Actualisation du 18 août 2016:
Retour de Copé, candidat à la primaire des "Républicains"; l'homme du bidonnage autour du "pain au chocolat" prétendument interdit pendant le Ramadan (voir ci-dessous). Sarkozy a explicitement approuvé cette légende. L'ex-président de l'UMP veut notamment promulguer une loi contre le burkini.
Au même moment, il s'avère qu'il n'y avait aucun "burkini" en cause à Sisco en Corse.
C'est ce qu'indique enfin le procureur après plusieurs jours qui ont vu se développer une intense campagne raciste locale basée prétendument sur la "radicalisation et le communautarisme"
Copé s'inscrit ainsi pleinement dans la campagne lancée par le député-maire LR et nostalgique du fascisme roumain Lionnel Luca.
Celui qui a été président des "Républicains" se concentre sur un remake des campagnes de Sarkozy en 2007 et 2012.
Memorial 98
Lancé dans la course à la présidence de l’UMP, Copé multiplie les provocations censées mobiliser en sa faveur les adhérents UMP. Après le « racisme anti-blanc » qui régnerait dans le pays, il met en avant la légende urbaine du « pain au chocolat pendant le Ramadan ».
Mais un aspect décisif du discours de Copé est pour l’instant passé inaperçu. Il s’agit de sa remise en cause de la nationalité française d’une partie de la population. Ainsi la formulation exacte du passage de son livre « Manifeste pour une droite décomplexée » est la suivante :
Un «racisme anti-Blanc» se développe dans les quartiers de nos villes où des individus - dont certains ont la nationalité française - méprisent des Français qualifiés de «Gaulois», au prétexte qu'ils n'ont pas la même religion, la même couleur de peau ou les mêmes origines qu'eux. ….
Selon Copé, il y a donc « dans les quartiers de nos villes » deux catégories de personnes les «individus - dont certains ont la nationalité française … » et « … des Français qualifiés de «Gaulois» »… ». Manifestement, selon Copé, les "individus" ont beau avoir la nationalité, ils n’en sont pas pour autant de vrais Français.
Copé a beau être déjà un multirécidiviste de la provocation xénophobe
(voir Copé: le visionnaire facho.
Un dirigeant UMP salit à nouveau la Shoah. ) il s’attaque cette fois-ci aux racines mêmes du droit de la citoyenneté.
Ce faisant, Copé reprend une thèse fondamentale du Front National, installée dans la panoplie de la droite dans les années 1980, par l’intermédiaire du « Club de l’Horloge ».
Ce groupe, qui se positionnait comme une passerelle idéologique entre le FN et la droite, écrivait dès 1984 : « Aujourd'hui le code de la nationalité est une machine à fabriquer des "Français de papier", qui n'ont ni assimilé notre culture ni affirmé leur attachement à la patrie. Pour maintenir notre identité nationale, il est urgent de réformer cette législation. Le Club de l'Horloge, qui a lancé ce débat dans l'opinion, décrit ici la réforme qu'il faudra réaliser tôt ou tard… »
La mise en pratique de ces théories fut concrétisée par Chirac et Pasqua, en 1986.
Elle se traduisait par la tentative de supprimer le traditionnel droit du sol et le droit à la nationalité française pour les enfants nés en France et issus de parents étrangers. "Être Français, ça se mérite" disait déjà Pasqua. Dans cette bataille du code de nationalité, le gouvernement Chirac-Pasqua, qui pensait avoir emporté une victoire décisive, fut contraint de reculer fin 1986, en raison des mobilisations étudiantes contre la loi Devaquet et les « facs Tapie ». L’épisode tragique de la mort du jeune Malik Oussekine, battu à mort par la police le 6 décembre de cette même année, fit opérer une retraite au gouvernement de l’époque.
En 1993, la droite reprit son offensive et imposa notamment une "déclaration de volonté" des jeunes nés de parents étrangers; l'absence de cette déclaration avant 18 ans supprimait leur accession automatique à la nationalité.
La remise en cause du code de nationalité est dans notre pays, un marqueur historique de la convergence-concurrence de la droite avec le Front National. Elle est aussi au cœur de l’obsession de l’ « envahissement », distillée depuis des décennies.
En effet, la droite entretient depuis 30 ans des rapports ambigus avec le FN, depuis que l’UMP de l’époque s’est alliée avec le Front National lors de l’élection municipale de Dreux en Septembre 1983. Tout au long de sa carrière politique, Sarkozy que Copé présente comme son modèle a appliqué le principe de son propre inspirateur et mentor, Charles Pasqua. Celui-ci a résumé sa doctrine, à la veille de la présidentielle de 1988, dans le magazine Valeurs actuelles du 2 mai 1988: « Sur l'essentiel, le Front national se réclame des mêmes préoccupations, des mêmes valeurs que la majorité »
(voir aussi Identité nationale : comment l’idée vint à Eric Besson
Sarkozy-Le Pen: le livre qui révèle
Sarkozy et le Front National: une liaison dangereuse
Mais au-delà du calcul électoral, le jeu avec le FN sert de paravent à une entreprise plus profonde et plus dangereuse, car venant du cœur du système de domination politique. L’enjeu stratégique porté par Sarkozy hier et par Copé aujourd’hui est constitué autour du thème de la défense de l’« identité nationale » menacée, thème récurrent et éternel de la droite nationaliste dans notre pays.
A voir aussi sur Copé:
Nationalité : Copé et l’UMP en embuscade.
Sarkozy et Copé aux côtés du Front National.
Woerth, Copé et le Front National : décryptage
Succès du Front National: quelles conséquences?
MEMORIAL 98