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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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contact@memorial98.org

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3 décembre 2020 4 03 /12 /décembre /2020 13:37

La célébration de Giscard envahit l'espace médiatique. Les hommes politiques de droite et de gauche se bousculent pour célébrer le " modernisateur" du pays. Emmanuel Macron lui rend un hommage dithyrambique.

En réalité, ce conservateur bon teint craignait fortement une nouvelle grande vague sociale équivalente à mai 68.

Il choisit donc de céder du terrain dans le domaine tels que l'âge du vote et les droits des femmes. Dans ce domaine il faisait face à de grandes mobilisations autour du droit à l'IVG: procès de Bobigny, Manifeste de 343 femmes, actions et manifestations du Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception.

Mais plusieurs aspects sombres de son bilan sont délibérément passés sous silence.

Le premier est que Giscard tenta de forcer au départ des centaines de milliers d’immigrés algériens dont le séjour en France était parfaitement régulier

500 000 Algériens dans le viseur

Nous sommes au milieu des années 1970. Confrontée, à l’époque, à l’une des premières hausses importantes du chômage, la France a interrompu depuis 1974 l’immigration de nouveaux travailleurs.

Mais Giscard veut aller beaucoup plus loin. À ses yeux, il ne suffit pas de stopper les entrées. Il faut aussi renvoyer les immigrés chez eux pour pouvoir « remplacer, par exemple, les éboueurs étrangers par des éboueurs français », relève l'historien Patrick Weil.

Dans son livre (le Sens de la République, Folio poche), l’historien et politologue revient longuement sur les dessous de la politique migratoire de l’ancien président. Il révèle notamment que, de 1978 à 1980, giscard a tout fait pour essayer d’organiser le retour, de gré ou de force, de plusieurs dizaines de milliers d’Algériens dans leur pays. Choqué par sa découverte dans les archives du Quai d’Orsay, Patrick Weil n’hésite pas à employer le mot de « déportation ».

Dans les premières années de son mandat, VGE met ainsi en place des aides financières "au retour" dans les pays d'origine. Une démarche basée sur le volontariat qui n’aura aucun succès. Alors, en 1978, le président durcit le ton et prône une politique de retour forcé et planifié. Avec en ligne de mire les travailleurs algériens.

En septembre 1978, Lionel Stoleru, alors secrétaire d’État chargé des travailleurs manuels et immigrés, rencontre à Paris l’ambassadeur d’Algérie. Et lui expose l’invraisemblable intention du chef de l’État : organiser le retour forcé de quelque 100 000 Algériens par an pendant cinq ans, soit un total de 500 000 personnes

Des exigences réitérées un mois plus tard lors d’entretiens à Alger. Pour parvenir à ses fins, Valéry Giscard d’Estaing ne recule devant rien. Il envisage de dénoncer les accords de d’Évian de 1962 à la fin de la guerre, qui permettent la libre circulation entre la France et l’Algérie. Mais aussi de changer la législation sur l’immigration pour permettre l’arrêt ou la non-reconduite des titres de séjour de migrants qui vivent pourtant en France depuis parfois plus de vingt ans

« Et les enfants, on en fera quoi ? »

Giscard va devoir rapidement en rabattre sur ses ambitions. Déjà, côté algérien, les autorités refusent toute idée de retours qui ne seraient pas volontaires. Mais surtout, côté français, la réforme des titres de séjour coince au Parlement. Rejetée par l’ensemble de la gauche, elle l’est aussi par les chrétiens-démocrates et certains gaullistes, dont Charles Pasqua pour qui cette mesure met en cause l'héritage de De Gaulle. Cela n'empêchera pas Pasqua de mener plus tard une politique d'alliance avec le FN et une guerre contre le Code de Nationalité

Giscard s’obstine. 

Il fit élaborer un avant-projet de loi visant le non-renouvellement des titres de séjour et de travail. Sa mesure phare : l’instauration de quotas par département. « Ces derniers ont été étudiés pour que les départements hébergeant le plus de Maghrébins aient le taux de renouvellement le plus bas », précise Patrick Weil. Tollé à droite comme à gauche.

Le Conseil d’État recale le texte, mais Giscard s’obstine. Lors d’un conseil restreint à l’Élysée, le 18 décembre 1979, il demande à Jean François-Poncet, son ministre des Affaires étrangères, de négocier au moins avec Alger le retour de 35 000 adultes par an. Dans la marge de ce compte rendu de trois feuillets – dont le service des archives du Quai d’Orsay a confirmé l’existence au journal Jeune Afrique   – Giscard ajoute cette mention manuscrite : « Éviter de parler de quotas d’enfants ».

Séparer des parents de leurs enfants ayant acquis la nationalité française en vertu du droit du sol aurait à coup sûr engendré des drames humains, mais aussi des imbroglios administratifs et une crise diplomatique.

Finalement, confronté à l’opposition de  Simone Veil, de la plupart des membres du gouvernement et du Conseil d’État, Valéry Giscard d’Estaing mettra un terme à son projet en janvier 1980.  De cet épisode giscardien, Patrick Weil retient néanmoins deux choses : « Le projet a été tenté ( par Giscard), mais il y a eu suffisamment de forces dans la société française pour faire prévaloir le principe de liberté et d’égalité. »

 

Giscard et son ministre Papon, bourreau des Juifs de Bordeaux et des Algériens de Paris.

De 1978 à 1981, Papon est ministre du Budget  dans le gouvernement de Raymond Barre ( voir ci-dessous sur ce dernier) Or Papon était déjà connu comme organisateur du massacre des Algériens de Paris, lors de leur manifestation pacifique du 17 Octobre 1961.

A la veille du deuxième tour de l'élection présidentielle de 1981, le Canard Enchaîné révèla le résultat des recherches du résistant et militant Michel Slitinsky . Elles montrent  que Papon a organisé la déportation de 1600 Juifs de Bordeaux vers Drancy. Papon échappera encore à un procès jusqu'en 1997. Condamné à 10 ans de prison, il sera rapidemment libéré sous le prétexte fallacieux d'un "état grabataire".

 

Giscard et son premier ministre antisémite Raymond Barre

                                              Raymond Barre et Maurice Papon

Raymond Barre, premier ministre de Giscard de 1976 à 1981, a  multiplié les déclarations antisémites. La plus connue est celle prononcée lors de la tuerie de la synagogue de la rue Copernic le 3 octobre 1980.

 Il avait alors déclaré sur TF1: " « Cet attentat odieux voulait frapper les Israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic »

Mais en réalité cela faisait bien longtemps que Barre était connu pour son antisémitisme. Simone Weil le raconte dans son livre autobiographique " Ma Vie" :

« … Dès 1978, un dérapage verbal en Conseil des ministres avait bien failli mettre le feu aux poudres. Raymond Barre avait évoqué le «lobby juif» dans des termes que j'avais jugés déplacés. Après le Conseil, j'avais déclaré au président qu'en cas de nouvelle sortie de son Premier ministre sur le prétendu «lobby juif», je quitterais aussitôt le gouvernement en disant pourquoi. Giscard était intervenu, et Barre avait ensuite doctement expliqué ce qu'il avait voulu dire; à l'entendre, j'avais mal interprété ses propos.

Deux ans plus tard, après l'attentat de la synagogue de la rue Copernic, sa langue (Barre) avait à nouveau fourché. Alors que son ministre de l'Intérieur, Christian Bonnet, évoquait l'hypothèse d'un coup monté et que le président de la République s'abstenait de toute déclaration, Raymond Barre avait déploré la mort, à côté de juifs, de « Français innocents»… »

Barre a défendu Papon lors de son procès mais aussi le dirigeant du FN Bruno Gollnisch.  Il  a ensuite maintenu jusqu'à sa mort un antisémitisme constant.  Cela n'a pas empêché de multiples louanges après son décès. Fillon, Sarkozy Bayrou à droite mais aussi certains  dirigeants socialistes qui  en rajoutaient dans la flagornerie, tels Jacques Delors, Michel Rocard et le maire de Lyon, Gérard Collomb.

Giscard fait affaire avec Jean-Marie Le Pen et lui délivre une attestation de non-antisémitisme

En 1987, six ans après sa défaite présidentielle,  Giscard  est candidat à la présidence de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Il déclare, au cours de l'émission " Face au public " du lundi 23 février 1987  sur France-Inter, " qu'il est bien évident que le Front national préfère apporter ses voix à la majorité qu'à l'opposition de gauche... " et que par conséquent " il n'y a rien de dirimant contre le fait que nous apportions éventuellement nos voix à M. Giscard d'Estaing ".

Le président du Front national a rappelé que dès octobre 1986 la candidature à ce poste  de l'ancien président de la République lui était apparue " comme quelque chose d'assez logique ". Une logique que M. Le Pen s'était cependant de réevaluer après le passage de Giscard à " L'heure de vérité " du 11 février 1987 . Interrogé au cours de cette émission sur une éventuelle alliance de la majorité avec le Front national, l'ancien président avait déclaré " qu'en ce qui concerne l'extrême droite, il y a deux choses que nous devons rejeter catégoriquement : l'antisémitisme et le racisme ".

Fallait-il comprendre que le député du Puy-de-Dôme assimilait le Front national à l'extrême droite ? Au surlendemain de cette émission,  Le Pen écrivait à Giscard pour lui préciser qu'il serait " heureux " s'il pouvait confirmer " que telle n'a pas été [sa] pensée et [qu'il] considère que le mouvement [qu'il] préside est respectueux des règles démocratiques et des valeurs nationales ".

 Giscard d'Estaing s'est empressé de se plier aux exigences du dirigeant fasciste. Le 20 février 1987, l'ancien président fait porter une lettre au domicile de  Le Pen " J'ai marqué, dans ma réponse, explique  Giscard , la différence entre l'extrême droite traditionnelle et votre parti (Front national) quand j'ai dit qu'il recueillait aujourd'hui des voix venant d'autres horizons politiques. Comme vous le savez, je cherche en ce qui me concerne à élargir le consensus entre les Français, c'est pourquoi je me félicite chaque fois qu'un des partis démocratiques représenté au Parlement, comme c'est le cas du vôtre, condamne le racisme et l'antisémitisme... Ces sujets peuvent être ainsi bannis de notre débat politique... " Quelques mois plus tard  le " non-antisémite" Jean-Marie Le Pen déclarait sur RTL le 13 septembre 1987:  "les chambres à gaz  sont un détail de l'Histoire". Il ne cessera  plus de répéter ce propos.

On comprend dès lors que le même Jean-Marie Le Pen salue aujourd'hui sur son compte Twitter la mémoire de Giscard et sa "non-déloyauté" à l'égard du Front National.

 

 
Contrairement à Chirac, Valéry Giscard d'Estaing ne fut jamais déloyal à l'égard de la droite nationale. Son prisme de gauche nous opposait sur des sujets majeurs aux conséquences néfastes. Je salue cependant sa mémoire avec une forme de nostalgie.

Le bilan de Giscard est ainsi entièrement négatif dans le domaine du racisme et de l'antisémitisme, sans compter son refus d'abolir la peine de mort et de gracier des condamnés à mort.

MEMORIAL 98

 

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31 août 2020 1 31 /08 /août /2020 18:55

 

 

Portugal : origines et conséquences de l’entrée au Parlement d’un député d’extrême-droite

 



 

L’élection d’un député d’un nouveau parti (Octobre 2019): Quel siège lui réserver à l’Assemblée de la République ?

 

À l’annonce des résultats des élections législatives du 6 octobre 2019, les citoyens portugais ont constaté qu’un parti tout récemment créé, formellement reconnu le 9 avril 2019 par le Tribunal Constitutionnel (en dépit de plus de 2000 fausses signatures), dénommé Chega (Trad. « Ça suffit ! » / « C’est assez !» ) (CH), est parvenu à faire élire son fondateur, André Ventura, à un poste de député.

 

Lien – Fausses signatures : https://www.sabado.pt/portugal/detalhe/partido-chega-apresentou-2600-assinaturas-invalidas-ao-tribunal-constitucional

 

Lien – Résultats électoraux: https://www.eleicoes.mai.gov.pt/legislativas2019/index.html#none

 

Le Président de l’Assemblée de la République, Eduardo Ferro Rodrigues (élu par le Parti Socialiste – PS), propose que soit attribué à André Ventura (CH) un siège situé à l’extrême-droite de l’hémicycle parlementaire, proposition qui est ratifiée par le Conseil des leaders des groupes parlementaires, début octobre 2019.

 

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Figure 1 - Distribution des sièges à l'Assemblée de la République à l'issue des Élection législatives d'Octobre 2019 (Source: TSF)

 

Lien – Un siège à l’extrême-droite: https://www.tsf.pt/portugal/politica/lugares-no-hemiciclo-ja-estao-distribuidos-pelo-menos-para-a-primeira-sessao-11412413.html

 

Cette décision collective engage bien-sûr, de la part des parlementaires portugais concernés, une lecture politique du programme et des prises de position publiques d’André Ventura et de ce nouveau parti, qui situe ceux-ci à l’extrême-droite.


 

Préhistoire de l’élection d’André Ventura (1) : Sortie de la dictature et Décolonisation tardives

 

C’est seulement en 1974, avec la chute du régime dictatorial salazariste, que la décolonisation de l’Afrique lusophone a démarré. Les estimatives du nombre d’ex-colons retournés au Portugal sur les années 1974-1979 oscillent entre 500.000 et 800.000. Ce flux migratoire est considérable, si on le rapporte à la dimension de la population portugaise, d’environ 10 millions.

Dans un article publié récemment, en 2019, dans la revue de sciences sociales Análise Social, Elsa Peralta estime, par contraste avec le cas de la décolonisation de l’Algérie, que la population des ex-colons portugais, qui ne s’est pas concentrée à son retour sur une seule ville mais s’est dispersé territorialement, s’est relativement bien réinsérée et diluée socialement. Il n’existe pas un mouvement communautaire des ex-colons, qui, à la date de publication de l’article, aurait une traduction sur le plan politique, notamment.

Toutefois, des enquêtes citées par Elsa Peralta indiquent une tendance des ex-colons à voter plus à droite que le reste de la population ainsi qu’un fort rejet du vote communiste, qui, toutefois, ne s’étend pas aux autres partis de gauche.

Cette entrée récente au parlement d’un parti d’extrême-droite change la donne, et le piods des ex-colons dans la montée en cours, enregistrée dans les sondages, des intentions de vote en faveur du Chega, reste à déterminer. Affaire à suivre, donc.

Par contre, Elsa Peralta admet d’ores et déjà l’hypothèse d’une association entre la population des ex-colons et le développement de la fachosphère sur la toile, j’y reviendrais. Elle cite, par exemple, les manifestations de joie et la prolifération de fake news relatives à l’histoire de la décolonisation, à l’annonce de la mort de l’ex-président Mario Soares, sur des blogs et des pages Facebook liées à l’extrême-droite.

 

Ref. – Peralta, E. (2019) ‘A integração dos “retornados” na sociedade portuguesa: identidade, desidentificação e ocultação’, Análise Social, 231(LIV-2o), pp. 310–337.


 

Préhistoire de l’élection d’André Ventura (2) : la circulation controversée des idées et des hommes entre la droite et l’extrême-droite

 

Certaines prises de position d’André Ventura sur des thèmes sensibles du point de vue du racisme, tels que ceux de l’immigration et de la communauté gitane, qui ont motivé l’attribution de cette position à l’extrême-droite dans l’hémicycle parlementaire, ne sont pas nouvelles, bien malheureusement.

Les partis de droite, représentés de longue date à l’Assemblée de la République, ont exploité à des fins électorales ces thèmes, à plusieurs reprises, contribuant ainsi à les propager et à les légitimer auprès de leur électorat. C’est d’ailleurs le parti positionné le plus à droite au sein de l’hémicycle, le CDS-PP, au coude à coude aujourd’hui avec André Ventura, qui a le plus fréquemment et radicalement pris des positions alignées sur l’extrême-droite sur ces thèmes sensibles, au long des années antérieures, sous le leadership notamment de Paulo Portas.

 

Lien – Quand Portas (CDS-PP) était Ventura (CH) : https://www.sabado.pt/portugal/politica/detalhe/quando-portas-era-ventura-as-bandeiras-do-cds-agora-sao-do-chega

 

Entre droite et extrême-droite, ne circulent pas seulement des idées, mais aussi des militants et des votants, comme en atteste le parcours d’André Ventura lui-même.

C’est sous la bannière du plus grand parti de droite, le PSD, en coalition avec un parti monarchique, qu’André Ventura a obtenu aux élections municipales de 2017, à Loures, un premier mandat de conseiller municipal, au terme d’une campagne controversée, construite sur des thèmes racistes, ayant pour principale cible la communauté gitane.

 

Lien – Controverses à gauche et à droite provoquées par une campagne électorale raciste menée par André Ventura sous la bannière d’un parti de droite (PSD): https://www.rtp.pt/noticias/politica/ventura-acusa-cds-pp-de-ceder-em-loures-a-pressao-da-esquerda_n1015614

 

Selon des résultats d’un sondage récent de l’European Social Survey (ESS-9), plus de 60% de la population portugaise a l’opinion que l’intelligence est déterminée racialement, alors que seulement 11% rejetterait totalement toute opinion alignée avec le racisme biologique.

 

Lien – Plus de 60% des portugais ont des opinions racistes : https://www.publico.pt/2020/06/27/sociedade/noticia/european-social-survey-62-portugueses-manifesta-racismo-1921713


 

Préhistoire de l’élection d’André Ventura (3) : la fachosphère et la colonisation des réseaux sociaux par l’extrême-droite

 

La relation des (1) regroupements visant la constitution d’un parti et la participation au système partidaire en vue d’une entrée au parlement (PNR et CH) avec (2) les groupuscules qui visent à occuper la toile, les

stades de football et les rues par des agressions verbales et physiques, est assez proche de ce qui s’observe en France. Il y a à la fois des rapprochements et des mises à distance, car un parti comme le Chega ne peut pas renier ses liens idéologiques à ces groupuscules et, en même temps, les stratèges du parti savent que tout lien rendu public aux actes de violence commis par ces groupuscules lui fait courir un risque sur le plan électoral.

 

En dépit de cette tension, le Parti National Renovateur (PNR) a affiché des liens forts et publics à Mário Machado, principal fondateur et leader de groupuscules d’extrême-droite du Portugal, ce qui expliquerait ses échecs électoraux, qui ne lui ont jamais permis d’entrer au parlement.

 

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Figure 2- Campagne xénophobe du PNR, parti d'extrême-droite sans représentation parlementaire


 

Les groupuscules d’extrême-droite sont porteurs d’une culture de violence et sont impliqués dans des activités illégales (trafic d’armes, prostitution, drogue).

 

Lien – Opération policière et judiciaire contre Portugal Hammer Skins (PHS) : https://www.dn.pt/edicao-do-dia/19-mai-2020/skinheads-em-portugal-a-organizacao-as-musicas-os-codigos-e-o-amor-a-hitler-12209172.html

 

Au Portugal comme ailleurs, les réseaux sociaux ont joué un rôle important dans la dissémination et la banalisation du mal qu’incarne l’extrême-droite. La crise des réfugiés, l’élection de Donald Trump aux USA, l’élection de Jair Bolsonaro au Brésil, sont autant de jalons d’un processus de banalisation et de radicalisation des opinions d’extrême-droite sur la toile. Les violences langagières, les attaques personnelles, les insultes racistes, relayées par de nombreux faux profils, ont proliféré et contribué à construire le soutien électoral du Chega.

 

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Figure 3- Un Templier sur fond de caravelles: Profil d'un militant d'extrême-droite sur Facebook, célébrant la victoire violente sur autrui au nom de la chrétienté et les découvertes des chemins maritimes à des fins coloniales

 

La manifestation d’opinions hostiles aux réfugiés, favorables à Trump et à Bolsonaro, a facilité la transformation d’une masse inorganique et atomisée de sympathisants d’extrême-droite, sans lien directe avec les groupuscules d’extrême-droite, en un parti politique parvenant à se faire représenter au parlement, objectif jamais atteint par un autre parti d’extrême-droite, le Parti National Rénovateur (PNR), fondé en 2002.


 

La nethnographie, ou étude descriptive et analytique des réseaux sociaux, est l’une des approches permettant d’établir très solidement l’ancrage à l’extrême-droite du Chega.

 

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Figure 4- Capture d'écran sur Facebook du mural d’une page d’extrême-droite intitulée « Portugal, mon pays » : Fake news et violence des attaques xénophobes contre la députée Joacine Katar Moreira (21/08/2020)

 

Cette capture d’écran (Figure 4) reproduit un post qui constitue un fake news et ses commentaires, banalement très violents, au sens où ce n’est qu’un exemple choisi parmi une pléïade d’autres exemples possibles.

Le post attribue à la députée Joacine Katar Moreira un discours, qu’elle n’a évidemment jamais proféré, qui consisterait à défendre la mise en place d’un système de quotas à l’université pour compenser une prétendue infériorité raciale des étudiants afrodescendants sur le plan de l’intelligence, ainsi que dans les prisons, pour y limiter leur nombre.

Traduction des commentaires :

 

  • Et après ça c’est nous européens qui sommes Racistes et xénophobes. Et les déclarations de cette bégayeuse qui infériorisent les africains... comment vous les classez ?

  • Grande retardée mentale, cette députée.

  • Cette noire avec ce qu’elle dit ni comme pute elle ferait l’affaire

  • En fin de compte elle a même raison... c’est d’elle-même qu’elle parle... tristesse

  • Grande idiote comment es-tu parvenue à être députée ? Par quotas ou par mérite ?

 

Lien – Harcèlement moral sur les réseaux sociaux contre la députée Joacine Katar Moreira : https://poligrafo.sapo.pt/politica/artigos/a-guerra-de-desinformacao-odiosa-contra-joacine-katar-moreira


 

Autodéfinition de soi du nouveau parti au sein du Parlement européen : Identité et Démocratie

 

Du côté du Parlement européen, la demande d’adhésion du parti Chega (CH) au groupe politique, bien peu démocratique, Identité et Démocratie, adressée par André Ventura, est un acte d’autodéfinition de soi comme parti d’extrême-droite, cherchant notamment à se rapprocher et à s’allier au Rassemblement National de Marine Le Pen.

 

Lien – Demande d’adhésion au groupe Identité et Démocratie : https://www.sabado.pt/portugal/detalhe/chega-junta-se-ao-partido-europeu-de-le-pen-e-salvini

 

Lien – Volonté de rapprochement à Marine Le Pen : https://jornaleconomico.sapo.pt/noticias/andre-ventura-confirma-encontro-com-marine-le-pen-a-8-de-outubro-614212


 

Prises de position politiques d’André Ventura en tant que député et survenue croissante d’événements racistes

 

-21 novembre 2019 | Lors d’une manifestation des forces de police au pied du parlement, André Ventura rejoint les manifestants et est ovationné.

 

Lors du débat de fin de compagne électorale qui a réuni l’ensemble des leaders des petits partis encore sans représentation parlementaire le 30 septembre 2019, André Ventura (CH) et José Pinto Coelho (PNR) ont tous les deux portés chacun le bracelet du mouvement de protestation policière autodénominée Mouvement Zéro (M0).

Ces deux faits attestent d’une forte pénétration des forces policières par l’extrême-droite, d’abord par le PNR et aujourd’hui par le Chega.

 

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Figure 5- André Ventura (CH) montrant son bracelet du M0 et faisant état de sa solidarité avec les policiers, lors du débat télévisé du 30 septembre 2019

 

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Figure 6- José Pinto Martins (PNR) portant le bracelet du M0 lors du débat télévisé du 30 septembre 2019

 

Lien – Préoccupation des associations policières et des services de renseignement sur les liens du Mouvement Zéro (M0) à l’extrême-droite : https://www.sabado.pt/portugal/detalhe/secretas-atentas-a-guerra-pelo-controlo-das-policias


 

-28 janvier 2020 | Propos racistes au parlement, dirigés contre Joacine Katar Moreira, députée

 

Lien – Invitation de la députée Joacine Katar Moreira à «rentrer chez elle» : https://www.publico.pt/2020/01/28/politica/noticia/andre-ventura-propoe-joacine-devolvida-pais-origem-livre-acusao-racismo-1902024

 

Lien – Eduardo Ferro Rodrigues (PS), Président de l’Assemblée de la République, Ana Catarina Mendes, leader du groupe parlementaire du Parti Socialiste (PS), et Pedro Filipe Soares, leader du groupe parlementaire du Bloc de Gauche (BE), manifestent publiquement, dans la presse et sur les réseaux sociaux, les propos racistes d’André Ventura : https://www.tsf.pt/portugal/politica/ferro-rodrigues-afirma-que-palavras-xenofobas-de-ventura-merecem-veemente-condenacao-11765101.html

 

-16 Février 2020 | Insultes proférées lors d’un match de football contre Moussa Marega, joueur né français afrodescendant, provoquent sa sortie de terrain : un événement sans précédent dans l’histoire du football portugais

 

lien – Marega abandonne le match à cause d’insultes racistes : https://www.dn.pt/desportos/inedito-no-futebol-portugues-marega-abandonou-o-jogo-devido-a-insultos-racistas-video-11828099.html

 

 

-7 mai 2020 | André Ventura propose une politique de confinement obligatoire de la communauté gitane

 

Lien – Dénonciation publique de la proposition d’André Ventura de confinement obligatoire des gitans : https://observador.pt/2020/05/06/figuras-publicas-e-associacoes-repudiam-afirmacoes-de-andre-ventura-sobre-ciganos/

 

-12 juin 2020 | Tags racistes sur les façades du Centre d’accueil des réfugiés et des lycées : « Dehors les noirs ! Déportation immédiate des minorités ! » / « Mort aux noirs de merde ! Retournez en Afrique ! » / « L’Europe aux européens. Mort aux réfugiés. Dehors les arabes et les noirs ! »

 

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Figure 7- Tags racistes (12 juin 2020)

 

27 juin 2020 | Manifestation “anti-(anti-raciste)” convoquée par le Chega sur le mot d’ordre «Portugal n’est pas raciste», en réponse au mouvement de solidarité qui a fait suite à l’assassinat de George Floyd

 

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Figure 8 - Négationnisme: des racistes niant l'existence de racisme au Portugal

 

Quelques jours auparavant, Mário Machado, leader des groupuscules d’extrême-droite, a appelé à la participation de ses militants et sympathisants à la manifestation du Chega, en leur priant d’éviter de faire le salut nazi et d’arborer des symboles nazis. André Ventura ne réagit pas publiquement, en faveur ou contre cet appel de Mário Machado. Nous retrouvons ici la tension que nous avons déjà mentionnée entre les composantes de l’extrême-droite, à savoir, les partis et les groupuscules.

 

Lien – Appel de Mário Machado à se joindre à la manifestation du Chega du 27 juin 2020 : https://visao.sapo.pt/atualidade/politica/2020-06-19-mario-machado-apela-a-participacao-da-extrema-direita-na-manifestacao-do-chega/

 

-18 juillet 2020 | Tag raciste sur la façade de l’immeuble de l’association SOS Racismo

 

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Figure 9- Tag contre SOS Racisme: «Guerre aux ennemis DE MA PATRIE»


 

-25 juillet 2020 | Assassinat à arme à feux de Bruno Condé, acteur de théatre noir de peau, par un ex-combattant des colonies, qui a proféré des insultes racistes lors de son crime et plusieurs jours auparavant, suite à un incident.

 

La police de sécurité publique (PSP) nie le caractère raciste de l’assassinat, alors que les commentaires racistes prolifèrent sur les réseaux sociaux. Des manifestations appelant à la justice se multiplient.

 

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Figure 10- Manifestation appelant à la justice et à la reconnaissance du caractère raciste du meutre de Bruno Candé

 

Le Président de la République et le Premier Ministre restent silencieux. Ils ne présentent même pas leurs condoléances à la famille de la victime.

 

-2 août 2020 | Nouvelle manifestation “anti-(anti-raciste)” convoquée par le Chega

 

-8 août 2020 | Manifestation nocturne d’une vingtaine de personnes masquées, armées de torches, devant l’immeuble de l’association SOS Racismo : une tentative d’intimidation des militants antiracistes.

 

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Figure 11- Tentative d'intimidation faisant référence au Ku Klux Klan (KKK)

 

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Figure 12 - Utilisation de torches, allusives au KKK

 

12 août 2020 | Envoi par courriel d’un ultimatum de 48 heures pour sortir du pays visant 10 personnes, militantes antiracistes et antifascistes, dont trois députées, par un groupuscule d’extrême-droite récemment constitué, le Nouvel Ordre d’Avis, sous le leadership, encore une fois, de Mário Machado.

 

Le texte du courriel est le suivant :

 

«Le Nouvel Ordre d’Avis – Résistance Nationale informe :

 

  • Beatriz Gomes [Députée, Bloc de Gauche - BE]

  • Danilo Moreira [Militant antifachiste, Frente Unitária Antifascista – FUA ; Dirigeant syndical]

  • Joacine Katar Moreira [Députée, indépendante ; excandidate du Livre, parti de gauche]

  • Mamadou Ba [Militant antiraciste, SOS Racismo]

  • Jonathan Costa [Militant antifachiste, Frente Unitária Antifascista – FUA]

  • Rita Osório [Militante LGBT ; coord. de la FUA ; membre de la Plataforma Antifascista de Lisboa e Vale do Tejo - PALVT]

  • Vasco Santos [Militant antifachiste, Frente Unitária Antifascista – FUA ; candidat du MAS, parti de gauche ; dirigeant syndical]

  • Luís Lisboa [Militant antifachiste]

  • Melissa Rodrigues [Militante antifachiste]

  • Mariana Mortágua [Députée, Bloc de Gauche - BE]

 

Nous informons qu’a été attribué un délai de 48 heures pour que les dirigeants antifascistes et antiracistes inclus dans cette liste démissionnent de leurs fonctions politiques et quittent le territoire portugais.

 

Une fois terminé ce délai, des mesures seront prises contre ces dirigeants et leurs familles, de manière à garantir la sécurité du peuple portugais. Le mois d’août sera un mois de lutte contre les traîtres de la nation et leurs alliés. Le mois d’août sera le moi de la reconstruction nationale.

 

NOA-RN»

 

Cette fois-ci, le Président de la République, le Gouvernement, le Président de l’Assemblée de la République, les chefs de parti, droite y compris, ont répudié publiquement cet acte de menace. Des mesures de protection policière de ces dix militants ont été prises et une enquête est en cours. L’une des questions ouvertes concernent des éventuelles liaisons d’André Ventura à Mário Machado, soupçonné d’être l’un des organisateurs de la tentative d’intimidation du 8 août et de l’envoi de ce courriel.

 

-21 août 2020 | André Ventura informe la presse qu’il a convoqué une réunion extraordinaire du Chega afin d’« évaluer l’infiltration du parti par l’extrême-droite », manière de laisser entendre que le parti ne serait pas d’extrême-droite et que si l’enquête en cour établit que certains militants du parti sont coupables d’avoir organisé ou participé aux événements du 8 août et du 12 août derniers, ce sera la preuve que le parti a été la victime d’une manœuvre d’infiltration de la part du groupuscule Nouvel Ordre d’Avis.

 

Il s’agit bien évidemment de la mise en place d’une stratégie de défense de mauvaise foi face à l’enquête policière en cours, qui risque d’incriminer des membres du Chega.

 

Affaire à suivre...

 

Lien – Réunion d’urgence afin d’évaluer l’infiltration du parti par des membres de groupuscules d’extrême-droite : https://www.publico.pt/2020/08/21/politica/noticia/reuniao-emergencia-chega-avaliar-infiltracoes-extremadireita-1928851?fbclid=IwAR2Q1lvspckxn2GwWwp-REa6ViKwdtinX6X0AbfxvTM6jDVX97hCzuSq-WM

 

Michel Binet

 

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Figure 13- « Ah, mes amis, ce n'est rien »

Michel Binet pour MEMORIAL 98

Nous remercions l'auteur, universitaire et antiraciste portugais, pour cette contribution à l'histoire de l'extrême-droite au Portugal. 

 

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2 août 2020 7 02 /08 /août /2020 10:56
                                         
                                                            Des Roms déportés

 
 
A Auschwitz-Birkenau, dans la nuit du 2 au 3 août 1944, 2897 Roms survivants dans le camp, pour la plupart des femmes, des enfants et des vieillards, furent assassinés dans les chambres à gaz lors la liquidation du « Zigeunerlager » (« le camp des tsiganes »)
 

Le « Zigeunerlager » avait été établi par un décret de Himmler en décembre 1942.

Le 29 janvier 1943, son administration, le RHSA, ordonne la déportation de tous les Roms d'Allemagne et des pays occupés vers Auschwitz ( ci-dessous)
 

Déjà le 8 décembre 1938, dans le décret sur « la lutte contre le fléau tsigane » Himmler avait ordonné le recensement "intégral" des Tsiganes. A partir de 1940, ils furent déportés par milliers dans des camps de travail et des ghettos en Pologne, en application de l’ordonnance nazie du 27 avril 1940 dite de « transplantation » ( Umsiedlungserlass ) .
 
Au total, 20.000 Roms sur les 23.000 détenus dans le "Zigeunerlager" à Auschwitz-Birkenau y ont trouvé la mort  à partir du début de 1943. 13.000 d’entre eux étaient originaires d’Allemagne et d’Autriche, les autres venant de pays soumis au Troisième Reich ou collaborant avec lui.
Entre avril et juillet 1944, environ 3.500 Roms et Sinti ont été transférés vers d’autres camps. Certains d’entre eux ont survécu aux épreuves de la persécution, mais 85 % de ceux qui ont été transportés initialement  à Auschwitz Birkenau ont été exterminés.
 
Les historiens estiment que les nazis et leurs alliés auraient exterminé 500 000 Roms et Sintis soit entre le tiers et la moitié de la population tzigane vivant en Europe avant la guerre. 
Un exemple particulier est celui du lieu de mise à mort de Babi-Yar en Ukraine avec ses exécutions précoces dès 1941 ( voir ici)

 

 

                                               Commémoration Rom à Auschwitz-Birkenau
 

Pendant des décennies, les Roms et Sinti qui avaient survécu aux persécutions nazies ont été réduits au silence.
Après 1945, de nombreux pays n’ont ni reconnu ni condamné leurs persécutions raciales, et ils ont en outre continué leurs pratiques discriminatoires à l’égard des Roms et des Sinti, y compris dans le processus de restitution des biens pillés par les nazis.  
Du fait que la commémoration dépend de la reconnaissance officielle ainsi que de la recherche et de l’historiographie, les souffrances des Roms et des Sinti ont très peu attiré l’attention.
 
Face à cette situation, les Roms et les Sinti ont longuement  lutté pour être reconnus et occuper la place qui est la leur parmi les victimes du régime nazi.

C'est en 1979 seulement que l’Allemagne de l'Ouest a reconnu officiellement que l’extermination des Roms et des Sinti était fondée sur des raisons raciales, par décision du Parlement de la république fédérale d'alors .

C'est à partir de 1984 que les Roms et les Sinti eux-mêmes ont commencé à commémorer leur génocide à Auschwitz, le 2 août, date de la liquidation du  « Zigeunerlager », avec la participation des représentants des États et de la communauté internationale .

C'est en 2001 seulement que le musée national d’Auschwitz a ouvert une exposition permanente sur le génocide des Roms et des Sinti.  Ce pavillon  représente maintenant un lieu de mémoire important qui documente l'ensemble du processus de persécution mis en œuvre par les nazis et leurs alliés, dont la France de Pétain
C'est depuis 2015 seulement que  la date du 2 août a été reconnue officiellement par le parlement européen comme " Journée européenne de commémoration de l'Holocauste des Roms"
 
On l’appelle « Porajmos », « Samudaripen », holocauste rom, ou encore « Kali Traš »,( littéralement « Terreur noire »).
En 2010, en France  le secrétaire d'État aux anciens combattants  a évoqué la participation de la France à l'internement des Tziganes, lors d’une Journée nationale de la mémoire des victimes de crimes racistes et antisémites de l’État français.
 Trente et un camps, dans lesquels furent internés entre 6 000 et 6 500 "nomades", ont été gérés par les autorités françaises jusqu’en 1946. En 2016, François Hollande, lors d’une cérémonie d’hommage sur le site du plus grand de ces camps, à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), déclarait :
« La République reconnaît la souffrance des nomades qui ont été internés et admet que sa responsabilité est grande dans ce drame ».
On connaît le sort de discrimination et de racisme qui continue à accompagner la vie des populations Roms en Europe, notamment en Hongrie et Slovaquie
C'est aussi le cas dans des pays  comme l'Italie.
En France les Roms sont la cible de multiples attaques venant de tous les bords; certains responsables de l'UMP se sont spécialisés dans la dénonciation haineuse des Roms à la suite de Sarkozy et de Le Pen.

Mais à gauche aussi,  les propos et les actes discriminatoires à leur égard perpétuent l'oppression dont sont victimes ceux qui ont payé un si lourd tribut au nazisme. 
Ils continuent à subir des attaques violentes alimentées par des rumeurs complaisamment répandues, notamment sur les réseaux sociaux .
Ce fut le cas notamment en Mars 2019 en Seine Saint-Denis et dans d'autres localités d'Ile de France ( voir recensement ici), après qu'une rumeur ait circulé sur les réseaux sociaux selon laquelle des Roms, à bord d'une camionnette, kidnapperaient des enfants.
 
 
 
Nous rendons un hommage particulier à Raymond Gurême, l’un des derniers témoins de la déportation tzigane. Cet ancien déporté est décédé le 24 mai 2020 à l'âge de 95 ans.
Il  était un défenseur de la mémoire de la déportation et de la culture tzigane.
Raymond Gurême est décédé le 24 mai
Raymond Gurême est décédé le 24 mai (©DR)

 

Interné au camp de Linas-Montlhéry

 Il était l’un des derniers survivants du camp dit « d’internement des nomades » qui avait vu le jour en quelques heures à Linas-Montlhéry ( Essonne) , en novembre 1940.

 

Né au cœur des années 1920 dans une famille française tzigane, Raymond Gurême se destinait à suivre les pas de ses ancêtres dans le cirque familial ambulant. Mais tout bascule au moment des années 1940, quand l’ensemble de sa famille est arrêtée par la police française.

Après quelques jours près de Rouen dans le camp de Darnétal, il finit par atterrir au camp de Linas-Montlhéry. Avec sa famille, ils y connaîtront le froid, la faim ou encore la soif sous l’indifférence de leurs geôliers.

Un des derniers témoins

Parvenu à s’échapper à maintes reprises de camps et de situations périlleuses, il prend ensuite le chemin de la Résistance. Son action dans ses rangs lui permettra d’aider les siens et son pays, la France. 

D’ailleurs, il ne reverra ses proches que près de dix ans après le conflit mondial.

Installé à Saint-Germain-lès-Arpajon,il  passé une partie de sa vie à transmettre son histoire, comme lors de l’inauguration de la stèle en mémoire de la déportation à Brétigny-sur-Orge en 2011.

Père de quinze enfants, il s’est ainsi éteint ce dimanche 24 mai après une longue vie de lutte pour la culture tzigane. 

Le combat continue pour la reconnaissance du génocide des Roms et Sinti et contre les discriminations dont ils sont victimes si fréquemment.

MEMORIAL 98

 
 
 
 
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1 avril 2020 3 01 /04 /avril /2020 17:42

Deux mois après la nomination de Hitler comme chancelier le 30 janvier 1933, les nazis se lancent dans la violence organisée contre les Juifs d'Allemagne.

Dès l'accession de Hitler au pouvoir, de nombreuses attaques contre les Juifs avaient eu lieu dans toute l'Allemagne; les militants nazis, les SA et les SS multipliaient les agressions.

 Mais le 1er avril 1933, ils franchissent un cap et organisent la première action planifiée d'ampleur nationale contre les Juifs avec la mise en place d'un boycott visant les commerces et les professions libérales. La proximité de l’anniversaire de la naissance d'Hitler le 20 avril détermina sans doute également cette date. Les chefs nazis offraient un ainsi un tribut à l’antisémitisme enragé de leur chef.  

Ce boycott fut présenté comme un acte de représailles et de vengeance contre la prétendue  "Gruelpropaganda' (histoires d'atrocités) que les Juifs allemands et étrangers, aidés par des journalistes étrangers, étaient censés faire circuler dans la presse internationale afin de porter atteinte à la réputation de l'Allemagne nazie.

                          " Allemands, n'achetez pas chez les Juifs"  

Le jour du boycott, les soldats des "troupes d'assaut" (Sturmabteilung SA) organisèrent des piquets menaçants devant les magasins, grands et petits, qui appartenaient à des Juifs, et devant les bureaux des médecins et des avocats juifs

L'étoile de David fut peinte en jaune et en noir sur des milliers de portes et de fenêtres, accompagnée de slogans antisémites.

Les inscriptions disaient "N'achetez pas chez les Juifs" et "Les Juifs sont notre malheur" reprenant le slogan forgé par l'historien nationaliste Heinrich von Treitschke en 1879 et repris par les nazis. Les camions de SA et SS circulent dans les villes comme le montrent ces images filmées dans Berlin.

A travers toute l'Allemagne, des actes de violence furent perpétrés contre des Juifs; la police n'intervint que très rarement. 

Le boycott du 1er avril marqua le début d'une campagne d'ampleur nationale du parti nazi contre l'ensemble de la population juive.

Une semaine plus tard, le gouvernement adopta une loi limitant les emplois publics aux seuls "Aryens". Les fonctionnaires juifs, y compris les enseignants des écoles et des universités, furent licen

 

 

 

 

Après cette journée noire du 1er avril, vinrent les lois racistes de Nuremberg et l'ensemble des persécutions mises en place jusqu'au grand pogrom de la Nuit de Cristal le 9 Novembre 1938, annonciateur de la Shoah. 

Voir sur nos deux sites d'autres dossiers sur le nazisme

http://www.memorial98.org/article-30-janvier-1933-le-desastre-114868033.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/02/alerte-en-allemagne-lextreme-droite.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2019/07/ghetto-de-varsovie-la-deportation-qui.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2017/07/rafle-du-vel-dhiv-une-memoire-presente.html

http://www.memorial98.org/2017/03/le-ghetto-de-cracovie-mars-1943.html

http://www.memorial98.org/2019/10/9-novembre-2019-en-memoire-du-pogrom-nazi-de-la-nuit-de-cristal-rassemblons-nous-contre-le-fascisme.html

http://info-antiraciste.blogspot.fr/2015/08/2-aout-71-ans-apres-lextermination-des.html

http://info-antiraciste.blogspot.fr/2017/01/allemagne-negationnisme-et.html

http://info-antiraciste.blogspot.fr/2016/09/shoah-par-balles-babi-yar-septembre-1941.html

http://info-antiraciste.blogspot.fr/2016/11/face-lextreme-droite-cri-dalerte-dune.html

Hitler ? Pff, une banalité ! ... par Souâd Belhaddad

Rééditer Mein Kampf ?

Berlin : hommage à une Juste allemande

Allemagne: qui protège les néos-nazis?

Les nouveaux amis d'Hitler. 

http://info-antiraciste.blogspot.com/2019/05/8-mai-1945-le-nazisme-defait-son.html

 

MEMORIAL 98

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28 octobre 2019 1 28 /10 /octobre /2019 15:50
Rassemblement en hommage aux victimes de la Nuit de Cristal nazie
 
Samedi 9 novembre à 16 h devant le Gymnase Japy, 2 Rue Japy  à Paris dans le 11e arrondissement 
 
Métros: Charonne/Voltaire
 
 
13 novembre 2019: le film de la commémoration 2019
 
Si vous n'avez pas pu participer au rassemblement du 9 novembre à Paris en mémoire de la Nuit de Cristal, voici, quelques jours après, le film qui en retrace le déroulement.
Merci à Bernard Henry-Beccarelli pour son magnifique travail et à tous nos partenaires https://www.youtube.com/watch?v=Zv32N9D2FQc 
Accessible également ici https://vimeo.com/373559126
MEMORIAL 98
 
 
 
Memorial 98 organise pour la sixième année consécutive ce rassemblement en mémoire des victimes de la « Nuit de Cristal », pogrom d’État commis par les nazis le 9 novembre 1938, contre les Juifs d’Allemagne, d’Autriche et des Sudètes et vous invite à y participer. 
Cette commémoration est soutenue par le Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le négationnisme] l’association Ibuka-France (Justice et soutien aux rescapés du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda), la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) l’association Fonds Mémoire Auschwitz  ( AFMA). L'événement Facebook, à partager  largement, est ici  https://www.facebook.com/events/556381271854644/
 

 

La Nuit de Cristal: une étape majeure de la persécution des Juifs 
 
Lors de cette vague de violences organisée par les nazis, plusieurs centaines de personnes juives furent tuées, vingt-six mille arrêtées et pour certaines jetées dans des camps de concentration. Deux cent soixante-quinze synagogues furent brûlées ou détruites ( voir ci-dessous le déroulement organisé par les nazis) .  
 
Dans la montée du nazisme et du fascisme en Europe, la Nuit de Cristal  a représenté un jalon important.

Les nazis, au pouvoir depuis 1933, franchissaient une nouvelle étape avec cette vague de violences antisémites commises au vu et au su de toute l'Europe. 

Les images des synagogues incendiées, des enfants, des femmes et des hommes assassinés, arrêtés en masse, frappés et humiliés en public ne pouvaient pas être ignorées. 


Pourtant, en France les informations venues d'Allemagne ne changèrent pas la situation; ni à la politique de refoulement des Juifs qui tentaient de fuir l'Allemagne, ni à la politique de laissez faire face à Hitler. La France fut ainsi la seule grande démocratie à ne pas avoir dénoncé officiellement les massacres perpétrés dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938.

 

En 2018, à l'occasion du 80e anniversaire de la Nuit de Cristal, Memorial 98 a organisé une conférence spéciale. Trois historiens spécialistes de la Shoah Tal BruttmannLaurent Joly et Marie-Anne Matard-Bonucci,  y ont abordé la place de la Nuit de Cristal dans l'histoire du nazisme et de la Shoah, les réactions en France au lendemain du 9 Novembre 1938 notamment dans l'extrême-droite antisémite et l'imposition des lois  antisémites en Italie quelques semaines avant la Nuit de Cristal .

L'enregistrement filmé de la conférence est à voir ici: https://www.youtube.com/watch?v=LktMd-0B7uI&fbclid=IwAR25sTpjRMgzodzh1flevehe8tNfvH4WS4iTSNl_y2rdjTlGKLxAmLyf7cs

 

L'enregistrement filmé de la  commémoration de 2018 est à voir ici https://vimeo.com/303606032

 

En 2019, soixante-quatorze ans après la défaite du nazisme, l’extrême-droite est à l’offensive partout.

 

Ainsi en Allemagne le 27 octobre, le parti d'extrême-droite AfD atteint 24% des voix lors des élections régionales en Thuringe . Ce score est d’autant plus inquiétant qu’il a été atteint malgré les critiques ayant visé ce parti après le récent attentat antisémite et xénophobe ayant fait deux morts, commis par un militant néonazi à Halle dans l’Etat voisin de Saxe-Anhalt le 9 octobre, jour de la plus importante fête juive de Yom Kippour. 

Le chef de file de l’AfD en Thuringe, Björn Höcke, chef de la tendance la plus droitière du mouvement baptisée "l'aile" ( Flügel en allemand) a été accusé, à juste titre, d’avoir préparé le terrain idéologique pour les actes de Halle, où un massacre dans ne synagogue a été évité de peu, par ses déclarations contre la "repentance" pour les crimes nazis. Il a par exemple qualifié le Mémorial de la Shoah à Berlin de « monument de la honte »
 
Tueries dans des synagogues: Pittsburgh, San Diego, Halle
 
Dans la dernière année des attentats terroristes d'extrême-droite ont frappé plusieurs synagogues, à Pittsburgh le 27 octobre en faisant 11 morts, puis six mois plus tard exactement le 27 avril à San Diego  ( 1 morts et plusieurs blessés) Un attentat d'extrême-droite a fait 51 victimes dans les mosquées de Christchurch.
 
 Il n'est jamais trop tôt pour dire « Plus jamais ça ». Il n’est jamais trop tard pour faire de nos mémoires un outil contre les idées d’exclusion.
 
Memorial 98 et ses partenaires rendront hommage aux victimes de tous les génocides et de tous les actes de racisme pour lesquelles nous demandons la reconnaissance, la justice, la réparation, du génocide des Arméniens  a celui des Tutsi, de celui des Musulmans de Srebrenica  profané récemment par l'attribution du prix Nobel de littérature à Peter Handke, à celui des Yezidis d'Irak, de celui des Rohyngias de Birmanie à celui des Herero  en Afrique australe sans oublier celui des Roms 
Le gymnase Japy est un lieu particulier de mémoire puisque c’est là que furent parqués les Juifs raflés par la police de Vichy dès 1941, avant d’être déportés vers les camps d’extermination nazis. 
 
 
Nous allumerons des bougies du souvenir avant des prises de parole qui rappelleront que la mémoire des génocides nourrit nos combats actuels contre le racisme et le fascisme
 


Nuit de Cristal: les SA, les SS et la Gestapo en action

 

Les nazis guettaient une occasion pour lancer une étape supplémentaire de ce qui deviendrait, selon leur terminologie, la « solution finale du problème juif en Europe».

Le premier acte en sera un vaste pogrom organisé dans tous les territoires sous domination allemande, destiné à terroriser les populations juives et à les forcer à émigrer.

L'attentat à Paris contre le conseiller d’ambassade allemand Vom Rath leur offre un prétexte idéal.

Herschel Grynzspan était un jeune Juif polonais qui, le 7 novembre 1938, dans un geste de protestation contre le sort des Juifs en Allemagne et l'expulsion de milliers d'entre eux vers la Pologne, avait abattu à Paris le conseiller d'ambassade Vom Rath.

Hitler prépare alors une mise en scène destinée à démontrer que les Allemands du Grand Reich sont menacés par les Juifs. Le quotidien officiel du parti nazi, le "Völkischer Beobatcher", dirigé par Goebbels, écrit ainsi le 8 novembre, alors que Vom Rath est encore vivant :

 "… Il est clair que le peuple allemand tirera les conclusions de cette nouvelle action. On ne peut plus tolérer que des centaines de Juifs règnent encore à l'intérieur de nos frontières sur des rues entières de magasins, qu'ils peuplent nos lieux de distractions, que des propriétaires étrangers empochent l'argent des locataires allemands tandis que leurs frères de race incitent au-dehors à la guerre contre l'Allemagne et tuent des fonctionnaires allemands"

Parallèlement, dès le 8 novembre, les nazis prennent la précaution de confisquer chez les Juifs  tout objet que ceux-ci pourraient utiliser pour se défendre.

Lorsque Vom Rath décède, le 9 novembre, l’organisation de la terreur est en place.

Au moment où la nouvelle parvient à Hitler, ce dernier se trouve à Munich, avec la « vieille garde » des Sections d’assaut du parti nazi (SA). Ils sont réunis comme chaque année pour commémorer la tentative de putsch nazi de 1923 qui a également eu lieu le 9 novembre.

 Hitler quitte l'assemblée sans prononcer de discours et déclare:

"Il faut laisser le champ libre aux SA (Sections d'Assaut)"

C'est Goebbels, ministre de la Propagande, qui se charge d'annoncer publiquement le décès de Vom Rath devant l'assemblée des SA, et également d'inciter au pogrom.

Les principaux chefs nazis quittent ensuite la réunion  et téléphonent des instructions à leurs sections régionales.

Pour les troupes nazies, il s'agit d’abord  d'incendier les synagogues, sans laisser les pompiers intervenir, de détruire les magasins juifs et d’y apposer des pancartes "Mort à la juiverie internationale", ainsi que de tuer sur place les Juifs trouvés en possession d'une arme.

                               La grande synagogue de Berlin incendiée le 9 Novembre 1938      

 

 

 

 

Dans le même temps, un message secret est diffusé depuis la direction de la Gestapo (police secrète d’Etat) de Berlin.

Pour la Gestapo, il s'agit d'incendier les synagogues, mais d'empêcher les pillages, de mettre en lieu sûr les archives trouvées dans les synagogues, de préparer l'arrestation de 20 à 30 000 Juifs parmi les plus fortunés, de traiter avec une « extrême rigueur » les Juifs trouvés avec des armes.

Dans son Journal, Goebbels confirme qu'il présente un rapport sur la situation à Hitler; ce dernier décide de laisser les manifestations se poursuivre et donc de faire retirer la police.

Goebbels commente : « Les Juifs doivent sentir pour une fois la colère du peuple. »

Il décrit ensuite précisément son action, motive les indécis. Il est ovationné par les dirigeants du parti. Tous se précipitent sur leurs téléphones. Le bataillon des SA « Hitler » part attaquer les Juifs de  Munich.

Selon les directives de Goebbels, la seule réserve est de ne pas apparaître en tant qu'organisation officielle. La fiction de la « réaction populaire » doit être maintenue.

Aussi, les SA et les SS s'habillent en civil et passent à l'acte dès 1 heure de matin.

Du nord au sud de l'Allemagne, incluant l'Autriche et Sudètes annexées, synagogues, maisons communautaires, asiles de vieillards, hôpitaux juifs, maisons d'enfants, logements privés et magasins juifs subissent l'assaut.

Les synagogues sont pillées, saccagées, détruites, incendiées, sans que les pompiers n'interviennent, se contentant d'empêcher la propagation des incendies aux maisons alentour. Des groupes de SA attaquent les magasins juifs qui sont facilement reconnaissables, depuis qu'une ordonnance nazie a exigé que le nom du propriétaire soit peint sur la vitrine en grandes lettres. 

 

 

 

 

 

 

Pour la mémoire et la mobilisation contre les fascismes 

Il y a 80 ans, les gouvernements européens, pourtant dument avertis, refusaient de regarder la réalité nazie en face.

Ils fermaient leur frontière à ceux qui fuyaient Hitler, et laissaient commencer le massacre des Juifs, qui allait finir en génocide. 

L'Histoire nous montre sans cesse que les violences, les massacres, voire les génocides dirigés contre une partie de la population et considérés ailleurs avec indifférence aboutissent toujours à l'extension de la guerre et de la haine au niveau mondial.

Nous serons ces témoins qui n'oublient aucune victime de la violence fasciste du passé, parce que l'oubli est la meilleure arme des héritiers des bourreaux. 

La mémoire des génocides nourrit nos combats contre le racisme et le fascisme 

 

Retrouvons nous le 9 Novembre 2019 à 16h H devant le gymnase Japy (2 rue Japy 75011, métro Voltaire ou Charonne) afin de rendre hommage aux victimes de la Nuit de Cristal et de tous les génocides.

 

MEMORIAL 98

Vous êtes aussi invités à aider à financer les frais liés à l'organisation de la commémoration, en participant à la souscription "Pot Commun" ci-dessous

https://www.lepotcommun.fr/pot/hkegfjbc

~ Organisé par : Memorial 98 ~

 Le 9 novembre 2019, Memorial 98 organise, pour la  sixième année consécutive, une commémoration de la Nuit de Cristal, pogrom d’État perpétré par les nazis le 9 Novembre 1938 contre les Juifs d’Allemagne et d’Autriche

Nous nous rassemblerons comme chaque année à Paris devant le gymnase Japy dans le 11e arrondissement , où furent parqués, sous le régime de Vichy, les victimes des rafles de la police française, avant d'être envoyées dans les camps d'extermination nazis.

Nous aurons la chance d'avoir à nos côtés, les combattants infatigables de la mémoire des génocides arméniens de 1915 et tutsi du Rwanda de 1994 que sont nos amis du Collectif Van et d'Ibuka-France. Ainsi se concrétisera l'esprit de dialogue des mémoires qui est pour nous le seul moyen de faire vivre un antiracisme efficace

Comme chaque année, des gerbes de fleurs seront déposées lors de la cérémonie d’hommage aux victimes de la Nuit de Cristal. Les jours précédant la commémoration, des collages d'affiches auront lieu dans le quartier, afin de faire vivre une histoire que beaucoup ignorent.

Memorial 98 est un collectif indépendant, nous ne bénéficions d'aucun financement autre que celui de nos soutiens.

Si vous souhaitez et pouvez contribuer financièrement à l'organisation de cette commémoration, nous vous en remercions.

 

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7 septembre 2019 6 07 /09 /septembre /2019 11:23

Tariq Ramadan, mis en cause pour des violences sexuelles  pour lesquelles il est mis en examen, ose comparer son sort à celui du capitaine Dreyfus 

 

Il multiplie les déclarations dans ce sens. Dans livre " Devoir de vérité"  il dresse un parallèle explicite  entre son cas et l'affaire Dreyfus, ce scandale de complot des sommets de l'armée puis de déni de justice et d'antisémitisme à l'encontre du capitaine Alfred Dreyfus, accusé à tort de haute trahison en 1894 avant d'être réhabilité en 1906. Entre-temps il aura passé plus de quatre ans dans le bagne terrible de l'île du Diable.

Ramadan écrit ainsi « Si la France, pour son malheur, n’enfante plus de Zola, elle semble reproduire des Dreyfus, hier juifs, aujourd’hui musulmans. »  et aussi  "Il existe, hélas, de nombreuses similarités entre les deux affaires" . Ramadan répète les mêmes propos lors de son entretien avec Jean-Jacques Bourdin ce 6 septembre, sans que ce dernier réagisse à cette comparaison nauséabonde qui constitue une profanation à caractère antisémite. 

Or Ramadan a maintenu des liens prolongés avec Soral et Dieudonné (voir ci-dessous notre enquête publiée pour la première fois en 2009)  Ramadan a même donné son blanc-seing à la quenelle néo-nazie en niant en en 2013  son caractère antisémite pourtant évident. 

 

 

Le 19 décembre 2013  Ramadan écrit sur sa page Facebook (transcription intégrale) : 

"Quenelle... Je m'y attendais en souriant... On est venu me demander ce que je pensais du nouveau sport national français alternatif que l'on nomme 'la quenelle'. Oser prétendre qu'il s'agit d''un salut nazi inversé' est une supercherie et tout le monde le sait... Même ceux qui s'acharnent à en faire un mot d'ordre antisémite. Une propagande mensongère et malsaine.

 

Je ne suis pas adepte du sens premier, et assez vulgaire à vrai dire, du geste de 'la quenelle'. Mais dans l'esprit de la plupart de ceux qui y participent, dans le jeu comme dans la provocation, il reste une idée qui dépasse son origine, confirme son intention et donne sa puissance à la mobilisation. Le signe de la quenelle veut dire : 'Cessez de nous prendre pour des imbéciles, nous ne nous laisserons ni manipuler ni faire !'

Et ce message, franchement, quenelle ou pas, face aux imposteurs de la pensée et de la politique, il faut le répéter jusqu'à ce qu'il soit entendu...ou même vu... En souriant toujours..." 

 

En se comparent à Dreyfus, Tariq Ramadan bafoue le combat contre l'antisémitisme. Il montre aussi que le recours à l'explication du racisme contre les musulmans ( bien réel)  ne constitue pour lui qu'un prétexte. En réalité, pour sauvegarder ses intérêts personnels, il instrumentalise grossièrement la lutte contre l'islamophobie

MEMORIAL 98 

En 2009 Tariq  Ramadan fréquentait amicalement  Dieudonné et Soral comme nous le relations ici  : 

Dieudonné et Soral sont venus lancer leur campagne « antisioniste » pour les élections européennes, lors du congrès de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF)  au Bourget. Accueillis chaleureusement, ils se sont fait filmer avec un Tariq Ramadan souriant et amical (voir ci-dessus).

 

Ces images serviront la propagande « électorale » de ceux qui espèrent sans doute pouvoir réitérer l’opération "Euro-Palestine" lors des élections européennes de 2004, à laquelle ils avaient participé.
 

Lors du meeting central de cette liste prétendument "antisioniste" et en réalité antisémite au Palais des Sports de Paris, le 8 juin 2004, le duo composé de Siné (innocent, on le sait, de tout antisémitisme) et Soral s’était livré à un exercice connu des rassemblements d’extrême-droite: à la tribune, faire siffler et huer par le public  des personnalités en mentionnant leur patronyme juif (voir notre article Antisémitisme: Siné persiste et récidive )
 

Le site officiel de la liste Euro-Palestine rendait ainsi compte délicatement de cet épisode :
« … Siné et Alain Soral se sont livré avec la salle à un petit jeu de devinettes, consistant à trouver les auteurs d’un certains nombre de phrases incroyables mais vraies, sorties de la bouche de divers supporters de Sharon, mais aussi de politiciens français… »
Après le scrutin, les responsables de la liste avaient fini par écarter Dieudonné et Soral, trop marqués par leurs amitiés négationnistes.

 


La rencontre amicale et filmée du Bourget ne relève pas des images « volées » ou du hasard, puisque Ramadan a publié sur son site officiel un texte de justification dans lequel il mentionne même la mise en garde de ses proches :
 

« …J’étais présent au 26ème congrès de l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), ….Alors que je signais des ouvrages, Dieudonné et Alain Soral sont passés devant le stand : ils se sont arrêtés et nous avons eu un échange de quelques minutes. Beaucoup de personnes présentes m’ont reproché de les avoir salués alors qu’il y avait des caméras et des appareils photos qui les accompagnaient et qui « immortalisaient » cette rencontre comme d’autres pendant la durée du congrès. Au moment de notre rencontre, je ne savais pas, au demeurant, que Dieudonné et Soral avaient choisi le congrès du Bourget pour lancer la campagne européenne du « Parti antisioniste » (sic )
 

 

Même justification que le Vatican à propos de l'évêque négationniste Williamson : le pape et son entourage ne connaissaient pas ses propos  négationnistes car ils n’avaient pas eu le loisir de consulter Internet. Notons qu’il y a un autre partenaire à la campagne, en l’occurrence le « parti antisioniste » du centre chiite Zahra-France qui apporte la caution politique et  financière du régime iranien. Cette officine diffuse aussi d’ailleurs une interview complaisante  de Jean-Marie Le Pen à l’occasion d’une réception en l’honneur du 30e anniversaire de la "révolution islamique" à laquelle le chef fasciste a participé. 

Ramadan poursuit sur son site : 
"... J’ai défendu, et je continuerai à défendre, le droit de Dieudonné à s’exprimer. En 2005, j’ai dit et répété publiquement que l’on ne pouvait pas accuser Dieudonné d’antisémitisme alors que, procès après procès, il était blanchi de ces accusations..."

En utilisant cet argument Ramadan se moque du monde.
D’abord parce que Dieudonné à été condamné deux fois dont l’une pour une interview au Journal du Dimanche en 2004. Il y associait les Juifs à des « négriers reconvertis dans la banque, le spectacle et l'action terroriste » qui auraient « fondé des empires et des fortunes sur la traite des noirs Il fut condamné pour « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale ou religieuse »

 

 

Surtout, depuis 2005, Dieudonné a radicalisé son propos antisémite et négationniste, jusqu’à faire venir sur la  scène  du Zenith le 28 décembre 2008  Faurisson, symbole et porte- drapeau du négationnisme dont le programme se résume dans la phrase suivante : " les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des juifs forment un seul et même mensonge historique" (voir notre article Dieudonné, Faurisson, Le Pen : décryptage. )
 

 

Quant à Soral, l’espace manque pour citer la litanie de ses propos antisémites
Quelques échantillons permettent de se faire une idée ;  sur Antenne 2  dès le 21 septembre 2004 il avait déclaré, en présence de Dieudonné :
"…Parce qu’en gros c’est à peu près ça leur histoire -des Juifs-, tu vois. Ça fait quand même 2 500 ans, où chaque fois où ils mettent les pieds quelque part, au bout de cinquante ans, ils se font dérouiller…
Son site actuel (Egalité et Réconciliation) va jusqu’à publier  un texte intitulé « E&R et la question juive » dont le propos essentiel est de nier l’existence de l’antisémitisme.
Même lors de son départ récent du FN, motivé par sa non-désignation en tête de liste,  Soral a trouvé le moyen d’en donner une explication antisémite ;
«…  Vous le savez maintenant, je ne serai pas tête de liste Front national pour l’Ile de France aux Européennes. Je n’ai rien à faire sur la liste Dubois, pas seulement parce qu’il est débile et bègue, mais parce que ce libéral atlanto-sioniste est sur une ligne diamétralement opposée à la mienne.
…du Front seront sans doute très étonnés d’apprendre que c’est Marine, qui s’est le plus violemment opposée à mon investiture, puis à ma deuxième place, allant jusqu’à déclarer, en pleine ratonnade à Gaza, qu’elle me préférait Sulzer ( qui est  secrétaire du groupe FN au  conseil régional du FN et Juif NDLR)…
…A ceux que ça étonne d’apprendre que c’est la « bande à Marine » - cet agglomérat de multi-transfuges, de marchands du Temple et de cage aux folles - qui a tout fait pour me barrer la route et me neutraliser depuis deux ans, et ce malgré la confiance et l’amitié que m’accordait le Président, le respect et la neutralité courtoise d’un Bruno Gollnisch, je dois encore une explication…
Marine ne s’oppose jamais qu’en surface aux intérêts et à la logique de l’Empire. Ses vociférations d’avocate sur le pouvoir exorbitant des grandes surfaces lui permettant de couvrir son silence exorbitant sur le pouvoir d’autres puissances bien plus déterminantes pour l’avenir de la France et des Français, pouvoir d’achat compris !Haro donc sur Leclerc, mais silence sur Tskhinvali et Gaza…Ne restera plus ensuite, l’épuration achevée, à faire payer aux pauvres noirs et aux pauvres arabes, tous déclarés islamistes et complices du terrorisme, la souffrance imposée au peuple de France par les riches blancs, pas toujours catholiques, planqués dans leurs paradis nomades, à New-York et à Miami… »

 

On est dans la tonalité des années 1930 et  du journal « Je suis partout «  de Robert Brasillach.
Soral, prétendument « marxiste », s’est aussi lancé récemment dans le soutien au pape Benoît XVI sur Williamson et le préservatif, tout en fustigeant sa visite prévue au Mémorial de la Shoah à Jerusalem en déclarant  : 

"…Le plus triste dans cette histoire qui n’est pas finie – Benoît XVI devant se rendre très prochainement dans cette merveilleuse démocratie du Moyen-Orient qu’est Israël pour y lécher, conformément au rite de soumission mondialiste, la dalle de Yad Vashem et y abjurer un peu plus la religion du Christ, au profit de l’hérésie siono-shoatique…"

Devant cette profusion de déclarations antisémites bien connues, Tariq Ramadan opère en réalité un choix politique délibéré  consistant à s’afficher publiquement et amicalement avec le duo faurissonien.
Il est bien loin de ses condamnations antérieures de l’antisémitisme.

Ses « témoins de moralité » issus de la gauche radicale, qui l’ont tant défendu quand en octobre 2003 il a mis en cause les « intellectuels communautaires » juifs dans un texte publié sur les listes de discussion Internet du Forum social européen réagiront-il enfin ? Olivier Besancenot revendique de « faire le ménage des antisémites » lors des manifestations pour la Palestine (il s’agit en l’occurrence d’expulser Soral) mais son camarade Daniel Bensaïd reviendra-t-il sur le soutien sans faille qu'il a alors apporté à Ramadan ?

Celui-ci tente dans son texte un balancement rhétorique en formulant une divergence : « Je refuse néanmoins de la même façon les potentielles instrumentalisations de ma personne ou de ma pensée. J’ai dit et répété que rien, jamais, ne peut justifier un rapprochement avec l’extrême droite dont l’idéologie et les projets politiques sont à l’antithèse de ce que je défends. Je l’avais dit à des militants d’extrême droite comme à Marine Le Pen. Lors de notre courte rencontre au Bourget, c’est ce que j’ai dit et répété à Dieudonné et à Soral…»

Ramadan veut ainsi faire croire que lors de cette « courte » rencontre, dont le caractère amical et souriant est évident, il a trouvé le temps de sermonner le duo et les a mis en garde contre leurs alliances. Quelle blague ! A qui veut il faire croire qu’une telle discussion se tient devant les caméras ?

 

De plus sa seule critique contre les alliances avec le FN convient parfaitement au duo. Dieudonné se prétend proche de Bové, bien qu’ayant fait baptiser sa fille sous le parrainage de Le Pen, dans une église intégriste de Bordeaux. Soral vient de quitter le FN,  après y avoir fait une carrière météorique sous la protection de son dirigeant. Son slogan est «  Gauche du travail, droite  des valeurs » qui évoque irrésistiblement le socialisme national ou national-socialisme
Ramadan conclut :
« …Entre la diabolisation et l’instrumentalisation potentielles des uns et des autres, ma position reste claire : rencontrer, écouter, débattre, critiquer. Cela veut dire refuser les atteintes (très sélectives) à la liberté d’expression (et donc défendre le droit de Dieudonné ou Soral à s’exprimer ou à se produire en France)… »

A nouveau, Ramadan épouse ainsi  la posture de Dieudonné et Soral qui en font leur argument central. Il vient aussi au secours des  Le Pen , Gollnisch,  Horst Mahler , David Irving  et tutti quanti, négationnistes et néo-nazis, prétendument empêchés de s’exprimer.

 

Nous ne nous réjouissons pas que Tariq Ramadan « dévoile » enfin ses positions et apporte ainsi la preuve qu'il pratique un double langage. La lâcheté dont il fait preuve à l’égard  du duo néo-nazi Soral et Dieudonné constitue  une bien mauvaise nouvelle
Son autorité et son prestige vont en effet  leur permettre renforcer la campagne antisémite dont ils sont les porte-parole.


Memorial 98

 

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4 avril 2019 4 04 /04 /avril /2019 18:28

    

 

Le 6 avril 1944, se nouait le sort tragique de 44 enfants et 7 adultes juifs raflés dans ce village de l'Ain qui devait constituer un refuge.

Ils furent tous massacrés à Auschwitz, après être passés par Drancy, gazés dès leur arrivée, à l’exception de deux adolescents et de Miron Zlatin, fusillés à Reval (actuelle ville de Tallinn) en Estonie. Seule une éducatrice, Léa Feldblum, survécut. 

Le récit de la rafle en décrit l'horreur:

"Nous sommes au premier jour des vacances de Pâques. Il est environ 8 h 30. Les 44 enfants déjeunent au rez-de-chaussée dans le réfectoire.

L'institutrice Gabrielle Perrier est rentrée chez ses parents la veille. Avant de monter à l'infirmerie, Léon Reifman croise une dernière fois le regard de ses parents, de sa sœur et de son neveu. Mis à part le brouhaha des enfants, tout est calme en ce jeudi 6 avril 1944. Soudain deux camions et une voiture s'arrêtent devant la maison. La rafle est exécutée avec une rapidité effrayante. Trois hommes en civil, dont deux officiers de la Gestapo de Lyon, et une quinzaine de soldats de la Wehrmacht, rentrent brutalement dans la maison. Ils regroupent avec violence tous les occupants sur le palier. Prévenu par sa sœur, seul Léon Reifman échappe à l'arrestation en sautant par une fenêtre du premier étage. Les voisins Eusèbe Perticoz et Julien Favet sont les témoins impuissants de la rafle. Les enfants et les adultes sont jetés dans les camions comme de vulgaires marchandises. Les cris et les pleurs se font entendre. Le convoi quitte le hameau de Lélinaz. Comme un acte de résistance, les enfants chantent en chœur : "Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine." A la faveur d'un arrêt, à Brégnier-Cordon, les Allemands font descendre du camion, à la demande d'une habitante, le seul enfant non juif de la colonie, René Wucher (huit ans). Dans cette opération, seule l'arrestation des juifs intéresse les nazis. Puis, le convoi prend la route de Lyon. Pour les enfants et leurs éducateurs, c'est le début de l'engrenage qui mène à l'extermination.

Sabine Zlatin apprend la terrible nouvelle à Montpellier par le biais d'un simple télégramme que lui transmet Marie-Antoinette Cojean, secrétaire en chef à la sous-préfecture de Belley. Le message est le suivant : "Famille malade, Maladie contagieuse"

 

La colonie d’Izieu, ouverte par Sabine et Miron Zlatin accueillit de mai 1943 à avril 1944 plus de cent enfants pour les soustraire aux persécutions antisémites. Absente au moment de la rafle, Sabine Zlatin, désormais surnommée « la Dame d'Izieu » a consacré le reste de son existence à son combat pour la mémoire des enfants.

Le Musée-mémorial d’Izieu est l’un des trois lieux de la mémoire nationale des « victimes des persécutions racistes et antisémites et des crimes contre l’humanité » commis avec la complicité du gouvernement de Vichy reconnus par le décret du 3 février 1993., avec l’ancien Vélodrome d’hiver de Paris et l’ancien camp d’internement de Gurs.

 

Cet épisode tragique symbolise le sort des enfants durant la Shoah

 

 

On estime généralement qu'un million et demi d'enfants ont été tués durant la Shoah.   

Le soixante-quinzième anniversaire de la rafle des enfants juifs d'Izieu, le 6 avril 2019 a été marqué par deux événements particuliers:

D'une part, à Izieu même, une cérémonie a eu lieu le samedi 6 avril. Il y a été notamment dévoilé le portrait de Mme Rosa-Ida Halaunbraunner, qui manifesta à la Paz avec Beate Klarsfeld en mars 1972 ( voir ci-dessous), en pleine dictature militaire, pour exiger  que Klaus Barbie soit jugé. Il était directement responsable de la mort de son mari et de trois de ses enfants. Ses deux filles Claudine, cinq ans, et Mina, neuf ans, faisaient partie des quarante-quatre enfants juifs raflés à Izieu par la Gestapo. Elle témoigna également lors du procès Barbie, jugé  en 1987 après avoir été extradé en 1983, 11 ans après la manifestation de La Paz

 

La Paz ( Bolivie) 1972: malgré la dictature militaire Béate Klarsfeld et Rosa-Ida Halaunbraunner protestent et  s’enchainent sur un banc afin de réclamer le jugement de Klaus Barbie 
 

D'autre part à Lyon la stèle en mémoire d'Izieu, qui a été restaurée après une profanation, a été réinstallée

La tragédie d'Izieu continue de résonner dans l'histoire actuelle. C'est en effet la preuve de l'implication directe de Klaus Barbie dans cette déportation des enfants qui est à l'origine de sa condamnation à la perpétuité lors de son procès en 1987.  Il bénéficiait de la prescription pour ses autres crimes perpétrés dans le cadre de la lutte contre la Résistance. Le Mémorial d'Izieu conserve d'ailleurs le photostat du télégramme de Barbie relatif à la rafle d'Izieu. Ce document historique et juridique essentiel annonce la rafle de la colonie, dénombre les personnes arrêtées et mentionne leur transport à Drancy le 7 avril 1944. Ce document avait été produit au procès de Nuremberg et y a servi à établir le crime contre l’humanité.

Or au lendemain de la guerre, Klaus Barbie, déjà recherché pour ses crimes, a été récupéré et protégé dès 1947 par l’armée américaine. Puis, quand à partir de 1948 la France réclame son extradition, le Counter Intelligence Corps américain qui l’emploie refuse de le remettre aux autorités, puis l’exfiltre vers l’Argentine avec le concours des réseaux d’évasion de la hiérarchie de l’Église catholique.

On connaît la suite et le combat acharné, d'abord désespéré puis victorieux de Serge et Beate Klarsfeld, pour son extradition de Bolivie en 1983 et son jugement. La manifestation en 1972, à la Paz, de Beate Klarsfeld et de Mme Rosa-Ida Halaunbraunner, mère de deux  enfants déportés d'Izieu, constitue un véritable acte d'héroïsme. La Bolivie est alors sous le contrôle d'une dictature militaire qui protège Barbie, intégré dans son appareil répressif. 

Lors de son procès en 1987 à Lyon, Barbie est défendu par Jacques Vergès et tente encore de calomnier les résistants et notamment Raymond Aubrac. Vergès est en cela le modèle de son ami antisémite Roland Dumas.

Le souvenir d'Izieu réapparaîtra notamment en 1998, lors de la vague d'alliances entre la droite et le FN pour la gestion des conseils régionaux.    

En région Rhône-Alpes, Charles Million, ancien ministre de la défense de Chirac et Juppé, se faisait élire président de la région en Mars 1998 grâce à une alliance avec le Front National.
Son allié et compère était Bruno Gollnisch, chef régional du FN et négationniste avéré. Un autre pilier de l’alliance était Pierre Vial, fasciste et antisémite bien connu, animateur du courant dit "païen" dans le FN, qui fut nommé vice-président de la commission culture du conseil régional.
Face au choc provoqué par les alliances droite-FN dans cinq régions, la résistance s’organisa, notamment contre Millon. Ainsi à Izieu, dans l’Ain dont il était à l’époque député, Charles Millon fut conspué le dimanche 19 juillet 1998 lors d'une cérémonie à Izieu. 

La présidente régionale de l’Amicale des déportés d’Auschwitz, Simone Lagrange, déportée à treize ans, lui demandait publiquement de quitter les lieux. Millon ne partit qu’à la fin de la cérémonie, bafouant ainsi la mémoire des disparus, des survivants et de leurs familles. Fin novembre 1998, il fut exclu de l’association du mémorial des enfants d’Izieu puis finalement démis de ses fonctions de président de région.

                                                Simone Lagrange

Le sort tragique de ces 44 enfants demeure encore une plaie vivante qui renforce notre volonté de lutter contre les nostalgiques du nazisme et les laudateurs de Pétain.

A travers le drame particulier de la rafle d'Izieu en avril 1944, c'est le sort des enfants face à la Shoah et à tous les génocides qui est ici rappelé

 
Les enfants du Vel' d'Hiv'
 
Lors de la rafle du Vel d'Hiv' en juillet 1942, ce sont d'abord les couples sans enfants et les célibataires (1989 hommes et 3003 femmes) qui sont internés au camp de Drancy.  
Puis du 19 au 22 juillet, les familles du Vél’ d’Hiv’ sont quant à elles transportées dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande (Loiret) gérés par l’administration française.
Adultes et adolescents sont alors déportés en premier, par 4 convois, entre le 31 juillet et le 7 août 1942.
 
Le sort des enfants 
 
Brutalement séparés de leurs parents, environ 3000 enfants en bas-âge sont laissés sur place à Phitiviers  et Beaune-la-Rolande dans une détresse affreuse. Leurs parents ont été rapidement déportés vers Auschwitz, alors que les nazis n’ont pas encore donné leur réponse quant au sort des enfants. 
La période durant laquelle les enfants internés dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande ont vécu séparés de leurs parents déjà déportés est décrite par les témoins comme un des moments les plus insupportables. Âgés de 2 à 15 ans, ceux-ci restent seuls durant plusieurs semaines.
Désorientés par l’absence de leurs parents et vivant dans des baraques inadaptées à la présence d’enfants, ils vivent dans des conditions d’hygiène catastrophiques. Huit d'entre eux meurent durant cette période.
 

Le 13 août 1942, les services d’Eichmann décident que les enfants doivent également être déportés: ils sont alors transférés vers Drancy et, de là, embarqués dans les convois partant pour Auschwitz entre le 17 et 31 août 1942. La déportation d'enfants seuls est interdite par Eichmann. Il s'agit de faire croire aux cheminots français et allemands et à tous ceux qui pourraient s'approcher de ces trains que les enfants sont déportés avec leurs parents. Ainsi, Le 17 août 1942, le convoi n°20 emporte 1000 Juifs vers Auschwitz-Birkenau. Parmi eux, 580 enfants. Leurs parents ont déjà été déportés. Les convois constitués exclusivement d’enfants étant interdits  ils sont donc, à Drancy, mélangés à des adultes.

Aucun d’entre eux n’est revenu.

                                         

                                  La plaque portant les noms des enfants d'Izieu déportés

 

Lors de cet anniversaire de la rafle d'Izieu, nous rappelons également le méfait de Laurent Wauquiez. Une de ses premières mesures en tant que président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a consisté à diminuer la subvention attribuée au Mémorial des enfants d'Izieu ( voir ici). Il avait agit de même à l'encontre du centre national de la Mémoire Arménienne à Décines. Dans ces deux cas Wauquiez avait du reculer face au scandale.

Récemment, le 13 janvier dernier, il reçoit très chaleureusement Eric Zemmour lors d'un débat au siège de son parti et affirme d'emblée: " Eric (Zemmour) est ici chez lui..." Il a ainsi convergé avec celui qui veut réhabiliter Pétain et qui milite ouvertement pour une alliance de la droite et de l'extrême-droite. Zemmour était d'ailleurs intervenu peu de temps auparavant dans l'"école" de Marion Maréchal.

Cinquante ans après, le génocide des Tutsi du Rwanda

La coïncidence des dates fait que cinquante ans jour pour jour après la rafle d'Izieu débutait un autre génocide. 

Le 7 avril 1994 marque le début du génocide des Tutsi du Rwanda et des "jours de sang" du mois d'avril:

C'est à ce génocide que revient en effet le triste privilège d'ouvrir les commémorations du mois d'avril, au cours duquel est honorée la mémoire des victimes des trois génocides majeurs du XXe siècle : celui des Tutsi du Rwanda le 7 avril, date du début des massacres en avril 1994, celui de la Shoah le 19 avril correspondant au début de la révolte du ghetto de Varsovie le 19 avril 1943 celui des Arméniens le 24 avril correspondant aux premières arrestations des intellectuels arméniens à Constantinople/Istanbul en avril 1915.

Nous y associons le premier génocide du XXe siècle commis en 1904 par l'Allemagne impériale  contre les peuples Herero et Nama en Afrique australe, les actions génocidaires en Bosnie à Srebrenica, au Darfour, le génocide des Roms, les actions génocidaires du régime khmer rouge au Cambodge et la récente tentative d’extermination des Yézidis d’Irak par Daech, les actions génocidaires contre les Rohingya en Birmanie ...

 

Alors qu'un parti héritier du fascisme et du nazisme se présente en France comme une alternative crédible, il est plus que jamais urgent de rappeler ce à quoi mènent les doctrines de l'exclusion et de la haine.

Memorial 98

 

14 juillet 2020

https://www.memorializieu.eu/event/journee-nationale-en-memoire-des-victimes-des-crimes-racistes-et-antisemites-de-letat-francais-et-dhommage-aux-justes-de-france

6 avril 2020

Pour la première fois depuis 1946, la traditionnelle cérémonie de commémoration de la rafle du 6 avril 1944 n'a pas eu lieu comme d'habitude cette année, en raison de l'épidémie Covid-19 et des mesures de confinement.

La commémoration de la rafle du 6 avril 1944 a donc maintenue à la Maison d’Izieu mais dans des conditions particulières.
Ce lundi matin, à partir de 11h, une vidéo a été dévoilée. Elle montre les visages des 44 enfants juifs déportés et ceux de leurs sept accompagnateurs. Les dessins s'enchaînent sur près de trois minutes. La vidéo donne l'âge des éducateurs et des enfants déportés (le plus jeune avait 4 ans), leur provenance et le numéro du convoi qui les a conduit à la mort. Ces portraits au fusain ont été réalisés par l'artiste Winfried Veit et offert à la Maison d'Izieu en 2017.  Dans la vidéo, on découvre aussi l'âge de ces victimes de la barbarie nazie. Ces enfants étaient nés en Autriche, en Pologne, en Allemagne, en Algérie ou encore en France. 


 

 

 

28 janvier 2020: en mémoire des enfants déportés

 A l'occasion du 75e anniversaire de la libération d'Auschwitz, une belle initiative de l'UEJF: le lundi 27 janvier, ses militants ont collé toute la nuit des affichettes pour rendre les noms et prénoms des enfants déportés depuis Paris, à leur adresse précise.

Des exemples ici dans le Marais et dans le 18e arrondissement. Cette action rappelle le sort particulièrement tragique des enfants face à la Shoah et face à tous les génocidaires 

 

Mise à jour du 19 novembre 2019

 

Une nouvelle exposition en ligne en français du mémorial Yad Vashem : " Ils avaient de 7 à 13 ans. Cachés ou confiés dans l’espoir d’être sauvés, ils s'adressaient à leurs parents ou grands-parents. Tous périront loin des leurs, à voir ici https://www.yadvashem.org/yv/fr/expositions/lettres-denfants/index.asp
 
MEMORIAL 98
 

 

 

Mise à jour du 16 mai 2019: profanation au Vel' d'Hiv' d'une stèle en mémoire des enfants juifs déportés

La stèle du jardin mémorial des enfants du Vél' d’Hiv', rue Nélaton à Paris a été vandalisée, comme l'ont découvert des habitants du quartier.

 

 

Des mots badigeonnés à la peinture

Les mots badigeonnés à la peinture noire ont été choisis avec une très grande précision et attention . Il y a le chiffre « 4 115 » des enfants exterminés qui disparaît, mais aussi le mot « extermination » dans camp d’extermination, l’adverbe « abominablement » dans « mise à mort dans des conditions abominablement cruelles », la phrase « ils furent tués en totalité ».Le Jardin mémorial des enfants du Vél' d’Hiv', inauguré en juillet 2017, est un lieu  de souvenir dédié aux 4115 enfants raflés par la police française de Vichy, les 16 et 17 juillet 1942, séparés de leurs parents, déportés et exterminés à Auschwitz-Birkenau.

 

 

MEMORIAL 98

 

Voir ici d'autres dossiers de Memorial 98 sur le même thème:

http://info-antiraciste.blogspot.com/2016/05/mobilisation-pour-la-memoire-des.html

http://www.memorial98.org/2017/05/enfants-caches-et-fascisme-decouvert-combattre-le-front-national.html

http://www.memorial98.org/article-13804391.html ( à propos du livre Les enfants et la Shoah)

http://www.memorial98.org/article-allez-voir-la-rafle-46705214.html

http://www.memorial98.org/2018/05/itineraire-d-un-passeur-de-memoire.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2017/07/rafle-du-vel-dhiv-une-memoire-presente.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2016/02/simone-lagrange-victime-du-nazisme-et.html

 

 

 

 

 

 

 

 

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16 mars 2019 6 16 /03 /mars /2019 19:17

                                              Dans la bibliothèque de Daraya

 

La révolution syrienne s’est nourrie de multiples initiatives locales visant à soulever la chape de plomb du régime oppresseur par la libre circulation des idées .  

 

C’est ce que montre ce beau film de Delphine Minoui, d’après l’adaptation de son livre paru en 2017 « Les passeurs de livres de Daraya » aux éditions du Seuil (co-réalisateur Bruno Joucla.)

 

A quelques jours du huitième anniversaire du début de la révolution syrienneFrance 5 diffuse un documentaire bouleversant (et encore visible en replay) qui met en lumière des mécanismes de survie et de résistance au régime d’oppression et de destruction de Bachar el-Assad. Ces initiatives sont mises en œuvre par de jeunes révolutionnaires qui rêvent de reconstruire un monde meilleur.

 

Des hommes d’une vingtaine d’années, force vive de la jeunesse, ont pris conscience par la révolution de la nécessité vitale de combattre l’obscurantisme, grâce à l’érudition et à la transmission d’un savoir. Leur noble cause s’oppose aux forces de destruction et d’anéantissement de la guerre.  Ils entreprennent la sauvegarde d’un patrimoine culturel, mais surtout l’éveil d’un esprit critique et créatif, pendant le siège de la ville de Daraya, malgré les bombardements, les tirs de roquettes et les lâchers de barils explosifs par des hélicoptères.

 

La ville de Daraya ( à ne pas confondre avec Deraa) se situe à sept kilomètres de Damas. Elle a été l’une des premières à se soulever contre Bachar el-Assad, avec des manifestations contre le régime dès le 25 mars 2011.

Le 25 août 2012, 700 civils de Daraya y sont massacrés par les forces du régime.

Le 8 novembre de la même année,  l’armée syrienne entame un siège contre cette ville qui résiste. Bachar el-Assad la fait bombarder de 2012 à 2016.

Le reportage, suivant en cela le livre, décrit l’histoire de trois jeunes syriens, Shadi, Jihad et Ahmad. Ils ont refusé de fuir la ville de Daraya et décident de résister par la culture et par les livres.

« C’était un an et demi après le début du blocus, les copains sont entrés dans les maisons, dans les mosquées, dans les écoles pour récupérer les livres. L’idée a pris"

                                                    Des livres ramassés  

 

En 2012, Shadi avait 22 ans et s’était improvisé vidéaste :  « C’est la guerre qui m’a appris à tourner. Dans la rue de la Révolution j’attends l’hélicoptère qui larguera son baril d’explosifs pour le filmer.». 80 barils sont largués dans une même journée. Jihad est le débrouillard de l’équipe et Ahmad l’intellectuel. Ils deviennent amis et activistes inséparables.

Une quarantaine de jeunes révolutionnaires syriens rassemblent 15 000 ouvrages en un mois. Une cave est aménagée pour les mettre à l’abri et devient le refuge de tous,  un véritable lieu de vie. L’aménagement d’une bibliothèque dans une cave, avec ses rayonnages bien ordonnés de livres répertoriés, numérotés représente la reconstitution d’un cadre de vie.  A l’extérieur c’est le chaos, la mort, un monde dévasté. La bibliothèque devient la ligne de démarcation des lignes de tir, lignes de mire et paysages de désolation.

On y lit, on y apprend, on y débat, on y danse et chante des chants révolutionnaires, des cris de liesse "hourriya, liberté". On y tisse des liens indéfectibles, on y fait des promesses d’avenir.

La profusion et la diversité, le fait d’offrir un éventail de livres différents tels que la lecture du poète Nizar Kabbani, le grand philosophe arabe Ibn Khaldoun, Mahmoud Darwich (Etat de siège, Eloge de l’ombre haute) permettent d’ouvrir l’horizon de la pensée. Omar, le combattant qui préfère la présence des livres à celle des hommes, lit énormément pour lutter contre la tentation de l’extrémisme. C’est lui, qui par l’intermédiaire de Skype, demandera à un professeur de sciences politiques «  pourriez-vous nous envoyer des références de livres sur les idéologies politiques contemporaines d’auteurs occidentaux et arabes ? »

On assiste en direct à l’éveil et à l’essor des consciences.

Shadi le comprendra lors de son exil à Istanbul en 2016, en lisant le livre d’Orwell, « 1984 »  et notamment cette phrase : « Ils ne se révolteront pas avant d’avoir pris conscience. Et ils ne prendront pas conscience avant de se révolter. »

Le constat est clair et positif : malgré la guerre, la population assiégée a réussi à mener d’autres activités collectives de survie, comme la création d’un journal local,  mais aussi un potager commun permettant de cultiver des aubergines.

Malgré sa résistance, Daraya est exsangue, les convois humanitaires sont bloqués par le régime et ses alliés russes. La capitulation s'impose. Alors que la ville est détruite à 95%, le 27 août  2016, le dernier hôpital est incendié par des bombardements et les huit mille habitants reçoivent un ultimatum. Ils ont 48 heures pour quitter Daraya.

2388 habitants sont morts à Daraya entre 2011 et 2016. Actuellement c'est une ville fantôme.

 

Aujourd’hui, Jihad travaille pour une ONG qui aide les Casques Blancs de la Défense Civile. Ahmad a rejoint Jihad à Gaziantep (ville turque proche de la frontière) où il projette d’écrire une fiction sur Daraya. Shadi vit à Istanbul et rêve de devenir cameraman.

 

On peut recevoir ce documentaire comme un coup de poing sur la table. Il veut ébranler le confort de vies occidentales, réveiller des consciences endormies, oisives, désengagées de tout intérêt humaniste. Ces jeunes révolutionnaires syriens sont un exemple.


Claude Freydefont

 

MEMORIAL  98

 

Parmi les nombreux textes publiés par Memorial 98 à propos de la Syrie:

 

http://www.memorial98.org/2019/03/syrie-huit-annees-de-revolte-et-de-souffrance-marchons.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2015/11/noussommesduma-frompariswithlove.html

http://info-antiraciste.blogspot.com/2016/12/alep-non-nous-ne-sommes-pas-impuissants.html

http://www.memorial98.org/2015/10/poutine-et-assad-une-alliance-pour-massacrer-les-syriens.html

http://www.memorial98.org/2016/02/sauver-alep-et-la-syrie-libre.html

http://www.memorial98.org/article-syrie-le-sens-de-notre-soutien-114962831.html

 

 

 

 

 

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14 mars 2019 4 14 /03 /mars /2019 22:30

Mise à jour du 8 janvier: Poutine et Assad se serrent leurs mains pleines de sang à Damas.

 

Le chef du Kremlin, ordonnateur des bombardements dirigés prioritairement sur des hôpitaux se rend auprès de son protégé Assad le 6 janvier. C'est sa deuxième visite en Syrie depuis 2011.  Il assiste à une présentation triomphaliste du commandant des forces russes chargées de massacrer les Syriens et d'assurer la domination du clan Assad. 

Les bourreaux associés se congratulent et se rassurent ainsi après la mort de Soleimani.

La complaisance en France  à l'égard de Poutine et de ses médias dont RT (Russian Television) est scandaleuse. Memorial 98 a appelé à organiser une campagne de boycott contre ce "média"; voir ici  

Un autre appel est lancé afin de soutenir le film documentaire " Pour Sama" ( voir ici) qui décrit le sort de la population d'Alep bombardée et assiégée par ceux qui se congratulent sur la photo en haut de cette page.

 

Memorial 98

Mise à jour du 4 janvier 2020 après l'assasinat de Soleimani 

Trump  est un boute-feu cynique et prêt à tout au nom de "America First" Il vient de le montrer à nouveau, après avoir choisi de déchirer l'accord sur le nucléaire signé avec l'Iran. Sa conduite en Syrie en ouvrant la porte à Erdogan et Poutine, mais aussi envers le dictateur coréen Kim Jung-un, montre à quoi le conduisent le cynisme et le slogan nauséabond  "America first"
Pour autant
nous ne pleurons pas le bourreau du peuple syrien. Bachar el-Assad vient d'ailleurs de lui rendre hommage et de confirmer son rôle dans la répression sanglante en Syrie: " Le peuple syrien n'oubliera pas sa présence aux côtés de l'armée arabe syrienne dans sa défense de la Syrie face au terrorisme et ses soutiens" écrit Assad dans une lettre adressée au "guide suprême" iranien Khamenei qu'il a rencontré en février dernier à Téhéran (voir ci-dessous)

En décembre 2016, lors de la chute d’Alep martyrisée, #Soleimani s'y fait photographier en vainqueur ( ci-dessous).

Il a organisé l'intervention de Poutine en 2015 . Depuis 2012, il dirige en Syrie les forces iraniennes qui tiennent à bout de bras le régime Assad, tentant d’écraser la révolution puis  la résistance. Il y déploie une galaxie de milices alliées: de 20 000 à 25 000 combattants iraniens mais surtout irakiens, afghans et syriens, emmenés par le Hezbollah libanais. Cette internationale "chiite" suffit à endiguer l’insurrection, mais pas à la vaincre.

A l’été 2015, Ghassem Soleimani est dépêché en urgence à Moscou : devant  Poutine, il déploie des cartes de la Syrie. Il prépare l’entrée en guerre de l'armée russe dont le but est d'écraser, par tous les moyens, la révolution syrienne.

MEMORIAL 98

 

Mise à jour du 24 avril 2019

Syrie: de nouvelle preuves contre Assad

Un organisme de l'ONU, "le Mécanisme international chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en Syrie depuis mars 2011" rend son rapport officiel. Depuis avril 2018, une trentaine d’experts travaillent à la compilation des preuves des atrocités commises sous le régime de Bachar al-Assad qui permettront de faciliter d’éventuels futurs jugements de leurs responsables.

Documents, photographies, vidéos, images satellites, déclarations de victimes et de témoins et documents non classifiés, soit plus d’un million de pièces, ont été rassemblés.

Parmi ces documents, figure le « rapport César ». César, c’est le pseudonyme d’un ancien photographe de la police militaire syrienne, exfiltré en 2013 avec les clichés effroyables de dizaines de milliers de corps torturés jusqu’à la mort dans les prisons du régime syrien entre 2011 et 2013. Assad doit être jugé pour ses crimes !

​​​​​​Memorial 98

 

Malgré le déluge de fer, de feu et de gaz qui s'est abattu sur elle depuis des années, malgré la trahison répétée des gouvernements occidentaux, la population syrienne ne se soumet pas à la dictature du régime porté à bout de bras depuis 2015 par Poutine et Khamenei, avec la complicité d'Erdogan.

Ce qui vient de se passer dans la ville de Deraa le symbolise. C'est là qu'a débuté le soulèvement le 15 mars 2011, suite à la féroce répression contre des enfants qui s'étaient permis de se moquer de Assad, alors que le Printemps arabe fleurissait en Tunisie, en Egypte et au Yemen. Or  le régime a voulu y installer à nouveau une statue d'Assad ( ci-dessous) afin de symboliser son pouvoir retrouvé.

 

Des centaines de personnes sont alors descendues dans la rue afin de protester, malgré le danger et la répression omniprésentes.

 

 

Pour ceux et celles de Deraa, d'Alep, d'Idlib, d'Afrin, de Damas et de toute la Syrie, 

Marche le dimanche 17 mars 2019 à 15h, au départ de la Place de la République à Paris jusqu'à la Place de la Nation.

 

MEMORIAL 98

Appel unitaire

Au seuil du 8ème anniversaire de leur soulèvement de Mars 2011, les Syrien.ne.s ont plus que jamais besoin de notre active solidarité, en raison des cruelles attaques qui mettent en cause leurs vies.
En effet, le régime de Bachar Al Assad, soutenu et structuré par les forces militaires de Poutine et Khamenei

 

Bachar El Assad et Khameinei le 25 février à Téhéran: l'étreinte des bourreaux ​​​​​​
 

• Multiplie les exécutions (1) d'opposants dans ses prisons ;
• Procède à la spoliation de millions d'exilé.e.s en application de sa Loi n° 10 promulguée afin de permettre la confiscation (2) par le régime puis la mise aux enchères de leurs biens (terres ou maisons) pour empêcher leur futur retour.
• Menace les populations qui échappent encore à son pouvoir, dont celles d'Idlib, selon son dessein de reconquérir l'ensemble du territoire syrien. La trêve imposée à Idlib est régulièrement enfreinte par le régime Assad qui blesse et tue en le bombardant (3).
• Tente d'organiser l'impunité pour les crimes qu'il a commis pendant 8 ans. Or les preuves existent, mais il est urgent de mettre en œuvre les procédures (4) de jugement.

Face à cette terreur, la population syrienne a besoin du soutien le plus large afin de :
• Faire cesser massacres, expulsions, spoliations, détentions et bombardements, obtenir le départ de toutes les forces étrangères.
• Permettre la transition vers la paix et la démocratie par la mise en œuvre des dispositions de Genève 1 et de la Résolution 2254 du Conseil de Sécurité ; le retour en sécurité des exilés ; la libération des détenus ; le démantèlement des forces de répression et de torture ; des élections libres.
• Faire connaître à la population française l'ampleur des souffrances du peuple syrien et ses aspirations à un avenir libre et démocratique

1 https://www.washingtonpost.com/graphics/2018/.../syria-bodies/ (photos aériennes notamment).
2 https://www.lorientlejour.com/article/1111676/comment-le-regime-est-en-train-de-redessiner-la-carte-de-la-syrie.html.
3 https://www.reuters.com/article/us-mideast-crisis-syria/syrian-army-shells-kill-dozen-despite-idlib-truce-monitor-rescuers-idUSKCN1PN1VU.
4 https://www.letemps.ch/monde/geneve-coeur-lutte-contre-limpunite-syrie (900 000 documents ont été rassemblés).

Rendez-vous le dimanche 17 mars 2019 à 15h, au départ de la Place de la République à Paris jusqu'à la Place de la Nation.

***

Organisations signataires :
CPSLD (Collectif Pour une Syrie libre et démocratique) ; MEMORIAL 98 ; SYRIENS CHRÉTIENS POUR LA PAIX France ; COORDINATION DE PARIS DE LA RÉVOLUTION SYRIENNE ; REVIVRE ; DAMIR - France ; La DÉCLARATION DE DAMAS - France ; SOURIA HOURIA ; SNESUP-FSU ; CEDETIM et IPAM (Initiatives Pour un Autre Monde) ; MRAP ; Union des COORDINATIONS DES SYRIENS à travers le Monde ; COSMOPOLITAN PROJECT FOUNDATION ; COMITÉ SYRIE-EUROPE ; ALWANE (Secours aux enfants syriens) ; EELV (Europe Écologie Les Verts) ; CODSSY; COMSYR 57 ; Association SYRIE DÉMOCRATIE 33 ; SYRIE MODERNE DEMOCRATIQUE LAÏQUE ; GOLIAS ; ENSEMBLE (Mouvement pour une Alternative de Gauche alternative et solidaire) ; CSDHI (Comité de Soutien aux Droits Humains en Iran) ; PS (Parti Socialiste) ; PLACE PUBLIQUE ; FÉDÉRATION des ORGANISATIONS de SECOURS FRANCO-SYRIENNES

Articles et dossiers de Memorial 98 sur la Syrie

Syrie 10 ans : l'extrême-droite au service exclusif des bourreaux
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29 octobre 2018 1 29 /10 /octobre /2018 19:10

                              

 

Mise à jour du 9 novembre 2018:

 

En ce 9 novembre et en référence à la Nuit de Cristal , Edouard Philippe annonce une explosion des actes antisémites en 2018. Les faits sont là.

Certes la communication du premier ministre vise également à faire face aux conséquences des propos honteux de Macron sur Pétain.

Mais nous attendons maintenant une lutte résolue contre ceux qui diffusent la haine antisémite.

Plus que jamais la mobilisation est nécessaire; venez ce soir à Paris à la commémoration organisée par Memorial 98 pour le 80e anniversaire de la nuit de Cristal à 19h devant le Gymnase Japy, 2 Rue Japy dans le 11e

 

MEMORIAL 98 

 

 

 

A treize jours près, le massacre de la synagogue Ets-Haïm/Arbre de vie de Pittsburgh (ci-dessous) coïncide avec le 80e anniversaire du pogrom nazi de la Nuit de Cristal le 9 novembre 1938.

 

 

Ce crime antisémite a été commis par un suprémaciste blanc et héritier des nazis nommé Robert Bowers, qui a hurlé "Tous les Juifs doivent mourir" avant de tirer et de tuer. 
C'est une raison supplémentaire pour marquer la date du déferlement nazi de 1938, annonciateur de la Shoah.. 

EN HOMMAGE AUX VICTIMES DE LA « NUIT DE CRISTAL »

NOVEMBRE 1938-NOVEMBRE 2018: 80e ANNIVERSAIRE DU POGROM NAZI

CONFERENCE LE 7 NOVEMBRE ET RASSEMBLEMENT LE 9 NOVEMBRE 

Memorial 98 organise ces deux événements en mémoire des victimes de la « Nuit de Cristal », pogrom d’État commis par les nazis le 9 novembre 1938, contre les Juifs d’Allemagne, d’Autriche et des Sudètes et vous invite à y participer. 
 
Plus de cent personnes juives furent tuées, vingt-six mille arrêtées et pour certaines jetées dans des camps de concentration. Deux cent soixante-quinze synagogues furent brûlées ou détruites.  
 
Dans la montée du nazisme et du fascisme en Europe, la Nuit de Cristal  a représenté un jalon important.

Les nazis, au pouvoir depuis 1933, franchissaient une nouvelle étape avec cette vague de violences antisémites commises au vu et au su de toute l'Europe. 

Les images des synagogues incendiées, des enfants, des femmes et des hommes assassinés, arrêtés en masse, frappés et humiliés en public ne pouvaient pas être ignorées. 

Pourtant, en France elles ne changèrent pas la situation: ni à la politique de refoulement des Juifs qui tentaient de fuir l'Allemagne, ni à la politique de laissez faire face à Hitler. La France fut ainsi la seule grande démocratie à ne pas avoir dénoncé officiellement les massacres perpétrés dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938.

En 2018, soixante-treize ans après la défaite du nazisme, l’extrême-droite est à l’offensive dans toute l'Europe mais également au Brésil, aux USA et partout dans le monde.

 
Il n'est jamais trop tôt pour dire « Plus jamais ça ». Il n’est jamais trop tard pour faire de nos mémoires un outil contre les idées d’exclusion.
 
Ces commémorations sont soutenues par le Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le négationnisme] l’association Ibuka-France (Justice et soutien aux rescapés du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda), la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) l’association Fonds Mémoire Auschwitz  ( AFMA), le CEDETIM.
 
Memorial 98 et ses partenaires rendront hommage aux victimes de tous les génocides et de tous les actes de racisme, y compris celles de Pittsburgh et de l'Eglise de Charleston en 2015.
 
 
Une conférence le mercredi 7 novembre
 
Le mercredi 7 novembre 2018 à 19H à la mairie du 4e arrondissement de Paris 2 place Baudoyer (M° Hôtel de Ville) avec les historiens Tal BruttmannLaurent Joly et Marie-Anne Matard-Bonucci, qui traiteront de la place de la Nuit de Cristal dans l'histoire du nazisme et de la Shoah, des réactions en France au lendemain du 9 Novembre 1938 notamment dans l'extrême-droite antisémite et de l'imposition des lois « raciales » antisémites en Italie quelques semaines avant la Nuit de Cristal
Les intervenant.e.s dédicaceront leurs ouvrages. 
 
La participation au colloque est libre et gratuite mais l'inscription est obligatoire à l'adresse suivante: conference7nov2018@gmail.com 


 
 
Un rassemblement le vendredi 9 novembre 
 
 
 
Le vendredi 9 novembre 2018 à partir de 19H devant le gymnase Japy (2 rue Japy 75011, métro Voltaire ou Charonne) rassemblement de mémoire et de mobilisation, organisé pour la cinquième année consécutiveLe gymnase Japy est un lieu particulier de mémoire puisque c’est là que furent parqués les Juifs raflés par la police de Vichy dès 1941, avant d’être déportés vers les camps d’extermination nazis. 
 
Nous allumerons des bougies du souvenir avant des prises de parole qui rappelleront que la mémoire des génocides nourrit nos combats actuels contre le racisme et le fascisme


 

 

 

 

 

Nuit de Cristal: les SA, les SS et la Gestapo en action

Les nazis guettaient une occasion pour lancer une étape supplémentaire de ce qui deviendrait, selon leur terminologie, la « solution finale du problème juif en Europe».

Le premier acte en sera un vaste pogrom organisé dans tous les territoires sous domination allemande, destiné à terroriser les populations juives et à les forcer à émigrer.

L'attentat à Paris contre le conseiller d’ambassade allemand Vom Rath leur offre un prétexte idéal.

Herschel Grynzspan était un jeune Juif polonais qui, le 7 novembre 1938, dans un geste de protestation contre le sort des Juifs en Allemagne et l'expulsion de milliers d'entre eux vers la Pologne, avait abattu à Paris le conseiller d'ambassade Vom Rath.

Hitler prépare alors une mise en scène destinée à démontrer que les Allemands du Grand Reich sont menacés par les Juifs. Le quotidien officiel du parti nazi, le "Völkischer Beobatcher", dirigé par Goebbels, écrit ainsi le 8 novembre, alors que Vom Rath est encore vivant :

 "… Il est clair que le peuple allemand tirera les conclusions de cette nouvelle action. On ne peut plus tolérer que des centaines de Juifs règnent encore à l'intérieur de nos frontières sur des rues entières de magasins, qu'ils peuplent nos lieux de distractions, que des propriétaires étrangers empochent l'argent des locataires allemands tandis que leurs frères de race incitent au-dehors à la guerre contre l'Allemagne et tuent des fonctionnaires allemands"

Parallèlement, dès le 8 novembre, les nazis prennent la précaution de confisquer chez les Juifs  tout objet que ceux-ci pourraient utiliser pour se défendre.

Lorsque Vom Rath décède, le 9 novembre, l’organisation de la terreur est en place.

Au moment où la nouvelle parvient à Hitler, ce dernier se trouve à Munich, avec la « vieille garde » des Sections d’assaut du parti nazi (SA). Ils sont réunis comme chaque année pour commémorer la tentative de putsch nazi de 1923 qui a également eu lieu le 9 novembre.

 Hitler quitte l'assemblée sans prononcer de discours et déclare:

"Il faut laisser le champ libre aux SA (Sections d'Assaut)"

C'est Goebbels, ministre de la Propagande, qui se charge d'annoncer publiquement le décès de Vom Rath devant l'assemblée des SA, et également d'inciter au pogrom.

Les principaux chefs nazis quittent ensuite la réunion  et téléphonent des instructions à leurs sections régionales.

Pour les troupes nazies, il s'agit d’abord  d'incendier les synagogues, sans laisser les pompiers intervenir, de détruire les magasins juifs et d’y apposer des pancartes "Mort à la juiverie internationale", ainsi que de tuer sur place les Juifs trouvés en possession d'une arme.

       La grande synagogue de Berlin incendiée le 9 Novembre 1938      

 

 

Dans le même temps, un message secret est diffusé depuis la direction de la Gestapo (police secrète d’Etat) de Berlin.

Pour la Gestapo, il s'agit d'incendier les synagogues, mais d'empêcher les pillages, de mettre en lieu sûr les archives trouvées dans les synagogues, de préparer l'arrestation de 20 à 30 000 Juifs parmi les plus fortunés, de traiter avec une « extrême rigueur » les Juifs trouvés avec des armes.

Dans son Journal, Goebbels confirme qu'il présente un rapport sur la situation à Hitler; ce dernier décide de laisser les manifestations se poursuivre et donc de faire retirer la police.

Goebbels commente : « Les Juifs doivent sentir pour une fois la colère du peuple. »

Il décrit ensuite précisément son action, motive les indécis. Il est ovationné par les dirigeants du parti. Tous se précipitent sur leurs téléphones. Le bataillon des SA « Hitler » part attaquer les Juifs de  Munich.

Selon les directives de Goebbels, la seule réserve est de ne pas apparaître en tant qu'organisation officielle. La fiction de la « réaction populaire » doit être maintenue.

Aussi, les SA et les SS s'habillent en civil et passent à l'acte dès 1 heure de matin.

Du nord au sud de l'Allemagne, incluant l'Autriche et Sudètes annexées, synagogues, maisons communautaires, asiles de vieillards, hôpitaux juifs, maisons d'enfants, logements privés et magasins juifs subissent l'assaut.

Les synagogues sont pillées, saccagées, détruites, incendiées, sans que les pompiers n'interviennent, se contentant d'empêcher la propagation des incendies aux maisons alentour. Des groupes de SA attaquent les magasins juifs qui sont facilement reconnaissables, depuis qu'une ordonnance nazie a exigé que le nom du propriétaire soit peint sur la vitrine en grandes lettres. 

 

Pour la mémoire et la mobilisation contre les fascismes 

Il y a 80 ans, les gouvernements européens, pourtant dument avertis, refusaient de regarder la réalité nazie en face.

Ils fermaient leur frontière à ceux qui fuyaient Hitler, et laissaient commencer le massacre des Juifs, qui allait finir en génocide. 

L'Histoire nous montre sans cesse que les violences, les massacres, voire les génocides dirigés contre une partie de la population et considérés ailleurs avec indifférence aboutissent toujours à l'extension de la guerre et de la haine au niveau mondial.

Nous serons ces témoins qui n'oublient aucune victime de la violence fasciste du passé, parce que l'oubli est la meilleure arme des héritiers des bourreaux. 

La mémoire des génocides nourrit nos combats contre le racisme et le fascisme 

 

 

Retrouvons nous le 7 Novembre à partir de 18h30 à la Mairie du 4e arrondissement ( Place Baudoyer 75004 , métro Hôtel de ville)   et le 9 Novembre 2017 à 19 H devant le gymnase Japy (2 rue Japy 75011, métro Voltaire ou Charonne) afin de rendre hommage aux victimes de la Nuit de Cristal et de tous les génocides.

 

MEMORIAL 98

 

 

 

 

 

 

 

Vous êtes aussi invités à aider à financer les frais liés à l'organisation de la commémoration, en participant à la souscription "Pot Commun" ci-dessous

https://www.lepotcommun.fr/pot/hkegfjbc

~ Organisé par : Memorial 98 ~

 Le 9 novembre 2018, Memorial 98 organise, pour la  cinquième année consécutive, une commémoration de la Nuit de Cristal, pogrom d’État perpétré par les nazis le 9 Novembre 1938 contre les Juifs d’Allemagne et d’Autriche

Nous nous rassemblerons comme chaque année à Paris devant le gymnase Japy dans le 11e arrondissement , où furent parqués, sous le régime de Vichy, les victimes des rafles de la police française, avant d'être envoyées dans les camps d'extermination nazis.

Nous aurons la chance d'avoir à nos côtés, les combattants infatigables de la mémoire des génocides arméniens de 1915 et tutsi du Rwanda de 1994 que sont nos amis du Collectif Van et d'Ibuka-France. Ainsi se concrétisera l'esprit de dialogue des mémoires qui est pour nous le seul moyen de faire vivre un antiracisme efficace

Comme chaque année, des gerbes de fleurs seront déposées lors de la cérémonie d’hommage aux victimes de la Nuit de Cristal. Les jours précédant la commémoration, des collages d'affiches auront lieu dans le quartier, afin de faire vivre une histoire que beaucoup ignorent.

Memorial 98 est un collectif indépendant, nous ne bénéficions d'aucun financement autre que celui de nos soutiens.

Si vous souhaitez et pouvez contribuer financièrement à l'organisation de cette commémoration, nous vous en remercions.

 

 

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