D'où provient le style des attaques de la droite contre la presse et en particulier contre le journal en ligne Mediapart, le comparant à la presse "collaborationniste"? (voir Qui joue avec le fascisme ?
Woerth, Copé et le Front National : décryptage )
Nous avions déjà relevé en février 2008 cette banalisation de la Shoah, puisque à l' époque Carla Bruni-Sarkozy avait comparé le site du Nouvel Observateur à "la dénonciation des juifs pendant la guerre... (lire ci-dessous l'article intégral) Elle avait du s'excuser, car selon ses propres termes "j'ai comparé, à tort, les méthodes employées dans les sites internet avec celles employées par la presse collaborationniste..."
Cet article rappelait aussi un dérapage de Sarkozy comparant les contrôles fiscaux et les dénonciations de Vichy.
Manifestement ces formules sont recyclées actuellement, peut être par les mêmes conseillers en communication?
Mme Sarkozy Bruni dérape à propos des Juifs et de la Shoah.
Encore une banalisation de la persécution des juifs
Interrogée par l'Express du 13 février 2008 sur la plainte déposée par Nicolas Sarkozy contre le site Internet du Nouvel Obs - qu'il accuse de "faux" à propos d'un SMS, Mme Bruni Sarkozy déclare : « La plainte justifiée de mon mari n'est pas contre un organe de presse, bien sûr, mais contre les "nouveaux moyens de désinformation". Internet peut être la pire et la meilleure des choses. A travers son site Internet, Le Nouvel Observateur a fait son entrée dans la presse people. Si ce genre de sites avait existé pendant la guerre, qu'en aurait-il été des dénonciations de juifs?... »
Cette déclaration pourrait n'être qu'une démonstration de narcissisme exacerbé ou une manifestation de l'absence totale du sens de la mesure ainsi qu'un signe de la confusion des esprits, car elle ne provoque aucun réaction du journaliste qui réalise l'interview.
Mais il se trouve que Nicolas Sarkozy a commis il y a quelques mois un dérapage semblable, tendant à banaliser la délation envers les juifs sous le régime de Vichy, comparée et assimilée à la dénonciation de délits fiscaux.
Pour défendre la « dépénalisation du droit des affaires » (terme pudique pour l'impunité garantie aux patrons, mêmes voyous) lors de l'université d'été du Medef le 30 août dernier, il avait utilisé la formule suivante :
« A quoi sert-il d'expliquer à nos enfants que Vichy, la collaboration, c'est une page sombre de notre histoire, et de tolérer des contrôles fiscaux sur une dénonciation anonyme, ou des enquêtes sur une dénonciation anonyme ? ». Il avait été applaudi frénétiquement par son auditoire patronal, absolument ravi par cette scabreuse comparaison.
Nous écrivions alors (Voir notre article précédent Sarkozy: nouveau dérapage sur Vichy ) :
"Le drame de Vichy et de la collaboration ne réside pas essentiellement dans la forme des dénonciations et leur anonymat mais leur contenu et les « lois » barbares auxquelles elles faisaient référence. On y dénonçait les Juifs parce que Juifs et on les envoyait ainsi vers la mort.
Comment peut-on, même par démagogie, comparer cette époque terrible et la situation actuelle ? Peut on mettre en parallèle, comme le fait N.Sarkozy, la déportation des Juifs et un contrôle fiscal ? Comment cette image a-t-elle pu figurer dans un discours officiel et de telles paroles être prononcées par un président de la République ? Pourquoi il y a-t-il si peu de réactions? Qu'on imagine le scandale si Le Pen avait osé une telle déclaration.
Il s'agit en effet d'une rhétorique qu'on trouve habituellement dans la presse d' extrême droite ou lors des « dérapages » de ce genre.
Ainsi en 2002 en Allemagne, le dirigeant démocrate-chrétien Koch avait provoqué un tollé en rapprochant le sort des personnes fortunées sous un gouvernement de gauche, avec celui des Juifs sous le nazisme, car ces 2 catégories étaient selon lui pareillement stigmatisées par une étoile jaune. Il s'était excusé et avait retiré ses propos.
Sarkozy quant à lui n'a manifestement pas l'intention de revenir sur ce parallèle révisionniste. Mais faisons silence, semblent dire les médias aux ordres, car il ne faut surtout pas "diaboliser" le président actuel."
Ce commentaire sur la comparaison "révisionniste" de Nicolas Sarkozy s'applique également à la référence reprise par Mme Sarkozy-Bruni.
Elle s'est excusée depuis d'avoir comparé le Nouvel Observateur à "la presse collaborationniste" ( sa déclaration publiée sur le site Internet de l'Express précise :"... Dans l'édition d'aujourd'hui, 13 février 2008, L'Express me consacre une longue interview, au cours de laquelle j'ai comparé, à tort, les méthodes employées dans les sites internet avec celles employées par la presse collaborationniste..."
L'interrogation demeure: comment une telle formule délétère a-t-elle pu être maintenue, alors que le directeur de l'Express relate que l'interview a été relue et amendée à de nombreuses reprises? Pourrait il s'agir de la prose d'un conseiller qui tient la plume pour Mr et Mme Sarkozy et qui s'applique à banaliser le génocide des juifs pendant la Shoah?
MEMORIAL 98