L’article ci-dessous de Luiza Toscane illustre à quel point les états bafouent allègrement les garanties élémentaires dont disposent les citoyens.
La situation des Droits de l’Homme a connu en 2009 une aggravation dramatique :
Gaza( voir nos articles Gaza: appel aux consciences La Paix Maintenant manifeste. Israël: le triomphe de Poutine? , Sri-Lanka (voir nos articles Sri Lanka: Tamouls en danger Sri Lanka : ONU silencieuse, régime impuni.) , Chine (voir nos articles Chine: la défaite, 20 ans après Ouïgours : révolte et massacre) Caucase (voir notre article Russie: contre les assassinats Beaubourg 1er Février 15h ), Iran, Guinée, Bosnie( voir nos articles L'étrange procès de Florence Hartmann Bosnie:les parias de la solidarité )
Les grandes puissances pérorent et laissent faire, quand elles n’appuyent pas directement les massacreurs.
La France singulièrement présente un bilan terrible: à l’intérieur avec la xénophobie érigée en arme par le gouvernement( Morano : récidive d’une collaboratrice du Front National Hortefeux : le retour du refoulé , ) les expulsions d’Afghans vers leur pays en guerre ( Allez voir « Welcome » , "Welcome": Besson enrage et calomnie.) le “grandébat” sur l’Identité nationale( Identité nationale : comment l’idée vint à Eric Besson ,) la remise en cause de la presence de la CIMADE dans les centres de retention(voir nos articles Europe: contre l'enfermement des étrangers Sans papiers: le soutien criminalisé ;) à l’extérieur, la cooperation avec les dictatures revêt des aspects inattendus quand l’UMP signe un accord de cooperation avec le Parti communiste chinois, machine à réprimer et outil principal de la dictature. En Afrique , la France a fait élire le fils Bongo et P. Balkany, ami et conseiller de Sarkozy, defend D. Camara, chef des massacreurs guinéens.
En 2010 nous poursuivrons notre combat contre l’impunité( notre premier article de 2009 relatait justement ce combat Tunisie: femmes victorieuses contre l’impunité)et le négationnisme, contre le racisme et l’antisémitisme.
Mémorial 98
Yassine Ferchichi, de nationalité tunisienne, terminait une peine de six ans et six mois, assortie d’une interdiction définitive du territoire français, dans une affaire de financement du terrorisme. Incarcéré à la prison de Fresnes, il avait appris récemment, peu de temps avant sa libération, qu’il faisait l’objet de deux condamnations par contumace en Tunisie, prononcées en vertu des dispositions de la loi antiterroriste promulguée en 2003, totalisant trente-deux ans et six mois d’emprisonnement et quinze ans de contrôle administratif.
Ayant déjà été soumis à de graves tortures, notamment à l’électricité, avant de quitter son pays, il a saisi l’Office Français pour la Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA) d’une demande d’asile. L’OFPRA n’avait toujours pas répondu à la veille de sa libération, prévue le 24 décembre dernier.
Le 22 décembre, son conseil, le cabinet W.Bourdon, saisissait la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), qui enjoignait aux autorités françaises de surseoir au renvoi de Yassine Ferchichi en Tunisie, en raison des risques graves de torture encourus.
Le 24 décembre, Yassine Ferchichi se voyait notifier le rejet de sa demande d’asile et était conduit dans la foulée de la prison de Fresnes à l’aéroport de Roissy-CDG afin d’être mis à bord d’un avion en partance le jour même pour le Sénégal.
Cette destination inattendue contournait et bafouait la décision de la CEDH notifiée la veille.
Son conseil saisissait immédiatement de nouveau cette cour, qui enjoignait cette fois-ci à la France de surseoir au renvoi de Yassine Ferchichi vers le Sénégal tant que des garanties n’auraient pas été fournies à la Cour quant au non renvoi de Yassine Ferchichi du Sénégal vers la Tunisie.
Passant outre à cette injonction, les autorités françaises n’ont pas fait descendre le requérant de l’avion, pourtant retardé en raison de la requête déposée.
Yassine Ferchichi a donc été renvoyé le 24 décembre au soir au à Dakar où il a été immédiatement gardé à vue, pour des raisons inexplicables, jusqu’au mardi 28 décembre.
Ce renvoi a, au passage, provoqué l’ire des autorités tunisiennes qui ont nié, une fois de plus, l’existence de la torture en Tunisie !
Le 28 décembre, il a été remis « en liberté » sur le territoire sénégalais, sans papiers d’identité, sans statut, sans ressources, mais sous surveillance policière, dans un pays où il n’a aucune attache.
De prisonnier, il est devenu un paria.
Depuis sa prison française, il avait rêvé de sa réinsertion et l’avait activement préparée. Seul son rapatriement en France mettra un terme à cette situation sans issue et dangereuse.
Luiza Toscane