Guy Môquet : l’imposture de Sarkozy.
En plein affrontement autour de sa loi répressive contre les immigrés et les réfugiés, le président prétend honorer la Résistance en imposant la lecture d’une lettre de Guy Môquet.
Ce texte, qui a déjà donné lieu à une farce macabre et déshonorante avant le match de rugby contre l’Argentine, se transforme en prescription autoritaire du pouvoir qui a institué le ministère de l’Identité nationale.
Nous reprenons les termes de la déclaration de Gaston Viens, maire d’Orly et grand résistant, publiée sur notre site en juin dernier (voir notre article: Guy Moquet et l'"identité nationale": contre la manipulation ):
«... Il est choquant que l’on utilise la mémoire de Guy Moquet, pour mieux faire passer une décision indigne pour notre pays, celle de créer un ministère de « l’immigration et de l’identité nationale ».
Les mots ont un sens, associer « immigration » et « identité nationale » c'est, inscrire l'immigration comme « problème » pour la France et les Français dans leur existence même.
Ce rapprochement rappelle les heures les plus sombres de notre histoire dans laquelle on a désigné l’étranger, comme le responsable des maux de notre pays.
Alors que notre République s’est construite par l’intégration, sur la base des principes de Liberté d’Egalité et de Fraternité, ce ministère menace d'installer la division.
Depuis deux siècles, les étrangers, ont contribué à développer, à transformer et à enrichir notre Pays. Guy Moquet n’est pas mort pour qu’un jour on expulse de France des jeunes de son âge et des adultes au prétexte qu’ils ne sont pas français… »
On a pu constater depuis qu’il ne s’agissait pas d’un procès d’intention.
De tests ADN en menaces sur l’hébergement d’urgence, l’équipe Sarkozy a multiplié les mesures xénophobes destinées à détourner l’attention de la mise en œuvre de sa politique économique libérale.
Ces initiatives sont aussi censées complaire à l’électorat du FN que le pouvoir affectionne particulièrement.
Le plus acharné pour contraindre les enseignants à se prêter à cette mise en scène est H. Guaino, proche conseiller de Sarkozy et rédacteur de ses discours.
Bernard Henri Lévy a raison de le qualifier de « raciste » notamment en raison du discours de Dakar sur l’Afrique dont il est l’auteur (voir Sarkozy: service minimum sur la Shoah et insultes pour les Africains ).
La réponse de Guaino à cette mise en cause politique par B.H. Lévy est d’ailleurs significative de sa référence à la tradition chauvine française dans laquelle la stigmatisation physique et l'antisémitisme rôdent constamment: « … Il (BHL) n’aime pas la France, moi si. Il a la bave aux lèvres, avec la haine qui suinte de partout."
Guaino est aussi celui qui combat la « repentance » et contribue ainsi à réviser la reconnaissance de la responsabilité des autorités françaises dans la mise en œuvre de la Shoah (voir Sarkozy jette aux orties la reconnaissance de la participation de la France à la Shoah )
Les enseignants défendent la mémoire du combat de Guy Môquet.
Le SNES (syndicat national des enseignants de second degré, majoritaire) appelle à ne pas lire cette lettre pour refuser "l'instrumentalisation du devoir de mémoire" et "cautionner l'entreprise commémorative du 22 octobre, décidée par le seul chef de l'exécutif…Nous ne boycottons ni la mémoire de Guy Môquet ni celle de la Résistance", ajoute le syndicat mais "notre travail d'enseignant n'a rien à voir avec une démarche qui vise à susciter l'émotion sans distance critique, sans replacer un témoignage, aussi poignant soit-il, dans son contexte historique",. "Or, la lettre de Guy Môquet (...) ne dit rien de son engagement, elle n'évoque que son amour de la patrie, de ses parents, de sa famille et son sens du devoir".
La manipulation de Sarkozy et Guaino est ainsi clairement éventée.
Memorial 98