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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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Pour correspondre avec nous, nous proposer des articles ou des informations,

pour toute question : 

contact@memorial98.org

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6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 15:16

Nous rendons hommage à Clément Méric, militant antifasciste, étudiant à Sciences Po où il militait au syndicat Sud, qui  a été tué hier en plein Paris par un groupe de militants d’extrême droite manifestement lié au groupe JNR (Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires).

Violemment frappé au sol, il a été déclaré en état de mort cérébrale à l’hôpital Salpetrière.

Nous adressons nos condoléances à sa famille et ses camarades.

Nous en appelons aux organisations antiracistes, aux syndicats et aux partis de gauche afin qu’ils organisent ensemble des manifestations de grande ampleur dans toutes les villes du pays pour affirmer la force et la détermination du combat contre l’extrême-droite.

Dans l’immédiat nous appelons à participer aux différentes initiatives prévues et demandons qu’elles revêtent un caractère unitaire et rassembleur.

Le crime d’hier est lié au contexte politique de radicalisation à droite que nous avons mis en lumière ces dernières semaines, notamment autour des manifestations contre le mariage pour tous et de l’« auto-exécution » de Dominique Venner (voir  Peste brune : non à la parade de l'extrême-droite le 12 mai .

Après les manifestations du 12 mai : poursuivre la mobilisation.

Un suicide pour appeler à la violence.)

Les groupes les plus radicaux se sont sentis galvanisés par l'élan violent des manifestations homophobes de la "Manif pour tous"  et de la cohabitation droite-FN, symbolisée par la présence de Gilbert Collard au premier rang des cortèges au côté des députés UMP. Dans la foulée, l’extrême-droite n'hésitait pas à passer à l'attaque physique contre les manifestations ou les militants: le 1er mai dernier, un cortège en hommage à Brahim Bouaram, lui-même assassiné par des bonheads issus d’un défilé du Front National le 1er mai 1995, a été attaqué par une quarantaine de néo-fascistes armés. Les forces de police présentes sur place ont fait preuve de passivité et ont laissé l’attaque se dérouler, intervenant uniquement quand les antifascistes ont commencé à riposter.

ll ne s’agit pas ici de « groupuscules » sans importance ou anecdotiques: ces groupes sont parfaitement intégrés et tolérés, aussi bien dans les manifestations homophobes soutenues par l'UMP que  dans les défilés du FN « dédiabolisé". C'est bien au sein du défilé du FN du 1er mai, au vu et au su de son service de sécurité, qu'ont par exemple été diffusées et collées des affiches comportant l'adresse personnelle de journalistes et d'intellectuels désignés comme les cibles à abattre.

Depuis des mois, c'est le laisser faire quasi-total, alors que se multiplient les actes de violences contre les membres des « minorités », ainsi que les attaques signées d'une croix gammée, d'une croix celtique, du sigle du GUD ou des Jeunesses Nationalistes contre les lieux de culte, les locaux associatifs ou politiques. Ainsi  lors des manifestations homophobes contre le mariage pour tous, les divers groupes fascistes  et intégristes s'en sont donnés à cœur joie dans le style du fantasme de  « Février 1934 ». 

Partout en Europe, l'ascension de l'extrême-droite « légale » va de pair avec celle des courants qui prônent ouvertement la violence et assument publiquement l'héritage des fascismes du XXe siècle.

Partout en Europe, la dédiabolisation de l'extrême-droite légale va de pair avec la tolérance sur les agissements de l'extrême-droite radicale et violente, présentée par les pouvoirs publics, de droite ou hélas de gauche comme un « épiphénomène ».

En France comme ailleurs,ces deux branches de l'extrême-droite sont liées organiquement et au quotidien : ainsi le mercredi 15 mai, l'invité de « 3ème Voie » au local parisien de Serge Ayoub, responsable des fameuses Jeunesse nationalistes révolutionnaires (JNR) mises en cause dans l'assassinat d'hier, est Robert Ménard, journaliste reçu sur de nombreuses chaînes de télé et de nombreux médias radiophoniques. Il annoncé sa probable candidature aux municipales à Béziers, dans le cadre du Rassemblement Bleu Marine, censé constituer l'aile « modérée » du FN.

 Après le « suicide » de Dominique Venner,  la réaction immédiate de Marine Le Pen a consisté à revendiquer une continuité avec le théoricien fasciste le plus marquant de la période d’après-guerre en déclarant: «Tout notre respect à Dominique Venner dont le dernier geste, éminemment politique, aura été de tenter de réveiller le peuple de France.». Des responsables de la droite de l’UMP comme Thierry Mariani mais aussi Hervé Mariton, héraut parlementaire du combat contre le mariage pour tous ont eux aussi rendu hommage à Venner, en passant sous silence son engagement fasciste enraciné. Nous avions mis en garde sur l’appel à la violence que constituait cet acte mis en scène.

La démocratie, c'est la protection du droit de chacun à vivre en paix ; elle ne consiste à pas autoriser les appels à la violence contre une partie de la population, même sous couvert de liberté d'expression. Ça suffit. Nous refusons de vivre dans la peur des violences qui entourent ces défilés de la haine.

Nous exigeons des pouvoirs publics qu'ils mettent un terme à cette agitation haineuse permanente et qu'ils prennent les mesures nécessaires pour rendre l'espace public à tous et à toutes.

Nous demandons à toutes les  organisations progressistes et antiracistes et notamment aux plus importantes d’entre elles de prendre la mesure de la gravité de la situation et de  mobiliser en conséquence.

 Nous continuerons à ne rien laisser passer, à dénoncer inlassablement l’extrême-droite et ses idées de xénophobie et de haine, à montrer au gouvernement de gauche que celles et ceux qui l'ont porté au pouvoir n'acceptent pas les parades fascistes comme un mal nécessaire.

(voir aussi Premier mai: agir contre la xénophobie en Europe.

Néo-nazisme: procès explosif à Munich.)

 

MEMORIAL 98

 

 

 

 

 

 

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23 mai 2013 4 23 /05 /mai /2013 01:21

 

 

La mise à mort spectaculaire et théâtralisée exécutée sur lui-même par le vétéran  fasciste Dominique Venner en pleine cathédrale Notre-Dame à Paris revêt un caractère particulier. Il s'inscrit dans une période de radicalisation à droite et à l’extrême-droite, notamment dans les manifestations contre le mariage pour tous.

C’est d’ailleurs aux manifestants LMPT du 26 mai et particulièrement aux plus jeunes d’entre eux que s’adresse son dernier article, publié sur son blog quelques heures avant de se tirer une balle dans la bouche, et dont nous reproduisons ici une partie.

Il est important de consulter cette prose et d’analyser les thèmes qu’elle porte, à commencer par le « blogueur algérien » qui l’ouvre et qui constitue une référence directe au long combat de Venner pour l’Algérie Française, y compris dans sa version terroriste de l’OAS : 

 Extrait:  « La manif du 26 mai et Heidegger

Les manifestants du 26 mai  ( contre Le Mariage pour tous) auront raison de crier leur impatience et leur colère. Une loi infâme, une fois votée, peut toujours être abrogée.

Je viens d’écouter un blogueur algérien: « De toute façon, disait-il, dans quinze ans les islamistes seront au pouvoir en France et il supprimeront cette loi ». Non pour nous faire plaisir, on s’en doute, mais parce qu’elle est contraire à la charia (loi islamique).

C’est bien le seul point commun, superficiellement, entre la tradition européenne (qui respecte la femme) et l’islam (qui ne la respecte pas). Mais l’affirmation péremptoire de cet Algérien fait froid dans le dos. Ses conséquences serraient autrement géantes et catastrophiques que la détestable loi Taubira.

Il faut bien voir qu’une France tombée au pouvoir des islamistes fait partie des probabilités. Depuis 40 ans, les politiciens et gouvernements de tous les partis (sauf le FN), ainsi que le patronat et l’Église, y ont travaillé activement, en accélérant par tous les moyens l’immigration afro-maghrébine. Depuis longtemps, de grands écrivains ont sonné l’alarme, à commencer par Jean Raspail dans son prophétique "Camp des Saints" dont la nouvelle édition connait des tirages record.

Les manifestants du 26 mai ne peuvent ignorer cette réalité. Leur combat ne peut se limiter au refus du mariage gay. Le « grand remplacement » de population de la France et de l’Europe, dénoncé par l’écrivain Renaud Camus, est un péril autrement catastrophique pour l’avenir.

Il ne suffira pas d’organiser de gentilles manifestations de rue pour l’empêcher. C’est à une véritable « réforme intellectuelle et morale », comme disait Renan, qu’il faudrait d’abord procéder. Elle devrait permettre une reconquête de la mémoire identitaire française et européenne, dont le besoin n’est pas encore nettement perçu.

Nous entrons dans un temps où les paroles doivent être authentifiées par des actes. Il faudra certainement des gestes nouveaux, spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences, secouer les consciences anesthésiées et réveiller la mémoire de nos origines… »

En allant à l’essentiel, le message de Venner se résume à un thème unique : contre l’ « envahissement » par les musulmans, une nouvelle croisade débute (et dans son propre cas se poursuit depuis des dizaines d’années) ; il faut  donc « agir » c’est-à-dire utiliser la violence, les armes.

 

Dans sa situation particulière (âge, état de santé), il choisit de se supprimer lui-même afin de donner l’exemple et d’inciter à dépasser les « gentilles manifestations de rue »

Malgré des circonstances tout à fait différentes, l'acte de Venner fait penser au massacre mis en oeuvre par Anders Breivik en Norvège (voir Norvège : comprendre l’horreur.) 

Leur idées étaient fort ressemblantes, elles portaient sur l'"envahissement" de l'Europe par des populations immigrées et la lutte contre le « multiculturalisme ».

 

On notera d’ailleurs la mise en garde de l'avocat norvégien qui a accepté de défendre Breivik, Geir Lippestad. En tant qu’avocat et que membre du parti social-démocrate, il a défendu le droit de l'extrémiste à s'exprimer, estimant que le débat ouvert reste l'arme la plus efficace contre son discours. Lippestad s'inquiète, dans un livre récent, de voir le tueur d'Oslo devenir un "personnage culte". Il écrit : "…Quand on voit des images de Russie, des Etats-Unis, d'Angleterre, d'Allemagne, de Grèce, de Suède et d'autres pays où il a des supporters, Breivik est indubitablement en train de devenir un modèle qui peut influencer d'autres personnes à avoir des pensées, des idées et des projets qui à terme peuvent muer des jeunes gens en terroristes et non pas en citoyens respectueux de la loi"

On notera à ce propos que le dernier ouvrage paru de Dominique Venner a été publié l'an dernier par Pierre Guillaume de Roux, éditeur qui s'était fait connaître en publiant aussi en août 2012 l'Eloge littéraire d'Anders Breivik, essai polémique de Richard Millet présentant favorablement le tueur norvégien d'extrême-droite. 

Dominique Venner devait publier en juin chez ce même éditeur  son prochain livre, intitulé Un samouraï dOccident, Le bréviaire des insoumis.

Il est probable que ceux, qui dans les mouvances radicales de droite, ont la sensation de vivre un combat historique contre la « décadence » prendront au sérieux cet appel et chercheront à s’initier aux thèmes développés par Venner

Notons ainsi que les oeuvres d'un autre fasciste suicidé, l'écrivain Drieu la Rochelle, qui fut membre du parti pro-nazi PPF de Jacques Doriot (dont fut également membre le père de Dominique Venner) se diffusent bien au-delà des cercles d'extrême-droite, soixante ans après sa mort. L'aura romantique lié à son suicide le 15 mars 1945, à la fin de la guerre,  participe à ce succès.

Il y a fort à parier d'ailleurs, que parmi les motivations de Venner, figurait aussi celle de laisser un nom dans l'Histoire, et de ne pas être confiné à ce qu’il fut longtemps, c’est-à-dire une éminence grise uniquement connue des historiens spécialisés et de sa propre mouvance politique.

Dominique Venner a joué un rôle crucial à l'extrême-droite. Il fonde en 1954, avec Pierre Sidos, symbole pétainiste, le mouvement ultra-violent "Jeune Nation". Ce mouvement s’investit totalement dans le combat pour l'Algérie française et se fait dissoudre le 15 mai 1958. Ses militants rejoignent l'OAS. Dominique Venner et Pierre Sidos seront incarcérés. En 1963, à sa sortie de prison, il fonde le mouvement "Europe-Action" qui aura une influence déterminante sur la Fédération des étudiants nationalistes (FEN), la matrice dont sortira le groupe Occident.

Déjà à cette époque Dominique Venner exerce un magistère intellectuel sur de futurs cadres de l'extrême droite de la fin des années 1960, qui se nomment François d'Orcival (Valeurs actuelles), Alain Madelin, Gérard Longuet . Il fut ensuite l’inventeur et l’esprit central de la Nouvelle Droite dans les années 1970, qui prône l'anti-égalitarisme et l'opposition au multiculturalisme. Il a joué un rôle important dans le GRECE, chargé de diffuser la pensée racialiste d’extrême-droite dans les milieux politiques et intellectuels et qui fut notamment à l’origine des initiatives contre le droit du sol (voir sur ce thème Copé : au-delà de la provocation )

Les élégies complaisantes à propos de Venner n’ont pas tardé. Elles rendent compte des vieilles solidarités qui ont vu des militants d’extrême-droite investir des journaux comme Le Figaro. Mais l’élément essentiel est lié au contexte politique de radicalisation à droite que nous avons mentionnée. C’est ainsi que s’explique la réaction immédiate de Marine Le Pen, qui consiste à revendiquer une continuité avec le théoricien fasciste le plus marquant de la période d’après-guerre en déclarant: «Tout notre respect à Dominique Venner dont le dernier geste, éminemment politique, aura été de tenter de réveiller le peuple de France.».

Des responsables de la droite de l’UMP comme Thierry Mariani mais aussi Hervé Mariton, hérault parlementaire du combat contre le mariage pour tous, ont eux aussi rendu hommage à Venner, en passant sous silence son engagement fasciste enraciné.

La période actuelle nécessite un combat de fond contre les idées et les forces d’extrême-droite. Nous y prenons notre place; voir notamment les textes ci-dessous

Peste brune : non à la parade de l'extrême-droite le 12 mai

Après les manifestations du 12 mai : poursuivre la mobilisation.

Antifascisme: regroupement des forces

Hitler ? Pff, une banalité ! ... par Souâd Belhaddad

Copé: le visionnaire facho.

Nationalité : Copé et l’UMP en embuscade.

Marine Le Pen récidive déjà.

Le Pen : l’antisémitisme jusqu'au bout.

Qui veut se faire piéger par Marine Le Pen ?

Succès du Front National: quelles conséquences?

Albert Herszkowicz (avec NI et BS) pour

 

MEMORIAL  98

 

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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 22:35

Cet article est publié en commun avec nos camarades du blog Opération Poulpe avec qui nous avions lancé l'appel pour le 12 mai (voir Peste brune : non à la parade de l'extrême-droite le 12 mai.) Nous vous invitons à consulter leur blog http://operationpoulpe.blogspot.fr/

 

MEMORIAL 98

 

 Sur Facebook suivez l'actualité quotidienne de la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme à l'adresse du groupe Memorial 98  http://www.facebook.com/groups/348947755137242/ .

Ainsi ces derniers jours nous avons révélé que Vialatte député-maire de Six-Fours dans le Var qui, à propos des incidents du PSG a lancé des propos xénophobes et insultants à l égard des « descendants d’esclaves », est un récidiviste proche de l’extrême-droite: en 2008, il avait organisé dans sa ville l’accueil dans une salle municipale d’un congrès rassemblant la fine fleur de l’extrême-droite et du négationnisme. Nous l’avions alors dénoncé, avec les associations locales (voir Soutenir la mobilisation contre le négationnisme! )

 

 

Ne pas laisser passer: tel était pour nous le sens de l'exigence lancée à la Préfecture de Police et à la Mairie de Paris pour qu'elles prennent les mesures nécessaires afin que néo-nazis, nostalgiques de Vichy et fascistes du 3e millénaire ne défilent pas une nouvelle fois dans le centre de Paris le 12 mai.

 

Nous ne sommes pas naïfs: en une année de gouvernement de gauche, seules deux manifestations de l'extrême-droite ont été interdites et ce en début de mandat : une à Lyon et une à Paris, toutes deux organisées par la branche jeunesse de l'Oeuvre Française, les Jeunesses Nationalistes

 

Depuis, c'est le laisser faire quasi-total, alors même que se multiplient les actes de violences contre les membres des « minorités », ainsi que les attaques signées d'une croix gammée, d'une croix celtique, du sigle du GUD ou des Jeunesses Nationalistes contre les lieux de culte, les locaux associatifs ou politiques.  Ainsi  lors des manifestations homophobes contre le mariage pour tous, les divers groupes fascistes  et intégristes s'en sont donnés à cœur joie dans le style du fantasme de  « Février 1934 ».

 

 

Cette semaine de mobilisation annuelle des groupes fascistes s’est inscrite dans ce contexte. Outre les manifestations parisiennes du 12 mai autorisées par la préfecture de Police, des actions ont été organisées le jeudi 9 mai, à Lyon, à Rennes et dans d'autres régions par les Jeunesses Nationalistes.

 

 

Les  forces de police ont bien mis en oeuvre des mesures répressives :  pas contre   les fascistes, mais contre celles et ceux qui ont, fort légitimement, tenté de s'opposer aux parades néo-nazies.

 

 Ainsi à Lyon, une contre-manifestation antifasciste le 9 mai a donné lieu à l'arrestation immédiate de 25 militantEs, dont six ont vu leur garde-à-vue prolongée après les premières 24H, tandis que leurs soutiens venus manifester au commissariat voyaient leur identité contrôlée. Pendant ce temps, les Jeunesses Nationalistes manifestaient, sous protection policière.

 

À Rennes le même jour, c'est la mobilisation des antifascistes et pas celle des pouvoirs publics qui a empêché la tenue du rassemblement des Jeunesses Nationalistes,

À Paris, la Préfecture de Police qui trouve parfaitement normal et conforme à l'ordre public de laisser défiler des milices néo-pétainistes et des jeunes gens vêtus de noir faisant le salut fasciste a infligé une garde-à-vue de 9 heures aux Femen venues déployer une banderole anti-nazie, sous le prétexte de s’être livrées à une  « exhibition sexuelle ».  On notera au passage le parallélisme de cette qualification policière et les nombreuses insultes sexistes et vulgaires proférées à l’encontre des Femen par les manifestants d'extrême-droite.

 

L’attitude des autorités face à notre appel apporte un triste démenti  à celles et ceux qui objecteraient l'existence d' « autres méthodes  plus respectueuses des règles » pour empêcher l'exhibition publique de la haine raciste, antisémite, sexiste, homophobe. En effet, notre appel a connu une diffusion  importante, à la fois sur les réseaux sociaux, sur les sites de collectifs et d'organisations antiracistes. Le journal l'Humanité a relayé notre appel dans son intégralité. Nous remercions notamment la LDH Toulon, Ras l'Front Rouen, le collectif antifasciste de Bordeaux et tant d’autres qui ont diffusé et publié cet appel . De très nombreux  mails  ont été envoyés, à la Préfecture de Police, au Ministère de l'Intérieur, au Maire de Paris. 

 

Les différentes autorités ont autorisé les différents défilés et ont de surcroît préféré opposer un silence quasi-total à nos demandes. L'exception concerne le cabinet du Maire de Paris, qui a prétendu avec une certaine hypocrisie n'être aucunement concerné par nos messages,  en nous renvoyant vers  la Préfecture de Police. Pourtant, en 2008, le Maire de Paris avait lui-même demandé au Préfet l'interdiction de ces mêmes manifestations et l’avait obtenue. Il est vrai qu'à l'époque, il s'agissait d’un  gouvernement de droite ; la dénonciation de sa complaisance face à l'extrême-droite offrait des avantages politiques plus immédiats à la veille d'élections municipales.

 

C'est grâce à la mobilisation de tous ceux qui refusent le silence et la passivité face à l'offensive fasciste que l’atmosphère peut se modifier et entraîner aussi les grandes organisations antiracistes: ainsi SOS Racisme nous a fait savoir qu’elle avait de son côté demandé l'interdiction mais sans juger utile, à notre connaissance,   de communiquer publiquement sur le sujet.

 

«  Ils n'étaient que quelques centaines, et même moins que l'année dernière » lit-on ici et là en guise de commentaire face aux parades du 12 mai.  Mais l'examen attentif de la situation dans l'Hexagone montre, certes que les néo-nazis et fascistes assumés ne sont souvent que « quelques centaines », voire « quelques dizaines » lors de leurs actions.  Mais ces actions se démultiplient sur le territoire, et  se déroulent  chaque semaine.

 

D'autres encore affirment qu'il s'agit là d'une mouvance, certes dangereuse, mais isolée. La réalité est cependant autre : les Jeunesses Nationalistes sont parfaitement intégrées aux manifestations homophobes, il arrive même, comme à Lyon le 5 mai dernier , qu’en alliance avec le GUD, elles prennent la tête d'une de ces manifestations et en chassent Frigide Barjot.

 

Partout en Europe, l'ascension de l'extrême-droite « légale », va de pair avec celle des courants qui prônent ouvertement la violence et assument publiquement l'héritage des fascismes du XXe siècle. Partout en Europe, la dédiabolisation de l'extrême-droite légale va de pair avec la tolérance sur les agissements de l'extrême-droite radicale et violente, présentée par les pouvoirs publics, de droite ou hélas de gauche comme un « épiphénomène ».

 

En France comme ailleurs, d'ailleurs ces deux extrême-droite sont liées organiquement et au quotidien : ainsi ce mercredi 15 mai, l'invité de « 3ème Voie » au local parisien de Serge Ayoub est Robert Ménard, journaliste reçu sur de nombreuses chaînes de télé et de nombreux médias radiophoniques et qui a déjà annoncé sa probable candidature aux municipales à Béziers dans le cadre du Rassemblement Bleu Marine, censé constituer l'aile « modérée » du FN.

 

 Nous continuerons à ne rien laisser passer, à dénoncer inlassablement l’extrême-droite et ses idées de xénophobie et de haine, à montrer au gouvernement de gauche que celles et ceux qui l'ont porté au pouvoir n'acceptent pas les parades fascistes comme un mal nécessaire.

 

MEMORIAL 98

OPERATION POULPE

 

 

 

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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 11:55

Cet appel est publié en commun avec nos camarades du blog Opération Poulpe; nous vous invitons à consulter leur blog http://operationpoulpe.blogspot.fr/

MEMORIAL 98

 

Sur Facebook suivez l'actualité quotidienne de la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme de Memorial 98 à l'adresse http://www.facebook.com/groups/348947755137242/ 

 

 

 

Pour relayer efficacement  cet appel auprès de la Préfecture de Police, infos en fin de texte.

 

 

Ce 12 mai, une nouvelle fois, l'extrême-droite la plus violente annonce plusieurs manifestations dans Paris.

 

Plusieurs groupes et organisations, dont certains sont ouvertement néonazis, vont en effet « commémorer » à leur manière, la mort d'un de leurs militants, survenue le 9 mai 1994 suite à une manifestation non autorisée et violente, organisée par le GUD ; pour certains d'entre eux il s’agit aussi de  rendre leur « hommage » à Jeanne d'Arc.

 

Le premier cortège  partira de la Madeleine à 10h ; il  est organisé par le groupe « 3ème Voie » son dirigeant Serge Ayoub alias « Batskin’ , a animé nombre d’organisations et de mouvances, dont certains militants ont très rapidement franchi le pas vers la violence active, voire le meurtre. Ainsi le 18 juin 1990 au Havre, le jeune James Dindoyal était empoisonné puis jeté à l'eau, avant de décéder dans d'atroces souffrances. Les responsables étaient deux membres des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires, proches de Serge Ayoub (1).

 

Aujourd'hui, Serge Ayoub et ses troupes prétendent à la respectabilité : cependant, très récemment, le 23 avril dernier  les deux militants armés venus soutenir les agresseurs homophobes du bar de Lille et interpellés par la police, ont fait référence à leur appartenance au groupe 3ème Voie (2).

 

Cette manifestation est appelée au nom de la lutte contre l’’ impérialisme ». Or, la dernière initiative de ce type (3) a rassemblé autour de 3ème Voie des organisations de défense de la dictature syrienne, organisations dont les militants ont attaqué très violemment, à Paris et ailleurs en France, des manifestations organisée par les démocrates syriens (4).

 

Cette initiative est d’ailleurs rejointe par d'autres groupes  notamment une partie des « nationalistes autonomes », belges et français, dont la dangerosité immédiate n'est plus à prouver. Ainsi, leur section  de Nancy s‘est spécialisée dans l‘agression des cibles habituelles de l'extrême-droite, membres des minorités ou des mouvements progressistes (5).

 

La seconde manifestation est appelée notamment par l'Oeuvre Française, à 10h à la Concorde. On y trouvera aussi les Jeunesses Nationalistes et le GUD. Ces trois organisations sont ouvertement pétainistes et pro-nazies. Leur propagande est faite d'un mélange extrêmement violent d'antisémitisme, de racisme, d'homophobie et de négationnisme. Les Jeunesses Nationalistes comme le GUD sont à l'origine de nombreuses agressions ces deux dernières années : très récemment, le GUD a appelé ouvertement à la violence contre les homosexuels (6), et l'un de ses membres a également été condamné pour l'agression grave d'un jeune musulman dans les Yvelines (7).

 

Plus globalement c'est autour de ces groupes et de leur propagande en ligne, que gravitent et se forment les individus qui attaquent les locaux des associations LGBT, des forces de gauche, les centres de  planning familial, les mosquées. C'est aussi sur leurs sites et leurs pages Facebook que sont diffusées des théories meurtrières contre les Juifs et les Roms et des appels au passage à l’acte contre ces populations.

 

L'après-midi, une troisième manifestation se tiendra à l'appel de CIVITAS, et nul doute que nombre des manifestants du matin iront ensuite grossir les rangs de l'organisation catholique intégriste.

 

Ces dernières semaines, galvanisée par l'élan violent des manifestations homophobes, cette extrême-droite n'hésite plus, même dans la capitale, à passer à l'attaque physique contre les manifestations ou les militants : le 1er mai, un cortège en hommage à Brahim Bouarram a été attaqué par une quarantaine de néo-fascistes armés (8).

 

ll ne s’agit pas de « groupuscules » sans importance ou anecdotiques:  ces groupes sont parfaitement intégrés et tolérés, aussi bien dans les manifestations homophobes soutenues par l'UMP que  dans les défilés du FN « dédiabolisé", quoi qu'en disent Marine Le Pen ou Frigide Barjot. C'est bien au sein du défilé du FN du 1er mai, au vu et au su de son service de sécurité, qu'ont par exemple été diffusées et collées des affiches comportant l'adresse personnelle de journalistes et d'intellectuels désignés comme les cibles à abattre (9)

 

Comment comprendre que de tels défilés belliqueux, organisés par des individus et des organisations ayant fait la preuve de leur violence, se voient autorisés ?

 

Stopper cette agitation haineuse et dangereuse doit constituer une priorité pour un gouvernement se revendiquant du progressisme et affirmant vouloir protéger les minorités mises en cause.

 

 Il n'y a aucun obstacle juridique pour interdire ces manifestations du 12 mai : les précédents violents lors des manifestations d’extrême-droite sont légion, même en prenant uniquement en compte les derniers mois. Le «  trouble à l'ordre public » est donc bien constitué sauf si l’on considère que l'attaque de certaines catégories de la population ne provoque pas un trouble conséquent et important.

 

La démocratie, c'est la protection du droit de chacun à vivre en paix ; elle ne consiste à pas autoriser les appels à la violence contre une partie de la population, même sous couvert de liberté d'expression.

 

Ça suffit. Nous refusons de vivre dans la peur des violences qui entourent ces défilés de la haine.

 

 

Nous exigeons du Ministre de l'Intérieur et du Préfet de Police qu'ils mettent un terme à cette agitation haineuse permanente et qu'ils prennent les mesures nécessaires pour rendre l'espace public à tous et à toutes.

 

Nous demandons également à toutes les  organisations progressistes et antiracistes et notamment aux plus importantes d’entre elles de prendre la mesure de la gravité de la situation et de se mobiliser pour que ce 12 mai ne voit pas une nouvelle banalisation des parades fascistes.

 

  (1)http://www.liberation.fr/histoires/0101262224-skins-tueurs-a-la-biere-empoisonnee-les-meurtriers-d-un-mauricien-au-havre-demasques-huit-ans-apres

(2)http://www.nordeclair.fr/faits-divers-justice/violences-homophobes-deux-skinheads-armes-etaient-ia0b0n198056

(3)http://www.streetpress.com/sujet/73877-les-skinheads-de-troisieme-voie-defileront-samedi-au-coeur-de-paris

(4)http://www.lemonde.fr/proche-orient/portfolio/2011/10/03/portraits-d-opposants-syriens-agresses-a-paris_1581630_3218.html#ens_id=1481132

(5)http://www.libestrasbourg.fr/actu/2011/02/cinq-skinheads-suspectes-dagressions-en-serie.html

(6)http://yagg.com/2013/04/03/provocation-homophobe-du-gud-linter-lgbt-va-porter-plainte/

(7)http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/01/31/deux-militants-d-extreme-droite-comparaissent-pour-agression-contre-un-musulman_1637089_3224.html

(8)http://lci.tf1.fr/france/faits-divers/1er-mai-des-militants-anti-fascistes-agresses-lors-d-un-hommage-7948618.html

(9)http://www.europe1.fr/France/Le-Monde-va-porter-plainte-contre-le-FN-1503797/

 

  Comment relayer cet appel ?

 

-D’abord, en le faisant parvenir au Préfet de Police de Paris, tel quel, ou en l'accompagnant d'un message individuel courriel.prefecturepoliceparis@interieur.gouv.fr

- En le doublant d'un envoi au Ministre de l'Intérieur, formulaire de contact ci-dessous ( il suffit de copier-coller le texte de l'appel): http://www.interieur.gouv.fr/Infos-du-site/Nous-contacter/Ecrire-au-ministre-de-l-Interieur

-En l'envoyant au Maire de Paris , formulaire de contact ci-dessous : http://www.paris.fr/contacts/Portal.lut?page_id=5722&document_type_id=12&document_id=10737&portlet_id=12354

-En l'envoyant aux députés socialistes parisiens: pbloche@assemblee-nationale.fr, contact@cambadelis.net, caresche@club-internet.fr, daniele.hoffman-rispal@wanadoo.fr, jmleguen@assemblee-nationale.fr, alepetit@assemblee-nationale.fr, contact@sandrinemazetier.fr, dvaillant@assemblee-nationale.fr,

 

Vous pouvez également l'envoyer aux associations de lutte contre le racisme et l'antisémitisme, de défense des droits de l’homme, afin qu'ils prennent des initiatives contre ces parades d'extrême-droite. Et bien sûr, le diffuser dans vos propres réseaux... ou faire votre propre appel.

 

 

Memorial 98

 

Operation Poulpe.

 

Suivez l'actualité quotidienne de la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme sur la page Facebook de Memorial 98 à l'adresse http://www.facebook.com/groups/348947755137242/ 

 

 

 

 

 

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30 avril 2013 2 30 /04 /avril /2013 00:54

À la veille de ce premier mai 2013, la situation en Europe est inquiétante : la crise économique favorise dans de nombreux pays la progression de forces réactionnaires qui désignent les immigrés et d’autres groupes minoritaires comme responsables des difficultés économiques et sociales. La droite officielle se radicalise et mène une offensive contre ce qu’elle nomme « multiculturalisme ».  Des partis d’extrême-droite ou carrément néo-nazis s’installent comme en Grèce, en Hongrie et dans notre pays. La gauche traditionnelle ne tient pas ses promesses et recule face à la xénophobie. Les organisations syndicales se dispersent. Dans cette situation, plusieurs associations et collectifs locaux dont l’association Memorial 98  se sont rassemblées dans une coordination nationale contre l'extrême droite (CONEX voir Antifascisme: regroupement des forces et ci-dessous)

Cette coordination lance un appel à participer aux mobilisations et manifestations du monde du travail.

De plus à  Paris, se déroulera la traditionnelle et toujours nécessaire cérémonie de commémoration de l’assassinat du jeune Brahim Bouarram, jeté à la Seine le 1er mai 1995 par des individus issus du cortège du Front National (voir ci-dessous). Nous y serons présents

(Voir aussi sur ce site

Copé/Fillon: le démon des origines

Copé : au-delà de la provocation

Roms : les mauvaises actions du gouvernement.

8 mai: l'adieu à Sarkozy

Danger:les dirigeants européens encouragent le racisme )

 

MEMORIAL 98

 

 

 

Coordination Nationale contre l’extrême droite

 

1er mai 2013 : la CONEX appelle à l’action avec

     le monde du travail, contre l’extrême droite 

 

Refus de tous les racismes et de l’homophobie, Non à la division des travailleurs !     

                                 Non aux politiques d’austérité !

                Oui à l’égalité, la fraternité et au vivre ensemble.

         La crise économique qui sévit dans le monde capitaliste depuis 2007, continue à faire des ravages et des victimes.

Pour augmenter leurs profits, faire  baisser les salaires et rendre la situation des travailleurs et des salariés encore plus précaire, les patrons du CAC 40 ou les institutions financières d’investissement menacent de délocaliser les entreprises ou encouragent les Etats à créer de nouveaux codes du travail, donnant plus de marges de manœuvre et de pouvoir au MEDEF.

C’est dans un tel climat détestable associé à la croissance du chômage et la montée des profits de la bourse que l’extrême droite endosse un habit pseudo social, crie à la «trahison de la gauche» et tente   de séduire le monde du travail.

Longtemps mis en quarantaine, le Front national (FN) sort de l’isolement grâce à l’action de Nicolas Sarkozy et de ses lieutenants qui ont conduit l’UMP à adopter le langage et le populisme de l’extrême droite. Comme pour le FN, la recherche de boucs émissaires fait désormais partie de la politique d’une partie de la droite qui n’hésite pas à stigmatiser les Roms, les chômeurs, les sdf ou nos concitoyens musulmans.

Par ailleurs, les promesses du candidat Hollande, concernant le droit de vote des immigrés ne sont toujours pas tenues par le président Hollande, et son ministre Valls continue de stigmatiser et d’expulser Roms et sans papiers.

Tout cela ne peut que conforter l’extrême droite qui, ainsi « dédiabolisée », investit la rue, notamment lors des « manifs pour tous » homophobes. Dans les urnes, son quasi succès à la législative partielle dans l’Oise, témoigne de cette montée en puissance du danger fasciste. 

Face à cette offensive, la création d’une «Coordination nationale contre l’extrême droite» (CONEX) était devenue une urgence nationale.

Nous appelons tous ceux qui partagent nos idées et nos combats à descendre le 1er mai 2013 partout dans la rue, à manifester avec les travailleurs leur refus de l’austérité, de la précarité et de l’impunité des racistes qui attisent la haine de l’autre et la division. 

A l’échelle nationale, la bataille de la rue et des idées contre l’extrême droite, ne fait que commencer pour la CONEX qui œuvre pour la fraternité et le vivre ensemble des travailleurs de toutes origines, des salariés, des exclus et des précaires.

                         Contact : conex@riseup.net    

 

 

Appel pour un 1er mai de refus du racisme et de la xénophobie

RASSEMBLEMENT le 1er mai 2013, de 11h à 12h Pont du Carrousel à Paris 75001

 

Le 1er mai 1995, Brahim Bouarram, 29 ans, profitait d’une journée ensoleillée. Il ne savait pas que des mains criminelles allaient le précipiter dans la Seine et mettre fin à ses jours. Les auteurs venaient de quitter le défilé du Front national.

 

Dix-huit ans plus tard, les discours de stigmatisation, de discrimination et de rejet de l’autre ont fait tache d’huile. L’année dernière, ici même, nous avons été nombreux à exprimer notre espoir d’un changement de politique favorable aux immigré-e-s et leurs familles. Nous espérions une lutte plus affirmée contre les discriminations, et pour une citoyenneté à part entière. La promesse d’octroyer le droit de vote pour les étrangers, est aujourd’hui une promesse abandonnée, et la traque des sans papiers continue avec toutes ses conséquences sur des femmes et des hommes de plus en plus fragilisé-e-s et abandonné-e-s.

 

L’instrumentalisation des débats sur l’Islam et la laïcité, conduisent à encourager la montée de l’intolérance et de la haine, alors que doit être encouragé le vivre ensemble démocratique.

 

Nous, citoyens et organisations fidèles aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, ne supportons plus que la République soit ainsi défigurée, la laïcité instrumentalisée au service de la stigmatisation de millions de nos concitoyens.

 

Il est temps de dire notre refus de cette dérive dangereuse, de faire barrage à la lepénisation des esprits et des politiques. Oui, il faut barrer la route à l’extrême droite et aux populistes de droite, barrer la route aux idées de haine qui ont tué Brahim Bouarram.

 

  C’est pourquoi toutes les organisations signataires, appellent à un rassemblement le 1er mai 2013, à Paris à 11h au Pont du Carrousel.

 

-  Pour rendre hommage à la mémoire de Brahim Bouarram et à toutes les victimes des crimes racistes.

 

-  Pour dénoncer les discours xénophobes qui mettent en danger les étrangers et discriminent les citoyens selon leurs origines ou leurs croyances.

 

-  Pour appeler à en finir avec tout ce qui, depuis des années, défigure la République.

 

Premiers signataires :

 

LDH/ MRAP/ ATMF/ FTCR/ ASDHOM/ AMF/ ACDA/ GISTI

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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 23:37

Cet article est le second publié sur cette affaire par Bernard Schmid pour Memorial 98 (voir Allemagne: qui protège les néos-nazis? ). Nous avons jugé utile de conserver les liens de référence vers les sources allemandes afin d' en permettre la vérification. La longueur inhabituelle de l'article se justifie amplement par la complexité et la gravité de l'intrication entre une cellule de tueurs néo-nazis et des secteurs de l'appareil d'Etat allemand.

MEMORIAL 98

 

 

 PARTIE I :

 Ce mercredi 17 avril 2013, un procès qui aurait été susceptible de revêtir une dimension historique s’ouvre devant la « Chambre des infractions contre la sûreté de l’Etat » le Staatsschutzsenat - du tribunal criminel de Munich, en Allemagne. Il pourrait durer deux ans. L’ancienne militante néonazie Beate Zschäpe, âgée de 38 ans, en détention provisoire depuis novembre 2011, en sera l’accusée principale. Une douzaine de complices actifs sont poursuivis avec elle, dont quatre comparaissant en détention provisoire ; ceci alors que le réseau néonazi meurtrier auquel appartenait Zschäpe est nettement plus étendu. Un récent article dans un journal de droite (« Bild am Sonntag »), confirmé par les autorités puis par la télévision publique, parle ainsi de 129 membres actifs du réseau de complices. Voir http://www.bild.de/news/inland/nsu/hatte-129-helfer-und-helfershelfer-29642018.bild.html  et http://www.zeit.de/gesellschaft/zeitgeschehen/2013-03/nsu-netzwerk-namensliste

Tout aurait donc dû confirmer l’importance majeure de ce procès contre des criminels à l’idéologie brune.

 Le terme « aurait été… » se justifie pleinement, dans la mesure où les autorités étatiques auront tout fait pour minimiser et réduire l’impact de ce procès, ainsi que nous le verrons par la suite. Dans une partie des médias et dans la société civile, le procès est cependant suivi avec une attention accrue. Ainsi le  samedi 13 avril à Munich, au moins 10.000 personnes ont participé à une manifestation contre la terreur néo-nazie ; voir ici une interview donnée par le porte-parole du collectif organisateur  : http://www.heise.de/tp/artikel/38/38912/1.html  et aussi http://ffm-online.org/2013/04/11/demo-bundnis-gegen-naziterror-und-rassismus-zum-nsu-prozess-in-munchen/#more-8477

 

 Des militants néonazis connus de longue date

 

La principale prévenue de ce procès est poursuivie pour avoir été l’un des membres fondateurs d’une « association constituée en vue de commettre des actes terroristes », au sens du § 129a du Code pénal allemand. Cette association à but terroriste a pris la forme de la cellule qui s’est donné pour nom Nationalsozialistischer Untergrund (« maquis national-socialiste » ou « clandestinité nationale-socialiste »), en abrégé « le NSU ».

 

Trois membres de ce groupe sont connus, pour l’heure : Beate Zschäpe, chargée notamment de la gestion de la planque des membres du groupe – un appartement située dans la ville de Zwickau –, de la location de véhicules pour les tueurs actifs du groupe, et surtout de l’« entretien d’une image de la normalité » vis-à-vis des voisins et autres visiteurs de l’appartement en question. Ainsi le dit l’acte d’accusation, un dossier volumineux de 500 pages qui sera lu intégralement ce 17 avril, au début du procès. Puis il y avait les deux tueurs en service du « NSU », Uwe Mundlos et Uwe Bönhardt, morts (a priori par suicide ) le 04 novembre 2011 à Eisenach, près d'Iéna.

Ils étaient d’ailleurs connus de longue date  en tant que  militants d’extrême droite; Uwe Mundlos s’était ainsi fait remarquer pour son idéologie néonazie au cours de son service militaire, effectué en 1994/95 à Bad Frankenhausen, dans l’Etat-région de Thuringe. Selon des informations parues récemment, Mundlos avait été interrogé plusieurs fois à cette époque par le MAD (Militärischer Abschirmdienst, le service de renseignement et de contre-espionnage de l’armée allemande) ; v. http://www.fr-online.de/neonazi-terror/nsu-mad-befragte-mundlos-offenbar-mehrfach,1477338,20921146.html A plusieurs reprises, et non pas une seule fois en mars 1995, comme l’avait laissé entendre le MAD jusqu’à très récemment. Mais ce n’est pas le seul service étatique qui a tenté, dans la période récente, d’effacer le plus de traces possibles…

 

Les trois membres fondateurs du « NSU » (ceux connus jusqu’à ce jour) avaient fait le choix de vivre dans l’illégalité à partir du 26 janvier 1998, suite à une perquisition dans le garage de Beate Zschäpe au cours de laquelle une bombe – en état de fonctionner – fut trouvée. Cet épisode n’a pas empêché « le trio terroriste », comme les membres révélés du NSU sont aujourd’hui appelés par la presse allemande, de vivre à proximité de leurs lieux d’existence initiaux, pendant pas moins de 13 ans. Ils ont aussi pu voyager avec des vrais-faux papiers d’identité, fournies par les autorités allemandes. Ils ne se privaient pas de bouger, en Allemagne ou encore en Europe de l’Est ; une période de vacances sur la Mer baltique est encore documentée pour l’été 2011.

 

L’existence d’autres membres du « noyau dur » du groupe reste un sujet à spéculation. Il n’ y a en revanche pas de doute quant à l’existence d’un réseau structuré qui entourait les membres fondateurs. Au moment où « le trio terroriste » prit officiellement le maquis – ou plutôt, une existence dans la semi-clandestinité, dont semble-t-il beaucoup de personnes dans la région étaient au courant -, une liste de « contacts utiles » avait aussi trouvé dans le fameux garage. Elle comportait plus de cent noms et/ou numéros de téléphone. A ce jour, cette liste n’a pas été officiellement exploitée par les organes d’instruction étatiques. La raison officielle est que le LKA (Office de police criminelle régional) de l’Etat-région de Thuringe avait expédié cette liste au BKA (Bundeskriminalamt, Office fédéral de police criminelle) ; celui-ci n’a jamais lancé d’investigations sur cette base, prétendument« parce qu’on pensait que c’était le LKA qui le faisait ». Voilà pour les prétextes officiels. Mais il est probable que la liste de 129 noms, évoquée il y a peu par le journal populiste « Bild am Sonntag », pourrait être fondée sur cette liste initiale.

 

Par ailleurs, des collectifs néonazis de soutien aux membres du NSU ont été constitués jusque dans des prison. Les lieux d’incarcération  constituent depuis longtemps un lieu d’organisation des néonazis notamment à travers le « Collectif d’entraide aux prisonniers politiques » HNG. (v. http://www.welt.de/politik/deutschland/article115158911/Neonazis-in-Gefaengnissen-kontaktierten-NSU-Umfeld.html?wtmc=nl.rstpolitik ) Dans l’Etat-région de Thuringe, les réseaux de soutien aux complices du « NSU » étaient d’ailleurs devenus tellement denses qu’ils arrivaient à contourner le contrôle du courrier dans les pénitenciers, amenant les autorités judiciaires à transférer l’un des prévenus de Thuringe en Bavière. (V.

http://www.bnr.de/artikel/hintergrund/unterstuetzernetzwerk-der-bewegung)

 

Par ailleurs, les enquêtes menées depuis novembre 2011 ont permis d’identifier certains complices actifs, ayant livré assistance et secours aux membres actifs du « NSU ». L’un d’entre eux, maintenant accusé à Munich, est un certain Ralf Wohlleben. Celui-ci, un temps président adjoint du NPD (« Parti national-démocate », principal parti d’extrême droite en Allemagne) dans l’Etat-région de Thuringe, est lourdement accablé par les dépositions d’autres témoins ou prévenus. Un certain Carsten S, âgé de 19 ans à l’époque des faits et membre actif des JN (« Junge Nationaldemokraten », organisation de jeunesse du NPD, à  forte réputation extrémiste), a ainsi déclaré aux enquêteurs que c’est lui qui était allé remettre l’arme du crime aux membres fondateurs du groupe . Il s’agit d’un un pistolet de fabrication tchèque du type « Ceska 83 », avec laquelle les assassinats du « NSU » de 2000 à 2007 ont été commis . Mais il a aussi précisé qu’il s’était rendu à Chemnitz (en Saxe), pour rencontrer les futurs tueurs, « fin 1999 ou début 2000 » sur ordre de Ralf Wohlleben. Ce serait d’ailleurs aussi celui-ci qui aurait payé l’arme du crime, facturée 2.500 deutschemarks à l’époque. Voir aussi http://jungle-world.com/artikel/2013/15/47484.html

 

Il est plus que probable que certains membres ou proches du réseau terroriste néonazis, autres que la dizaine d’accusés au procès de Munich, courent encore en toute liberté. Ceci d’autant plus que selon des révélations récentes de la police et des médias, 266 néonazis seraient actuellement officiellement recherchés par la police, mais « sans lieu de séjour connu » ( chiffres de mars 2013). La police aurait, donc, officiellement perdu toute trace de ces militants potentiellement dangereux. (voir  http://www.netz-gegen-nazis.de/dokument/12032013presseschau-8578 )

 

 Une longue série de crimes

 Le groupe NSU a commis au moins dix assassinats entre 2000 et 2007 ; neuf des victimes étaient des immigrés d’origine turque ou grecque. Il s’agit d’Enver Simsek, fleuriste ; Abdurrahim Özüdogru, salarié chez Siemens et tailleur à ses heures libres ; Süleyman Tasköprü, épicier, vendeur de légumes ;  Habil Kiliç, épicier ; Yunus Turgut, employé dans un restaurant de Döner ; Ismail Yasar, lui aussi employé dans un restaurant turc ; Theodorus Boulgarides, travaillant pour un magasin de clés et serrures ; Mehmet Kubasik, qui gérait un kiosque ; et Halil Yozgat, qui gérait un cybercafé. Toutes les victimes ont été assassinées « au hasard », du seul fait de leurs origines étrangères,  sans être personnellement connues des tueurs. Ils habitaient dans différentes villes, de Rostock dans le Nord-Est jusqu’à Munich dans le Sud-Est et à Dortmund dans l’Ouest du pays. Les tueurs s’étaient déplacés à travers quasiment toute l’Allemagne pour atteindre leurs victimes en utilisant souvent des camping-cars loués.

 

La dixième victime était une femme policière, Michèle Kiesewetter, assassinée d’une balle dans la tête en avril 2007 à Heilbronn, ville située dans le sud-ouest de l’Allemagne, alors qu’un de ses collègues fut grièvement blessé. Le motif de son assassinat n’est pas parfaitement élucidée jusqu’à aujourd’hui, mais il est probable qu’elle a été tuée pour avoir trop su  sur des activités néonazies… mais aussi, éventuellement, sur des connexions néonazies à l’intérieur de la police allemande. Elle était en effet originaire de Thuringe, région où a été initialement créé le « NSU », et avait probablement une connaissance – inévitable en raison de leur caractère très visible – d’activités néonazies dans la région. (V. http://faustkultur.de/kategorie/gesellschaft/obermayr-schwarzbuch-rassismus.html#.UWp5Co7BASo )

Par ailleurs, son chef de brigade – Zugführer – était un certain Timo H., qui s’est avéré être membre d’un groupe néonazi qui se fait appeler « Ku Klux Klan Allemagne » (voir le journal BILD du 04 novembre 2012). Autrement dit, pour l’une ou l’autre raison, elle a probablement dû mourir pour en « savoir trop » sur certaines choses ou activités. Ainsi le néonazi Timo Brand, placé au centre des certains réseaux néonazis en Thuringe et sur lequel nous allons revenir plus loin, possédait une voiture dans les environs de Heilbronn, la ville où Michèle Kiesewetter fut assassinée le 27 avril 2007.

Le « NSU » a aussi, probablement, commis un attentat à la bombe en janvier 2001 à Cologne, dans l’Ouest de l’Allemagne, dirigé contre une épicerie gérée par une famille irano-allemande. La fille de la famille, âgée à l’époque de 19 ans, Masliya M., a été grièvement blessée. La devanture du magasin qui avait constitué la cible de cet attentat apparaît dans la petite vidéo cyniquement appelée « Paul la Panthère » et rendue publique en novembre 2011. Il s’agit de la vidéo dans laquelle le « NSU » a revendiqué ses crimes, énumérés et commentés pour le spectateur par la célèbre figure de dessin animé « Paul, la panthère rose ».

 

Aussi et surtout, le groupe est accusé d’avoir fait exploser une bombe remplie d’explosifs et de clous pointus (en vue de faire la maximum de victimes), le 9 juin 2004 à Cologne. L’explosion eut lieu dans une rue marquée par de nombreux commerces et restaurants de la population originaire de Turquie (turque ou kurde), et fit 22 blessés dont de nombreux blessés graves.

 

La complicité et/ou l’aveuglement de la politique officielle allemande, a été flagrante dès la survenue de cet attentat à l’explosif. A l’époque, on ignorait encore l’existence d’un groupe organisé, désigné par lui-même comme « cellule clandestine national-socialiste », à savoir le NSU. Celle-ci a été révélé pour la première fois par la mort (a priori le suicide) de deux de ses membres, repérés par la police, le 04 novembre 2011. Mais de nombreux observateurs , avaient évoqué, dès la nouvelle de l’attentat juin 2004 connue, la probabilité d’un crime raciste : ses auteurs avaient cherché à faire le plus grand nombre de victimes possible, touchées certes « au hasard » mais dans un quartier à forte population immigrée. La police de Cologne elle-même avait, en ce jour du 9 juin 2004, déclarée soupçonner « un crime politique ou raciste ». Or, dès le lendemain, le10 juin 2004, le ministre fédéral de l’Intérieur – Otto Schily, social-démocrate autoritaire et droitier– avait martelé qu’il ne pouvait s’agir que d’un « crime crapuleux », et que toute piste « politique » était exclue.

 

Interpellé à ce propos par la commission d’enquête parlementaire du Bundestag (« NSU-Untersuchungsausschuss »), formée le 26 janvier 2012 suite à la découverte du NSU fin 2011, Otto Schily déclara à ce propos « ne se souvenir de rien ».

 

 PARTIE II :

 

Le rôle plus que douteux des autorités officielles

 

Nous n’avons pas encore abordé le pire, en ce qui concerne le rôle visible et invisible des autorités allemandes. De nombreux médias ont parlé, depuis, d’« échec des organes d’investigation », d’«incompétence flagrante des enquêteurs » et ainsi de suite. La réalité est, très certainement, bien pire.

 Cette réalité est à ce point inquiétante que les présidents des services secrets intérieurs – appelés en Allemagne « Offices de protection de l’ordre constitutionnel » (Ämter für Verfasschungsschutz, abrégés VfS), équivalents des ex-Renseignements Généraux français, de l’Allemagne fédérale et de deux Etats-régions ont été contraintes à présenter leur démission, à l’été 2012,. Ce fut  d’abord le président du VfSà l’échelle nationale, Heinz Fromm, qui démissionna début juillet 2012. A la suite, ce fut  le président du VfS de l’Etat-région  de Saxe, Reinhard Boos, qui demande le 11 juillet 2012 sa mutation dans un autre service (voir http://www.spiegel.de/panorama/nsu-ermittlungspannen-sachsens-verfassungsschutzchef-tritt-zurueck-a-843817.html. Dans l’Etat-région voisin de Thuringe, c’était son collègue du VfS du Land, Thomas Schippel, qui demanda peu après sa mise en retraite anticipée.

 Quel est l'objet du scandale qui les avait fait démissionner ? En juillet 2012,  l’opinion publique stupéfaite apprit que les services secrets intérieurs avaient procédé,  au début du mois en cours, à des destructions massives de dossiers, portant sur les activités de renseignements et de police autour du « NSU ». On savait déjà, à ce moment-là, qu’une vingtaine de dossiers sensibles avaient été passés à la broyeuse entre novembre 2011 et janvier 2012. Détail étonnant : des fonctionnaires du VfS fédéral, situé à Cologne, étaient venus travailler le 11 novembre de l’année 2011, apparemment spécialement pour détruire des papiers. Or, le 11 novembre est le début de la saison du carnaval à Cologne, aussi appelée « la cinquième saison » ; et qui connaît la région de Rhénanie, sait que venir au  travail est exceptionnel à cette date particulière, surtout dans une ville comme Cologne. Mais peut-être que les fonctionnaires en question sont trop austères pour participer au Carnaval ? . Ils avaient en tout cas un certain sens de l’humour, expliquant publiquement que des dossiers ultra-sensibles avaient dû finir à la broyeuse en raison du besoin « de protéger des sources »

 

Début juillet 2012, on apprit que pas moins de 310 dossiers venaient encore d’être détruits. Alors que la transformation de vingt autres en confetti, quelques mois auparavant, avait déjà suffi pour faire scandale… C’est à ce moment-là, courant juillet, que le ministère de l’Intérieur fédéral eut la bonne idée d’enfin d’interdire toute destruction ultérieure de dossiers. C’était le  « bon moment » parce qu’il ne restait probablement rien des données les plus sensibles,. Selon des dires de Thomas Wüppesahl, porte-parole de l’Association fédérale des policiers et policières critiques qui suit attentivement l’évolution de l’« affaire NSU », (v. son interview par une radio libre de fin octobre 2012, sous : http://www.freie-radios.net/51745)  « 94 de ces dossiers avaient une relation directe avec des personnes liées au NSU. Dont des dossiers personnels d’informateurs et complices du NSU, y compris celui d’un indicateur du LKA (note : Landeskriminalamt, office régional de police criminelle) de Berlin,  qui avait fourni un kilogramme d’explosifs aux trois membres fondateurs du NSU. 

La suspicion règne, donc, vis-à-vis des appareils étatiques et des structures de police. Elle règne aussi, visiblement, à l’intérieur de ces appareils. A ce point qu’à la suite des révélations ci-dessus évoquées, le ministre de l’Intérieur de l’Etat-région de Thuringe – Jörg Geibert, membre de la CDU (Union chrétienne-démocrate), donc du principal parti de droite – ordonna la mobilisation de 80 Bereitschaftspolizisten (l’équivalent des CRS français) pour faire photocopier des documents se trouvant en possession du VfS de Thuringe. Le ministre déclara ouvertement qu’il s’agissait d’empêcher que le service en question puisse faire disparaître des « parties substantielles » des dossiers relatifs à l’Affaire NSU, ajoutant qu’il était nécessaire d’« assécher un marais ». Puisque la méfiance régnait vraiment très fortement, le ministre donna par ailleurs l’ordre d’acheminer les photocopies directement à Berlin, afin de les remettre aux membres de la Commission d’enquête parlementaire du Bundestag. Une radio régionale, le Mitteldeutscher Rundfunk (MDR), précisa ensuite que des membres du service de renseignement suspecté – du VfS de Thuringe – s’étaient enquis plusieurs fois du trajet des véhicules transportant ces documents vers la capitale, sans pour autant obtenir l’information… (Cité d’après Peer Heinelt : « Rechter Terror von Staats wegen », article paru dans le magazine mensuel KONKRET, numéro 12/2012 ; non en ligne.)

 

 

 

PARTIE III :

 

 

Tentative d’explication

 

Qu’est-ce qui explique une telle attitude d’autorités étatiques, dont des fractions importantes sont visiblement impliquées jusqu’aux deux oreilles dans le scandale consistant à avoir laissé faire – plus ou moins ouvertement - des terroristes nazis ? Incompétence, pagaille administrative, comme le suggèrent certaines voix bien pensantes ? Que nenni. A ce niveau-là, et vu les nombreuses tentatives visibles d’effacer des traces, une telle pseudo-explication n’a aucun sens.

 

Ce qui se cache derrière « le marais », pour reprendre les mots du ministre précité, c’est une stratégie des services qu’on peut qualifier de « tentative de contrôler par accompagnement actif ». Prenons l’exemple de Tino Brandt. L’homme se targue ouvertement, dans des interviews donné à certain/e/s journalistes, d’avoir encaissé au total 200.000 deutschmarks (environ 100.000 euros) , déboursés par les services du VfS de Thuringe pour payer ses services d’indicateur. Or, loin de permettre l’observation du milieu néonazi afin de mettre l’Etat en mesure de le combattre, Tino Brandt était au contraire un membre plus qu’actif de ce même milieu néonazi. Et il s’en vante. Tout en déclarant aussi dans une interview, à propos des les membres fondateurs du NSU : « Mais les trois étaient des nôtres ! » … 35 enquêtes pour violences et propos racistes étaient en cours contre Tino Brandt, en 2002. Aucune ne s’est soldée par une condamnation, son statut d’indicateur officiellement reconnu lui garantissant une immunité pénale. Actuellement, certains enquêteurs veulent néanmoins en savoir plus sur les liens éventuels avec le  NSU . Une perquisition à son domicile a ainsi lieu le 28 mars 2012 et pas le 5 novembre 2011 , au lendemain de la mort de deux des fondateurs du « NSU ». « Ce qui lui aura laissé », poursuit le journaliste Florian Sendtner, « cinq mois  pour faire disparaître tout ce qui était quelque peu périlleux pour lui ». (Voir http://www.konkret-magazin.de/429/articles/tino-brandt-und-die-biedermaenner-889.html )

 

A propos d’indicateurs des services, il serait aussi intéressant et nécessaire d’en savoir un peu plus sur le rôle d’un employé permanent du service de renseignement VfS de l’Etat-région de Hesse, nommé Andreas Temme. Celui-ci se trouvait dans le Cybercafé géré par Halil Yozgat dans la ville de Kassel, au moment précis de son assassinat, le 06 avril 2006. L’enquête a révélé que Temme était enregistré comme étant « en ligne », dans ce cybercafé, de 16.43 h jusqu’à 17.01 h, ledit jour. Or, la victime de l’assassinat raciste fut trouvée par son fils, le même jour à 17 heures03. Le jour même à 13h 06, Temme avait appelé de son portable de service un néonazi proche du réseau violent « Blood & Honour », qu’il avait lui-même fait utiliser comme indicateur par son service, depuis 2003. (Voir une reconstruction plus détaillée sous : http://friedensblick.de/2774/rekonstruktion-des-nsu-mordes-an-halit-yozgat/ ) Malgré un appel à témoins, Andreas Temme ne s’était pas confié à la police suite à l’assassinat. Lorsqu’il fut néanmoins identifié, il tenta de se justifier en disant qu’il avait « cherché des rencontrer des femmes en ligne », et qu’il n’avait pas souhaité que ses collègues de travail soient au courant. Le journal de droite « BILD » a même écrit, en date du 15 novembre 2011, que Temme se trouvait au total « à proximité de six des lieux d’assassinats commis par le NSU » (d’autres médias ont parlé de trois cas au lieu de six), au moment exact du crime. Plus tard, cette « proximité » étonnante n’a plus tellement été évoquée, dans les grands médias. Andreas Temme, alors âgé de 39 ans, était  surnommé « Klein-Adolf » (Petit Adolf en référence à Hitler), par des collègues ;lors d’une perquisition à son domicile, de la littérature d’extrême droite fut trouvée . Il a néanmoins été officiellement mis hors cause par les résultats de la perquisition car les enquêteurs n’ont pas retrouvé chez lui l’arme du crime ou un autre élément immédiatement confondant.

 

Revenons cependant à Tino Brandt : c’est lui qui a créé dans les années 1990 une milice néonazie régionale, le « Thüringer Heimatschutz », dont des nombreux membres feront plus tard partie de l’entourage des trois membres fondateurs du « NSU ». Lui-même était en contact avec eux, ce qui est prouvé au moins jusqu’à la fin des années 1990, puis fait l’objet de spéculations au-delà. Il a arrêté ses activités d’indicateur en 2001, après que son identité eut été publiquement révélée ; or, les néonazis ne le menaçaient alors pas pour avoir « trahi la cause », comme on aurait pu s’y attendre, mais le félicitaient au contraire.

 

Horst Mahler, à l’époque avocat du NPD (et par ailleurs négationniste connu, qui a fini par se retrouver en prison pour cette raison-là), utilisait l’activité révélée de Tino Brandt comme « joker » dans le procès d’interdiction, alors intentée contre le NPD devant le Tribunal constitutionnel d’Allemagne à Karlsruhe. Puisque des membres aussi actifs et aussi haut placés dans le milieu néonazi – et du NPD lui-même – étaient des indicateurs de police, argumenta-t-il alors, l’Etat ne pouvait pas interdire ce parti… puisqu’il existait des soupçon de fabrication de preuves à charge contre le parti néonazi, par des agents provocateurs.

 

En effet, le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe adopta un raisonnement similaire, et refusa d’interdire le NPD par une décision rendue en mars 2003 - Actuellement, en 2013, une nouvelle demande d’interdiction à l’encontre du parti néonazi est par ailleurs à l’étude. Or, seuls trois « organes constitutionnels » peuvent formellement demander aux juges constitutionnels de dissoudre une formation politique à laquelle le statut de parti est reconnu : le gouvernement fédéral, le Bundestag (équivalent de l’Assemblée nationale) et le Bundesrat (chambre fédérale composée de représentants des Etats-régions allemands, qui ressemble de très loin à une sorte de Sénat). Après divers rebondissements, la coalition de droite actuellement au pouvoir en Allemagne a fini par décider, à la mi-mars 2013, de ne pas demander l’interdiction du NPD. Le parti (ultra)libéral F.D.P., membre de la coalition avec les Unions chrétienne-démocrate et chrétienne sociale CDU et CSU, avait décidé de demander à ses cinq ministres d’émettre leur veto. Ses arguments étant qu’« on ne peut pas interdire la bêtise », et qu’« une démocratie comme la nôtre est assez forte pour pouvoir combattre l’extrémisme de gauche comme de droite ». (V. http://www.zeit.de/politik/deutschland/2013-03/npd-verbotsantrag-fdp-seehofer-roesler )

 Surtout « de gauche », d’ailleurs, puisque le rapport 2012 du VfS avait encore surtout mis en avant « la violence d’extrême gauchee » - en réalité très anecdotique par rapport aux 180 morts de violences néonazies enregistrés depuis la réunification allemande en 1990 -, et avait défini la violence islamiste (n’ayant fait encore aucun mort en Allemagne) comme « menace principale ». Ce n’est qu’en 2013 que le passage sur la menace néonazie est (re)devenue quelque peu substantiel ; sachant que l’idéologie officielle de l’Allemagne fédérale continue à consister en une sorte d’« anti-extrémisme primaire », mettant gauche marxiste et extrême droite fasciste strictement dans le même sac, quand la première n’est pas définie comme « plus menaçante »… Voir. aussi http://www.heise.de/tp/blogs/8/154096

Néanmoins, l’information publiée par l’AFP selon laquelle « le NPD ne sera pas interdit » (v. http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/03/20/97001-20130320FILWWW00429-allemagne-parti-neo-nazi-pas-interdit.php) paraît précipitée, dans la mesure où le Bundesrat – la chambre fédérale – pourrait encore décider de se lancer, seule, dans une procédure devant le Tribunal constitutionnel. Avec les voix d’une majorité des Länder (Etats-régions), notamment ceux gouvernés par le SPD social-démocrate, la Chambre fédérale pourrait encore décider de lui demander l’interdiction du NPD ; sans être accompagnée par le gouvernement fédéral ni par la majorité au Bundestag, où le veto du F.D.P. bloque les choses. Rien n’est encore sûr, pas plus que ne l’est l’issue d’une procédure éventuelle. Le problème du « manque de distance / d’éloignement vis-à-vis de l’appareil de l’Etat », selon la formulation du Tribunal constitutionnel lors de sa décision dans la première procédure contre le NPD, en 2003, continue toujours à se poser.

 

Des structures de l’Etat allemand sont étroitement imbriquées dans les activités de la mouvance fasciste et néonazie, et ce n’est pas une nouveauté absolue. Il se pose la question des motifs et des raisons de cette situation. On peut noter  l’origine de bon nombre des services en question souvent construits en Allemagne fédérale après 1949 sous la conduite d’anciens membres des appareils de répression nazis. De plus,  il faudra  réfléchir à la stratégie de l’Etat vis-à-vis de la gestion de la situation en ex-Allemagne de l’Est, suite à la réunification. Après l’entrée en vigueur du Traité actant l’« adhésion » de l’ancienne RDA à la République fédérale d’Allemagne, le 3 octobre 1990, il s’est avéré rapidement que les rêves d’une bonne partie de la population de l’ex-RDA – consistant à entrer dans un « paradis capitaliste », monnaie forte et fortes possibilités de consommation à l’appui – allaient être vite déçues. Au lieu des « paysages florissants à l’Est », publiquement invoqués par le chancelier Helmut Kohl en 1990, les habitant/e/s de l’ex-RDA allaient plutôt connaître désindustrialisation, chômage massif et prise de contrôle par des entreprises et administrations de l’Ouest étendant leur territoire. Les œufs jetés sur Helmut Kohl lors d’une visite en ex-RDA, le 31 mai 1991, n’en étaient qu’un début spectaculaire. (V. http://www.youtube.com/watch?v=8ZazG0nxexU et http://www.youtube.com/watch?v=gbBUj_VRA-Y ) A ce moment-là, certains décideurs au niveau politique et administratif semblent avoir visiblement pris une décision : il valait mieux avoir une « opposition » raciste et nazie – au départ favorisée par le fait qu’une partie de la population assimilait systématiquement les idées de gauche à l’ancien régime du temps de la RDA -, qu’une opposition sociale, syndicale ou progressiste. C’est en tout cas l’hypothèse développée  avec force détails par l’écrivain Wolfgang Schorlau, dans son roman policier « Das München-Komplott » (Cologne 2009, 336 pages ; nous remercions le journaliste Detlef zum Winkel pour nous avoir conseillé cette lecture).

 

Elle correspond assez exactement à ce qui put être observé à partir du mois de septembre 1991, et jusqu’au cours de l’année 1993 : en déclenchant la tristement célèbre « Asyldebatte », les décideurs politiques avaient ouvert les vannes d’un racisme extrêmement agressif. Il s’agit de la campagne orchestrée par les principaux partis politiques et médias contre « l’afflux de demandeurs d’asile », proclamé « problème national numéro 1 » depuis l’automne 1991. Une campagne qui dura, à l’échelle nationale, jusqu’à la restriction radicale du droit d’asile par modification de la constitution, votée le 26 mai 1993. Cette campagne xénophobe fut accompagnée d’une vague de crimes sans précédent, avec notamment les incendies de centaines de foyers d’immigrés et les assassinats par le feu perpétrés à Mölln (novembre 1992), Solingen (mai 1993) et ailleurs. Voilà le « marais » politique principal, dans lequel ont pu grandir et se nourrir abondamment des réseaux néonazis criminels.

 Aujourd’hui, l’une des questions qui se posent aux observateurs critiques peut être énoncée comme suit :«Combien d’Etat se trouvait dans le NSU ? »

Voir http://linksfraktion.de/nachrichten/naziterror-verfassungsschutz-zwei-seiten-medaille/

 

 Conditions extrêmement restrictives pour le procès

 En attendant, et alors que s’ouvre le procès de Munich à partir du 17 avril, celui-ci est placé dans des conditions extrêmement restrictives par les autorités judiciaires. L’audience a été organisée dans une salle minuscule, ce qui a fait surgir la formule  d’un« méga procès dans une mini salle », voir

http://www.zeit.de/gesellschaft/zeitgeschehen/2013-03/nsu-prozess-muenchen-2

 La transmission par vidéoprojecteur dans une autre salle du tribunal serait techniquement possible et légalement admissible ; elle a été publiquement demandée par des représentant/e/s des médias http://www.zeit.de/gesellschaft/zeitgeschehen/2013-04/justizjournalisten-nsu-presseplaetze  ), mais n’a jusqu’ici pas été accordée (– dimanche 14 avril –). Pire encore : aucun média turc n’avait d’abord été admis a assister au procès. Les autorités judiciaires avaient mis en place un système d’accréditation draconien. Au total, seules 50 places de journalistes avaient été attribuées à l’ensemble des médias souhaitant s’inscrire. Or, aucun organe de la presse turque ne faisait partie des heureux élus, alors que huit des victimes d’assassinats racistes commis par le « NSU » sont d’origine turque. Le journal turc « Sabah »  avait fini par saisir le Tribunal constitutionnel à Karlsruhe (voir http://www.zeit.de/gesellschaft/zeitgeschehen/2013-04/nsu-prozess-medien-tuerkei-klage ), qui lui donna partiellement  raison dans une décision du 12 avril. (voir http://www.bundesverfassungsgericht.de/pressemitteilungen/bvg13-024#top ) En effet, décidèrent les juges constitutionnels, des organes de presse possédant une « proximité avec les victimes », par le fait de leur nationalité, devaient pouvoir se voir attribuer des places. Au moins cela semble avoir été rendu possible…

Les conditions du début de ce procès constituent en elles-mêmes un scandale, alors que le procès du « NSU » est lui-même susceptible de révéler d’autres scandales de grande ampleur. A condition, entre autres, que Beate Zschäpe se décide de parler, après avoir gardé jusqu’ici le silence total depuis qu’elle s’est  à la police le 08 novembre 2011.

Les autorités judiciaires, qui tablent sur une durée du procès s’étalant deux ans, ont prévu de laisser jusqu’en novembre 2013 pour les auditions de témoins, mais en programmant celles des experts  en matière d’armes et de balistique avant celles des témoins oculaires, ou encore des proches des victimes. L’objectif poursuivi – ou au moins l’effet obtenu – pourrait être que l’opinion publique commence à se désintéresser d’un procès qui prendrait  d’abord l’allure d’une longue expertise portant sur des détails techniques. Serait-ce le but recherché, Les parties civiles, ou certaines d’entre elles, ont d’ores et déjà exprimé leur crainte de rester finalement sur leur faim.

 

A l’opinion publique, allemande internationale revient le rôle de se saisir de la petite ouverture sur la vérité que crée, malgré tout, ce procès. La porte, qui n’est que légèrement entrebâillée, doit être grandement ouverte. Puis des conséquences politiques doivent en être tirées. Celles-ci ne devront pas épargner des responsables politiques ou administratifs, fussent-ils haut placés.

Bernard Schmid pour

MEMORIAL 98

 

 

 

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12 avril 2013 5 12 /04 /avril /2013 00:05

 

 

L’année 2013 marque le 70e anniversaire de la résistance et la révolte du ghetto de Varsovie.

L’insurrection débute le 19 avril 1943, par l'attaque des troupes allemandes venues liquider le ghetto, et se termine à la mi-mai. Le principal dirigeant de l’insurrection et de l’Organisation Juive de Combat, Mordehaï Anilewicz, se suicide le 8 mai.

À l’occasion de deux commémorations, l’une organisée par nos amis marseillais et l’autre à la Mairie du 10e arrondissement de Paris, il sera rendu hommage d'une part à l’historien du ghetto Emmanuel Ringelblum et de l'autre à Szmuel Zygielbojm, représentant du mouvement ouvrier juif Bund dans le gouvernement polonais en exil à Londres.

 

Au moment où la Pologne est envahie par les Allemands en 1939, l’historien juif polonais Emmanuel Ringelblum a trente-neuf ans, c'est un spécialiste reconnu de l’histoire du peuple juif.

Il vit à Varsovie avec sa famille et a très vite compris le sort que les nazis réservent aux Juifs d’Europe. Il aurait pu quitter la Pologne avec sa famille mais sa femme et lui décident de rester pour témoigner «pour les générations futures». Leçon de courage, terrible choix, puisqu’en allant jusqu’au bout de sa mission « d’historien, d’écrivain et de témoin», il meurt assassiné par les nazis dans la prison Pawiak en 1944 avec sa femme et son fils Uri.

Emmanuel Ringelblum avait créé un groupe de travail culturel du nom d’«Oneg Shabbat »  ( c'est à dire le plaisir du Shabbat). Ce nom était en fait une couverture. L’objectif était de décrire précisément les conditions de vie des Juifs dans le ghetto. Porteurs d’une vision très moderne de l’histoire, ils encouragèrent tous les habitants du ghetto à écrire eux-mêmes ce qu’ils vivaient au quotidien et à leur remettre leurs écrits. En 1943, alors que sévit la seconde grande rafle du ghetto, sentant «l’inéluctable fin», Emmanuel Ringelblum et les membres d’Oyneg Shabbos enfermèrent les milliers de documents et de témoignages recueillis pendant toutes ces années dans des bidons de lait en fer qu’ils cachèrent sous la terre, avec l’espoir qu’ils seraient retrouvés «un jour». Après la guerre, grâce à la ténacité de Rachel Auerbach, une rescapée du ghetto membre du groupe Oyneg Shabbos, une partie des archives Ringelblum, dont les textes écrits par Emmanuel Ringelblum lui-même, fut retrouvée. Elles ont été classées au Patrimoine Mondial de l’Unesco.

Szmuel Zygielbojm s’est suicidé à Londres le 12 Mai 1943, après l’écrasement de la révolte du ghetto, pour protester contre l’inaction des gouvernements alliés.

Il laissa une lettre dont voici des extraits :

« Derrière les murs du ghetto se déroule à présent le dernier acte d’une tragédie sans précédent dans l’Histoire. La responsabilité du forfait consistant à exterminer la totalité de la population juive de Pologne retombe au premier chef sur les exécutants; mais, indirectement, elle rejaillit également sur l’humanité tout entière. Les nations et les gouvernements alliés n’ont entrepris jusqu’ici aucune action concrète pour arrêter le massacre. 
En acceptant d’assister passivement à l’extermination de millions d’êtres humains sans défense - les enfants, les femmes et les hommes martyrisés - ces pays sont devenus les complices des criminels.[...]
 Je ne puis me taire. Je ne peux pas rester en vie alors même que disparaissent les derniers restes du peuple juif de Pologne dont je suis le représentant. Mes camarades du ghetto de Varsovie ont succombé, l’arme au poing, dans un dernier élan héroïque. Il ne m’a pas été donné de mourir comme eux, ni avec eux. Mais ma vie leur appartient et j’appartiens à leur tombe commune. Par ma mort, je désire exprimer ma protestation la plus profonde contre la passivité avec laquelle le monde observe et permet l’extermination du peuple juif.
 Je suis conscient de la valeur infime d’une vie humaine, surtout au moment présent. Mais comme je n’ai pas réussi à le réaliser de mon vivant, peut-être ma mort pourra-t-elle contribuer à arracher à l’indifférence ceux qui peuvent et doivent agir pour sauver de l’extermination — ne fût-ce qu’en ce moment ultime — cette poignée de juifs polonais qui survivent encore. Ma vie appartient au peuple juif de Pologne et c’est pourquoi je lui en fais don. Je désire que l’infime résidu des millions de Juifs de Pologne resté en vie puisse survivre assez longtemps pour connaître, avec les masses polonaises, la Libération et qu’il puisse respirer dans un pays et un monde de liberté et de justice socialistes pour toutes ses peines et ses souffrances inhumaines.»

(Londres, mai 1943)

 

MARSEILLE

 

Le 20 avril 2013, à L'ÉQUITABLE CAFÉ, (Cours Julien) à partir de 19 heures, Didier Zuili organise en association avec Le Collectif Camédia un hommage aux résistants du ghetto de Varsovie.

  Entrée Libre. Renseignements: 06 21 11 52 84.

20 avril bis

 

 

Programme

HISTOIRE

Jean-Claude Famulicki présentera Ecriture de résistance dans le ghetto de Varsovie à travers le parcours et le combat acharné de l'historien Emmanuel Ringleblum et du collectif Oneyg Shabbos. Intervention suivie d'un dialogue avec le public

LECTURES

Les membres de l’association “En lecture Simone” liront des textes de Bernard Goldstein, un des grands résistants du ghetto de Varsovie ainsi que des  poèmes de Genia Finkelstein, issus de son livre: LE CRI DU GHETTO. Génia Finkelstein est rescapée du ghetto de Varsovie. Elle vient d'avoir 88 ans.

 IMAGES ET SONS

Romain Gigoi, compositeur et clarinettiste improvisera sur des photos et des vidéos sur le thème "Résistants et Résistance dans le ghetto de Varsovie".

Projection du film (13 minutes) d'entretiens entre Joseph Finkestein et sa mère Génia autour de ses souvenirs dans le ghetto de Varsovie.

EXPOSITION

Didier Zuili présentera une exposition de 20 planches de sa bande dessinée en cours de réalisation Varsovie de ma jeunesse sur le thème de la résistance dans le ghetto. (Editions Liliane Marouani)

 

 

PARIS

 

Deux cérémonies sont organisées à Paris pour marquer le 70e anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie. La première se tiendra à la Mairie du Xe arrondissement le vendredi 19 avril et la seconde au Mémorial de la Shoah le dimanche 21 avril 2013. Par ailleurs, deux soirées d’hommage sont prévues le mercredi 17 avril à la synagogue Charles Liché et le jeudi 18 avril au cercle Bernard Lazare.

 

Commémoration à la Mairie du Xe arrondissement de Paris

Organisée en partenariat avec le Centre Medem-Arbeter Ring et le Club Laïque de l’Enfance Juive (CLEJ)

Vendredi 19 avril 2013          Entrée libre

15h30 - Inauguration de l’exposition "Hommage à Szmuel Zygielbojm", représentant du mouvement ouvrier juif Bund dans le gouvernement polonais en exil à Londres.

 16h - Table ronde autour de la figure de Szmuel Zygielbojm

Avec Annette Wieviorka, Jean-Charles Szurek et Philippe Boukara

19h - Cérémonie marquant le 70e anniversaire de l’insurrection du ghetto de Varsovie (Salle des fêtes, 72, rue du Faubourg Saint-Martin 75010 Paris, Métro : Château d'Eau)

 

 

A la synagogue Charles Liché

Mercredi 17 avril 2013, 20h

Synagogue Charles Liché (particulièrement dédiée au souvenir des déportés)

14, place des Vosges 75004 Paris, Métro : Chemin Vert

Réservation obligatoire : synadesvosges@noos.fr

 

Hommage aux victimes juives en Pologne et aux combattants juifs du ghetto de Varsovie avec la participation d’Henri Minczeles, historien, auteur de Une Histoire des Juifs de Pologne (La Découverte, 2011), de Jean-Charles Szurek, historien chercheur au CNRS, auteur notamment de La Pologne, les Juifs et le communisme (éd. Michel Houdiard, 2010) et de Régine Frydman et Nathalie Metz pour le livre J’avais huit ans dans le ghetto de Varsovie (Tallandier, 2011).

 

 

Commémoration au Cercle Bernard Lazare

Jeudi 18 avril 2013, 20h30

 Avec Michèle Goldstein-Narvaez, auteur de Nous attendons de nos nouvelles. Voix et destins du ghetto de Varsovie (Ed. Max Milo, 2013)

Chants : Jacinta 

Cercle Bernard Lazare

10, rue Saint Claude 75003 Paris

Métro : Saint-Sébastien - Froissart

Email : bernardlazare@noos.fr

 

 

(voir aussi sur ce site

Hitler ? Pff, une banalité ! ... par Souâd Belhaddad

30 janvier 1933 : le désastre.

Michel Slitinsky: hommage à un combattant.

Mémoire: la Nuit de Cristal de Novembre 1938

La rafle du Vel d’Hiv et la mémoire de la Shoah

Antisémitisme: le double anniversaire du 3 Octobre

Europe de l’Est : Kaczynski, Hongrie.

Vel d'Hiv: le document

Serge Klarsfeld : au-delà du respect.

Benoît XVI : le pape révisionniste.

Document exceptionnel: entretien avec Raul Hilberg

La Pologne de nouveau face à l'antisémitisme

Le centenaire d'Hergé, antisémite et collaborateur des nazis )

   

MEMORIAL 98

Suivez l'actualité quotidienne de Memorial 98 sur Facebook, à l'adresse http://www.facebook.com/groups/348947755137242/  

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5 avril 2013 5 05 /04 /avril /2013 00:52

 

À la veille du 19ème anniversaire du début du génocide des Tutsi au Rwanda, le 6 avril 1994, un événement judiciaire d’importance vient de se produire, suite au long combat des rescapés et des associations. Un membre de l’armée rwandaise de l’époque, Pascal Simbikangwa, devrait être le premier Rwandais poursuivi en France pour son rôle présumé dans le génocide de 1994, après avoir été interpellé à Mayotte. Comme le Parquet l'avait fait il y a quelques semaines, les juges d'instruction du Tribunal de Grande Instance de Paris (TGI) ont décidé de le  renvoyer devant une cour d'assises pour « complicité de génocide » et  crime contre l'humanité. Sur la vingtaine de plaintes déposées à Paris par le Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda (CPCR), c'est la première fois qu'un dossier va aussi loin. Alain Gauthier, président du CPCR, a déclaré : « Les choses bougent véritablement et j’espère qu’on va aller dans un avenir proche vers d’autres procès. Le génocide des Tutsis a été perpétré il y a bientôt vingt ans et jusqu’à maintenant la France n’avait jugé personne. Il est urgent, vraiment, que non seulement ce premier procès ait lieu mais que beaucoup d’autres procès suivent aussi, rapidement, parce que le temps raisonnable est déjà dépassé depuis tellement longtemps. »

A l’approche du 20ème anniversaire de ces événements, il faut faire la lumière sur les complicités d’autorités françaises dans la préparation et la mise en œuvre de ce génocide qui vit le massacre de 800000 personnes sans que les dirigeants des grandes puissances ni l’ONU n’interviennent. Alors que les manipulations judiciaires à caractère négationniste ont été balayées (voir Rwanda : une claque aux négationnistes ) F. Hollande et le gouvernement doivent assumer le passé trouble de la France au Rwanda. Il serait insupportable de devoir attendre cetter reconnaissance pendant plus d'un demi-siècle, comme  pour la reconnaissance de la participation des autorités françaises dans la déportation des Juifs de France  lors du discours de J.Chirac au Vel'd'Hiv' en 1995 et pour le massacre des Algériens à Paris le 17 Octobre 1961 ( voir  17 Octobre: la mémoire d'un massacre à Paris) 

Nous soutenons toutes les initiatives qui vont dans le sens de cette reconnaissance, comme celle du collectif citoyen http://appel-citoyen-france-rwanda.over-blog.org

Nous appelons comme chaque année à rejoindre les commémorations du génocide organisées à l’initiative de l’association Ibuka France dans plusieurs villes (programme ci-dessous).

On notera cette année que, par les hasards symboliques du calendrier, la traditionnelle lecture des noms des déportés juifs dans l’enceinte du Mémorial de la Shoah à Paris aura lieu du dimanche 7 avril 2013 à 19h30 au lundi 8 avril à 18h (voir le programme complet http://www.yomhashoah.fr/5.html).  Un colloque sur le génocide des Tutsi aura lieu dans ce même Mémorial le 26 mai prochain (voir ci-dessous )

 

MEMORIAL 98   

 

Programmes des cérémonies de la 19ème commémoration du génocide des Tutsi en France

http://www.ibuka-france.org/

 

 À  Montpellier :  le vendredi 5 avril 2013  par l'Association franco-rwandaise de Montpellier

           19h :  extrait pièce de théâtre en résonance avec le drame vécu par les femmes rwandaises

            Recueillement en mémoire des victimes du génocide.

            Lieu:   58 Place de l'Eglise, 34750 Villeneuve lès Maguelone

 

À Paris : le dimanche 7 avril 2013

         15h30-17h : Rassemblement au Mur de la Paix (Champs de Mars) M° École Militaire

            17h30-18h : Marche du champ de Mars à Trocadéro

            19h à 22h30 : Veillée commémorative au siège de Médecins du Monde au 62 rue Marcadet-75018 Paris, M° Marcadet Poissonniers (ligne 12)

            22h30-23h : Verre d’amitié

 

       À Lille : le dimanche 7 avril 2013 par la Communauté Rwandaise du Nord/Pas de Calais & l’Association des Etudiants Rwandais de Lille 17 à 20h00, cérémonie du souvenir au Centre Culturel du campus universitaire de la Cité Scientifique à Villeneuve d’Ascq. M° Cité Scientifique

 

        À Bordeaux: le dimanche 7 avril 2013 avec l'association Cauri

 

            14h30 : Cérémonie sur le Pont de Pierre, avec jet de fleurs dans la Garonne.

 

            16h00 : Moment de recueillement dans la salle du Tchaï Bar, 49 rue du Mirail à Bordeaux

 

                Projection de témoignages, d'un extrait du documentaire "Par le raccourci" (Iy' ubusamo) de Dady de Maximo Mwicira Mitali

 

                Chants, poèmes, lecture de textes à la mémoire des victimes...

 

        A Toulouse : le dimanche 7 avril 2013 par la Diaspora Rwandaise de Toulouse

 

            16h30 à 19h: Marche du souvenir

 

            Lieu : Bibliothèque José Cabanis (arche Marengo) à la Place du Capitole

        A Strasbourg: le dimanche 7 avril 2013

            14h00 : Journée en mémoire des victimes du génocide contre  les Tutsi au Rwanda en 1994

            Lieu : salle de l’Eglise St Mathieu, 97 Boulevard d’Anvers, 67000 Strasbourg

        A Paris: le Mardi 9 avril 2013 par l'Ambassade du Rwanda à Paris

            11h :   cérémonie officielle de la 19e commémoration du génocide contre  les Tutsi au Rwanda en 1994

            Lieu : Salle IV Unesco, 7 Place Fontenoy, 75007 Paris

        A Rouen , le samedi 13 avril 2013 par la Diaspora Rwandaise de Normandie (D.R.N.) -Ihuliro

 

            14h–18h: Marche silencieuse du C.G jusqu’à la Rue de la République via le pont Jeanne d’arc

 

            Conférence-débats animés par des professeurs et historiens & témoignages

        A Rennes : le samedi 13 avril 2013

            14h00 : Cérémonie de commémoration  du génocide contre  les Tutsi au Rwanda en 1994

            Lieu: Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) Henri Freville, 5 rue de Suède, 35200 Rennes

        A Nantes : le dimanche 14 avril 2013 par l'association Subiruseke-Retrouvelesourire

 

            15h00 : Projection d’un film  « Au nom du Père, de tous, du ciel » suivi d'un temps de recueillement et des échanges; Adresse : Salle la Mano, 3 rue Eugène Thomas à Nantes ; Tram ligne 2 Arrêt Chêne des Anglais

 

        A Lyon  : le samedi 20 avril 2013

            14h30: Rassemblement au mémorial de Bellecour, place Antonin Poncet, 69002 Lyon (accueil des invités, différents discours et témoignages, dépôt de gerbe, etc.)

            18h30: Veillée commémorative à la Maison des passages, 44 rue St Georges, 69005 Lyon

        A Paris : le dimanche 26 mai 2013

            9h30 à 18h00 : Colloque international co-organisé avec le Mémorial de la Shoah sur  le thème: "Le génocide des Tutsi au Rwanda.  1993 : Que savait-on un an avant le génocide ?"  ; adresse : 17 Rue Geoffroy l'Asnier, 75004 Paris, Métro Pont Marie (ligne 7) ou Saint Paul (ligne 1)

 

        A Cluny : le samedi 08 juin 2013

            11h00 : Dépôt d’une gerbe de fleurs au monument érigé en mémoire des victimes du génocide des Tutsi

        A Trassalvas en Dordogne : week-end du 15 & 16 juin 2013 : une rencontre avec les rescapés : rencontre co-organisée avec l'association Cauri. Objectif : une prise des connaissances, aborder les sujets les préoccupant et formuler les recommandations

 

        A Dieulefit (dans la Drôme) : le samedi 29 juin 2013

            Inauguration d’une stèle commémorative du génocide des Tutsi

            Dépôt d'une plaque commémorative en hommage de Jean Carbonare

 

Nous comptons sur votre présence en grand nombre pour rendre hommage aux disparus.

 « Oublier, c’est disparaître »

Voir aussi :

Rwanda: au coeur des médias de la haine

Srebrenica : la brûlure de la mémoire

La rafle du Vel d’Hiv et la mémoire de la Shoah

Rwanda: 18 ans après le génocide.

MEMORIAL 98

 

 

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25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 00:27

Comme souvent, c’est dans les réactions et commentaires que se dévoile l’ampleur des dégâts de la polémique lancée par les phrases prononcées lors du congrès du Parti de Gauche à Bordeaux. 

Il y a bien sûr ceux et celles qui  traitent Mélenchon d’antisémite ; il y a aussi  la « mise au point » de l’orateur lui-même,  qui aggrave la portée de ses propos.

Qu’a donc déclaré Mélenchon à propos de Pierre Moscovici ? Nous reprenons ici la version tirée de l’enregistrement de ses propos, diffusée par le journal Politis, proche du dirigeant du PG (http://www.politis.fr/Ce-qu-a-VRAIMENT-dit-Melenchon,21436.html?utm_medium=facebook&utm_source=twitterfeed)

Il dit à propos de Moscovici, après avoir décrit ses positions dans les négociations européennes   « …Donc c’est un comportement irresponsable. Ou plus exactement c’est un comportement de quelqu’un qui ne pense plus en français… Qui pense dans la langue de la finance internationale. Voilà. »

Interpellé plus tard sur le sens de sa qualification et de son éventuelle portée antisémite, Mélenchon répond qu’il ne connaissait pas la « religion » de Moscovici, comme s’il s’agissait de croyances et de pratiques confessionnelles, qu'effectivement il n’a pas à connaître. 

 Il fait semblant de ne pas comprendre qu’il s’agit évidemment de l’origine des uns et des autres. Ignore-t-il vraiment que Moscovici est d’origine juive d’Europe de l’Est ? Difficile à croire.

Mélenchon voulait en réalité tenir un propos à tonalité « française » et n’a pas cherché à éviter le piège du nationalisme, qui constitue une vieille maladie de la gauche et du mouvement ouvrier français.

Ce n’est pas la première fois que Mélenchon s’embrouille à propos des origines et de l’antisémitisme. Nous avions relevé ses propos à l’époque, à l’occasion de l’escalade de la xénophobie de la droite et de la riposte qu’il convenait d’y apporter( voir  Sarkozy-Le Pen: l’apocalypse ?)

En mars 2011 l’UMP s’était lancée dans une campagne visant à discréditer Dominique Strauss-Kahn qui apparaissait à l’époque comme le favori des sondages pour la présidentielle de 2012 .

Pour le dissuader de se présenter, les dirigeants UMP se montraient prêts à recourir à des attaques fortement teintées d’antisémitisme.

La première salve était venue de Christian Jacob, président des députés UMP et proche de Copé. Elle faisait référence aux « terroirs » dont DSK serait exclu, selon le modèle des attaques contre Léon Blum et Pierre Mendès-France, eux aussi accusés en leur temps de ne pas être "enracinés".

Puis pour montrer qu’il ne s’agissait pas d’une simple plaisanterie, était ensuite venue l'explication de texte d’un « intellectuel » du gouvernement, Laurent Wauquiez,  lors d' un pèlerinage « chrétien » de Sarkozy au Puy-en-Velay.

Wauquiez, maire du Puy,  :"...Son discours (de DSK) est celui d'une mondialisation sans couleur, ni saveur, qui se joue dans des grandes capitales internationales, c'est très loin de nous tout ça. Avoir le Président  ( Sarkozy)chez nous en Haute-Loire est  un vrai geste de reconnaissance. Dominique Strauss-Kahn, c'est Washington, c'est sûrement une très belle maison qui donne sur le Potomac. C'est pas la Haute-Loire et c'est pas ces racines là".

C'est le terme "racines" qui était crucial, visant à disqualifier celui qui en serait privé, selon le stéréotype historique du "Juif errant" et sans racines, issu directement de l'anti-judaïsme de l'Eglise catholique et de l'Action Française de Charles Maurras. 

Mélenchon avait alors étrangement critiqué ceux qui relevaient la tonalité antisémite de ces mises en cause. Il écrivait sur son site : « …J’en profite pour dire que la façon de surévaluer deux phrases de Christian Jacob sur un tel thème, dans ce registre, de cette façon, aggrave le mal qu’elle prétend dénoncer. Qui a intérêt à incriminer d’antisémitisme dans une déclaration de cette sorte ? Pour menacer tous ceux qui s’opposeraient à Strauss Kahn d’antisémitisme? La ficelle est grosse! Surtout que l’accusation est particulièrement vicieuse. Sachant que l’antisémitisme n’est pas une opinion mais un délit en France grâce à la loi Gayssot (PCF) (erreur importante et embarrassante, la loi Gayssot condamne la négation de la Shoah et pas l’antisémitisme NDLR) on voit quel procédé inquisitorial et venimeux est ainsi mis en scène... Christian Jacob n’est pas un antisémite. C’est juste un gros agrarien archaïque !... »

Mélenchon faisait mine d’ignorer à quel point le recours à l’antisémitisme avait structuré les campagnes de la droite contre Léon Blum et Mendès-France. Il semblait aussi ignorer qu’une partie de la gauche se présentant comme « nationale » avait repris ce type de thèmes. Ainsi le PCF avait de nombreuses fois attaqué Blum avec des descriptions physiques et intellectuelles copiées de l’univers de la droite extrême.

Plus tard,  Georges Marchais avait-il en mai 1968 attaqué « l’anarchiste allemand Cohn Bendit »; des centaines de milliers de manifestants lui avaient alors répondu « Nous sommes tous des Juifs allemands » Ainsi le « républicain national » Chevènement avait-il qualifié le même  Cohn-Bendit de « représentant des élites mondialisées» que les Verts sont allés chercher en «Allemagne » (10 janvier 1999 sur TF1)

La gauche, héritière et porteuse du combat internationaliste, doit faire le ménage dans ses idées et son langage pour en bannir toute scorie chauvine.

Albert Herszkowicz

 MEMORIAL 98

 

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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 00:57

Goldnadel et Anne-Marie de la Croix

 

Des militants d'extrême-droite se réclamant du soutien au gouvernement israélien de Netanayahou   accueillent une propagandiste du régime syrien de Bachar Al Assad

A priori, cela semble  constituer une invention ou une manipulation à laquelle on ne peut pas croire (le lien est ici http://www.france-israel.org/articles.ahd?idart=4898)

Une organisation nommée «Alliance France–Israël», connue pour le positionnement très à droite de son président, l’avocat William Goldnadel, organise une conférence "exceptionnelle" avec une religieuse libanaise, la Mère Agnès-Mariam de la Croix 

 On peut voir un  échantillon de la prose de Goldnadel ici défendant l’écrivain xénophobe et laudateur d'Anton Breivik, Richard Millet http://www.atlantico.fr/decryptage/ces-faiblesses-coupables-occident-pour-colere-islamique-gilles-william-goldnadel-485037.html?page=0,2)

La  "Mère" Agnès-Mariam de la Croix.ci est connue pour son soutien au régime Assad et pour ses attaques violentes contre l’opposition au régime et les journalistes étrangers qui n’acceptent pas la propagande officielle.

Elle a été mise en cause dans la mort du journaliste Gilles Jacquier, tué à Homs en janvier 2012, sans doute pour avoir échappé au contrôle des services de renseignements qui organisaient sa visite en coopération avec la religieuse qui avait joué une fois de plus les intermédiaires (voir l’article du Monde  ci-dessous).

Cette propagandiste du «complot contre la Syrie» est d’ailleurs la vedette de tous les sites et groupes d’extrême-droite et complotistes ou « rouge-brun », violemment antisémites, qui se retrouvent aux côtés du massacreur Assad et de ses parrains Poutine et Ahmadinejad.

Cette mouvance explique que le gouvernement israélien est l'organisateur de la révolte contre Assad.

C’est particulièrement le cas de Thierry Meyssan et de son réseau Voltaire, dont la structure complotiste et négationniste est hébergée par le Hezbollah. 

Cette alliance mêlant une droite radicale se revendiquant d’un lien avec le judaïsme et Israël et le régime syrien est particulièrement choquante, dès lors que l'on prend en compte l’excellent accueil fait aux criminels de guerre nazis par la dynastie Assad.

En effet le régime a accueilli de nombreux nazis dont un des pires criminels de guerre, Aloïs Brunner, adjoint d’

                      Beate et Serge Klarsfeld manifestent contre l'accueil de Brunner par le régime syrien.

Adolf Eichmann et organisateur de très nombreuses déportations des Juifs de France et de Grèce.

 

Ce dernier arriva en Syrie vers 1954; plus tard, en 1971, il fut embauché comme conseiller du gouvernement de Hafez El Assad (père de Bachar). Il aida le pouvoir syrien à mettre en place des techniques de torture dans les prisons.

Le régime syrien a d’ailleurs toujours entretenu d’excellentes relations avec les organisations d’extrême-droite de par le monde ; en France il a financé et continue de financer les campagnes de divers groupes fascistes et néo-nazis, lesquels lui apportent en retour un soutien sans faille (voir notamment dans le bulletin anti-fasciste Reflex http://reflexes.samizdat.net/spip.php?article485)

En fait Goldnadel et ses acolytes de l’Union des patrons juifs de France (UPJF) qui annoncent la conférence (et qui avaient décerné un prix antiraciste à Brice Hortefeux voir Stéphane Guillon: bravo! ) considèrent que leur croisade contre "les musulmans " justifie une alliance avec le régime massacreur au pouvoir en Syrie.

Ils répètent ainsi leur recherche d'alliance avec les droites les plus radicales profondément antisémites, au nom d'un front relevant du "choc des civilisations".

Ci-dessous l’invitation à la conférence et l’article du Monde décrivant le rôle de la propagandiste de Bachar El Assad

« Chers Amis, Je me permets d’attirer particulièrement votre attention sur la prochaine conférence organisée par l’Association France-Israël. Nous aurons le plaisir d’accueillir Mère Agnès-Mariam de la Croix, Higoumène du Couvent de Saint Jacques de l’Intercis en Syrie, pour une conférence-débat sur le thème : « Situation des Chrétiens en Syrie, quel message pour Israël et pour la France ? » (Détails ci-dessous)

Conférence exceptionnelle de Mère Agnès-Mariam de la Croix le 21 mars 2013 à 20h30

Je compte vous voir nombreux à cet événement et vous remercie de bien vouloir vous inscrire dès à présent.
Inscription (100 places seulement) :
01 47 20 79 50 – e-mail : contact@france-israel.org

Gilles William Goldnadel, Président

Situation des Chrétiens en Syrie, quel message pour Israël et pour la France ?
 Conférence-débat par 
Mère Agnès-Mariam de la Croix Higoumène du Couvent de Saint Jacques de l’Intercis en Syrie

Secrétaire Générale de ISTEAMS
(Groupe International de Soutien pour la Réconciliation et la Solidarité)

Modérateur : Maître Charles Meyer,
 Vice-Président Exécutif de l’Association
 Jeudi 21 mars 2013 à 20h30
 Salon Amphi Pereire

100 bld Pereire 75017 PARIS


o-o-o-o-o-o-o

INSCRIPTION à renvoyer à l’Association France-Israël 
BP 80815 – 75828 PARIS CEDEX 17

 



Une religieuse au service de Bachar Al-Assad

 

LE MONDE | 14.01.12 |

 

par Christophe Ayad

 

Le parquet de Paris a ouvert, vendredi 13 janvier, une enquête pour homicide volontaire après la mort du journaliste de France 2 Gilles Jacquier, tué par un obus, le 11 janvier, à Homs. Son corps, rapatrié vendredi en France, a été autopsié. La direction de la chaîne a déposé plainte. Elle s’étonne des circonstances «  troublantes  » entourant l’attaque, notamment la soudaine disparition des militaires escortant les journalistes au moment de couvrir une petite manifestation pro-régime et l’insistance des organisateurs à monter cette visite à Homs, Gilles Jacquier y étant réticent. Les autorités syriennes ont annoncé la création d’une commission d’enquête sur cette « attaque terroriste  ».

 

 Ce drame a mis indirectement en lumière le rôle joué par la religieuse Agnès-Marie de la Croix, qui avait obtenu les visas d’entrée de l’équipe de France 2 et de plusieurs autres journalistes étrangers. Melkite, de nationalité libanaise et française, cette soeur de 60 ans est installée en Syrie depuis 2000. Elle y a fondé et dirige le couvent Saint-Jacques-le-Mutilé, à Qara, à mi-chemin entre Homs et Damas. Depuis plusieurs mois, elle multiplie sur des sites chrétiens mais aussi sur le réseau Voltaire de Thierry Meyssan, tribunes et entretiens en faveur du régime de Bachar Al-Assad, auprès duquel elle semble avoir ses entrées. Jointe par Le Monde, elle dit ne pas faire de politique mais affiche son soutien au président syrien sur sa page Facebook.

 

 Reprenant à son compte l’argumentaire du régime, elle explique agir «par amour de la vérité et pour protéger la population civile attaquée par des gangs armés  ». Pour elle, le régime n’est pas parfait mais s’il tombe, la Syrie – et en particulier la communauté chrétienne – subira le même sort que l’Irak : la guerre civile et l’épuration communautaire. Son point de vue est partagé par une grande partie de la communauté et des ecclésiastiques chrétiens, avec des exceptions comme le jésuite italien Paolo Dall‘Oglio du couvent de Mar Moussa, menacé d’expulsion en 2011.

 

  

UNE « CHABIHA MÉDIATIQUE »

 

 Pour un diplomate en poste à Damas, la religieuse est une «  chabiha médiatique  », une milicienne à la solde du régime. En novembre 2011, elle organise un premier voyage pour la presse catholique, ainsi que La Libre Belgique et la télévision belge francophone, emmenée à Homs, dans les quartiers tenus par l’armée. Début janvier, alors que Damas lance une opération de communication en parallèle à la mission d’observation de la Ligue arabe, la religieuse obtient une dizaine de visas, notamment pour l’équipe de France 2, venue pour un sujet sur les pro-Assad.

 

 Un programme de la visite des journalistes a été préalablement établi en accord avec les ministères de l’information et des affaires étrangères syriens. Dès que Gilles Jacquier exprime le souhait de s’en écarter, il est menacé d’expulsion.

 

 Son séjour, à partir du 7 janvier, ne se passe pas bien, selon sa compagne Caroline Poiron, présente sur place : «  En théorie, nous étions libres de circuler à Damas. Mais dès qu’on voulait sortir, il manquait toujours quelque chose : un papier, un traducteur, une autorisation. Nous étions soumis en permanence à une propagande très subtile.  »

«  Les journalistes étaient libres, répond la religieuse. Je n’ai rien organisé, j’ai juste fait l’intermédiaire. On rend service et, ensuite, vous vous faites poignarder dans le dos. Ce n’est pas correct.  » Une formule pour le moins mal venue.

Voir aussi

 

 

Syrie: 2 ans déjà, manifestons avec eux le 16 mars!

Syrie : le sens de notre soutien.

Hitler ? Pff, une banalité ! ... par Souâd Belhaddad

Tunisie: nouvelle alerte à l'antisémitisme

Syrie : l’année de la libération ?

Syrie: le déchirement

http://info-antiraciste.blogspot.com/2016/04/proces-eichmann-55-ans-apres-un-moment.html

 

 

 

 

MEMORIAL 98

 

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