Actualisation du 10 octobre 2016
Regroupement familial: les exagérations et mensonges de Christian Estrosi, qui défend le référendum que Sarkozy veut organiser afin de mettre fin à ce droit élémentaire, garanti par des conventions internationales.
Le lundi 10 octobre, le président LR de la région PACA est interrogé par Jean-Jacques Bourdin (BFM TV) sur l’ampleur des chiffres du regroupement familial. Et l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, porte-parole de sa campagne pour la primaire de la droite invente des "centaines de milliers" de bénéficiaires.
- Jean-Jacques Bourdin : Le regroupement familial, combien de personnes ? Vous le savez. Combien de personnes le regroupement familial ?
- Christian Estrosi : Oh, le regroupement familial, c’est plusieurs centaines de milliers de personnes par an…
- Jean-Jacques Bourdin : C’est 12.000 (par an) . Pas plusieurs centaines de milliers, c’est 12.000.
- Christian Estrosi : Sur le mandat. Très bien. C’est 12.000.
- Jean-Jacques Bourdin : Pas sur le mandat. C’est 12.000. Vous en parlez sans savoir, sans connaître.
Effectivement, si l’on rapporte les chiffres annuels du regroupement familial sur un mandat de cinq ans (12.000x5 = 60.000), on est bien loin d’atteindre les centaines de milliers annoncés par Estrosi.
Toute la campagne de Sarkozy et des autres candidats à la primaire de la droite sont du même acabit: mensonges, exagérations, reprise des thèmes du FN.
Memorial 98
Actualisation du 24 aout 2106
Estrosi, en première ligne des arrêtés anti-burkini, se lance aussi dans la censure des photographes et internautes.
Le vrai-faux maire de Nice, qui n’est officiellement qu’adjoint du vrai maire (pour éviter de tomber sous le coup des cumuls de mandat), a fait publier un communiqué de presse par la mairie pour annoncer qu’il porterait plainte contre ceux qui diffuseraient des photos de policiers municipaux qui verbalisent les femmes coupables d’exercer ce qu’elles croyaient être leur liberté de s’habiller dsur les plages.
« Des photos montrant des policiers municipaux de Nice dans l’exercice de leurs fonctions circulent depuis ce matin sur les réseaux sociaux et suscitent des propos diffamatoires et des menaces à l’encontre de ces agents », assure le communiqué. Il évoque implicitement les clichés diffusés mardi par le Daily Mail, qui font désormais le tour du monde.
On y voit quatre policiers qui obligent une femme allongée sur la plage de Nice à retirer sa tunique
Il n'y a évidemment aucune base légale à une telle plainte, les policiers ne bénéficiant pas de protection particulière qui interdirait par principe de prendre en photos ou en vidéo leurs actions dans l’espace public, ou de les diffuser.
Il s'agit donc pour Estrosi d'intimider et d'imposer un discours discriminatoire, sans que celui-ci puisse être contesté et déconstruit.
Memorial 98
Les déclarations belliqueuses du maire UMP de Nice et tête de liste UMP pour les régionales en Paca, Christian Estrosi, évoquent pêle-mêle une "3e guerre mondiale déjà commencée", la "5e colonne musulmane dans les caves", des "Français de papier" ainsi que la "défense de la civilisation judéo-chrétienne".
Elles ne constituent pas pour autant la bouffée délirante d'un politicien médiocre. Estrosi est très proche de Sarkozy qui est venu en personne l'investir à Nice comme tête de liste pour les élections régionales.
Il applique scrupuleusement la stratégie mise en place dès 2007 par le chef de l'UMP et explicitée pour la période actuelle par l’ex-ministre Eric Woerth le 22 avril dans Le Monde:
« Pour endiguer le FN, il faut montrer que la barrière est infranchissable en refusant toute alliance. A partir du moment où la digue est érigée, on peut aller très loin en s’approchant le plus possible de la frontière ».
Il s'agit donc pour eux de capitaliser doublement, d'une part en légitimant les thèses racistes et islamophobes du FN afin de s'adresser à l'électorat de l'extrême-droite, tout en se proclamant les seul capables d'empêcher le désordre, notamment économique, que le FN apporterait.
Sans surprise on retrouve dans la mise en œuvre de cette orientation les dirigeants UMP qui se sont déjà investis dans les diverses manœuvres concernant le FN. Nadine Morano est quasiment hors-concours car elle a récolté des parrainages d'élus locaux pour Jean-Marie Le Pen lors de la présidentielle de 2007, sur ordre direct de Sarkozy.
Mais il s'agit aussi de ceux qui ont passé des alliances avec le FN lors des élections régionales de 1998. Eric Woerth, déjà cité, en représente un bon échantillon car il a travaillé à une majorité Droite-FN au conseil régional de Picardie
Et on retrouve à nouveau Estrosi qui en 1998 a mené une bataille acharnée pour une telle alliance en région PACA.
Sa tentative a finalement échoué face à la résistance de dirigeants locaux de la droite, tel François Léotard, ainsi que par la révélation de ces manœuvres secrètes.
Dans un entretien à "Minute" en date du 11 mars 1998, à la veille de régionales, Estrosi avait annoncé la couleur et préparé l'alliance en déclarant :
«Dire "moi je suis là pour empêcher M. Le Pen d'exercer des responsabilités parce qu'il est xénophobe" ne me semble pas la meilleure méthode pour être crédible et efficace"». En effet c’est le chef du FN qui était tête de liste de son parti dans la région et qui aurait donc accédé à la présidence régionale.
Cet épisode, à la recherche d’une alliance avec le dirigeant antisémite et négationniste, l'homme du "détail des chambres à gaz", n’empêche pas Estrosi de se présenter comme un « grand ami » de la communauté juive; il avait été jusqu’à déclarer en Novembre 2007 que «Sarkozy est le candidat naturel des électeurs juifs».
Il agit en fait dans l’esprit celui qui fut son mentor et initiateur dans le marigot politicien niçois, qui regorge de passerelles entre la droite dure et l'extrême-droite .
L’histoire politique de C. Estrosi a débuté sous les auspices de Jacques Médecin, maire de Nice de 1965 à 1990, très à droite et très corrompu. Estrosi a été rangé parmi les « bébés Médecin » et a bénéficié de son appui, y compris après la fuite de ce dernier vers l'Uruguay en 1990. Il avait choisi de fuir pour éviter de comparaître devant la justice française, qui finira par le faire extrader pour le juger et le condamner.
Ainsi le 24 octobre 1991, M. Médecin envoya depuis son exil un appel de soutien à M. Estrosi et déclarait: "Je vous dis: faites confiance à ces hommes et à ces femmes qui se sont rassemblés aujourd'hui autour de M. Estrosi… ». Or J. Médecin soutenait l’apartheid en Afrique du Sud et se situait à la lisière du Front National. Il avait ainsi déclaré, dans l’organe de celui-ci, National Hebdo, en avril 1990:
" Les thèses du Front national sont les miennes à 99,9 %. Nous avons un raisonnement identique sur l'identité nationale (...) ; les options actuelles du FN, je pense que je les ai eues avant même que le mouvement n'existe et que Jean Marie Le Pen les exprime et les " mette en musique " avec son exceptionnel talent ".
Avant sa fuite, il avait en 1990 réagi violemment au refus des membres de la communauté juive niçoise de cautionner son rapprochement avec Le Pen, notamment lors de la venue à Nice pour un congrès du FN de l’ancien Waffen SS allemand Schoenhuber, dirigeant du Parti des Républicains (!) d'Allemagne . Après la démission de trois conseillers municipaux juifs, Médecin éructa dans Le Monde du 5 avril 1990 : « Ce sont les Juifs qui sont partis» . Il avait attaqué les «Israélites qui ne refusaient jamais un cadeau».
Connaitra-t-on un jour les réels sentiments d'Estrosi, grand persécuteur des Roms, à l’égard de ces "autres gens du voyage" que sont les Juifs?
Estrosi symbolise les dirigeants de la droite dure du Midi, tournés vers la glorification de l’Algérie française, qui recyclent massivement les thèmes de l’extrême droite ainsi que les responsables locaux de celle-ci.
A ce titre, Estrosi représente un bon profil pour lancer les ballons d'essai que Sarkozy juge nécessaire de tester dans le cadre de sa stratégie.
Il nous éclaire aussi sur le déferlement de haine que ce dernier va diffuser jusqu'à la présidentielle.
Spécial 1er mai/ 20e anniversaire de l'assassinat de Brahim Bouarram : nous nous souvenons que le 1er mai 1995, Brahim Bouarram, jeune marocain de 29 ans, a été jeté dans la Seine par des militants d'extrême-droite qui participaient à un cortège du Front National. Comme chaque année nous nous retrouverons à Paris avec plusieurs associations sur le pont du Carrousel le 1er mai à 11h pour honorer sa mémoire. Nous appelons nos lecteurs parisiens à nous y rejoindre pour ce rendez-vous.
MEMORIAL 98