La "liquidation" par les nazis du ghetto juif de Cracovie, capitale historique de la Pologne, située à soixante-cinq kilomètres du camp d'Auschwitz, eut lieu le 13 et 14 mars 1943.
Un mois plus tard débutait la révolte du ghetto du Varsovie, dont la liquidation avait débuté quelques mois plus tôt, en juillet 1942.
La SS et la police planifièrent cette liquidation en obéissant à l'ordre de Heinrich Himmler d'octobre 1942.
Ce dernier avait ordonné d'achever la mise à mort des Juifs dans la zone dite du " Gouvernement général de Pologne".
Il ordonnait également d'incarcérer dans les camps spéciaux ceux dont le travail forcé demeurait nécessaire pour la machine de guerre nazie.
Le 13 et 14 mars 1943, les SS et les policiers lancèrent l'opération dans le ghetto de Cracovie et massacrèrent sur place environ 2000 Juifs, notamment les personnes âgées, les enfants et les malades .
Deux mille autres, qui étaient capables de travailler, furent transférés au camp de travail forcé de Plaszow, à proximité immédiate.
Ce camp a été rendu célèbre par le film " La Liste de Schindler", notamment à travers la personne de son commandant SS Amon Göth, habitué à tirer sur les internés depuis le balcon de sa villa, comme on peut le voir ci-dessous.
L'usine de Schindler se trouvait à proximité du camp et il parvint à sauver des centaines de Juifs.
En déjà, le témoin survivant Mieczyslaw Pemper fut témoin dans le ghetto de Cracovie de scènes terribles lorsque Göth lâchait ses chiens sur les habitants et leur tirait dessus.
En tant que commandant du camp de Płaszów, où l'espérance de vie moyenne était de quatre semaines, Göth était particulièrement redouté des prisonniers, qu'il soumettait à diverses tortures et qu'il exécutait même lui-même par balles. Ses deux chiens, Ralf et Alf, qu'il lançait sur les détenus, terrorisaient ces derniers .
Poldek Pfefferberg, l'un des juifs de Płaszów sauvés par Schindler , témoigna en ces termes : « Voir Göth, c'était voir la mort. ».
Lors du procès de Göth en Pologne en 1946, suite auquel il fut condamné à mort et exécuté, le survivant Henryk Bloch rapporta les faits suivants :
« […] Göth ordonna que chacun reçoive cent coups [de fouet], mais tout le monde en reçut plus de deux cents, voire trois cents. Chaque prisonnier devait compter les coups à voix haute ; si une erreur était commise, alors les coups recommençaient à partir de zéro. […] Après avoir été retiré de la table, le prisonnier était littéralement une masse sanglante aux chairs coupées. […] Pendant tout ce temps, un homme criait horriblement. Göth hurla, lui demandant de se calmer et de compter.
L'homme ne se calma pas. Göth s'approcha, prit la moitié d'une brique au sol, vint vers la table sur laquelle on était en train de battre l'homme et lui asséna un coup avec la brique, lui fendant la tête en deux. [...] Couvert de sang, le crâne fendu, l'homme se leva de la table, s'approcha de Göth et lui dit qu'il avait reçu sa punition. On lui ordonna de partir et lorsqu'il se tourna, Göth sortit son revolver et lui tira une balle dans la tête. »
Göth, né à Vienne, devient membre de la branche autrichienne du parti nazi en 1930 (avec le numéro 510764) La même année, il rejoint les SS autrichiens (numéro de membre : 43673).
Les nazis autrichiens occupèrent une place centrale au sein de la galaxie nationale-socialiste, suivant l'exemple d'Hitler, lui même d'origine autrichienne. Adolf Eichmann, lui aussi autrichien, symbolise cette implantation au cœur de la mise en œuvre du génocide.
Les trois mille Juifs restants du ghetto de Cracovie furent déportés à Auschwitz-Birkenau, à 70 kilomètres de cette ville, en deux convois, l'un arrivant le 13 mars et l'autre le 16 mars. A leur arrivée, environ 2450 personnes furent envoyées directement dans les chambres à gaz.
A quelques semaines de l'anniversaire des génocides Tutsi qui débuta le 7 avril 1994, du génocide des Arméniens qui débuta le 24 avril 1915, de la révolte du ghetto de Varsovie qui débuta le 19 avril 1943, nous réaffirmons la nécessité du combat contre toutes les formes de racisme et de discrimination et d'un engagement particulier contre le négationnisme, arme des bourreaux et de leurs défenseurs.
Mise à jour du 5 octobre 2019:
Croix gammée et insulte antisémite "Les putes juives, dégagez de Pologne" peints sur un mur de l’ancien ghetto de Cracovie, à quelques dizaines de kilomètres d'Auschwitz
La profanation fait partie de la campagne antisémite qui sévit en Pologne à l'approche des élections législatives du13 octobre prochain.
Le parti PiS au pouvoir et la "Confédération" d'extrême-droite ont recours à une agitation particulièrement perverse dans ce pays dont la population juive a été massacrée durant la deuxième guerre mondiale et dont les survivants ont encore eu à subir des pogroms après cette terrible période
Mars 2017
Il y a quelques jours au conseil municipal de Fontaine (Isère) un responsable local du FN, conseiller municipal, propose de "récupérer les dents en or" des Roms pour financer leur accueil . C’est un retour du refoulé génocidaire: les nazis "récupéraient les dents en or" de ceux qu'ils exterminaient, les Juifs ainsi que les Roms.
L'extermination des Juifs par les nazis, aidés par leurs alliés, représente une étape cruciale dans la chaîne des génocides qui marquent le vingtième siècle, des Herrero et Namas aux Arméniens, des Roms aux Tutsi du Rwanda, des Musulmans de Srebrenica aux Cambodgiens.
Malgré l'apocalypse de la Shoah, l'antisémitisme, matrice des racismes européens, est toujours au premier plan, soixante-dix ans après la défaite du Reich nazi .
L'extrême-droite et la droite radicale ont constamment recours à cette forme première de racisme, tout en l'étendant à l'islamophobie et au rejet des réfugiés et immigrants. C'est ce que montrent des cas récents: Marine Le Pen prétendument "dédiabolisée" est financée et parrainée par son père, fondateur du parti dont elle se revendique, antisémite et négationniste avéré.
Dans la campagne du parti "Les Républicains", on a d'abord vu un candidat antisémite excusé et toléré par ses concurrents, puis le recours à une imagerie antisémite contre Macron, puis l'intégration par Fillon du facho intégriste Charles Millon, ancien président du Conseil Rhône-Alpes de 1998, élu à ce poste grâce à une alliance de sa part avec le FN de Gollnisch et Jean-Marie Le Pen. En raison de cette alliance, Charles Millon a été expulsé d'une cérémonie au Mémorial des enfants juifs d'Izieu en 1998, par Simone Lagrange, victime de Klaus Barbie et représentante des déportés.
En même temps Memorial 98 a révélé qu'un comédien et metteur en scène à succès, Olivier Sauton, était en fait un compagnon de route de Dieudonné, avec qui il avait co-écrit un film de propagande intitulé "L'Antisémite". Suite aux publications de Memorial 98 et à la découverte de messages antisémites de sa part sur Twitter, Sauton a finalement été déprogrammé par le théâtre dans lequel il jouait.
La campagne de Trump aux USA a eu recours à des thèmes antisémites et complotistes et elle sert de modèle aux nombreux démagogues qui veulent reproduire ses succès électoraux. En Pologne même, le gouvernement ultra-réactionnaire du PiS met en cause la vérité historique de la Shoah et s'attaque aux chercheurs qui contestent sa propagande. En Allemagne le parti raciste et islamophobe AfD abrite en son sein un fort courant ouvertement antisémite et négationniste qui s'est exprimé récemment.
Il est donc d'autant plus important de retracer la réalité de ce que fut l'extermination programmée des Juifs d'Europe, dans les camps , chambres à gaz et autres massacres. Une exposition en cours au Memorial de la Shoah à Paris permet de mesurer la trace profonde de cette tragédie, y compris dans des domaines tels que la bande dessinée et les comics
MEMORIAL 98
A voir également dans les publications de Memorial 98:
Sur le sorts des Roms à Auschwitz
http://info-antiraciste.blogspot.fr/2016/06/memoire-de-la-shoah-decouvertes-vilnius.html