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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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29 novembre 2008 6 29 /11 /novembre /2008 20:42

Le texte de Karl Marx que nous publions ci-dessous, ainsi que les citations utilisées dans l'introduction de Xavier Rousselin, sont issus des articles écrits par le fondateur de la Première Internationale sur « La guerre civile aux États-unis ». Au moment où l'élection de Barack Obama rappelle les contradictions de l'histoire des USA, ce document nous informe sur les analyses de ce qui était déjà un point de vue mondialement solidaire.

 

Memorial 98

 

Il est à priori surprenant que  Marx, en sa qualité de secrétaire de l'association internationale des travailleurs (AIT, aussi nommée Première Internationale), écrive au Républicain Abraham Lincoln, pour le féliciter de sa réélection à la présidence des États-Unis en 1864.
Mais cette réélection se traduit par l'abolition de l'esclavage aux États-unis.

Bien que cette mesure libératrice soit l'œuvre des capitalistes du Nord, des « Yankees » représentant de la puissance industrielle montante de l'Amérique, Marx souligne un point crucial ; l'esclavage a été aboli par un homme que rien ne prédestinait à cela.

Le fait que Lincoln fasse répondre à cette lettre est tout aussi surprenant. D'ailleurs Marx apprécie que Lincoln ait été sensible à l'appui donné aux forces révolutionnaires américaines par les classes ouvrières européennes et notamment anglaise.

Pourquoi Marx agit-il de la sorte ? Essentiellement parce qu'il a perçu la radicalisation anti-esclavagiste de Lincoln.

Le parti Républicain des Etats-Unis a été fondé en 1854, à la veille de guerre civile (1861-1865), pour contrer les « whigs » libéraux et les « démocrates », qui dans leur majorité soutenaient l'esclavage. C'est le premier paradoxe par rapport à l'époque actuelle.

Les Démocrates étaient alors en majorité sudistes et désignèrent un esclavagiste notoire pour l'élection présidentielle de 1860. Le parti Républicain fut alors formé afin « de se rallier comme un seul homme à la cause du rétablissement de la liberté et de la chute du pouvoir esclavagiste ». 

Lincoln fut désigné pour être le candidat républicain pour l'élection de 1860. Il n'était pas alors un anti-esclavagiste radical et déclarait ainsi : « Je ne suis pas et je n'ai jamais été favorable à l'établissement, sous quelque forme que ce soit, de l'égalité sociale et politique des races blanches et noires. Je ne suis pas et je n'ai jamais été partisan de faire des Noirs des électeurs ou des jurés... » En revanche, il estimait que « pour le droit de manger, sans avoir besoin de l'autorisation de quiconque, le pain qu'il a gagné à la sueur de son front, [le Noir] est mon égal et l'égal de n'importe quel homme vivant. »

Abraham Lincoln s'est radicalisé au cours même de la guerre de Sécession. Car en dépit de la puissance industrielle du Nord et sa capacité à produire des armes et des bateaux  et de créer des lignes de trains, le Sud résista de façon acharnée. La guerre qui dura 4 ans fut une véritable boucherie. Elle causa la mort de 625 000 soldats et d'un nombre indéterminé de victimes civiles. Elle est la guerre la plus meurtrière qu'aient connue les États-Unis à ce jour; en comparaison, lors de la première guerre mondiale, 405 000 soldats américains trouvèrent la mort et 58 000 lors de la guerre du Vietnam.

Ce qui importait le plus à Lincoln était de gagner la guerre pour maintenir intacte la puissance des Etats-Unis et de son gouvernement fédéral, qu'il ne cessa de renforcer au cours de la guerre. Il pensait même, à son début, que s'il fallait maintenir l'esclavage pour gagner, il s'en accommoderait.

Lors des élections parlementaires de novembre 1862, les démocrates pro-esclavagistes remportèrent une victoire qui sonnait comme un désaveu de la politique de Lincoln. Celui-ci refusait de négocier avec la Confédération sudiste et voulait lui imposer de rentrer dans le rang. Il faut noter que les dirigeants de  la place financière de New York avaient de nombreux intérêts dans le Sud esclavagiste. La place avait pris une part active à la traite des esclaves et était la créancière hypothécaire  des plantations du Sud.

En réponse à cette défaite, Lincoln pris deux décisions lourdes de sens. Il proclama l'abolition de l'esclavage  et congédia le général en chef de l'armée du Potomac, nommé McCleland.

Pour affaiblir le Sud, Lincoln se devait de rallier les Noirs. Marx expliquait  en octobre 1862, soit après deux ans de guerre, que « la Nouvelle-Angleterre et le Nord-Ouest, qui fournissent le gros de l'armée, sont décidés à imposer au gouvernement une stratégie révolutionnaire, et à inscrire sur la bannière étoilée le mot d'ordre de l'abolition de l'esclavage »  

Les esclaves tentaient justement de fuir le Sud par tous les moyens et de passer la ligne de front pour atteindre le territoire de la liberté. Lincoln du se résoudre à composer des régiments de Noirs qui constituaient la pire menace que les esclavagistes aient eu à redouter. Car si tous les Noirs s'armaient, que resterait-il de la Confédération ?  C'est ainsi que cette guerre prit un tour révolutionnaire.

 

Au moment de la capitulation, parmi les troupes nordistes qui investirent Richmond, la capitale de la Confédération, se trouvaient des unités du 25° corps d'armée, entièrement composé de Noirs.

Lorsque Lincoln visita la ville, il fut accueilli en héros par les Noirs. Ils voulaient le toucher, lui rendant hommage comme à Dieu.

Un  autre aspect doit être mentionné. Une partie de l'état major de l'armée du Nord répugnait  à attaquer vraiment les sudistes, malgré les ordres répétés de Lincoln. Ces hiérarques respectaient la solidarité qui unissait les anciens de l'Académie militaire de West Point. Ce fut particulièrement le cas de l'Armée du Potomac dirigée par le général McCleland. Sous ses ordres, Marx notait que sur le Potomac, « l'armée était employée, sous les yeux du commandant en chef, à la chasse aux esclaves ! »

Lincoln du alors s'appuyer sur des officiers de « basse extraction » tels que Grant, qui devint général en chef du Nord. C'était fils d'un tanneur de l'Ohio. A l'inverse Lee, le général en chef de la Confédération, était issu de la meilleure aristocratie américaine.

Marx rend compte au fil de la guerre de la radicalisation de Lincoln, qui se traduit d'ailleurs dans les actes plus que dans les discours.

Marx s'émerveille même de voir que les actions de Lincoln sont infiniment plus révolutionnaires que ses propos. Lincoln préférait nettement les réalisations aux discours prometteurs. Il estimait « que la poule est l'animal le plus sage de la création, car elle ne caquette qu'après avoir pondu son œuf. »

La lettre de Marx à Lincoln après sa réélection est une sorte de reconnaissance de cette évolution de Lincoln, devenu révolutionnaire « malgré lui ».

Xavier Rousselin
 
 
Association Internationale des Travailleurs  : À ABRAHAM LINCOLN, PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE.

 Publié dans Der Social-Demokrat, 30 décembre 1864.

Monsieur,

Nous complimentons le peuple américain à l'occasion de votre réélection, à une forte majorité.

Si la résistance au pouvoir des esclavagistes a été le mot d'ordre modéré de votre première élection, le cri de guerre triomphal de votre réélection est : mort à l'esclavage !

Depuis le début de la lutte titanesque que mène l'Amérique, les ouvriers d'Europe sentent instinctivement que le sort de leur classe dépend de la bannière étoilée. La lutte pour les territoires qui inaugura la terrible épopée, ne devait-elle pas décider si la terre vierge de zones immenses devait être fécondée par le travail de l'émigrant, ou souillée par le fouet du gardien d'esclaves ?

Lorsque l'oligarchie des trois cent mille esclavagistes osa, pour la première fois dans les annales du monde, inscrire le mot esclavage sur le drapeau de la rébellion armée; lorsque à l'endroit même où, un siècle plus tôt, l'idée d'une grande république démocratique naquit en même temps que la première déclaration des droits de l'homme qui ensemble donnèrent la première impulsion à la révolution européenne du XVIII° siècle - lorsque à cet endroit la contre-révolution se glorifia, avec une violence systématique, de renverser « les idées dominantes de l'époque de formation de la vieille Constitution » et présenta « l'esclavage comme une institution bénéfique, voire comme la seule solution au grand problème des rapports, entre travail et capital », en proclamant cyniquement que le droit de propriété sur l'homme représentait la pierre angulaire de l'édifice nouveau - alors les classes ouvrières d'Europe comprirent aussitôt, et avant même que l'adhésion fanatique des classes supérieures à la cause des confédérés ne les en eût prévenues, que la rébellion des esclavagistes sonnait le tocsin pour une croisade générale de la propriété contre le travail et que, pour les hommes du travail, le combat de géant livré outre-Atlantique ne mettait pas seulement en jeu leurs espérances en l'avenir, mais encore leurs conquêtes passées. C'est pourquoi, ils supportèrent toujours avec patience les souffrances que leur imposa la crise du coton et s'opposèrent avec vigueur à l'intervention en faveur de l'esclavagisme que préparaient les classes supérieures et « cultivées », et un peu partout en Europe contribuèrent de leur sang à la bonne cause.

Tant que les travailleurs, le véritable pouvoir politique du Nord, permirent à l'esclavage de souiller leur propre République; tant qu'ils se glorifièrent de jouir - par rapport aux Noirs qui, avaient un maître et étaient vendus sans être consultés - du privilège d'être libres de se vendre eux-mêmes et de choisir leur patron, ils furent incapables de combattre pour la véritable émancipation du travail ou d'appuyer la lutte émancipatrice de leurs frères européens .

Les ouvriers d'Europe sont persuadés que si la guerre d'Indépendance américaine a inauguré l'époque nouvelle de l'essor des classes bourgeoises, la guerre anti-esclavagiste américaine a inauguré l'époque nouvelle de l'essor des classes ouvrières. Elles considèrent comme l'annonce de l'ère nouvelle que le sort ait désigné Abraham Lincoln, l'énergique et courageux fils de la classe travailleuse, pour conduire son pays dans la lutte sans égale pour l'affranchissement d'une race enchaînée et pour la reconstruction d'un monde social.

Signé au nom de l'Association internationale des travailleurs par le Conseil central.

RÉPONSE DE L'AMBASSADEUR AMÉRICAIN À L'ADRESSE DE L'ASSOCIATION INTERNATIONALE DES TRAVAILLEURS
Légation des États-Unis,

Londres, le 31 janvier 1865.

Monsieur,

On me demande de vous informer que le président des États-Unis a bien reçu l'adresse du Conseil central de votre association, transmise par notre légation. Dans la mesure où les sentiments qui y sont exprimés ont un caractère personnel, il les accepte, en souhaitant sincèrement et de tout cœur pouvoir se montrer digne de la confiance que ses concitoyens et tant d'amis de l'humanité et du progrès de par le monde entier lui ont récemment accordée. Le gouvernement des États-Unis se rend parfaitement compte que sa politique n'est pas, ou ne pourrait pas être, réactionnaire, mais en même temps il s'en tient à la ligne qu'il a adoptée au début, c'est-à-dire qu'il s'abstient partout d'une politique expansionniste et d'interventions illégales. Il s'efforce de rendre une égale et exacte justice à tous les États et à tous les hommes, et compte sur les résultats bénéfiques de cet effort pour être soutenu à l'intérieur et jouir du respect et de la bonne volonté du monde. Les nations n'existent pas pour elles-mêmes, mais pour promouvoir le bien-être et le bonheur de l'humanité, en entretenant des relations exemplaires de bonne volonté. C'est dans ce cadre que les États-Unis considèrent que, dans le conflit actuel contre les rebelles esclavagistes, leur cause est celle-là même de la nature humaine, et ils tirent un nouvel encouragement à persévérer, du témoignage que leur donnent les ouvriers d'Europe, que cette attitude nationale jouit de leur approbation éclairée et de leurs sympathies véritables.

J'ai l'honneur, d'être, Monsieur, votre humble serviteur.

Charles Francis Adam.



MEMORIAL 98


 

 

 

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11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 21:47
 

Nous publions un article de Souâd Belhaddad, journaliste, auteure notamment  de deux livres sur le génocide rwandais. Elle a suivi le procès intenté par SOS-Racisme pour diffamation raciale à Pierre Péan, pour son ouvrage « Noires fureurs, blancs menteurs » et dont les thèses sont proches de celles du juge Bruguière.

Livres parus :
Entre deux « je » : Algérienne ? Française ? Comment choisir...  (Mango)
SurVivantes : Rwanda 10 ans après ( ed. de l'Aube)
La fleur de Stéphanie : Rwanda entre déni et réconciliation (Flammarion)
Algérie, le prix de l'oubli (Flammarion)

PEAN N'EST PAS RACISTE, LES TUTSIS RESTENT DES MENTEURS ?

Par Souâd Belhaddad

C'était un procès où l'auditoire pouvait y perdre son latin mais aussi, pour ceux qui le parlaient, son kynyarwanda. Les débats ont  en effet parfois viré au traité de  linguistique. Pierre Péan, à la suite de la publication de son ouvrage « Noires fureurs, Blancs menteurs » ainsi que son éditeur Claude Durand (Fayard) étaient poursuivis par SOS Racisme et Ibuka, association de rescapés du génocide, pour diffamation raciale et provocation à la discrimination raciale. Quatre pages (sur  six cents), dans le premier chapitre, expliquaient, entre autres, que «  le Rwanda est aussi le pays des mille leurres tant la culture du mensonge et de la dissimulation domine toutes les autres chez les Tutsis et, dans une moindre part, par imprégnation, chez les Hutus ». D'autres passages reprennent ce propos, étayé par des citations d'anciens colons allemands ou belges et l'accentuent même.

Pendant trois jours de procès donc, les 24, 25, 26 septembre derniers, on a souvent débattu de l'«ubwenge», concept rwandais qui, selon les défenseurs de Pierre Péan, s'apparente au mensonge systématique mais « pas de façon négative comme chez nous, en France », ou selon ceux de la partie civile, à de l'intelligence. Face à cette querelle d'africanistes, la procureure de la République, Anne de Fontette a, au terme des débats, remis certains points sur les i. : «  Les témoins sont venus dans un drôle de mouvement intellectuel nous dire que le mensonge, au Rwanda, serait une qualité. Pour ma part, je note que le terme a été utilisé en français, sans précision sur les diverses traductions que pouvait revêtir le mot en kinyarwanda, au Rwanda. Or, le terme est ici utilisé à la française, où il n'a pas une connotation positive. » La représentante du ministère public s'est également étonnée du choix de certains auteurs des citations choisies par Pierre Péan, comme Paul Dresse, proche de l'extrême droite et dont le « langage colonial de l'époque », comme le souligne l'auteur, n'hésite pas à qualifier les Tutsis «  de race des plus menteuses sous le soleil ». Et Anne de Fontette de conclure que les deux délits étaient bel et bien constitués.
  Le tribunal, qui a rendu son verdict le 7 novembre, en a décidé autrement. Il a relaxé Pierre Péan et son éditeur, estimant que la formulation «  culture du mensonge et de la dissimulation ", aussi brutale qu'elle puisse apparaître, spécialement pour les victimes d'un génocide, ne peut être considérée comme l'imputation d'un fait précis visant à jeter le discrédit sur l'ensemble des Tutsis ». Des témoins de la partie civile avaient pourtant souligné, avec malaise, que le mot «  Tutsi  » accolé aux qualificatifs de menteur et manipulateur, substitué à celui de «  Juif », restituaient le ton classique du discours antisémite des années 1930. On songeait alors au livre de Daniel Sibony, La haine du désir, qui décrypte l'utilisation de l'article défini pluriel «  les » comme un symptôme du racisme pour désigner l'Autre : Les Juifs, les immigrés, les Tutsis... L'individu n'est alors plus considéré qu'en fonction du groupe dont il est issu. Il n'est plus, tout simplement. C'est bel et bien ce qui s'est joué durant ce procès. Par un syllogisme récurrent, en mettant en cause Paul Kagamé, actuel président du pays et ex-chef des Front patriotique rwandais, considéré par les nombreux témoins de Péan comme menteur et manipulateur, s'en déduisait, parfois explicitement, que les Tutsis l'étaient également, de façon généralisée. Autre emploi dérangeant  du pluriel : celui réservé aux femmes de la diaspora tutsie. Péan écrit (p.44) : «... Les associations de Tutsis hors du Rwanda...ont infiltré les principales organisations internationales et d'aucuns  parmi leurs membres ont su garder de très belles femmes tutsies vers des lits appropriés... » Ce poncif - la femme Tutsie, belle, grande, qui ne déploierait sa séduction que pour mieux manipuler - est particulièrement marquant parce qu'il se (re) trouve dans les documents les plus violents véhiculés par les extrémistes Hutus, avant le génocide.
   Le défilé des témoins rendait bien compte de l'abîme entre la position de de la partie civile et celle de la défense. Les uns étaient  essentiellement dans le vécu, le témoignage de ces cent jours d'apocalypse ;  les autres dans l'analyse de l'Afrique. Les premiers  tenaient à évoquer la souffrance traumatisante causée par les propos de Pierre Péan et l'offense faite à la mémoire de leurs disparus « exterminés parce que nés Tutsis», comme l'a rappelé Esther Mujawayo, psychothérapeute et survivante de ce génocide. Les seconds se disputaient l'expertise d'une « culture Tutsie du mensonge », entre historiens, militaires, journalistes et politiciens. Hubert Védrine, ex-secrétaire général de l’Élysée sous Mitterrand et Bernard Debré, ex-ministre (RPR) de la Coopération en 1994 ont amplement défendu Pierre Péan. « Cela ne me semble pas différent ni plus choquant de ce qu'on dit des chiites », a surenchéri Hubert Védrine. Tous deux ont évoqué le rôle de  Paul Kagamé, accusé d'avoir abattu l'avion du président hutu Habyarimana, le 6 avril 1994, élément déclencheur  du génocide. Thèse que partage le juge Bruguière qui a délivré des mandats d'arrêt contre des proches de Kagamé et qui, souvent, sert à entretenir le  discours d'un « double génocide » au Rwanda. Péan s'y prête dans son ouvrage  lorsqu'il considère que le chiffre des victimes des massacres d'Hutus au lendemain de la victoire du FPR dépasse largement celui des victimes du génocide. « C'est ainsi que Péan tente de réécrire l'histoire du génocide au Rwanda, dit José Kagabo, historien à l'Ecole des Hautes études sociales. Mais ne s'agit-il pas, surtout, de réécrire le rapport de la France à ce génocide ?»
Si les avocats de Pierre Péan concluent à une «  victoire de la liberté d'expression », ceux de la défense envisagent, pour leur part, de faire appel. Marcel Kabanda, président de Ibuka, association des rescapés du génocide des Tutsi, reste très choqué par ce verdict. Ces mots qui rappellent aux rescapés pourquoi on a justifié de pouvoir exterminer les leurs «  ne sont pas sans importance », dit-il sobrement.

 
Mme Rose Kabuye, ancienne députée et maire de Kigali, aujourd'hui responsable du protocole présidentiel rwandais, a été arrêtée dimanche 9 novembre en Allemagne, sur mandat d'arrêt du juge Bruguière, dans le cadre de sa présumée participation en 1994 à l'attentat contre l'ancien président rwandais Habyarimana.
 La porte-parole du gouvernement rwandais a vivement critiqué cette arrestation ainsi que la plainte en diffamation déposée par une dizaine d'officiers français mis en cause dans un rapport rwandais «sur le rôle de la France» dans le génocide de 1994. «Pour nous, c'est aussi une de ces manoeuvres d'intimidation. L'implication de la France est une vérité qui est là: la France a aidé politiquement et militairement un gouvernement qui a commis le génocide» a-t-elle déclaré.
MEMORIAL 98






 

 

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10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 00:38
A l'occasion de cette commémoration, nous publions deux articles l'un (ci-dessous) retraçant le déroulement et la planification de ces violences antijuives ainsi que la réaction du gouvernement français de l'époque et l'hommage de Léon Trotsky à Herschel Grynzspan, l'autre consacré à l'Autriche Nuit de cristal : 70 ans après (I)Terrible Autriche

Les nazis attendaient une occasion pour lancer une étape supplémentaire de ce qui deviendra, selon leur terminologie, la « solution finale du problème juif en Europe ». Le premier acte sera un vaste pogrom dans tous les territoires sous domination allemande, destiné à terroriser les populations juives et à les forcer à quitter l'Allemagne
L'attentat contre Von Rath leur offre un prétexte idéal.
 Herschel Grynzspan était un jeune Juif polonais qui, le 7 novembre 1938, dans un geste de protestation contre le sort des Juifs en Allemagne et l'expulsion de milliers d'entre eux vers la Pologne, avait abattu à Paris le conseiller d'ambassade Von Rath.
Hitler prépare alors une mise en scène destinée à démontrer que les Allemands du Grand Reich sont menacés par les Juifs. Le Volkischer Beobatcher, journal de propagande de Goebbels, écrit ainsi le 8 novembre, alors que Von Rath est encore vivant :
  "Il est clair que le peuple allemand tirera les conclusions de cette nouvelle action. On ne peut plus tolérer que des centaines de Juifs règnent encore à l'intérieur de nos frontières sur des rues entières de magasins, qu'ils peuplent nos lieux de distractions, que des propriétaires étrangers empochent l'argent des locataires allemands tandis que leurs frères de race incitent au-dehors à la guerre contre l'Allemagne et tuent des fonctionnaires allemands"
Parallèlement, dès le 8 novembre, les nazis prennent la précaution de confisquer chez les juifs les armes et tout objet que ceux-ci pourraient utiliser pour se défendre.
Lorsque Von Rath décède le 9 novembre, tout est en place.
 Au moment où la nouvelle parvient à Hitler, ce dernier est à Munich, avec la vieille garde des SA, réunie pour commémorer sa tentative de putsch de 1923. Contrairement aux habitudes, Hitler quitte l'assemblée sans prononcer de discours et déclare seulement :
"Il faut laisser le champ libre aux SA"
C'est Goebbels, ministre de la Propagande qui se charge non seulement d'annoncer publiquement le décès devant l'assemblée des SA mais également d'inciter au pogrom.
 Les principaux chefs nazis quittent ensuite la réunion à 23 heures et téléphonent les instructions à leurs sections régionales.
Pour les SA, il s'agit d'incendier les synagogues, sans autoriser les pompiers à intervenir, sinon pour empêcher la propagation du feu sur les maisons alentour, de détruire les magasins juifs, et d' y apposer des pancartes  "Mort à la juiverie internationale", d'abattre les juifs trouvés en possession d'une arme.
Dans le même temps, un message secret est diffusé dès 23 h 55 depuis la direction de la Gestapo à Berlin à tous ses services.
Pour la Gestapo, il s'agit d'incendier les synagogues, mais d'empêcher les pillages, de mettre en lieu sûr les archives importantes trouvées dans les synagogues, de préparer l'arrestation de 20 à 30 000 juifs parmi les plus fortunés, de traiter avec une extrême rigueur les juifs trouvés avec des armes.
Dans son Journal, Goebbels confirme qu'il présente les faits à Hitler; ce dernier décide de laisser les manifestations se poursuivre et donc de faire retirer la police.
Goebbels commente : « Les juifs doivent sentir pour une fois la colère du peuple. »
Goebbels décrit ensuite précisément son action, il donne des ordres, motive les indécis. Il est ovationné par les dirigeants du parti. Tous se précipitent sur leurs téléphones. Le bataillon des SA « Hitler » part attaquer les Juifs de  Munich.
Selon les directives de Goebbels, la seule réserve est de ne pas apparaître en tant qu'organisation. Aussi, les SA et les SS s'habillent en civil et passent à l'acte dès 1 heure de matin.
Du nord au sud de l'Allemagne, incluant l'Autriche annexée, synagogues, maisons communautaires, asiles de vieillards, hôpitaux juifs, maisons d'enfants, logements privés et magasins juifs subissent l'assaut.
Les synagogues sont pillées, saccagées, détruites, incendiées, sans que les pompiers n'interviennent, se contentant d'empêcher la propagation des incendies  aux maisons alentour. Des groupes de SA attaquent les magasins juifs qui sont facilement reconnaissables, depuis qu'une ordonnance a exigé que le nom du propriétaire soit peint sur la vitrine en grandes lettres.
La teneur des messages des chefs des SA et de celui de la Gestapo, corrobore l'idée de l'existence d'un plan d'ensemble dont l'instigateur est Hitler.
D'ailleurs le silence officiel d'Hitler ainsi que de Goebbels lors des événements du 7 et 8 novembre confirme cette thèse. Dans son journal, Goebbels écrit à propos de l'attentat, lorsqu'il relate la journée du 8 novembre : « A Paris, un juif polonais du nom de Grynzspan a tiré dans l'ambassade sur un diplomate allemand Von Rath, le blessant grièvement. Il voulait venger les Juifs. La presse allemande jette maintenant des hauts cris. Nous allons mettre les points sur les i... En Hesse, grandes manifestations antisémites. On brûle des synagogues. Si seulement on pouvait déchaîner la colère du peuple ».
Les conséquences
En Allemagne, 2 000 à 2 500 personnes ont trouvé la mort lors du pogrom ou dans les camps de concentration. Lorsque trois mois plus tard, certains sont libérés, c'est à la condition d'émigrer immédiatement. Rendus responsables du pogrom les juifs d'Allemagne devront verser une amende d'un milliard de marks, et devront payer eux-mêmes les réparations sans bénéficier de l'aide financière de leurs assurances à titre d'indemnisation. Des milliers de juifs d'Allemagne, privés de tous leurs biens, tentent de traverser clandestinement les frontières et d'obtenir le statut de réfugié politique.
En France
  Lors de la conférence internationale d'Évian de juillet 1938 sur les réfugiés, qui a abouti à un échec, le gouvernement français a exposé sa position : la France ne veut plus accueillir de réfugiés. Par ailleurs, lors des accords de Munich, la France a cédé aux exigences allemandes. Les Sudètes sont annexées, la paix est « sauvée ». La France tourne le dos ouvertement à ses principes  de pays de droits de l'homme, car le gouvernement recherche à tout prix l'apaisement avec son voisin allemand, à travers notamment des négociations secrètes menées par Georges Bonnet, ministre des affaires étrangères depuis le 10 avril 1938. Bonnet ne veut pas que les évènements de la Nuit de Cristal compromettent sa politique. Il choisit d'ignorer le rapport de George Von nouvel ambassadeur de France à Berlin qui lui écrit : "Le traitement infligé aux juifs en Allemagne que les nazis tentent d'extirper complètement comme des bêtes malveillantes éclaire la grande distance qui sépare la conception hitlérienne du monde du patrimoine spirituel des nations démocratiques". Bonnet sera ensuite pétainiste, membre du Conseil national de Vichy.
La France est ainsi la seule grande démocratie à ne pas dénoncer officiellement les massacres perpétrés dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938.
 De plus, le 12 novembre 1938, deux jours après la Nuit de Cristal  une loi autorise l'internement des indésirables dans des camps de concentration. Les réfugiés juifs allemands et autrichiens entrés illégalement en France sont désormais directement menacés et seront internés puis livrés.

 L'hommage de Trotsky à Herschel Grynzspan (extraits) :

« Nous, marxistes, considérons la tactique du terrorisme individuel comme inopérante pour les tâches de la lutte libératrice du prolétariat ou des peuples opprimés. Un seul héros isolé ne peut pas remplacer les masses. Cependant nous ne comprenons que trop bien le caractère inévitable de ces actes convulsifs de désespoir et de vengeance. Toutes nos émotions, toute notre sympathie vont aux vengeurs qui se sacrifient, même s'ils n'ont pas trouvé la voie juste. Notre sympathie est d'autant plus grande que Grynzspan n'est pas un militant politique, mais un jeune, inexpérimenté, presque un enfant, dont le sentiment d'indignation a été l'unique conseiller.
Arracher Grynzspan des mains de la justice capitaliste, laquelle est capable de le décapiter pour mieux servir la diplomatie capitaliste, c'est le devoir élémentaire, immédiat de la classe ouvrière internationale.
Ce qui est le plus révoltant dans sa stupidité policière et sa bassesse inouïe, c'est la campagne actuellement menée sur ordre du Kremlin dans la presse stalinienne internationale. On essaie de le dépeindre comme un agent des nazis ou un agent des trotskystes liés aux nazis  Fourrant dans le même sac le provocateur et sa victime, les staliniens prêtent à Grynzspan l'intention de créer un prétexte favorable à la politique pogromiste de Hitler.
Nous sommes naturellement liés par les liens d'une solidarité morale ouverte à Grynzspan et non à ses geôliers " démocratiques " ou aux calomniateurs staliniens. La diplomatie du Kremlin, complètement dégénérée, essaie en même temps d'utiliser cet " heureux " incident pour renouer ses intrigues en vue d'un accord de réciprocité international entre les divers gouvernements, y compris ceux de Hitler et de Mussolini, pour l'extradition mutuelle des terroristes
Ils deviennent rares les gens qui soient même capables de s'indigner contre l'injustice et la bestialité. Mais ceux qui, comme Grynzspan, sont capables d'agir...
Du point de vue moral - et non pour ses méthodes d'action - Grynzspan peut servir d'exemple à tout jeune révolutionnaire. Notre solidarité morale avec Grynzspan nous donne doublement le droit de dire à tous les Grynzspan possibles, à tous ceux qui sont capables de se sacrifier dans la lutte contre le despotisme et la bestialité : Trouvez une autre voie ! Ce n'est pas un vengeur isolé qui peut libérer les opprimés, mais seulement un grand mouvement révolutionnaire des masses, qui ne laissera rien subsister du système de l'exploitation de classe, de l'oppression nationale et de la persécution raciale...

Trotsky,  30 janvier 1939

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9 novembre 2008 7 09 /11 /novembre /2008 23:56


A l'occasion de cette commémoration, nous publions deux articles, l'un consacré à l'Autriche (ci-dessous) et l'autre retraçant le déroulement et la planification de ces violences antijuives Nuit de cristal : 70 ans après(II) Un acte prémédité  .

 

Terrible Autriche

La vague de violences anti-juives organisée par les nazis le 9 et 10 décembre 1938 et connue sous le nom de Nuit de Cristal (Kristallnacht), fut particulièrement meurtrière en Autriche, alors intégrée au Reich allemand.
C'est à Vienne, où s'étaient déjà produites des émeutes anti-juives lors de l'Anschluss en Mars 1938, que le pogrom prit ses formes les plus violentes et les plus meurtrières, avec 42 synagogues incendiées, 27 personnes juives tuées et 88 grièvement blessées.
 
En ce 70eme anniversaire, c'est aussi là que son souvenir résonne dans l'actualité récente.
Lors des législatives du 28 Septembre 2008 l'extrême-droite a, malgré ses divisions, rassemblé 30% des voix.
Environ 40 % des moins de 18 ans ont voté pour le FPÖ de Heinz-Christian Strache, concurrent de Haider.
Strache, entouré de néo-nazis, s'est illustré au printemps dernier par une très violente campagne contre les immigrés et une éventuelle adhésion de la Turquie à l'Europe, sous le slogan «Autriche, reste libre!»
Près de 10 % de ces jeunes de 16 à 18 ans à qui le vote était ouvert pour la première fois ont opté pour le BZÖ de Haider
Mais dans cette Autriche vieillissante, il ne faut par surestimer le poids des 16-18 ans, ils représentent moins de 3 % de l'électorat  Les résultats de l'extrême droite sont dus en majeure partie à des gens de plus de 50 ans.

 
La mort de Haider le 11 Octobre 2008 a ensuite donné lieu à une immense célébration.   
Jamais en Autriche, un homme politique n'avait été l'objet de tels honneurs. A Klagenfurt, la capitale régionale de la Carinthie dont il était le gouverneur , des milliers de bougies ont été allumées devant le palais du gouvernorat, tandis que des banderoles accrochées par des ribambelles d'écoliers pleurent « Jörg, le roi des cœurs carinthiens». Une messe célébrée en la cathédrale de Vienne a rassemblé des milliers de personnes, mêlant anciens ministres, conservateurs comme sociaux-démocrates, et néo-nazis discrets, identifiables seulement à leur crâne rasé et à la boucle de leur ceinturon affichant un double «s».
Dans les écoles de Carinthie, une minute de silence a été observée durant la semaine à la mémoire de Jörg Haider. Les enfants ont été invités à chanter pour lui.
Lors de ses obsèques plusieurs orateurs se sont succédé à côté du cercueil veillé par six soldats, s'adressant à un parterre où la plupart des élites politiques autrichiennes avait pris place.
Le président de la république Heinz Fischer, le chancelier social-démocrate Alfred Gusenbauer, le chef du parti social-démocrate Werner Faymann, chargé de former le futur gouvernement à l'issue des dernières législatives, ses homologues des autres partis, à l'exception des écologistes, lui rendirent hommage
Cet emballement institutionnel et populaire, qui, pour le quotidien de droite à grand tirage Kurier, rappelle celui «autour de Lady Di et de Mère Teresa»,
vit célébrer en grande pompe la disparition d'«un homme politique de grand talent», selon les termes du président de la République, Heinz Fischer (SPÖ, gauche).
 
C'est le même Haider qui  se réclamait  «la politique de l'emploi réussie» du IIIe Reich et célébrait les Waffen SS, ces «hommes honnêtes restés fidèles à leurs convictions»
 
Au même moment, l'élection à la co-présidence du Parlement autrichien de Martin Graf, député du parti d'extrême-droite FPÖ de Strache et membre de l'association antisémite et négationniste Olympia amplifie le malaise.
Olympia compte à son actif l'organisation de conférences du négationniste David Irving (voir notre article précédent Oxford: négationnistes en vedette? ), et la prestation du chanteur-compositeur antisémite Michael Müller qui, sur scène, entonnait: "Avec 6 millions de Juifs, la fête ne fait que commencer Jusqu'à 6 millions, le four reste allumé (...) Nous avons plein de Zyklon B (...) Avec 6 millions de Juifs, c'est encore loin d'être terminé".
 
Les partis de Jörg Haider et Strache s'inscrivent dans la tradition antisémite sans doute la plus forte d'Europe occidentale. Dès 1895, Karl Luger, dirigeant du parti "social-chrétien", se fait élire maire de Vienne sur un programme explicitement antisémite. La thématique estl'envahissement de la ville par les Juifs de l'Est et l'atteinte à la nation autrichienne/allemande.
 
L'année 1938 a débuté par l'annexion de l'Autriche par Hitler, l'Anschlüss. L'armée allemande fait une entrée triomphale en Autriche le 12 mars 1938. A la fin cette  journée les bureaux des organisations juives sont déjà saisis par les Nazis.
Dans les jours et les mois qui suivent presque tous les Juifs autrichiens ont perdu leurs moyens de subsistance et dans la majorité des cas leur domicile. Les mesures antisémites du Reich s'appliquent immédiatement.

 
Au lendemain de l'Anschluss, les Juifs sont forcés de revêtir leurs habits de fête et de nettoyer les rues de Vienne, accroupis sous le regard des Viennois goguenards et ravis. 

Les jeunesses hitlériennes paradent en tirant des Juifs orthodoxes par leur barbe,  d'autres Juifs sont obligés de brouter l'herbe au parc du Prater.
  Ces actes sont rarement commis par des Nazis allemands mais plutôt par des Nazis autrichiens. A Vienne, les « parties de frottage », sont quotidiennes. Des groupes de S.A. sortent les Juifs de leur maison ou de leur magasin, leur mettent dans les mains un seau et une brosse et les obligent, sous les huées et les injures des gens qui font cercle autour d'eux, à effacer sur le macadam ou sur les murs des maisons les slogans appelant à s'opposer à l'Anschluss ou de  barbouiller de peinture jaune des magasins juifs.
 
Lors de la Nuit de Cristal, la plupart des synagogues de Vienne furent détruites. Les commerces juifs furent vandalisés et saccagés. Des milliers de Juifs furent arrêtés et déportés vers les camps de concentration de Dachau ou de Buchenwald.
 
Les nazis autrichiens occupèrent une place centrale au sein de la galaxie nationale-socialiste,suivant l'exemple d'Hitler, lui même d'origine autrichienne.Adolf  Eichmann symbolise cette implantation au cœur de la mise en œuvre du génocide.
  

 
Après guerre, la réintégration rapide des nazis dans l'espace politique se fait sous la protection des Alliés et du mythe d'une Autriche "victime" du nazisme. La présidence de Kurt Waldheim (1986-1992) fortement antisémite et qui a participé à des crimes de guerre nazis dans les Balkans, poursuit cette voie, aggravée en 1999 par la première victoire électorale de Haider avec 27% des voix.

MEMORIAL 98




 

 

 

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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 00:42


 

I have a dream...

 

Dans une société étasunienne tellement marquée par le souvenir de l'esclavage, de la discrimination, des ghettos, de la violence raciale, l'élection d'un président de couleur est un bouleversement.
Le camp républicain et ses multiples relais n'ont pas lésiné sur les attaques personnelles contre Obama.
 
Il a été accusé d'être entre autre un islamiste caché, de se nommer en réalité Ossama, d'être lié au terrorisme, au gauchisme, de vouloir la redistribution et donc le « socialisme »; la petite musique raciste n'a pas cessé d'être répercutée sous forme explicite ou codée tout au long de la campagne.
 
L'ampleur inégalée depuis 1906 de la participation électorale, le succès particulièrement net de BO auprès des jeunes électeurs, des femmes, des Noirs et hispaniques, a permis de surmonter  le tombereau de calomnies et de rumeurs malveillantes.
 
Le succès d'Obama, qui est maintenant rétrospectivement présenté comme  joué d'avance, représente en réalité une rupture avec les codes politiques et culturels de la principale puissance mondiale.
 
Aux Etats-unis l'abolition de l'esclavage date de 1865, après la guerre de Sécession.
 Le droit de vote effectif des Noirs du Sud  (Voting Rights Act /Loi sur les droits de vote) n'est promulgué qu'en 1965, cent  ans plus tard.
Alors qu'en principe les Noirs américains disposaient du droit de vote depuis 1870, celui-ci demeurait virtuel dans certains Etats du Sud, car subordonné à la réussite d'un test de type scolaire exigeant, auquel la plupart des Noirs échouaient. De plus, une taxe était souvent requise avant de voter ; la plupart des Noirs n'avaient pas les moyens de la payer.
Le Voting Rights Act supprima ces restrictions et permit enfin à toute la population noire de voter, même si elle se heurte encore à de nombreux obstacles discriminatoires, notamment dans les Etats du sud.
C'est donc une véritable révolution démocratique qui se déroule sous nos yeux et qui ne manquera pas de produire des effets dans la conscience de nombre de  ceux qui sont aujourd'hui soumis à une  oppression.
Ce phénomène d'encouragement à la mobilisation pour le changement dépasse  de loin la personnalité du futur président et les limites de son action, dans un cadre qui demeure celui du système en place.
La popularité d'Obama auprès des populations du monde entier est à la mesure du bouleversement que représente son élection après huit années de présidence Bush, totalement désavouée par ce choix.  
L'élection d'Obama constitue aussi un retour sur les événements du 11 Septembre 2001. Les attentats criminels puis la croisade de Bush et Cheney ont entraîné la guerre d'Irak et de graves remises en cause des droits démocratiques.
Le faux-ami français d'Obama
Sarkozy fait mine de se féliciter du choix des urnes, alors qu'il avait manifesté une forte adhésion à la politique de Bush, aujourd'hui censurée par l'élection d'un opposant à la guerre en Irak.
Ses courtisans osent même faire le parallèle entre la « rupture » promise lors de sa campagne présidentielle et celle que représente Obama. Il s'agit pour eux de faire oublier ce que fût l'axe stratégique de Sarkozy : gagner les électeurs du Front National en flattant leur xénophobie, c'est-à-dire l'inverse exact de ce qui vient de se passer aux Etats-Unis.
Un livre très récemment paru « Histoire secrète de la droite, 1958-2008 »(Plon) rappelle.
On y lit notamment :
« Patrick Buisson (voir notre article précédent France-Tunisie: la manipulation sarkozyste décryptée ) a, sinon inventé, en tout cas formalisé la stratégie gagnante dont le candidat avait l'intuition : attirer, dès le premier tour, les  électeurs du Front national. Sarkozy suivra fidèlement la théorie :«Pour nous, l'élection de 2007 se jouera sur les électeurs de Le Pen. On les prend, on gagne. On les prend pas, on perd », confie-t-il, avant même la campagne, à D. de Villepin...
8 mars 2007, face à la remontée de S. Royal dans les intentions de vote du second tour, une prompte décision s'impose. Pourquoi ce "coup de mou"que rien ne laissait présager ? L'analyse lui est fournie, une fois de plus, par Patrick Buisson, lors d'une réunion convoquée d'urgence :
 Nicolas est en train de se notabiliser, attaque Buisson. J'y vois la conséquence du choix de S. Veil pour présider le comité de soutien.
 Puis, s'adressant à Sarkozy comme si les autres n'étaient pas là :
 - Tu as percé parce que tu incarnes une transgression par rapport aux tabous de la politique traditionnelle. Il faut, sans tarder, envoyer un signal fort à toutes les couches nouvelles qui ont déjà basculé dans ton camp ou qui sont prêtes à le faire. Or, le tabou des tabous, c'est l'immigration. La transgression majeure, elle est là. Pas ailleurs. Il faut en remettre un coup sur le thème de l'identité nationale. Le silence, alors, est à couper au couteau. Seul Guaino intervient pour soutenir Buisson. Puis, après un nouveau silence, Sarkozy lui-même :
Patrick a raison. Je vais proposer la création d'un ministère de l'Identité nationale. Quant à Simone, je la gère. Elle doit comprendre. Elle comprendra."
Entre le Pen et Obama, la "rupture" sarkozyste a opté depuis longtemps.


Il reste maintenant à  tout faire pour que l'espoir issu de la principale métropole mondiale permette de combattre efficacement partout le racisme et les discriminations.
 

Actualisation du 13 novembre 2016

Trump président: c'est une amère défaite.

 

L'élection d'un candidat raciste, sexiste, antisémite, complotiste, démagogue fascisant soutenu par l'extrême-droite dans le monde entier, représente un coup sévère

Nous pensons aux conséquences négatives pour la population des USA, notamment les femmes, les Afro-américains qui vont subir encore plus de violences, les immigrés et tant d'autres...

Les forces racistes se trouvent encouragées, comme le symbolise la satisfaction du Ku Klux Klan et des néo-nazis, qui ont fait campagne pour lui. 

D'ores et déjà les actes et paroles racistes sont en forte augmentation aux USA, comme lors du Brexit  en Grande-Bretagne


En France, ce sont sans surprise les Le Pen et le FN qui exultent ainsi que les "Trumpistes" de la droite, dont Sarkozy et le président des LR, Laurent Wauquiez. 
 
Bien d'autres vont maintenant trouver des vertus au prétendu "candidat du peuple", comme lors du Brexit. Il s'agit en effet d'un mécanisme semblable: des millions de votes se sont portés sur voté sur un milliardaire raciste parce qu'il a promis de taper sur les Noirs, les Latinos, les musulmans, les immigrés. Parce qu'il a promis des armes, des morts, le pouvoir d'opprimer en toute liberté.
A force de répéter que finalement l'extrême-droite représenterait un vote de résistance à l'injustice sociale, on encourage ceux qui savent très bien ce qu'ils font.
La vague de manifestations anti-Trump qui a débuté dès le lendemain aux USA de l'élection montre une volonté de s'opposer aux mauvais coups que préparent déjà Trump et ceux qui le soutiennent.
 
 
MEMORIAL 98
 

 

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25 octobre 2008 6 25 /10 /octobre /2008 23:26
  Alors que se multiplient les drames liés à des expulsions de sans-papiers, Brice Hortefeux a déclenché une offensive contre l'association qui assure un lien avec les personnes maintenues dans les centres de rétention : la CIMADE (voir ci-dessous un bref historique  retraçant sa création en 1939)
 Depuis 1985 la Cimade intervient dans ces lieux de non-droit et publie chaque année un rapport qui rend compte de la situation de la rétention sur tout le territoire.
Elle alerte particulièrement sur  les quotas  ministériels d'expulsions qui aggravent la tension dans des centres surchargés. La mort en Juin dernier d'un retenu du centre de Vincennes a illustré la gravité du sort fait à ces personnes.   
 En 2007, 35.000 étrangers, dont près de 250 enfants, ont transité dans les centres de rétention,. La capacité totale des centres était de 1.724 places au 31 décembre 2007. Elle doit atteindre les 1.800 places en 2008 et dépasser les 2.000 en 2009.
 Loin de chercher à améliorer le sort des retenus, le ministre Hortefeux veut maintenant réduire le rôle des associations et particulièrement de la Cimade. Un décret publié cet été réorganise le dispositif et restreint le rôle de cette association.
 La réduction de la nature de la mission des associations, qui passe d'une « mission d'aide à l'exercice des droits » des retenus  à une simple « mission d'information », et l'éclatement de la mission en huit lots géographiques ne permettront plus de garantir la qualité de l'aide juridique apportée aux étrangers.
L'introduction de clauses de « neutralité » et de « confidentialité » et le morcellement de la mission risquent également de supprimer de fait toute possibilité d'une vision globale de la situation dans les centres de rétention administrative, et donc la fonction essentielle de témoignage que la Cimade met en œuvre depuis vingt-cinq ans.
Il est aussi prévu que toute « personne morale » y compris commerciale puisse répondre aux appels d'offres régionaux. Une structure liée à l'UMP et baptisée collectif "Respect" s'est d'ailleurs portée candidate, sans disposer d'aucune expérience dans ce domaine.
Le durcissement voulu par le gouvernement s'inscrit dans un contexte d' aggravation à l'échelle de l'Union Européenne.
Le vote en juin dernier de la directive "retour", qualifiée par les associations de "directive de la honte", est particulièrement inquiétant (voir nos articles précédents Europe: contre l'emprisonnement des réfugiés! Europe: Agir contre la directive de la honte! ). Elle prévoit  notamment l'allongement de la durée de la rétention jusqu'à dix-huit mois, la possibilité de priver de liberté des mineurs isolés, de renvoyer les personnes vers des pays de transit. Le risque est que l'enfermement devienne un mode de gestion des populations migrantes. Ces pratiques ont déjà cours dans un certain nombre de pays européens, où les étrangers, y compris en demande d'asile ou d'un titre de séjour, sont privés de liberté.
 Contre la remise en cause des droits minimaux des retenus, de nombreuses associations ont lancé une pétition que nous vous demandons de signer et de faire connaître.
 Il s'agit d'atteindre avant le 15 novembre (réponse de B.Hortefeux aux offres d'organismes candidats), les 100 000 signatures contre la réforme des centres de rétention. C'est possible : on en est à 65 000 signatures.
Pour signer en ligne :
http://www.placeauxdroits.net/petition2/index.php?petition=5

Aux origines : la création de la CIMADE pendant la 2e guerre mondiale

Dans les années 30, l'Europe est confrontée au fascisme et au nazisme.  Une partie de l'opinion protestante, en France comme en Allemagne, réagit devant les prémices de la tragédie.

En 1934, les synodes protestants de Barmen (Allemagne) s'élèvent contre une prédication de l'Église aux ordres de l'Etat et contre la mise au pas du protestantisme allemand sous le slogan nazi « un peuple, un empire (Reich), un chef (Führer) »
En 1935, Martin Niemöller, pasteur protestant à l'origine de «  l'Église confessante » antinazie en Allemagne, élabore la formule devenue célèbre : « Lorsqu'ils ont arrêté les communistes, je n'ai pas élevé la voix ; lorsqu'ils ont interné les juifs, j'ai gardé le silence ; lorsqu'ils s'en sont pris aux sociaux-démocrates, je me suis tu ... Lorsqu'ils sont venus me prendre, il n'y avait plus personne pour me défendre. » Il est mis à la retraite par le pouvoir et milite ensuite en faveur de la paix.
Le pasteur Marc Bœgner, Président de la Fédération protestante de France depuis 1929, axe ses conférences de Carême en 1939 sur le thème « L'Evangile et le racisme. » Il prend la défense des juifs auprès du gouvernement de Vichy : Pétain, Darlan, Laval... (voir notre article précédent Sarkozy et la Shoah : analyse d’une manipulation ) Il  sera désigné coprésident du Conseil Œcuménique des Églises.
En décembre 1939, le théologien Karl Barth écrit une lettre aux Protestants de France : «... Si la communauté chrétienne gardait le silence et si elle observait le cours des évènements en simple spectatrice, elle perdrait sa raison d'être. »
Le 18 octobre 1939, à Bièvres, les dirigeants du CIM qui regroupe les organisations de jeunesse protestantes créent la CIMADE (Comité Inter-Mouvements Auprès Des Evacués) pour venir en aide aux populations évacuées d'Alsace et de Lorraine, au nombre de 200.000 environ. Des équipes sont constituées (d'où le terme d'équipiers encore en usage aujourd'hui) qui accomplissent cette mission. Madeleine Barot, appelée et soutenue par Marc Bœgner, est Secrétaire générale de la Cimade,.
Le régime de Pétain développe le système de l'internement administratif des Juifs et des ennemis du régime. Plus de 40 000 internés (juifs étrangers notamment et réfugiés politiques opposants au régime nazi) sont recensés dans les camps d'internement et centres d'accueil du Ministère du travail dès 1940 : Gurs, Agde, Argelès, Rivesaltes, Aix, Brens... .
La Cimade entre dans les camps. Elle s'y occupe des problèmes matériels des internés et  les soutient.
En novembre 1942, les forces allemandes franchissent la ligne de démarcation. Le Comité de la Cimade ne peut plus se réunir. La Cimade passe alors d'une présence de solidarité à la résistance.
 Elle cache des gens, aide à traverser des frontières et constitue des états civils et des faux papiers. En juillet 1942 a lieu la rafle du Vélodrome d'Hiver. La Cimade organise des évasions vers la Suisse, en relation avec le Conseil Œcuménique des Églises en création à Genève.
« Ce n'est pas la charité que nous avons exercée pendant la guerre, du moins pas seulement ; nous avons voulu exprimer notre solidarité avec les victimes. » (Madeleine Barot).

MEMORIAL 98


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19 octobre 2008 7 19 /10 /octobre /2008 23:02

En pleine crise financière mondiale, Sarkozy et le gouvernement ont monté une nouvelle opération de diversion, à la fois ridicule et nauséabonde.
 
Prenant prétexte des sifflets de supporteurs de l'équipe de Tunisie, que Michel Platini analyse ci-dessous et ramène à leur juste proportion, les cellules de communication du pouvoir ont déchaîné une avalanche qui semble avoir été préparée et concertée dès la veille du match.
 
 
On y retrouve la patte et la marque de fabrique de Patrick Buisson, conseiller présidentiel d'extrême droite, ancien du journal Minute et grand organisateur de coups tordus.
Il a ainsi gagné ses galons d'éminence grise lors de la présidentielle, par le ciblage réussi de l'électorat FN : surenchère après les incidents de la gare du Nord, proposition de ministère de l'Identité Nationale...
 
Suivant le signal de Sarkozy, plusieurs ministres se sont empressés de faire du zèle : Fillon lui-même, Bernard Laporte bien sûr, « chouchou » de Sarkozy, Hortefeux,  Roselyne Bachelot ,  Fadela Amara. Cette dernière a choisi un  vocabulaire martial appelant à la « reconquête nécessaire ».
Quelques dirigeants socialistes (Montebourg, Dray) et Mouloud Aounit du MRAP ont cru bon devoir enfourcher le leurre de l'indignation construite par le pouvoir.
Ce plan frénétique s'est rapidement dégonflé, après avoir encombré l'actualité médiatique pendant plusieurs jours.
 
Il en demeure une stigmatisation supplémentaire des populations d'origine maghrébine, accusées de manque de loyauté et de duplicité et dénoncées par Laporte comme pas « saines ». Il en reste aussi des propositions dont Platini démontre aisément le caractère absurde et à propos desquelles il dénonce le mélange des genres et l'immixtion politicienne hors de propos.
 
Pendant ce temps, une réfugiée arménienne s'immole par le feu pour tenter d'empêcher l'expulsion de son compagnon. Pendant ce temps, Hortefeux est contraint de reculer dans sa tentative de remettre en cause le rôle de la CIMADE dans les centres de rétention.
 
Pendant ce temps, le seul pays dans lequel les médias n'ont pas eu le droit d'évoquer  toute cette affaire est la Tunisie, dont Sarkozy avait loué il y a quelques semaines le caractère « démocratique »
 
Voir aussi notre article précédent qui analyse la stratégie sarkozienne de diversion  Sarkozy: une année dure et exigeante
 

MEMORIAL 98

« Michel Platini, président de l'Union européenne de football et ancien capitaine de l'équipe de France (interview parue dans le Monde)
  Q. Que pensez-vous du tollé politique qui a suivi les sifflets de La Marseillaise, mardi 14 octobre, au Stade de France ?
Il y a trente ans, quand je jouais avec l'équipe de France, la Marseillaise était sifflée sur tous les terrains. Mais à l'époque, les politiques ne s'intéressaient pas au football et ça ne choquait personne. Aujourd'hui, c'est devenu une obligation pour un homme politique, en fonction de son étiquette, de se positionner. Une fois encore, le football est pris en otage par le monde politique car cette histoire de sifflets est devenue une affaire politique qui n'a rien à voir avec le sport.

Je ne vois pas dans les sifflets qu'on a entendus au Stade de France un manque de respect ou une insulte à la France mais simplement des manifestations contre un adversaire d'un soir, en l'occurrence l'équipe de France, que l'on veut battre. Dans d'autres occasions, je suis certain que les mêmes jeunes qui ont sifflé La Marseillaise, mardi soir, chantent l'hymne national quand l'équipe de France dispute un match de l'Euro ou de la Coupe du monde.

Q. Le président de la République, Nicolas Sarkozy, a annoncé que les matches seraient arrêtés en cas de sifflets pendant les hymnes nationaux. Cette initiative vous semble-t-elle judicieuse ?

La France perdra 3-0 sur tapis vert! Cela veut dire que si l'équipe de France joue en Azerbaïdjan et que La Marseillaise est sifflée, le président fait arrêter le match? Lors du Mondial 1982, en Espagne, le Cheikh Fahd [président de la fédération du Koweït] était rentré sur le terrain pour faire annuler un but : l'arbitre qui avait accédé à sa demande a été suspendu à vie. Il y a des règles qui régissent le football et elles sont édictées par la FIFA [Fédération internationale de football] et l'UEFA. Le règlement prévoit qu'un match peut être arrêté, et j'y suis favorable, en cas d'acte de racisme par exemple. Mais ce n'est pas à une autorité politique de décider : la responsabilité incombe à l'arbitre et au délégué du match.

Ce n'est pas ce que semble entendre le gouvernement français...

Si on commence à arrêter un match parce qu'il y a des sifflets, dans ce cas-là on arrête aussi dès qu'un joueur se fait siffler ou quand le gardien se fait conspuer après un dégagement. C'est absurde. Et pourquoi pas aussi un policier derrière chaque spectateur. Il faudrait plutôt éduquer les supporters car dans certains pays, les hymnes ne sont jamais sifflés. A l'Euro, on avait fait de la pédagogie avant les matches et les hymnes n'ont pas été sifflés.

Q. Ne pensez-vous pas, comme certains députés, qu'il serait plus simple de ne plus jouer les hymnes nationaux avant les matches pour éviter ce type de débordement ?

Je ne crois pas. Si on suit ce raisonnement, il faudrait aussi jouer sans arbitre pour éviter qu'ils se fassent siffler. L'hymne national, c'est l'histoire d'un pays. Lorsqu'on joue en équipe nationale, on joue pour son pays. Moi, quand l'hymne était sifflé, cela me donnait plus de caractère, plus d'orgueil vis-à-vis de mon pays. Ça n'a jamais vexé ni fait peur aux joueurs d'entendre leur hymne sifflé. Au contraire, ça nous galvanisait, c'était une motivation supplémentaire.

Q. Mais quand vous jouiez, il y a 30 ans, l'hymne n'était pas sifflé par des spectateurs français ?

Il y a 10 ans, quand la France a gagné la Coupe du monde et que tout le monde chantait La Marseillaise et brandissait le drapeau bleu-blanc-rouge dans les rues, on célébrait la France "black-blanc-beur". Aujourd'hui, on explique le contraire. A mon époque, déjà, il y avait des immigrés italiens et polonais. La différence, c'est que maintenant, il y a une récupération politique.

La Fédération française de football (FFF) a décidé d'apprendre aux joueurs les paroles de La Marseillaise depuis qu'une enquête d'opinion a mis en avant que les supporters de l'équipe de France reprochaient aux Bleus de ne pas chanter leur hymne national. Quand vous étiez joueur, le chantiez-vous avant les rencontres ?

Non, je n'ai jamais chanté La Marseillaise. Même si je trouvais que c'était le plus bel hymne du monde, et que je le fredonnais de temps en temps, je n'ai jamais pu me résoudre à le chanter avant un match car c'est un chant guerrier et que pour moi, un match de foot, c'est un jeu et pas la guerre. "Aux armes, citoyens!" : je n'arrivais pas à chanter ces paroles avant une rencontre. Mais ça ne veut pas dire pour autant que je n'étais pas fier d'entendre La Marseillaise. Ce n'est pas parce qu'un joueur ne chante pas l'hymne national qu'il n'aime pas son pays. Mais aujourd'hui, nous sommes dans un monde du tout-communication : si un joueur a le malheur de ne pas chanter La Marseillaise, il est aussitôt stigmatisé comme quelqu'un qui n'aime pas la patrie française.
Propos recueillis par Stéphane Mandard »
 
MEMORIAL 98

 

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17 septembre 2008 3 17 /09 /septembre /2008 23:46
Le négationnisme n'est pas une opinion, c'est un délit

Memorial 98 se joint à la mobilisation initiée dans le Var contre la tenue dans une salle municipale d'un congrès donnant la parole à un des principaux négationnistes français de la Shoah,  Eric Delcroix.  Avocat des négationnistes, dont Faurisson, il a lui-même été condamné pour contestation de crimes contre l'humanité, suite à la parution de son livre « La police de la pensée contre le révisionnisme. Du jugement de Nuremberg à la loi Fabius-Gayssot ». Cette réunion est organisée par le militant du Front National Frédéric Boccaletti. 

Nous vous proposons d'écrire au maire de Six Fours pour lui demander d'annuler l'autorisation qu'il a donnée au "Parti populiste".Vous trouverez ci-dessous les coordonnées du député-maire concerné, Mr Jean-Sébastien Vialatte, et un exemple de message à lui adresser

Communiqué de la section de Toulon de la LDH
L'Université de rentrée du « Parti populiste », se tiendra à Six-Fours-les-Plages les 20 et 21 septembre prochain. Les intervenants annoncés sont Alain Soral, Louis Aliot, secrétaire général du Front National, Franck Timmermans, qui est passé du FN au MNR avant de fonder le Parti populiste, Jean-Marie Le Pen...
L'avocat Eric Delcroix viendra disserter sur le thème « Les droits de l'homme, une imposture contre la liberté de pensée et de conscience ».
Invoquant les libertés publiques, Jean-Sébastien Vialatte, député-maire de Six-Fours a permis que cette « Université de rentrée » se déroule de Six-Fours [. Le maire de Six-Fours déclare ignorer les noms des participants - « on n'a pas demandé [de liste], ça ne se fait pas » a-t-il déclaré récemment au journal Var Matin.
Sans doute Jean-Sébastien Vialatte ignore-t-il que Maître Eric Delcroix a été condamné par la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, en octobre 1996, pour contestation de crimes contre l'humanité, après la parution, en septembre 1994, de son livre intitulé « La Police de la pensée contre le révisionnisme. »
Nous demandons à Jean-Sébastien Vialatte de reconsidérer l'autorisation qu'il a donnée. Il ne s'agirait pas là d'une atteinte à la liberté d'expression, car la contestation de crimes contre l'humanité n'est pas une opinion mais un délit. Le maintien du déroulement de l'Université de rentrée du Parti populiste dans un local de la mairie de Six-Fours serait considéré comme une complaisance inadmissible envers l'extrême droite et un message en direction de ses électeurs.
La section de Toulon de la Ligue des droits de l'Homme veut croire que le maire de Six-Fours entendra son appel.
le 13 septembre 2008

La communauté juive demande au maire d'annuler le rassemblement
(par Fred Dumas, Var Matin, le 13 septembre 2008, extraits)
« Nous avons adressé un courrier au maire de Six-Fours pour lui demander d'annuler cette manifestation », confie Me Yves Haddad, avocat toulonnais et président d'honneur de la communauté juive de Toulon.
« Je sais qu'il est toujours délicat d'interdire. Mais compte tenu de la spécificité de notre département, qui a connu pendant tant d'années le Front National et la violence verbale des auteurs invités, il ne convient pas de permettre la tenue d'une telle réunion politique. C'est une réaction morale que j'ai... »
Le centre communautaire israélite de Toulon et du Var a aussi écrit  àJean-Sébastien Vialatte, pour lui demander d'annuler purement et simplement la manifestation.
« Même si le parti populiste ne représente pas grand-chose, il véhicule des idées qui sont nocives à la démocratie », indique-t-il « Je vous fais part de ma surprise, connaissant votre sens profond de la démocratie d'avoir permis cette tenue dans cette ville d'autant plus que parmi les orateurs, en plus de ceux qui sont devenus des " classiques " de l'extrême droite en France, il y a l'intervention de M. Eric Delcroix, négationniste déclaré et plusieurs fois condamné à ce titre », écrit M. Aziza, président de la communauté du Var.
« Je me devais d'attirer votre attention compte tenu de la considération que notre communauté a vis-à-vis de vous et de la déception que cette réunion suscite, puisque organisée dans notre département qui a déjà été souillé par ce genre de prétendus hommes politiques. »
Action proposée
Adressez au maire de Six-Fours un message lui demandant d'annuler l'autorisation qu'il a donnée au Parti populaire.
 adresse : Mairie, BP 97, 83183 Six-Fours-Les-Plages
 téléphone : 04 94 34 93 69
 fax 04 94 25 63 77
 jean-sebastien.vialatte@mairie-six-...

Un exemple de message dont vous pouvez vous inspirer :

Monsieur le député-maire de Six-Fours,
Je vous demande d'annuler l'autorisation que vous avez donnée au Parti populiste de réunir son Université de rentrée dans un local municipal de Six-Fours-les-Plages les 20 et 21 septembre prochain.
En effet, le programme de cette réunion annonce un exposé de l'avocat négationniste Eric Delcroix, condamné en octobre 1996 pour contestation de crimes contre l'humanité.
Le négationnisme n'est pas une opinion mais un délit.
Avec mes salutations républicaines.

Memorial 98

 


[http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article2862] sur le site de la LDH de Toulon

 
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15 septembre 2008 1 15 /09 /septembre /2008 00:15

 

Benoît XVI promeut des catholiques intégristes et antisémites.

                                      Manifestation intégriste contre une pièce de théâtre

Au troisième jour de sa visite en France, le pape Benoît XVI rappelé aux évêques les dogmes contre la "permissivité morale" et leur a suggéré une ouverture vers les catholiques traditionalistes, souvent proches des idées de l'extrême droite.  
Lors d'une rencontre à huis clos avec les évêques, le chef de l'Eglise catholique a précisé ses vues sur les questions de société. Il a souhaité une "pacification des esprits" avec les traditionalistes. "Nul n'est de trop dans l'Eglise. Chacun, sans exception, doit pouvoir s'y sentir chez lui et jamais rejeté", a-t-il déclaré, selon le texte de son intervention transmise à la presse.
Cette prise de position confirme l'orientation « restaurationniste » et réactionnaire  qu'il entend donner à son pontificat et pour laquelle il a été choisi.
Quand il était cardinal Ratzinger, Benoît XVI estimait déjà que le concile  "Vatican II" n'était qu'une parenthèse.
 
Il a ouvert la porte de la hiérarchie de l'Église à des intégristes membres de la "Légion du Christ", de "l'Opus Dei" et à des traditionalistes.
Les groupes intégristes qui ont été réintégrés récemment dans l'Eglise  se sentent encouragés en raison des gestes papaux à leur égard .
La remise à l'honneur de la messe en latin qui comprend notamment une prière pour "la conversion des Juifs", supprimée  lors du concile Vatican II en raison de sa connotation antisémite, et l'appui à Radio Maryja en Pologne en constituent des signes éloquents.
 
Une cérémonie fin Septembre 2007 dans l'église Saint-Eloi de Bordeaux a illustré ce climat. Cette église a été attribuée en janvier 2002 par Alain Juppé  à une association de la "Fraternité Saint Pie X", dirigée à Bordeaux par l'abbé Laguérie, disciple de Mgr Lefebvre. C'est d'ailleurs dans ce lieu que s'est déroulé récemment le baptême de la fille de Dieudonné dont le parrain est Le Pen (voir notre article précédent Le Pen et Dieudonné: la grande famille des antisémites. )
 
Les intégristes y fêtaient le premier anniversaire de la reconnaissance par le Vatican de  leur "Institut du Bon Pasteur"  et l'ordination de nouveaux prêtres issus de ce cursus. Dans son discours, le cardinal romain Hoyos, président de la commission Ecclesia Dei, chargée à Rome du rapprochement avec les traditionalistes, envoyé par Benoît XVI pour célébrer la messe d'ordination, enfonce le clou : "Si l'Institut du Bon Pasteur reçoit cinq nouveaux prêtres, c'est toute l'Eglise catholique qui les reçoit."
Aussi présent  Mgr Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la Conférence des évêques de France, reconnaît avoir facilité l'implantation de l'Institut à Bordeaux.
 
Les héros du jour sont les curés intégristes qui dirigent ce lieu:   Guillaume de Tanoüarn et Philippe Laguérie. 
En 2003, l'abbé Guillaume de Tanoüarn, est condamné pour provocation à la haine raciale. Il est déjà prêtre, mais aussi directeur de la publication de la revue « Pacte »,  Laguérie étant membre de son comité de rédaction. La revue a publié un article d'un certain Rousseau, selon lequel les « Maghrébins » sont des «benladenistes en herbe» ; les «Arabes envahissent Lutèce, Lugdunum ou Phocée, c'est la France qu'ils menacent d'étrangler», les Juifs sont des «financiers transnationaux». Il existe une «solidarité foncière entre ces deux mondes», une «collusion d'intérêts» pour affaiblir la France.
Laguérie est ouvertement antisémite. En 1987, il déclare à Libération : «Depuis quarante-cinq ans, ils (les Juifs) tiennent la France en dictature, ils contrôlent les médias et la banque...»
En juillet 1996, Laguérie célèbre les obsèques du milicien Paul Touvier qu'il décrit comme «une âme délicate, sensible et nuancée».
Dans son homélie funèbre, l'abbé qui se présente alors comme «l'avocat de Paul Touvier auprès de Dieu», déclare : «... (devant) le tribunal divin, il n'y a pas de médias ni de coups médiatiques, pas de communistes, pas de franc-maçonnerie, pas de partie civile et pas de Licra [Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, ]... »
 
Le pape soutient aussi les antisémites polonais
 
Benoît XVI a, pendant l'été 2007, reçu à sa résidence de Castel Gondolfo le directeur de la radio antisémite polonaise Radio Marya (voir nos articles précédents dont Pologne: le gouvernment et les evêques pour la radio antisémite ) et l'a publiquement félicité pour "l'ensemble de son activité".
 Il apporte ainsi un soutien marqué  au père  Rydzyk qui s'illustre par ses diatribes antisémites, homophobes, anti-IVG et xénophobes.
 
 
Le pape ne néglige pas la dénonciation de l'Islam.  Ainsi lors de son fameux discours de Ratisbonne en 2006 il avait cité un auteur byzantin: « Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines... »
Sans doute avait-il préparé ce discours en recevant en Septembre 2005, Oriana Fallaci, propagandiste de la dénonciation des musulmans.  A la mort de cette dernière, le cardinal Ruini, bras droit du pape en Italie en tant que président de la conférence épiscopale, avait rendu hommage à son "courage", sa "force morale" et son "engagement".

A la mort du précédent pape, Jean Paul II, la haute hiérarchie de l'Eglise  a fait le choix d'un pape déterminé à mener le combat du retour vers la tradition autoritaire du catholicisme. Elle n'a pas hésité pour cela à élire celui des cardinaux qui avait été membre des Jeunesses hitlériennes.

MEMORIAL 98
 
 
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3 septembre 2008 3 03 /09 /septembre /2008 22:18
L'UMP blanchit Charles Millon, complice du Front National 

Mise à jour du 21 mars 2018 : malgré sa désignation par l'UMP, Charles Millon a été battu à l'époque lors des élections sénatoriales. C'était une bonne nouvelle qui n'enlevait rien au scandale de sa désignation. 
 
Vingt ans après, Millon grenouille toujours pour une alliance de LR et du FN. Il a été rejoint récemment par Thierry Mariani, ancien ministre de Sarkozy, haut-parleur de Poutine et soutien acharné de Bachar El Assad, qui reprend le flambeau de l'alliance de la droite avec le FN.
 
 
MEMORIAL 98
Après une parodie de « primaire » qui a consisté à multiplier les candidatures pour garantir que Charles Millon en sorte gagnant, celui-ci sera élu sénateur de l'Ain lors du prochain scrutin, avec le soutien de l'UMP. Avec lui reviendra au grand jour le spectre de l'alliance entre la droite et le FN 
Millon, proche de milieux catholiques intégristes et ancien ministre de la défense de Chirac et Juppé, s'est en effet rendu célèbre en se faisant élire président de la région Rhône-Alpes en Mars 1998, grâce à une alliance ouverte avec le Front National.
Son allié et compère frontiste était Bruno Gollnisch, déjà négationniste  et condamné plus tard à une peine de prison pour ses déclarations sur les chambres à gaz, toujours candidat à la succession de Le Pen.
Un autre pilier de l'alliance était Pierre Vial, fasciste et antisémite avéré, animateur du courant dit « païen » du FN, qui fut nommé vice-président de la commission culture du conseil régional.
Face au choc provoqué par les alliances entre la droite et le FN dans cinq régions, la résistance s'organisa, notamment contre Millon.
Pendant des mois, des dizaines de manifestations se déroulèrent à Lyon et dans toute la région.
Ainsi à Izieu, dans l'Ain dont il était à l'époque député, Charles Millon fut conspué le 19 juillet 1998, devant la stèle qui commémore le sort  de 44 enfants et 7 adultes juifs raflés dans ce village et morts pour la plupart en 1944 à Auschwitz. La présidente régionale de l'Amicale des déportés d'Auschwitz, Simone Lagrange, déportée à treize ans, demanda publiquement à  Millon de se retirer de cette commémoration en raison de son alliance avec un parti raciste et négationniste. Celui-ci ne partit qu'à la fin de la cérémonie, bafouant ainsi la mémoire des disparus, des survivants et de leurs familles.
Fin novembre 1998, il fut d'ailleurs  exclu de l'association du mémorial des enfants d'Izieu alors qu'il était, de par ses fonctions, membre de droit de sa direction.
Millon ne fut jamais maltraité par la droite qui tenta jusqu'au bout de sauver son emprise sur le conseil régional (voir notre article précédent 
Devedjian copie les insultes du Front national   qui comporte un récit plus détaillé de cette période et des ultimes tentatives de Sarkozy et Séguin pour sauver l'alliance entre la droite et le FN )
Après sa défaite en 1999, il fût nommé par Chirac ambassadeur à la FAO, acquérant au passage le statut de diplomate.

 
Dix ans plus tard, Millon et son groupe n'ont en rien modifié leurs conceptions de l'époque. Ils n'ont jamais exprimé le moindre regret à propos de leur alliance avec le Front National. Bien au contraire, Millon lui même se sent conforté par la victoire de Sarkozy, acquise avec les voix du FN, et la commente ainsi: « Nicolas Sarkozy a réussi là où j'avais échoué. J'avais dix ans d'avance, c'est tout... » ( journal La Croix du 2/11/07).
 
Lors des élections municipales de 2008 à Lyon le tête de liste UMP et ancien ministre Perben s'est allié avec les millonistes (voir notre article précédent Lyon: l'UMP avec les amis de Gollnisch )
 
Une nouvelle étape est maintenant franchie par la réintégration sénatoriale de celui qui restera marqué par son pacte avec le Front National.

MEMORIAL 98
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