L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.
Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.
Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes
(Arménie, Rwanda, Shoah ...)
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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :
Nous publions un texte de Séta Papazian, présidente du Collectif VAN (Vigilance Arménienne contre le Négationnisme), partenaire de Memorial 98 et dont nous partageons le combat contre le négationnisme de l'Etat turc.
« Perplexité ». Le mot est faible pour décrire l’impression laissée par l’entretien accordé par Robert Badinter à Armand Avakian, directeur du bureau européen de la chaîne arménienne Armenia TV.
L’ancien sénateur et garde des Sceaux revient sur la loi Boyer, loi de pénalisation de la négation des génocides votée le 22 décembre 2011 par l’Assemblée nationale, puis le 23 janvier 2012 par le Sénat, avant d’être invalidée le 28 février 2012 par le Conseil constitutionnel.
Cette éminente personnalité, qui affirme n’avoir « aucune volonté de complaire aux Turcs », explique son opposition à la loi permettant de poursuivre les négateurs du génocide arménien en utilisant des arguments qui suscitent des interrogations.
Vidéo : Entretien exclusif avec Robert Badinter (Armenia TV)
L’ancien garde des Sceaux, ex-président du Conseil constitutionnel, professeur émérite de l’Université Paris 1, n’a jamais caché son hostilité à la loi de reconnaissance du génocide arménien promulguée en France en 2001, et à l’extension de la loi Gayssot à la négation du génocide des Arméniens. Mais, dit-il dans un entretien accordé à Armand Avakian, directeur du bureau européen de la chaîne arménienne Armenia TV, « Ce n’est pas une question politique, c’est une question juridique » et il n’y a, en ce qui le concerne, « aucune volonté de complaire aux Turcs. » Vraiment ?
La dimension politique de la loi de pénalisation de la négation des génocides, votée le 22 décembre 2011 par l’Assemblée nationale, puis le 23 janvier 2012 par le Sénat, avant d’être invalidée le 28 février 2012 par le Conseil constitutionnel français, est impossible à éluder, au vu des menaces de représailles turques contre la France et du lobbying agressif, sur le sol français, d’hommes d’affaires et de diplomates turcs.
On ne peut d’autre part s’empêcher de faire certains recoupements qui incitent à penser que Robert Badinter aurait dû garder une certaine réserve : deux mois avant son discours du 4 mai 2011 au Sénat - où il s’était exprimé avec vigueur contre une proposition de loi similaire présentée par son propre parti - le sénateur socialiste avait accepté une distinction en Turquie en devenant Docteur Honoris Causa de l’Université Galatasaray d’Istanbul.
Il y avait prononcé un discours où, sans dire un mot des intellectuels turcs emprisonnés, des persécutions actuelles contre la minorité kurde, du génocide de 1915 ou du négationnisme turc, il avait choisi de citer le Président Abdullah Gül pour évoquer « la paix et la tolérance » turques.
Par ailleurs, son épouse, Elisabeth Badinter, Présidente du Conseil de Surveillance de Publicis Groupe, est, avec plus de 10% du capital, l'actionnaire de référence du 3ème groupe mondial de communication qui a d’énormes intérêts en Turquie.
Un combat de trop
Dans un tel contexte, n’aurait-il pas été plus sage pour Robert Badinter, qui restera dans l’histoire comme celui qui a aboli la peine de mort, de garder le silence et de ne pas se faire l’avocat des partisans de la liberté de nier « outrageusement » sur le sol français l’anéantissement programmé d’un peuple ?
N’y avait-il pas assez de forces opposées à la loi pour laminer ce texte – destiné à protéger des citoyens français (de seconde zone ?) contre des délits commis en France - sans l’intervention navrante d’un homme de l’envergure de M. Badinter ?
Dans une interview à la chaîne turque 24 donnée par Ethem Tolgar, recteur de l’Université Galatasaray, ce dernier a rendu hommage aux bons offices de M. Badinter pour l’aide apportée au lobbying anti-loi.
Précisons, et ce n’est pas anodin, que l’Université Galatasaray a reçu en dix ans 35 millions d'euros d’aide de la France : les impôts que les descendants des victimes du génocide arménien payent en France favorisent ainsi très directement les interventions de M. Tolgar et consorts visant à laisser libre cours au négationnisme dans notre espace citoyen. Un outrage supplémentaire qui s’ajoute à la spoliation des biens arméniens dont profitent déjà nombre d’institutions turques.
Au lendemain de l’invalidation de la loi par le Conseil constitutionnel, le Recteur de l’Université franco-turque a donc expliqué que sa première démarche [après le vote] a été d’écrire à M. Badinter. Celui-ci lui aurait répondu avec courtoisie qu’il « ferait le nécessaire car il était contre la loi », et M. Tolgar relève que l’article de Robert Badinter dans le Monde a joué un rôle capital en « ébranlant les esprits ».
Robert Badinter, si prompt à défendre le droit et si prolixe, n’a pas indiqué s’il a répondu au Recteur Ethem Tolgar que l’ingérence turque dans le vote des lois françaises était inadmissible, et que seule l’intéressait la légalité constitutionnelle du texte.
Au contraire : reprenant à son compte une des tactiques de l’État turc négationniste, l’ancien garde des Sceaux appelle à la mise en place d’une commission d’historiens pour faire la lumière sur ce qu’il s’est passé en 1915 et établir « un Livre Blanc ».
En disqualifiant tous les travaux existants – qu’ils soient dus à des spécialistes arméniens, turcs, américains, français ou autres – en faisant repartir à zéro les recherches historiques, M. Badinter offre un nouveau délai (indéfini) à la Turquie. Chacun sait que c’est là très exactement le but recherché par cette dernière, quand elle parle de « commission d’historiens » tout en déclarant, par la voix de son Premier ministre Erdogan, que de toute façon, « la Turquie ne reconnaîtra jamais de génocide », ou en organisant des manifestations anti-arméniennes menaçantes, comme l’a fait le ministre turc de l’Intérieur ce 26 février à Taksim (Istanbul).
Quand M. Badinter estime que « des versions nationales s’opposent les unes aux autres », ignore-t-il que ce type de déclarations fait partie du discours d’Ankara qui - à l’instar de celui de Bernard Lewis - qualifie le génocide de 1915 de « version arménienne de l’histoire » ?
Et peut-il dire à quelle « version nationale » il renvoie les courageux Turcs - historiens ou intellectuels - qui, après avoir étudié le sujet, qualifient « 1915 » de génocide, ce qui leur vaut incarcérations et menaces de mort ?
Des historiens sélectionnés en fonction de leur origine
En fait, M. Badinter a une conception un peu différente, et très singulière, de cette fameuse commission d’historiens : elle devrait réunir « des historiens indépendants, ni turcs, ni arméniens ». Allons bon ! Concernant la Shoah, peu de gens ont osé jusqu’à présent disqualifier d’office les travaux de spécialistes juifs.M. Badinter n’a jamais mis en cause, à notre connaissance, l’intégrité des historiens liés à la communauté juive.
Cependant, à propos du génocide des Arméniens, il exclurait d’emblée, à cause de leurs seules origines ethniques, arménienne pour l’un, turque pour l’autre, le Professeur Raymond Kevorkian, auteur d’une véritable somme extrêmement documentée, ou le Professeur Taner Akçam, qui a travaillé sur les archives ottomanes.
Que suggère M. Badinter pour garantir l’indépendance des historiens ayant des noms français, anglais ou italiens ? Un test ADN ? Une recherche généalogique pour traquer une grand-mère arménienne ou turque ? Une enquête pour déceler s’il existe chez eux des accointances avec des personnes de « sang » arménien ou turc ? Une conception ethnique du métier d’historien, c’est tout à fait inédit. Et apparemment réservé au seul génocide arménien.
Robert Badinter oublie aussi un « détail » essentiel : rien ne garantit que les historiens (inuit ? paraguayens ? philippins ?), « sélectionnés par l’UNESCO », ne soient pas ensuite grassement payés par le gouvernement turc. On l’a vu, celui-ci ne recule devant aucune dépense pour défendre le crime et le profit qu’il en tire.
Par ailleurs, la désignation de l’UNESCO comme entité « régulatrice » de cette commission d’historiens est pour le moins inappropriée. Outre le fait que cette instance n’a aucune compétence juridique - ce qui devrait en toute logique la discréditer aux yeux de M. Badinter -, il se trouve que sa neutralité est d’ores et déjà remise en question.
En effet, en juin 2011, quelques heures avant l’inauguration d’une exposition-photo de monuments arméniens prévue au siège de l’Unesco à Paris, le personnel de l’organisation a imposé aux représentants arméniens le retrait de la carte murale et des légendes qui accompagnaient les photos. Il est vrai que ces éléments d’information étaient hautement subversifs. Comme dans toute exposition de ce type, ils spécifiaient la localisation géographique des œuvres d’art photographiées (des joyaux de l’Art religieux arménien), par ces simples mots : « Arménie », « Turquie », « Azerbaïdjan »…
Ce toilettage mal venu visait à effacer aux yeux des visiteurs l’étendue de la présence millénaire des Arméniens sur leurs terres ancestrales, occupées et vidées de leurs habitants par la Turquie et l’Azerbaïdjan. Une censure justifiée par les services de l’Unesco qui ont rejeté la faute sur l’Ambassade d’Arménie : celle-ci n’aurait pas consulté la Turquie et l’Azerbaïdjan avant de citer leurs noms...
Si M. Badinter parle de « commission d’historiens », de l’Unesco, de « versions nationales » de l’histoire, toutes choses conformes aux desiderata turcs, sans s’être informé, on est fondé à trouver cela très problématique, surtout chez une personnalité de sa réputation.
S’il le fait en connaissance de cause, cela est encore plus consternant. Il est également perturbant qu’un homme de loi, qui insiste tant sur le terme « juridique », réduise la situation des Français d’origine arménienne, en butte à un négationnisme outrancier en France, à une simple question de « souffrance » à laquelle on aura - de manière anticonstitutionnelle - répondu par la « compassion » en 2001 tout en refusant « une pitié dangereuse » en 2012. Une approche qu’il n’oserait sans doute pas avoir avec la victime d’un viol ou même d’un cambriolage : l’avocat qu’il est la renverrait-il chez elle en se contentant d’admettre « sa souffrance » et en lui recommandant de « se réconcilier » avec un agresseur qui persisterait à nier les faits?
Nuremberg vs Constantinople
Laissons les propositions de M. Badinter et revenons à son argumentation contre la loi dite Boyer : ce qui en ferait l’inconstitutionnalité serait l’atteinte à « la liberté d’expression » : mystérieusement, cet argument n’a pas été invoqué pour faire obstacle à la loi punissant l’insulte aux harkis, ratifiée la même semaine au Sénat.
Interrogé sur la loi Gayssot par le journaliste d’Armenia TV, Robert Badinter oublie derechef « la liberté d’expression » et change de registre : cette loi est justifiée car il y a eu le jugement de Nuremberg où « la France était partie » ; « il y avait un juge français, un procureur français, des victimes juives françaises ». Là, il s’agit, dit-il, de « respect dû à l’autorité de la chose jugée ».
En somme, ce qui justifie l’interdiction de nier les crimes nazis, c’est qu’ils ont été jugés précisément par ceux qui étaient concernés – les pays qui en ont souffert (dont la France et les citoyens français). Par contre, selon l’ancien garde des Sceaux, seuls ceux qui ont une certaine distance avec le sujet seraient habilités à se prononcer sur le génocide arménien. N’y a-t-il pas un hiatus dans ce raisonnement ?
Et quid d’une « commission d’historiens indépendants » en 1945 ? Le procès de Nuremberg n’a pas attendu, que l’on sache, le travail des historiens - et c’est heureux - pour trancher et dire la vérité. De même, au lendemain de la Grande Guerre, l’extermination planifiée de la population arménienne de l’Empire ottoman était connue de tous les belligérants. Robert Badinter ne peut ignorer qu’en 1919 une Cour martiale extraordinaire a jugé à Constantinople les principaux responsables génocidaires Jeunes-Turcs, dont Talaat Pacha, le « Hitler » turc, condamné à mort par contumace mais toujours honoré par un mausolée à Istanbul.
Selon M. Badinter, la France ne serait pas concernée par un crime commis il y a 100 ans, en Anatolie. Cela est historiquement faux : la France était aux premières loges et garante de la protection des minorités chrétiennes de l’Empire ottoman. Elle est au moins responsable d’avoir accordé l’amnistie à la Turquie pour les crimes commis pendant la Première Guerre mondiale, en ignorant délibérément les droits des victimes et les nécessaires réparations annoncées dans le Traité de Sèvres, jamais mis en application. Ou d’avoir abandonné aux assassins kémalistes, les Arméniens de Cilicie placés sous la protection du mandat français.
Voici donc deux génocides commis en temps de guerre : leur apologie est pénalisée ou encouragée selon les critères que l’on choisit d’utiliser… Pourtant la négation d’un génocide, que ce soit celui des Arméniens, des Juifs ou des Tutsi, n’est rien d’autre que la perpétuation du crime.
Selon la formule d'Elie Wiesel, la négation d'un génocide, "c'est le double meurtre". Et elle autorise tous les passages à l’acte, aujourd’hui, près de 100 ans après les faits, comme en témoignent les menaces et les messages de haine reçus par des responsables politiques ou associatifs en France.
M. Badinter trouvera les explications qu’il voudra : ce qu’il indique, et avec lui le Conseil constitutionnel qui a suivi ses analyses, c’est qu’en France - contrairement à la contestation de la Shoah - la négation du génocide arménien de 1915 est un droit humain fondamental qui doit être protégé : la liberté d’expression devient ainsi un paramètre à géométrie variable.
Fort heureusement et sans surprise, ce sont des fils et filles de rescapés de la solution finale élaborée par les nazis qui ont dénoncé le plus vigoureusement cette restriction, contraire aux droits de l’homme, à l’éthique… et à la Constitution :
« On ne peut pas de surcroît imaginer qu’en France on statue en fonction de l’origine de tel ou tel citoyen français. C’est contraire aussi à la Constitution. Je rappelle, la République ne reconnaît en France que des citoyens français à égalité de droits, quels que soient leur origine, leur race, leur sexe, leur religion, leurs opinions politiques, et c’est très bien ainsi. Nous ne sommes pas une République communautariste ».
Quel est l’auteur de cette déclaration ? Les ardents défenseurs de la loi tels Bernard-Henri Levy ou Serge Klarsfeld ? Non. Il s’agit de M. Badinter lui-même, qui ne s’embarrasse pas de ses propres contradictions.
Autre exemple majeur ? Dans l’interview, l’ancien sénateur déclare « avoir invité la Turquie à reconnaître le génocide ». Plus loin, il parle de « l’époque où on génocidait les Arméniens ». Mais aussi, à plusieurs reprises, il affirme : « il faut établir la vérité », « je défendrai la recherche objective de la vérité historique […] je n’ai pas la compétence. »
Si la « vérité historique » n’est pas établie, comment peut-il accuser la Turquie d’un génocide, et l’inviter à le reconnaître ? S’il sait qu’elle est établie, à quelles fins propose-t-il - comme le gouvernement turc - une commission d’historiens pour… l’établir ? Et surtout, pourquoi tient-il tant à ce que cette vérité soit librement niée en France ?
Robert Badinter oublie-t-il qu’il s’agit de l’extermination planifiée de toute une population, de bébés, d’enfants, de femmes, d’hommes, de vieillards ? Il avoue de ne pas avoir « la compétence » : ne devrait-il pas avoir alors, au moins, la décence de se taire ?
Enfin, l’homme de loi insiste sur le temps écoulé – « cent ans » et recommande : « ne vivez pas dans le passé ». On retrouve là une antienne turque bien connue : « Il faut regarder vers l’avenir, le passé est le passé. »
Aurions-nous osé donner ce genre de conseils aux petits-enfants de M. Badinter qui auraient eu à se battre contre la négation de la Shoah par l’Etat allemand, si ce dernier avait eu la même position négationniste que la Turquie ?
Et dirions-nous aux descendants des esclaves de regarder vers l’avenir, pour solde de tout compte ? N’appartient-il pas à ceux qui subissent les conséquences de l’extermination, du vol de leur biens, et du déni, de décider ce qu’ils doivent faire d’un passé qui ne passe pas ?
« Je suis du côté des victimes des génocides », soutient Robert Badinter, en évoquant le drame de sa propre famille. Vraiment ?
La Turquie, elle, est d’un autre avis: elle lui a exprimé sa reconnaissance.
Séta Papazian
Séta Papazian est présidente du Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le Négationnisme], association dont le siège est à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Illustratrice d’albums pour enfants, elle a également travaillé durant 20 ans dans le domaine de la publicité et de la communication.
Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le Négationnisme] BP 20083 - 92133 Issy-les-Moulineaux - France Boîte vocale : +33 (0)1 77 62 70 77
Un an après le début du soulèvement populaire, la répression ne s’est pas relâchée un seul instant. Les milliers de morts dont de nombreux enfants, le martyre des villes de Homs, de Deraa, n’ont pas convaincu les alliés de la dictature de faire le moindre geste. Les dirigeants chinois, qui massacrent le peuple tibétain et répriment leur propre population, soutiennent les pires régimes à travers le monde. Poutine, bourreau du peuple tchétchène, envoie des chargements d’armes à ses alliés syriens.
Le mouvement de solidarité s’efforce partout de peser, malgré toutes les difficultés. À l’occasion du premier anniversaire, plusieurs mobilisations auront lieu cette semaine à Paris et dans d’autres villes le 15 et le 17 mars. Nous vous appelons à y participer.
Vous pouvez retrouver la liste des manifestations sur le site SouriahHourialink.
Nous publions aussi une lettre ouverte au journal l’Humanité de la part de militants de la solidarité avec la révolte syrienne. Nous avions déjà soulevé le même type de questions dans nos précédents articles
Rassemblement en soutien au peuple syrien le 15 mars à 18h30 sur le parvis de l’Hôtel de Ville
Alors que la situation en Syrie ne fait qu’empirer, ce rassemblement permettra aux Parisiens d’exprimer leur solidarité envers le peuple syrien et de commémorer le 1er anniversaire du soulèvement. Depuis mars 2011, près de 10 000 syriens ont trouvé la mort dans leur lutte pour la dignité, la liberté et la démocratie.
En signe de fraternité, chacun est invité à se munir d’une bougie.
Pour le Premier anniversaire de la Révolution Syrienne
Manifestation de soutien au peuple Syrien
Départ à 14h00 au métro Barbès, conjoint avec la Marche solidaire des peuples, jusqu’à l’Institut du Monde Arabe.
…Pendant un an, les Syriens ont été bien seuls dans leur résistance face à l’oppression quand d’autres continuent à vouloir soumettre le sort du peuple syrien aux intérêts géopolitiques de telles ou telles nations.
Aujourd’hui, en cet anniversaire de la Révolution Syrienne qui, sous les yeux du monde entier, s’est voulue résolument pacifique, montrons au peuple Syrien qu’il n’est plus seul dans sa lutte,que partout dans le monde, des femmes et des hommes sont solidaires avec la lutte universelle qu’il mène pour son droit à l’auto-détermination, son droit de choisir ses dirigeants, son droit de vivre dans un État de droit, son droit à la liberté et à la dignité.
Le Samedi 17 mars, à deux jours de l’anniversaire du déclenchement de la Révolution Syrienne, manifestons tous ensemble notre solidarité active avec la résistance du peuple syrien et notre exigence du droit des peuples à l’autodétermination. La solidarité internationale doit s’amplifier pour faire en sorte que, de toute urgence, les massacres cessent et les civils soient protégés.
Vive la révolution syrienne. Vive la Syrie Libre.
Organisations : SouriaHouria (SyrieLiberté) –Comité de la Déclaration de Damas – Collectif du 15 mars pour la démocratie en Syrie – – Pour une Syrie Libre – AAVS (Association d’Aide aux Victimes en Syrie) - Gauche Révolutionnaire Syrienne (GRS) – Collectif Urgence Solidarité Syrie SNESUP-FSU – ADTF (Association Démocratique des Tunisiens en France) – Mémorial 98
PCF (Parti Communiste Français) – EÉLV (Europe Écologie Les Verts) – NPA (Nouveau parti anticapitaliste) – FASE (Fédération pour une alternative sociale et écologique) – PG (Parti de Gauche) – . . . . . . .
Syrie : lettre ouverte à la rédaction de l’Humanité
Monsieur le Rédacteur en chef,
Paris, le 8 Mars 2012
Lecteurs réguliers de divers périodiques dont l’Humanité, nous soussignés, sommes attentifs aux appréciations formulées sur l’actualité internationale. Nous sommes surpris et choqués par le traitement, dans les colonnes de ce journal, de la situation en Syrie depuis le soulèvement de Mars 2011, particulièrement les aspects suivants :
♦ Une insolite discrétion, aux antipodes d’autres médias, sur les atrocités de la terreur d’État,
♦ La présentation comme hypothèse non prouvée de l’ampleur des massacres, malgré les témoignages qui l’attestent
♦ La complaisance récurrente envers le régime Al Assad, ses alliés, ses affidés (Pierre Piccinin, ...)
♦ La mansuétude envers l’attitude de blocage à l’ONU de la Russie de Poutine et de la Chine,
♦ Le dénigrement par avance de toute initiative de l’ONU, de l’Europe, des pays arabes ; les pays du Golfe n’étant vus que comme "pétromonarchies", même si leurs peuples crient leur solidarité avec les Syriens.
♦ La présentation malveillante faite du Conseil National Syrien (CNS) en ignorant la Charte qui lie ses membres en vue d’une société démocratique, pluraliste et séculière, en le montrant comme purement " dominé " par une composante confessionnelle. Un tel traitement manque de professionnalisme, d'analyses et de nuances.
♦ La place accordée à des mouvances ou personnalités prônant un "dialogue" avec le régime criminel.
♦ L’image péjorative des déserteurs de l’armée syrienne, qui ont pourtant refusé, en payant le prix fort, de tirer sur la foule, accusés d’être ceux qui déclenchent une "guerre civile".
♦ Le renvoi dos-à-dos des agents du régime et des activistes dès lors que ces derniers prétendent s’armer,
♦ L’islamophobie rampante du journaliste de la rubrique, assimilant fréquemment musulman à islamiste radical.
♦ De troublantes parentés avec les positions "anti-impérialistes" de mouvances rouge-brun (Comité Valmy, ...).
♦ Le silence sur l'appui indéfectible de l'Iran et du Hezbollah (fourniture d'armes, de combattants, arrivée récente de 2 navires de guerre iraniens) au régime syrien : une intervention étrangère est donc déjà en cours, de longue date ...
♦ Une couverture inexistante ou minime du mouvement de soutien au peuple syrien en France.
Ces orientations qui selon nous et de nombreux lecteurs inspirent, pages en main, les articles de l’Humanité et de l’Humanité Dimanche (versions papier), ignorent " L’humain d’abord " et tournent le dos au devoir de solidarité envers le peuple syrien. Pire, elles sont de nature à dissuader le lecteur de s’y impliquer sous peine de croire qu’il serait alors voué à "rouler" tour à tour pour l’impérialisme, l’atlantisme, les États-Unis, ...
Elles apparaissent contraires aux positions du Parti Communiste Français qui jusqu’ici a signé tous les Appels à se ras- sembler ou à manifester en France pour la solidarité envers les Syriens, en étant y représenté au plus haut niveau.
Nous faisant l’interprète du malaise qui s’exprime parmi les acteurs (syriens, franco-syriens, français) du mouvement de solidarité envers le peuple syrien en France, nous demandons instamment en leur nom qu’il soit mis fin à ces orientations peu dignes à l’heure où Homs se meurt, ainsi qu’à l’ostracisme de la Rédaction de l’Humanité envers les organisations qui animent en France le mouvement de soutien au soulèvement syrien.
Leurs auteurs relèvent-ils d’une « certaine gauche pavlovienne qui, de l’Europe à l’Amérique latine, nous ressasse l’antienne usée du " complot israélo-américain contre la Syrie résistante " sans s’interroger un instant sur la nature du régime légué par Hafez al-Assad à son fils ni sur les forces sociales qui le soutiennent et celles qui déploient tant de courage et consentent tant de sacrifices pour s’en débarrasser », évoquée par l’écrivain Farouk Mardam Bey ?
Ignorent-ils ce qu’écrit aussi Khaled Khalifa, écrivain syrien ancien détenu politique : « Mon peuple est un peuple de paix, de café, de musique que j’espère vous savourerez un jour, de roses, dont j’espère qu’un jour le parfum vous parviendra, afin que vous sachiez que le cœur du monde est aujourd’hui exposé au génocide » ?
Attachés à l’Humanité, nous exhortons sa Rédaction, de concert avec les acteurs syriens, franco-syriens, français – du mouvement de solidarité envers le peuple syrien en France, qui nous l’ont demandé, à rompre avec ces dérives, et à tenir sa place dans ce mouvement qui exige la chute du régime, des sanctions contre les fauteurs de crimes contre l’Humanité, leur traduction devant les juridictions internationales, des mesures permettant que les civils soient de toute urgence protégés, une autodétermination ouvrant la voie à une Syrie libre. Les Syriens seront attentifs au sou- tien que les médias français, notamment l’Humanité, auront accordé ou non à leur soulèvement.
Cordialement,
G. Lauton, Université Paris 12, syndicaliste – Cl. Szatan, militant de la solidarité internationale – Collectif Urgence Solidarité Syrie.
Guéant ne se contente pas de classer et de hiérarchiser les civilisations. Il prend aussi des intiatives concrètes pour empêcher que nous soyons "envahis" par de la matière grise venue d'ailleurs (voir Avec les étudiants étrangers : amplifions la défaite de Guéant)
Déjà, grâce à la mobilisation de tous ceux qui combattent sa circulaire, une avancée a eu lieu avec la parution d'une nouvelle circulaire, le 12 janvier dernier. Mais cette nouvelle circulaire était insuffisante, et nous n'avons pas constaté, dans les faits, de véritable amélioration pour les diplômés étrangers. Lors de deux cérémonies de parrainage, des personnalités ont montré leur soutien à des diplômés étrangers dont les témoignages montrent combien cette politique est absurde et dangereuse.
DIMANCHE 12 FEVRIER
à 15h
à Paris (Hôtel de Ville)
Lyon (Place des Terreaux)
Toulouse (Place du Capitole)
Le Collectif du 31 mai soutenu par Université Universelle organise des rassemblements :
3 villes, 2 circulaires, 1 constat, 0 résultat.
Dimanche 12 février en effet, la circulaire complémentaire du 12 janvier fêtera son premier mois. Pendant ce mois écoulé, la situation s'est aggravée, et ce nouveau texte, qui ne répond en aucun cas aux attentes des diplômés étrangers, a provoqué la confusion et l'incompréhension. Elle a ainsi conduit aux résultats suivants :
Refus d'autorisations de travail abusifs
Interdiction des dépôts de réexamen
Expulsions et obligation de quitter le territoire
La liste est longue, et s'allonge de jour en jour.
Un mois plus tard, nous avons besoin de vous, nous devons nous mobiliser pour dire que nous ne sommes pas dupes.
Le dimanche 12 Février, nous descendons dans les rues pour rassembler étudiants, jeunes diplômés, intellectuels, politiques, syndicaux, entrepreneurs, et tirer la sonnette d'alarme: Rien n'a changé !
Des personnalités du monde universitaire, du monde politique seront présentes pour nous soutenir. Les associations partenaires seront aussi présentes ainsi que les médias qui nous suivent à chaque événement que nous organisons.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), 237 civils ont été tués, dans la seule ville de Homs le vendredi 3 février 2012 en fin de journée, suite au pilonnage d’habitations civiles durant trois heures, par les forces du régime. Le matin du lundi 6 février le pilonnage de la population d’Homs a repris.
Cette journée est la plus terrifiante depuis le 15 mars 2011, date du début d’une répression qui a fait au moins 6.000 morts, dont plus de 400 enfants et des dizaines de milliers de disparus.
Le samedi 4 février, quelques heures après le bombardement de Homs, la Russie et la Chine opposaient leur veto à un projet de résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU condamnant la répression en Syrie. Cette résolution reprenait la feuille de route du 22 janvier de la Ligue arabe préconisant l’arrêt des violences, la formation d’un gouvernement d’unité nationale pour une transition démocratique et la création d’une commission d’enquête indépendante pour enquêter sur les violations des droits de l’Homme commises à l’encontre de la population syrienne.
Cette résolution à minima ne demandait ni le gel des avoirs, ni le renvoi de la situation syrienne devant la Cour Pénale Internationale, ni un embargo complet sur les armes.
Le veto sino-russe donne au régime de Bachar Al-Assad un « permis de tuer dans l’impunité ».
C’est la deuxième fois que la Russie et la Chine empêchent le Conseil de Sécurité de sortir de onze mois de silence sur la situation en Syrie.
Samedi 11 février 2012 à 14 heures
Manifestations de soutien à la lutte du peuple syrien à Paris et en régions.
À Paris : Départ métro Temple, rue de Turbigo en direction de la Place des Victoires.
Et en régions
Manifestations à l’initiative de : Souria Houria, Collectif Urgence Solidarité Syrie, LDH, REMDH, Mouvement de la Paix, SNESUP-FSU, EELV, NPA, PCF, PG, PS, Sortir du Colonialisme, Cedetim/Ipam, Collectif Rupture Féministe, Union Syndicale Solidaires, , Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), ATMF, CGT, FSU, Mémorial 98, Union UNSA-Recherche, …
Lisez le texte ci-dessous
L'écrivain syrien Khaled Khalifa ( auteur de « Eloge de la haine » publié chez Actes Sud) a fait parvenir cette lettre ouverte, de Damas, à la suite du double véto chinois et russe à un projet de résolution sur la Syrie au Conseil de sécurité de l'ONU, et au redoublement des massacres dans les villes entrées en rébellion.
Chers amis, écrivains et journalistes du monde entier, notamment en Chine et en Russie, je tiens à vous informer que mon peuple est exposé à un génocide.
Depuis une semaine les forces du régime syrien intensifient les attaques contre les villes rebelles en particulier Homs, Zabadani, les banlieues de Damas, Rastan, Madaya, Wadi Barada, Figeh, Idlib et dans les villages de la montagne de Zawiya.
Depuis une semaine et jusqu'au moment où j'écris ces lignes, plus de mille martyrs sont tombés, dont beaucoup d'enfants, et des centaines de maisons ont été détruites sur les têtes de leurs habitants.
Elimination d'une révolution pacifique
La cécité qui a frappé le monde a encouragé le régime à tenter une élimination de la révolution pacifique en Syrie, avec une force répressive inégalée. Le soutien de la Russie, la Chine, l'Iran et le silence du monde face aux crimes commis en plein jour, a permis le meurtre de mon peuple par le régime depuis onze mois.
Mais dans la dernière semaine, du 2 février à aujourd'hui, les signes du massacre se sont clarifiés. La scène de centaines de milliers de Syriens descendus dans les rues de leurs villes et villages la nuit du massacre de Khalidiya, dans la nuit du vendredi au samedi dernier, les mains levées en prières et en larmes, brise le cœur, et place la tragédie humanitaire syrienne au centre du monde.
C'est une expression claire de notre sentiment d'être des orphelins, abandonnés par le monde et par les politiciens satisfait par les paroles vaines et les sanctions économiques, qui n'empêchent pas les assassins et ne retiennent pas les chars baignés de sang.
Mon peuple, qui a fait face à la mort le torse nu et en chansons est en ce moment même assujetti à une campagne de génocide. Nos villes rebelles sont dans un état de siège sans précédent dans l'histoire mondiale des
révolutions.
Le personnel médical est empêché de secourir les blessés, les hôpitaux de campagne sont bombardés de sang-froid et détruits, l'entrée est interdite aux organisations de secours, les lignes téléphoniques sont coupées, et la nourriture et les médicaments sont bloqués, si bien que la contrebande d'un sac de sang ou d'une tablette de Setamol dans les zones touchées est considéré comme un crime digne d'emprisonnement dans des camps de détention, dont les détails vous horrifieront un jour.
Silence complice
Dans toute son histoire moderne, le monde n'a pas connu de tels vaillance et courage, que ceux manifestés par les révolutionnaires Syriens dans toutes nos villes et villages. Le monde n'a pas non plus connu un tel silence, et une connivence dans le silence qui est dès à présent considéré comme une complicité dans le crime et l'extermination de mon peuple.
Mon peuple est un peuple de paix, de café, de musique que j'espère vous savourerez un jour, de roses, dont j'espère qu'un jour le parfum vous parviendra, afin que vous sachiez que le cœur du monde est aujourd'hui exposé au génocide et que le monde entier est complice du sang versé.
Je ne peux rien dire de plus dans ces moments difficiles, mais j'espère que vous agirez par solidarité avec mon peuple de la façon que vous jugerez appropriée.
Je sais que l'écriture est impuissante et nue devant les canons, les tanks et les missiles russes qui bombardent nos villes et nos civils, mais je n'ai aucune envie que votre silence aussi, soit complice du meurtre de mon peuple.
Le député Serge Letchimy est la cible d’une attaque groupée. Son crime ? avoir rappelé que les propos de Claude Guéant sur l’inégalité des « civilisations » relèvent d’une idéologie d’extrême-droite et ouvrent la voie à toutes les dérives. Ses propos exacts à l’Assemblée nationale sont les suivants : « … Mais vous M. Guéant, vous privilégiez l’ombre ! Vous nous ramenez, jour après jour, à ces idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration, au bout du long chapelet esclavagiste et colonial. Monsieur Guéant le régime nazi, si soucieux de purification, si hostile à toutes les différences, était-ce une civilisation ? La barbarie de l’esclavage et de la colonisation, était-ce une mission civilisatrice ? Il existe, M. le Premier Ministre, une France obscure qui cultive la nostalgie de cette époque que vous tentez de récupérer sur les terrains du (F) front national… » (voir http://www.serge-letchimy.fr/2012/02/07/question-au-premier-ministre-sur-les-propos-de-mr-gueant/ On peut d’ailleurs remarquer sur les vidéos que Guéant ne semble guère affecté par ces propos (link ) Le scandale est ensuite organisé par Fillon, qui avait lui-même insulté Eva Joly dans des termes xénophobes proches de ceux de Marine Le Pen (voir Eva Joly : un triomphe lepéniste ? ). La droite qui se déchaîne contre le député de Martinique est pourtant friande de parallèles scabreux et hors de propos avec le nazisme et le fascisme. C’est Nicolas Sarkozy lui-même qui en a donné le signal. Dès 2007, lors de l’Université d’été du MEDEF, en défense de la « dépénalisation du droit des affaires » N. Sarkozy avait utilisé la formule suivante : « À quoi sert-il d'expliquer à nos enfants que Vichy, la collaboration, c'est une page sombre de notre histoire, et de tolérer des contrôles fiscaux sur une dénonciation anonyme, ou des enquêtes sur une dénonciation anonyme ? ». Il avait été applaudi frénétiquement par son auditoire. Nous écrivions alors : «… Peut on mettre en parallèle, comme le fait N.Sarkozy, la déportation des Juifs et un contrôle fiscal ? Comment cette image a-t-elle pu figurer dans un discours officiel et de telles paroles être prononcées par un président de la République ? Pourquoi il y a-t-il si peu de réactions? Qu'on imagine le scandale si Le Pen avait osé une telle déclaration… » (voir Sarkozy: nouveau dérapage sur Vichy ) Quelques mois plus tard, son épouse reprenait la même image ; interrogée par l’Express du 13 février 2008 sur la plainte déposée par Nicolas Sarkozy contre le site Internet du Nouvel Obs - qu'il accusait de "faux" à propos d'un SMS, Mme Bruni Sarkozy déclarait : « La plainte justifiée de mon mari n'est pas contre un organe de presse, bien sûr, mais contre les "nouveaux moyens de désinformation". Internet peut être la pire et la meilleure des choses. À travers son site Internet, Le Nouvel Observateur a fait son entrée dans la presse people. Si ce genre de sites avait existé pendant la guerre, qu'en aurait-il été des dénonciations de Juifs?... » Face au scandale, elle dut s’excuser et retirer ses propos.(voir Mme Sarkozy Bruni dérape à propos des Juifs et de la Shoah.) Lors de l’affaire Woerth en 2010, face à l’enquête de la presse et notamment de Mediapart les dirigeants de la droite ne cessèrent d’en appeler à la « presse fasciste » et aux années 30. Le ministre X. Bertrand devra d’ailleurs en répondre devant la justice (voir Woerth, Copé et le Front National : décryptage ). Ce fut aussi le député Goasguen proposant d’affubler les habitants du 16 eme arrondissement de Paris d’une « étoile jaune » comme les Juifs sous le nazisme ( Qui joue avec le fascisme ?) puis J.F Copé comparant Martin Hirsch à un dénonciateur de Juifs parce qu’il avait osé évoquer ses conflits d’intérêts (voir Un dirigeant UMP salit à nouveau la Shoah). La droite UMP, engagée avec le Front national dans une course xénophobe, est donc fort mal placée pour donner des leçons. Mais elle exploitera une fois de plus un soi-disant souci de la sensibilité de personnes juives, choquées d’une comparaison avec le nazisme, alors même que celle-ci ne figure pas dans les propos de Serge Letchimy. Nous recommandons d’ailleurs la lecture du texte qui explique plus longuement pourquoi M. Guéant n’est pas bienvenu en Martinique et dons nous citons les premières lignes : " M. le Ministre, Votre venue en Martinique dans les jours qui viennent m’oblige à vous rappeler que cette terre a vu naître Aimé Césaire, Frantz Fanon, Edouard Glissant. Qu’elle a été aimée par des hommes aussi admirables que furent Victor Schœlcher, André Breton, Léopold Sedar Senghor, Claude Lévi-Strauss, et de manière plus proche encore, par Léopold Bissol, Georges Gratiant, ou Camille Darsières, pour ne citer que quelques-uns de nos grands politiques. Ces hommes furent de grands humanistes. Leur vie et leurs combats se sont situés en face de ces crimes que furent la traite, l’esclavage, les génocides amérindiens, les immigrations inhumaines, ou la colonisation dans tous ses avatars… Tous ont combattu la pire des France : celle qui justifiait les conquêtes et les exploitations, et bien d’autres exactions dont les cicatrices sont inscrites dans nos paysages. Cependant, je n’ai jamais entendu un seul de ces hommes lister ces attentats pour décréter que la civilisation européenne, ou que la culture française, serait inférieure à n’importe quelle autre. Je ne les ai jamais entendus prétendre que le goupillon de la chrétienté (qui a sanctifié tant de dénis d’humanité) serait plus primitif que tel bout liturgique d’une religion quelconque…. La suite sur http://www.serge-letchimy.fr/2012/02/06/lettre-ouverte-a-claude-gueant/
En difficulté face à la candidature de François Hollande, le clan UMP prépare « une campagne épicée", voulue par Sarkozy.
À défaut de pouvoir produire immédiatement une émeute de la Gare du Nord, comme le 27 mars 2007 ou un massacre d’Ouvéa comme en 1986, c’est par un climat de provocation et de surenchère verbale qu’il procède déjà.
Guéant joue un rôle important dans cette stratégie.
Ce proche de Sarkozy, ancien secrétaire général de l'Elysée, est un pur produit de l’équipe de Charles Pasqua et des Hauts-de-Seine, deux symboles de l’affairisme et des basses œuvres de la police.
Il fut directeur adjoint du cabinet de Pasqua au ministère de l’Intérieur et a même témoigné en sa faveur en avril 2010 dans les affaires louches de casinos autorisés par son prédécesseur, malgré l’avis à l'époque de l’administration et de la commission des jeux.
Il ne s’agit donc nullement d’un « haut fonctionnaire républicain » mais de quelqu’un qui a adhéré aux méthodes brutales et illégales des polices parallèles telles le SAC (service d’action civique, bande armée gaulliste dissoute après la tuerie d’Auriol en 1981)
Or Pasqua a forgé une doctrine, explicitée à la veille de la présidentielle de 1988 qui opposait Mitterrand à Chirac, dans le magazine "Valeurs actuelles" du 2 mai 1988 : « Sur l'essentiel, le Front national se réclame des mêmes préoccupations, des mêmes valeurs que la majorité » (voir Sarkozy-Le Pen: l’apocalypse ?) .
C’est devant l’UNI, pseudo syndicat étudiant et vraie bande de fachos, créé et financé par le SAC après 1968, pour contrer la « subversion gauchiste » dans le milieu universitaire que le ministre de l’Intérieur a révélé ses profondes et opportunes méditations.
Niant la notion élémentaire de civilisation universelle, Guéant s’est une nouvelle fois attaqué à l’Islam et aux immigrés en proclamant :
« Contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas. Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient. »
Son explication de texte est venue 24 Heures après sur France-Inter.
Bien que prétendant ne viser "aucune culture en particulier", il a fourni deux exemples se rapportant à un islam réduit à sa version la plus extrémiste en expliquant : "…Se pose la question de l'interdiction du voile intégral à l'Assemblée nationale. Eh bien, la majorité vote l'interdiction du voile intégral et le Parti socialiste ne participe pas au vote".
"Autre exemple, les prières de rue, a poursuivi le ministre. J'ai entendu un responsable socialiste très important dire que ça ne gêne personne ; mais si, ça gêne beaucoup de Français. Mais ça gêne surtout un principe, celui de la laïcité. Et nous, nous avons interdit la prière de rue" qui "est une expression de civilisation".
C’est le même Guéant qui s’était engagé dans Le Monde du 3 janvier à ne pas polémiquer à nouveau sur ce sujet :
Q. Ces polémiques sur l’islam en France ne risquent-elles pas de ressurgir lors de la campagne pour l’élection présidentielle, alors que le Front national en fait l’un de ses thèmes de prédilection ?
R. Je ne le souhaite pas. Très clairement. Dès avant l’été, j’ai marqué mon souci que les problèmes se posant à propos de l’islam, comme les prières de rue, soient réglés bien en amont des élections présidentielle et législatives. Je ne veux pas que ce thème soit un sujet d’empoignades. Et, si ce devait être le cas, cela ne viendra certainement pas de notre formation politique.
Sur le fond des comparaisons entre « civilisations » Georges Clemenceau a répondu, il y a plus de 125 ans le 30 juillet 1885 à un Jules Ferry prétendant justifier la colonisation par la supériorité de la civilisation occidentale, en ces termes:
: «… Regardez l'histoire de la conquête de ces peuples que vous dites barbares et vous y verrez la violence, tous les crimes déchaînés, l'oppression, le sang coulant à flots, le faible opprimé, tyrannisé par le vainqueur ! Voilà l'histoire de votre civilisation ! (...) Combien de crimes atroces, effroyables ont été commis au nom de la justice et de la civilisation. Je ne dis rien des vices que l'Européen apporte avec lui : de l'alcool, de l'opium qu'il répand, qu'il impose s'il lui plaît. Et c'est un pareil système que vous essayez de justifier en France dans la patrie des droits de l'Homme !... »
Sarkozy désire transformer la campagne en un champ de bataille dans lequel la xénophobie et la haine constitueraient les thèmes principaux. Il veut ramener le débat dans le camp de la droite, imposer son vocabulaire et ses thématiques. Il procède ainsi comme la droite allemande qui a introduit le concept de "Leitkultur" allemande (culture principale ou dominante) comme instrument de campagne politique et de discrimination.
Dans les semaines à venir, les provocations venues de la droite et de l’extrême-droite vont se multiplier. La vigilance est de mise.
Actualisation du 27 septembre 2016: Patrick Buisson confirme.
Patrick Buisson, ancien conseiller très proche de Sarkozy, notamment pendant la campagne présidentielle de 2007, confirme que ce dernier aurait demandé à des élus de droite de parrainer Jean-Marie Le Pen pour qu’il puisse se présenter à l’élection présidentielle.
A en croire ce qu'écrit Buisson dans son livre "La Cause du peuple" (sic!) c'est le spécialiste des élections à l'UMP, Alain Marleix, qui aurait été chargé de trouver 50 parrainages pour le chef du Front national.
Il s'agissait ainsi de garantir un bon report de voix du FN vers Sarkozy au 2e tour.
Comme nous le montrons ci-dessous, Nadine Morano a, sur ordre de Sarkozy, directement participé à cette collecte de signatures.
Lors de la campagne présidentielle de 2012, Morano a de nouveau joué les intermédiaires entre Sarkozy et les dirigeants du FN.
Quelques jours plus tard, à la veille des élections législatives qui ont suivi la présidentielle, Morano été "piégée" par l'humoriste Gérard Dahan, se présentant comme Louis Aliot. Croyant parler au n° 2 du FN, elle avait affirmé sa disponibilité pour des magouilles de maintien ou retrait de candidats et manifesté toute sa sympathie pour Marine Le Pen.
Les trois campagnes présidentielles de Sarkozy se distinguent ainsi par leur encouragement aux thèses racistes de l'extrême-droite.
MEMORIAL 98
Marine Le Pen ne cesse de se plaindre de la difficulté à réunir les 500 parrainages d’élus nécessaires à sa présentation officielle comme candidate à la présidentielle. Elle menace l’UMP de représailles si elle ne parvenait pas à obtenir ces parrainages. Mais en réalité il y a fort à parier que l’UMP et Sarkozy donneront des consignes pour que des élus de leur mouvement fournissent ces signatures.
C’est en tout cas ce qui s’est passé en 2007. Face à la même situation et aux mêmes menaces, l’UMP a collecté des parrainages et les a transmis à Jean-Marie Le Pen. La plus sarkozyste des dirigeantes de la droite, Nadine Morano, a elle-même sollicité des maires de son département et s’est chargée personnellement de les transmettre. Nous publions l’article du Canard Enchaîné daté du 11 Avril 2007 qui mentionne ce fait. Morano n’a jamais démenti cette publication, ni recouru à une procédure judiciaire pour diffamation, alors qu’elle en est particulièrement friande.
L'article ci-dessus indique:
"En Meurthe-et-Moselle, par exemple, Nadine Morano, en bon petit soldat, réunit des maires ruraux début mars (2007)…nous étions cinq ou six à être désignés pour signer en faveur de Le Pen. Nadine nous a demandé d’envoyer nos parrainages non pas directement au Conseil constitutionnel, mais au siège du comité de soutien départemental de l’UMP. C’est elle, ensuite, qui les a emmenés à Paris raconte l’un d’eux"… »
Morano représente la quintessence du sarkozysme ; elle agit sur ordre et ne prend pas d’initiatives incontrôlées. Elle a été une des plus ferventes tenantes de la campagne sur « l’Identité nationale ». Elle avait choisi de s’exprimer à l’occasion de ce « débat » dans la commune de Charmes, dans le département des Vosges. Cette commune avait été sélectionnée par l’organisateur de la soirée, le député (UMP) Gaultier, parce qu’elle est la ville natale de l’écrivain Maurice Barrès, symbole du nationalisme d’extrême-droite, antisémite et antidreyfusard enragé. Lors de ce débat, le président de l’association « Mémoire de Barrès » avait été invité à s’exprimer comme “grand témoin”. Il a défendu le “nationalisme de Barrès” par opposition au “cosmopolitisme “. Pour éclairer ce nationalisme, rappelons que Barrès affirma notamment après que la justice ait reconnu que les « preuves » contre Dreyfus étaient fausses, en 1902: "Je n'ai pas besoin qu'on me dise pourquoi Dreyfus a trahi. Que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race… (In Maurice Barrès "Ce que j'ai vu à Rennes).
L’appui qui sera apporté par l'UMP à la campagne du Front National ne sera pas entravé par les « rechutes » de Jean-Marie et Marine Le Pen.
Le président d’honneur du FN vient de réitérer ses propos négationnistes sur les chambres à gaz. Invité, et fort aimablement reçu dans l’émission “Zemmour et Naulleau” diffusée sur Paris Première le 13 janvier dernier, il a précisé ne pas revenir sur ses propos concernant les chambres à gaz qualifiées de « détail de l’histoire » et a ajouté, aggravant son propos : « Si ma proposition est fausse, c’est donc que la guerre mondiale est un détail des chambres à gaz »
Quant à la présidente du FN elle a choisi, en pleine campagne présidentielle de se rendre à une invitation du FPÖ, le parti autrichien d'extrême-droite. Vendredi dernier, Marine Le Pen a rencontré Martin Graf, la personnalité d'extrême-droite qui occupe actuellement les plus hautes fonctions au coeur d'un État européen: ce député du FPÖ, le parti de la liberté, est depuis 2008 vice-président du Parlement autrichien. (voir Nuit de cristal : 70 ans après(I) Terrible Autriche )
Martin Graf est un idéologue, le chef de file de l'aile la plus dure de l'extrême-droite autrichienne. Il est membre d'Olympia, une "Burschenschaft", corporation interdite aux Juifs et aux femmes et dont les membres sont chargés de véhiculer dans la société autrichienne des idées néonazies, pangermanistes, antisémites et négationnistes.
Le 6 avril 1994, l’avion transportant le président du Rwanda Habyarimana était abattu par deux missiles à son approche de l’aéroport de la capitale Kigali. Le lendemain débutait le génocide déclenché par les extrémistes du « Hutu Power » contre les Tutsi et les Hutus modérés, entraînant la mort de 800 000 personnes en trois mois.
Les auteurs du génocide s’employèrent aussitôt à dissimuler l’ampleur de leurs crimes et la nature génocidaire de leurs actes, comme l’avaient fait avant eux les auteurs du génocide des Arméniens, les nazis auteurs de la Shoah et les massacreurs de Srebenica. (voir Génocide arménien: la justice enfin?Génocide en Bosnie: début de justice aux Pays-Bas.)
Lorsque la minorité tutsi qui avait survécu revint au pouvoir au Rwanda, les génocidaires accusèrent les Tutsis d’avoir été à l’origine les auteurs de l’attentat déclencheur.
La vérité sur l’attentat du 6 avril devint ainsi cruciale pour établir les responsabilités et définir les coupables du génocide.
Grâce aux familles de l’équipage français de l’avion abattu, une instruction avait été ouverte en France et confiée au juge « anti-terroriste » Jean-Louis Bruguière. Celui-ci conclut, au terme d’une enquête partiale conduite depuis Paris, sans déplacement sur les lieux de l’attentat, à la responsabilité des rebelles tutsi (FPR) ; il lança des mandats d’arrêt internationaux contre de hauts responsables du FPR au pouvoir à Kigali.
Le Rwanda répondit en rompant ses relations diplomatiques avec la France puis en procédant à la rédaction d'un rapport officiel sur le rôle de la France au Rwanda à l'époque du génocide (Commission Mucyo). Entre temps, avec les conclusions du rapport Bruguière, les thèses négationnistes se renforcent et obtiennent une sorte de droit de cité dans le discours public, notamment français. L’attribution au FPR de la responsabilité de l’attentat du 6 avril a servi depuis 18 ans à protéger des questions embarrassantes les dirigeants politiques de cette époque de cohabitation : F. Mitterrand, Balladur, Léotard, Juppé, Roussin, Hubert Védrine, les responsables militaires et tous les officiels ayant joué un rôle dans la complicité militaire, politique, diplomatique et financière de la France dans le génocide.(voir France-Rwanda: escalade et négation)
Bruguière parti à la retraite après avoir tenté une carrière politique dans les rangs de l’UMP, son successeur, le magistrat anti-terroriste Marc Trévidic est chargé de clore le dossier.
Avec la magistrate Nathalie Poux, il décide alors de reprendre toute l’enquête et se donne pour cela les moyens intellectuels, techniques et humains nécessaires. Il réalise un déplacement au Rwanda sur les lieux même de l’attentat, accompagné d’experts : trois spécialistes en aéronautique, deux géomètres, un balisticien et un acousticien. Cette équipe analyse les débris de l’avion et les témoignages recueillis sur la chute de l’avion mais aussi sur le bruit et la lumière signalant le lancement des deux missiles.
Les conclusions de rapport, qui ont été rendues publiques mardi 10 janvier à Paris, établissent que les deux missiles ont été tirés depuis le camp militaire de Kanombe contrôlé par des ultras du régime, recherchant à tout prix le basculement du Rwanda dans la guerre civile et la liquidation des Hutus modérés et des Tutsis. Le rapport démontre aussi que les missiles n’ont pas pu être tirés depuis la ferme de la colline de Masaka occupée par des rebelles tutsi.
Cette vérité établie a une conséquence historique et politique considérable.
En prouvant que les rebelles tutsi n’ont pas de responsabilité dans l’attentat, elle détruit la thèse négationniste qui voulait que la preuve de la culpabilité tutsi du génocide soit apportée par leur responsabilité dans l’attentat du 6 avril 1994. Cette vérité établie possède une autre conséquence, capitale elle aussi, en ce que la planification du génocide par les extrémistes hutus s’impose dans son organisation criminelle. La préparation du génocide avait été accompagnée d’une violente campagne symbolisée par les dénonciations de la radio « Mille Collines », organe des génocidaires.
L’enquête précise du juge Trévidic inflige ainsi une double défaite aux négationnistes du génocide rwandais. Mais ces derniers n'ont pas tardé à réagir en portant le soupçon sur les méthodes et les experts, et en suggérant qu'il s'agît là d'une opération politique.
La lutte contre les négationnistes et leurs défenseurs a nécessité un travail d’enquête et d’établissement d’un constat rigoureux. Les faits existent, et notamment les 800 000 morts commises en vertu d’une injonction et d’une réalisation génocidaires. La connaissance de cette histoire est particulièrement essentielle en France, dont le rôle à cette époque au Rwanda est encore dissimulé derrière la raison d’Etat et le « secret défense »
Avec les associations qui combattent pour la vérité sur ce génocide, nous demandons la poursuite de l’instruction des juges Trévidic et Poux ainsi que :
-La levée du secret défense sur tous les documents concernant l’implication française au Rwanda, y compris les archives de l’Elysée,
- L’indépendance de la justice et l’arrêt des pressions politiques sur les juges notamment le juge Trévidic soumis à un harcèlement de sa hiérarchie
-Une commission d’enquête parlementaire sur l’implication politique et militaire française.
Nous signalons la réédition du livre « Survivantes » sur le génocide rwandais coécrit par Esther Mujawayo et Souâd Belhaddad (éditions Metispresse)
Le 4 juin1989 demeure le symbole d'un immense mouvement démocratique noyé dans la brutalité la plus extrême. Lors du 30e anniversaire du massacre de la place Tienanmen, les représentants de la dictature continuent à défendre ce massacre qui représentait selon eux"l'attitude correcte à adopter" voir ici
Mise à jour du 23 décembre 2017: nouvelles et terribles révélations sur l'ampleur de la répression en juin 1989 lors des manifestations pour la démocratie en Chine. Dix mille morts en une nuit, des cadavres "en pâte" sous les blindés et des manifestants achevés à la baïonnette par l'armée, confirmant ainsi les photos prises sur place et publiées il y a quelques mois (voir ci-dessous)
Ces informations sont rendues publiques au moment où un couple d'artistes, Hu Jiamin et son épouse ne donnent plus de nouvelles depuis une semaine, après avoir exposé en Chine une œuvre en hommage au prix Nobel de la paix Liu Xiaobo. Le 15 décembre, Hu Jiamin et Marine Brossard sont parvenus à exposer une fresque montrant une chaise vide devant des barreaux, à l'entrée d'une exposition dans la grande ville de Shenzhen, avant que les autorités ne recouvrent complètement cette œuvre, ont indiqué des témoins à l'AFP. Mise à jour: les deux artistes ont été libérés au bout de quelques jours.
La chaise vide évoque la mémoire de Liu Xiaobo, le dissident enfermé par le régime communiste pendant huit ans pour avoir réclamé la démocratie en Chine. Dans l'impossibilité de se rendre en Norvège pour recevoir son prix en 2010, il avait été représenté à la cérémonie par une chaise vide. Il est décédé en détention en juillet dernier. Rappelons qu'au cours de leur conférence de presse conjointe à Paris le 14 juillet, Donald Trump et Emmanuel Macron, interrogés par un journaliste chinois sur leurs impressions à propos du "président" chinois (non élu) Xi Jipeng, ont tous deux célébré « un des grands leaders de notre monde » (M. Macron), « un ami, un leader de talent, un homme très bon » (M. Trump), mais n’ont pas eu un mot pour dénoncer la mort d’un Prix Nobel de la paix en détention. Emmanuel Macron s'est contenté d'un tweet de 131 signes pour réagir après la mort de Liu.
Neuf clichés exceptionnels d’un étudiant chinois qui a photographié la violence de la répression de juin 1989 à Tiananmen
Dix mille morts en une nuit, des cadavres "en pâte" sous les blindés et des manifestants achevés à la baïonnette par l'armée . Vingt-huit ans après les faits, une archive officielle britannique consultée par l'AFP, livre un récit de la répression de la place Tiananmen, à Pékin, en juin 1989.
Cette révélation rouvre le débat sur le bilan exact et toujours incertain de la répression sanglante survenue dans la nuit du 3 au 4 juin, à l'issue de sept semaines de manifestations pour la démocratie en Chine.
Dix fois plus de morts que le bilan officiel
Le 5 juin 1989, Alan Donald, ambassadeur du Royaume-Uni à Pékin, conclut un télégramme secret adressé à son gouvernement par la phrase suivante : "estimation minimale des morts civils 10 000". Ce document des Archives nationales britanniques révèle ainsi une estimation presque dix fois plus élevée que les évaluations admises communément à l'époque et qui faisaient généralement état de plusieurs centaines à plus d'un millier de morts.
"Je pense que c'est fiable", a déclaré à l'AFP l'ancien leader étudiant chinois Xiong Yan, désormais naturalisé américain. L'estimation est également jugée crédible par le sinologue français Jean-Pierre Cabestan, qui rappelle que des documents publiés ces dernières années aux Etats-Unis ont abouti au même ordre de grandeur. "Cela fait deux sources assez indépendantes qui disent la même chose".
Le régime chinois, qui impose un tabou absolu sur cette période, avait de son côté affirmé fin juin 1989 que la répression des "émeutes contre-révolutionnaires" avait fait 200 morts chez les civils et "plusieurs dizaines" du côté des forces de l'ordre.
L'ancien leader étudiant Feng Congde, établi aux Etats-Unis, évoque quant à lui un autre télégramme envoyé trois semaines plus tard par l'ambassadeur Donald ramenant alors le nombre de morts entre 2 700 et 3 400. Lui juge cette estimation "assez fiable", relevant qu'elle recoupe celle faite à l'époque par la Croix-Rouge chinoise (2 700 morts) et par les comités étudiants eux-mêmes auprès des hôpitaux.
Les manifestants "taillés en pièces"
Le rapport de Donald livre un témoignage de la violence qui s'est déchaînée dans la nuit du 3 au 4 juin, lorsque l'armée a entamé son avance en direction de la place Tiananmen, cœur du pouvoir dictatorial, occupée par les manifestants.
"Les blindés de transport de troupes de la 27e armée ont ouvert le feu sur la foule (...) avant de lui rouler dessus", écrit-il.
L'ambassadeur cite pour source une personne dont le nom est caché mais qui a obtenu ses informations d'un "ami proche, actuellement membre du Conseil d'Etat", le gouvernement chinois. Une fois les militaires arrivés place Tiananmen, "les étudiants ont cru comprendre qu'ils avaient une heure pour évacuer, mais après seulement cinq minutes, les blindés ont attaqué", rapporte Alan Donald. Les manifestants "ont été taillés en pièces".
Les blindés ont ensuite "roulé sur les corps à de nombreuses reprises, faisant comme une 'pâte' avant que les restes soient ramassés au bulldozer. Restes incinérés et évacués au jet d'eau dans les égouts", rapporte-t-il en style télégraphique.
"Quatre étudiantes blessées qui imploraient d'être épargnées ont reçu des coups de baïonnette", ajoute l'ambassadeur, avant d'évoquer des ambulances militaires qui "ont essuyé des coups de feu alors qu'elles tentaient d'intervenir".
Les exactions sont imputées principalement à la 27e Armée, composée de soldats originaires de la province du Shanxi (nord). Elle est commandée par Yang Zhenhua, neveu de Yang Shangkun, alors "président de la République populaire de Chine" poste honorifique en couverture de la dictature.
Selon le document, la répression a engendré des tensions au sein de l’armée, le commandant militaire de la région de Pékin refusant de fournir nourriture et casernes aux soldats venus des provinces pour ramener l’ordre.
Il est temps que toute la lumière soit faite sur le massacre de Tienanmen et sur la répression qui l'a suivi, et que soient jugés ceux qui ont ordonné et commis ce massacre.
Malgré les preuves irréfutables, le régime dictatorial chinois empêche toujours toute discussion publique sur Tienanmen, 28 ans après cette grande révolte démocratique. Il est aidé en cela par le lâche silence des gouvernements qui tressent des lauriers au régime chinois afin de développer leurs relations commerciales
Memorial 98
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Le 5 juin 1989, au petit matin, des étudiants sont morts sous les chars à deux pas de la place Tiananmen, sur l’avenue de la Paix céleste. Ils étaient les derniers à avoir évacué la place, reculant devant l’avancée des troupes. Ils faisaient partie d’un groupe de quelques dizaines de jeunes gens, épuisés mais pas abattus, poussant leurs vélos et emportant leurs banderoles fatiguées.
Ils ont quitté la place Tiananmen par une petite rue latérale et venaient de rejoindre l’avenue de la Paix céleste (Chang’an en chinois), quand trois chars ont surgi des nuages de fumée et foncé vers eux. Tout ceux qui n’ont pas eu le temps ou la force de sauter les barrières métalliques bordant la chaussée ont été écrasés sous les chenilles. Puis les chars ont continué leur route, laissant au bord du trottoir une scène d’apocalypse.
L’un de ces étudiants était occupé à photographier la séquence historique de la retraite de son groupe. Il a eu la chance d’échapper au carnage. Malgré l’horreur, il a continué à prendre des photos. Plus tard, il a développé clandestinement sa pellicule et annoté les tirages à la main.
Je l’ai rencontré quelques semaines plus tard. Il avait appris par des relations communes que je rentrais en France et m’a demandé si j’étais d’accord pour emporter ses tirages. Il n’avait trouvé aucun autre moyen de rendre ces images publiques car, depuis le 4 juin, un contrôle très sévère s’était abattu à tous les postes-frontières.
En août 1989, j’ai rapporté en France ce mince paquet de photos.
Voici la série des neuf photos qui racontent, presque minute par minute, cet épisode tragique.
Ursula Gauthier.
Actualisation 5 juin 2016 :
27 ans après la révolte et la répression de Tienanmen, la dictature au pouvoir en Chine empêche toujours toute commémoration ou même mention de ces évènements. Le 1er juin le collectif des Mères de Tiananmen - des parents, amis et proches des victimes - publie une lettre, où il fait état du harcèlement policier dont ses membres font l’objet. Il demande à la population de ne pas oublier.
« Une terreur blanche ». C’est de cette manière que les Mères de Tiananmen décrivent ces 27 années de harcèlement policier. Près de trois décennies à être suivies, surveillées, détenues, leurs ordinateurs fouillés et confisqués, sans parler des fausses accusations et des menaces.
Cette année, les forces de l’ordre ont annoncé que les visites à la fondatrice du groupe, Ding Zilin, seraient restreintes du 22 avril au 4 juin, le jour anniversaire de la répression. Le fils de cette femme malade, aujourd'hui âgée 80 ans, avait été tué en 1989 d’une balle dans le cœur sur la place Tiananmen.
Nous saluons le courage et la détermination de ces combattantes ainsi que de toutes celles et ceux qui résistent à la dictature et combattent pour la liberté, le justice sociale, la démocratie..
Pour les opposants chinois, l'année 2011 aura été l'une des pires depuis la répression de Tienanmen en 1989. La combinaison des révolutions dans le monde arabe et des luttes internes avant la passation de pouvoir à la tête de l'Etat prévue pour l'automne 2012 a conduit à ce tournant sécuritaire. Lors de la révolte en Tunisie dite « révolte du jasmin » les appels sur la toile chinoise reprenant ce terme ont poussé la police politique à censurer le mot "jasmin". Des recherches menées sur le site chinois Weibo (équivalent de Twitter) pour des messages contenant le mot "jasmin" n'ont donné aucun résultat. Le site du principal moteur de recherche chinois Baidu indiquait même que cette recherche était impossible en raison de la loi et de la réglementation. La répression se poursuite au début de cette nouvelle année.
Le régime chinois vient d’emprisonner à nouveau un de ses dissidents les plus connus, l’avocat Gao Zhisheng, dans la province excentrée du Xinjiang, elle-même soumise à une forte pression policière en raison de la mobilisation des habitants OuÏgours (voir Ouïgours : révolte et massacre)
C’est qu’indiquent, ce 1er janvier, son frère et une association de défense des droits de l'homme ; c’est la première indication depuis 20 mois sur son lieu d'enfermement.
L’avocat Gao, qui a défendu des chrétiens contestataires et des mineurs de charbon, avait été arrêté en février 2009 par les autorités qui lui avaient interdit de communiquer. Il avait été brièvement libéré en mars 2010, puis avait à nouveau disparu.
Le gouvernement chinois profite souvent des fêtes de fin d'année pour réprimer la dissidence, en essayant de s'éviter les protestations, pourtant fort modérées, des chancelleries occidentales. Ainsi, ces derniers jours, après la condamnation de Chen Wei à neuf ans de prison, vendredi 23 décembre, le procès d'un autre opposant s'est terminé deux heures et trente minutes après s'être ouvert, lundi 26 décembre au matin, à Guiyang, dans le sud du pays. Chen Xi était jugé pour "incitation à la subversion du pouvoir de l'état" en raison de 36 écrits fustigeant l'Etat-Parti. Verdict : dix ans de prison ferme, selon l'organisation China Human Rights Defenders (CHRD).
Chen Xi, 57 ans, est un vétéran de la dissidence. Il a déjà été emprisonné pendant trois années au lendemain du soulèvement de Tienanmen, en 1989, avant de purger une deuxième peine, de 1995 à 2005. Depuis sa libération, il animait une association de défense des droits de l'homme dans sa province, le Guizhou. Il militait récemment pour que des candidats indépendants du Parti puissent se présenter lors des élections locales. Cette prise de position lui avait valu une assignation à résidence et la confiscation de son matériel informatique. Contacté le 29 novembre par la sécurité publique pour aller récupérer son ordinateur, il s'est vu notifier son arrestation au poste de police.
Trois jours avant cette condamnation, le 23 décembre, c'est une cour de justice de Suining (province du Sichuan) qui avait condamné un autre dissident historique, Chen Wei, à neuf années d'emprisonnement. Selon l'acte d'accusation, il lui était reproché d'avoir rédigé, depuis le mois de mars 2009, quatre articles aux titres explicites tels que "La maladie du système et le remède de la démocratie constitutionnelle".
A l'issue d'un procès expéditif – environ deux heures et demie également–, le juge n'avait pas laissé Chen Wei prendre la parole pour lire un texte intitulé "Conte de fée dans le désert ».
Cette vague de condamnations n'est pas inédite : en 2009, déjà, Pékin avait profité de Noël pour condamner à onze années de détention Liu Xiaobo, auteur de la Charte 08 appelant à des réformes démocratiques, couronné par le prix Nobel de la paix en 2010.(voir Chine : le silence complice de Sarkozy) Le gouvernement semble penser que les fêtes de fin d'année aideront à détourner l'attention des Occidentaux.
En 2011 le pouvoir a inauguré de nouvelles formes de mise à l’écart. Des dizaines de personnes ont été détenues, souvent dans des "prisons noires", des chambres d'hôtels ou appartements coupés du monde, hors de tout cadre juridique. La dictature traque particulièrement les avocats. L'avocat aveugle Chen Guangcheng est assigné à résidence, hors de portée des visiteurs
Depuis 22 ans, le gouvernement chinois continue d'étouffer toute information sur le massacre de Tienanmen et à persécuter les survivants, les proches des victimes, et toute personne qui conteste la version officielle des événements de juin 1989.(voir Chine: la défaite, 20 ans après) La répression des manifestants de la place de Tienanmen ainsi que la politique qui a suivi ont ouvert la voie à l'actuelle vague de répression « préventive » contre les activistes et opposants dans la foulée des soulèvements populaires au Moyen-Orient.
Quelques semaines seulement après l'attribution du Prix Nobel de la Paix à l'écrivain dissident Liu Xiaobo en décembre 2010, les dirigeants chinois ont commencé une offensive contre ceux qui osent les critiquer. Depuis le 16 février 2011, des dizaines d'avocats, de militants de la société civile, et de blogueurs ont été arrêtés sur des accusations criminelles par les autorités publiques, tandis qu'au moins 20 autres personnes ont été victimes de disparitions forcées. Le gouvernement a également renforcé la censure de l'Internet, contraint à la démission plusieurs rédacteurs de journaux ayant exprimé des points de vue libéraux, et imposé de nouvelles restrictions aux journalistes étrangers à Pékin.
Les Mères de Tienanmen sont rassemblées dans une association de parents de victimes du massacre de Tienanmen qui a établi une liste d'au moins 203 personnes tuées lors de la répression de juin 1989. Elle ont publié un communiqué le 31 mai selon lequel « la situation depuis février 2011 est la pire depuis le 4 juin 1989 ».
Les nombreuses grèves, les manifestations locales contre la corruption et l’accaparement des terres par les officiels du Parti les suicides d’ouvriers, les immolations de moines témoignent d’une situation très tendue.
Alors même qu’une délégation de la Ligue Arabe est censée faire appliquer un arrêt de la répression, le massacre se poursuit à Homs et dans d’autres villes. Les « observateurs » détournent les yeux, refusent de se rendre dans les quartiers les plus soumis aux tueries. Ils se déplacent dans des véhicules fournis par le régime et laissent celui organiser les mises en scène dont il est coutumier.
Depuis le 15 mars dernier et le début de la révolte, il y a des milliers de morts dont des centaines d’enfants, des milliers de disparus, des tortures à n’en plus finir.
Cela suffit maintenant.
La dictature syrienne est soutenue par le régime iranien, par Poutine, bourreau du peuple tchétchène, désavoué par les électeurs malgré le bourrage des urnes, par la dictature chinoise.
Elle est aussi soutenue par l’extrême-droite raciste et antisémite qu’elle et le régime iranien reçoit et finance largement. Les membres de l’entourage de Marine Le Pen (cf link) les Soral, Dieudonné sont mobilisés pour la défense du régime assassin. Hélas, on retrouve aussi dans ce cas des gouvernements progressistes d’Amérique Latine et Chavez, qui croient montrer ainsi leur engagement anti-impérialiste.
Les associations, les partis de gauche ne peuvent pas laisser un peuple se faire massacrer en direct ;ils peuvent contraindre gouvernement français, le Parlement qui vient de voter une loi contre le négationnisme, à prendre leurs responsabilités.
Avec les associations syriennes, nous vous proposons déjà d’envoyer déjà des courriers de protestation contre la répression et pour exiger la fin des massacres à l’adresse suivante :