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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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4 avril 2023 2 04 /04 /avril /2023 14:20

 

                           Combattant-es du ghetto de Varsovie

80ème anniversaire de l’insurrection du Ghetto de Varsovie

Hommage public le 16 avril 2023 à 14H30, Paris, Place de l’Hôtel de Ville.

 

Le 19 avril 1943 constitue la date de début de l’insurrection du soulèvement du Ghetto de Varsovie.

C’est à la fois un symbole important de la Shoah et un moment crucial de la lutte contre le nazisme. En ces temps de montée des droites extrêmes, des idées fascisantes, de l’antisémitisme et de tous les racismes, cette mémoire doit selon nous être particulièrement. portée par les forces du mouvement social.

C’est pourquoi le Réseau de lutte contre l'Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR) prend l’initiative d’organiser un hommage public aux insurgé.es le dimanche 16 avril à 14h30, sous la forme d’un rassemblement Place de l'Hôtel de Ville, dont vous trouverez l’annonce ci-jointe.

 

Interviendront notamment : 

Aleksander Edelman (fils de Marek Edelman, dirigeant de la révolte du ghetto, dont les Carnets retrouvés viennent de paraître aux Éditions Odile Jacob)

Zoé Grumberg, historienne.

 La mémoire des victimes de tous les génocides sera étroitement associée à cet hommage par la présence et l’intervention de représentants Tutsi, Arméniens et Ukrainiens. 

 

Des moments musicaux accompagneront le rassemblement.

 

Événement sur le site du RAAR : 

https://raar.info/2023/03/80e-anniversaire-soulevement-ghetto-varsovie/ 

 

Cet hommage est soutenu par de nombreuses associations et organisations :  Ligue des Droits de l'Homme ( LDH) ; IBUKA (rescapés du génocide des Tutsi) ; Collectif VAN (vigilance arménienne contre le négationnisme) ; Union des Ukrainiens de France  (UUF),  Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (ACORT) ; Alliance des Femmes pour la démocratie ( AFD) ; Collectif national Droit des Femmes ;  Fédération Syndicale Unitaire (FSU) , Juives et Juifs Révolutionnaires (JJR); Organisation Révolutionnaire Antiraciste Antipatriarcale Juive (ORAAJ) ; JCall ; La Paix Maintenant ; Collages féministes juif-ves Marseille ; Collages Judéités Queer ;  Association Fonds Mémoire Auschwitz (AFMA) ; Union des Juifs pour la Résistance et l'entraide ( UJRE) ; Club laïque de l’enfance juive ( CLEJ) ; Les Guerrières de la Paix ;  Memorial 98 ; La Horde ; Editions Antoinette Fouque ; Amis de la Révolution prolétarienne (revue) ; Les éditions syndicalistes ; Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes (VISA) ; EELV; Gauche Démocratique et Sociale (GDS) ;  ENSEMBLE ! ; Mouvement des Progressistes (MDP).

C'est au génocide des Tutsi au Rwanda que revient le triste privilège d'ouvrir les commémorations du mois d'avril, au cours duquel est honorée la mémoire des victimes de trois génocides majeurs du XXe siècle : celui des Tutsi du Rwanda le 7 avril (date du début des massacres en avril 1994) celui de la Shoah le 19 avril (correspondant au début de la révolte du ghetto de Varsovie le 19 avril 1943) celui des Arméniens le 24 avril (correspondant aux premières arrestations des intellectuels arméniens à Constantinople/Istanbul en avril 1915).

Nous y associons les actions génocidaires en Bosnie à Srebrenica  au Darfour, le génocide nazi des Roms, les actions génocidaires du régime khmer rouge au Cambodge et la récente tentative d’extermination des Yézidis d’Irak par Daech, le premier des génocides du 20e siècle contre les peuples Herero et Nama ; l'Holodomor en Ukraine récemment reconnu par le Parlement européen ainsi que l'Assemblée nationale en France, le génocide des Ouïghours ...

 

Le 19 avril, date du début du soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943, symbolise l'extermination des Juifs d'Europe par les nazis
La révolte d'avril 1943 se produisit dans les conditions terribles d'un ghetto déjà en partie vidé de ses habitants. 
En effet, depuis le 23  juillet 1942, jour après jour, cinq à six mille personnes étaient emmenées par les nazis, du ghetto vers la "Umschlagplatz"  ou "place du transbordement" puis déportées vers le camp d'extermination de Treblinka. 
 
Le début du ghetto

                      L'enfermement dans le ghetto.

 
Le ghetto de Varsovie a été instauré le 12 octobre 1940, date qui correspondait cette année-là à la grande fête juive de Yom Kippour.
Les nazis, dans leur rage antisémite, utilisaient souvent les dates des fêtes religieuses juives afin de procéder à des persécutions particulières ou de marquer leur "connaissance" du judaïsme.
Les nazis annoncèrent à la population juive qu'elle devait déménager dans ce "quartier juif" exigu qui fut ceint de barbelés. Le 16 novembre, on y transfère de force les Juifs, soit un tiers de la population de la ville, qui doivent se concentrer sur sur 2,4 % de sa superficie : 450 000 personnes sont alors coupées du reste du monde.
   
L"Aktion" comme l’appelaient les nazis, de déportation vers la mort, débuta le 22 juillet 1942. Cette date correspondait au jour de Tish'a Beav, qui commémore par le deuil et le jeûne la destruction du Temple juif de Jérusalem par l'armée romaine en l'an 70 de notre ère.
 
Chaque 22 juillet à Varsovie, une marche démarre du monument de l'"Umschlagplatz", lieu d'où partaient les convois de déportés puis parcourt l'ancien espace du ghetto, dont il ne subsiste strictement rien.
Elle se termine devant le centre culturel et de mémoire dédié à Emmanuel Ringelblum, héroïque historien du ghetto et animateur du réseau "Oneg Shabbat" qui en préserva la mémoire. 

 

Une révolte préparée

La déportation des Juifs de Varsovie s’inscrivait dans le cadre de la plus vaste "Aktion Reinhardt", organisée par les nazis en Pologne occupée; celle-ci inclut la construction des camps d'extermination de Belzec (mars 1942), Sobibor (mai 1942) et Treblinka (juillet 1942). 

Ce dernier camp joue un rôle particulier dans l'extermination des Juifs de Varsovie. 280 000 Juifs déportés de la capitale polonaise y seront assassinés. 
 
L'Aktion de Varsovie prit fin temporairement le 21 septembre suivant, à nouveau durant le jour de la plus importante fête juive, Yom Kippour.
Après cette grande déportation, le ghetto de Varsovie est réduit à un camp de travail où 36 000 Juifs survivent officiellement et où 20 à 25 000 clandestins se cachent. Son sursis tenait d’une part à la pénurie de main-d’œuvre gratuite dont l'administration nazie voulait disposer, et d'autre part à la nécessité d’une pause afin de recenser et d’expédier vers le Reich les biens volés dans le ghetto. 
 
Quelques jours après le début de la déportation de juillet, la résistance juive s’unifia dans un « Bloc antifasciste » et se dota d’une branche armée, l’Organisation juive de combat (OJC), fondée le 28 juillet 1942. Cette démarche déboucha plusieurs mois plus tard sur le soulèvement du ghetto
Les premières opérations de l'OJC furent dirigées contre les responsables de la "police juive" et autres collaborateurs.
 
En janvier 1943, une seconde Aktion visant à liquider le reste du ghetto fut interrompue par les nazis eux-mêmes au bout de quatre jours, face à la résistance et au fait que la population se cache dans un réseau souterrain creusé durant des mois.
Heinrich Himmler, en déplacement à Varsovie, ordonna alors la destruction du ghetto et de ses habitants. Au même moment le ghetto de Cracovie fut liquidé en Mars 1943.
 
Le 19 avril 1943, correspondant cette année là au début de la fête juive de Pessah,  les unités SS chargées de liquider le ghetto furent repoussées par les combattants. Ceux-ci ne disposent que de quelques revolvers et grenades. Quand le millier de soldats allemands pénètrent en force dans le ghetto, les résistants les attendent  barricadés dans leurs bunkers et leurs caves. Au nombre de 1000 environ, ils sont regroupés principalement dans l'Organisation des Combattants Juifs, (OJC, ZOB en polonais) commandée par le jeune Mordehaï Anilewicz, membre de l’organisation de jeunesse Hachomer Hatzaïr.
Dès l’invasion de la Pologne par les nazis, Anilewicz avait  rejoint avec des membres de son groupe l’est de la Pologne, pour aider à retarder l'avance allemande. Après l'invasion de ces régions orientales de la Pologne par les armées de Staline, à la suite du pacte germano-soviétique, les Soviétiques l'arrêtent et l'emprisonnent. Il est libéré peu de temps après, et retourne alors à  Varsovie
 
Face à l'insurrection, le commandant allemand est relevé de ses fonctions, le général SS Jürgen Stroop lui succède. Il est lui-même est pris de court par la rébellion des "sous-hommes" ainsi que les nazis qualifiaient les Juifs. Dès lors, les troupes SS vont incendier systématiquement les immeubles et propulser du gaz dans les souterrains afin d'en déloger les résistants. 
Ces derniers vont tenir pendant un mois, malgré leur très faible niveau d'armement et de nourriture. Plus de deux mille SS, soutenus par de l‘artillerie et des blindés, incendient le ghetto, maison après maison. Les Juifs sont asphyxiés, carbonisés, enterrés vivants dans les abris où ils sont retranchés. 
Six mille Juifs présents dans le ghetto trouvent la mort dans les combats ou se suicident. Sept mille sont fusillés sur place. Les autres sont déportés. Une poignée de miraculés échappe à la mort en s'enfuyant par les égouts.

Le 16 mai 1943, Stroop fait dynamiter la grande synagogue du ghetto. Il  annonce à Himmler : « Il n’existe plus de quartier juif à Varsovie. »
 
                                
Cette photo célèbre provient du rapport adressé par le général SS Stroop à Himmler  après l'écrasement de la révolte. Elle a donc été prise et diffusée dans le cadre de la propagande nazie.
Elle porte la mention " forcés hors de leurs caves" 
 
Le testament de Mordehaï Anilewicz
 
La rébellion se termine à la mi-mai. Mordehaï Anilewicz se suicide le 8 mai avec une partie de la direction de l'OJC ; il a 24 ans. 
 Le 23 avril 1943, il avait écrit dans une dernière lettre :
«Les Allemands ont fui par deux fois du ghetto. L'une de nos compagnies a résisté 40 minutes et une autre s'est battue pendant plus de six heures... Nos pertes en vies humaines sont faibles et ceci est également une réussite...
Grâce à notre radio, nous avons entendu une merveilleuse émission relatant notre lutte. Le fait que l'on parle de nous hors du ghetto nous donne du courage.
Soyez en paix, mes amis de l'extérieur ! Peut-être serons-nous témoins d'un miracle et nous reverrons-nous un jour. J'en doute ! J'en doute fort !
Le rêve de ma vie s'est réalisé. L'auto-défense du ghetto est une réalité. La résistance juive armée et la vengeance se matérialisent. Je suis témoin du merveilleux combat des héros juifs...»

 
Quelques jours plus tard, le 12 mai, Szmuel Zygielbojm, représentant du mouvement ouvrier juif Bund dans le gouvernement polonais en exil à Londres, se suicide dans cette ville.
Il proteste ainsi contre l’inaction des gouvernements alliés, dûment avertis de la situation en Europe de l'Est et notamment en Pologne.
Lui-même avait alerté publiquement sur l'extermination en cours.
Il laissa une lettre dont voici des extraits :
« Derrière les murs du ghetto se déroule à présent le dernier acte d’une tragédie sans précédent dans l’Histoire. La responsabilité du forfait consistant à exterminer la totalité de la population juive de Pologne retombe au premier chef sur les exécutants; mais, indirectement, elle rejaillit également sur l’humanité tout entière. Les nations et les gouvernements alliés n’ont entrepris jusqu’ici aucune action concrète pour arrêter le massacre. 
En acceptant d’assister passivement à l’extermination de millions d’êtres humains sans défense - les enfants, les femmes et les hommes martyrisés - ces pays sont devenus les complices des criminels.[...]. Mes camarades du ghetto de Varsovie ont succombé, l’arme au poing, dans un dernier élan héroïque. Il ne m’a pas été donné de mourir comme eux, ni avec eux. Mais ma vie leur appartient et j’appartiens à leur tombe commune. Par ma mort, je désire exprimer ma protestation la plus profonde contre la passivité avec laquelle le monde observe et permet l’extermination du peuple juif.

Je suis conscient de la valeur infime d’une vie humaine, surtout au moment présent. Mais comme je n’ai pas réussi à le réaliser de mon vivant, peut-être ma mort pourra-t-elle contribuer à arracher à l’indifférence ceux qui peuvent et doivent agir pour sauver de l’extermination — ne fût-ce qu’en ce moment ultime — cette poignée de juifs polonais qui survivent encore. Ma vie appartient au peuple juif de Pologne et c’est pourquoi je lui en fais don… »
 (Londres, mai 1943)

Nos pensées vont vers les victimes de cette extermination et vers ceux qui au cœur des ténèbres, entamèrent la préparation de leurs actes héroïques qui apparurent au grand jour dans les mois qui suivirent. 
 
 
80 ans ans après les déportations de Varsovie, le nazisme est défait mais son héritage et ses nostalgiques sont plus que jamais à combattre.
Ses héritiers rêvent toujours de massacrer des Juifs comme le montrent les attentats dans les synagogues de San Diego, PittsburghHalle
En Pologne même, l’antisémitisme et le racisme sont fortement stimulés par le pouvoir de droite radicale du PiS. Celui-ci a franchi une nouvelle étape dans sa tentative visant à réécrire l’histoire du pays.
Il a promulgué en février 2018 une loi sur la "mémoire". Sous prétexte de mise en cause du terme "camp de la mort polonais", le texte menace de prison quiconque évoque la collaboration de Polonais avec le nazisme, 
voire le massacre des Juifs de Jedwabne, perpétré par leurs voisins polonais. Les protestations se sont multipliées dans le monde entier mais à ce jour le pouvoir maintient l’arme révisionniste de cette loi. Le premier ministre israélien Netnayahou s’est en revanche compromis dans un accord avec le gouvernement polonais, contre l’avis des responsables du mémorial de Yad Vashem. 
 
Des propagandistes de la haine déversent des flots de propos complotistes et racistes, grâce à la complaisance des grandes plates-formes et à l'indulgence de juges qui les protègent en reculant devant l’application des lois limitant le négationnisme, comme dans le cas de Soral et Dieudonné
 
Nous en appelons plus que jamais au combat contre les idéologies et actes racistes et antisémites,  quels que soient leur prétextes, ainsi que pour la mémoire des génocides et crimes contre l'humanité
 
Memorial 98

 

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