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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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Pour correspondre avec nous, nous proposer des articles ou des informations,

pour toute question : 

contact@memorial98.org

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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 19:23

Il y a 76 ans, le 9 novembre 1938, débutait dans toute l’Allemagne et en Autriche la « Nuit de Cristal ». Durant cette attaque antisémite décidée par les chefs du parti nazi et perpétrée par leurs milices, entre 2000 et 2500 personnes allaient être assassinées, soit durant le pogrom lui-même,  soit par la suite dans les camps de concentration où furent envoyés des milliers de Juifs arrêtés. Des dizaines de synagogues furent profanées et incendiées.

 

images.jpg

Ce dimanche 9 novembre 2014, Memorial 98 vous invite à commémorer ce massacre planifié par les dirigeants nazis au plus haut sommet de l'Etat.Un massacre que les autorités françaises refusèrent  alors de condamner, au nom de leurs négociations avec l’Allemagne hitlérienne. La France fut ainsi  la seule grande démocratie à ne pas dénoncer à l'époque cette barbarie, malgré le rapport accablant de son ambassadeur à Berlin.


Nous nous rassemblerons à Paris devant le gymnase Japy, lieu où furent enfermés des Juifs arrêtés lors des rafles parisiennes entre 1941 et 1943, avant d'être envoyés vers les camps d'internement de Drancy, de Pithiviers et de Beaune la Rolande, puis vers Auschwitz.

Au gymnase Japy comme au Vel d'Hiv, la garde des raflés était assurée par  des gendarmes et des policiers français Vel d'Hiv: le document .

 

Déposer quelques fleurs et quelques bougies, se souvenir ensemble, représente un acte symbolique face à l'offensive raciste et antisémite en cours en France.

Des millions de personnes peuvent désormais entendre un triste provocateur comme Zemmour réhabiliter Pétain et Vichy à la radio et à la télé. A proximité du gymnase Japy, ce soir là comme tous les autres, au théâtre de la Main d'Or, des centaines de personnes riront d'un génocide, à l'invitation de Dieudonné, un néo-nazi comme un autre, que l'on qualifie pourtant d'humoriste.

 

Pourtant, si nous abandonnons nos mémoires, alors, il ne faudra pas nous étonner que les héritiers des assassins puissent refaire l’Histoire, la nier et la travestir. On ne peut pas se contenter d’être horrifié devant les croix gammées qui sont tracées sur des synagogues ou des mosquées. On ne peut pas se contenter d’espérer que l’Etat réprime les fascistes, les racistes et les antisémites. La  démocratie ne se confond pas avec l’Etat ; elle est l’œuvre de ceux et celles qui sont mobilisées. On ne peut pas se contenter  d’en appeler à la République parce que celle-ci n’a jamais constitué à elle seule un barrage infaillible contre les idéologies de la haine.

 

une-du-figaro-nuit-de-cristal.jpg


Nous ne sommes pas dans les années 1930.

Mais la banalisation du Front National, le succès des tribuns racistes et antisémites, et surtout l’indifférence et la démobilisation devant ces phénomènes sont aussi liés à l’oubli et à la minimisation de ce que furent les fascismes originels.

Aujourd’hui, de nouveau, des femmes musulmanes, des Juifs sont attaqués dans nos rues. Aujourd’hui de nouveau, des commerces juifs ou arabes sont incendiés.  L’extrême-droite légale, les Marine Le Pen et les Soral parlent. Leurs troupes répondent à l’appel en répandant la violence partout. Il n’y a qu’un seul fascisme.

Les violences racistes, antisémites ou homophobes loin de se résumer à des faits divers constituent des faits politiques constitutifs de ce fascisme.

La mémoire du nazisme et de ses crimes ne représente pas un « devoir », dont on pourrait alors se décharger sur l’Etat ou sur des associations dédiées.


La mémoire est une arme notamment en ce qui concerne l’antisémitisme. Celui-ci ne constitue pas seulement un racisme spécifique dirigé contre les Juifs. Il est présent et  enraciné au cœur des idéologies européennes de la haine, un laboratoire plusieurs fois centenaire d’élaboration des discours et des logiques de stigmatisation et d’oppression. Ces idéologies sont aujourd’hui recyclées pour frapper toutes les minorités et désarmer les progressistes, en développant les peurs et l’irrationnel.

 

 Nous vous appelons à participer à ce

 

Rassemblement le dimanche 9 novembre à 17h

devant le gymnase Japy, 2 rue Japy, métro Voltaire.

 

Ensemble, se souvenir et s’armer de détermination à combattre l’extrême-droite, le racisme et l’antisémitisme.

 

Memorial 98


voir aussi:

Mémoire: la rafle méconnue du 20 août 1941.

Déchéance de la nationalité : quand Pétain sévissait

La rafle du Vel d’Hiv et la mémoire de la Shoah

Antisémitisme: le double anniversaire du 3 Octobre


 Sur Facebook suivez l'actualité quotidienne de la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme de Memorial 98

Le groupe Facebook est le prolongement de ce site et rend compte de l'activité antiraciste et antifasciste.

 

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14 octobre 2014 2 14 /10 /octobre /2014 18:16

octobre-61.jpgCinquante trois ans après le massacre du 17 octobre 1961, cet été, à Wissous, petite ville tranquille de la grande couronne parisienne, Richard Trinquier maire de la commune, apologue assumé de l'OAS , enclenchait une campagne de peur contre ses administrés musulmans: après avoir vainement tenté d'interdire les femmes voilées de piscine, lui et son équipe allaient publier par voie d'affiche les identités des femmes qui avaient osé contester sa mesure discriminatoire en justice, et appeler sur Facebook à la violence contre l'ensemble des musulmans.

 

Ceci  entraina effectivement le harcèlement de nombreuses habitantes. A ce jour, Richard Trinquier n'a pas été exclu de l'UMP.

 

Cet épisode, comme tant d'autres, illustre l'héritage toujours vivant et toujours nuisible de la guerre d'Algérie et des pro-Algérie française: il n'est pas anodin qu'une partie des maires FN nouvellement élus,tels Fabien Engelmann de Hayange, revendiquent leurs ascendants colons. Il n'est pas anodin non plus que le nombre de stèles rendant hommage à l'OAS soit en hausse depuis le début des années 2000. Il est à noter que Richard Trinquier prolonge explicitement  les "valeurs" de son père, le tristement célèbre colonel Roger Trinquier, qui s'est illustré en tortionnaire puis en militant OAS lors de la guerre d'Algérie. Trinquier père était un ami personnel de Jean-Marie Le Pen et comptait se présenter aux législatives de 1986 sous l'étiquette FN; il est décédé juste avant.

 

Dans un pays où l'accusation de "communautarisme agressif" est si couramment répandue envers les Français d'origine algérienne, cette accusation peut-être facilement retournée contre toutes celles et ceux qui montent sur les grands chevaux de l'Histoire dès que des gamins soutiennent l'équipe de foot algérienne. C'est d'ailleurs la seule équipe pour laquelle on supprime des écrans géants dans les communes dans les soirs de match, pour les remplacer "préventivement" par des escadrons de CRS.

 

Cette année, deux Algériens au moins sont morts alors qu'ils étaient dans les mains de la police française: Abdelhak Goradia , sans-papiers décédé d'une asphyxie pendant une tentative d'expulsion, et Hocine Bouras tué d'un coup de feu par la gendarmerie lors d'un transfert entre la prison et le tribunal de Colmar. Ces crimes ont eu lieu dans l'indifférence médiatique et politique qui accompagne la perpétuation de l'arbitraire policier, d'une zone grise, hors du droit,  qui perdure dans ses rapports avec certaines parties de la population.

 

Cinquante trois ans après un massacre survenu lors d'une manifestation pacifique, le racisme anti-algérien et sa virulence témoignent toujours d'un passé qui ne passe décidément pas. Ce passé continue d'inspirer les politiques et les discours tenus contre l'ensemble des immigrés et des issus de l'immigration. En témoigne, parmi d'autres exemples, l'omniprésence médiatique d'un Eric Zemmour, qui lorsqu'il n'est pas occupé à réhabiliter l'antisémitisme d'Etat de Vichy, déverse à longueur de tribune sa haine contre les jeunes d'origine d'algérienne .

 

Ce 17 octobre, Memorial 98 se joint donc à l'appel du Collectif 17 octobre 1961 : rassemblons-nous à Paris sur le Pont Saint Michel, ainsi que dans les autres commémorations, en mémoire des camarades assassinés par la police française ce jour là, en mémoire aussi de l'espoir qui les animait, eux et tant d'autres, celui d'un monde d'égalité.

 

Le rassemblement sera suivi à Paris d'un colloque en hommage à Jean Luc Einaudi , historien et témoin lors du procès contre Maurice Papon  ( coordonnées en bas de l'appel ci-dessous )

 

Rassemblement le 17 Octobre 2014 à 17h30 au Pont Saint Michel à PARIS

 

Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement àParis contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait étéimposé par Maurice Papon, préfet de police de Paris et le Gouvernement de l’époque.

Ils défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés –notamment par la "force de police auxiliaire" - ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police.

 

53 ans après, la Vérité est en marche. Cependant, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées, - en particulier la Guerre d’Algérie - non plus que dans le cortège de drames et d’horreurs qu’elles ont entraînés, comme ce crime d’Etat que constitue le 17 octobre 1961. Le17 octobre 2012, le Président de la République a certes fait un premier pas important, en déclarant "Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes."Mais le terme de crime n’est pas repris, et la responsabilité, sous entendue, n’est pas clairement définie.

 

Nous demandons une parole claire aux autorités de la République, au moment où certains osent encore aujourd’hui continuer àparler des "bienfaits de la colonisation", à célébrer le putsch des généraux àAlger contre la République, à"honorer" les criminels de l’OAS.

 

Dans ce domaine, il est donc nécessaire que des mesures significatives soient prises :

 

- Redéfinition de la "Fondation pour la mémoire de la Guerre dAlgérie ", créée en application de l’article 3 de la loi du 23 février 2005 (dont l’abrogation est demandée sous sa forme actuelle) vantant les "aspects positifs de la colonisation". Cette Fondation est sous la coupe d’associations nostalgiques de l’Algérie Française qui voudraient exiger des historiens qu’ils se plient àla mémoire de "certains" témoins.

 

- Que la création d’un lieu de mémoire voué à cet événement, demandée dans la résolution votée par le Sénat en octobre 2012 qui reconnaissait elle aussi ce massacre, soit rapidement mise en œuvre par les autorités de l’Etat, de la Ville de Paris et la Région Ile-de-France

 

- Pour être fidèles à leur mission scientifique, les historiens ont besoin de pouvoir accéder librement aux archives, échapper aux contrôles des pouvoirs ou des groupes de pression et travailler ensemble, avec leurs homologues de l’autre rive de la Méditerranée.

 

- La vérité doit être dite sur l’organisation criminelle de l’OAS que certains, au sein de l’ancienne majorité présidentielle ont voulu réhabiliter.

 

Ce nest qu’à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la Guerre dAlgérie, à savoir le racisme dont sont victimes aujourdhui nombre de citoyennes et citoyens, ressortissants dorigine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous la forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières.


On ne construit pas la démocratie sur des mensonges et des occultations. Après un demi-siècle, il est temps  :

- Que le Président de la République, au nom de la France, confirme, par un geste symbolique, la reconnaissance et la condamnation de ce crime d’état

- que la Fondation pour la Mémoire de la Guerre d’Algérie soit redéfinie sur des bases totalement différentes.

- que l’Etat français reconnaisse sa responsabilité dans l’internement arbitraire, pendant la Guerre d’Algérie, d’Algériens dans des camps.

- que l’Etat français reconnaisse sa responsabilité dans l’abandon des harkis, les massacres et l’enfermement dans les camps en France en 1962.

- que la liberté d’accès aux archives soit effective pour tous, historiens et citoyens.

- que la recherche historique sur ces questions soit encouragée, dans un cadre franco-algérien, international et indépendant.

A l’occasion de ce 53ème anniversaire, nous exigeons Vérité et Justice.

 

Rassemblement le 17 Octobre 2014 à 17h30 au Pont Saint Michel à PARIS

 

Signataires (au 29 septembre 2014) :

Associations :17 octobre contre l’oubli, 4ACG (Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre), 93 Au Cœur de la République, ACCA (Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui), Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Féraoun et de leurs compagnons, ANPROMEVO (Association Nationale pour la Protection de la Mémoire des Victimes de l’OAS), ARAC (Association Républicaine des Anciens Combattants), Au nom de la Mémoire, FNACA de Paris (Fédération Nationale des Anciens Combattants d’Algérie), LDH (Ligue des Droits de l’Homme), MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples), Réseau Féministe "Ruptures", Sortir du Colonialisme, Memorial 98

A 19h, Hommage à Jean-Luc Einaudi avec différents auteurs et témoins, Salle Jean Dame, 2 Rue Léopold Bellan 75002 Paris – s’inscrire : hommage@einaudi2014.fr

 Voir aussi sur ce site:

17 octobre 1961: un massacre colonial.

17 Octobre: la mémoire d'un massacre à Paris

17 Octobre 1961 : 50e anniversaire du massacre des Algériens.

A propos de Papon:

Michel Slitinsky: hommage à un combattant 

 

 

Memorial 98

 

 

 

 

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13 octobre 2014 1 13 /10 /octobre /2014 00:51

 

 

 

Il ne faut pas s’y tromper: le succès de librairie du énième pamphlet de Zemmour  Le Suicide français représente un phénomène notable et inquiétant. Certes, l’omniprésence du polémiste d'extrême-droite dans les médias audiovisuels et le parfum de scandale qui l’entoure viennent au secours de ce succès.

De plus Zemmour manifeste une remarquable capacité de synthèse, d'absorption et d’expression de tout ce qui fait sens à l’extrême-droite. Chaque semaine, son activité consiste à lire l'intégralité des thèmes de propagande développés par les différents médias d'extrême-droite, afin de choisir les deux ou trois angles d'attaque les plus en phase avec l'air du temps et de les exprimer en moins de quinze minutes sur ITélé ou chez Ruquier ou à la radio. Entre-temps il en aura euphémisé la forme, sans l’affadir.

Ce que Soral exprime en 20 minutes, il le dit en 120 secondes. Le fascisme adapté au format talk-show, édito du matin, ou billet d'humeur du samedi n'est pas si simple à mettre en œuvre. Cela nécessite d’abord d'avoir des médias qui sont en demande de ce genre de compétence, mais il faut aussi pas mal de travail pour la maîtriser.

Il faut regarder la réalité en face: Zemmour se nourrit des succès du Front National et en retour alimente ces mêmes succès. C'est le même mécanisme que nous avons décrit, dans un autre registre, concernant Dieudonné : "... Dieudonné surfe sur la radicalisation de la droite réactionnaire qui a manifesté contre le mariage gay. Dieudonné le « libertaire » a ainsi qualifié le mariage gay de « "projet sioniste qui vise à diviser les gens" Il se sent surtout conforté par les sondages favorables au Front National et les perspectives de percée de celui-ci lors des prochains scrutins… » 

 

Les thèses habituelles de Zemmour sont connues : xénophobie, islamophobie, misogynie, haine des valeurs de gauche.

Il réalise cette fois-ci une véritable escalade en entamant une réhabilitation du régime de Vichy et de Pétain. Ce dernier aurait contribué à "sauver" des Juifs français. Il trouve ainsi dans l’attitude de Pétain une justification supplémentaire de la « préférence nationale ».

Pour lui, Pétain a eu raison de livrer aux nazis les Juifs étrangers afin de sauvegarder plus de Juifs de nationalité française. Le propos est d'autant plus choquant que Pétain a personnellement aggravé les mesures du statut des Juifs, comme le montrent les documents annotés de sa main .

 

Lorsqu’il est mis en cause, Zemmour utilise une méthode de défense habituelle: se faire passer comme celui qui combat une prétendue "doxa majoritaire" et faire référence à un livre d'un auteur à priori insoupçonnable.

Le succès des livres de Zemmour est en effet lié à son habileté phénoménale pour repérer le document et l'individu qui lui permettra de développer sa propagande réactionnaire.

Dans ce cas, il s'agit d'un certain Alain Michel, qui se présente comme historien et rabbin israélien d'origine française. Zemmour s'appuie sur son livre " Vichy et la Shoah – Enquête sur le paradoxe français" .

Or cet Alain Michel développe depuis des années une unique obsession: attaquer les travaux de Robert Paxton et Serge Klarsfeld sur la responsabilité de Vichy dans la déportation des Juifs de France.

Il désire à tout prix obtenir une « confrontation »  avec eux.  Sur son blog du Monde intitulé " Vichy et la Shoah" il écrit ainsi, le 23 octobre 2012: "Quand la mémoire klarsfeldienne (sic!) piétine l’histoire. La France, depuis 40 ans vit non seulement au rythme du « politiquement correct », mais surtout, en ce qui concerne l’application de la Solution Finale en France, à l’heure du mémoriellement correct... La consécration de cette lecture, sa « panthéonisation », a été réalisée par le discours de Jacques Chirac en été 1995, qui citait presque intégralement les mots que les gardiens du Temple (resic !) lui avaient soufflés, au premier rang d’entre eux Serge Klarsfeld… Mais Serge Klarsfeld a un compte personnel à régler avec le régime de Vichy (resic!) ".

Ce texte, dont le contenu est omniprésent chez Alain Michel, indique que celui-ci se place dans la lignée de la droite radicale, qu’elle soit carrément pétainiste ou liée à ceux qui comme Sarkozy rejettent la "repentance française" et le discours de Chirac de 1995.

La droite pétainiste apprécie d’ailleurs le travail d’Alain Michel et lui rend hommage.

Il a été ainsi invité à présenter son livre sur Radio Courtoisie, média d'extrême-droite très marqué par l'antisémitisme, le 7 juin 2012 : “Jacques Trémolet de Villers recevait Alain Michel, rabbin, historien de Vichy et la Shoah". Ce Trémolet de Villers est aussi connu comme l’avocat et ami du milicien de Vichy Paul Touvier, condamné pour crime contre l'humanité, dont il prononça l'oraison funèbre en juillet 1996.

D'une certaine manière, et bien qu’issu d’un courant dit « massorati »  en principe plus moderne, Alain Michel fait écho aux prétendus rabbins ou membres de la secte ultra-orthodoxe et antisioniste Neturei Karta qui collaborent avec Dieudonné et Ahmadjinedjad.

 

Zemmour quant à lui, attaque violemment les travaux de l’historien « américain » Paxton. Il l’accuse d’avoir voulu porter atteinte à l’ « identité française » et d’avoir ainsi contribué à empêcher qu’on applique aux immigrés les lois que Zemmour et ses amis rêvent de mettre en œuvre. Car le polémiste, qui se présente comme indépendant de tous les partis, a derrière lui une longue carrière à la droite de la droite.

Il a beaucoup fréquenté Charles Pasqua et ses acolytes. Il fut particulièrement proche de William Abitbol, conseiller politique de Pasqua et rédacteur de ses discours et aussi ancien militant du groupe fasciste Occident

Zemmour s’inspire aujourd’hui encore de la doctrine exprimée par Pasqua dans le magazine Valeurs actuelles du 2 mai 1988 à la veille de  présidentielle de 1988  : « Sur l'essentiel, le Front national se réclame des mêmes préoccupations, des mêmes valeurs que la majorité ».

Dans cet esprit, la réhabilitation de Pétain est nécessaire afin d’assurer la victoire de la droite dure. Car comme l’écrivait  Patrick Devedjian dans le Monde du 10 avril 2007 en définissant les enjeux de la candidature Sarkozy : "La droite est sortie honteuse de la guerre. Depuis la Libération, la gauche exerce un magistère moral sur l'histoire, distribuant les bons et les mauvais points : à gauche le parti des fusillés, à droite les collaborateurs. »On comprend donc qu’il est crucial de déconstruire et d’exposer les racines et les intentions de la propagande de Zemmour.

 

Voir aussi:

La réponse de l'historien Robert Paxton à Zemmour et Alain Michel: link

 

Vel d'Hiv: le document

Allez voir la Rafle!

Antisémitisme: le double anniversaire du 3 Octobre

Déchéance de la nationalité : quand Pétain sévissait

Le Pen s'en prend aux enfants, dans la lignée de Laval

Mise à jour Février 10 février 2021: Zemmour relaxé en raison d'un "contexte" 

Eric Zemmour, poursuivi pour « contestation de crime contre l’humanité » après avoir soutenu sur CNews que le maréchal Pétain avait « sauvé les juifs français », a été relaxé, jeudi 4 février, par le tribunal de Paris. Les magistrats conviennent, certes, que ses propos contiennent « la négation de la participation de [Philippe Pétain] à la politique d’extermination des juifs menée par le régime nazi », mais estime qu’ils sont intervenus « dans un contexte ».

Le polémiste, bien que « professionnel des médias » et « rompu à l’exercice de ce genre d’émission », souligne le jugement, est intervenu « à brûle-pourpoint à l’occasion d’un débat sur la guerre en Syrie », et le fait qu’il ait « répondu pour restreindre la portée des propos qui venaient de lui être prêtés, témoignent de son absence de volonté de s’inscrire dans une minoration outrancière du crime contre l’humanité que représente le génocide juif. »

Eric Zemmour débattait vivement, le 21 octobre 2019 sur CNews, avec Bernard-Henri Lévy, qui lui a dit tout à coup : « Vous avez dit un jour une chose terrible, dans une autre émission, vous avez osé dire que Pétain avait sauvé les juifs ». « Français, précisez, précisez français », est intervenu le polémiste. «… Ou avait sauvé les juifs français, c’est une monstruosité, c’est du révisionnisme », a repris le philosophe. « C’est encore une fois le réel », a conclu M. Zemmour, qui avait, par ailleurs, déjà tenu ce discours dans son livre, Le Suicide français.

« Le droit n’a pas été dit »

« “Pétain a sauvé les juifs français” signifie textuellement que les juifs français ont échappé à la mort grâce à l’action du chef de l’Etat français », admet le tribunal. A l’audience du 9 décembre 2020, Laurent Joly, historien et directeur de recherches au CNRS, était venu expliquer que « dans la lignée des révisionnistes », certains continuent à assurer que Vichy aurait sacrifié les juifs étrangers pour épargner les juifs français, thèse qu’il réfute entièrement dans son livre L’Etat contre les juifs en soulignant la complicité de Pierre Laval, René Bousquet et Philippe Pétain dans la solution finale ( voir ici  l'entretien avec Laurent Joly réalisé par Memorial 98) . Vichy a dénaturalisé des juifs français, qui ont donc finalement été livrés aux Allemands. Pour l’historien, Eric Zemmour se situe dans un mouvement de résurgence de ces justifications pétainistes d’après 1945.

 Le parquet avait requis 10 000 euros d’amende contre le chroniqueur de CNews.

 « Nous sommes extrêmement déçus par la décision du tribunal, nous considérons que le droit n’a pas été dit », a annoncé Stéphane Lilti, avocat de l’UEJF, qui entend faire appel. « La motivation de cette relaxe est tout aussi incompréhensible qu’inadmissible, insiste Sabrina Goldman pour la Licra, puisque le tribunal reconnaît qu’il n’y a aucun doute sur le sens négationniste des propos d’Eric Zemmour. D’autant qu’à l’audience il a confirmé ses propos, et a ainsi persisté et signé dans son entreprise de réhabilitation du maréchal Pétain. »

Mise à jour du 10 décembre 2020
Pétain «sauveur» de Juifs français : 10.000 euros d'amende requis contre Éric Zemmour qui sera ensuite, hélas, relaxé.

Bonne nouvelle judiciaire: le parquet a requis le 9 décembre 10.000 euros d'amende à l'encontre d'Éric Zemmour, qui comparaissait à Paris pour contestation de crime contre l'humanité,  après avoir soutenu en octobre 2019 sur CNews que le Maréchal Pétain avait «sauvé» les Juifs français.

 Zemmour déjà condamné pour incitation à la haine raciale fin septembre, avait tenu ces propos le 21 octobre 2019 face à Bernard-Henri Lévy sur la chaîne d'info CNews,  dont il est un des piliers. «Un jour, dans une autre émission, vous avez osé dire que Pétain avait sauvé les Juifs français. C'est une monstruosité, c'est du révisionnisme», s'était emporté  Bernard-Henri Lévy dans l'extrait diffusé à l'audience. « C'est encore une fois le réel, je suis désolé», répondait Zemmour .

À l'audience, comme lors de son débat avec BHL, Éric Zemmour a continué d'affirmer que Pétain, qui a activement collaboré avec le régime nazi pendant l'Occupation, avait sauvé les Juifs «français».

À la barre, face à plusieurs parties civiles (SOS Racisme, Licra, Mrap..), il s'est défendu de toute contestation de crimes contre l'humanité et estimé que le débat sur le rôle de Vichy envers les citoyens juifs français devait être tranché par les historiens et non par la justice. C’est un argument récurrent des négationnistes, notamment de l’État turc. D'ailleurs Zemmour s'est opposé à la la loi française reconnaissant le génocide arménien

«Je tiens à répéter ce que j'ai dit, les chiffres parlent d'eux-mêmes : en France, 40% des Juifs étrangers qui ont été exterminés et 90% des Juifs français qui ont survécu», soutient  Zemmour. «J'admets que l'on puisse contester ce que je dis mais je ne vois pas en quoi ce que je dis conteste que des Juifs aient été exterminés par des Allemands», ajoute-t-il, estimant que la plupart des historiens entre 1945 et 1973 disaient la même chose.

Le chercheur au CNRS Laurent Joly, spécialiste de la Shoah en France, qui témoignait devant le tribunal, a indiqué que le bilan de la « solution finale »  en France, «entre les déportés et les gens qui sont morts sur place, c'est de l'ordre de 78.000 personnes, soit 28% environ de la population juive de 1941». L'avocat Stéphane Lilti, qui représente l'UEJF, a rappelé pour sa part qu'un tiers d'entre eux étaient des Juifs français, soit environ 24.000.

«En substance, il affirme que Pétain a sauvé les Juifs français, cette phrase veut donc bien dire qu'aucun Juif n'a été déporté et en est mort. Par ces mots qui lui sont reprochés, ce sont 24.000 personnes qui sont encore une fois effacées», a souligné la procureure dans son réquisitoire, demandant au tribunal de condamner le polémiste à 100 jours-amende à 100 euros. Le jugement sera rendu le 4 février. Espérons que cette (petite) condamnation sera effective.

MEMORIAL 98

Mise à jour du 11 mars 2020
 
Procès intenté à Zemmour: l’UEJF (union des étudiants juifs) assigne Éric Zemmour en justice pour contestation de crime contre l’humanité. Cela fait suite à ses propos le 21 octobre dernier lors de son émission quotidienne sur CNews où il réaffirmait face à BH Lévy  que "Pétain avait sauvé les Juifs français". Première audience aujourd’hui.
Notons que la présence de BH Lévy, comme celle d'autres invités dont la ministre Schiappa, légitime la scandaleuse émission quotidienne de Zemmour.
Depuis qu'il a obtenu cette tribune quotidienne, ce dernier multiplie les tirades racistes violentes contre lesquelles nous avons appelé à saisir le CSA  ( voir ici http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/01/zemmour-recidive-et-escalade-agissons.html )
MEMORIAL 98
 
 

 

Mise à jour du 22 mars 2019: Zemmour avec Wauquiez et Marion Maréchal
 
Wauquiez reçoit très chaleureusement Zemmour lors d'un débat au siège de son parti LR et affirme d'emblée: " Eric (Zemmour) est ici chez lui..." 
 
Le prétendu gaulliste Wauquiez converge ainsi avec celui qui veut réhabiliter Pétain et qui milite ouvertement pour une alliance de la droite et de l'extrême-droite. 
Zemmour est d'ailleurs intervenu très récemment dans l'"école" de Marion Maréchal, nommée ISSEP. Lors de cette conférence du 14 novembre dernier, la disciple de Maurras et le propagandiste de Pétain ont manifesté une grande connivence, comme en témoignent ceux qui y ont assisté.
https://www.issep.fr/le-progres-revient-sur-la-conference-deric-zemmour-a-lissep/
 
Wauquiez a encore aggravé sa posture en faisant référence au pape Urbain II (1042-1099). Il l'a présenté comme un "visionnaire  géopolitique" et Zemmour a bien sûr approuvé. Or ce pape est celui qui a lancé l'appel à la première croisade en 1095. Celle-ci a donné lieu à de multiples massacres de Juifs et de Musulmans tout au long de son parcours. Dans l'histoire juive, cette croisade est souvent considérée comme le point de départ d'un grand mouvement de persécution qui porte le nom de Gezerot Tatnou c'est à dire " Lois de persécution de (4)856, selon l'année hébraïque correspondante" 
Le chef LR  est un récidiviste. A peine élu  président de région Auvergne-Rhône-Alpe, il s'était attaqué à la mémoire de la Shoah en baissant la subvention régionale  pour la " Maison d’Izieu" (Ain), haut lieu de la mémoire de la persécution des enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale 
Il avait agit de même à l'encontre du centre national de la Mémoire Arménienne à Décines. Dans ces deux cas Wauquiez avait du reculer face au scandale.
 
Sa posture identitaire et de soutien aux thèses racistes du " Grand Remplacement" l'entraînent vers les valorisation des croisades et de leur cortège de guerre et de massacres antisémites. 
Wauquiez est décidément en route vers une "Union des droites" bâtie sur le nationalisme et les thèses les plus réactionnaires de l'Histoire du pays.
 
Mise à jour du 20 septembre 2018:
 
 
Zemmour est de nouveau présent partout: sur RTL dont il est prétendument écarté, il défend, à propos de Maurice Audin, la torture durant la guerre d'Algérie et estime que le "France n'a rien fait de mal" Puis il en rajoute dans l'abjection en déclarant que Audin "aurait mérité 12 balles dans la peau"  Il suit la ligne de Marine Le Pen, héritière de son père qui a torturé en Algérie. 

Sur CNews, en promotion pour son énième pavé Destin français, il insulte gravement la présentatrice Hapatou Sy en raison de son prénom "pas français", selon sa vieille obsession mensongère.
A nouveau, comme pour RTL, la direction de la chaîne et Thierry Ardisson le soutiennent et invitent celle qui a été victime de l'injure raciste à quitter rapidement leur antenne
 
Honte à eux.
 
MEMORIAL 98

 

Actualisation du 21 juin 2016 :

 

Zemmour a été invité à débattre le 1er juin dernier à la grande synagogue de la rue de la Victoire, à Paris lors d'une conférence-débat intitulée « Qu'est-ce qu’être Français et Juif aujourd'hui ? », animée par Yves Thréard du Figaro et avec pour autre participant le Grand Rabbin Gilles Bernheim.

« Une belle affiche » selon l’hebdomadaire Actualité Juive, qui co-organisait l’évènement avec le Consistoire. 

Comme on pouvait s'y attendre, Zemmour a de nouveau développé ses thèses révisionnistes concernant le rôle de Pétain, connues depuis 2014 (voir ci-dessous).

Il en a même rajouté en déclarant: " « À l’époque, on estime que les Juifs ont pris trop de pouvoir, qu’ils ont  trop de puissance, qu’ils dominent excessivement l’économie, les médias, la culture française comme d’ailleurs en Allemagne et en Europe. Et d’ailleurs c’est en partie vrai."

Honte aux responsables de l'institution qui ont estimé légitime d'inviter ce raciste et pétainiste à se produire au sein même du plus prestigieux lieu de culte du judaïsme de France.

La tribune qui lui a été ainsi offerte constitue une abjection.

Tous les antisémites du pays s'en réjouissent d'ailleurs et reproduisent ses propos, comme sur le site du néo-nazi Soral.

 

 

Memorial 98

 

 

 

 

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7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 23:55

Au moment où se multiplient les récits de jeunes hommes et femmes se radicalisant de manière très rapide et extrême, nous  publions un réflexion sur ce phénomène, à partir des témoignages issus du livre « Les Français djihadistes» (éditions Les Arènes) par David Thomson.Thomson est un ancien correspondant de France 24 et RFI en Tunisie.

 

 

Un monde de silhouettes de papier auquel rien ne les a jamais rattachés, et la mort, la leur et celle du monde comme seule manière de donner un sens à l'existence.

 

C'est le message que délivrent Clémence, Yassine, Alexandre, Sirine, jeunes français, djihadistes en partance ou partis vers la Syrie, lorsqu'ils choisissent de parler à ce journaliste.

 

Ils ont des vies et des itinéraires différents. Néanmoins, qu'ils soient chômeurs ou salariés confortablement rémunérés, qu'ils aient ou non des enfants, des parents, unE conjointE, des ami(e)s, tout ceci ne semble revêtir à leurs propres yeux  aucune espèce de réalité, d'échanges, de rapports sociaux porteurs de sens.

 

Étrangers absolus à la société qui les entoure, ils le sont d'abord et aussi à ce qu'est l'islam en tant que réalité concrète. Qu'ils soient ou non issus de l'immigration, tous ou presque se sont convertis seuls face à un écran d'ordinateur. Tous ou presque justifient leur choix par une possibilité qu'ils n'ont pas trouvée dans les autres religions : pouvoir entrer dans un autre monde par la magie d'une phrase prononcée en tête à tête avec soi-même.

 

L'irruption d'êtres humains de chair et de sang dans ce processus magique et solitaire les dérange et les déçoit. Ainsi ils n'aiment pas les mosquées où ils ne se sentent pas mieux qu'ailleurs dans la société.  Ils ont  aussi été déçus par le "salafisme quiétiste" , qui ne leur proposait encore une fois que de vivre, d'une autre manière, mais de vivre quand même. Ils voulaient « partir », mais la « hijra » l'émigration vers un pays musulman ne les a finalement pas attirés non plus, dès lors qu'il s'agissait d'aller construire une autre vie.

 

 En revanche, partir en Syrie, c'est partir pour la mort. D'ailleurs dans leur esprit , la Syrie réelle n'existe pas. Elle est remplacée par " Al Shâm", cet endroit mythique où débutera la fin du monde, où un Califat sera instauré puis défait par les forces du Mal, ce qui annoncera le début du Jugement dernier. Partir pour le djihad, c'est donc partir vers la Fin. En effet, là-bas, les combattantEs partis instaurer le Califat ne triompheront pas, ils seront vaincus ici-bas, mais leur perte ne sera que temporaire, parce que leur mort ouvre les portes de l'Autre Monde.

 

Discours de propagande délivré à un journaliste en toute connaissance de cause ? Sans doute, mais il paraît aussi profondément intériorisé, correspondant à une expérience intime du réel et de ce qui ne l'est pas.

 

Car, pour ces jeunes gens, bien avant le Paradis, un autre monde est bien plus réel que celui dans lequel ils vivent. Les réseaux sociaux ont été pour eux la seule source de rapports perçus comme « vrais », parce que créant de l'émotion. Lorsqu'ils parlent de leurs liens avec leur femme, avec leurs parents, avec leurs amis, avec les collègues, tous évoquent en clair ou en creux un mur immense, infranchissable entre leur moi profond et leur moi social. Le « moi social » blague au travail, téléphone aux parents, fait des enfants, des fêtes, vend de la drogue ou écoute du rap, mais le moi profond, le « vrai », est seul, isolé, totalement absent et muet au monde.

 

Il ne se connecte que par le biais de la médiation virtuelle. On pleure devant la vidéo d'un imam; en lisant un hadith sur l'écran, on éprouve le sentiment d'une révélation qui n'est jamais venue dans le réel, même à la mosquée. Les rapports avec les autres êtres humains constituent toujours un poids et une souffrance, le virtuel est le seul moyen de les dépasser. Ce qui frappe est que cette attitude ne disparaît pas lorsqu'ils partent, lorsqu'ils sont enfin sur la terre du djihad. Leur premier geste est de poster une photo sur Facebook et de se géolocaliser. Tous passeront le temps (hors des combats) branchés sur You Tube, seuls devant leur caméra, tous montrent avec fierté au journaliste le nombre de like sur leurs vidéos, beaucoup ont une fois là-bas ouvert des blogs. Mais presque aucun ne parle de la Syrie réelle, si ce n'est pour expliquer que les Syriens ont pour la plupart des habitudes de mécréants, ne sont pas du tout conscients d'être sur la terre du Shâm et de la proximité du Jugement dernier.

 

Les seuls instants décrits comme un moment de communion collective, sont ceux où la mort est présente. Un jeune homme se remémore sa joie, lorsqu'il a appris la mort de deux de ses amis en Afghanistan. Il décrit l'annonce de cette mort comme le moment où il a compris que son rêve pouvait devenir réalité. Des jeunes femmes imaginent entre elles, sur un mur Facebook, le moment merveilleux que sera la mort de leur compagnon, si et seulement si elles ont la chance d'être là lors de ses derniers instants. Un jeune homme souhaite que ce soit son frère, un « incroyant », qui lise sa lettre d'adieux lors de la cérémonie qui suivra l'annonce de sa mort en France. Dans cette lettre,  il parle avec moult détails de la réunion de famille heureuse et apaisée qui aura lieu au paradis, grâce à lui qui sera mort en martyr.

 

Alors qui sont ces jeunes, à quoi les rattacher ?

 

C'est toute la difficulté ouverte par leur témoignage car leur rejet de la société environnante est intégral. Tous tiennent à expliquer longuement qu'ils n'ont rien à voir avec la quasi-totalité des musulmans réels, leurs parents, leurs familles, les « traîtres » dont la liste est détaillée et jamais finie. Cette liste va des chiites aux Frères Musulmans en passant même par les salafistes proches de l'Arabie Saoudite, ou ceux qui en Tunisie, ne « vont pas assez loin » dans le djihad, ou ceux qui en Syrie n'appartiennent pas à la même brigade qu'eux. La formalisation de ce point de vue est nommée par leurs prédicateurs «  l'Alliance et le Désaveu ». Selon ce principe,  un vrai musulman est celui qui manifeste son inimitié totale avec le monde des mécréants. La haine passive du monde tel qu'il est ne suffit pas, et le djihad, dans ce contexte est la mort de tous et la sienne propre. Il constitue le seul comportement qui vaille pour être membre de la communauté des « vrais » croyants... qui ne sont plus que des croyants en la Mort.

 

Bien évidemment, les prédicateurs, les chefs des organisations combattantes comme ISIS en Syrie ont eux bien d'autres préoccupations que ces jeunes gens qui les rejoignent. Politiciens ou généraux, ils portent des stratégies de pouvoir, des objectifs militaires et économiques, des projets bien ancrés dans le réel de leurs pays d'origine.

 

Mais si leur propagande a touché ces jeunes, elle ne les a pas créés. Dans  leur propre témoignage, la découverte de la possibilité concrète du djihad est toujours l'aboutissement d'un parcours en solitaire dans la société française et nulle part ailleurs. Personne n'est venu les chercher, ni dans leur entourage familial, ni à l'école, ni à la mosquée. Ils sont en cela très différents des générations précédentes. Les djihadistes français plus âgés en parlent d'ailleurs abondamment dans l'ouvrage; eux ont tous suivi un long parcours au sein de l'islam avant de rencontrer physiquement une branche dissidente. Ils perçoivent bien la différence fondamentale avec ces jeunes gens dont certains se sont convertis en trois mois et n'ont qu'une impatience : tuer et surtout mourir en martyrs.

 

Étrangement ou pas, le vécu raconté par ces « dhijadistes » en rappelle un autre, celui de ces autres jeunes gens, qui dans les années 1980, dans toute l'Europe, ont basculé dans la consommation d'héroïne. Presque tout y est : d'abord le détachement vis-à-vis de la société, un détachement qui n'est pas du tout une révolte. Pour se révolter, encore faut-il percevoir l'utilité de la révolte, une faille possible dans le monde tel qu'il est, qui pourrait survenir grâce à une action de l'intéressé. Or la France telle que la décrivent ces jeunes gens est un tout compact et totalement étranger, où rien, pas même les rapports sociaux immédiats avec la famille ou les proches, ne peut être changé.

 

Ainsi Yacine interprète-t-il le racisme et l'impossibilité de l'intégration comme la volonté d'Allah , qui a ainsi empêché une perversion des jeunes par la société française, et a permis que d'aucuns , comme lui s'en séparent totalement. Ainsi Souleymane et Clémence, jeune couple ouvrier précisent-t-ils qu'il ont attendu longtemps avant de partir, car ils auraient souhaité auparavant profiter d'un certain nombre de biens de consommation, comme une « très grande télé ». Mais ils se sont aperçus qu'ils n'arriveraient jamais à se la payer, ils ont alors décidé de ne plus attendre.

 

Dans les deux cas (héroïne et djihad), on ne retrouve aucune trace, même partielle d'une tentative de révolte inaboutie ou ratée contre le racisme structurel ou l'exploitation économique capitaliste. On se heurte à la perception de la société comme une donnée tellement intangible que rien ne peut réellement troubler de l’intérieur son fonctionnement.

 

Ainsi, avant d'être destruction de cette société de l'extérieur, la perspective du djihad est d'abord destruction du soi, volonté d'effacement par le vide de tout ce qu'on a pu être auparavant. La plupart de ces jeunes décrivent avec minutie la vente de leurs maigres bien matériels, l'abandon de leur emploi, du domicile familial, la rupture du lien avec l'épouse, avec la fratrie, le vidage du compte en banque. Cette description est accompagnée d'une insistance marquée sur la réaction d'incompréhension et de refus de l'entourage, réaction interprétée comme un élément de plus validant la justesse du choix effectué. Or ce processus de désaffiliation volontaire ressemble trait pour trait à celui des jeunes usagers d'héroïne. Dans ce dernier cas  les parents et les proches perçoivent  un comportement addictif absolument négatif et destructeur, alors que l'auto-destruction est revendiquée par celui qui la vit comme un choix volontaire et porteur de sens.

 

« Choisir son futur . Choisir la vie ? Mais pourquoi ferais-je quelque chose comme ça ? Je choisis de ne pas choisir la vie. Je choisis quelque chose d'autre. Les raisons ? Il n'y a pas de raison. Qui a besoin de raisons quand on peut avoir l'héroïne?  » lance le héros du film  Trainspotting (qui décrit d'un groupe de jeunes heoïnomane écossais- 1996)  en guise de manifeste.

 

Quelques dizaines d'années plus tard, remplacer « héroïne » par « djihad » n’a rien d'incongru, même au regard de la réaction sociale suscitée par les deux phénomènes.

 

Dans les deux cas, Etat et commentateurs officiels répètent les mêmes condamnations incantatoires, la drogue, c'est mal et dangereux, le djihad aussi. Les drogués tueraient père et mère pour une dose, les djihadistes sont des assassins. C'est la réalité, et malheureusement, le potentiel de dangerosité des jeunes djihadistes est bien plus grand que celui des jeunes usagers de drogue. Et si les premiers n'ont jamais intéressé personne, les seconds sont effectivement une arme redoutable pour certains courants politiques, des machines à tuer peu coûteuses et déterminées, recrutables par le premier chef intégriste ou fasciste venu. Capables de tuer de sang-froid, y compris des enfants.

 

Comme dans les années 80, la répression est le corollaire de la condamnation : en arrêtant des jeunes prêts à partir, ou quelques recruteurs, le pouvoir estime avoir rempli son office, comme il estimait le faire en chassant les usagers et en arrêtant régulièrement quelques dealers de moyenne importance.

 

Cette politique a montré son inefficacité concernant la « fameuse guerre à la drogue ».

Il en va de même pour la guerre aux « djihad » et de manière bien plus grave. En effet la comparaison entre la génération tombée massivement dans l'héroïne et celle qui aujourd'hui est attirée par ce qui est appelé « djihad » rencontre ses limites.

 

Le cheminement vers l'auto-destruction comme réponse individuelle à une société mortifère faisait écho à l'état de la société dans les années 80.  Le mouvement social, ouvrier, révolutionnaire était alors affaibli en Europe, mais son influence culturelle demeurait présente, même sous des formes neutralisées et impuissantes, dans le conscient et l'inconscient collectif de toute une jeune génération. Le pessimisme et l'anomie dominantes s'accompagnaient néanmoins de la persistance d'une conscience progressiste, en rupture humaniste avec le fonctionnement capitaliste, notamment dans les métropoles.

 

Aujourd'hui, ce qui domine objectivement, même de manière temporaire, c'est une autre forme de rejet issu de l’influence de la réaction et du fascisme. Ce qu'une partie de la jeune génération perçoit comme « contre-culture », ce dans quoi elle baigne, même sans s'y reconnaître formellement, est , en tout cas en France, le discours émanant de toutes les extrême-droites, avec une très forte prégnance de l'antisémitisme, du conspirationnisme et de l'irrationnel.

 

Bien sûr, les théories de la domination juive du monde ne sont pas énoncées seulement par les mouvements fascistes occidentaux. Parmi les prédicateurs islamistes intégristes, elles tiennent souvent une place de choix. Mais en pensant que ce sont ces prédicateurs qui les imposent aux jeunes djihadistes, on oublie de se poser la  question suivante : pourquoi des jeunes d’ici , dont la plupart adhèrent très vite aux thèses de ces prédicateurs y sont-ils aussi sensibles, pourquoi surtout en font-ils une dimension essentielle de leurs cibles  lorsqu'ils passent à l'acte en France ? 

 

Sans nul doute, parce que l'antisémitisme est devenu banal, notamment en France : il est commun aux jeunes de toutes origines qui admirent Dieudonné, qu'ils soient issus des quartiers populaires ou membres bourgeois des organisations catholiques du « Printemps Français ». Réalité massive et réalité française, cet antisémitisme revêt désormais tous les attributs d'une culture de masse, se diffusant aussi bien sous la forme du divertissement que dans les prises de position de sportifs célèbres adeptes de la "quenelle".

 

C'est dans ce bouillon de culture-là que grandissent les jeunes tueurs et c'est évidemment une des raisons pour lesquelles leur intégration dans les sectes meurtrières est si facile. C'est aussi la raison pour laquelle, parmi  toutes les cibles possibles, ils choisissent des victimes juives. Ce faisant, ce n'est pas seulement la reconnaissance d'organisations implantées en Syrie ou en Afghanistan qu'ils recherchent, mais bien celle d'une partie de la société française gangrenée par le racisme et l'antisémitisme.

 

Ils représentent de manière troublante une prophétie, qui à force d'être répétée, s'est auto réalisée: désignés depuis le 11 septembre 2001 comme des terroristes en puissance, devenir ce qu'on les a accusés d'être représente finalement la seule forme d'intégration possible dans un modèle social qui leur semble indépassable.

 

Ils sont aussi le produit d'une société qui peut glisser vers le fascisme. À ce titre ils ne sont pas les enfants d'un Orient fantasmé, mais bien ceux de nos pays capitalistes.

Ceux-ci sont ravagés par l'injustice sociale, par l'absence d'avenir érigée comme une normalité absolue pour une partie de la population, par les idéologies de la haine, au rang desquels le vieil antisémitisme tient une place de choix, notamment en tant qu'outil de déshumanisation absolue de l'Autre.

Dans les pays en guerre, il est des djihadistes qui choisissent de se faire sauter dans des bases militaires, d'attaquer des cibles du pouvoir en place, de réaliser des prises d'otages barbares et spectaculaires, comme la prise d'un centre commercial ou celle d'une université entière. Les nôtres pensent que tuer quelques civils Juifs et même des enfants, au hasard, à bout portant est un acte héroïque, qui leur apportera la reconnaissance sociale.

 

A ce titre ce que disent les otages qui ont croisé, pendant leur capivité en Syrie, Mehdi Nemmouche, l'assassin présumé des victimes de la tuerie au Musée Juif de Bruxelles, est significatif : le jeune homme comptait bien s'adonner à la tuerie antisémite, mais la rétribution symbolique qui l'obsédait était d’obtenir que lui soit consacrée une séance de l'émission « Faites entrer l'accusé » .

 

Les jeunes djihadistes sont les monstres idéaux pour faire oublier ce qui les produit. L'horreur de leurs actes ne peut qu'évidemment déclencher la stupéfaction, la colère et la peur. Et favoriser une réaction de déni protectrice: il est plus simple pour chacun d'entre nous de se dire qu'ils sont d' « ailleurs », et que ce sont de lointains pays, où se tiennent de très lointaines barbaries, qui les engendrent.

 

En réalité, les organisations intégristes qui sévissent en Irak ou en Syrie se contentent de venir récolter que ce nos sociétés ont semé. Il faudra bien s'attaquer à la racine du mal pour qu'il n'y ait plus de fruits pourris à récupérer.

 

 

MEMORIAL 98

 

 

 

 

 

 

 

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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 01:12

Mise à jour du 30 octobre 2021: l'étrange relaxe de Jean-Marie Le Pen

Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé le  29 octobre, l’ex-président du Front national Jean-Marie Le Pen, 93 ans, jugé pour provocation à la haine raciale pour ces propos tenus en 2014.

A l’époque, il avait déclaré, dans une vidéo diffusée sur le site du Front national en parlant d’artistes engagés contre l’extrême droite, que Guy Bedos et Madonna, qu’il appelle « Bedoche » et « Maldonna », étaient ses élus de la semaine, et « qu’on devrait les marier ». « Et Patrick Bruel ? », lui avait demandé Marie d’Herbais  qui lui donnait la réplique. « Ça ne m’étonne pas, écoutez, on fera une fournée la prochaine fois. »

 

Le tribunal a reconnu que les propos de M. Le Pen avaient pour cible la communauté juive, car « le mot fournée » renvoyait à « l’image quand bien même symbolique du processus d’extermination systématique des juifs d’Europe ». Mais, a ajouté sa présidente, il s’agissait non pas d’un appel à la discrimination et à la violence mais d’« une jubilation pour faire un bon mot face à un auditoire acquis ». Selon ce tribunal, on peut donc impunément se moquer de la Shoah et appeler à l'appliquer à des Juifs d'aujourd'hui si l'"auditoire" est " acquis".

Son coprévenu, Jean-François Jalkh, ex-directeur de publication du site Internet du FN, a lui aussi été relaxé. Rappelons que Jalkh avait été nommé président du FN par Marine Le Pen pendant la présidentielle de 2017.  On a alors découvert qu'il avait  défendu des thèses négationnistes en "doutant" de l'utilisation du Zyklon B dans les chambres à gaz.

La procédure contre Le Pen a été particulièrement longue : le parquet avait d’abord renoncé à le poursuivre, les associations de défense des droits de l’homme avaient dû saisir un juge d’instruction, et Jean-Marie Le Pen, alors député européen, bénéficiait d’une immunité parlementaire qu’il a fallu lever avant sa mise en examen en 2017.

Cette étrange relaxe se produit au moment où Le Pen se frotte les mains face à la campagne antisémite et raciste d'Eric Zemmour. Il se réjouit ainsi : "« La seule différence entre Eric et moi, c’est qu’il est juif. Il est difficile de le qualifier de nazi ou de fasciste. Cela lui donne une plus grande liberté. » La judéité de Zemmour ne nous empêche évidemment pas de le qualifier pour ce qu'il est : un fasciste qui a recours aux thèmes traditionnels de l'extrême-droite, déclinisme, racisme, sexisme, antisémitisme, appel répétés à la guerre civile et raciale.

MEMORIAL 98

Voir les mises à jour en fin d'article:

Jean-Marie Le Pen n’a évidemment pas « dérapé » ni commis un lapsus.

Son « trait d’esprit » consistant à faire une « fournée » pour Patrick Bruel était préparé, comme le montre sa jubilation lorsque son faire-valoir Marie d‘Herbais lui soumet le nom du chanteur

Son "intervieweuse" est d'ailleurs elle-même proche de l’aile la plus la plus antisémite et « quenellière » du FN.

Le Pen connaît très bien Bruel, dont l’opposition au FN est ancienne et de notoriété publique, tout autant que sa judéité. Il ment effrontément en prétendant « n’avoir pas su que Bruel est juif ».

La preuve de ce mensonge est flagrante, car déjà en 1995, il le dénonçait en utilisant son patronyme de naissance Benguigui ainsi que son nom de chanteur, quand Bruel avait décidé de ne pas chanter à Toulon, alors dirigée par le FN : 

« Toulon devra se passer des vocalises du chanteur Benguigui, qui a décidé de ne pas honorer ses contrats. Je ne crois pas qu'on en mourra à Toulon [...]. Ceux qui aiment Patrick Bruel pourront aller dans la ville à côté. Ces jappements de chiots mal lavés et mal élevés n'empêcheront pas le FN de continuer son action politique en faveur des Françaises et des Français, traités comme des parias dans leur propre pays » (Le Pen, 21 juin 1995 http://www.ina.fr/video/CAB95038432 )

Le Pen connaît aussi parfaitement la portée du mot « fournée », prononcé dans un éclat de rire, car il a déjà utilisé le « four » dans cette autre « blague » « Durafour crématoire »  qu’il vient encore de revendiquer le 27 avril dernier à Saint-Étienne. Il y a déclaré ne pas regretter sa "formule banale" sur Michel Durafour.

Pour Le Pen, il s’agit donc non seulement d’antisémitisme, mais d’une aspiration à pouvoir utiliser les méthodes génocidaires du nazisme à l’égard des Juifs ainsi que des Roms, également stigmatisés régulièrement par Le Pen.

Le Pen multiplie d’ailleurs les séquences génocidaires. Ainsi, mardi 20 mai dernier, avant un meeting à Marseille, avec sa fille Marine Le Pen, il déclare à propos de l’immigration africaine: "Monseigneur Ebola peut régler ça en trois mois". "Ça", c'est selon lui, "l'explosion démographique" dans le monde, le "risque de submersion" de la France par l'immigration, "le remplacement de la population qui est en cours", a-t-il expliqué, reprenant les thèmes du xénophobe Renaud Camus. Ebola est un virus qui provoque une fièvre hémorragique. Le virus a déjà  massacré des populations en Afrique et réapparaît ces derniers mois en Guinée. Marine Le Pen l’a défendu en prétendant qu’il s’agissait d’une « réflexion sur les épidémies »

Concernant les Africains, que Le Pen méprise profondément et considère comme des "sauvages", le virus Ebola suffira à les exterminer. S’agissant des Juifs, qu’il hait tout autant, mais considère sans doute  comme plus  difficiles à  éliminer, Le Pen fait appel au génocide actif , au « four », alors même qu’il met en question l’existence des chambres à gaz, d’où provenaient les cadavres brûlés dans les « fours ». Le Pen rejoint ainsi son grand copain Dieudonné, qui avec Faurisson, nie l’existence des chambres à gaz mais voudrait néanmoins que le journaliste Patrick Cohen y soit exécuté.

Dieudonné a d'ailleurs été condamné dès 2009 au Québec pour y avoir diffamé et calomnié Patrick Bruel.

Que cherche le Pen ? 

Même s’il a tout fait pour que sa fille Marine lui succède, le président d’honneur du FN ne renonce pas à  marquer profondément la matrice antisémite de son mouvement.

Sa rancune a certainement été stimulée par les déclarations de différents partis de l’extrême-droite européenne, qui justifient leur refus d’alliance avec par le FN par les déclarations antisémites de son fondateur et président d’honneur. C’est notamment le cas du parti UKIP britannique.

Le Pen rejette aussi la « dédiabolisation » qui impliquerait un jugement négatif sur sa propre carrière.

A l'approche de sa retraite politique, Le Pen tente de justifier son échec personnel en l'attribuant à la puissance du « lobby juif ».

En effet, le fondateur du FN n'a jamais réussi à concrétiser les succès électoraux de son parti, alors qu'il se voyait aux portes de la participation au pouvoir.

Sa présence au deuxième tour de la présidentielle de 2002 est restée sans lendemain.

Même les alliances établies avec la droite lors des élections régionales de 1998 se sont effondrées dans le chaos.

Face à ce bilan d'échec, Le Pen fait appel, avec une violence accrue, à deux explications déjà utilisées à de maintes reprises: celle de la « décadence de la France » et  celle de la responsabilité du « lobby juif » qui a bloqué son ascension. C'est le sens de ses propos dans l'interview du magazine « Bretons »  en Avril 2008 à propos du « point de détail » «... C'est le sujet qui est important, je crois. J'aurais parlé, même de très loin, du génocide vendéen, personne n'aurait été choqué... Est-ce un pays de liberté où une phrase, si contestable soit-elle - et prononcée par un homme public -, mérite 150 millions d’amendes et la mise à l'index de l'individu et de son parti ?" Le Pen cherche  faire passer le message suivant: " j'ai échoué car j'ai osé toucher au tabou de la Shoah; les Juifs m'ont harcelé et marginalisé"

 Cette thématique a déjà été martelée pendant des années, en mettant en cause le patronyme juif des journalistes de l'audiovisuel, en évoquant « l'internationale juive » ou un soi-disant pacte des partis de droite avec la fantasmatique organisation juive Bnai-Brith pour interdire les alliances entre la droite et l'extrême-droite.

 

L’hypocrisie des dirigeants du FN

 

Aucun des dirigeants du FN ne veut dénoncer la nature antisémite et génocidaire des propos de Le Pen; ils critiquent la « forme » de sa déclaration et l’exploitation qui est en faite par les adversaires du FN. Marine Le Pen parle ainsi d'une « faute politique » dont elle serait la victime. Ces dirigeants sont particulièrement irrités par le timing de ces déclarations, en pleine négociation pour la création d’un groupe au Parlement européen. Ils pensaient aussi pouvoir exploiter la tuerie antisémite de Bruxelles afin de minimiser la tradition antisémite et négationniste de leur parti. Marine Le Pen dénonçait, il y a quelques jours, le CRIF qui « manipulerait » les Juifs français et les dresserait contre le FN.

 Racistes, fascistes, antisémites, le Front National et ses agents recruteurs sont à combattre quotidiennement et sur tous les terrains, comme nous l'avons encore fait samedi 7 juin en participant à la manifestation en mémoire de Clément Méric, assassiné par un fasciste il y a un an.

 

 

 

Mise à jour du 18 mai 2018 :

 

Bonne nouvelle: Le Pen débouté face à Ardisson.

 

Jean-Marie Le Pen a perdu le 15 mai le procès en diffamation qu'il avait intenté à l'animateur à propos de la "fournée". En août 2014, sur le plateau de l'émission "Salut les terriens !" ce dernier avait évoqué la condamnation de l'animateur Laurent Ruquier pour avoir montré un arbre généalogique de Marine Le Pen en forme de croix gammée , ce pourquoi Ruquier avait finalement été relaxé en appel.

 

Alors que Robert Ménard présent sur le plateau estimait que cette croix gammée était "à égalité dans le mauvais goût" avec les propos de Jean-Marie Le Pen sur la "fournée" destinée à Patrick Bruel, Thierry Ardisson avait répliqué: "Non, c'est plus grave de dire qu'il faut mettre les Juifs dans les fours que de faire une croix gammée".

 

Les magistrats de la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris ont estimé que si les propos de Thierry Ardisson étaient bien diffamatoires, l'animateur pouvait être relaxé au bénéfice de la bonne foi.

L'animateur disposait d'une "base factuelle suffisante pour évoquer des propos antisémites" de Le Pen ont estimé les juges, à juste titre.

MEMORIAL 98

 

Mise à jour du 5 avril 2018

 

Jean-Marie Le Pen, rejoint le parti européen fasciste Alliance pour la paix et la liberté 

 

Cette formation  compte dans ses rangs le parti néonazi allemand NPD, le parti néofasciste italien Forza Nuova,  allié de la Ligue /Lega aux législatives italiennes du début de mars, et le parti  d’extrême droite tchèque (DSSS, Parti ouvrier de justice sociale). Le Pen est à sa place dans ce ramassis de néo-nazis.

Nous n'oublions pas la complaisance des dirigeants du Front National à son égard, documentée ci-dessous

 

Memorial 98

 

Mise à jour du 27 mars 2018: voir d'autres mises à jour ci-dessous et en fin d'article

Bonne nouvelle judiciaire .

La Cour de cassation a validé  le 27 mars la condamnation de Jean-Marie Le Pen à 30 000 euros d'amende pour avoir de nouveau qualifié les chambres à gaz de "détail" de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale en avril 2015, rendant cette sentence définitive.

La haute juridiction, qui juge la bonne application du droit, a rejeté le pourvoi du cofondateur du Front national qui contestait sa condamnation pour contestation de crime contre l'humanité, prononcée le 1er mars 2017 par la cour d'appel de Paris.

Le 2 avril 2015, au journaliste Jean-Jacques Bourdin, qui lui demandait s'il regrettait d'avoir qualifié les chambres à gaz de "détail", Jean-Marie Le Pen avait répondu : "Pas du tout. Ce que j'ai dit correspondait à ma pensée que les chambres à gaz étaient un détail de l'histoire de la guerre, à moins d'admettre que ce soit la guerre qui soit un détail des chambres à gaz."

Le journaliste l'avait alors relancé, demandant si "des millions de morts" pouvaient être qualifiés de "point de détail". Il avait répondu: "C'est pas un million de morts ( sic NDLR) , c'est les chambres à gaz""moi je parle de choses précises. Je n'ai pas parlé de nombre de morts. J'ai parlé d'un système. J'ai dit que c'était un détail de l'histoire de la guerre", avait insisté l'ancien leader frontiste.

 

Mise à jour du 6 mars 2018 :

Jean-Marie Le Pen procède actuellement à la promotion de ses mémoires. Il est invité dans de nombreux médias. Profitant des tribunes qui lui sont complaisamment offertes il défend ses thèmes éternels. Dans ce cadre il a aussi lancé un nouveau crachat négationniste et antisémite: pour lui les chambres à gaz ont seulement "semble-t-il" été utilisées à Auschwitz. Selon lui il ne s'agit donc pas seulement d'un "détail" mais d'une éventualité douteuse.

Le jour même de cette nouvelle prestation négationniste a été annoncée une bonne nouvelle judiciaire le concernant:  la Cour de cassation a rejeté son pourvoi dans l'affaire de ses insultes contre les Roms ( voir ci-dessous à la date du 17 mars 2017) Elle confirme ainsi l’arrêt de la cour d’appel d’Aix-en-Provence le reconnaissant coupable de provocation à la haine et à la discrimination et le condamnant à verser 5 000 euros d’amende.

 

MEMORIAL 98

Mise à jour du 22 juillet 2017

Louis Alliot soutient Jean Marie Le Pen et considère que la référence à la "fournée" c'est à dire aux fours crématoires des camps d'extermination nazis est un " propos d'opinion" 

Numéro 2 du FN  et  compagnon de Marine Le Pen, Louis Aliot critique le renvoi en correctionnelle de Jean-Marie Le Pen.  Le député FN des Pyrénées-Orientales considère que "poursuivre un homme de 90 ans pour des propos provocateurs est très moyen" 

Louis Aliot ajoute :

"Je pense qu'en France, il y a une liberté d'expression et que ce sont les électeurs qui doivent juger et pas les juges sur ces propos précisément d'opinion"  en quelque sorte.

Et Louis Aliot d'estimer que la justice ferait mieux de s'occuper des "voyous" et des "racailles" qui circulent dans les rues.

Mise à jour du 18 juillet 2017

Jean-Marie Le Pen est renvoyé en correctionnelle pour ses déclarations sur la "fournée" après sa mise en examen le 9 février dernier pour provocation à la haine raciale (voir ci-dessous) Nous attendons une condamnation ferme pour ce multi-récidiviste de la haine et de la violence.

On notera que Jean-François Jalkh, vice-président du FN, est renvoyé devant le tribunal  pour le même motif en tant que directeur de publication du site FN.com où avaient été diffusés initialement ces propos. Or c'est ce même Jalkh que Marine Le Pen avait désigné comme président intérimaire du FN durant la campagne présidentielle , avant que ne soient découvertes ses déclarations niant l'existence de chambres à gaz.  

Memorial 98

Mise à jour du 25 avril 2017:

Pour les besoins de la campagne, Marine Le Pen prétend ne plus être la dirigeante du FN. Mais son remplaçant temporaire à la présidence du parti, Jean-François Jalkh, a défendu des thèses négationnistes en "doutant" de l'utilisation du Zyklon B dans les chambres à gaz.  Il a été très proche de Jean-Marie Le Pen.

Il faut évidemment tout faire afin de battre les fascistes du FN et réduire leur influence électorale. Il s'agit donc de voter massivement pour Emmanuel Macron, sans aucunement approuver son programme ou ses projets.

MEMORIAL 98

Mise à jour du 17 avril 2017 :

La confirmation est venue très rapidement. Le 9 avril dernier Marine Le Pen a tombé le masque et affirmé son antisémitisme. 

Elle veut minimiser la mémoire de Vichy et de la collaboration, car cette mémoire empêcherait la mise en place de la « préférence nationale »    

 Il s'agit manifestement d'un choix stratégique car elle redoublait le propos identique de Florian Philippot tenu quelques jours auparavant
 
Dans l’émission « Le Grand Jury RTL-LeFigaro-LCI » du 9 avril, le journaliste Olivier Mazerolle l’a interrogée sur son programme prônant « la promotion du roman national et le refus de repentance ». Il lui a demandé si Jacques Chirac avait eu tort de prononcer son discours de 1995 sur le Vél’ d’Hiv, dans lequel il avait reconnu la responsabilité de la France concernant la déportation des Juifs de France.  « Je pense que la France n’est pas responsable du Vél’ d’Hiv », a t-elle répondu, se plaçant ainsi en opposition à cette reconnaissance. 
 
MEMORIAL 98

Mise à jour du 10 Mars 2017

Marine Le Pen est parrainée par son père en vue de la présidentielle d'avril 2017. Ce geste s'ajoute donc au prêt de "6 millions" d'euros (voir ci-dessous la signification de ce chiffre)

Depuis les assises du FN à Lyon, le 4 février, le président d'honneur du parti est en effet très satisfait du tournant identitaire et droitier pris par la campagne de  Marine Le Pen: « Il y a un retour à l'orthodoxie de la ligne du FN. Désormais, il pense qu'elle peut se qualifier au second tour », précise un proche

La candidate prétendument "apaisée et dédiabolisée" du FN bénéficie donc du parrainage d'un élu négationniste, antisémite, condamné plusieurs fois pour ses propos dans ce sens. Ainsi pour Marine Le Pen également, les chambres à gaz ne sont qu'"un détail de l'Histoire"

 

Actualisation du 1er mars 2017

La cour d'appel de Paris a confirmé ce 1er mars la condamnation de Le Pen à 30 000 euros d'amende pour avoir qualifié les chambres à gaz de "détail" de l'histoire.  Il y a moins de deux ans, le 2 avril 2015, face au journaliste Jean-Jacques Bourdin qui lui demandait s'il regrettait d'avoir qualifié les chambres à gaz de « détail », Jean-Marie Le Pen avait répondu : « Pas du tout. Ce que j'ai dit correspondait à ma pensée que les chambres à gaz étaient un détail de l'histoire de la guerre, à moins d'admettre que ce soit la guerre qui soit un détail des chambres à gaz. »

La veille de sa condamnation à Paris, le 27 février, la cour d'appel d'Aix-en-Provence l'a de nouveau reconnu coupable de provocation à la haine et à la discrimination pour des propos sur des Roms tenus à Nice lors d'une conférence de presse en 2013:  "Vous avez quelques soucis, paraît-il, avec quelques centaines de Roms qui ont dans la ville une présence urticante et disons odorante. Ceci n'est que le petit morceau de l'iceberg", avait notamment déclaré Jean-Marie Le Pen."Ce sont des termes que je maintiens parce que je les ai pensés", a--t-il déclaré.

Le prêt des " 6 millions" d'euros à sa fille en revêt une signification encore plus sinistre. La prétendue dédiabolisation du FN apparaît encore plus comme une farce au moment où Marine Le Pen elle-même tient des propos fascisants dans un discours à Nantes le 25 février.

Elle menace directement les juges et tous les fonctionnaires. En cas où elle accéderait au pouvoir, elle purgerait la Fonction publique de ceux qu'elle décréterait comme manquant de "patriotisme". Le succès de Trump monte à la tête de la cheffe du FN. 

Le danger est grave et imminent.

Actualisation du 13 février 2017

Jean-Marie Le Pen a été mis en examen le 9 Février pour provocation à la haine dans l'affaire de la "fournée".

Rappelons qu'il finance la campagne présidentielle de sa fille par un "prêt" de 6 millions d'Euros. On peut d'ailleurs s'interroger sur cette somme de 6 millions: chiffre au hasard ou allusion codée et négationniste aux nombre de morts juifs de la Shoah, dont il considère qu'il s'agit d'un "détail" ? Il s'agirait alors d'une illustration supplémentaire de l'obsession antisémite et négationniste du fondateur et président d'honneur du Front National.

Nous avions révélé en 2007 lors de la campagne présidentielle que la référence constante de Le Pen aux " trois grands-parents étrangers" de Sarkozy constituait une référence directe et  codée au statut des Juifs de 1940 édicté par Pétain.

Marine Le Pen connait évidemment tout cela et la signification du chiffre des 6 millions. Dans son enfance son père lui avait déjà interdit ainsi qu'à ses autres enfants de regarder la série télévisée « Holocauste ». Malgré cela, elle a conservé le nom et l'idéologie du parti fondé par son père et d'autres nostalgiques de Pétain. De la même manière elle a sollicité le financement par Jean-Marie Le Pen et accepte volontiers ses "6 millions".

Actualisation du 25 octobre 2016

Jean-Marie Le Pen n'est plus protégé par son immunité parlementaire européenne, et pourra être jugé par la justice française, notamment dans l'affaire Bruel (voir ci-dessous). Les eurodéputés ont en effet estimé le 25 octobre que les faits reprochés au président d'honneur du Front national -des propos concernant plusieurs artistes et plus particulièrement Patrick Bruel - n'avaient pas de lien avec son activité parlementaire. Ils ont donc accepter de lever son immunité.

C'est la quatrième fois que l'immunité parlementaire de Jean-Marie Le Pen, qui siège à Strasbourg depuis 1984, est levée. Elle l'avait été en décembre 1989, à la demande de la France, pour avoir surnommé Michel Durafour, alors ministre du Travail, "Durafour crématoire". En mars 1990, elle l'a été pour des propos sur "l'internationale juive". Le Pen l'avait également perdue en octobre 1998 à la demande de l'Allemagne, lorsqu'il avait qualifié les chambres à gaz nazies de "détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale".

Suite à cette décision logique, Le Pen en rajoute dans l'insulte  sur Twitter, en dénonçant "la lâcheté parlementaire" . "En effet, c'est à main levée que mon immunité parlementaire a été levée, dans l'affaire de la fournée : une vraie fournée de larves".

Nous demandons et attendons que Le Pen le multi-récidiviste soit enfin condamné à une peine de prison ferme et ne bénéficie pas encore une fois du sursis, comme ses proches acolytes Soral, qui l'héberge sur son site, et Dieudonné

Memorial 98

 

Voir ici plusieurs articles qui analysent l'antisémitisme du FN:

Le Pen : l’antisémitisme jusqu'au bout.

L’escalade antisémite de Dieudonné : décryptage

Le Pen et le "détail": décryptage

Le Pen et Dieudonné: la grande famille des antisémites.

Le Pen et les "3 grands-parents étrangers" de Sarkozy

Le Pen s'en prend aux enfants, dans la lignée de Laval

L'antisémitisme "drôle" de le Pen

Marine Le Pen: un dérapage?

Un suicide pour appeler à la violence

Copé/Fillon: le démon des origines

Collard insulte la mémoire des enfants d'Izieu

 

 

 

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 20:46

Le Pen et son supporter Dieudonné. 

 

 

 

 

 

Jusqu’au dernier moment du congrès d’intronisation de sa fille Marine à Tours, Jean-Marie Le Pen a tenu a marquer l‘importance de son engagement antisémite, au côté de ses attaques contre l'immigration.

Ainsi après que le service d’ordre ait agressé un journaliste portant un nom juif, Jean-Marie Le Pen a déclaré: " ... il a cru bon de dire qu'il était juif et que c'est pour cette raison qu'on l'avait expulsé, ce qui ne se voyait ni sur sa carte ni, si j'ose dire, sur son nez...".

Il est aussi revenu longuement sur  ses différents « dérapages » en se présentant en victime: « ….Parallèlement, le Front National a été victime d’une véritable persécution judiciaire et médiatique orchestrée par la police de la pensée.« Durafour crématoire », « détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale », « inégalité des races »… Tous mes propos ont été détournés de leur sens réel afin de me juger en sorcellerie parce que je refusais de me soumettre à la dictature de la Police de la pensée..."

À la veille de passer partiellement la main, Le Pen tient à marquer profondément la matrice antisémite de son mouvement.

Pour lui, la revanche de la Deuxième guerre mondiale et des années 30 est toujours d’actualité. C’est le sens de l’obsession du « détail » que représenterait la Shoah, reprise  régulièrement depuis 1987 .

C’est aussi le sens de références codées  à Laval ou, à propos de Sarkozy et des ses "trois grand-parents étrangers" au statut des Juifs promulgué par Pétain 

Dans un provocation passée inaperçue, fin 2008, Le Pen présentant ses vœux de Noël à la radio et à la télévision récitait le poème « Noël en taule » " de  Robert Brasillach écrit dans la prison de Fresnes où, ce fasciste déclaré qui ne cessa de dénoncer nommément des Juifs et des résistants, attendait son procès à l’issue duquel il fut fusillé pour intelligence avec l’ennemi.

Pour le président d’ honneur du FN, les Juifs demeurent les ennemis éternels du nationalisme car ils sont les  porteurs du « mondialisme » abhorré. En cela Le Pen est un héritier des thèses nazies.

De plus à l'approche de sa retraite politique, Le Pen tente de justifier son échec personnel en l'attribuant à la puissance du « lobby juif ».


En effet, le chef du FN n'a jamais réussi à concrétiser les extraordinaires succès électoraux de son parti, alors qu'il se voyait aux portes de la participation au pouvoir.
 Sa présence au deuxième tour de la présidentielle de 2002 est finalement restée sans lendemain. Même les alliances établies avec la droite lors des élections régionales de 1998 se sont effondrées dans le chaos.

Face à ce bilan d'échec de sa propre trajectoire et au moment de passer le relais à sa fille, Le Pen fait appel, avec une violence accrue, à deux explications déjà utilisées à de maintes reprises et répétées dans son long discours de passage de témoin: celle de la « décadence de la France » et  celle de la responsabilité sous-entendue du « lobby juif » qui a bloqué son ascension.

C'est le sens de ses propos dans une interview au journal « Bretons » en avril 2008; évoquant à nouveau le « détail «  il déclarait  alors:  «... C'est le sujet qui est important, je crois. J'aurais parlé, même de très loin, du génocide vendéen, personne n'aurait été choqué... Est-ce un pays de liberté où une phrase, si contestable soit-elle - et prononcée par un homme public -, mérite 150 millions d'amende et la mise à l'index de l'individu et de son parti ?"

Le Pen voudrait faire passer le message suivant: " j'ai échoué car j'ai osé toucher au tabou de la Shoah; les juifs m'ont harcelé et marginalisé"

Cette thématique a été martelée pendant des années, en mettant en cause les patronymes juifs des journalistes de l'audiovisuel, en évoquant « l'internationale juive » ou un soi-disant pacte des partis de droite avec la fantasmatique organisation juive Bnai-Brith pour interdire les alliances entre la droite et l'extrême-droite.


C'est aussi ce que Le Pen a exprimé quand il a évoqué à plusieurs reprises pendant la campagne présidentielle de 2007 les « trois grands-parents étrangers de Sarkozy »
.

Nous avions alors démontré et révélé que ces " trois grands-parents étrangers" constituaient une référence directe, bien que codée, au statut des Juifs de 1940 lequel fixait justement ce même critère de filiation des « 3 grands parents » pour exclure les juifs ainsi définis, des fonctions publiques et électives (voir encore Le Pen et les "3 grands-parents étrangers" de Sarkozy

Ainsi pour Le Pen, c'est le « lobby juif » qui est maintenant au pouvoir à travers Sarkozy. Cette thématique antisémite est d'ailleurs largement présente chez les Dieudonné, Soral et autres agitateurs antisémites sévissant sur Internet.

Les réactions dans le FN


Une grande partie de l'appareil se retrouve autour de Louis Aliot, proche conseiller de Marine Le Pen pour se préoccuper avant tout de l'électorat FN. Ce dernier se sent moins motivé par l'engagement antisémite et négationniste générique du FN que par sa ligne xénophobe et anti-immigrés. Aliot déclare ainsi « ... Dans la situation actuelle marquée par une augmentation de la pauvreté sans précédent, par l'accentuation des flux migratoires, par les dégâts considérables initiés par la mondialisation économique, par l'installation durable d'un islam radical sur notre sol, les Français attendent des solutions concrètes et une vision crédible de l'avenir que nous leur proposons. Concentrons-nous sur l'essentiel: les combats électoraux à venir... »

Mais la présence de Le Pen fait que dans l’avenir du FN, le « tabou » négationniste n’a pas fini de se manifester et son poison d’être diffusé.

MEMORIAL 98

voir aussi sur ce site

 Qui veut se faire piéger par Marine Le Pen ?

Estrosi: quand il voulait s’allier avec le Front National.

Eric Woerth : quand il s’alliait avec le Front National

L’escalade antisémite de Dieudonné : décryptage

Succès du Front National: quelles conséquences?

Le Pen et Dieudonné: la grande famille des antisémites.

Sarkozy, Gaudin, Estrosi: l'ombre du Front National

Sarkozy et le Front National: une liaison dangereuse

 ( voir plus d'articles en utilisant la fonction Recherche du site)

 

 

 

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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 22:09

Zemmour est ravi: il se trouve une fois de plus au cœur d’une tempête médiatique et il renforce ainsi sa posture de porte-parole de la droite musclée, celui qui « dit tout haut ce que les autres pensent tout bas ».

Ce slogan vous rappelle quelque chose ? Mais oui c’est bien le Pen qui l’a largement fait connaître. Les supporters de Zemmour utilisent beaucoup cette formule pour le défendre.  

Zemmour se présente comme un esprit rebelle, à la parole libre, mais il est en fait installé au cœur du système médiatique ( France 2, RTL, Le Figaro…)

Pourtant que dit-il d’autre que Besson, Hortefeux, Morano, Gaudin et tant d’autres dirigeants de la droite xénophobe? 

Le cœur de cette argumentation est qu’il y a en France des populations non intégrables, dont l’origine étrangère, voire la « race », les propulse vers la criminalité. La police a donc ainsi tout à fait raison de pratiquer des contrôles au faciès.

Vieilles théories recyclées.

Ces propos, qui se présentent comme iconoclastes et novateurs, recyclent en fait les vieilles théories du Front National, installées dans la panoplie de la droite au milieu des années 80, par l’intermédiaire du Club de l’Horloge.

Ce club qui se positionnait de ces passerelles idéologiques entre le FN et la droite déclarait alors : «  Aujourd'hui le code de la nationalité est une machine à fabriquer des "Français de papier", qui n'ont ni assimilé notre culture ni affirmé leur attachement à la patrie. Pour maintenir notre identité nationale, il est urgent de réformer cette législation. Le Club de l'Horloge, qui a lancé ce débat dans l'opinion, décrit ici la réforme qu'il faudra réaliser tôt ou tard… » 

 La mise en pratique de  ces théories se fit en 1986, lors du retour de la droite aux affaires.  Elle fut symbolisée par la tentative de supprimer le traditionnel droit du sol et le droit à la nationalité française pour les enfants nés en France et issus de parents étrangers. "Être Français, ça se mérite" disait Pasqua,  « La carte  nationale d'identité n'est pas la Carte orange (carte Ratp de l’époque) », écrivait Le Pen dans l'exposé des motifs de sa proposition de loi n 82 « tendant à modifier le code de la nationalité française ».

 Dans cette bataille du code de nationalité, le gouvernement Chirac-Pasqua fut contraint de reculer fin 1986, en raison des grandes mobilisations étudiantes et de la mort du jeune Malik Oussekine, battu à mort par la police le 6 décembre de cette année.

Cela n’empêcha pas Pasqua de faire référence à des « valeurs communes » de la droite et de l’extrême droite lors de la campagne présidentielle de 1988.

Loin d'être un néophyte en politique , Zemmour a derrière lui une longue carrière à la droite de la droite; il a  beaucoup fréquenté Pasqua et ses acolytes.

Il fut  particulièrement proche de William Abitbol, conseiller politique et rédacteur des discours de Pasqua et aussi ancien militant du groupe fasciste Occident comme Longuet, Devedjian, Hervé Novelli...

La judéité de ces deux compères ne les empêche d’ailleurs pas de nager dans les eaux de la droite la plus radicale, celle qui brandit la xénophobie comme étendard.

La lamentation réactionnaire de Zemmour, sa haine du féminisme et de l’universalité n’ont de moderne que leur adaptation à la forme télévisuelle dominante. Mais les dégâts en sont ainsi démultipliés, dans un contexte de renforcement du Front National 

 

MEMORIAL 98

 

 

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