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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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16 décembre 2007 7 16 /12 /décembre /2007 23:52
Nous publions une réaction de Souâd Belhaddad, journaliste-reporter, auteure

Livres parus :
Entre deux « je » : Algérienne ? Française ? Comment choisir…  (Mango)
SurviVantes : Rwanda 10 ans après( ed. de l’Aube)
La fleur de Stéphanie : Rwanda entre déni et réconciliation (Flammarion)
Algérie, le prix de l’oubli (Flammarion)

MEMORIAL 98


L’INCIDENT (n) EST (pas) CLOS
    
        À la veille du voyage officiel de Nicolas Sarkozy  en Algérie, Il y a plusieurs semaines, le ministre algérien des anciens combattants, Mohamed Cherif Abbés, donnait une interview  à forte consonance antisémite ( tempsreel.nouvelobs.com/.../20071128.OBS7225/ )au quotidien arabophone El Khabar. 
Entre temps, le président de la République française s’est rendu à Alger et Constantine, a ébauché un début de reconnaissance de la colonisation, puis l’a relativisée en rapport à la souffrance des rapatriés, a conclu des contrats de quelque 5 milliards d’euros et est revenu.
Entre temps, la visite de Khadafi, leader libyen, a balayé l’actualité franco- algérienne, d’autres contrats ont été signés,   quoique d’une valeur moindre que le chiffre de 11 milliards annoncés.
 Et  les déclarations antisémites du ministre algérien ? «  L’incident est clos » . C’est la phrase officielle véhiculée par divers ministres concernant ces propos.  Considérant que le Président Bouteflika avait assuré au chef de l’Etat français qu’ils ne reflétaient pas la position du gouvernement algérien (sans cependant s’en excuser ni demander la démission de son ministre), Nicolas Sarkozy a déclaré que l’incident était clos.
Et Rachida Dati, Fadela Amara, entre autres, ainsi que des députés de l’UMP de reprendre la formule consacrée.
  Bien sûr, nécessité politique fait loi. On n’imagine pas que l’indignation ait plus de valeur que cinq milliards d’euros. Une chose me choque, pourtant, en plus évidemment des propos du ministre algérien, en plus de la complaisance du journaliste d’El Khabar qui jamais ne le relance, comme si ce qui se disait était évident, entendu, une chose me choque.
C’est ce mot d’ " incident" . Ainsi, ce qui en France est considéré comme une insulte, une parole hors la loi, ne serait ici qu’un « incident »… 
Cela dépendrait donc de qui s’exprime ? Un jeune ou un politique français osant le même racisme susciterait, on l’espère en tout cas, la condamnation de tous nos intellectuels - tribunes dans divers journaux, chroniques de radio, déclarations d’une majorité de représentants politiques.
Mais non, là, l’incident est clos… L’antisémitisme serait quelque chose sans importance… J’aurai tant espéré que Rama Yade, par exemple, si prolixe contre la dictature de Khadafi, élève également la voix contre l’antisémitisme de ce politique algérien. Juste un petit mot pour signaler que s’il faut clore l’affaire, au moins, ne lui donnons pas ce nom si cruel d’"incident"
   Depuis plus de deux ans, j’interviens avec Isabelle Wekstein, avocate,   dans des collèges privés et publics de la Seine St Denis. Par des jeux de rôle et des lectures du code pénal, nous sensibilisons les jeunes à la question du racisme et de l’antisémitisme, les conduisant à réaliser qu’en être victimes ne les empêche pas régulièrement, d’en être aussi les auteurs. Et que si la loi protége la victime de discrimination, elle punit le raciste et l’antisémite. Nous insistons beaucoup auprès d’eux sur l’importance du langage, le poids des mots, nous martelons, de façon ludique mais ferme, que non, on ne peut pas tout dire, et surtout pas tout ce qu’on veut, à propos des origines des uns et des autres…

Après avoir souligné la force du préjugé, nous nommons la loi, en disant clairement à ces jeunes que par le Verbe, ils peuvent être hors la loi. Nous leur précisons bien que, proférer des paroles racistes, antisémites, fussent elles prononcées au nom de l’humour  c’est important, grave…
…Et voilà qu’un représentant de l’Etat algérien prononce ces préjugés terribles publiquement, officiellement ! Et voilà que nos représentants gouvernementaux appellent cela un « incident » ! Qu’est ce qu’on va leur dire à ces jeunes ? Bon, cette fois-là, ce n’est pas pareil, lui, c’est le ministre d’un pays riche, vous comprenez, et l’on a des affaires commerciales à conclure avec ce pays, donc ce qu’il dit n’est pas bien mais comme toute le monde, dans son gouvernement, ne dit pas la même chose (publiquement…), Allez, c’est un incident, il faut passer à autre chose …
Décidément non, l’antisémitisme, le racisme ne sont pas des « incidents ». Pour preuve, cette autre définition du Robert de ce mot:" Incident diplomatique. Évènement peu important en lui-même mais capable d’entraîner de graves conséquences dans les relations internationales.». N’a-t-on pas assisté exactement au contraire? Un évènement loin d’être peu important (l’antisémitisme) mais sans conséquences diplomatiques.

Quand je vous disais que ce n’est pas du tout ce qu’on appelle un incident…

Souâd Belhaddad
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