Fidèle à ses pratiques xénophobes, Le Pen met en cause la double nationalité de Rachida Dati.
Pendant la campagne présidentielle il a ainsi à plusieurs reprises mis en cause les « trois grands parents étrangers de Sarkozy ». Nous avons révélé ici-même qu’il s’agissait d’une référence codée au statut des juifs de Pétain (voir notre précédent article Le Pen et les "3 grands-parents étrangers" de Sarkozy)
Le dirigeant d’extrême droite s’en prend maintenant à Dati dans ces termes : " question à Mme Dati: est ce que vous avez la nationalité marocaine, ou est-ce que vous avez la nationalité française ? Vous devez choisir. Si vous choisissez la nationalité étrangère, vous serez des étrangers, respectés en France, mais selon le statut des étrangers, sans les avantages que moi je crois devoir réserver aux Français… »
Tradition délatrice
Le Pen s’inscrit ainsi dans la longue tradition de l’extrême droite française consistant à dénoncer des personnes en raison de leur religion ou de leur origine et à dresser dans ce but des listes de noms. Le dirigeant du FN a souvent fait huer des noms à consonance juive lors des fêtes de son parti.
Il a inauguré ce style d’attaque dès 1989.
Le 5 décembre de cette année là, à la télévision (chaîne la 5), Le Pen est censé débattre avec Lionel Stoleru (alors secrétaire d'Etat chargé du Plan), sur le thème du travail au noir:
Il commence par demander à son interlocuteur s'il a la double nationalité...
Réponse de Stoleru:
- "Être juif, ce n'est pas une nationalité... Jusqu'à présent, c'est une
religion."
Après les hésitations de Le Pen, la discussion porte sur le contrôle du travail clandestin:
Lionel Stoleru : "Sur ce problème du travail au noir, j'ai moi-même organisé des
descentes dans le Sentier, des opérations coup de poing..."
Jean-Marie Le Pen : "Vraiment ? Vous pourriez faire une rafle, c'est le cas de le dire..."
Cette agression antisémite provoque à l’époque un tollé.
En Europe, la droite et l’extrême droite contre la double nationalité
La remise en cause en cause de la double nationalité n'est pas limitée aux vitupérations de Le Pen. Dans notre pays, le candidat du MPF de Villiers a inscrit à son programme" l'interdiction de la double nationalité". Il est maintenant membre de la majorité présidentielle après avoir appelé à voter pour Sarkozy. L'UMP ne présente d'ailleurs pas de candidat dans sa circonscription ainsi que dans celle de son collègue de parti et député sortant.
Les attaques contre la double nationalité ont aussi connu récemment un grand retentissement aux Pays-Bas.
Après les élections de Novembre dernier le nouveau gouvernement néerlandais compte deux membres issus de l’immigration : Ahmed Aboutaleb, d'origine marocaine, chargé du secrétariat d'Etat aux Affaires sociales et Mme Nebahat Albayrak, d'origine turque, secrétaire d'Etat à la Justice. Leur nomination a soulevé une violente polémique, notamment de la part du parti d'extrême droite PPV qui a introduit une motion au Parlement pour bloquer leur candidature, arguant que leur double nationalité poserait un problème de loyauté
Après l’extrême droite, le Parti libéral (VVD), membre du groupe des libéraux au parlement européen comme l’UDF française, a demandé à Nebahat Albayrak, d'abandonner sa nationalité turque.
En Allemagne le parti démocrate-chrétien CDU-CSU, correspondant de l’UMP et membre du même parti populaire européen, mène depuis des années une campagne contre le droit à la double nationalité des personnes issues de l’immigration.
La mise en avant d'une menace à l'"identité nationale" conduit à s'attaquer à la double nationalité.
Rachida Dati est elle même victime de ce piège infernal.
MEMORIAL 98
Actualisation du 14 septembre 2016
Dans sa croisade contre les prénoms "non-chrétiens" donnés à des enfants français, le néo-pétainiste Eric Zemmour met en cause Rachida Dati, parmi d'autres . "Elle a appelé sa fille Zohra. Je trouve ça scandaleux et je le lui ai dit", a déclaré l'agitateur qui sévit sur RTL.
Il ajoute qu'en raison de leur nom et leurs origines, "Zinedine Zidane, Jamel Debbouze et Omary Sy sont moins Français que lui".
Dati a apporté une réponse que les médias jugent " cinglante " à cette remarque en déclarant: "Qu’il se fasse soigner je pense. C’est pathologique, non ? Que voulez-vous que je réponde à ça ? Il n’y a rien d’autre à dire". Elle précise que le nom de sa fille est celui de sa propre mère.
Une fois de plus Rachida Dati, attaquée personnellement, se retrouve face à ses contradictions et ses choix politiques. En effet si Zemmour est " malade", alors Nicolas Sarkozy qu'elle a accompagné dans ses campagnes de 2007 et 2012 et tout au long de son quinquennat, l'est tout autant. Celui qu'elle appuie à nouveau dans le cadre de la primaire à droite doit également se faire "soigner" .
Dati a elle-même approuvé le ministère de l'Identité nationale, les discours sur la " France chrétienne ", la complaisance à l'égard du FN. Elle soutient maintenant l'entrée en campagne de Sarkozy basée sur la remise en cause du droit du sol et l'organisation d'une vaste manipulation autour du burkini.
En 2007, face aux attaques de Le Pen sur sa double nationalité ( ci-dessus) nous avions déjà souligné qu'elle était victime d'un piège xénophobe, auquel elle contribuait directement. C'est à nouveau le cas face à Eric Zemmour.
Memorial 98