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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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11 août 2023 5 11 /08 /août /2023 14:04

                      Kabuga en procès

Un des principaux organisateurs et financeurs du génocide de 1994, Félix Kabuga, rattrapé après une très longue cavale et qui devait être jugé à la Haye, est en voie d'être libéré en raison de son état de santé présumé. Il a été le patron de la radio Mille Collines qui a joué un rôle funeste dans les appels au massacres. Il a aussi acheté et livré les milliers de machettes, arme du génocide ( voir ci-dessous) 

Il rejoindra ainsi la longue cohorte des génocidaires et criminels contre l'humanité qui ont réussi à échapper à tout jugement. Hitler et goebbels se sont suicidés à la fin de la guerre, Goering à Nuremberg. Milosevic s'est suicidé également à la Haye. De très nombreux criminels de guerre ont fui pendant des décennies afin d'échapper à leur jugement.

Avec nos amis et partenaires de l'association Ibuka-France, qui représente les rescapés du génocide ( ci-dessous) nous protestons contre l'impunité ainsi garantie à Kabuga et à ses conséquences négatives pour les victimes, notamment dans le domaine des réparations.

Memorial 98

 

Trop vieux pour être jugé ?

L’homme d’affaires rwandais Félicien Kabuga, financier présumé du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994, accusé de génocide et crimes contre l’humanité, va bénéficier d’une « suspension indéfinie » de la procédure en cours contre lui, ainsi que l’a ordonné, le 7 août 2023, la Chambre d’appel du "Mécanisme international résiduel"  pour les tribunaux pénaux chargé de le juger.

Trop malade et trop vieux, l’homme ne peut donc être jugé. Au nom de l’équité, il doit être remis en liberté. Et contrairement à ce qui avait été annoncé, le procureur du Mécanisme ne pourra même plus poursuivre l’exposé des preuves qu’il avait rassemblées et qui avaient conduit à son arrestation. Consternant.

Cet homme est né sous la bonne étoile. Il a réussi dans tout ce qu’il a entrepris. Avant le génocide, il était un homme d’affaires prospère. Riche, il avait marié ses filles aux fils de l’ancien président de la République, Juvénal Habyarimana, et d’un grand ministre de son gouvernement.

L’entreprise génocidaire qu’il était accusé d’avoir financée, aura été un succès. Plus d’un million de morts en moins de trois mois mettra une inscription au palmarès des records criminels ! Les charges qui pesaient sur ses épaules sont très lourdes. L’une d’elles concerne la création de la RTLM ( Radio Mille Collines) un média dont on connaît le rôle décisif dans l’exécution du génocide. L’histoire retiendra que la communauté internationale n’a réussi à mettre la main sur cet homme que lorsqu’il n’était plus capable de répondre de ses actes. Elle retiendra aussi qu’il n’était pas terré dans les bois. Sous des faux noms qu’il changeait souvent, il voyageait entre les capitales des pays censés collaborer avec le Tribunal pénal international pour le Rwanda.

Nous devons aujourd’hui l’admettre, Félicien Kabuga a réussi à organiser son impunité en se dissimulant sous de fausses identités et d’en sortir sans encourir le risque d’un procès. Tout ce tapage depuis son arrestation ne débouche que sur une chose : Félicien Kabuga porte désormais son vrai nom, il n’a plus besoin de se cacher et, à sa mort, sa famille pourra le pleurer, l’accompagner, fleurir sa tombe sans avoir besoin de se cacher. Il mourra innocent.

Il est tout à l’honneur du Mécanisme de l’ONU de donner à Kabuga ce qu’il aurait refusé aux victimes. Les miliciens qu’il est accusé d’avoir financés n’ont épargné ni les bébés, ni les vieillards, ni les malades, ni les femmes enceintes, ni les fous. Nous demandons au Mécanisme de l’ONU une seule chose : pourrait-t-il pour une fois faire preuve d’empathie et de courage à l’égard des victimes en recevant les représentants des rescapés, en organisant un procès au civil et en leur donnant accès au dossier de Félicien Kabuga ?

L’engagement du procureur à redoubler d’effort pour mettre aux arrêts d’autres fugitifs n’est qu’une très fragile consolation. Nous savons maintenant ce qu’il en est. Ils seront trop vieux et trop malades pour faire face à la justice. Par contre, ils savent aujourd’hui qu’ils ont une porte de sortie de l’anonymat « sécurisée » : se livrer au Mécanisme de l’ONU. Ils ne seront pas jugés à cause de leur âge. Mais ils retrouveront leur identité. La communauté internationale devrait trouver le moyen de réparer sa faillite dans le génocide perpétré contre les Tutsi. Le Mécanisme de l’ONU, uniquement préoccupé de servir le droit, a montré son incapacité à rendre justice aux victimes.

A Paris, le 10 août 2023

Marcel Kabanda

Président

 

 

 
 12 novembre 2020: Kabuga devant le tribunal international de La Haye

Félicien Kabuga, a comparu pour la première fois à La Haye le mercredi 11 novembre.  Arrêté en France en mai dernier, il est poursuivi pour sept chefs d’inculpation dont génocide et complicité de génocide. Il a fait savoir par la voix de son avocat qu’il plaiderait non coupable. Il avait tenté d'éviter sa comparution devant ce tribunal mais la Cour de Cassation a rejeté son recours. Il aurait du être jugé à Arusha en Tanzanie, mais son état de santé a déterminé une localisation plus proche

 

Félicien Kabuga ne reconnaît pas les crimes qui lui sont reprochés. Ce n’est pas une surprise. Il plaidera donc non coupable. Il était présent à l’audience mais s’est seulement exprimé brièvement au tout début de son habituelle voix faible, et pour confirmer qu’il comprenait la langue utilisée à l’audience ou en tout cas sa traduction.

Cette audience initiale ne signifie pas l’ouverture d’un procès, car pour cela, il faudra encore attendre des mois.

 Le procureur Serge Brammertz et ses équipes travaillent encore à la mise à jour de l’acte d’accusation qui, tel qu’il a été lu à l’audience aujourd’hui, date de 2011, soit près de 10 ans. Une actualisation s’impose donc pour notamment tenir compte des témoins encore disponibles ou non, ou de nouveaux éléments qui auraient été découverts depuis.

 

 2 septembre 2020

 


Félicien Kabuga tente par tous les moyens d'échapper à la justice internationale.

Il a saisi a plus haute juridiction de l'ordre judiciaire français, la Cour de Cassation, après le feu vert donné le 3 juin par la cour d'appel de Paris à sa remise au Mécanisme pour les tribunaux internationaux (MTPI). Cette structure est chargée d'achever les travaux du Tribunal international pour le Rwanda ( TPIR) et siège à Arusha en Tanzanie. Ses avocats mettent en avant son état de santé. La décision sera annoncée le 30 septembre.

Un autre génocidaire présumé de haut niveau est recherché, après avoir lui aussi trouvé refuge en France.
Un mandat d'arrêt international contre Aloys Ntiwiragabo a été émis par le Rwanda. Après sept mois d'enquête, le journal Mediapart avait en effet retrouvé celui qui était à la tête du renseignement militaire à l'époque du génocide contre les Tutsi au Rwanda en 1994. Le parquet antiterroriste français a ouvert une enquête préliminaire pour "crimes contre l'humanité".
A cette occasion on a découvert les errements de l'administration française qui semble avoir accordé le statut de réfugié à des génocidaires présumés.

Avec nos amis et partenaires de l'association de rescapés du génocide  Ibuka et le Collectif des parties civiles pour le Rwanda nous exigeons que les génocidaires présumés soient déférés devant la juridiction qui est mandatée pour cela. 

MEMORIAL 98



 

Grande et bonne nouvelle: Félicien Kabuga, considéré comme le financier du génocide des Tutsis et l’un des principaux accusés encore recherchés par la justice internationale, a été arrêté le 16 mai. Cette arrestation survient un mois après la 26e commémoration du début du génocide 

 

 
Agé de 84 ans, Félicien Kabuga, qui résidait à Asnières-sur-Seine (92) sous une fausse identité, est notamment accusé d’avoir créé les milices Interahamwe , principales structures armées du génocide de 1994.
 
Il est visé par un mandat d’arrêt du Mécanisme international, la structure chargée d’achever les travaux du Tribunal international pour le Rwanda (TPIR). 
Selon le communiqué des autorités françaises, il faisait partie des fugitifs les plus recherchés au monde.
 

Il a présidé la Radio génocidaire des Mille-Collines

Son arrestation montre que les responsables de génocide peuvent être contraints de rendre des comptes, même vingt-six ans après leurs crimes, a commenté le procureur du Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI)
 
En 1994, Félicien Kabuga – dont une fille était mariée à un fils du président rwandais Juvénal Habyarimana – appartenait au cercle restreint de ce dernier, dont l’assassinat, le 6 avril 1994, allait déclencher le génocide.
 

Il présidait la Radio télévision  des Mille-collines (RTLM), qui diffusait des appels aux meurtres des Tutsi et dont le rôle toxique fut extrêmement important.

Dans les jours qui précèdent le début du génocide le 6 avril 1994, il est annoncé à l'antenne de cette radio que "Le 4 ou le 5, il va se passer un petit quelque chose (...) une petite chose est prévue. Cette petite chose va continuer les jours suivants… Hohoho !". 
Le génocide débute finalement le , immédiatement après que l'avion du président Habyarimana ait été abattu, vers 20h30. 
Radio Mille Collines diffuse des listes de personnes à exécuter dès 21h, montrant la radio était un instrument de la planification du génocide.
Au cours du génocide, la RTLM encourage sans cesse les tueries en indiquant les endroits où des Tutsi se cachent, donnant des noms de personnes à abattre, galvanisant les miliciens pour qu'ils attrapent et découpent les inyenzi et "remplissent les fosses". Inyenzi, un mot dans la langue commune locale kinyarwanda qui signifie « cafard », « cancrelat », est alors utilisé pour désigner les Tutsi.

 
Kabuga dirigeait aussi le Fonds de défense nationale (FDN) qui collectait des fonds destinés à financer la logistique et les armes des miliciens hutu Interahamwe, selon l’acte d’accusation du TPIR.
 
Dans ce cadre, il est également accusé d’avoir ordonné aux employés de sa société […] d’importer un nombre impressionnant de machettes ( les armes du génocide) au Rwanda en 1993, avant de les faire distribuer en avril 1994 aux Interahamwe. 
Le document ci-dessous montre le bon de transport de 987 cartons de machettes ( matchets) commandés par Kabunga
 
 
Les machettes constituent l'arme atroce du génocide. Elles provoquent des souffrances terribles. De nombreux témoignages de survivant.e.s racontent comment les victimes des tueurs suppliaient d’échapper à la machette et d'être tuées par balles. Mais les génocidaires réclamaient alors d'être payés pour compenser "le prix de la balle". 

Réfugié en Suisse en juillet 1994 avant d’être expulsé, Félicien Kabuga avait ensuite temporairement rejoint Kinshasa en RDC. Il avait été signalé en juillet 1997 à Nairobi, où il avait échappé à une opération destinée à l’arrêter, puis à une autre en 2003,
 
Il doit désormais être rapidement présenté au parquet de Nanterre en vue de son incarcération puis au parquet général de Paris dans les prochains jours.

Graves interrogations sur le séjour de Kabuga en France: qui l'a protégé? 
Son arrestation, qui constitue une excellente nouvelle, pose également de nombreuses interrogations que formule Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda ( CPCR) lequel combat pour que les génocidaires cachés en France soient extradés vers le Rwanda ou à défaut jugés en France.
« Le fait qu’il soit arrêté près de Paris sous une fausse identité soulève évidemment la question du niveau de protection dont il a pu bénéficier . Comment est-il parvenu à obtenir ses faux-papiers ? Comment est-il arrivé jusqu’ici ? J’espère que l’enquête et le procès permettront de le savoir. Cette arrestation très importante ne doit pas faire oublier qu’il reste d’autres génocidaires en liberté et que certains sont toujours recherchés par le TPIR..."  
 
L'arrestation de Kabunga constitue une victoire contre l'impunité; elle doit aussi permettre d'avance beaucoup plus fortement dans la recherche de la vérité concernant la responsabilité des autorités françaises dans le déroulement du génocide (voir ici nôtre dossier à ce sujet )
 
Voir d'autres articles de Memorial 98 à propos du génocide des Tutsi et du négationnisme qui poursuit son œuvre:
 
 
 
 
 
 
 
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