A la veille de la visite de Sarkozy en Algérie, Mohamed Cherif Abbés ministre des anciens combattants a, dans une interview au principal quotidien arabophone El khabar, livré une diatribe antisémite: « …Vous connaissez les origines du président français et les parties qui l’ont amené au pouvoir. Saviez-vous que les autorités israéliennes avaient mis en circulation un timbre à l’effigie de Nicolas Sarkozy, en pleine campagne électorale ?(Il s’agit en fait d’une initiative privée et commerciale des soutiens de Sarkozy en Israël NDLR) Le gouvernement d’ouverture que dirige M. Sarkozy, qui a vu plusieurs personnalités de gauche rejoindre un gouvernement de droite soulève plusieurs interrogations comme pourquoi Bernard Kouchner a décidé de sauter le pas, cela ne s’est pas fait pour des croyances personnelles. Ceci était le résultat d’un mouvement qui reflète l’avis des véritables architectes de l’arrivée de Sarkozy au pouvoir, le lobby juif qui a le monopole de l’industrie en France… »
Mohamed Cherif Abbés répond: "l’arrivée de Hamlaoui Mekracha, ex-ministre des anciens combattants avec Jaques Chirac était une provocation. La venue d’Enrico Macias est une provocation mais à un degré moindre car il n’est pas d’origine algérienne, contrairement au premier qui a été considéré comme un traître…». Macias, né à Constantine, est ainsi retranché de son lieu de naissance parce qu’il est juif.
Le « recadrage » de Bouteflika
Face au scandale diplomatique, le président algérien, élu de la fraude et du choix des généraux qui contrôlent le pouvoir, aurait corrigé les propos de son ministre.
Mais Bouteflika lui-même a recours à la rhétorique antisémite.
Pierre Vidal Naquet dans son livre les « Assassins de la mémoire » (Point Collection Essais) rappelle la période autour du procès Barbie, défendu par l’avocat J.Vergés, très proche du régime algérien :
« …Le procès de Klaus Barbie (11 mai - 4 juillet 1987) allait mettre à l'épreuve ce changement des valeurs. La guerre d'Algérie lui servit ( à Vergès NDLR) de rampe de lancement… A un hebdomadaire algérien de Paris qui consacrait un numéro au 25e anniversaire du pogrom du 17 octobre 1961, il déclarait, après avoir rappelé qu'il venait de porter plainte au nom de clients algériens pour « crimes contre l'humanité », que la cour de Cassation devrait dire « si le crime contre l'humanité est seulement le crime commis par des nazis contre des Juifs, ou bien s'il concerne le crime beaucoup plus grave, beaucoup plus actuel, beaucoup plus effrayant pour l'avenir, le crime commis par les impérialistes contre les peuples en lutte pour leur libération ». Des nazis, des Juifs; les mots n'étaient pas choisis au hasard, ils relevaient de la réfection de l'histoire. Cette campagne, J. Vergès alla la poursuivre en Algérie en avril 1987 ce qui entraîna d'avril à juin 1987, dans les hebdomadaires algériens (officiels) Algérie Actualité et Révolution africaine, de violentes attaques antisémites, dirigées en particulier contre Jean Daniel… »
MEMORIAL 98