Devant les militants du FN réunis, dimanche 11 septembre, à Nice pour une « Université Marine », l'avocat Gilbert Collard, président du comité de soutien à la présidente du Front National, s'est présenté comme "l'avocat des enfants d'Izieu" au procès de Klaus Barbie (en 1987). Il a dit se rappeler "du petit André, parti pour les camps de la mort en chantant :Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine'". Et d'ajouter: "... C'est depuis cela que je ne supporte plus que l'on siffle la Marseillaise et quand on se torche avec le drapeau français, j'ai l'impression qu'on essuie les larmes de ce gosse avec de la merde !"
Le culot de Collard est illimité; d’une part, il n’a strictement aucun lien avec l’association du Mémorial d’Izieu. Ainsi, Geneviève Erramuzpé, la directrice de la Maison d'Izieu note qu’"il n'y avait aucun André parmi les 44 enfants".
Surtout utiliser ces enfants juifs exterminés par les nazis pour soutenir un parti dont le président d’honneur, Jean-Marie Le Pen, a été condamné pour antisémitisme (voir Le Pen : l’antisémitisme jusqu'au bout.) ), est particulièrement révoltant.
En 1998, quand la droite s’allia au Front National dans plusieurs régions, le symbole en était représenté par la région Rhône-Alpes.
(voir Le sénateur complice de Le Pen
Devedjian copie les insultes du Front national )
Charles Millon, ancien ministre de la défense de Chirac et Juppé, se fit élire président de la région grâce à une alliance avec le Front National local.
Son allié et compère n’était autre que Bruno Gollnisch, négationniste avéré condamné pour ses déclarations sur les chambres à gaz.
Face au choc provoqué par les alliances entre la droite et FN dans cinq régions, la résistance s’organisa, notamment contre Millon.
Ainsi à Izieu, qui se trouve dans l’Ain dont il était à l’époque député, Charles Millon fut conspué le dimanche 19 juillet 1998, devant la stèle qui symbolise le sort tragique de 44 enfants et 7 adultes juifs raflés par Klaus Barbie dans ce village d’enfants et exterminés pour la plupart en 1944 à Auschwitz.
La présidente régionale de l’Amicale des déportés d’Auschwitz, Simone Lagrange, déportée à treize ans, interpella Millon en lui demandant de quitter les lieux.
Celui-ci ne partit qu’à la fin de la cérémonie, bafouant ainsi la mémoire des disparus, des survivants et de leurs familles. Fin novembre de la même année, il fut exclu de l’association du mémorial des enfants d’Izieu.
La perversité du langage et la manipulation des symboles de la période nazie demeurent la marque de fabrique du Front National, ainsi que de ses alliés et ralliés.
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MEMORIAL 98