Zemmour est ravi: il se trouve une fois de plus au cœur d’une tempête médiatique et il renforce ainsi sa posture de porte-parole de la droite musclée, celui qui « dit tout haut ce que les autres pensent tout bas ».
Ce slogan vous rappelle quelque chose ? Mais oui c’est bien le Pen qui l’a largement fait connaître. Les supporters de Zemmour utilisent beaucoup cette formule pour le défendre.
Zemmour se présente comme un esprit rebelle, à la parole libre, mais il est en fait installé au cœur du système médiatique ( France 2, RTL, Le Figaro…)
Pourtant que dit-il d’autre que Besson, Hortefeux, Morano, Gaudin et tant d’autres dirigeants de la droite xénophobe?
Le cœur de cette argumentation est qu’il y a en France des populations non intégrables, dont l’origine étrangère, voire la « race », les propulse vers la criminalité. La police a donc ainsi tout à fait raison de pratiquer des contrôles au faciès.
Vieilles théories recyclées.
Ces propos, qui se présentent comme iconoclastes et novateurs, recyclent en fait les vieilles théories du Front National, installées dans la panoplie de la droite au milieu des années 80, par l’intermédiaire du Club de l’Horloge.
Ce club qui se positionnait de ces passerelles idéologiques entre le FN et la droite déclarait alors : « Aujourd'hui le code de la nationalité est une machine à fabriquer des "Français de papier", qui n'ont ni assimilé notre culture ni affirmé leur attachement à la patrie. Pour maintenir notre identité nationale, il est urgent de réformer cette législation. Le Club de l'Horloge, qui a lancé ce débat dans l'opinion, décrit ici la réforme qu'il faudra réaliser tôt ou tard… »
La mise en pratique de ces théories se fit en 1986, lors du retour de la droite aux affaires. Elle fut symbolisée par la tentative de supprimer le traditionnel droit du sol et le droit à la nationalité française pour les enfants nés en France et issus de parents étrangers. "Être Français, ça se mérite" disait Pasqua, « La carte nationale d'identité n'est pas la Carte orange (carte Ratp de l’époque) », écrivait Le Pen dans l'exposé des motifs de sa proposition de loi n 82 « tendant à modifier le code de la nationalité française ».
Dans cette bataille du code de nationalité, le gouvernement Chirac-Pasqua fut contraint de reculer fin 1986, en raison des grandes mobilisations étudiantes et de la mort du jeune Malik Oussekine, battu à mort par la police le 6 décembre de cette année.
Cela n’empêcha pas Pasqua de faire référence à des « valeurs communes » de la droite et de l’extrême droite lors de la campagne présidentielle de 1988.
Loin d'être un néophyte en politique , Zemmour a derrière lui une longue carrière à la droite de la droite; il a beaucoup fréquenté Pasqua et ses acolytes.
Il fut particulièrement proche de William Abitbol, conseiller politique et rédacteur des discours de Pasqua et aussi ancien militant du groupe fasciste Occident comme Longuet, Devedjian, Hervé Novelli...
La judéité de ces deux compères ne les empêche d’ailleurs pas de nager dans les eaux de la droite la plus radicale, celle qui brandit la xénophobie comme étendard.
La lamentation réactionnaire de Zemmour, sa haine du féminisme et de l’universalité n’ont de moderne que leur adaptation à la forme télévisuelle dominante. Mais les dégâts en sont ainsi démultipliés, dans un contexte de renforcement du Front National
MEMORIAL 98