Irmela Mensah-Schramm en pleine activité de "nettoyage"
Nous désirons rendre hommage à Irmela Mensah-Schramm, à la veille du 9 Novembre qui commémore la chute du Mur de Berlin mais aussi la Nuit de Cristal du 9 Novembre 1938 (voir nos articles précédents Nuit de cristal : 70 ans après(I) Terrible Autriche Nuit de cristal : 70 ans après (II) Un acte prémédité)
Depuis 20 ans, cette femme berlinoise , éducatrice spécialisée retraitée, « nettoie » la propagande, les graffitis et auto collants néos nazis à Berlin et dans d’autres villes ; elle sillonne les rues pour arracher les autocollants et recouvrir les tags racistes et nazis.
On peut ainsi la croiser à tourner inlassablement dans les rues berlinoises, tenant à la main un grattoir et du dissolvant à ongles.
Avec ses « armes », elle efface les croix gammées et enlève les autocollants racistes disséminés sur des lampadaires et des murs dans toute la ville. C'est une bataille sans fin contre les jeunes néo-nazis, certains passants, et avant tout, l'indifférence. Elle marche toute la journée, scrutant les plaques de rues et les murs. Elle est aussi armée d'un grand appareil photos pendant à son cou afin de constituer des archives et d'un sac en tissu blanc portant l'inscription "Combattez les nazis" en larges lettres blanches.
Irmela Mensah-Schramm considère qu’en 23 ans, elle a enlevé plus de 80,000 autocollants comportant des slogans homophobes, antisémites ou racistes.
Son activité militante n’est pas de tout repos, puisqu’elle a subi de très nombreuses menaces, et même des poursuites judiciaires, suite à des démêlés avec un vigile. Elle assume les infractions qu’elle est amenée à commettre en pénétrant dans des accès privés pour pouvoir détruire des grafittis.
Comble de l’ironie, des nazis l’ont même menacée… par des tags !
Sa « mission » a débuté à l’été 1986 à proximité de sa maison ; elle aperçut un auto collant qui réclamait la libération de Rudolf Hess, le criminel de guerre nazi emprisonné à Spandau et emblème des néos nazis ; révulsée, elle voulut l’arracher, mais ne pût le faire car son bus s’en allait. Elle revint le soir même et enleva l’auto collant. Elle n’a plus cessé depuis.
Irmela Mensah-Schramm ne se contente pas de cette activité ; elle anime aussi de nombreuses conférences d’éducation et rend compte de son combat par des expositions qui montrent la propagande qu’elle a supprimé.
Pour établir un lien entre les évènements historiques commémorés le 9 novembre, nous voulons aussi donner un écho à la protestation de Gottfried Wagner contre le programme musical de la journée qui célèbre l’anniversaire de la chute du Mur. Cet arrière petit-fils du compositeur Richard Wagner proteste contre l’inclusion de l’ouverture de l’opéra Lohengrin, composé par son ancêtre, lors du concert officiel des célébrations.
Musicologue et inlassable militant antifasciste, il rappelle le nationalisme et l’antisémitisme de son aïeul, précurseur du nazisme, ainsi que le montre d’ailleurs l’œuvre choisie, dominée par la vision d’un Allemagne triomphante.
Il est surprenant que le chef d’orchestre Daniel Barenboïm se prête à cette mauvaise action contre la mémoire de la Shoah et de l’Allemagne antifasciste. Gottfried Wagner ne cesse en effet de rappeler que Hitler a fait de Richard Wagner son modèle culturel.
MEMORIAL 98