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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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Sur les réseaux sociaux : 

    

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Pour correspondre avec nous, nous proposer des articles ou des informations,

pour toute question : 

contact@memorial98.org

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8 février 2009 7 08 /02 /février /2009 18:02
 
« Il faut buter les terroristes jusque dans les chiottes ».
Cette formule de Poutine à l'égard des Tchétchènes symbolise la brutalité de la guerre qu'il a menée dans ce pays soumis par la Russie à une répression féroce.
 
Dans la campagne électorale en cours en Israël, plusieurs chefs de parti revendiquent une parenté politique avec le dirigeant russe.
 
 
C'est le cas d'Ehud Barak, dirigeant du parti travailliste et actuel ministre de la Défense. Dans sa campagne en direction de l'électorat russophone, très convoité et considéré comme particulièrement adepte de l'emploi de la force, il a explicitement revendiqué cette phrase de Poutine comme principe directeur. Des journaux russophones ont alors révélé que Poutine attribue lui-même l'origine de sa formule aux exploits passés de Barak. Celui-ci avait en 1972 pris le contrôle d'un avion détourné sur l'aéroport d'Entebbe et avait attaqué un des assaillants enfermé dans les toilettes.
 
Au-delà de l'anecdote,  se trouve mise en lumière l'inspiration d'une politique de riposte  que  les dirigeants israéliens eux-mêmes qualifient de « disproportionnée » à l'égard de la population de Gaza.
 
La proximité est encore plus forte du côté d'Avigdor Liebermann dirigeant d'extrême-droite du parti « Israël Béténou », lui-même russophone.
 
Sa campagne se fait notamment autour d'une agitation contre les Arabes israéliens, accusés de « manque de loyauté » et menacés de perdre leurs droits de citoyenneté. Cette campagne qui rencontre un succès important, particulièrement dans la jeunesse  pourrait propulser ce parti au troisième rang des formations du pays et conduire à un gouvernement très à droite.
 
D'autres signes inquiétants de radicalisation traversent la société israélienne, soumise à  une propagande intense, notamment de la part de courants fondamentalistes religieux.
 
Il a ainsi été révélé par la presse israélienne que les aumôniers militaires ont massivement diffusé auprès des soldats de l'opération de Gaza des documents justifiant les actes les plus meurtriers. Des tenants du courant fasciste qui se réclame du défunt Kahana entendent aller provoquer les Arabes israéliens jusque dans leurs principales municipalités.

Le risque est grand que les suites de la guerre conduisent à une politique encore plus agressive, dans une fuite en avant sans limites.

 MEMORIAL 98   

 

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5 février 2009 4 05 /02 /février /2009 21:02

Face à la crise économique les vieux démons de la xénophobie ressurgissent et sont stimulés par les pouvoirs en place.

Ainsi en Grande-Bretagne des salariés de l'énergie se mettent en grève pour protester contre l'utilisation de travailleurs italiens et portugais.
Les grévistes ont rappelé au premier ministre  Gordon Brown sa promesse:  "UK jobs for British Workers" (des emplois britanniques pour des travailleurs britanniques). Ce slogan, que revendique le British National Party (BNP) d'extrême droite, a souvent été utilisé par le premier ministre. Ce fut notamment le cas le 24 septembre 2007, à l'occasion du congrès du Parti travailliste, trois mois après qu'il eut remplacé Tony Blair à Downing Street. On se souvient qu' en France, le Parti Communiste avait lancé le funeste slogan "produisons français" vite détourné par le Front National en " Ppoduisons français avec des travailleurs français".
Dans notre pays c'est le nouveau ministre Eric Besson qui surenchérit. Celui qui déclare se sentir très bien au ministère de l'Identité nationale débute par un violent lapsus en évoquant à la radio".. une invasion... euh, une immigration de provenance d'Afrique et du Maghreb..."
Sa première mesure est ensuite l'éloge de la délation; selon une circulaire  de son ministère, les sans-papiers qui dénonceraient leur "passeur" obtiendraient ainsi une régularisation. Toutes les associations se dressent contre ce que la Cimade nomme "jouer  avec des symboles très dangereux".
Besson a contre-attaqué  devant la presse : "Les femmes battues qui portent plainte doivent-elles être accusées de délation ? Ces clandestins doivent-ils rester dans leurs caves pour ne pas qu'on les accuse de délation ?", s'est-il récrié.
Une comparaison que réfute Violaine Carrère, chargée d'études au Groupe d'étude et de soutien aux immigrés( Gisti). Selon elle, cet amalgame entre "femmes battues" et "clandestins" vise à attribuer à l'ensemble des immigrés illégaux le statut de "victimes" et "à remettre en cause le bien-fondé de leur présence sur le territoire européen". "Certes, les clandestins sont victimes de la pauvreté, de la politique des visas, mais pas toujours des gens qui les ont fait passer en Europe", souligne-t-elle.
En cas de condamnation effective des passeurs, précise la circulaire, le clandestin les ayant dénoncés pourrait obtenir une carte de résident de dix ans. "Qu'est-ce que cela signifie de faire dépendre de la condamnation d'un tiers l'obtention d'un titre de séjour ?, s'étonne Violaine Carrère. Cela n'a donc plus rien à voir avec les mérites de la personne, mais avec l'efficacité des services de police..."

Dans ce contexte, il est nécessaire une fois de plus de mettre en oeuvre une protestation unitaire. Nous soutenons donc les initiatives du collectif européen des associations et du réseau éducation sans frontières (RESF) dont celle du Samedi 6 Février à Paris (ci-dessous).  Nous tenons néanmoins à marquer notre désaccord avec une des formules de l'appel qui parle de "logique concentrationnaire". Ce terme est déplacé et hors de propos. La" logique concentrationnaire" a acquis une signification précise, en rapport avec des génocides dont la Shoah. Il n'y a aucune justification à cet écartsde langage et nous le faisons savoir aux organisateurs qui ont rédigé le texte.

MEMORIAL 98



Rassemblement et conférence de presse le samedi 7 février à 15 h Métro Chatelet
A proximité du centre de rétention de Paris - Cité

Contre l'enfermement des étrangers et la remise en cause des droits fondamentaux en France et en Europe
• Partout en Europe et de plus en plus souvent aux frontières de l’Europe, une logique concentrationnaire se
développe pour empêcher ou freiner la circulation de ceux des migrants qui viennent chercher sur ce continent
un refuge ou un avenir meilleur : les moyens pour prendre en charge ces migrants, parmi lesquels figurent de
nombreuses familles avec enfants, et leur venir en aide sont diminués ou supprimés ; dans les zones d’attente,
les quelques centaines de mineurs qui arrivent chaque année sont traités avec la même dureté que les adultes…
L’adoption de la « Directive de la honte » le 18 juin 2008 fait craindre que la logique d’harmonisation par le bas qui est trop souvent celle de l’Union européenne aboutisse partout à l’allongement des temps de rétention et à l’amoindrissement des possibilités de recours.
• En France le ministère de l’immigration se glorifie d’avoir arraché à leur vie dans ce pays près de 30 000 étrangers pour les reconduire aux frontières de la métropole et autant aux frontières de l'Outre-mer (principalement de Mayotte et de la Guyane). Il ne cesse de construire de nouvelles « prisons pour étrangers », dont certaines prévoient l’accueil des mères de famille et de leurs enfants. De fait, les enfants sont de plus en plus nombreux à passer par l’angoisse et le traumatisme de l’enfermement.
Sous prétexte de garantir l'accès à l'asile, le Règlement européen « Dublin 2 » empêche des milliers d'exilés de demander une protection dans l'UE, multipliant les « entonnoirs » et toutes sortes de camps notamment en Grèce, en Italie, en Europe orientale et dans le nord-ouest de la France, et condamnant ces exilés à des errances sans fin.
Pire, un décret fait de la défense des étrangers un marché : Il met en cause, par un appel d’offres, l’exercice des droits fondamentaux des étrangers, en réduisant de fait les possibilités d’action des associations qui assuraient jusqu’à présent l’information et la défense des retenus dans les centres de rétention, et en remettant en cause la possibilité d’un regard d’ensemble de la société civile sur ce qui se passe à l’intérieur.
Pourtant ces étrangers ont été privés du droit au séjour, arrêtés suite à un contrôle d’identité ou routier, interpellés au guichet d’une préfecture, appréhendés sur leur lieu de travail ou à leur domicile, qu’ils aient vécu un an ou quinze ans en France. Privés de liberté, séparés de leurs famille, leurs études interrompues pour les plus jeunes, ils partiront avec une valise et quelques euros en poche, séparés au mépris de toute humanité de leurs amis et relations et surtout de leurs proches qui survivront comme ils pourront…Nous ne pouvons accepter cette logique répressive qui multiplie les atteintes aux droits que la France et l’Europe se devraient de faire respecter au nom des conventions internationales qu’elles ont ratifiées, qu’il s’agisse de la liberté d’aller et venir, du droit à la protection contre les persécutions, du droit à la vie privée et familiale, du droit
à la santé ou des droit des enfants.

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31 janvier 2009 6 31 /01 /janvier /2009 23:36
 
Memorial 98 se joint à l'appel au rassemblement le Dimanche 1er Février à 15H sur le parvis de Beaubourg, en solidarité avec la  manifestation de Moscou qui se tiendra au même moment (voir ci-dessous).
En plus des assassinats commis en Russie, le pouvoir de Poutine fait aussi tuer des opposants dans leur pays d'exil, comme  lors de  l'empoisonnement d'Alexandre Ltvinenko à Londres en Novembre 2006.
Six agents du dictateur et représentant tchétchène de Poutine, Kadyrov, viennent d'être arrêtés en Autriche  Leur interpellation intervient dans le cadre de l'enquête sur le meurtre d'Oumar Israïlov, un réfugié tchétchène de 27 ans qui avait porté plainte en 2006 contre le pouvoir russe devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) pour torture. Il a été abattu de trois balles en pleine rue par deux inconnus près de son domicile à Vienne le 13 janvier dernier.


MEMORIAL 98

 

Assassinats politiques en Russie : Assez !" : Rassemblement le dimanche 1er février à 15h00 sur le parvis de Beaubourg à Paris

Tristesse et colère :  ceux qui défendent les droits et les libertés chaque jour un peu plus menacés en Russie sont sous le choc après l'assassinat, lundi 19 janvier de l'avocat Stanislav Markelov et de la jeune journaliste Anastassia Babourova qui l'accompagnait.
Ces assassinats sont les deux derniers d'une liste  de meurtres et d'agressions de toute sorte. Ces derniers mois les agressions se sont  multipliées en Russie et dans d'autres pays d'Europe. Protester ou exprimer son désaccord avec la politique de Poutine devient une prise de risque pour sa propre vie. 
Stanislav Markelov était un des rares avocats défendant les militants des mouvements sociaux, des syndicats et plus généralement des droits de l'Homme en Fédération de Russie. Il ne plaidait non seulement à Moscou mais aussi dans toute la Russie, notamment dans le Caucase et même en Biélorussie, ou à Strasbourg devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme.
Avocat engagé et homme de gauche, il prenait également part aux forums sociaux qu'ils soient russes ou européens. Ses activités dérangeaient beaucoup de personnes. Il avait défendu Anna Politkovskaïa, les victimes du Nord-Ost, celles d'un tabassage policier en Bachkirie. Plus récemment, il défendait un jeune tchétchène accusant Ramzan Kadyrov (Président de la Tchétchénie) d'enlèvement et de torture, le journaliste de Khimki, Mikhaïl Beketov, passé à tabac pour avoir dénoncé l'administration locale, la cause des ouvriers de la papeterie de Vyborg dans leur tentative d'autogestion, des militants antifascistes accusés injustement d'actes terroristes, des habitants de foyers menacés d'expulsion... Stanislav avait été violemment agressé dans le métro de Moscou en 2004. Suite à des dernières menaces reçues  par SMS, beaucoup font le lien entre son assassinat, lundi 19 janvier en plein centre de Moscou, et la libération le 15 janvier,  du colonel Boudanov, incarcéré en 2003 pour une peine de 10 ans suite au meurtre de la jeune Tchétchène Elza Koungaieva.
En effet l'avocat sortait d'une conférence de presse où il disait son indignation et sa volonté de poursuivre ce haut militaire accusé d'avoir étranglé de ces propres mains cette jeune femme lors d'un interrogatoire. Il avait l'intention de faire appel devant la Haute Cour de Justice.
Anastassia Babourova était journaliste à Novaïa Gazeta et avait le courage de  se saisir du sujet de la Tchétchénie, comme l'avait fait auparavant Anna Politkovskaïa, 
assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou.

 
Elle était présente  lors du dernier Forum Social Européen de Malmö. Elle est décédée à l'hôpital quelques heures après l'assassinat de Stanislav. C'est en voulant rattraper le meurtrier qu'elle a été abattue.
Nous vous appelons à un rassemblement de solidarité et de recueillement en hommage à Stanislav Markelov et Anastassia Babourova.
 
A l'initiative de : Convoi Syndical, Fédération Internationale des Ligues des  droits de l'Homme (FIDH), Ligue des  droits de l'Homme (LDH France), Assemblée Européenne des Citoyens, CEDETIM, Comité Tchétchénie.


MEMORIAL 98

 

 

 

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28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 08:53

Face à la décision du pape réintégrant les intégristes et un evêque négationniste (voir notre article Benoît XVI et son évêque négationniste ) la protestation s'étend.
 Plusieurs cardinaux et evêques l'ont condamnée publiquement et de nombreuses déclarations de dégoût et de honte se font jour.
Seul le cardinal Vingt-Trois, pourtant successeur de Lustiger à Paris a volé au secours de Benoît XVI en déclarant:
"Ce n'est pas parce que certains evêques (Williamson)  se permettent de dire des âneries que cela peut remettre en cause la décision du Pape et jeter l'opprobre sur l'ensemble des catholiques, et remettre en cause la volonté de faire acte de miséricorde envers les schismatiques de la Fraternité Saint Pie X;
Alors oui, je comprends qu'un certain nombre de catholiques puisse avoir une arête dans la gorge qui aura du mal à passer ... mais, que je sache, une arête n'a jamais empêché personne de respirer !..."

Nous publions ci-dessous  la pétition lancée par l’hebdomadaire La Vie : http://www.lavie.fr/l-hebdo/une/article/0938-pas-de-negationnistes-dans-leglise/retour/11/hash/e9e3398696.html. Elle rappelle la révolte de catholiques polonais contre le soutien de leur hiérarchie au prêtre antisémite de Radio Marya ( Pologne : protestation catholique contre l’antisémitisme.)

L’appel des intellectuels catholiques

« Je crois que les chambres à gaz n’ont pas existé ». Cet infâme credo qui n’a rien voir avec le christianisme, nous l’avons entendu jeudi 22 janvier dans la bouche de Mgr Richard Williamson, l’un des quatre évêques intégristes ordonnés en 1988 par Mgr Lefebvre. Ce n’est d’ailleurs pas une surprise : depuis des années, ce prélat multipliait les déclarations provocatrices.

Or, la levée deux jours après des excommunications frappant les lefebvristes a créé une tragique ambiguïté, laissant à penser que Rome réhabilitait le négationnisme ou du moins le considérait comme une opinion licite voire innocente.

Cette ambiguïté est tout simplement insupportable.

Insupportable, parce que derrière le masque du négationnisme, on découvre le visage du plus hideux antisémitisme.

Insupportable, parce que depuis un demi-siècle, de Jean XXIII à Benoît XVI, l’Eglise a entrepris une longue démarche de repentance à propos de l’antijudaïsme. Elle n’a cessé de chercher la rencontre et la réconciliation avec ceux que Jean Paul II appelait « nos frères aînés ». Ce faisant, elle a retrouvé ses racines : Jésus, Marie, les disciples étaient juifs.

Nous, signataires de cet appel, considérons donc les propos de Mgr Williamson comme une atteinte personnelle à notre foi chrétienne.

Nous estimons que cet évêque ne saurait trouver sa place dans l’Eglise, sans repentir sincère et explicite de sa part.

Nous demandons au pape de condamner clairement les propos de Mgr Williamson. C’est à nos yeux, désormais, le seul moyen de réparer les dommages que cette situation fait connaître à l’Eglise elle-même.

MEMORIAL 98
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22 janvier 2009 4 22 /01 /janvier /2009 23:05

La réconciliation avec les intégristes.

 
 
L'un des quatre évêques intégristes que Benoît XVI se prépare à réintégrer dans l'Eglise officielle, Richard Williamson, nie l'existence des chambres à gaz et le massacre de millions de Juifs par les nazis, dans un entretien diffusé par la télévision suédoise SVT.
 
Il avait été ordonné évêque par l'évêque intégriste Marcel Lefebvre en 1988, provoquant excommunication de ce dernier ainsi que celle des autres évêques "schismatiques »
 
 
"Je crois qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz (...) Je pense que 200.000 à 300.000 Juifs ont péri dans les camps de concentration, mais pas un seul dans les chambres à gaz... Il y a certainement eu une grande exploitation (de ces faits). L'Allemagne a payé des milliards et des milliards de deutschemarks et à présent d'euros parce que les Allemands souffrent d'un complexe de culpabilité pour avoir gazé six millions de Juifs mais je ne crois pas que six millions de Juifs aient été gazés", a-t-il déclaré, au cours de cet entretien diffusé en différé mercredi soir.
Il reprend ainsi tous les poncifs négationnistes, tels que les exprime par exemple Faurisson.
 
 
Cette mouvance catholique intégriste est porteuse d'un antisémitisme profondément enraciné dans la tradition de l'Eglise d'avant le concile Vatican II (voir notre article précédent Benoît XVI appuye les intégristes antisémites en France )  
 
Depuis qu'il est pape, Benoît XVI s'est tourné vers la réunification avec ces intégristes ; il avait déjà , en septembre 2007,  promulgué un « Motu Proprio » permettant de nouveau l'usage de la messe en latin et des ses formulations antisémites. Ce geste représentait un encouragement sur le chemin du retour des intégristes  à Rome, qui est aujourd'hui achevé.
 
Benoît XVI s'attache aussi à faire béatifier (déclarer comme saint) son prédécesseur Pie XII malgré l'attitude de ce dernier face au nazisme. Ce pape n'a jamais mis en cause publiquement les persécutions contre les Juifs.
 
 
Dans ce climat, les rabbins italiens accusent le pape Benoît XVI de remettre en cause cinquante ans de dialogue entre le judaïsme et l'Eglise catholique.
Ils ont d'ailleurs décidé de ne pas participer cette année à la traditionnelle journée de réflexion judéo-chrétienne, le 17 janvier.
Les rabbins italiens ont pris leur décision après la réapparition de la prière pour la conversion des Juifs dans la messe en latin "réhabilitée" du Vendredi saint de la Pâques catholique.
En outre, écrivent les rabbins "les plus récentes prises de position du pape sur le dialogue, considéré comme inutile puisqu'il convient de témoigner en toutes circonstances de la supériorité de la foi chrétienne" conduisent "à annuler les 50 dernières années de l'histoire de l'Eglise". Dans la préface d'un livre qui vient d'être publié en Italie ("Pourquoi nous devons nous dire chrétiens" de Marcello Pera), Benoît XVI a en effet estimé qu'un dialogue entre religions "au sens strict" est impossible.
 
Concernant Benoît XVI certains de nos lecteurs ont considéré que la formule contenue dans un de nos précédents articles: "... A la mort du précédent pape, Jean Paul II, la haute hiérarchie de l'Eglise a fait le choix d'un pape déterminé à mener le combat du retour vers la tradition autoritaire du catholicisme. Elle n'a pas hésité pour cela à élire celui des cardinaux qui avait été membre des Jeunesses hitlériennes" constituait une accusation gratuite contre le pape, contraint de rejoindre les jeunesses hitlériennes.
Or dans cette formulation ce n'est pas Ratzinger qui est mis en cause mais ceux qui l'ont élu et qui n'ont pas reculé devant un choix symbolique.
De plus, alors que le futur pape est ordonné prêtre en Allemagne en 1951, six ans après la fin de la guerre et de la Shoah, il ne fait aucune allusion à cet événement dans sa réflexion religieuse et ses écrits en vue de la prêtrise.
Son acharnement à béatifier Pie XII, sa proximité avec les courants catholiques intégristes, au point d'exiger lors de son récent déplacement à Paris des vêtements et objets liturgiques provenant de l'abbaye du Barroux dirigée par des prêtres d'extrême-droite, indiquent pour le moins le retour de vieux fantômes.

MEMORIAL 98 


 


 

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16 janvier 2009 5 16 /01 /janvier /2009 08:48
Nous publions la déclaration du mouvement La Paix Maintenant
(voir notre article précédent Gaza: appel aux consciences )

MEMORIAL 98

Appel à manifestation dimanche 18 janvier (Paris)

DEUX PEUPLES DEUX ETATS UNE PAIX

Face à la guerre à Gaza et à l’accumulation intolérable des victimes civiles palestiniennes, personne ne peut rester indifférent.

Compte tenu des risques de débordements prévisibles, nous n’avions pas encore manifesté notre opinion dans la rue, que ce soit dans les rassemblements communautaires de soutien inconditionnel à la politique israélienne ou pour le soutien à Gaza. Le moment est venu de le faire et de rappeler les principes auxquels nous sommes attachés : celui de la paix entre Israéliens et Palestiniens, mais aussi, en France, ceux de la laïcité républicaine et du vivre ensemble..

Lors de la manifestation du 10 janvier, près du premier cortège regroupant les personnalités, de nombreux slogans de haine ont été proférés. Des militants brandissant des drapeaux du Hezbollah et du Hamas scandaient en arabe « Destruction d’Israël » et « Mort aux juifs ».

Nous sommes horrifiés mais non surpris par de tels débordements, qui se sont déjà produits par le passé. Nous ne faisons pas l’amalgame entre les militants sincères de la cause palestinienne qui cherchaient à exprimer leur douleur, que nous partageons, devant la situation des Gazaouis, et ceux qui appelaient à la haine. Mais nous sommes atterrés par le fait que des organisations et partis se réclamant de la laïcité républicaine se retrouvent aux côtés de la mouvance islamiste la plus dure.

Face aux manifestations unilatérales et aux dérapages inacceptables, il est temps de faire entendre la voix de la raison et de manifester pour les DEUX peuples.

Depuis des années, nous défendons le principe d’une paix négociée entre Israéliens et Palestiniens. L’Initiative de Genève en avait tracé la voie. Celle de la Ligue arabe, validée par l’immense majorité des pays arabes, prouve qu’un accord entre Israël et le monde arabe est aujourd’hui possible.

En conséquence, La Paix Maintenant appelle à un rassemblement silencieux dimanche 18 janvier à 15 h devant le Mur de La Paix, face à l’Ecole militaire à Paris sous le mot d’ordre :

Deux peuples, Deux Etats, Une Paix

Nous nous adressons à la communauté internationale afin qu’elle intervienne pour :
      Imposer un cessez-le-feu immédiat entre Israël et le Hamas, qui mette fin aux opérations militaires israéliennes et aux tirs de roquettes du Hamas et qui garantisse la sécurité des populations israélienne et palestinienne
      Demander à l’Egypte et Israël la levée du blocus de Gaza, tout en empêchant la contrebande d’armes vers Gaza
      Accélérer la reprise des négociations entre Israël et l’Autorité palestinienne en vue d’aboutir à un accord global et définitif, acceptable par les deux peuples.

LA PAIX MAINTENANT


Memorial 98
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5 janvier 2009 1 05 /01 /janvier /2009 22:55
Elles sont Tunisiennes, vivent à  Paris et viennent d’enregistrer deux victoires importantes contre leurs tortionnaires.
Toutes deux ont été torturées en Tunisie par un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions. Ces actes sont réprimés par le Code Pénal tunisien (article 101 bis du 2 août 1999)  le Code Pénal français ( articles 222-1 et 222-3-7ème )et la Convention des Nations Unies contre la Torture et autres peines ou traitements cruels inhumains ou dégradants, ratifiée par la France et la Tunisie.
Deux Tunisiennes, mariées, avec enfants, qui ont porté plainte, dans la solitude la plus totale, ne serait-ce qu’en raison de la discrétion imposée par ces procédures.
Deux Tunisiennes, qui ne se connaissent pas, mais qui ont en commun d’avoir subi la vécu tortures et  humiliations sexuelles.
 Deux Tunisiennes parmi des milliers qui se reconnaîtront, qui vivent jour et nuit les séquelles indicibles de leur souffrance. Et pourtant, deux femmes qui auront par des procédures différentes, symbolique pour la première, pénale pour la seconde, obtenu que le crime de torture soit reconnu publiquement.
 Beaucoup hésitent encore à affronter toute une série d’obstacles à commencer par leur plus proche entourage (comment parler notamment des sévices sexuels,?). Il y aussi  les professionnels du doute ou de la disqualification de la victime: leur position va de la crainte du scandale que pourrait déclencher la publicité sur de telles vérités aux éternelles insinuations, de mise quand il s‘agit de femmes: « ne l’aurait-elle pas cherché par son comportement ? ».
Il leur faudra aussi passer outre les réticences d’une opposition politique frileuse à force de prôner l’héroïsme viril des grands combats et qui commente ainsi « il s’agit de combats individuels, nous menons des combats collectifs". Une partie de cette opposition  a déjà minimisé et dénigré la victoire de Saadia Ali et Zoulikha Mahjoubi sous le prétexte que« l’important c’est de s’en prendre aux donneurs d’ordre, au système, pas aux exécutants ».
Saadia Ali et Zoulikha Mahjoubi auront empêché une fois pour toutes que ne soient gommés de la mémoire du monde les crimes contre l’humanité commis quotidiennement en Tunisie.

Retour sur deux procédures

Saadia Ali, Franco-Tunisienne, se rend le 22 juillet 2004 au Tribunal de Première Instance de Tunis pour des formalités. A la suite d’un différend verbal entre elle et un fonctionnaire, elle est aussitôt conduite au poste de la Sûreté Nationale situé dans le sous-sol du Tribunal où elle est torturée. Elle comparaîtra le même jour devant un juge dans un état physique degradé et totalement bouleversée. Le juge ne diligente pas d’enquête, comme il y est tenu. En état de choc, elle entend qu‘elle va être condamnée. Elle sort libre du tribunal. Elle obtient un certificat médical d’un médecin hospitalier attestant d’ “ecchymoses multiples : bras gauche, pied droit, fesse droite », de lésions « contusions », de « traumatisme crânien » qui a entraîné des « céphalées ». Saadia Ali prend contact avec un avocat qui lui apprend qu’elle est effectivement condamnée à trois mois de prison avec sursis pour agression de fonctionnaire !
Le 30 juillet du même mois, elle dépose plainte pour torture. La plainte est refusée au Bureau du Procureur de la République, mais aucun document ne lui est délivré attestant de ce refus, une pratique courante. Elle ne peut se constituer partie civile pour déclencher une action publique puisque officiellement l’affaire n’est pas classée, ni instruite ! Elle n’a donc accès à aucun recours interne et ne peut obtenir réparation.
Ayant épuisé toutes les voies internes de recours, Saadia Ali dépose plainte devant le Comité contre la Torture de l’ONU le 2 mars 2006 (communication n°291/2006), en vertu de l‘article 22 de la Convention contre la Torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. La Tunisie, État partie à la convention, a connaissance de la requête de Saadia Ali et cette dernière apprend alors qu’une instruction de sa plainte est en cours devant le Tribunal de Première Instance de Tunis (affaire n°5873/4), et qu‘elle aurait été lancée en juin 2006, soit deux ans après les faits, et au lendemain de la plainte déposée à l‘ONU, mais l’État partie n’en fournit aucune preuve, l’avocat tunisien de Saadia Ali n’est tenu informé d’aucun développement. Prenant acte de l’impossibilité pour Saadia Ali d’épuiser les recours internes en Tunisie, du caractère non abusif de la requête, étant donné la gravité d’une dénonciation de torture, le Comité contre la Torture décide le 7 novembre 2007 de la recevabilité de sa requête.
Et soudain Saadia Ali est convoquée en Tunisie par le juge instruisant sa plainte pour torture. A deux reprises, elle se déplace en Tunisie, puis des auditions sont organisées sans qu’elle ne soit convoquée. Et on lui refuse la copie du dossier des auditions.
En conclusion le comité conclut que les faits « sont constitutifs de torture au sens de l’article 1 de la Convention » , considère qu’ "un délai de 23 mois avant l’ouverture d’une enquête sur des allégations de torture est excessif et n’est pas conforme aux dispositions de l’article 12 de la Convention " , rappelle que l’article 14 impose à l’État Partie de « veiller à ce que la victime d’un acte de torture obtienne réparation »  et que l’État Partie « a également violé les obligations qui lui incombent en vertu de l’article 14 de la Convention«   . Le 21 novembre 2008, le comité a donc conclu aux violations des articles 1, 12, 13 et 14 de la Convention et a donné 90 jours à la Tunisie pour l’informer des mesures qu’il aura prises, y compris en ce qui concerne la réparation.

Zoulikha Mahjoubi, Tunisienne dont le mari est réfugié statutaire en France, est torturée le 11 octobre 1996 dans les locaux de la police de Jendouba. Un an plus tard, le 18 octobre 1997, elle se voit remettre son passeport par le commissaire de police qu’elle avait identifié comme le chef des tortionnaires, qui signe son document de voyage : Khaled Ben Saïd. Elle rejoint alors son mari en France, accompagnée de ses enfants. Quelques années plus tard, Zoulikha Mahjoubi identifie son tortionnaire de Jendouba en la personne du vice-consul de Tunisie à Strasbourg et dépose plainte le 9 mai 2001 du chef de torture, en vertu des articles 222-1 à 222-6 du Code pénal. Le parquet de Strasbourg, compétent territorialement, diligente des investigations qui confirment la présence de Khaled Ben Saïd en tant que vice-consul de Tunisie à Strasbourg et bénéficiant à ce titre de diverses immunités en application de la convention de Vienne. Il ne répond pas aux convocations des enquêteurs. Le 16 janvier 2002, une information est ouverte, mais le vice consul se fait porter absent. Le mandat d’amener délivré le 14 février 2002 débouche sur une perquisition infructueuse à son domicile. Un mandat d’arrêt à diffusion internationale est délivré le 15 février 2002. Une commission rogatoire internationale est délivrée aux autorités judiciaires le 2 juillet 2003, en vain.
Le 16 février 2007, en vertu des articles 689-1 et 689-2 du Code de Procédure Pénale qui prévoit que peut-être poursuivie et jugée par les juridictions françaises, si elle se trouve en France, toute personne qui s’est rendue coupable hors du territoire de la République de l’infraction de torture telle que définie à l’article 1 de la Convention des nations unies contre la Torture et autres peines ou traitements cruels inhumains ou dégradants, le juge d’instruction ordonne la mise en accusation de Khaled Ben Saïd. Le 15 décembre 2008, Khaled Ben Saïd est condamné par défaut par la Cour d’Assises du Bas-Rhin à huit ans de réclusion criminelle pour complicité dans des actes de torture ou de barbarie. Étant absent au procès, il ne pourra faire appel.

Luiza Toscane

MEMORIAL 98

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28 décembre 2008 7 28 /12 /décembre /2008 23:59
 
 
La mise en scène macabre du Zénith n’est nullement un « dérapage », comme semblent vouloir l’indiquer les titres du Monde et de Libération.
La vidéo de l’événement et le récit des festivités de l’après-meeting (voir ci-dessous) montrent à quel point l’événement à été pensé et planifié pour obtenir un impact maximum. Dans ce but ont été exploitées toutes les ressources visuelles et allusives  du négationnisme.
Dieudonné commence par  chauffer la salle en demandant un «  tonnerre d’applaudissements » pour Faurisson ; l’ovation monte de la salle, qui devait être avertie de ce « clou » du spectacle. 
 
Sur scène, un technicien affublé d’une tenue rayée de déporté juif, et d’une étoile jaune sur la poitrine, lui  apporte son trophée de « l’insolence ».

Embrassades et tutoiements de rigueur entre le vétéran négationniste et celui qui aspire à reprendre le flambeau, sous l’œil attentif du parrain de l’enfant du maître de la soirée (voir notre article précédent Le Pen et Dieudonné: la grande famille des antisémites. 
Faurisson déclare: " ne pas avoir l'habitude de ce genre d'accueil" et ajoute "Je suis supposé être un gangster de l'histoire!".
Déjà condamné à de nombreuses reprises, il avait en 2007 attaqué en justice Robert Badinter qui l'avait traité de "faussaire de l'histoire". Durant l'audience M. Faurisson avait réaffirmé que " les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des juifs forment un seul et même mensonge historique". Il avait été débouté et condamné à verser 5000 euros à  Badinter, au titre des frais de justice.
Faurisson discourt, manifeste son amicale complicité à Dieudonné, se plaint d’avoir souvent été victime de «  traitement spéciaux »,  allusion codée et directe au terme « traitement spécial » (« besonderes behandlung » en allemand) utilisé par les nazis pour éviter de laisser une trace écrite de l’extermination des déportés juifs. De même il se plaint d’être  traité en « Palestinien dans son propre pays ».
Dans les travées du Zénith s’esbaudit le gratin de l'extrême droite, comme lors de la précédente édition de 2006. Lors de ce premier grand " spectacle" on avait noté la présence, aux côtés de Jany Le Pen, de Roland Dumas, ancien ministre de Mitterrand puis président scandaleux du Conseil Constitutionnel, ami des Le Pen.
Sont présents cette-fois-ci: Jean-Marie Le Pen et sa famille, Alain de Benoist, Dominique Joly, conseiller régional FN élu sur la liste de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon, homme des finances et des relations avec le  général et ministre de la Défense syrien Tlass, organisateur en 2006 du voyage de Dieudonné, Soral, Meyssan  auprès du Hezbollah et de la visite de Dieudonné  à la fête du FN au Bourget  qui officialisa leur convergence. La négationniste Ginette Skandrani aussi est là non loin du leader « radical »  Kémi Seba, familier des collaborations avec les groupuscules néo-nazis.
A la fin du spectacle, une trentaine de proches de Dieudonné se sont retrouvés à l'étage, dans la zone VIP, pour partager un "verre de l'amitié".
Un participant raconte: "Ça a duré une petite demi-heure. On a bien ri." Vers minuit, Dieudonné a accueilli près de 80 amis autour de sa guest-star, Robert Faurisson, pour réveillonner dans son théâtre de la Main d'Or et se réjouir de la soirée au Zénith.

Pourquoi maintenant ?

La période se prête à la propagande antisémite. La crise financière et économique, la récente affaire Madoff  donnent lieu à un renouveau des campagnes reprenant les thèmes traditionnels de la « finance juive », même si Madoff a ruiné de nombreuses organisations philanthropiques juives ainsi que des Juifs fortunés.
La situation au Moyen-Orient, avec la terrible situation de Gaza (même si le spectacle/meeting s’est déroulé avant le début des bombardements israéliens) permet tous les amalgames venant de ceux pour qui la situation du peuple palestinien est avant tout un prétexte.
Peut on défendre les Palestiniens avec le Pen et les néos-nazis ?
Il  faut aussi prendre en compte les enjeux internes au Front National. Celui ci est plongé dans une guerre de succession et d’affrontements de cliques et de fractions. Dieudonné prend parti , en lien avec son mentor Alain Soral, candidat à la tête de liste du FN en Ile de France pour les prochaines européennes.
Nous écrivions dans un précédent article ( Le Pen et le "détail": décryptage ): « Dans la bataille pour la succession au sein du FN, le « tabou » négationniste n’a pas fini de se manifester et son poison d’être diffusé.

Demeure la question la plus importante : quel est ce public qui ovationne Faurisson ?

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28 décembre 2008 7 28 /12 /décembre /2008 19:39

 

 
À propos du film Chomsky et Cie de Daniel Mermet et O.Azam
par Laura Laufer

 
Ce film, qui selon Daniel Mermet désire faire œuvre « d'éducation populaire », se présente sous la forme d'entretiens, divisés en chapitres:  Qui est Chomsky ? Dans quelle boite le ranger ? Voici deux  titres de ces chapitres qui entendent présenter la personnalité et les idées politiques du linguiste  américain.
 
Loin d'être bien documenté sur son sujet, Chomsky et Cie se révèle complaisant, ignorant et tenant du fan-club.
Un retour critique s'avère utile sur ce film et son dossier de presse (http://www.lesmutins.org/chomskyetcompagnie/?p=101#).
Il en de même pour le "Cahier de l'Herne" de 2007 consacré à Chomsky, sous la houlette du physicien et universitaire belge, Jean Bricmont, proche de l'extrême-droite et  également « grand témoin » dans le film.

HAGIOGRAPHIE
Dans le dossier de presse du film, Bricmont livre un florilège relevant du culte de la personnalité, du mépris pour le genre humain ou de l'omission politique.

 
Bricmont qui s'active depuis des années pour faire connaître Chomsky précise « le jour où mes efforts seront couronnés de succès, je n'ai pas de doute, il deviendra un gourou ; c'est dommage, mais c'est la psychologie humaine qui est ainsi faite  » Le mépris pour le genre humain est ici mâtiné d'un déterminisme inquiétant.

« Je l'appelle le Marx de notre temps» -excusez du peu !- dit Bricmont qui regrette que les anarchistes ne parlent pas de Chomsky ou alors « comme d'un faux anar  ».
Mais les anarchistes ont plutôt raison. S'il est aisé de repérer dans les propres dires du linguiste son  opposition résolue à la révolution d'Octobre 1917 et à Lénine et Trotsky qu'il considère comme « les pires ennemis du socialisme », qu'en est-il d'une éventuelle appartenance à un parti ?  
Bricmont précise : « il n'a jamais été ni léniniste, ni maoïste, ni stalinien, ni trotskyste, ni même anarchiste.  Il pourrait être à la rigueur d'accord avec les marxistes d'avant 1914 ».
Seule cette dernière allusion dit vrai mais dans un sens inattendu.

 
En effet, L'Hebdo des Socialistes n° 507, du 8 novembre 2008, journal du Parti Socialiste Européen, confirme ce que la majorité du public ignorera et dont les auteurs du film ne disent rien. Chomsky appartient depuis fort longtemps à l'Internationale Socialiste. Celle-ci est en effet représentée aux USA par le Democrat Socialists of America (D.S.A), qui  travaille en lien étroit avec le Parti Démocrate. Pourquoi ne pas le dire et perpétuer le seul mythe d'un Chomsky « inclassable », plutôt anarchiste? Voilà un fait d'importance qui engage un intellectuel dont nous ne doutons pas qu'il ait choisi cette adhésion en toute conscience. Un vrai documentaire l'aurait interrogé sur ce choix.

L'AFFAIRE FAURISSON- CHOMSKY

 
Chomsky signe en 1979 une pétition défendant le droit à enseigner pour Robert Faurisson qui nie l'existence des chambres à gaz homicides, des camps d'extermination, la réalité du génocide des Juifs par les nazis.
Le linguiste américain écrit un avis qui servira de préface aux thèses de Faurisson publiées aux éditions de La vieille Taupe.
Cette maison d'édition est animée par Pierre Guillaume et Serge Thion, deux anciens membres de l'ultra-gauche passés au fascisme.
L'historien Pierre Vidal - Naquet  dénoncera Faurisson et ses défenseurs dans son livre  "Les assassins de la Mémoire".
Certes, Chomsky dit ne pas défendre le négationnisme mais uniquement la liberté d'expression. Le film ne l'interroge que sur cette dernière formulation, vieux débat entre les intellectuels en France et aux USA, où sur ce sujet la culture diffère.
Mais nous ne suivrons pas Chomsky dans ses "Quelques commentaires élémentaires sur le droit à la liberté d'expression" qui vante, à contrario de la France, la « tradition vivante de défense des libertés » existant aux États-Unis.
Les victimes du maccarthysme, les anciens révoltés d'Attica ou Mumia Abu Jamal dans sa prison apprécieront.
Certes, Chomsky dénoncera avec raison le Patriot  Act de Bush, mais nous lui donnons tort quand au nom de la défense de la liberté d'expression, il raille et fustige le parti communiste américain qui en 1977/78  proteste contre un défilé du Parti nazi dans les quartiers juifs de la ville de Skokie, banlieue de Chicago, connue pour abriter une communauté juive et de nombreux rescapés du génocide nazi.
La pétition signée par Chomsky va plus loin que la seule défense de la liberté d'expression. Elle affirme que Faurisson « a fait une recherche historique approfondie et indépendante sur la question de l'holocauste ». Faurisson, un historien sérieux ? Voilà une juste question posée par Vidal-Naquet et passée sous silence par le film.
D'ailleurs Bricmont estime nécessaire de défendre la liberté d'expression de Faurisson.  Il écrit ainsi dans une note d'un article intitulé " La désionisation de la mentalité américaine"
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=6152&type=analyse&lesujet=Sionisme
     «...  [9] En France, cela voudrait dire défendre la possibilité de s'exprimer librement pour des personnalités aussi diverses que Boniface, Ménargues, Dieudonné, Chomsky, Garaudy ou Faurisson. Ceci est évidemment autre chose que défendre les idées de ces personnalités... »
On notera au passage la manœuvre de Bricmont consistant à amalgamer Boniface et Chomsky à des négationnistes et antisémites avérés tels que Garaudy, Faurisson, Dieudonné.
 

                 Faurisson avec Dieudonné et Frédéric Chatillon, conseiller de Marine Le Pen 
 

Faurisson n'est pas du tout un « libéral apolitique» comme l'écrit Chomsky au cours de la polémique,  pour lancer ensuite qu'il est « cinglé », puis au final et après maintes contorsions consentir à reconnaître son soutien comme une erreur. De fait, Faurisson et Thion s'inscrivent dans une tradition politique, celle du courant négationniste fondé par  les nazis eux-mêmes et par le militant pétainiste Bardèche, puis popularisé par Paul Rassinier.
On peut s'inquiéter de lire sous la plume de Bricmont, dans le récent Cahier de l'Herne, une  caractérisation de Serge Thion en «spécialiste du Cambodge, un militant anticolonialiste depuis toujours". Que veut dire, en 2007, une présentation positive de Thion, fasciste et négationniste depuis 20 ans ?
Enfin, Chomsky prétend disqualifier le droit des vainqueurs au Tribunal  de Nuremberg, ce qui renvoie, dos-à-dos nazis et victimes et cautionne la base du négationnisme.
 Le procès de Nuremberg nécessiterait un long développement.
 
Notons que n'y fut pas jugé le sauvetage possible des camps de la mort,
La guerre avec le Japon en était exclue et donna lieu à un ersatz de procès à Tokyo : ni les massacres de l'armée japonaise à Nankin, ni la bombe d'Hiroshima n'ont été réellement traités. Il en ira de même des actes de cannibalisme commis par des soldats japonais sur  les prisonniers et les populations civiles. Mais cette dernière barbarie « n'existerait » sans doute pas pour Chomsky qui nie l'existence du cannibalisme dans l'Histoire. Ce dont se moque, sur un mode cinglant, Pierre Vidal-Naquet dans sa dénonciation du négationnisme.

À Nuremberg, procès monumental conçu au départ comme tribunal de guerre, suite au partage du monde préfiguré, dès 1943, à la Conférence de Téhéran, les millions de morts juifs « s'invitèrent ». Sur l'ampleur d'une catastrophe jusqu'ici inimaginable et inconnue dans l'histoire, les États-Unis et l'URSS pressés par leurs propres communautés juives, devaient au moins nommer « la chose ».
 
C'est ainsi que naquit la notion de « crime contre l'humanité » puis en 1948 le terme de génocide élaboré par le juriste Lemkin qui faisait partie du Parquet à Nuremberg. Avancer que la  notion de « crime contre l'humanité » n'empêche ni la reproduction des massacres et génocides, ni l'impunité de leurs responsables, tant que l'impérialisme domine le monde constitue une vision idéaliste du droit. La définition du crime n'arrête pas celui-ci. Ainsi l'accident du travail, qui n'est que la requalification du meurtre ou de la mutilation de l'ouvrier, n'a pas disparu par le seul fait de sa définition. Mais, si chaque patron se voyait condamné au pénal, la sécurité du travailleur sortirait grandie et mieux assurée. Le respect et l'application du droit acquis, la punition de son mépris ou de son viol sont bien l'expression d'un rapport de forces qui résulte d'un combat. Sa feuille de route tient dans l'injonction «Plus jamais ça ».

RÉVISIONNISME 
Le plus stupéfiant du film concerne l'Allemagne de Weimar. Pour illustrer la thèse de Chomsky sur la "Fabrique du consentement" (titre d'un de ses ouvrages les plus connus), on y prétend que la « masse » allemande, présentée comme un troupeau sans distinction de classes, a pu, malgré ses grands «acquis démocratiques»,  consentir au nazisme par la seule force de persuasion des médias.
 
On nous présente le journaliste américain Walter Lippmann comme principal inspirateur de la propagande nazie laquelle, en vérité, hérite de Gustave Le Bon. Dans la Psychologie des foules (1894), Le Bon analyse les moyens d'influencer les masses à leur insu. Ce précurseur de l'ethnoracisme, membre du mouvement normand d'extrême droite, fut traduit dans plusieurs langues et connut un grand succès auprès des partis les plus rétrogrades. Il fut le principal inspirateur de la propagande nazie, de Mein Kampf aux discours de Goebbels.
 
Mais il fallut plus fort que les discours pour qu'advienne le IIIe Reich (voir ici).  Chomsky et le film oublient pour les années 1920, l'écrasement de la révolution allemande, l'assassinat de Rosa Luxembourg et de Karl Liebknecht par le social-démocrate Noske et pour les années 30, la tragique division du mouvement ouvrier renforcée par le cours destructeur lancé par Staline, à l'heure où il aurait fallu s'unir face aux forces réactionnaires et à l'oligarchie financière qui soutenaient Hitler.
Même silence, ici, de Chomsky sur la construction du parti nazi, des S.A, la terreur contre les meetings ouvriers, les syndicats, l'assassinat de milliers de communistes, socialistes, anarchistes et chrétiens antinazis.
Venant d'un grand intellectuel théoriquement bien informé des choses du monde, nous doutons que cela puisse être ignorance. Non. Cela s'appelle réviser l'histoire.
    

Laura Laufer

Les citations sont extraites du dossier de presse rendu public sur Internet, du film ou du Cahier  de l’Herne. Chomsky 2007
A lire : Les assassins de la mémoire. Pierre Vidal–Naquet. Ed. Points Seuil.1995




 

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19 décembre 2008 5 19 /12 /décembre /2008 08:05
 Ecoutez Esther Mujawayo, survivante du génocide rwandais, auteure de "SuviVantes" et " La fleur de Stéphanie" avec Souâd Belhadad et le journaliste Patrick de Saint Exupéry.
Au lendemain de la condamnation du colonel génocidaire Bagosora et du procès Péan (voir notre précédent article France-Rwanda: escalade et négation )

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