Mise à jour du 30 septembre 2022
81e anniversaire du massacre de Babi Yar du 29 et 30 septembre 1941.
Alors que Poutine annexe des territoires ukrainiens après des simulacres de référendums, Volodimyr Zelenski a le 28 septembre rendu hommage aux Juifs victimes du massacre de Babi Yar (Babyn Yar en ukrainien) au Memorial qui marque cette étape de la Shoah
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Les délégués gouvernementaux pour les questions relatives à la Shoah aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada, en Allemagne et dans cinq autres pays européens ont saisi l'occasion de l'anniversaire du massacre de Babi Yar pour publier une déclaration commune condamnant les actions militaires russes en Ukraine et l'utilisation d'une prétendue lutte contre les "nazis" au pouvoir dans ce pays:
"Nous ne devons jamais oublier le crime odieux contre l'humanité qui s'est produit il y a 81 ans, lorsque près de 34 000 Juifs ont été assassinés par les nazis et leurs complices à Babi Yar. Nous ne laisserons jamais le souvenir de ces victimes et de tous ceux qui ont été assassinés pendant l'Holocauste ( Shoah) être déshonoré, effacé ou cyniquement détourné à des fins politiques", peut-on lire dans la déclaration.
"Il est donc particulièrement horrifiant que Vladimir Poutine justifie sa guerre contre l'Ukraine en détournant l'histoire de l'Holocauste. Dire que l'Ukraine d'aujourd'hui doit être "dénazifiée" est une insulte à tous ceux qui ont souffert du régime nazi en Ukraine. Nous appelons la Russie à mettre immédiatement fin à sa guerre d'agression contre l'Ukraine."
Cette déclaration converge avec celle des historiens de la Shoah publiée le 27 février dernier (ci-dessous)
L'actualité de la commémoration est marquée par la sortie du film documentaire Babi Yar. Contexte. du cinéaste ukrainien Sergueï Loznitsa. Une analyse approfondie en est présentée ci-dessous:
Lisa Vapné, « Babi Yar. Contexte. Un film de Sergueï Loznitsa », RevueAlarmer, mis en ligne le 10 février 2022. https://revue.alarmer.org/babi-yar-contexte-un-film-de-serguei-loznitsa/
Memorial 98
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Attaque antisémite du pouvoir russe contre Zelensky, comparé à Hitler, dans une théorie ultra-complotiste
"Depuis le 24 février 2022, les forces armées de la Fédération de Russie sont engagées dans une agression militaire de l’Ukraine que rien ne justifiait. Cette attaque s’inscrit dans le prolongement de l’annexion de la péninsule de Crimée par la Russie en 2014 et de sa forte implication dans le conflit armé dans la région du Donbass.
L’attaque russe fait suite aux accusations formulées par le président russe Vladimir Poutine de crimes contre l’humanité et de génocide1 qui auraient été commis par le gouvernement ukrainien dans le Donbass. La propagande russe présente régulièrement les dirigeants élus de l’Ukraine comme des nazis et des fascistes qui opprimeraient la population locale d’origine russe, qui devrait donc être libérée. Le président Poutine a déclaré que l’un des objectifs de son « opération militaire spéciale »2 contre l’Ukraine est la « dénazification »3 du pays.
Nous sommes des spécialistes des processus génocidaires, de la Shoah et de la Seconde Guerre mondiale. Nos vies professionnelles sont dédiées à l’étude du fascisme et du nazisme, et à la commémoration de leurs victimes. Nombre d’entre nous sont activement engagés dans la lutte contre les héritiers actuels de ces régimes maléfiques et contre tous ceux qui tentent de nier ou de dissimuler leurs crimes.
Nous rejetons fermement l’utilisation cynique par le gouvernement russe du terme génocide, de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah, ainsi que l’assimilation de l’État ukrainien au régime nazi pour justifier son agression unilatérale. Cette rhétorique est erronée sur le plan des faits, moralement répugnante et profondément offensante pour la mémoire des millions de victimes du nazisme et de ceux qui l’ont courageusement combattu, notamment les soldats russes et ukrainiens de l’Armée rouge.
Nous n’idéalisons pas la société et l’État ukrainiens. Comme tout autre pays, il compte des groupuscules d’extrême droite extrémistes et des groupes xénophobes violents. L’Ukraine doit aussi mieux faire face aux chapitres les plus sombres de son histoire douloureuse et compliquée. Pourtant, rien de tout cela ne justifie l’agression russe et cette manière écœurante de qualifier l’Ukraine. En ce moment crucial, nous nous unissons à l’Ukraine libre, indépendante et démocratique et rejetons fermement l’utilisation abusive par le gouvernement russe de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale comme légitimation de sa propre violence." Ce texte a été publié en anglais et en russe avec la liste des signataires le 27 février 2022 dans le Jewish Journal ici.
L'attaque brutale de Lavrov, acolyte dévoué de Poutine, constitue une escalade antisémite alors que jusqu'à ce jour le nom juif n'était pas apparu malgré l'accusation mensongère et manipulatrice d'un " nazisme" dirigeant l'Ukraine. Poutine, au fil de ses interventions sur l’Ukraine, se présente en héritier de la guerre contre les ( vrais) nazis Pourtant, le mot « juif » n’apparaît dans aucun de ses textes, pas plus que le mot « génocide » appliqué à la seconde guerre mondiale.
« En Russie, à l’instar de ce qui se passait en URSS, explique l'historienne spécialiste Marlène Laruelle, à aucun moment on ne dit clairement que le nazisme est une idéologie de la race, qui veut détruire d’autres races. On le présente toujours comme une création des capitalistes contre l’URSS et contre les Slaves. La Shoah n’est pas niée, mais les juifs sont mentionnés avant tout comme des citoyens soviétiques, et l’accent est mis sur le nombre de Soviétiques morts, plus que sur la spécificité de la Shoah. » Dénoncer le nazisme sans mettre en avant son crime principal, qui définit sa place dans l’histoire : ultime paradoxe de la « dénazification » poutinienne.
Poutine poursuit ainsi le silence sur le caractère spécifiquement antisémite du nazisme et de ses crimes
Le 29 et 30 septembre 1941, trente-trois mille sept cents Juifs ukrainiens de tous âges et des deux sexes ont été tués par les nazis au lieu-dit Babi Yar (le «ravin de la vieille femme» en russe) à proximité de Kiev.
Le site de Babi Yar a été jusqu'en 1943 le théâtre d'exécutions massives: jusqu'à 100.000 personnes y ont été tuées, parmi lesquelles des Juifs, des Roms, des combattants de la résistance et des prisonniers de guerre soviétiques.
En effet, les autorités soviétiques staliniennes niaient et dissimulaient le caractère antisémite des exactions nazies, ajoutant ainsi une occultation au génocide lui-même.
La diatribe antisémite de Lavrov doit être condamnée. Elle éclaire la manipulation complotiste de la guerre d'invasion de Poutine dont l'armée multiplie les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité, comme à Boutcha (ci-dessous) et à Marioupol. Cela fut déjà le cas dès 1999 en Tchétchénie et se poursuit en Syrie.
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Plus que jamais nous sommes aux côtés de la population ukrainienne qui se défend contre la sale guerre déclenchée par le maître impérialiste du Kremlin. Avec le mouvement de soutien en France auquel nous participons, nous réclamons notamment la livraison des armes demandées par l'Ukraine.
Les positions d'une partie de la gauche française ( LFI et PCF notamment) sont indignes face à un nécessaire engagement internationaliste et à la nécessité de soutenir le droit de se défendre face à la guerre impérialiste et criminelle de Poutine.
Ce combat se poursuivra jusqu'au retrait total des troupes russes de toute l'Ukraine et au jugement de Poutine pour ses crimes de guerre https://information.tv5monde.com/info/guerre-en-ukraine-sur-le-site-du-massacre-de-babi-yar-une-frappe-russe-qui-remue-les-symboles devant la Cour pénale internationale
MEMORIAL 98
Mise à jour du 6 mai 2021: Manipulation autour d'"excuses" de Poutine
Le président russe Vladimir Poutine aurait présenté ses excuses au Premier ministre israélien Naftali Bennett pour les propos de son chef de la diplomatie, selon un communiqué du bureau du dirigeant israélien publié jeudi 5 mai. "Le Premier ministre a accepté les excuses du président Poutine pour les remarques de Lavrov et l'a remercié d'avoir mis au clair son attitude concernant le peuple juif et la mémoire de l'Holocauste", est-il écrit.
Mais du côté russe, nul mention d'excuses ou même d'une référence à cette affaire.
Qui dit vrai?
Memorial 98
Articles et dossiers de Memorial 98 en rapport
http://info-antiraciste.blogspot.com/2021/09/il-y-80-ans-33700-juives-et-juifs.html
http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/08/la-nuit-des-poetes-juifs-assassines-le.html
http://info-antiraciste.blogspot.com/2016/03/genocide-de-srebrenica-karadzic-enfin.html
http://info-antiraciste.blogspot.com/2015/03/tchetchenie-quand-poutine-massacrait.html
http://www.memorial98.org/2019/03/syrie-huit-annees-de-revolte-et-de-souffrance-marchons.html