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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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Pour correspondre avec nous, nous proposer des articles ou des informations,

pour toute question : 

contact@memorial98.org

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10 juillet 2015 5 10 /07 /juillet /2015 15:50

 11 juillet 2020: 25e anniversaire du génocide de Srebrenica

A cette occasion, un dossier de Memorial 98 sur est publié sur notre blog d'actualité  http://info-antiraciste.blogspot.com/ 

http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/07/srebrenica-25-ans-pres-le-dernier.html

Memorial 98

Le prix Nobel de littérature 2019 pour Peter Handke, soutien du génocidaire Milosevic.

                      Handke aux obsèques de Slobodan Milosevic, devant le portrait du génocidaire serbe. 

14 octobre 2019

Prix Nobel: aberrations et contradictions d'une institution.

Elle récompense cette année le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed pour avoir fait la paix avec l'Erythrée, après avoir couronné Peter Handke, soutien des dirigeants serbes responsables de crimes de guerre et du dernier génocide du 20e siècle à Srebrenica en 1995.

De plus les viols de guerre ont été très répandus de la part des troupes serbes durant les guerres qu'elle ont mené contre la population bosniaque, comme l'ont montré de nombreux travaux. C'est lors de cette guerre que ces viols de masse ont été pris en compte pour la première fois par la justiceOr le prix Nobel de la Paix 2018 a été décerné au Dr Mukewege et à Nadia Murad pour leur combat contre ces viols ( voir ici)

Le médecin congolais et la femme Yezidie (ci-dessus), violée et réduite en esclavage par Daech ont été récompensés pour "leur efforts pour mettre fin à l'emploi des violences sexuelles en tant qu'arme de guerre"

Le prix Nobel de littérature décerné à Handke constitue donc la négation des principes des prix Nobel de la paix et une action de soutien au négationnisme.

​​​Memorial 98

Peter Handke  se rend en Serbie en 1995, quelques mois après le génocide de Srebrenica du 12 juillet de la même année et qui a fait 8000 morts.

De ce séjour il rapporte un ouvrage  de soutien aux chefs serbes, intitulé « Voyage hivernal vers le Danube, la Save, la Morava et la Drina » qui demandait « justice pour la Serbie ».

Il y explique notamment que les Serbes n’ont fait que répondre à une provocation des Musulmans bosniaques.  Handke n’hésite pas à comparer les Serbes aux Juifs pendant le IIIe Reich et, en 1999, à voir dans Belgrade frappé par l’OTAN un « nouvel Auschwitz ». Salman Rushdie le propose pour le titre de « Connard international de l’année ».  Susan Sontag, engagée auprès des habitants de Sarajevo bombardés sans relâche par l'artillerie de Milosevic, Mladic et Karadzic , déclare qu’elle ne lira plus un seul livre de l’Autrichien.

L’écrivain aggrave encore son cas. Le 20 mars 2006 il se rend aux obsèques de l’ancien président serbe Slobodan Milosevic, accusé de crimes contre l’humanité et de génocide qui s'est suicidé en prison à La Haye. il y dit : « Je sais ce que je ne sais pas. Je ne sais pas la vérité. Mais je regarde. J’écoute. Je ressens. Je me souviens. Pour cela je suis aujourd’hui présent, près de la Yougoslavie, près de la Serbie, près de Slobodan Milosevic. »

La semaine suivante, dans l’hebdomadaire allemand « Focus », il en rajoute: « Non, Slobodan Milosevic n’était pas un ‘‘dictateur’’ [...] Non, Slobodan Milosevic ne peut être qualifié de ‘‘bourreau de Belgrade’’ [...] Le motif principal de mon voyage, c’était d’être témoin. Témoin ni dans le sens de l’accusation ni dans celui de la défense.

En couronnant Handke, le prix Nobel de littérature cautionne le négationnisme de ce dernier et son appui aux massacres des chefs serbes. Ces derniers ont été enfin condamnés après avoir échappé à la justice internationale. 

Leur croisade mortifère inspire les terroristes d'extrême-droite. Ainsi le tueur de Christchurch s'est motivé par la mémoire de leurs exactions ( voir ci-dessous) 

Nous protestons contre ce prix et demandons qu'il soit retiré.

 

11  juillet 2019: Karadzic, condamné définitivement, inspire Brenton Tarrent, le tueur de Christchurch 

Ce 24e anniversaire du génocide de Srebrenica, le 11 juillet 1995, suit de quelques mois la condamnation définitive de son ordonnateur, le chef des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, le 20 Mars dernier.

Ayant fait appel de sa précédente condamnation, Karadzic est condamné à la perpétuité  pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité 

Justice est ainsi faite, notamment en raison du génocide de Srebrenica  en juillet 1995, qui fut le dernier génocide du 20 siècle.

Une coïncidence terrible rappelle à quel point les actions génocidaires et les crimes de guerre motivent et inspirent la poursuite  des actes de violence raciste. Le tueur des mosquées de Christchurch, Brenton Tarrent, est obsédé par la croisade des nationalistes serbes contre les Musulmans de Bosnie. 

En route pour commettre sa tuerie le 15 mars dernier, il se filme écoutant un chant serbe à la gloire de  Radovan Karadzic, condamné  à nouveau pour génocide cinq jours plus tard.

Voir d'autres actualisations et mises à jour ci-dessous et à la fin de l'article 

Memorial 98

 

Déclaration du 21 novembre 2017:

 

                                    Mladic (à g.) et Karadzic dans leurs oeuvres.

 

 

Enfin! L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic,  a été condamné ce 22 novembre à la prison à perpétuité pour génocide (Srebrenica) , crimes de guerre et crimes contre l’humanité (notamment lors du siège de Sarajevo)  par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. Au total, le « Boucher des Balkans » a été reconnu coupable de dix chefs d’accusation sur onze. 

Le tribunal a estimé que Mladic avait contribué « de façon importante » au génocide commis en 1995 à Srebrenica. 

 

La justice a également déclaré qu'il avait « personnellement » dirigé le bombardement de Sarajevo. La capitale de la Bosnie avait subi un siège meurtrier, notamment pour des milliers de civils, de 1992 à 1996. De façon plus générale, l’ancien général a été reconnu coupable d’avoir cherché à chasser les musulmans et les Croates du territoire bosniaque.

Mladic a immédiatement fait appel sa condamnation; il est soutenu par les nationalistes serbes dont certains sont au pouvoir. Ce sont eux qui l'ont abrité pendant ses 16 années de "cavale" 

 

La présidente de l’association des mères des enclaves de Srebrenica et de Zepa, Munira Subasic, s’est, elle, dite  « partiellement satisfaite » du verdict.  Elle déclare:

« C’est plus que pour (Radovan) Karadzic (condamné à 40 ans de prison en mars 2016 voir ci-dessous). Mais ils ne l’ont pas reconnu coupable de l’accusation de génocide dans plusieurs villages (autres que Srebrenica) . »

Le haut commissaire aux droits de l’homme de l’ONU a salué la condamnation à perpétuité de l’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie qu’il a qualifiée de « victoire capitale pour la justice ».

« Ce verdict est un avertissement aux auteurs de tels crimes qu’ils n’échapperont pas à la justice, aussi puissants soient-ils, et quel que soit le temps qu’il faudra. Ils devront rendre des comptes. »

Rappelons que l'ONU est gravement mise en cause dans le génocide de Srebrenica car ses troupes de " Casques Bleus", présentes sur place n'ont pas agi pour empêcher le massacre faute d'ordres dans ce sens (voir ci-dessous) 

 

Il reste à espérer que les autorités et la population serbes acceptent et comprennent le sens de ce verdict et que recule là bas le négationnisme encore si répandu.

 

Il reste également à agir afin que soient empêchés d'autres massacres et crimes contre l'humanité en cours ou menaçants en Syrie (où sévit Poutine, allié fidèle du nationalisme serbe), au Burundi, en Birmanie contre les Rohingya, en Centrafrique, au Soudan...

 

Il reste également à imposer que soient enfin reconnus, par les autorités des pays qui les ont commis, le génocide des Arméniens ainsi que celui des Herero et Nama. Dans ce dernier cas il s'agit du premier génocide du 20e siècle alors que Srebrenica en fut l'ultime.

 

Il reste également à combattre toutes les formes du négationnisme, qui prend le parti des bourreaux contre les victimes. Les négationnistes participent du crime et en assument la responsabilité à travers leur négation. Il est donc légitime de les traquer et de les dénoncer . 

 

Memorial 98 salue la condamnation de Mladic et y puise une volonté renouvelée de combattre contre le racisme et les négationnistes: le combat pour le justice et  contre  l'impunité se poursuit plus que jamais.

 

MEMORIAL 98

 

Voir d'autres actualisations et mises à jour à la fin de l'article ci-dessous

 

 

Le 11 juillet 2015, nous commémorions le 20e anniversaire de ce qui a constitué le dernier génocide d'un 20e siècle qui en connut tellement et rappelions son contexte:

Ce génocide est encore mal connu et reconnu, notamment en Serbie où la pression négationniste est forte. Le parallèle avec la position de l’État turc à l'égard du génocide arménien est frappante: les autorités serbes font des déclarations de contrition et de regret, reconnaissant des crimes, mais s'arc-boutent pour nier qu'il y ait eu un génocide commis par les milices serbes. Du coup, la population serbe est encouragée dans sa position de déni, comme c'est aussi le cas pour une grande partie de la population turque. Une réconciliation ne peut avoir lieu sans que soit reconnu le caractère génocidaire, exterminateur du massacre. Il ne s'agit pas d'arguties juridiques mais de la compréhension du processus d'"épuration ethnique" mis en oeuvre à l'égard des musulmans bosniaques et qui a fini par culminer dans le génocide. De ce point de vue on en est encore  loin du compte.

Ainsi le Parlement serbe a adopté une déclaration et ses responsables se sont recueillis au mémorial où sont enterrées les victimes de Srebrenica. Mais le gouvernement refuse obstinément de reconnaître qu'un génocide ait été commis à Srebrenica, en Bosnie en 1995.

Le 7 juillet dernier, le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic a annoncé qu'il se rendrait le 11 juillet à Srebrenica pour assister à la cérémonie marquant le 20e anniversaire du massacre. Mais le même Vucic, ancien ultra-nationaliste devenu "pro-européen" convaincu, refuse lui aussi de reconnaître qu'un génocide a été perpétré à Srebrenica. Sa visite sera donc vécue comme une provocation par les familles des victimes. Si la brutalité de ce massacre n'est pas remise en question par la population serbe, comme le montre un récent sondage réalisé en Serbie où 54 % des personnes interrogées l'ont condamné, la réalité d'un génocide est en revanche niée par 70 % des interviewés, intoxiqués par le négationnisme officiel.

Encore récemment, le président de l'entité des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, a affirmé que le génocide de Srebrenica était un « mensonge ».

En 2010, le président serbe de l'époque, le "pro-européen" Boris Tadic, plutôt connu comme non-nationaliste et démocrate, s'était déplacé à Srebrenica pour rendre hommage aux victimes et le Parlement avait adopté une déclaration condamnant « le crime commis (...) à Srebrenica » encore une fois sans que le mot-clé de génocide soit employé. « Je m'agenouille et demande que la Serbie soit pardonnée pour le crime commis à Srebrenica », a de nouveau déclaré son successeur Tomislav Nikolic en 2013 toujours sans prononcer le terme, après avoir carrément nié au début de son mandat, qu'un génocide se soit produit à Srebrenica.

Le Conseil de sécurité de l'ONU soumis au veto de Poutine

L'historien serbe Cedomir Antic estime « compréhensible » la position des dirigeants de Belgrade. « Accepter qu'un génocide a eu lieu équivaudrait à accepter l'accusation d'être un peuple génocidaire (position totalement contraire à ce que revendiquent les dirigeants musulmans bosniaques qui rejettent la notion de responsabilité collective comme le montre la déclaration citée plus bas NDLR ) et vous n'êtes plus alors un interlocuteur, personne ne négocie avec vous, la Serbie ne peut donc reconnaître cela. Entre autres, la survie de la Republika Srpska (RS) serait en question », a-t-il déclaré.

La Bosnie a en effet été divisée après la guerre en deux entités, la Republika Srpska (serbe) et la Fédération croato-musulmane. Les musulmans de Bosnie ont demandé à plusieurs reprises le démantèlement de la RS, fondée à la suite d'un génocide.

C'est la que réside le nœud des calculs politiques du régime de Belgrade et de Poutine, qui soutient le gouvernement serbe, quelques semaines après avoir assisté le 19 avril à la commémoration du génocide des Arméniens à Erevan. Le régime russe n'en est pas à une contradiction près, d'autant qu'il soutient aussi la répression par le gouvernement arménien de la grande révolte de la population du pays après l'augmentation brutale des tarifs de l'électricité. Il s'agit en fait toujours de la politique "néo-impériale" de Poutine qui s'étend de l'Ukraine à la Serbie et de la Crimée à la Géorgie. Les dirigeant serbes s'appuient sur Poutine afin de résister aux conséquences de la reconnaissance du génocide.

Vingt ans après cette extermination que les institutions internationales n'ont pas empêché, le régime russse a bloqué par son veto  l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU  d'une résolution reconnaissant le massacre de Srebrenica comme un génocide. Le projet de résolution déclarait que l'ONU « condamne le plus fermement possible le génocide commis à Srebrenica » et affirmait que la reconnaissance de ce dernier est « une condition préalable à la réconciliation » en Bosnie. Pour le pouvoir russe, auprès de qui des responsables serbes de Bosnie sont intervenus, la résolution insiste trop lourdement sur les méfaits commis par les Serbes de Bosnie et risque d'aggraver les divisions.

Le veto russe est perçu comme une nouvelle provocation par les victimes du génocide, comme si le sort des populations bosniaques faisait une nouvelle fois les frais des interêts politiques de l'axe Belgrade-Moscou. Le travail de mémoire, qui inclut les visites sur le site, le retour à Srebrenica, la recherche des charniers et des corps manquants afin de pouvoir les inhumer dignement est ainsi bafoué. Mirsada Colakovic, ambassadrice de Bosnie-Herzégovine à l'ONU, dénonce l'insulte aux victimes en déclarant:

« Cette résolution du Conseil de sécurité est une nouvelle trahison envers Srebrenica. Et une nouvelle fois le Conseil de sécurité est désuni. Il y a un an, cette même instance avait adopté à l'unanimité des résolutions similaires sur la prévention des génocides, c'était à propos du Rwanda. Et aujourd'hui, sur le même sujet, nous nous trouvons face à un déni. Le déni est le dernier stade du génocide. Et le déni est une insulte faite aux victimes. Ce que nous voulions dire avec cette résolution, tout comme le Royaume-Uni, c'est que la faute n'est pas collective, ni nationale, mais qu'elle est individuelle. C'est pour cela que nous appelions à cette résolution », rappelle l'ambassadrice.

Pourtant les fait sont clairs. Ils constituent un terrible acte d'accusation contre les dirigeant des Serbes de Bosnie mais aussi contre les gouvernements occidentaux qui ont abandonné la population de Srebrenica.

Les récentes révélations de Florence Hartmann, ancienne porte-parole de la procureure du TPIY, dont nous soutenons depuis 2009 le combat pour la vérité, apportent de preuves éclairantes de cet abandon qui a d'ailleurs déjà été jugé aux Pays-Bas en 2011.

Dès le mois de mars 1995, un ordre est signé par le chef des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic à l'intention du chef militaire Mladic. C'est la fameuse "directive n° 7" , qui ordonnait aux soldats bosno-serbes de « créer une situation insupportable d’insécurité totale sans aucun espoir de survie ou de vie pour les habitants de Srebrenica ».

Le 11 juillet 1995, alors que les milices serbes de Bosnie approchent de l'enclave de Srebrenica, des dizaines de milliers de civils musulmans prennent la route de Potocari, à 8 kilomètres de distance de la ville. C'est là qu'est basé le quartier général du bataillon néerlandais de soldats de la (Force de protection des Nations unies (Forpronu). Quatre cent cinquante casques bleus y sont chargés d'assurer la protection des quelque 40 000 habitants de Srebrenica, en majorité des Musulmans 

Parmi les réfugiés du camp néerlandais, il y avait le traducteur du bataillon, avec toute sa famille (père, mère et petit frère), et l’électricien. Le 13 juillet, l’électricien et le petit frère du traducteur furent chassés du camp par les militaires néerlandais. Le père du traducteur les suivit. Les trois hommes furent massacrés avec les autres, et à la fin de la guerre, leurs proches déposèrent une plainte contre le gouvernement des Pays-Bas.

Quand les miliciens serbes de Bosnie commencent à séparer les hommes des femmes, les soldats néerlandais le voient et laissent faire. Les hommes sont entassés dans des cars et seront exécutés. 8.000 hommes ont été tués et jetés dans les fosses communes par les forces serbes. Ce massacre a été, à juste titre, qualifié de génocide par la Cour Internationale de Justice et par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). L'ordre écrit donné en amont plusieurs mois en avance, puis sa réalisation par le tri et la séparation des hommes ainsi que leur extermination massive, "industrielle", portent les caractères du génocide.

Parmi les hommes qui ont choisi de se placer sous la protection des Nations unies, pratiquement aucun n'a survécu. Seuls ceux des habitants de Srebrenica qui se sont réfugiés dans les forêts ont eu un peu plus de chances de survie.

Le mandat de l'ONU en Bosnie prévoyait pourtant clairement un recours à la force en cas de besoin. Le 10 juillet, la veille du massacre, le commandant du bataillon néerlandais avait demandé au général français Bernard Janvier, qui assumait le commandement militaire des Nations unies en ex-Yougoslavie, de lancer des frappes contre les forces serbes de Bosnie. Mais il n'a pas été entendu.
 

Les Nations unies ont reconnu leur responsabilité dans le massacre de Srebrenica en 1999. Un rapport présenté par son secrétaire général d'alors, Kofi Annan, reconnaissait alors la « faillite de la politique dans des zones de sécurité ».
Le rapport ajoute : « La communauté des nations, en décrétant un embargo sur les armes, a laissé les Serbes dans une position de supériorité militaire écrasante et a, en fait, privé la République de Bosnie-Herzégovine de son droit de légitime défense, consacré dans la Charte des Nations unies ». « La fourniture d'une aide humanitaire n'était pas une initiative suffisante face aux opérations de ´´nettoyage ethnique´´ et de génocide ». « Srebrenica a été le révélateur d'une vérité que l'ONU et le reste du monde ont comprise trop tard, à savoir que la Bosnie était une cause morale autant qu'un conflit militaire. La tragédie de Srebrenica hantera à jamais notre histoire ». Comme au Rwanda mais aussi au Sri-Lanka, autres lieux de faillite de l'ONU.

 

Nos pensées vont aux victimes du génocide de Srebrenica, à leurs familles marquées à jamais et dont la souffrance est entretenue et intensifiée par le négationnisme. Nous rendons aussi un hommage particulier aux militantEs serbes qui luttent pour la justice et la reconnaissance du génocide, dans des conditions particulièrement difficiles. C'est le cas notamment des "Femmes en noir", une association pacifiste dont la branche serbe fut créée au début des guerres de Yougoslavie et qui organise des rassemblements commémoratifs. C'est le cas aussi de l’association de jeunes "Youth Initiative for Human Rights" (YIHR) qui a mené dès 2005 une première campagne de sensibilisation en occupant la moitié des panneaux d’affichage de Belgrade. On y voyait s’étaler des photographies des victimes de Srebrenica accompagnées des mots : « Pour voir, pour savoir, pour se souvenir. ». Enfin, ces derniers mois, le journaliste et militant Dusan Masic a lancé l’initiative « 7 000 ». Son projet est de  rassembler à Belgrade 7 000 personnes et les faire s’allonger symboliquement devant le Parlement serbe. Masic doute de pouvoir atteindre l’objectif. Mais, souligne-t-il, « si nous parvenons à rassembler ne serait-ce que 70 ou 700 personnes, ce sera tout de même le plus grand événement à la mémoire des victimes de Srebrenica jamais organisé en Serbie ». La police de Belgrade a interdit cette manifestation. Des organisations ultranationalistes avaient annoncé qu’elles empêcheraient par la force la tenue du rassemblement. Masic est personnellement la cible quotidienne de messages de menaces et de haine.

 

Pour faire face au négationnisme et à ses conséquences mortifères, les familles de Srebrenica, les Bosniaques, les combattants contre le négationnisme en Serbie, ont tous besoin de la solidarité de l'opinion internationale, afin de bâtir un autre futur.

 

MEMORIAL 98

Mise à jour du 13 mars 2018:

Le Parlement serbe refuse de reconnaître le génocide des Arméniens. Le vote sur une résolution présentée par le Nouveau Parti est écrasant: 139 contre et 7 pour. Pour ces députés il s'agit manifestement de refuser toute reconnaissance de génocide, de crainte de devoir prendre en compte celui commis par l'armée et les milices de leur propre pays à Srebrenica  

Nous le notions ci-dessous dès 2015: "Ce génocide ( de Srebrenica) est encore mal connu et reconnu, notamment en Serbie où la pression négationniste est forte. Le parallèle avec la position de l’État turc à l'égard du génocide arménien est frappante: les autorités serbes font des déclarations de contrition et de regret, reconnaissant des crimes, mais s'arc-boutent pour nier qu'il y ait eu un génocide commis par les milices serbes. Du coup, la population serbe est encouragée dans sa position de déni, comme c'est aussi le cas pour une grande partie de la population turque. Une réconciliation ne peut avoir lieu sans que soit reconnu le caractère génocidaire, exterminateur du massacre. Il ne s'agit pas d'arguties juridiques mais de la compréhension du processus d'"épuration ethnique" mis en oeuvre à l'égard des musulmans bosniaques et qui a fini par culminer dans le génocide. De ce point de vue on en est encore  loin du compte"

Le combat se poursuit pour la reconnaissance de tous les génocides 

MEMORIAL 98

Actualisations 

Mise à jour du 11 juillet 2017

En ce vingt-deuxième anniversaire, les médias qui mentionnent Srebrenica rechignent encore à indiquer le caractère génocidaire du massacre, alors qu'il a pourtant été caractérisé comme tel par l'ONU. Les 8000 victimes ont été tuées "en raison de leur naissance" comme Musulmans bosniaques.

Ce dernier génocide du 20e siècle s'est déroulé un an à peine après la fin du génocide des Tutsi au Rwanda. 

Le point positif d'actualité est la reconnaissance récente par la justice des Pays-Bas de la responsabilité de la hiérarchie des Casques bleus néerlandais qui a coopéré avec les génocideurs 

                                      Les Casques bleus de l'ONU présents à Srebrenica 

Nous rappelons l'engagement de rescapés de  Srebrenica avec les habitants d'Alep soumis à un siège:

"Srebrenica solidaire avec Alep

Lors du rassemblement parisien de solidarité avec Alep le 19 décembre 2016, un membre de Memorial 98 a présenté l'appel des " Enfants de Srebrenica " ci-dessous; à voir et à entendre ici .


 

 

 

 


 

Le Conseil de sécurité de l'ONU soumis au veto de Poutine

L'historien serbe Cedomir Antic estime « compréhensible » la position des dirigeants de Belgrade. « Accepter qu'un génocide a eu lieu équivaudrait à accepter l'accusation d'être un peuple génocidaire (position totalement contraire à ce que revendiquent les dirigeants musulmans bosniaques qui rejettent la notion de responsabilité collective comme le montre la déclaration citée plus bas NDLR ) et vous n'êtes plus alors un interlocuteur, personne ne négocie avec vous, la Serbie ne peut donc reconnaître cela. Entre autres, la survie de la Republika Srpska (RS) serait en question », a-t-il déclaré.

La Bosnie a en effet été divisée après la guerre en deux entités, la Republika Srpska (serbe) et la Fédération croato-musulmane. Les musulmans de Bosnie ont demandé à plusieurs reprises le démantèlement de la RS, fondée à la suite d'un génocide.

C'est la que réside le nœud des calculs politiques du régime de Belgrade et de Poutine, qui soutient le gouvernement serbe, quelques semaines après avoir assisté le 19 avril à la commémoration du génocide des Arméniens à Erevan. Le régime russe n'en est pas à une contradiction près, d'autant qu'il soutient aussi la répression par le gouvernement arménien de la grande révolte de la population du pays après l'augmentation brutale des tarifs de l'électricité. Il s'agit en fait toujours de la politique "néo-impériale" de Poutine qui s'étend de l'Ukraine à la Serbie et de la Crimée à la Géorgie. Les dirigeant serbes s'appuient sur Poutine afin de résister aux conséquences de la reconnaissance du génocide.

Vingt ans après cette extermination que les institutions internationales n'ont pas empêché, le régime russse a bloqué par son veto  l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU  d'une résolution reconnaissant le massacre de Srebrenica comme un génocide. Le projet de résolution déclarait que l'ONU « condamne le plus fermement possible le génocide commis à Srebrenica » et affirmait que la reconnaissance de ce dernier est « une condition préalable à la réconciliation » en Bosnie. Pour le pouvoir russe, auprès de qui des responsables serbes de Bosnie sont intervenus, la résolution insiste trop lourdement sur les méfaits commis par les Serbes de Bosnie et risque d'aggraver les divisions.

Le veto russe est perçu comme une nouvelle provocation par les victimes du génocide, comme si le sort des populations bosniaques faisait une nouvelle fois les frais des interêts politiques de l'axe Belgrade-Moscou. Le travail de mémoire, qui inclut les visites sur le site, le retour à Srebrenica, la recherche des charniers et des corps manquants afin de pouvoir les inhumer dignement est ainsi bafoué. Mirsada Colakovic, ambassadrice de Bosnie-Herzégovine à l'ONU, dénonce l'insulte aux victimes en déclarant:

« Cette résolution du Conseil de sécurité est une nouvelle trahison envers Srebrenica. Et une nouvelle fois le Conseil de sécurité est désuni. Il y a un an, cette même instance avait adopté à l'unanimité des résolutions similaires sur la prévention des génocides, c'était à propos du Rwanda. Et aujourd'hui, sur le même sujet, nous nous trouvons face à un déni. Le déni est le dernier stade du génocide. Et le déni est une insulte faite aux victimes. Ce que nous voulions dire avec cette résolution, tout comme le Royaume-Uni, c'est que la faute n'est pas collective, ni nationale, mais qu'elle est individuelle. C'est pour cela que nous appelions à cette résolution », rappelle l'ambassadrice.

Pourtant les fait sont clairs. Ils constituent un terrible acte d'accusation contre les dirigeant des Serbes de Bosnie mais aussi contre les gouvernements occidentaux qui ont abandonné la population de Srebrenica.

Les récentes révélations de Florence Hartmann, ancienne porte-parole de la procureure du TPIY, dont nous soutenons depuis 2009 le combat pour la vérité, apportent de preuves éclairantes de cet abandon qui a d'ailleurs déjà été jugé aux Pays-Bas en 2011.

Dès le mois de mars 1995, un ordre est signé par le chef des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic à l'intention du chef militaire Mladic. C'est la fameuse "directive n° 7" , qui ordonnait aux soldats bosno-serbes de « créer une situation insupportable d’insécurité totale sans aucun espoir de survie ou de vie pour les habitants de Srebrenica ».

Le 11 juillet 1995, alors que les milices serbes de Bosnie approchent de l'enclave de Srebrenica, des dizaines de milliers de civils musulmans prennent la route de Potocari, à 8 kilomètres de distance de la ville. C'est là qu'est basé le quartier général du bataillon néerlandais de soldats de la (Force de protection des Nations unies (Forpronu). Quatre cent cinquante casques bleus y sont chargés d'assurer la protection des quelque 40 000 habitants de Srebrenica, en majorité des Musulmans 

Parmi les réfugiés du camp néerlandais, il y avait le traducteur du bataillon, avec toute sa famille (père, mère et petit frère), et l’électricien. Le 13 juillet, l’électricien et le petit frère du traducteur furent chassés du camp par les militaires néerlandais. Le père du traducteur les suivit. Les trois hommes furent massacrés avec les autres, et à la fin de la guerre, leurs proches déposèrent une plainte contre le gouvernement des Pays-Bas.

Quand les miliciens serbes de Bosnie commencent à séparer les hommes des femmes, les soldats néerlandais le voient et laissent faire. Les hommes sont entassés dans des cars et seront exécutés. 8.000 hommes ont été tués et jetés dans les fosses communes par les forces serbes. Ce massacre a été, à juste titre, qualifié de génocide par la Cour Internationale de Justice et par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). L'ordre écrit donné en amont plusieurs mois en avance, puis sa réalisation par le tri et la séparation des hommes ainsi que leur extermination massive, "industrielle", portent les caractères du génocide.

Parmi les hommes qui ont choisi de se placer sous la protection des Nations unies, pratiquement aucun n'a survécu. Seuls ceux des habitants de Srebrenica qui se sont réfugiés dans les forêts ont eu un peu plus de chances de survie.

Le mandat de l'ONU en Bosnie prévoyait pourtant clairement un recours à la force en cas de besoin. Le 10 juillet, la veille du massacre, le commandant du bataillon néerlandais avait demandé au général français Bernard Janvier, qui assumait le commandement militaire des Nations unies en ex-Yougoslavie, de lancer des frappes contre les forces serbes de Bosnie. Mais il n'a pas été entendu.
 

Les Nations unies ont reconnu leur responsabilité dans le massacre de Srebrenica en 1999. Un rapport présenté par son secrétaire général d'alors, Kofi Annan, reconnaissait alors la « faillite de la politique dans des zones de sécurité ».
Le rapport ajoute : « La communauté des nations, en décrétant un embargo sur les armes, a laissé les Serbes dans une position de supériorité militaire écrasante et a, en fait, privé la République de Bosnie-Herzégovine de son droit de légitime défense, consacré dans la Charte des Nations unies ». « La fourniture d'une aide humanitaire n'était pas une initiative suffisante face aux opérations de ´´nettoyage ethnique´´ et de génocide ». « Srebrenica a été le révélateur d'une vérité que l'ONU et le reste du monde ont comprise trop tard, à savoir que la Bosnie était une cause morale autant qu'un conflit militaire. La tragédie de Srebrenica hantera à jamais notre histoire ». Comme au Rwanda mais aussi au Sri-Lanka, autres lieux de faillite de l'ONU.

 

Nos pensées vont aux victimes du génocide de Srebrenica, à leurs familles marquées à jamais et dont la souffrance est entretenue et intensifiée par le négationnisme. Nous rendons aussi un hommage particulier aux militantEs serbes qui luttent pour la justice et la reconnaissance du génocide, dans des conditions particulièrement difficiles. C'est le cas notamment des "Femmes en noir", une association pacifiste dont la branche serbe fut créée au début des guerres de Yougoslavie et qui organise des rassemblements commémoratifs. C'est le cas aussi de l’association de jeunes "Youth Initiative for Human Rights" (YIHR) qui a mené dès 2005 une première campagne de sensibilisation en occupant la moitié des panneaux d’affichage de Belgrade. On y voyait s’étaler des photographies des victimes de Srebrenica accompagnées des mots : « Pour voir, pour savoir, pour se souvenir. ». Enfin, ces derniers mois, le journaliste et militant Dusan Masic a lancé l’initiative « 7 000 ». Son projet est de  rassembler à Belgrade 7 000 personnes et les faire s’allonger symboliquement devant le Parlement serbe. Masic doute de pouvoir atteindre l’objectif. Mais, souligne-t-il, « si nous parvenons à rassembler ne serait-ce que 70 ou 700 personnes, ce sera tout de même le plus grand événement à la mémoire des victimes de Srebrenica jamais organisé en Serbie ». La police de Belgrade a interdit cette manifestation. Des organisations ultranationalistes avaient annoncé qu’elles empêcheraient par la force la tenue du rassemblement. Masic est personnellement la cible quotidienne de messages de menaces et de haine.

 

Pour faire face au négationnisme et à ses conséquences mortifères, les familles de Srebrenica, les Bosniaques, les combattants contre le négationnisme en Serbie, ont tous besoin de la solidarité de l'opinion internationale, afin de bâtir un autre futur.

 

MEMORIAL 98

 


 

 

Mise à jour du 29 novembre 2017

                                        Au Tribunal de La Haye                    

Quelques jours après la condamnation à perpétuité de Mladic (voir ci-dessous) c'est un dirigeant des Croates de Bosnie, Jadranko Prlic, qui a été condamné en appel à La Haye  à 25 ans de prison.

 

Cette audience en appel concernait six ex-dirigeants et chefs militaires des Croates de Bosnie, accusés notamment de crimes de guerre durant le conflit croato-musulman (1993-1994) qui a éclaté durant la guerre de Bosnie (1992-1995). 

 

Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie a toutefois été forcé de suspendre l’audience après que l’un des cinq autres accusés s'est suicidé sur place au moment de son verdict. Slobodan Prajak, condamné à 20 ans de prison, rejoint ainsi le geste d'autres auteurs de crimes contre l'humanité et génocides, mettant fin à leur vie afin de ne pas être jugés et condamnés. C'est le cas de Milosevic, initiateur et chef des guerres de l'ex-Yougoslavie ainsi que des dirigeants nazis dont Hitler, Goebbels et Goering ((ce dernier lors du procès de Nuremberg). Ces criminels détestent rendre des comptes.

Auprès des nationalistes de Croatie, l’homme de 72 ans, dont la vidéo du suicide tourne en boucle à la télévision, est considéré comme un héros. La semaine dernière, la présidente Kolinda Grabar-Kitarovic avait rédigé un message d’hommage, lu lors d’une promotion d’un ouvrage en son honneur, «Général Praljak». A l’annonce de son empoisonnement, la cheffe d’Etat a interrompu en urgence une visite en Islande. 

Ses faits d’armes ? Avoir dirigé les forces de la république croate de Herceg-Bosna lors de violents combats contre la Bosnie en 1993 et 1994. Mercredi, le TPIY le jugeait lui et cinq autres ex-responsables pour «entreprise criminelle commune». En clair, d’épuration ethnique dans les zones qu’ils contrôlaient.

Cet ingénieur électricien de formation, diplômé de philosophie et de cinéma, et ancien directeur du théâtre de Zagreb est aussi cité pour avoir été à l’origine d’un des actes les plus symboliques de ce conflit dans les Balkans : la destruction du pont de Mostar.

 

Le pont de Mostar a été reconstruit à l’identique depuis

 

Construit par les Ottomans au XVIe siècle, l’ouvrage enjambait la Neretva, le fleuve qui traverse la ville de Mostar, partagée entre Bosniaques musulmans et Croates catholiques. Il symbolisait donc la possibilité d'une communication entre ces deux parties de la ville et entre ces deux populations.  Le 9 novembre 1993, des tirs de l’artillerie de la république croate de Herceg-Bosna l’envoient s’écraser dans les flots. L’homme accusé d’avoir ordonné les frappes ? Slobodan Praljak. Sa défense ? «C’était juste un vieux pont», lâcha-t-il en 2004.

 

 

Une peine de quarante ans de prison avait été requise contre Jadranko Prlic, l’ex-dirigeant des Croates de Bosnie, déjà condamné en 2013 à vingt-cinq ans de prison en première instance pour avoir mené le "transfèrement" de populations musulmanes durant la guerre de Bosnie et pour avoir eu recours à des meurtres, des viols et des destructions de biens civils dans le but de créer une « grande Croatie ».

Durant la guerre, « des dizaines de milliers de Musulmans ont été expulsés de leur maison… des milliers ont été arrêtés et détenus dans d’horribles conditions », avait déclaré la représentante du procureur, Barbara Goy, lors des réquisitions en appel.

« Je ne faisais pas partie de la chaîne de commandement » des forces croates de Bosnie, , a affirmé M. Prlic aux cinq juges du TPIY, assurant que les Croates avaient été « forcés » de se défendre.

Ces actes sont qualifiés par l’accusation de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, commis lors de la guerre en Bosnie (1992-1995) qui a fait plus de 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés.

Siégeant à La Haye, le TPIY devait se prononcer mercredi pour la toute dernière fois avant d’achever ses travaux en décembre, après avoir consacré plus de vingt ans à juger ceux qui ont commis les pires atrocités en Europe depuis la seconde guerre mondiale.

MEMORIAL 98

 
 

Mise à jour du 6 juin 2017 

Le chef de l’entité serbe de Bosnie, Milorad Dodik, en faveur du négationnisme, à quelques semaines du 22e anniversaire du génocide de Srebrenica.

Il vient de décider que les écoliers serbes de Bosnie ne trouveront pas mention dans leurs livres scolaires de l'acte de génocide commis à Srebrenica ou du siège de Sarajevo (voir ci-dessous)

Pour la justice internationale, le massacre par les forces serbes de Bosnie de quelque 8.000 hommes et adolescents bosniaques musulmans en juillet 1995, constitue un acte de génocide. C'est la pire tuerie commise sur le sol européen depuis la Deuxième Guerre mondiale.

De plus, durant la guerre intercommunautaire de 1992-95, Sarajevo a été soumise à un siège par les forces serbes de Bosnie, durant lequel bombes et snipers ont fait quelque 10.000 morts.

"Ces affirmations ne sont pas vraies et de tels livres ne seront pas étudiés ici, que cela plaise ou non", a prévenu Milorad Dodik, le président de la "Republika Srpska", dans des propos rapportés par la télévision de cette entité des Serbes de Bosnie.

Dodik soutient ainsi son ministre de l'Education Dane Malesevic qui a annoncé l'interdiction de livres scolaires, édités dans la Fédération croato-musulmane, l'autre entité composant la Bosnie. Selon les médias locaux, sont concernés les ouvrages faisant mention d'un génocide commis par des Serbes à Srebrenica ou du siège de Sarajevo.

"Nous avons des critères convenus avec l'OSCE (organisation pour la sécurité en Europe) et qui ne prévoient pas que de telles choses soient étudiées" en Republika Srpska, a insisté Milorad Dodik, qui s'exprimait à Banja Luka, capitale de l'entité serbe.

Il a dénoncé une volonté de tromper les élèves en voulant faire "enseigner dans nos écoles que nous avons commis un génocide". "Qui accepterait une telle chose?", s'est-il interrogé.

"Nous ne le permettrons pas. S'ils veulent étudier ce genre d'histoire qu'ils le fassent dans la Fédération" croato-musulmane, a ajouté le président de l'entité serbe.

Milorad Dodik a nié à plusieurs reprises qu'un acte de génocide ait été commis à Srebrenica. "Je vous le dis, nous ne reconnaîtrons pas le génocide. Le génocide n'a pas eu lieu", avait-il répété en juillet 2016 (voir ci-dessous).

Autrefois favori des Occidentaux qui ont facilité son accession au pouvoir, Milorad Dodik s'en est beaucoup éloigné.

Il estime que les institutions de la Bosnie, qui divisent le pays en deux entités largement autonomes, ne sont pas viables. Par le passé, il a brandi la menace d'un référendum d'autodétermination de son entité.

Plus que jamais, nous exprimons notre solidarité à la population bosniaque de Srebrenica, victime du génocide et du négationnisme ainsi qu'aux Serbes qui travaillent à l’établissement d'une mémoire partagée et respectueuse

MEMORIAL 98

Actualisation du 19 décembre 2016

 

Srebrenica solidaire avec Alep

Lors du rassemblement parisien de solidarité avec Alep le 19 décembre, un membre de Memorial 98 a présenté l'appel des " Enfants de Srebrenica " ci-dessous; à voir et à entendre ici 

Alep/ Srebrenica: appel bouleversant de survivants du génocide de Srebrenica (Bosnie) en 1995 à propos d'Alep: 

"Nous regardons avec effroi ce qui se passe à Alep, en Syrie. Des enfants, des femmes, des civils sont victimes d’atrocités. Des enfants, des femmes, des civils sont pris au piège dans un quartier de la ville assiégée, sans eau, sans nourriture, sans médicaments, sans électricité. Chacun de nous peut voir ces appels à l’aide désespérés qui viennent d’Alep, mais ce n’est pas suffisant de cliquer sur Facebook ou Twitter, de regarder, de partager sur nos murs, alors que pas un gouvernement ne bouge le petit doigt pour changer la situation. Il semble que les intérêts économiques et politiques de nos gouvernements sont plus importants que la vie des innocents.

Il y a seulement vingt et un ans, à Srebrenica, en Bosnie-Herzégovine, nous étions comme les gens d’Alep. Nos pères, nos frères, nos enfants étaient horriblement massacrés et d’autres le furent plus loin, dans le silence et nous regardions comme nous regardons Alep aujourd’hui. Nous lancions des appels désespérés à la communauté internationale. Nous imaginions que l’Europe ne permettrait jamais que cela arrive. Nous pensions que nous avions appris depuis l’Holocauste, depuis les camps de concentration et de la mort. Nous avions tort : c’est arrivé de nouveau. Et c’est arrivé sous le drapeau des Nations unies, dans une enclave protégée par les soldats de la paix des Nations unies. 8 329 personnes tuées, leurs corps jetés dans des fosses communes. Ce fut ce qui est connu dans le monde entier sous le nom de génocide de Srebrenica, le pire massacre survenu en Europe depuis la période nazie.

Aujourd’hui, nous ne pouvons plus rester silencieux devant ce qui arrive en Syrie et à Alep. Pendant des années, nous avons répété en chœur « Plus jamais ça » à chaque commémoration du génocide. Pendant des années, des ministres, des représentants de nos gouvernements ont demandé pardon pour leur responsabilité et répété « Plus jamais ça ». Avons-nous appris quelque chose de Srebrenica ? Combien faut-il de Srebrenica pour que nous comprenions quelque chose ? Combien d’innocents doivent-ils mourir pour que nos yeux s’ouvrent ? Combien d’enfants doivent-ils devenir orphelins pour toucher nos cœurs ?

Il est temps que l’humanité montre qu’elle a appris quelque chose. Il est temps de construire des ponts d’espoir entre tous les êtres humains. Il est temps d’abattre les murs des préjugés qui ont été érigés pour nous séparer. Il est temps de démilitariser nos pays. Chacun de nous est victime et responsable de la situation actuelle, chacun de nous a le pouvoir de la changer, de rendre ce monde meilleur. Si ce monde ne change pas maintenant, si ce monde n’ouvre pas ses portes et ses fenêtres, s’il ne construit pas la paix – une paix véritable – pour que nos enfants aient une chance d’y vivre, alors nous sommes incapables d’expliquer pourquoi il y a eu Srebrenica.

Peu d’entre nous ont survécu, et peu d’entre nous ont trouvé le courage de revenir vivre à Srebrenica. Mais aujourd’hui, il est de notre responsabilité d’appeler les gouvernements à nous écouter. Il faut arrêter la guerre en Syrie, il faut prendre en charge tous les civils victimes d’atrocité, il faut commencer un nouveau processus démocratique de construction de la paix. Aujourd’hui, il est de notre responsabilité d’appeler l’humanité entière à nous écouter. De pousser nos gouvernements à commencer la démilitarisation de nos pays. De fermer les usines d’armement. Nous appelons l’humanité toute entière à devenir humaine, sensible, à comprendre les besoins de l’autre et à être solidaire.

Vendredi 23 décembre, nous organiserons une manifestation pacifique au mémorial et au cimetière de Potočari où sont enterrés beaucoup de nos êtres chers tués durant le génocide de Srebrenica. Nous appelons une fois de plus le monde à ouvrir les yeux devant la situation en Syrie. Il y a 21 ans, le monde a fermé les yeux et nous a laissé nous faire massacrer comme des animaux. Nous espérons que tous ont tiré des leçons de cette douloureuse expérience. Nous espérons que le monde ne fermera pas les yeux une nouvelle fois. Nous espérons qu’il n’y aura plus jamais de Srebrenica, pour personne et nulle part au monde.

 

Les enfants de Srebrenica.

 

Répondons à cet appel en participant aux mobilisations pour la population d'Alep (voir ici)

 

MEMORIAL 98

 

 

Actualisation du 18 octobre 2016

 

 

Le nouveau maire de Srebrenica. Mladen Grujicic, est Serbe et ne reconnaît pas qu’un génocide s’est produit en juillet 1995 contre les musulmans bosniaques.

La ville-martyre de la guerre en Bosnie était dirigée sans interruption par des maires musulmans bosniaques depuis 1999.

Le candidat bosniaque musulman Camil Durakovic ne reconnaît toujours pas sa défaite, dénonçant des irrégularités.

Les Bosniaques de la villes s'étaient inquiétés des conséquences de cette victoire électorale en  reprochant au nouveau maire serbe  de ne pas reconnaître que le massacre de plus de 8.000 hommes et adolescents bosniaques en juillet 1995, était un acte de génocide comme l'ont décidé la justice internationale et l'ONU (voir ci-dessous)  

Le nouveau maire serbe ne nie pas entièrement le crime commis contre les Bosniaques. Mais il rejette la qualification de génocide et affirme "vouloir tourner la page".

L'incitation au négationnisme vient de haut en l’occurrence de  Milorad Dodik, chef de la Republika Srpska, l'entité serbe de Bosnie ( ci-dessous)

Nous sommes plus que jamais solidaires de la population bosniaque de Srebrenica, victime du génocide et du négationnisme ainsi que des Serbes qui travaillent à l’établissement d'une mémoire partagée et respectueuse

 

 

Memorial 98

 

Actualisation du 11 juillet 2016 : recueillement et négationnisme maintenu.

 

Des milliers de personnes ont rendu hommage lundi 11 juillet à Srebrenica aux victimes et particulièrement aux 127 personnes dont les restes y ont été enfin inhumés à l'occasion du 21e anniversaire du génocide.

En tout  8.372 hommes et adolescents ont été assassinés en quelques jours et jetés dans 77 fosses communes, Plus de mille corps sont encore recherchés, selon l'Institut bosnien pour les personnes disparues. Plus de 6.400 victimes sont enterrées à Srebrenica et 230 ailleurs.

Le même jour Milorad Dodik, chef de la Republika Srpska, l'entité serbe de Bosnie, a de nouveau nié ce génocide : "Je vous le dis, nous ne reconnaîtrons pas le génocide. Le génocide n'a pas eu lieu", a-t-il déclaré.

 

Actualisation du 9 juillet 2016 :

 

Nous commémorons le 21e anniversaire du dernier génocide du 20e siècle et rendons hommage aux victimes.

L'année 2016 est celle qui a vu enfin la condamnation de  Radovan Karadzic (voir ci-dessus).

C'est aussi lors de cette année que la reconnaissance du génocide arménien a connu des avancées, notamment lors du vote du Parlement allemand en mai dernier

Le combat pour le justice, contre le négationnisme et l'impunité se poursuit plus que jamais.

Actualisation du 24 Mars 2016 (verdict Karadzic):

 

Plus de vingt ans après le massacre génocidaire de Srebrenica et le siège sanglant de Sarajevo, Radovan Karadzic est reconnu coupable à La Haye (Tribunal international) et condamné à 40 ans de prison, trois jours après la condamnation par la Cour Pénale internationale d'un autre auteur de crimes contre l'humanité .

Il s'agit d'un événement historique dans la lutte contre les génocides et les crimes contre l'Humanité.

Memorial 98 salue le verdict de La Haye, malgré son caractère incomplet.

La lutte contre le négationnisme des dirigeants serbes constitue plus que jamais un enjeu crucial.

Memorial 98

 

 

 

 

 

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