du complot totalement réactionnaires.
Face à cette situation, il est nécessaire et urgent que les antiracistes se manifestent et condamnent fermement et sans ambiguïté ces manifestations de haine et de complotisme, dont on connaît les liens profonds avec l’antisémitisme.
Non, les Juifs-ves n’empoisonnent pas les puits ni ne sont les grands bénéficiaires de l’épidémie en cours. L’accusation séculaire qui les cible continue à les stigmatiser comme porteurs d’un complot mondial visant à déposséder les peuples.
Il est temps de condamner fermement cette idéologie meurtrière qui a déjà conduit à de nombreux massacres. Il en va d’une nécessaire clarté politique, car le complotisme antisémite constitue un véritable poison pour le mouvement social, la gauche, l’émancipation et toute analyse critique de la société. Consentir à cette confusion, c’est ouvrir la voie à l’extrême-droite, comme l’histoire en a témoigné à de nombreuses reprises.
Nous souhaitons ainsi alerter les organisations syndicales, associatives, politiques qui se réclament du progrès social sur le fait qu’il n’est pas possible de rester passifs face à des manifestations où l’antisémitisme s’exprime de manière récurrente. Nous devons faire front ensemble contre le danger antisémite et refuser de cautionner la confusion et le complotisme.
C’est pourquoi nous appelons toutes celles et ceux qui rejettent l’antisémitisme et toutes les formes de racisme à se rassembler avec le RAAR et les autres organisations soutenant cette démarche sur la Place Baudoyer ( Mairie du 4e Métro Hôtel de Ville), à Paris le dimanche 19 septembre 2021 à 16h, dans le respect des règles sanitaires.
Le RAAR appelle toutes les associations et organisations antiracistes, les organisations syndicales et les partis démocratiques à se joindre dès maintenant à cet appel et à participer aux rassemblements organisés à Paris et dans différentes villes et localités.
Le rassemblement est soutenu par:
Memorial 98
IBUKA-France
Juifves VNR
Juives et Juifs Révolutionnaires (JJR)
Mémorial des Nomades et Forains de France
Union des Juifs Pour la Résistance et l'Entraide (UJRE)
Une Autre Voix Juive (UAJV)
Ligue des Droits de l'Homme (LDH)
Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples (MRAP)
Mouvement de la Paix
Fédération Syndicale Unitaire (FSU)
Mouvement National Lycéen (MNL)
Memorial 98 s'associe à la 3e Marche pour la paix, organisée par l'association Solidarité internationale Bosnie Herzégovine,en solidarité avec la population de Bosnie et les victimes du génocide de Srebrenica, qui fut en juillet 1995, il y a 27 ans, l'ultime génocide du 20e siècle.
Nous nous retrouverons dimanche 3 juillet à 11H place de la République à Paris pour marcher vers le lieu qui commémore Srebrenica à Paris ( Rue de Srebrenica dans le 20e)
Cette mobilisation est d'autant plus importante dans le contexte de la guerre de Poutine en Ukraine et de son cortège de crimes sanglants. Poutine a toujours soutenu les exactions serbes contre les Bosniaques et les citoyens du Kosovo.
"Dans le cadre des 27 ans des crimes commis à Srebrenica et sa région, nous vous invitons à participer à la marche commémorative à Paris en hommage aux 8372 victimes de ce crime de génocide, le dimanche 3 juillet 2022 de 10h30 à 13h00.
La marche aura lieu exceptionnellement cette année le dimanche 3 juillet, car des marcheurs.euses seront en Bosnie-Herzégovine le 11 juillet après deux ans de COVID,
A Paris, le dimanche 3 juillet, le rendez-vous est à 10h30 place du Vénézuela, 75016 Paris, devant l'ambassade de Serbie en France, afin de marquer les responsabilités des autorités de ce pays dans les crimes, puis à 11h15 pour toutes.s les marcheuses et marcheurs, place de la République.
Nous partirons à 11h30 de la place pour un rendez-vous à 12h30 devant la plaque de la rue de Srebrenica, 75020 Paris (à l'angle de la rue du Clos). Une cérémonie avec discours et lecture de noms suivra."
SIBH
Memorial 98
Juillet 2021
Marche de solidarité avec la population de Bosnie-Herzégovine ( BH), organisée le 11 juillet par l'association Solidarité internationale BH, à l'occasion du 26e anniversaire du massacre génocidaire de Srebrenica.
A Paris, défilé depuis la place de la République jusqu'à la rue du 20e arrondissement qui porte le nom de Srebrenica.
Memorial 98 participait à cette marche. Des marches ont eu lieu à Srebrenica même et dans plusieurs autres villes d'Europe.
26 ans après le génocide
Les conséquences de ce génocide continuent à résonner 26 ans après, dans la région des Balkans mais également dans le monde entier.
Génocides et crimes de guerre motivent et inspirent la poursuite des actes de violence raciste
Le négationnisme est un terreau fertile pour des nationalistes et des mouvements d’extrême droite, avec pour cible les communautés musulmanes. « Les extrêmes droites et les néonazis partout dans le monde ont repris le discours de Karadzic et Mladic ( chefs serbes génocidaires condamnés) , sur comment combattre l’islam et ceux qu’ils considèrent comme des “barbares”, des “sauvages”
De la même manière les nostalgiques d'Hitler et du nazisme tuent encore des Juifs au nom de cette idéologie dans les synagogues de Pittsburgh et de Halle.
La version négationniste serbe de l’histoire de l’ex-Yougoslavie est ainsi très présente dans les déclarations d'Anders Breivik, auteur des attentats contre les jeunes militants travaillistes à Oslo et Utoya, en Norvège en juillet 2011, ou de Brenton Tarrant, responsable des attaques contre des fidèles musulmans dans deux mosquées de Christchurch, ayant fait 51 morts en Mars 2019.
Dans son texte « 2083 : Une déclaration européenne d’indépendance », Breivik étale au fil des 1500 pages une véritable obsession pour les Balkans et ne cache pas sa fascination pour certains chefs de guerre serbes. Il appelle à expulser d’Europe les Bosniaques musulmans et les Albanais ou, s’ils refusent, à les anéantir par des moyens militaires.
Brenton Tarrent, son imitateur, est obsédé par la croisade des nationalistes serbes contre les Musulmans de Bosnie.
Tarrant, qui s’est affirmé « véritablement inspiré » par Breivik, s’est filmé roulant vers la mosquée Al-Noor, où il allait tuer 51 fidèles musulmans, en train d’écouter une chanson serbe à la gloire de Radovan Karadzic. Initialement intitulée Karadzic, Lead Your Serbs (Karadzic, commande tes Serbes), elle est devenue populaire sur les sites Internet des extrêmes droites occidentales sous le titre Remove Kebabs qui signifie, dans le langage de ces militants, Supprimons les musulmans.
Les restes de dix-neuf victimes du génocide de Srebrenica, dans l'est de la Bosnie, ont été enterrés dimanche 11 juillet lors des célébrations du 26e anniversaire de ce massacre qui continue à être nié par les dirigeants serbes, un quart de siècle après la fin de la guerre.
Plusieurs milliers de personnes ont assisté aux obsèques dans le Centre mémorial de Potocari, près de Srebrenica, où reposent désormais 6.671 victimes du massacre, dont 435 adolescents. 236 autres victimes sont enterrées dans différents cimetières.
En juillet 1995,, les forces serbes de Bosnie ont tué dans la région de Srebrenica plus de 8.000 hommes et adolescents bosniaques musulmans.
"Je vais enterrer le crâne de mon frère, et il n'est même pas complet", a déclaré par exemple Azir Osmanovic, peu avant l'inhumation des restes de son frère Azmir, qui avait 16 ans en juillet 1995.
En fuyant Srebrenica avec un groupe d'adolescents, Azmir s'est retrouvé dans un champ de mines. "Mon frère et deux autres garçons sont morts à cet endroit", a raconté Azir. Ses restes ont été récemment retrouvés et identifiés.
"J'ai décidé de l'enterrer cette année, pour avoir au moins un endroit où je pourrai prier pour lui. Je pense que, après toutes ces années, plus rien ne pourra être retrouvé", a-t-il expliqué.
Une jeune femme, qui avait 24 ans à l'époque, ainsi qu'un autre adolescent de 17 ans figurent parmi les victimes enfin enterrées .
Après une cérémonie d'hommages et une prière collective, les cercueils, recouverts d'un drap vert et d'un drapeau de la Bosnie de l'époque de la guerre, ont été portés par des hommes vers les nouvelles tombes creusées parmi des milliers de stèles blanches
- Plus de mille victimes encore recherchées
La plupart des victimes de ce massacre avaient été détenues, puis fusillées par centaines et enterrées dans des dizaines de fosses communes par les forces serbes de Bosnie, qui se sont emparées de la ville le 11 juillet 1995.
"C'est de plus en plus difficile de trouver de nouvelles fosses communes, alors que plus de mille victimes sont toujours recherchées", précise Almasa Salihovic, porte-parole du Centre mémorial.
Ce massacre a été qualifié de génocide par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). Les ex-chefs politique et militaire des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, ont été condamnés à la détention à perpétuité, notamment pour ce crime (voir ci-dessous le récent jugement en appel de Mladic ).
Mais le massacre de Srebrenica est toujours minimisé par des dirigeants politiques des Serbes de Bosnie et de Serbie, qui réfutent la qualification de génocide.
"Il n'y a eu aucun génocide", a ainsi déclaré samedi 10 juillet le membre serbe de la présidence collégiale de Bosnie, Milorad Dodik. "Il y a des éléments selon lesquels ces cercueils sont vides (...) on met juste un nom", a-t-il ajouté, cité sur le site de la télévision de l'entité serbe de Bosnie.
- Affronter "les racines de la haine" -
"C'est terrifiant", a commenté le directeur de l'Institut bosnien pour les disparus, Amor Masovic. "Ici, dans le centre mémorial, il y a des victimes dont on a enterré qu'un seul os retrouvé (...) et souvent des restes ont été retrouvés dans deux, trois, voire cinq charniers différents".
Durant les quelques mois qui ont suivi le massacre, les victimes avaient été déterrées avec des bulldozers et déplacées vers d'autres charniers, afin de dissimuler les crimes. C'était aussi la méthode utilisée par les nazis afin de détruire les traces de la Shoah dans les camps de mise à mort
Les ministres serbes du gouvernement bosniaque se sont opposés vendredi 9 juillet à ce qu'une journée de deuil soit décrétée dans le pays.
Les actions génocidaires et les crimes de guerre motivent et inspirent la poursuite et la réitération des actes de violence raciste.
Mladic: condamnation définitive le 8 juin.
La justice internationale a confirmé le 8 juin la condamnation à perpétuité, désormais définitive, de l’ancien chef militaire serbe de Bosnie Ratko Mladic pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis pendant la guerre de Bosnie, de 1992 à 1995.
A la majorité, les magistrats ont intégralement rejeté l’appel de l’ancien général pour son rôle dans le massacre de Srebrenica, le pire qui ait eu lieu en Europe depuis la seconde guerre mondiale.
Ratko Mladic, que l’on surnommait le « Boucher des Balkans », est aujourd’hui âgé de près de 80 ans.
« La chambre d’appel confirme la peine de réclusion à perpétuité prononcée contre M. Mladic », a déclaré Prisca Nyambe, juge présidente du MTPI, qui a pris le relais du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), fermé en 2017.
Ratko Mladic restera en détention à La Haye en attendant la finalisation des modalités de son transfert vers l’Etat où il purgera sa peine, ont ordonné les juges, sans préciser quel serait ledit Etat. Les magistrats ont par ailleurs rejeté l’appel de l’accusation, qui souhaitait que l’ancien général soit également condamné pour génocide dans plusieurs autres municipalités.
« Jour historique »
Les proches de certains des 8 000 hommes et garçons musulmans tués par les forces serbes de Bosnie à Srebrenica en 1995 avaient fait le déplacement à La Haye. « C’est un jour historique, non seulement pour nous les mères, mais aussi pour l’ensemble des Balkans, de l’Europe et du monde », a déclaré Munira Subasic, présidente de l’une des associations des « mères de Srebrenica ».
Ratko Mladic est l’un des principaux dirigeants jugés par la justice internationale pour les crimes commis pendant les guerres en ex-Yougoslavie, outre l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, condamné à la prison à vie en 2019, et l’ancien président yougoslave Slobodan Milosevic, mort dans sa cellule à La Haye d’une crise cardiaque en 2006, avant l’achèvement de son procès.
La guerre en Bosnie, qui a eu lieu de 1992 à 1995, a fait quelque 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés. Près de Srebrenica, au Centre mémorial du génocide, un écran géant diffusait mardi les témoignages de survivants et de familles, tout près des stèles blanches parfaitement alignées où reposent les corps de plus de 6 600 des victimes identifiées.
« Accepter la vérité »
Le verdict « souligne la détermination de la justice internationale à faire rendre des comptes, quel que soit le temps que cela prend – et dans le cas de Mladic, ç’aura été presque trois décennies après ses crimes abominables », a déclaré dans un communiqué la haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet.
Arrêté en 2011 après seize ans de cavale, Ratko Mladic a également été reconnu coupable d’avoir orchestré une campagne plus large de « nettoyage ethnique » pour chasser les musulmans des zones-clés de Bosnie-Herzégovine afin de créer une « Grande Serbie » en ex-Yougoslavie,
Selon ses avocats, il n’y a pas de lien entre l’ancien général et les tueries commises à Srebrenica, et les charges de génocide qui lui ont valu une peine de détention à vie sont dénuées de fondement.
« Le moment est venu d’accepter la vérité. Mladic compte parmi les criminels de guerre les plus notoires de l’histoire moderne », a déclaré le procureur du MTPI, Serge Brammertz, ajoutant que ce verdict ne suffirait pas à mettre un terme aux divisions dans les Balkans.
« Dans toute l’ex-Yougoslavie, des milliers de suspects de crimes de guerre de tous les camps doivent encore faire l’objet d’enquêtes et de poursuites », a souligné M. Brammertz, appelant les justices nationales à « poursuivre ce travail ». « Ensemble, nous pouvons faire en sorte que toutes les victimes de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis dans l’ex-Yougoslavie puissent voir ceux qui leur ont fait du tort répondre de leurs crimes », a enfin ajouté le procureur. En effet l'impunité des bourreaux encourage de nouveaux crimes, dans une spirale sans fin.
Lorsque les troupes nazies pénètrent dans le ghetto de Varsovie le 19 Avril 1943, afin de le liquider, elles ne s'attendent pas a trouver 750 Juifs et Juives armé·es derrière des barricades, prêt·s à les combattre. Enfermée et tassée entre des murs et des barbelés depuis novembre 1940, la population du ghetto a déjà chuté de 450000 à 70000 personnes en moins de 3 ans, en raison des déportations quotidiennes vers le camp de mise à mort de Treblinka. L'organisation juive de combat (OJC) qui planifie et organise l'insurrection a été initiée par les mouvements de jeunesse présents dans le ghetto.
Mais c’est tout le ghetto de Varsovie qui se soulève et soutient les 750 combattant·es.Malgré les conditions dramatiques de leur lutte, des milliers de personnes acculées se sont dressées et organisées contre les nazis. Ces femmes et ces hommes se sont aussi battu·e·s pour que leur mémoire nous parvienne et nous inspire dans nos combats actuels.
C'est pourquoi nous vous appelons à participer à l'hommage organisé par le Réseau d'Actions contre l'Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR) et de nombreuses associations et personnalités dont Memorial 98, le 18 et 19 avril: le dimanche 18 à 14 h sur la place de l'Hôtel de Ville de Paris. Ce rassemblement est déclaré et autorisé par la Préfecture et se déroulera dans le strict respect des précautions sanitaires et le 19 avril à 19h 30 dans une conférence en ligne/Webinaire avec l'historienne Audrey Kichelewski, co-directrice de la Revue d'Histoire de la Shoah.
Venez nombreux-ses honorer la mémoire des insurgé-es et réaffirmer notre détermination à lutter contre l'antisémitisme et tous les racismes( précisions ci-dessous)
Memorial 98
Le 19 avril, date du début du soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943, symbolise l'extermination des Juifs d'Europe par les nazis.
La révolte d'avril 1943 se produisit dans les conditions terribles d'un ghetto déjà en partie vidé de ses habitants. En effet, depuis le 23 juillet 1942, jour après jour, cinq à six mille personnes étaient emmenées par les nazis, du ghetto vers la "Umschlagplatz" ou "place du transbordement" puis déportées vers le camp d'extermination de Treblinka.
Le début du ghetto
L'enfermement dans le ghetto.
Le ghetto de Varsovie a été instauré le 12 octobre 1940, date qui correspondait cette année-là à la grande fête juive de Yom Kippour. Les nazis, dans leur rage antisémite, utilisaient souvent les dates des fêtes religieuses juives afin de procéder à des persécutions particulières ou de marquer leur "connaissance" du judaïsme.
Les nazis annoncèrent à la population juive qu'elle devait déménager dans ce "quartier juif" exigu qui fut ceint de barbelés. Le 16 novembre, on y transfère de force les Juifs, soit un tiers de la population de la ville, qui doivent se concentrer sur sur 2,4 % de sa superficie : 450 000 personnes sont alors coupées du reste du monde.
L"Aktion" comme l’appelaient les nazis, de déportation vers la mort, débuta le 22 juillet 1942. Cette date correspondait au jour de Tish'a Beav, qui commémore par le deuil et le jeûne la destruction du Temple juif de Jérusalem par l'armée romaine en l'an 70 de notre ère.
Chaque 22 juillet à Varsovie, une marche démarre du monument de l'"Umschlagplatz", lieu d'où partaient les convois de déportés puis parcourt l'ancien espace du ghetto, dont il ne subsiste strictement rien.
La déportation des Juifs de Varsovie s’inscrivait dans le cadre de la plus vaste "Aktion Reinhardt", organisée par les nazis en Pologne occupée; celle-ci inclut la construction des camps d'extermination de Belzec (mars 1942), Sobibor (mai 1942) et Treblinka (juillet 1942).
Ce dernier camp joue un rôle particulier dans l'extermination des Juifs de Varsovie. 280 000 Juifs déportés de la capitale polonaise y seront assassinés.
L'Aktion de Varsovie prit fin temporairement le 21 septembre suivant, à nouveau durant le jour de la plus importante fête juive, Yom Kippour.
Après cette grande déportation, le ghetto de Varsovie est réduit à un camp de travail où 36 000 Juifs survivent officiellement et où 20 à 25 000 clandestins se cachent. Son sursis tenait d’une part à la pénurie de main-d’œuvre gratuite dont l'administration nazie voulait disposer, et d'autre part à la nécessité d’une pause afin de recenser et d’expédier vers le Reich les biens volés dans le ghetto.
Quelques jours après le début de la déportation de juillet, la résistance juive s’unifia dans un « Bloc antifasciste » et se dote d’une branche armée, l’Organisation juive de combat (OJC), fondée le 28 juillet 1942. Cette démarche déboucha plusieurs mois plus tard sur le soulèvement du ghetto
Les premières opérations de l'OJC furent dirigées contre les responsables de la "police juive" et autres collaborateurs.
En janvier 1943, une seconde Aktion visant à liquider le reste du ghetto fut interrompue par les nazis eux-mêmes au bout de quatre jours, face à la résistance et au fait que la population se cache dans un réseau souterrain creusé durant des mois.
Le 19 avril 1943, correspondant cette année là au début de la fête juive de Pessah, les unités SS chargées de liquider le ghetto sont repoussées par les combattants. Ceux-ci ne disposent que de quelques revolvers et grenades. Quand le millier de soldats allemands pénètrent en force dans le ghetto, les résistants les attendent barricadés dans leurs bunkers et leurs caves. Au nombre de 1000 environ, ils sont regroupés principalement dans l'Organisation des Combattants Juifs, (OJC, ZOB en polonais) commandée par le jeune Mordehaï Anilewicz, membre de l’organisation de jeunesse Hachomer Hatzaïr. Dès l’invasion de la Pologne par les nazis, Anilewicz avait rejoint avec des membres de son groupe l’est de la Pologne, pour aider à retarder l'avance allemande. Après l'invasion de ces régions orientales de la Pologne par les armées de Staline, à la suite du pacte germano-soviétique, les Soviétiques l'arrêtent et l'emprisonnent. Il est libéré peu de temps après, et retourne alors à Varsovie
Face à l'insurrection, le commandant allemand est relevé de ses fonctions, le général SS Jürgen Stroop lui succède. Il est lui-même est pris de court par la rébellion des "sous-hommes" ainsi que les nazis qualifiaient les Juifs. Dès lors, les troupes SS vont incendier systématiquement les immeubles et propulser du gaz dans les souterrains afin d'en déloger les résistants.
Ces derniers vont tenir pendant un mois, malgré leur très faible niveau d'armement et de nourriture. Plus de deux mille SS, soutenus par de l‘artillerie et des blindés, incendient le ghetto, maison après maison. Les Juifs sont asphyxiés, carbonisés, enterrés vivants dans les abris où ils sont retranchés.
Six mille Juifs présents dans le ghetto trouvent la mort dans les combats ou se suicident. Sept mille sont fusillés sur place. Les autres sont déportés. Une poignée de miraculés échappe à la mort en s'enfuyant par les égouts.
Le 16 mai 1943, Stroop fait dynamiter la grande synagogue du ghetto. Il annonce à Himmler : « Il n’existe plus de quartier juif à Varsovie. »
Cette photo célèbre provient du rapport adressé par le général SS Stroop à Himmler après l'écrasement de la révolte. Elle a donc été prise et diffusée dans le cadre de la propagande nazie.
Elle porte la mention " forcés hors de leurs caves"
Le testament de Mordehaï Anilewicz
La rébellion se termine à la mi-mai. Mordehaï Anilewicz se suicide le 8 mai avec une partie de la direction de l'OJC ; il a 24 ans. Le 23 avril 1943, il avait écrit dans une dernière lettre :
«Les Allemands ont fui par deux fois du ghetto. L'une de nos compagnies a résisté 40 minutes et une autre s'est battue pendant plus de six heures... Nos pertes en vies humaines sont faibles et ceci est également une réussite...
Grâce à notre radio, nous avons entendu une merveilleuse émission relatant notre lutte. Le fait que l'on parle de nous hors du ghetto nous donne du courage.
Soyez en paix, mes amis de l'extérieur ! Peut-être serons-nous témoins d'un miracle et nous reverrons-nous un jour. J'en doute ! J'en doute fort !
Le rêve de ma vie s'est réalisé. L'auto-défense du ghetto est une réalité. La résistance juive armée et la vengeance se matérialisent. Je suis témoin du merveilleux combat des héros juifs...»
Quelques jours plus tard, le 12 mai, Szmuel Zygielbojm, représentant du mouvement ouvrier juif Bund dans le gouvernement polonais en exil à Londres, se suicide dans cette ville.
Il proteste ainsi contre l’inaction des gouvernements alliés, dûment avertis de la situation en Europe de l'Est et notamment en Pologne. Lui-même avait alerté publiquement sur l'extermination en cours.
Il laissa une lettre dont voici des extraits :
« Derrière les murs du ghetto se déroule à présent le dernier acte d’une tragédie sans précédent dans l’Histoire. La responsabilité du forfait consistant à exterminer la totalité de la population juive de Pologne retombe au premier chef sur les exécutants; mais, indirectement, elle rejaillit également sur l’humanité tout entière. Les nations et les gouvernements alliés n’ont entrepris jusqu’ici aucune action concrète pour arrêter le massacre. En acceptant d’assister passivement à l’extermination de millions d’êtres humains sans défense - les enfants, les femmes et les hommes martyrisés - ces pays sont devenus les complices des criminels.[...]. Mes camarades du ghetto de Varsovie ont succombé, l’arme au poing, dans un dernier élan héroïque. Il ne m’a pas été donné de mourir comme eux, ni avec eux. Mais ma vie leur appartient et j’appartiens à leur tombe commune. Par ma mort, je désire exprimer ma protestation la plus profonde contre la passivité avec laquelle le monde observe et permet l’extermination du peuple juif.
Je suis conscient de la valeur infime d’une vie humaine, surtout au moment présent. Mais comme je n’ai pas réussi à le réaliser de mon vivant, peut-être ma mort pourra-t-elle contribuer à arracher à l’indifférence ceux qui peuvent et doivent agir pour sauver de l’extermination — ne fût-ce qu’en ce moment ultime — cette poignée de juifs polonais qui survivent encore. Ma vie appartient au peuple juif de Pologne et c’est pourquoi je lui en fais don… »
(Londres, mai 1943)
Nos pensées vont vers les victimes de cette extermination et vers ceux qui au cœur des ténèbres, entamèrent la préparation de leurs actes héroïques qui apparurent au grand jour dans les mois qui suivirent.
En Pologne même, l’antisémitisme et le racisme sont fortement stimulés par le pouvoir de droite radicale du PiS. Celui-ci a franchi une nouvelle étape dans sa tentative visant à réécrire l’histoire du pays.
Il a promulgué en février 2018 une loi sur la "mémoire". Sous prétexte de mise en cause du terme "camp de la mort polonais", le texte menace de prison quiconque évoque la collaboration de Polonais avec le nazisme, voire le massacre des Juifs de Jedwabne, perpétré par leurs voisins polonais. Les protestations se sont multipliées dans le monde entier mais à ce jour le pouvoir maintient l’arme révisionniste de cette loi. Le premier ministre israélien Netnayahou s’est en revanche compromis dans un accord avec le gouvernement polonais, contre l’avis des responsables du mémorial de Yad Vashem.
Des propagandistes de la haine déversent des flots de propos complotistes et racistes, grâce à la complaisance des grandes plates-formes et à l'indulgence de juges qui les protègent en reculant devant l’application des lois limitant le négationnisme, comme dans le cas de Soral et Dieudonné
L'extrême-droite parrainée et soutenue par Trump avant sa défaite et Poutine, pèse lourdement dans de nombreux pays d’Europe.
Nous en appelons plus que jamais au combat contre les idéologies et actes racistes et antisémites, quels que soient leur prétextes, ainsi que pour la mémoire des génocides et crimes contre l'humanité
Appel unitaire et appel particulier de Memorial 98 à ses lecteurs. trices, ami.e.s et à tous.tes celles et ceux qui ont à cœur de lutter contre l'antisémitisme et toutes les formes de racisme :
"Rassemblement contre les crimes antisémites et tous les actes racistes.
Dimanche 14 Février 14h - Jardin Ilan Halimi, 54 rue de Fécamp, Paris 12e
Il y a 15 ans jour pour jour, Ilan Halimi était kidnappé, séquestré, torturé et assassiné parce que Juif.
Il était retrouvé le 13 février agonisant sur les rails du RER C. Ilan manque à sa famille et à ses proches. Et nous ne l'oublierons jamais.
Ce sont les stéréotypes antisémites les plus anciens qui ont mené à son assassinat: les Juifs seraient riches et maniganceraient dans l'ombre.
Depuis 2006, de l'école Ozar Hatorah à Toulouse jusqu'à l'Hypercacher de la Porte de Vincennes, onze hommes, femmes, enfants ou personnes âgées ont été tuées en France parce que Juives.
Les actes antisémites et les violences racistes sont en augmentation, ici et ailleurs dans le monde.
Les vingt-quatre jours qui ont amené à la mort tragique d'Ilan Halimi nous obligent à une détermination sans faille contre l'antisémitisme et contre toute forme de racisme.
C'est pourquoi le dimanche 14 février à 14h nous appelons, en sa mémoire, ainsi qu'à celle de toutes les victimes de crimes antisémites et racistes, à un rassemblement au jardin Ilan Halimi, 54 rue de Fécamp.
Nous demandons explicitement qu'aucun drapeau national ne soit brandi, afin de ne pas détourner le sens de cette commémoration.
A l'appel de :
Réseau d'Actions contre l'Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR), Juives et Juifs révolutionnaires, Memorial 98, Collectif des Juifves VNR
Avec le soutien d'organisations juives, de lutte contre l'antisémitisme et d'organisations antiracistes:
Ayeka, Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide (UJRE), Comité Adama Traoré, Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (ACORT), Collectif Nta Rajel, Collectif Golema, Ligue des Droits de l'Homme (LDH), Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples (MRAP), QTPOC autonomes, Une Autre Voix Juive (UAJV)
Confédération Générale du Travail (CGT), Union syndicale Solidaires, Solidaires Étudiant-e-s, Union Départementale des Syndicats CGT de Paris, Vigilance Informations Syndicales Antifascistes (VISA)
Ensemble,Génération.s, Fédération Anarchiste (FA), Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Parti communiste français ( PCF) Union Communiste Libertaire (UCL), LFI, PG,
Ensemble, Fédération Anarchiste (FA), Génération.s, Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Parti de Gauche (PG), Union Communiste Libertaire (UCL), Parti Communiste Français (PCF), La France Insoumise (LFI), Attac France, Action révolutionnaire LGBQTI, Collectif Ecolo-Libertaire Anti-fasciste & Féministe (ELAfF), Collectif Irrécupérables, Collectif féministe révolutionnaire (CFR), Collectif Paris Queer Antifa, Collectif Agitations, Editions syndicalistes, IPAM/CEDETIM, Jeune Garde, La Horde, Les Amis de La Révolution Prolétarienne (Revue), SIAMO, Séminaire ETAPE, Transgrrrls, RESOME, Aplutsoc - Arguments Pour la Lutte Sociale, PEPS ( Pour une Ecologie Populaire et Sociale), Fondation Copernic
Ce rassemblement du 14 février représente une avancée importante dans la mobilisation de la gauche anti-raciste autour de la lutte contre l'antisémitisme.
Elle contraste heureusement avec une sous-estimation prolongée de cette question, sous divers prétextes, comme nous le retraçons dans différents dossiers et articles ci-dessous.
L'arc unitaire, qui se regroupe afin de mobiliser le 14 février contre l'antisémitisme et tous les racismes, est le résultat d'un effort de conviction et de dialogue prolongé.
La multiplication des actes et crimes antisémites en France et dans le monde est un facteur important de cette évolution. Personne à gauche ne peut plus honnêtement nier l'importance et la permanence de ce racisme, qui est spécifique comme tous le sont.
Un autre élément tout aussi crucial est le combat obstiné de collectifs, dont Memorial 98, afin que la gauche et les anti-racistes cessent de minimiser la gravité de l'antisémitisme, des négationnismes et du complotisme.
La création récente du Réseau d'Actions contre l'Antisémitisme et tous les Racismes ( RAAR) qui regroupe des collectifs et individu.e.s de différentes sensibilités à gauche, en témoigne positivement, de même que la parution de la revue d'analyse et de recherches Golema. Memorial 98 soutient ces démarches et s'y engage activement.
L'échéance du 14 février représente donc un jalon important dans un combat qui ne s'arrêtera pas, tant que subsistent les haines racistes manipulées par des forces destructrices.
MEMORIAL 98
Sélection d'articles de Memorial 98 parues dans ses différentes publications ( ici et et sur notre site d'actualités http://info-antiraciste.blogspot.com/ ) en lien avec la mobilisation du 14, la mémoire de l'assassinat d'Ilan Halimi et les autres crimes racistes et antisémites de ces dernières années:
Portugal: extrême-droite et débats pour l’élection présidentielle du 24 Janvier 2021
Après un premier dossier sur l'émergence de l'extrême-droite dans son pays, Michel Binet décrit ici la campagne électorale présidentielle qui s'y déroule actuellement. Marine Le Pen s’est déplacée au Portugal début janvier afin de soutenir son acolyte André Ventura, chef du parti d'extrême-droite Chega!. Elle espère ainsi établir son image présidentielle et son leadership européen dans sa mouvance.
Le combat anti-fasciste se poursuit dans toute l'Europe.
Memorial 98
Nous sommes en ces premiers jours de janvier 2021, qui marquent le début de la Présidence portugaise de l'Union Européenne, en train d'assister à une intensification de la campagne présidentielle. Celle-ci se déroule sous la forme d'une série de courts débats télévisés (30 minutes) en tête à tête entre tou.te.s les candidat.e.s. Chaque candidat.e a ainsi l'opportunité de débattre une fois avec chacun.e des autres candidat.e.s. dont L'organisation repose sur la collaboration entre les chaînes de télévision nationales, publiques et privées. Cette série de courts débats télévisés a été prolongée par un grand débat télévisé entre tou.te.s les candidat.e.s, le Mardi 12 janvier 2021. Le premier tour de ces élections présidentielles aura lieu le dimanche 24 Janvier 2021.
Ces élections présidentielles sont disputées par un ensemble de sept (7) candidat.e.s.
On peut lister les noms des candidat.e.s selon un ordre politique approximatif, qui reprend l'axe historique Gauche - Droite ( voir ci-dessus les chiffres des sondages) :
João Ferreira, biologiste, Parti Communiste Portugais (PCP)
Marisa Matias, sociologue, Bloc de Gauche (BE)
Ana Gomes, juriste, ex-eurodéputée du Parti Socialiste (PS ; absence de soutien officiel du PS)
Vitorino Silva, employé municipal, ex-élu local du PS (absence de soutien officiel du PS)
Marcelo Rebelo de Sousa, juriste, Président sortant, candidat à sa réélection, PSD & CDS/PP (droites ; Soutien semi-officiel du PS)
Tiago Mayan Gonçalves, avocat, élu local, co-fondateur d'un tout nouveau parti: Initiative Libérale (IL)
André Ventura, juriste, député, Chega! (Trad.: « Ça suffit ! » ; parti d'extrême-droite, que nous avons présenté dans un premier article ici formellement constitué en avril 2019 [Voir ci-dessous])
Je précise que le Portugal est un régime semi présidentialiste (de type parlementariste : choisi par le Président selon un critère de majorité parlementaire, le Premier-Ministre forme son gouvernement et répond à la fois devant le Président et le parlement).
Réf. : Pinto, A. C. & Rapaz, P. J. C. (eds) (2018) Presidentes e (Semi)Presidencialismo nas Democracias Contemporâneas. Lisboa: Imprensa de Ciências Sociais (ICS).
Le gouvernement actuellement en place est dirigé par le PS. Le Premier Ministre, António Costa, a appelé au vote en faveur du Président sortant (Marcelo Rebelo de Sousa), le PS ne soutenant officiellement aucun candidat. Le Président sortant bat tous les records de popularité et les sondages prévoient sa réélection dès le premier tour électoral.
La candidate qui avait l'attente la plus légitime d'être soutenue par le PS est Ana Gomes.
Une chose est sûre : en dépit des négations d'André Ventura, il est aujourd'hui clair au Portugal pour la quasi totalité des acteur.e.s politiques que le Chega est un parti d'extrême-droite. Je rappelle que ceci est une donnée nouvelle dans le champ politique du Portugal démocratique, sorti de la dictature salazariste en 1974.
Cette série de mini-débats télévisés en tête en tête sont des documents très instructifs sur le processus en cours d'enracinement d'un parti d'extrême-droite dans le champ politique portugais et sur les positionnements des un.e.s et des autres à son égard.
Pour compléter les données contextuelles, regardons de près le dernier sondage relatif aux intentions de vote. Je vais cette fois-ci ordonner les canditat.e.s selon les scores du dernier sondage (date: 7 Janvier 2021) :
67,9% | Marcelo Rebelo de Sousa, Président sortant, PSD & CDS/PP (droites ; Soutien semi-officiel du PS)
Comme vous pouvez le constater, André Ventura (AV - Chega, parti d'extrême-droite), dispute la seconde place avec Ana Gomes, liée au PS. C'est donc une très mauvaise nouvelle : un parti d'extrême-droite est en train de devenir la troisième ou deuxième force politique, en mois de deux ans d'existence.
AV s'est engagé à démissionner de la présidence de son parti s'il n'obtient pas un résultat électoral supérieur à celui d'Ana Gomes. Cette dramatisation des enjeux électoraux est une simple stratégie de captation attentionnelle : questionné, AV ne nie pas que dans un tel cas, il reposera aussitôt sa candidature à sa propre succession à la tête de son parti.
Revenons maintenant aux mini-débats en tête à tête :
João Ferreira (PCP) v/s AV [Samedi 2 Janvier 2021] - Le débat a été très violent, AV violant systématiquement les règles d'alternance des tours de parole qui ont pour fonction d'éviter le chevauchement des tours de parole ou leur interruption répétée. La journaliste n'a pas réussi à modérer le débat. João Ferreira a tenu le choc de l'affrontement. AV a gagné des points en attaquant son adversaire sur la question des positionnements politiques en matière de relations internationales du Parti Communiste Portugais (PCP). Il est clair pour moi qu'il s'agit d'un point faible du PCP, qui le fragilise pour affronter l'extrême-droite.
Il existe un anticommunisme primaire qui continue à constituer un trait identificatoire de l'extrême-droite. On peut parler en bon droit de discours haineux, dirigé contre les « communistes » ou les « socialistes » (mots prononcés avec un rictus de haine et un ton de voix méprisant).
Vitorino Silva v/s André Ventura [Lundi 4 Janvier 2021] - Le débat a été beaucoup plus pacifique. Les règles d'alternance des tours de parole ont été, cette fois-ci, très largement respectées. L'enjeu du débat est faible, étant donné le niveau très bas d'intentions de vote qu'obtient Vitorino Silva dans les sondages électoraux. Vitorino Silva est l'unique candidat dépourvu d'un capital scolaire de niveau supérieur. Son style de communication est marqué comme « populaire » (sociolinguistique variationniste). J'hésite toutefois à le qualifier de « populiste », contrairement à AV. Multipliant les métaphores, Vitorino Silva a adressé des critiques, en douceur, sourire aux lèvres, qui ont consisté à associer son adversaire au régime dictatorial antérieur. La douceur affichée a affaibli la portée des critiques formulées.
Tiago Mayan Gonçalves (IL) v/s AV [Mardi 5 Janvier 2021] - Quelques mots d'abord pour positionner Tiago Mayan Gonçalves (TMG) sur l'échiquier politique : il est co-fondateur d'un tout nouveau parti se revendiquant du libéralisme, qui a réussi à élire un député lors des élections parlementaires antérieures. Les interventions de ce député sont très néolibérales : attaque sur de nombreux fronts de l'action régulatrice de l'État. Il faut par ailleurs rappeler qu'AV est entré en politique par le parti de droite PSD, alors dirigé par Pedro Passos Coelho, très néolibéral.
Lors d'élections régionales dans les Îles des Açores, l'actuel président du PSD, Rui Rio, a signé une alliance électorale avec AV, qui a permis au PSD de former un gouvernement régional.
Le programme du parti Chega est lui-même très néolibéral : privatisation du système national de santé, des écoles publiques, limitation des politiques redistributives par suppression de la progressivité du taux d'imposition des revenus (15% pour tous les contribuables, ce qui se traduirait par une forte augmentation des impôts sur les revenus els plus pauvres et une forte réduction des impôts sur les plus riches). TMG a traité AV d'irresponsable, faisant valoir que l'État a un rôle à jouer dans la crise pandémique actuelle, qui correspond à une obligation que l'État a souscrit envers ses contribuables. Se posant en théoricien du libéralisme, TMG a rejeté tout rapprochement théorico-idéologique avec AV, mettant l'accent sur la protection des droits politiques qui est au corps du libéralisme, à l'opposé du fascisme. Il y a eu une dureté de ton et d'expression mimique-faciale, qui a constitué en soi un signe de rejet de l'extrême-droite.
Une note : Dans le cadre de la campagne, TMG a déclaré qu’il considère quasi identiques les candidatures d’AV et celle du communiste João Ferreira.
Marcelo Rebelo de Sousa (droite, Président sortant) v/s AV [Mercredi 6 Janvier 2021] - Le débat entre le Président sortant, candidat à sa réélection, soutenu par les partis de droite et par le Premier-Ministre socialiste (qui lui reconnaît des qualités humaines et politiques dans l'exercice de la fonction présidentielle), et AV a été très clair et clarificateur : Marcelo Rebelo de Sousa s'est réclamé d'une droite, je cite, « sociale, qui se reconnaît dans la doctrine sociale de l'église, dans le Pape Francisco, dans la préférence pour les pauvres, les exploités, les opprimés, les dépendants », présentée, de manière soulignée, comme différente de la droite, qu'il a qualifiée de « sécuritaire, de la peur, qui divise les uns contre les autres », représentée par AV.
En réaction, AV a recyclé tout le fonds de commerce de l'extrême-droite : rétablissement de la peine de mort, prison à perpétuité, empêcher les sorties sous conditions des détenus durant le confinement obligatoire, anti-immigrés et anti-réfugiés, etc.
Sur tous ces points, MRS a affiché avec assertivité son désaccord total. Sur la sortie conditionnelle des détenus durant le confinement, par exemple, MRS répond: « c'est un problème humain ». Son langage corporel a été très éloquent, pour répudier l’extrême-droite.
Contrairement aux candidat.e.s de gauche, MRS ne soutient pas l'idée de rendre illégal le parti Chega, par respect pour la démocratie. Il considère que c'est une force de la démocratie que de ne pas procéder à l'élimination des opposants, par contraste avec la dictature. Et à ce point précis du lancement du débat, il a mis en relief la générosité, l'acceptation, la diversité et l'intégration, comme traits définitoires de la démocratie.
«Cette photographie montre toute ce que ma droite n'est pas», a déclaré AV, en montrant au Président sortant, MRS, une photographie prise lors d'une visite à un quartier sensible, sur laquelle l'on peut voir le Président, souriant, en compagnie de personnes issues de l'immigration.
En réponse, le MRS a réaffirmé qu'il est d'une droite sociale et a répliqué, qu'en tant que Président, il se rend sur des quartiers Roms, africains, européens, et qu'il ne discrimine personne.
Il y avait eu des conflits opposant des habitants et des agents de police. AV a critiqué MRS pour ne pas avoir visité le poste de police. MRS a répliqué que le quartier en question n'est pas un cas de police, mais bien plutôt un cas social, un cas d'injustice sociale (sic). Et il a ajouté : « c'est un cas d'injustice sociale dont le Président ne peut pas se divorcer ».
MRS a défini le Portugal comme pays d'immigration en provenance des quatre coins du monde, précisant, je cite, qu' « il n'y a pas de portugais purs. Un Président de la République ne peut pas faire une distinction entre "portugais purs" et portugais impurs". Il ne peut pas faire ça. Ça donne des votes, en provenance d'une minorité très minoritaire [les électeurs d'extrême-droite],mais il ne peut pas faire ça ».
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MRS s'est appuyé sur une référence à la constitution de la République, à la rédaction de laquelle il a participé, après la chute de la dictature, pour rejeter comme inacceptable la restauration de la peine de mort ou de la prison à perpétuité. Il a aussi invoqué la religion catholique et le principe qui consacre la possibilité de « la conversion jusqu’à la dernière seconde » comme fondement religieux de sa position politique : « Jusqu'à la dernière seconde, personne n'est condamné définitivement ».
En parallèle, AV se revendiquait aussi de la religion catholique, mais n'a à aucun moment forgé un argument de nature religieuse pour tenter de justifier ses prises de position face à MRS. Toutefois, hors du cadre de ce débat, AV s’est fait filmer et prendre en photographie en train de prier dans des églises. Il a même déclare avoir reçu un « signal de Dieu ». On assiste donc à une rivalité des candidatures de droite et d’extrême-droite pour la captation des votes de l’électorat catholiqueAV a été très clair : ce sont les bulletins de vote déposés dans les urnes électorales qui sont à la source et qui légitiment son pouvoir et celui de son parti. Vérité terrible à ne jamais oublier.
En clôture de débat, MRS réaffirme et renforce : « Je suis de la droite sociale. Je n'ai rien à voir avec votre droite ».
Marisa Matias (BE - Gauche) v/s AV [Jeudi 7 Janvier 2021] - « Deux candidats qui ont des visions opposées du monde et de la fonction présidentielle » : c'est en ces termes que la journaliste a ouvert le débat. Nous verrons que cette catégorisation antagonique va être substituée par cette même journaliste, en clôture de débat, par une autre, qu'il nous faudra commenter et déconstruire.
Le premier thème abordé par AV est la volonté de rendre hors la loi le parti Chega, assumée publiquement par Marisa Matias (et Ana Gomes). Nous sommes au lendemain de l'attaque au Capitole. La réplique de Marisa Matias consiste à se référer à cet événement politique, qui établit la dangerosité de l'extrême-droite, et à montrer aux téléspectateurs une capture d'écran d'un post d'AV sur les réseaux sociaux, qui établit l'alliance des extrême-droites, ici, d'AV et de Donald Trump.
La journaliste retourna la question de savoir si le Chega est ou non un parti d'extrême-droite, en posant la question à AV si, selon lui, le Bloc de Gauche est de gauche ou d'extrême-gauche, question journalistique qui projette une étrange relation d'équivalence entre les deux questions, qui va stigmatisant l'extrême-gauche, comme le confirmera la fin inattendue du débat.
La théorie politique implicite projetée comme présupposé non questionné est en effet la suivante : le BE maintiendrait à l'égard de l'étiquette « extrême-gauche » une relation en tous points identique à la relation que le Chega maintient avec l'étiquette « extrême-droite ». La journaliste, dans la reformulation de sa question, a attribué au BE un prétendu sentiment d’être insulté par le fait d'être étiqueté comme étant d' « extrême-gauche ». Cette théorie ne résiste pas à son explicitation et examen critique.
L'étiquette « extrême-droite » fait peser sur le Chega un stigmate qui menace de conduire à une mise en question de sa légitimité éthico politique à participer au jeu et aux joutes démocratiques. D'où les discours de négation de AV, contre toutes les évidences et en totale mauvaise foi (en interne, AV et militants du Chega assument leur véritable identité politique..). Être étiqueté de « nazis » est considérablement plus disqualifiant, stigmatisant que d'être étiqueté de « socialiste ».
Du côté du BE, rien de tel : les étiquettes de « gauchiste », « socialiste » ou d'« extrême-gauche » ne sont pas senties comme de telles menaces de disqualification démocratique. Les valeurs de la gauche sont en effet le noyau de valeurs fondatrices de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et de la Constitution de la démocratie portugaise.
À la fin du débat, la journaliste posa à Marisa Matias la question de savoir avec quelle légitimité celle-ci questionne l'invitation adressée par AV à Marine Le Pen, de visiter le Portugal, alors qu'elle-même s'est rendue à une date récente en Grèce ? Cette question, posée en fin de débat, sans temps disponible pour répondre, confirme que cette journaliste défend la thèse, hautement contestable, d'une équivalence éthico-politique entre « extrême-gauche » et « extrême-droite ».
L'une des accusations adressées par AV à Marisa Matias est de celle-ci être contre le secteur privé et à faveur de l'État. La valeur accusatrice conférée à cette description des prises de position du BE est révélatrice des liens qu'AV, et à travers lui, l'extrême-droite, maintiennent avec le néolibéralisme.
La réplique de Marisa Matias a consisté à rappeler les liens entre AV et des affaires de corruption (faux emplois, aide à la fuite aux impôts de grands capitaux), puis à dénoncer la proposition de fixation d'une taxe unique de 15% sur tous les revenus du travail (voir ci-dessus).
AV dénonce la soi-disant corruption des plus faibles qu'il traite, avec mépris, d " assistés (subsidiodépendants en portugais)". Il les accuse de mentir à la Sécurité sociale afin de bénéficier abusivement de prestations sociales, mais se garde bien, souligna Marisa Matias, de s'en prendre à la corruption de ceux qui détiennent le pouvoir économique.
Sur le plan des politiques éducatives, AV a déclaré ne pas vouloir de « cette éducation à la Bloc de gauche, trotskyste, type Venezuela et Cuba », pour justifier son programme de privatisation des écoles publiques. AV attribue la défense de l'école publique à une volonté de contrôle et de manipulation de l'éducation par les forces de gauche.
Marisa Matias s'est opposée à AV en s'identifiant à António Guterres, ex-Premier-Ministre élu par le PS, aujourd'hui Secrétaire Général de l'ONU.
Sur l'extrait du débat qui a opposé Marisa Matias e AV (Voir lien ci-dessus reproduit), il est possible d'observer et analyser un moment-clé, ayant trait à l'accueil de réfugiés.
La journaliste a confronté AV au contraste qui sépare ses prises de position à l'égard des réfugiés en 2015, date très antérieure à la concrétisation de son projet de création d'un parti d'extrême-droite au Portugal qui fait de la xénophobie un tremplin électoral, qu'elle cite et qualifie, avec raison, d' « humanistes », avec ses prises de position actuelles, en tant que leader et porte-parole d'un parti d'extrême-droite, qui déshumanise les réfugiés et les migrants.
AV, mal à l'aise, nie, contre toutes les évidences, tout contraste et toute contradiction. La journaliste commente, par sa communication corporelle, bien visible dans l'extrait vidéo du débat, l'absurdité de cette tentative de négation d'une contradiction criante.
Recourant à l'AC, j'attire votre attention sur un énoncé d'AV à la limite de la non-expression, par l'adoption d'un faible volume vocal, qui termine sur une quasi auto-interruption par abandon, produit par AV juste après la lecture par la journaliste de ses propos datant de 2015, énoncé doté d'une valeur d'auto-affiliation à ses propres paroles, affaiblie, annulée, abandonnée dans le cours même de sa réalisation : « *não tenho dúvid-* » (Trad.: « *je n'ai aucun doute-* »).
Ana Gomes (liée au PS) v/s AV [Vendredi 8 Janvier 2021] - Ana Gomes, qui dispute dans les sondages, contre AV, la seconde position en termes de résultats électoraux, a déclaré, avant le débat, que de par sa profession de diplomate, elle a été amenée et est préparée à « parler avec le diable », faisant référence à des dictateurs et, indirectement, à son adversaire. Elle a rappelé, en ouverture du débat, qu'elle a elle-même combattu la dictature au nom de la démocratie et de la liberté, et qu'elle combat et combattra ceux et celles qui, aujourd'hui, veulent restaurer un régime dictatorial au Portugal.
Je rappelle, comme je l'ai déjà précisé, qu'Ana Gomes est elle aussi en faveur de la mise hors la loi du Chega et de toute autre formation d'extrême-droite.
AV a enchaîné disant qu'il était là pour en finir avec cette gauche qu'il accuse de détruire l'État au long des 46 dernières années, et le prestige du Portugal, de corruption en corruption. AV a désigné Ana Gomes comme sa principale adversaire, qui représente, je cite, tout ce en quoi il ne croit pas.
Ana Gomes a elle aussi fait référence à l'attaque du Capitole, aux discours d'incitation à la haine et à la division du pays, comme représentant tout ce qu'elle ne veut pas voir arriver au Portugal. AV a répliqué que lui-même désapprouve cette attaque contre les institutions démocratiques, tout en s'abstenant d'éclaircir comment ce positionnement est compatible avec son soutien enthousiaste à Donald Trump. Ana Gomes a relevé la contradiction, commentant qu'« il est extraordinaire de voir des personnes défendre tout et son contraire, comme ce monsieur député, qui maintenant dit ce qu'il dit contre son idole, Donald Trump ».
AV a confronté Ana Gomes avec son passé de militante du MRPP, parti maoïste. Ana Gomes a rappelé que ce parti a été l'un des principaux acteurs de la lutte contre la dictature, et qu'elle s'en est éloignée, en 1976, sans renier la lutte qu'elle avait mené grâce à ce parti.
À un autre moment du débat, après AV avoir fait l'éloge de la possibilité de reformulation de la Constitution prévue et consacrée par celle-ci, Ana Gomes a précisé qu'elle est contre les propositions de son adversaire, relatives notamment à la prison à perpétuité, pour, je cite, une question de civilisation, une question de faire obstacle à toute régression au moyen-âge.
Ana Gomes a mobilisé des arguments contre son adversaire que nous avons déjà mentionné et que je ne reprendrai pas ici, en dépit de l'intérêt intrinsèque de savoir que ceux-ci ont été validés et repris par Ana Gomes. L'une des critiques adressée à AV par Ana Gomes porte sur l'offensive contre les droits du travail que souhaite lancer le Chega.
Après avoir dénoncé la dangerosité du projet de réforme constitutionnelle de AV en faveur d'un régime présidentialiste, Ana Gomes a déclaré : « La démocratie doit se défendre : elle doit être intolérante avec les intolérants » ; « Ce parti a été légalisé avec de fausses signatures » (voir mon texte antérieure) ; « Ce parti viole la Constitution de par son programme et de par sa pratique, sa pratique réitérée d'incitation à la haine raciale, à la discrimination, au confinement [forcé] de groupes ethniques de notre pays ».
Ana Gomes a réaffirmé son respect et son soutien à l'exercice des fonctions policières et militaires, mais a précisé, je cite, qu'elle est exigeante quant à la non acceptation de l'infiltration par des racistes des forces militaires et de sécurité, qui mine l'autorité et la crédibilité de ces forces de sécurité. Ce sont les autorités nationales et européennes qui alertent contre ce processus en cours, non seulement au Portugal mais aussi dans d'autres pays, a-t-elle précisé. Ce monsieur, a-t-elle ajouté, ne dit rien sur ce sujet car, de fait, il est lié à ces forces d'infiltration qui veulent détruire la démocratie. Fin de citation.
Ana Gomes, vers la fin du débat : «Je veux seulement rappeler que ce monsieur a réuni aujourd'hui même avec Madame Le Pen, cette fasciste de renom, qui veut détruire l'Europe et l'ONU. Le programme du Chega est justement de retirer le Portugal de l'ONU. Cette madame a toute une pratique envers les immigrés. Je demande : qu'est-ce qu'il arriverait à nos émigrés, à nos émigrés qui ont du sortir du pays pour gagner leur vie, s'ils étaient reçus par des forces ayant des discours racistes, xénophobes, anti-immigrés, comme ceux que le parti de ce monsieur dédie aux immigrés ?!, si peu catholiques pour qui se dit catholique » ; « Ils nous faut vaincre ces forces, qui veulent semer le désordre, l'insécurité, comme on l'a vu au Capitole, comme on l'a vu dans le Brésil de Bolsonaro !
Réplique d'Ana Gomes à l’attaque contre son directeur de campagne : « Ce monsieur a des trucs pour attirer dans la boue celui ou celle qui vient débattre ici avec lui, pour finir par lui ressembler ».
Ana Gomes a rappelé les liaisons dangereuses d'AV avec des pouvoirs économiques agissant dans l'ombre et avec des groupuscules de l'extrême-droite ultraviolente.
Réponse solidaire à des attaques personnelles donnant voix et corps au sexisme et à la discrimination basée sur l’âge
Une fois terminé ce cycle de débats, AV s’est lancé dans des attaques personnelles : Marisa Matias et son rouge à lèvres ; le secrétaire du PCP associé à la figure d’un grand-oncle alcoolique, etc.
J’ai assisté (et participé) à une réponse solidaire sur les réseaux sociaux, qui a rassemblé les diverses forces de gauche. Durant quelques heures, la gauche a su occuper les réseaux sociaux, territoire d’expression très colonisé par l’extrême-droite.
Fin octobre 2020, Marine Le Pen a donné un entretien à l’hebdomadaire portugais l’Expresso, qui a repris en titre des propos très choquants : « Je réserve mon humanisme aux français », a déclaré Marine Le Pen en cours d’entretien ( ci-dessous avec Ventura)
Voici le texte du post que j’ai publié sur Facebook, sur mon propre mur, traduit en français : « Réserver l’humanisme à son groupe de co-appartenance nationale n’est pas un humanisme mais un antihumanisme, un concentré d’horreur qui légitime le nazisme.
Ces paroles, qui humanisent les français et déshumanisent le reste de la population européenne et mondiale, sont une formulation théorique pure et dure du nazisme, dans toute son horreur.
C’est avec des gens comme ça, horribles, dangereusement antidémocratiques, qu’AV construit des alliances...».
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En guise de dernières notes : positionnements des partis face à l’extrême-droite
-Paulo Portas, hier, et aujourd’hui Nuno Melo (CDS-PP) : Disputer le même électorat, rivalisant avec AV sur le terrain du racisme (Romaphobe, notamment) et de la xénophobie ;
-Passos Coelho (PSD ; Ex-Premier-Ministre) : Une relation de proximité, revendiquée ces derniers jours par AV ? ;
-Rui Rio (PSD ; Actuel président du parti) : Célébrer des accords et des alliances ;
-Marcelo Rebelo de Sousa ("droite sociale") : tracer et maintenir une séparation claire et nette entre "droite dite sociale et humaniste" et extrême-droite ;
-João Ferreira (PCP) : Opposition forte mais sans prendre position en faveur ou contre un éventuel procès d’illégalisation du parti d’extrême-droite Chega ;
-Ana Gomes (liée au PS) : mettre hors la loi le Chega ;
-Marisa Matias (BE) : mettre hors la loi le Chega.