La réalité de ce qu'ils pensent, des mots qu'ils utilisent, trouve le moyen de surgir au grand jour.
Malgré le formatage de la communication, le contrôle de l’expression,les gestes calculés comme le renvoi du préfet Girot de Langlade, la brutalité et le mépris font irruption.
La xénophobie, constitutive de la mise en place du sarkozysme et étroitement associée à son succès, suinte par les pores de l’ « humour » à la manière Hortefeux.
Il semble d’ailleurs que le seul reproche de Sarkozy à l’égard de son ami politique de toujours porte sur la « décontraction » excessive dont celui ci aurait fait preuve. Autrement dit, il aurait mal contrôlé ce qui doit être exprimé dans un langage électoral.
Pourtant, Sarkozy a donné l’exemple avec le fameux « Casse-toi pauv’ con ». Dans cet épisode aussi, les mots spontanément utilisés révélaient l’univers sémantique et culturel de celui qui est en principe chargé de personnifier les valeurs républicaines.
Le ministre Devedjian, qui en juin 2007 avait traité de « salope » son adversaire de droite Anne-Marie Comparini, vole au secours de Hortefeux et dénonce les "commissaires politiques". Dans ce cas c’est le retour de son passé de militant du groupe fasciste Occident qui s’exprime (voir notre article Devedjian copie les insultes du Front national )
Il rejoint le style de soutien de Le Pen qui déclare : " Petit à petit l'espace de liberté d'opinion des Français se restreint. (...) C'est le temps de la Gepeou, la Gestapo,( !) assez, jamais plus ça… »
Le pire est sans doute produit par Henri Guaino, conseiller de Sarkozy chargé du discours « social », spécialiste du détournement de Jaurès et autres symboles de gauche et rédacteur du discours de Dakar. Il s'en est pris pour sa part ( 12/9 sur France Info) à "la transparence absolue", qui est pour lui "le début du totalitarisme".
Le contexte du énième dérapage de Hortefeux est éclairé par un passage du livre Histoire secrète de la droite, 1958-2008 rédigé par des journalistes sarkozystes et qui décrit la genèse de la création d’un ministère de l’Identité nationale, ensuite confié à B. Hortefeux :
« Le jeudi 8 mars 2007
. […] face à la remontée de S. Royal dans les intentions de vote du second tour, une prompte décision s’impose. Pourquoi ce “coup de mou”que rien ne laissait présager ? L’analyse est fournie,une fois de plus, par P. Buisson (conseiller de Sarkozy issu de l’extrême droite ndlr) lors d’une réunion convoquée d’urgence.
– Nicolas est en train de se notabiliser, attaque Buisson. J’y vois la conséquence du choix de S .Veil pour présider le comité de soutien.[…]
Puis, s’adressant à Sarkozy:
– Tu as percé parce que tu incarnes une transgression par rapport aux tabous de la politique traditionnelle. Il faut, sans tarder, envoyer un signal fort à toutes les couches nouvelles qui ont déjà basculé dans ton camp ou qui sont prêtes à le faire. Or, le tabou des tabous, c’est l’immigration. La transgression majeure, elle est là. Pas ailleurs. Il faut en remettre un coup sur le thème de l’identité nationale. Le silence, alors, est à couper au couteau. Seul Guaino intervient pour soutenir Buisson. Puis, après un nouveau silence, Sarkozy lui-même :
– Patrick a raison. Je vais proposer la création d’un ministère de l’Identité nationale. Quant à Simone, je la gère. Elle doit comprendre. Elle comprendra."
On connaît la suite. (voir nos articles précédents et notamment
Sarkozy et Hortefeux: chasse aux immigrés
Le 20 Octobre mobilisation contre la loi Hortefeux!
Sarkozy: une année dure et exigeante
Hortefeux: guerre aux associations!
Sans papiers: le soutien criminalisé
Sarkozy et le Front National: une liaison dangereuse )
Face au scandale on ne peut pas contenter de protestations limitées; Hortefeux doit partir, le ministère de l'Identité nationale doit être supprimé.
Il est de la responsabilité des grandes organisations de lutte contre le racisme d’organiser une mobilisation unie pour l'obtenir.
On ne peut que s’étonner de voir la direction de la LICRA se rendre auprès de Hortefeux. Elle semble ainsi offrir du crédit à ses dénégations et donc lui offrir un répit. La direction de la LICRA choisit d'ailleurs de soutenir Hortefeux à la suite de son entrevue, alors qu’elle sait parfaitement à quoi s’en tenir (voir notre article précédent De Villiers et son faux témoin )
Nous vous appelons d’ores et déjà à signer la pétition lancée par Charlie Hebdo demandant le départ de Hortefeux link
Memorial 98