Jour après jour, il se confirme que comme nous l’avions annoncé dès le 1er juillet ( Woerth, Copé et le Front National : décryptage) , le pouvoir s’est maintenant calé sur la ligne de l’appel au « fascisme », face à la vague de révélations qui menacent de l’emporter.
Cette ligne va se poursuivre et s’amplifier dans les prochains jours, en accompagnement des attaques personnelles et politiques contre Edwy Plenel et Mediapart, déjà finement accusés de « fascisme » et de « trotskisme », recyclant ainsi la vieille formule stalinienne de « l’hitléro-trostkysme ».
Les allusions à Bérégovoy et à Roger Salengro vont se multiplier.
Pour le pouvoir et ses communicants, il s’agit avant tout de détourner l’attention du fond du dossier, de faire peur, d’isoler si possible la partie de la presse qui fait correctement son travail d’investigation et finalement de recourir à la théorie du complot.
Il s’agit aussi d’intimider le Parti socialiste, embarrassé par la tension montante et, pour partie, par le rappel des affaires passées et du jeu trouble de Mitterrand avec Le Pen.
Au passage, le pouvoir offre une énorme publicité à Marine Le Pen, érigée par lui en réceptacle des frustrations de l’électorat de droite.
Sarkozy pense sans doute pouvoir récupérer cet électorat dans le futur, voire parvenir à un arrangement avec les dirigeants du Front National.
Pour l’instant et après son lancement par Copé l’offensive prend une forme brutale et grotesque développée par les « voyous » du régime (Morano, Estrosi, Eric Raoult, X. Bertrand.)
Ils connaissent bien le sujet puisqu’ils ont été mêlés à différentes tractations avec le Front National.
Ainsi Estrosi a été un fervent défenseur de l’alliance avec le Front National lors des régionales de 1998 en PACA, contre François Léotard. Dans un entretien à "Minute" du 11 mars 1998, Estrosi avait d’ailleurs annoncé :
« Dire "moi je suis là pour empêcher M. Le Pen d'exercer des responsabilités parce qu'il est xénophobe" ne me semble pas la meilleure méthode pour être crédible et efficace»(voir Sarkozy, Gaudin, Estrosi: l'ombre du Front National )
Morano est une spécialiste de l’invective extrême. A propos des critiques de la gauche contre la rétention de sécurité elle avait ainsi déclaré :
"Je laisse le soin aux Français de juger le Parti Socialiste qui se met clairement du côté des assassins et oublie toutes les victimes »
Elle a d’ailleurs elle-même collecté des signatures pour permettre à Le Pen de se présenter à l’élection présidentielle de 2007. La consigne de Sarkozy était de manifester ainsi sa bonne volonté à l’égard du dirigeant du FN et de ses électeurs. Le Canard enchaîné, jamais démenti depuis, l’indique dans son édition du 11 Avril 2007 : "En Meurthe-et-Moselle, par exemple, Nadine Morano, en bon petit soldat, réunit des maires ruraux début mars; “Nous étions cinq ou six à être désignés pour signer en faveur de Le Pen. Nadine nous a demandé d’envoyer nos parrainages non pas directement au Conseil constitutionnel, mais au siège du comité de soutien départemental de l’UMP. C’est elle, ensuite, qui les a emmenés à Paris raconte l’un d’eux"… » ( Morano : récidive d’une collaboratrice du Front National
N.Morano au gouvernement:appel à l'extrême droite )
Toute la campagne présidentielle de Sarkozy a été marquée par la complaisance envers le Front National. Ainsi le lorsque le Monde lui demande le 26 Avril 2007:
« …Avez-vous des valeurs communes avec le FN ? », Sarkozy répond : « Mes valeurs sont les valeurs de la République : travail, mérite récompense, fraternité, autorité, exigence, récompense… ».
Cette énumération est évidemment choisie pour sa compatibilité avec les « valeurs » du FN. Il reprend ainsi le postulat fondamental de son mentor Pasqua qui, lors de la campagne présidentielle de 1988, affirma les« valeurs communes » de la droite et de l’extrême droite.(voir en détail Sarkozy et le Front National: une liaison dangereuse)
La lutte contre la corruption est une valeur de gauche, profondément républicaine.
Ne nous laissons pas intimider par les menaces de l’UMP.
MEMORIAL 98