L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.
Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.
Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes
(Arménie, Rwanda, Shoah ...)
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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :
Nous reproduisons une prise de position de l'association française des anthropologues que nous approuvons totalement.
MEMORIAL 98
A propos de l'instauration d'un ministère « de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du co-développement »
L’Association française des anthropologues estime très alarmante la création d’un ministère « de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du codéveloppement » et exprime son soutien aux chercheurs démissionnaires de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI). Certes, l’instrumentalisation par le gouvernement et de nombreux acteurs politiques des thèmes de l’immigration et de l’intégration n’est pas une nouveauté en France ; elle se traduit depuis une vingtaine d’années par une cascade de lois et circulaires. Une surenchère ininterrompue s’est mise en place, qui renforce la pression sur les étrangers, démantèle le droit d’asile, réduit les possibilités de renouvellement des cartes de séjour, produit des sans papiers, amplifie les contrôles d’identité au faciès et aboutit à fragiliser des pans entiers de la société sous prétexte de lutter contre l’immigration illégale. Néanmoins, un tournant particulièrement inquiétant a été franchi avec l’instauration d’un ministère associant les termes d’immigration, d’intégration et d’« identité nationale », suggérant que la nation serait menacée ou polluée par l’immigration.
Nous, ethnologues et anthropologues, dont la discipline à vocation comparative fonde son corpus de connaissances sur les questions de l’altérité et de l’identité, tenons à affirmer que la notion d’identité nationale ne saurait avoir de validité scientifique. Elle est une construction sociale imaginaire qui, sous couvert d’unité, tend à renforcer les divisions, les discriminations et les inégalités. A travers le monde et les époques, les exemples que nous observons montrent que lorsque l’État s’empare du thème de l’identité nationale, c’est partout une incitation directe au mieux à la xénophobie, au pire à des violences entre groupes d’origines différentes. De même que la loi ne dit ni ne fait l’histoire, un État qui se veut démocratique ne saurait édicter l’identité d’une nation, que ce soit en termes ethnique ou culturel, moral ou encore idéologique.
Paris, 31 mai 2007 Association française des anthropologues, http://www.afa.msh-paris.fr
Fidèle à ses pratiques xénophobes, Le Pen met en cause la double nationalité de Rachida Dati.
Une fois de plus Le Pen s’en prend aux origines et au nom de ceux qu’il veut stigmatiser.
Pendant la campagne présidentielle il a ainsi à plusieurs reprises mis en cause les « trois grands parents étrangers de Sarkozy ». Nous avons révélé ici-même qu’il s’agissait d’une référence codée au statut des juifs de Pétain (voir notre précédent article Le Pen et les "3 grands-parents étrangers" de Sarkozy)
Le dirigeant d’extrême droite s’en prend maintenant à Dati dans ces termes : " question à Mme Dati: est ce que vous avez la nationalité marocaine, ou est-ce que vous avez la nationalité française ? Vous devez choisir. Si vous choisissez la nationalité étrangère, vous serez des étrangers, respectés en France, mais selon le statut des étrangers, sans les avantages que moi je crois devoir réserver aux Français… »
Tradition délatrice
Le Pen s’inscrit ainsi dans la longue tradition de l’extrême droite française consistant à dénoncer des personnes en raison de leur religion ou de leur origine et à dresser dans ce but des listes de noms. Le dirigeant du FN a souvent fait huer des noms à consonance juive lors des fêtes de son parti.
Il a inauguré ce style d’attaque dès 1989.
Le 5 décembre de cette année là, à la télévision (chaîne la 5), Le Pen est censé débattre avec Lionel Stoleru (alors secrétaire d'Etat chargé du Plan), sur le thème du travail au noir:
Il commence par demander à son interlocuteur s'il a la double nationalité...
Réponse de Stoleru:
- "Être juif, ce n'est pas une nationalité... Jusqu'à présent, c'est une
religion."
Après les hésitations de Le Pen, la discussion porte sur le contrôle du travail clandestin:
Lionel Stoleru : "Sur ce problème du travail au noir, j'ai moi-même organisé des
descentes dans le Sentier, des opérations coup de poing..."
Jean-Marie Le Pen : "Vraiment ? Vous pourriez faire une rafle, c'est le cas de le dire..."
Cette agression antisémite provoque à l’époque un tollé.
En Europe, la droite et l’extrême droite contre la double nationalité
La remise en cause en cause de la double nationalité n'est pas limitée aux vitupérations de Le Pen. Dans notre pays, le candidat du MPF de Villiers a inscrit à son programme" l'interdiction de la double nationalité". Il est maintenant membre de la majorité présidentielle après avoir appelé à voter pour Sarkozy. L'UMP ne présente d'ailleurs pas de candidat dans sa circonscription ainsi que dans celle de son collègue de parti et député sortant.
Les attaques contre la double nationalité ont aussi connu récemment un grand retentissement aux Pays-Bas.
Après les élections de Novembre dernier le nouveau gouvernement néerlandais compte deux membres issus de l’immigration : Ahmed Aboutaleb, d'origine marocaine, chargé du secrétariat d'Etat aux Affaires sociales et Mme Nebahat Albayrak, d'origine turque, secrétaire d'Etat à la Justice. Leur nomination a soulevé une violente polémique, notamment de la part du parti d'extrême droite PPV qui a introduit une motion au Parlement pour bloquer leur candidature, arguant que leur double nationalité poserait un problème de loyauté
Après l’extrême droite, le Parti libéral (VVD), membre du groupe des libéraux au parlement européen comme l’UDF française, a demandé à Nebahat Albayrak, d'abandonner sa nationalité turque.
En Allemagne le parti démocrate-chrétien CDU-CSU, correspondant de l’UMP et membre du même parti populaire européen, mène depuis des années une campagne contre le droit à la double nationalité des personnes issues de l’immigration.
La mise en avant d'une menace à l'"identité nationale" conduit à s'attaquer à la double nationalité.
Rachida Dati est elle même victime de ce piège infernal.
MEMORIAL 98
Actualisation du 14 septembre 2016
Dans sa croisade contre les prénoms "non-chrétiens" donnés à des enfants français, le néo-pétainiste Eric Zemmour met en cause Rachida Dati, parmi d'autres . "Elle a appelé sa fille Zohra. Je trouve ça scandaleux et je le lui ai dit", a déclaré l'agitateur qui sévit sur RTL.
Il ajoute qu'en raison de leur nom et leurs origines, "Zinedine Zidane, Jamel Debbouze et Omary Sy sont moins Français que lui".
Dati a apporté une réponse que les médias jugent " cinglante " à cette remarque en déclarant: "Qu’il se fasse soigner je pense. C’est pathologique, non ? Que voulez-vous que je réponde à ça ? Il n’y a rien d’autre à dire". Elle précise que le nom de sa fille est celui de sa propre mère.
Une fois de plus Rachida Dati, attaquée personnellement, se retrouve face à ses contradictions et ses choix politiques. En effet si Zemmour est " malade", alors Nicolas Sarkozy qu'elle a accompagné dans ses campagnes de 2007 et 2012 et tout au long de son quinquennat, l'est tout autant. Celui qu'elle appuie à nouveau dans le cadre de la primaire à droite doit également se faire "soigner" .
En 2007, face aux attaques de Le Pen sur sa double nationalité ( ci-dessus) nous avions déjà souligné qu'elle était victime d'un piège xénophobe, auquel elle contribuait directement. C'est à nouveau le cas face à Eric Zemmour.
Arno Klarsfeld exploite son nom pour défendre les pires causes
Avec les victimes de Papon ou avec ceux qui le soutiennent ?
Candidat UMP à Paris, Il déclare dans le journal Métro du 31/05/07 : “Je ne suis pas un inconnu dans la vie politique. Ça fait longtemps que je suis engagé avec mes parents, j’ai joué un rôle déterminant dans des procès historiques comme celui de Papon, j’ai rempli des missions pour Nicolas Sarkozy…
Revendiquant ainsi sa présence lors du procès Papon, Arno Klarsfeld doit pour le moins s’expliquer sur le pèlerinage à grand spectacle de son mentor Sarkozy auprès de Maurice Druon le 1er Mars dernier. Ce jour-là, devant de nombreux journalistes et officiels de l’UMP, Druon a adoubé Sarkozy et déclaré celui-ci représentait sa "descendance" politique (voir Sarkozy encense Maurice Druon, ami et soutien de Papon )
Arno Klarsfeld lui-même dénonçait Druon en ces termes dans une tribune publiée par le journal Le Monde le 4/8/2002 et intitulée "Israël face à la barbarie " «… Mais les faiseurs d'opinion européens sont imperméables à la logique dans le cas d'Israël tant ils ont été habitués à considérer les juifs comme des victimes passives. Ils sont là pour les commémorer ou pour considérer, à l'instar d'un bel esprit comme Maurice Druon, que durant la seconde guerre mondiale "ils se sont laissé mener à l'abattoir comme des moutons".
De quel côté se place donc Arno Klarsfeld ?
Est-il avec les victimes et les parties civiles du procès Papon ou avec Druon qui est venu témoigner pour défendre Papon, insulter les déportés et leurs enfants? Faut-il croire le Klarsfeld de 2002 ou celui de 2007, rallié à Sarkozy et à Druon et au refus de toute "repentance"? (voir Sarkozy jette aux orties la reconnaissance de la participation de la France à la Shoah )
Pointe avancée du ministère de la honte
Arno Klarsfeld soutient mordicus la création du Ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, voulu par Sarkozy pour attirer l’électorat du Front National. Il aurait même, selon le Journal du Dimanche dans son édition du 18 Mars dernier (ci-dessous) plaidé pour le maintien de ce terme, venu tout droit de la xénophobie traditionnelle à la française.
« Présidentielle 18/03/2007 - 10:53 Klarsfeld et l'identité nationale Le Journal du Dimanche révèle qu'Arno Klarsfeld n'est pas pour rien dans le fait que Nicolas Sarkozy ait décidé finalement de ne pas renoncer à son concept "d'identité nationale" alors qu'il était prêt à y substituer celui "d'intégration républicaine". L'avocat, conseiller du candidat UMP a convaincu ce dernier de rester "droit dans ses bottes". "Il faut que tu ailles jusqu'au bout sinon on va croire que tu te renies", lui a-t-il dit dans l'avion qui les menait jeudi à Nantes ».
A l’inverse, Simone Weil a au moins fait connaître publiquement son désaccord avec cette mesure, en notant justement que l’accouplement de l’immigration et de l’identité nationale représentait un signal plus que douteux.
A Klarsfeld n’hésite pas à utiliser la grosse démagogie xénophobe
Confronté à la critique de son parachutage dans le 12 eme arrondissement, il répond ( dans le JDD du Dimanche 20 Mai 2007):
« C'est étrange de se voir traité de parachuté quand on habite le ViIIe, à quelques stations de métro du XIIe. Cette accusation vient souvent des partis de gauche ou d'extrême gauche qui proposent que les étrangers puissent voter aux élections nationales mais refusent qu'un Parisien se présente aux législatives à dix minutes en vélo de chez lui… »
Arno Klarsfeld exploite et trahit sans vergogne le combat de tous ceux qui ont combattu et combattent pour la mémoire, contre le racisme et le négationnisme.
A la Libération Hergé figure dans la "Galerie des traitres" en raison de se collaboration au journal belge pro-nazi "Le Soir"
MEMORIAL 98
On célèbre actuellement en grande pompe le centenaire de la naissance d'Hergé. Il est assez peu question de sa collaboration avec les fascistes et collaborateurs pro-nazis de Belgique, ainsi que de ses dessins antisémites.
C'est d'ailleurs un phénomène général concernant les écrivains antisémites : un voile pudique enveloppe le plus souvent leurs turpitudes racistes. Parmi tant d'autres mentionnons Simenon, compatriote d'Hergé, qui a poursuivi ses tirades antisémites au lendemain de la deuxième guerre. C'est le cas aussi de Céline, qui a passé la même guerre à encourager publiquement l'extermination des juifs et à dénoncer individuellement certains d'entre eux. Il faut aussi mentionner Paul Morand, pétainiste bon teint, Giraudoux commissaire à la propagande de Pétain et dont la pièce la Folle de Chaillot, écrite en pleine guerre, disserte sur les effets néfastes de l'occupation de Paris par une race étrangère de spéculateurs et se termine par le gazage de ceux-ci. Dans la génération précédente il y eut Maurice Barrès, nationaliste anti-dreyfusard et antisémite forcené remis à l'honneur par Sarkozy pendant sa campagne (voir notre précédent article Sarkozy et le Front National)
Georges Remi, dit "Hergé", l'auteur de Tintin, fut le compagnon de route de plusieurs dirigeants de l’extrême droite belge. Issu des rangs de la droite catholique, tendance maurrassienne, Hergé fut l’ami de Léon Degrelle, dirigeant du fascisme en Belgique et nazi convaincu.
Après 1940, sa carrière professionnelle se poursuivra au sein du journal Le Soir, volé par la propagande nazie et dirigé par un quarteron de collabos.
Il est issu de la droite catholique marquée par les années 1930 et la situation politique de cette décennie.
Le dessinateur rencontre au collège bruxellois Saint-Boniface ceux qui incarneront l’extrême droite religieuse et culturelle: l’abbé Wallez, le véritable père spirituel d’Hergé, Paul Jamin, qui, sous le pseudonyme de "Jam", dessinera les caricatures antipolitiques et antisémites dans "Le Pays réel" organe du parti fasciste Rex, ainsi que Léon Degrelle lui-même, le "Chef" de cette formation.
Hergé a illustré la brochure de ce dernier, "Histoire de la guerre scolaire", en 1932. Juste avant la guerre, Hergé a prété son concours à un journal financé par l'ambassade d'Allemagne à Bruxelles: "L'Ouest" . Il y publie une série "neutraliste" intitulée les "Aventures de Mr Bellum" qui caricature violemment la position de la France en décembre 1939.
Quand les nazis s’installent en Belgique, le jeune dessinateur en profite largement.
Le journal " Le Soir ", dit "Le Soir volé" était alors dirigé par Raymond De Becker qui, issu des rangs démocrates-chrétiens, devint un adepte du national-socialisme. Contrôlé et toléré par les nazis, ce quotidien avait une diffusion maximale. A un moment donné, il tire à 300.000 exemplaires.
Tintin contribua au succès du quotidien. Les années 1940-1944 furent les meilleures pour Hergé. Il n’a jamais autant dessiné.
Les aventures de Tintin paraissent d'abord dans un supplément, "Le Soir Jeunesse". Parmi le lectorat du " Soir ", il fidélise un public de plus en plus tintinophile avec des dessins, en règle générale apolitiques, qui n’évoquèrent que rarement la guerre ou l’occupation.
Sauf dans " L’Etoile mystérieuse ", où une orientation clairement anti-américaine et antisémite se manifeste sans complexe.
Dans la première édition de L'Étoile Mystérieuse, l'expédition internationale à laquelle participe Tintin ne compte que des pays neutres ou membres de l'Axe nazi, et leur déloyal concurrent est sous pavillon américain et financé par un certain Blumenstein, nom à connotation juive. Ce nom sera remplacé par Bohlwinkelet le pavillon américain par celui d'un pays imaginairedans des versions ultérieures. Une planche qui caricaturait des marchands juifs, se réjouissant des affaires qu'ils allaient faire grâce à la fin du monde, avait été supprimée dans l'album.
L'œuvre d'Hergé contient aussi d'autres dessins douteux dans ce registre ; ils ont pratiquement tous été corrigés par la suite, à l'exception notable du nez de Blumenstein, que Hergé projetait de redessiner, sans jamais pourtant prendre le temps de le faire.
A la Libération, le "cas Hergé" fut rapidement oublié par les magistrats qui avaient alors de plus lourds dossiers à boucler.
La parution des "7 Boules de Cristal" sera interrompue le 3 septembre 1944. En quelques jours, Hergé est arrêté à quatre reprises, par la Sûreté de l'État, la police judiciaire, le Mouvement National Belge et le Front de l'indépendance. Son domicile est perquisitionné. Tous les journalistes ayant participé à la rédaction d'un journal pendant l'Occupation se voient interdire provisoirement toute publication.
Pendant cette période troublée, Hergé a écrit des récits d'évasion, évitant de faire référence à la situation politique internationale.
Mise à jour du 20 novembre 2016:
Les ventes des planches de Hergé continuent à battre des records de prix. Les millions d'euros s'accumulent. Un minimum de justice et de correction devrait conduirait à verser une partie de ces sommes à des victimes du nazisme ainsi qu'à des associations de lutte contre les idéologies de haine. Un tel geste constituerait une compensation à la collaboration de Hergé avec le nazisme.
Actualisation du 26 septembre 2016:
A l'occasion de la grande exposition Hergé qui s'ouvre ces jours-ci à Paris, on constate à nouveau à quel point la trajectoire du dessinateur est occultée, malgré les centaines d'articles qui lui sont consacrés.
Aucune mention de sa coopération avec les collaborateurs des nazis en Belgique et de son compagnonnage avec le chef fasciste local, Léon Degrelle.
Notre publication de 2007, à l'occasion du centenaire de la naissance de Hergé, est donc plus que jamais d'actualité.
La nouvelle équipe dirigeante de l’UMP est composée d’un triumvirat Gaudin-Hortefeux-Méhaignerie dont les deux premiers se sont illustrés dans la complaisance à l'égard du Front National.
Jean-Claude Gaudin, actuel maire de Marseille a, dès 1986, fait alliance avec le Front National pour être élu à la tête de la région PACA et gérer localement avec ce parti jusqu'en 1992, à coup de nominations et de désistements réciproques lors des échéances électorales. Cette gestion a servi de laboratoire et de "modèle" à des dirigeants régionaux de la droite qui ont finalisé leurs accords locaux en 1998.
Il a ensuite récupéré de nombreux cadres et élus FN locaux, rebaptisés « droite républicaine », sans avoir rien changé de leurs idées et de leurs pratiques.
Un des fleurons de ce recyclage est Daniel Simonpieri, maire de Marignane qu'il a conquise en 1995 sous la bannière FN, intégré à l'UMP par Gaudin en 2004, qui a déclaré au lendemain du premier tour de la présidentielle de 2007: «Beaucoup d'électeurs FN ont constaté que Nicolas Sarkozy disait les mêmes choses que Le Pen, mais que lui avait une chance de les mettre un jour en application. Ils ont donc voté utile. Parce qu'ils ont cessé de croire à l'accession de Le Pen au pouvoir». (dans Le Canard enchaîné du 25 Avril 2007).
En 1998 lors de la grande vague d’alliances entre la droite et le FN dans les conseils régionaux, la bataille pour une telle alliance en région PACA était menée par un autre dirigeant de l'UMP, Christian Estrosi, actuel ministre et très proche de Sarkozy.
Cela ne l'a pas empêché de déclarer récemment dans la presse israélienne que Sarkozy était le « candidat naturel des juifs de France » et de multiplier les initiatives en direction des institutions juives.
En 1998, le même Gaudin organisait la scission de l’UDF qui refusait l’alliance avec le FN et créait le parti Démocratie Libérale avec Madelin, Raffarin…
Le second « triumvir » de l'UMP est Brice Hortefeux, proche compagnon et ami de Sarkozy qui s’est illustré ces dernières semaines par un grossier appel du pied au Front National.
A la veille du premier tour, le 13 Avril, il s’est déclaré en faveur de l’élection de députés à la proportionnelle, contrairement à la doctrine habituelle de la droite UMP. Il s’agissait clairement d’un signal d’ouverture à l’égard du FN. Ce qui est apparu comme un dérapage tactique s’inscrivait dans la continuité de la campagne sarkozyste toute entière tournée vers la récupération de l’électorat FN (voir nos précédents articles).
Le trio dirigeant actuel représente la vérité profonde de la campagne de Sarkozy et le secret de son succès.
Les cautions qu'apporteraient des ralliés venus du camp de la gauche et la trahissant ne feraient qu'aggraver la confusion et le mensonge.
Le nouveau président élu a décidé de ne pas participer aux cérémonies du 8 Mai commémorant la défaite du nazisme.
La même situation de transition entre deux présidents s'était déroulée différemment en 1995: Chirac, invité par Mitterrand, avait pleinement participé aux cérémonies.
Cette décision est d'autant plus choquante que le candidat Sarkozy avait, il y a quatre jours, organisé une opération de récupération médiatique de la Résistance, sur le plateau des Glières.
Cette manipulation a d'ailleurs provoqué une vive protestation des représentants locaux de la Résistance qui organisent un rassemblement le 13 Mai afin de rendre publique leur réprobation (voir notre article précédent Résistants des Glières contre Sarkozy )
Le malaise s'est encore alourdi avec le discours de victoire de Sarkozy le 6 Mai.
Il y a de nouveau attaqué la "repentance" qui conduit à "la haine de soi". Cette tirade récurrente témoigne de la volonté de réécrire l’histoire pour une exaltation nationaliste.
Ce sont notamment la colonisation et la collaboration des autorités françaises avec l’occupation nazie qui sont révisées. On comprend dès lors que Sarkozy ne tienne pas à figurer le 8 Mai aux côtés de Chirac. Celui-ci avait déclaré le 16 juillet 1995, lors de la commémoration de la rafle du Vel' d'Hiv': "
...Ces heures noires souillent à jamais notre histoire et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été, chacun le sait, secondée par des Français, secondée par l'État français. La France, patrie des Lumières, patrie des Droits de l'homme, terre d'accueil, terre d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable..."
Cette reconnaissance, fruit du combat acharné contre la négation, constitue depuis un acquis de l'histoire du pays. Ainsi Lionel Jospin, qui avait succédé à François Mitterrand à la tête du Parti socialiste, lorsqu'il fut le candidat de la gauche à l'élection présidentielle de 1995, avait pris d'emblée du recul, au nom du « droit d'inventaire » par rapport aux positions de Mitterrand à l'égard du régime de Vichy, et notamment aux liens d'amitié qui unissaient ce dernier à René Bousquet, ancien dirigeant de la police du régime pétainiste.
Devenu Premier ministre de cohabitation en juin 1997, Jospin s'est exprimé clairement dès le 16 juillet de la même année, à l'occasion du 55ème anniversaire de la rafle du Vélodrome d'Hiver et sur le même registre : "Cette rafle fut décidée, planifiée et réalisée par des Français. […] Ce crime doit marquer notre conscience nationale. Rappeler cela, si cruelle et révoltante que soit cette réalité, ne nous conduit pas à confondre le régime de Vichy et la République, les collaborateurs et les résistants, les prudents et les « justes ». Il s'agit seulement de reconnaître avec solennité, comme le fit le président Jacques Chirac il y a deux ans, qu'un gouvernement, une administration de notre pays, ont alors commis l'irréparable..."
Il est à noter que des proches de Sarkozy ont déjà, dans le passé, remis en cause cette avancée du travail de mémoire.
Ainsi le 21 octobre 1997, lors de la séance des questions à l'Assemblée nationale, en marge du procès Papon et pour répondre à un article de Philippe Séguin qui interpellait dans Le Figaro le gouvernement et y dénonçait déjà l'« esprit d'autoflagellation », Lionel Jospin réaffirma ainsi la nécessité de mener « l'effort de recherche sur notre passé » : " Oui, des policiers, des administrateurs, des gendarmes, une administration, un État français ont perpétré, ont assumé devant l'histoire, des actes terrifiants, collaborant avec l'ennemi et avec la « solution finale » […] Mais il n'y a pas de culpabilité de la France parce que, pour moi, la France était à Londres ou dans le Vercors, […] parce que Vichy était la négation de la France, en tout cas la négation de la République..."
L’absence du futur président Sarkozy lors de la commémoration du 8 Mai 2007 prend ainsi valeur de symbole. Déjà Giscard d'Estaing avait supprimé cette commémoration en 1975; elle fut rétablie en 1981.
Sarkozy mène un combat acharné pour remodeler les valeurs et l’Histoire, il faut relever ce défi !
Zemmour profane la mémoire des résistants des Glières. Il vient de se rendre devant le monument des résistants antinazis.
Le pétainiste et poutiniste, raciste et antisémite, a donc osé se revendiquer de ceux dont le combat est exactement l'inverse totale de sa haine fasciste.
Nous publions la déclaration des responsables locaux de la Résistance après l'opération médiatique de Sarkozy le 4 Mai à la veille du second tour de la présidentielle sur le plateau des Glières et nous associons à leur déclaration.
Résistants indignés au Plateau des Glières :
"Non, M. Sarkozy, les combattants des Glières ne sont pas récupérables !"
Des citoyens haut-savoyards soutenus par trois figures de la résistance en Haute-Savoie, Walter Bassan, déporté, résistant, rescapé de Dachau, Robert Lacroix, résistant, et Constant Paisant résistant, ancien des Glières, disent leur indignation et lancent un appel à un rassemblement sur le plateau des Glières dimanche 13 mai 2007 à midi pour dire
: "Non, M. Sarkozy, les combattants des Glières ne sont pas récupérables !"
M. Sarkozy vient de réaliser une opération médiatique sur le lieu des combats de 1944, aux Glières. Tantôt marchant absolument seul vers le monument, tantôt serré par des parlementaires de son parti et entouré de micros et caméras, il est certain que M. Sarkozy disposait d’un bon metteur en scène ce vendredi 4 mai 2007.
Les dialogues étaient beaucoup moins affûtés : parler de la « sérénité » du lieu s’accommodait bien mal de la bousculade médiatique de ce jour là.
Et les propos polémiques contre sa concurrente au poste de la Présidence de la République face aux micros tendus n’étaient pas dignes d’être proférés sur le lieu même du sacrifice des Résistants Unis.
M. Sarkozy ne sert pas la mémoire des Glières et de la Résistance. M. Sarkozy se sert des Glières.
Nul ne lui contesterait le droit de rendre un hommage personnel et discret aux hommes tombés ici. Nul ne lui contesterait le droit de rendre un hommage public dans une fonction officielle.
Nous lui contestons le droit de récupérer un symbole historique au service de son ambition personnelle, dans une mise en scène détestable à quelques heures du scrutin. La mémoire des combattants des Glières appartient au peuple français. Les avancées politiques issues de ces sacrifices et des combats de toutes les Forces Françaises de l’Intérieur doivent être défendues. Le programme du Conseil National de la Résistance, unifiant les composantes combattantes a permis des avancées sociales extraordinaires à la Libération. Nous, nous y souscrivons toujours. Nous appelons à un rassemblement digne sur le plateau des Glières, autour d’un repas tiré du sac et fraternellement partagé, dimanche 13 mai 2007 vers midi : citoyennes et citoyens sont conviés à montrer que ce sont des gens du peuple, d’origines très diverses, qui se sont dressés ici contre l’oppression. Non, aucun politique en campagne, de quelque bord qu’il soit, n’aurait dû venir entacher l’esprit du plateau.
Depuis la proclamation par Charles Pasqua des « valeurs communes » de la droite et de l’extrême droite lors de la campagne présidentielle de 1988, cette convergence demeure une question récurrente.
Masquée partiellement lors des mandats de Chirac, elle rebondit avec force lors de la campagne actuelle. D’abord fondamentalement en raison de l’orientation de Sarkozy depuis 2002 vers un populisme d’exclusion symbolisé par les fameux « Racaille » et « « nettoyage au Karcher »
Dans la campagne électorale elle-même Sarkozy a multiplié les gestes concrets en direction du Front National.
il a appelé publiquement à fournir des signatures à Le Pen afin que celui ci puisse se présenter. Il ne s’agit pas de paroles en l’air ; la députée UMP Nadine Morano, très proche du candidat UMP, a elle même collecté ces signatures pour Le Pen comme l'indique le Canard enchaîné, jamais démenti, dans son édition du 11 Avril 2007 : "En Meurthe-et-Moselle, par exemple, Nadine Morano, en bon petit soldat, réunit des maires ruraux début mars; “Nous étions cinq ou six à être désignés pour signer en faveur de Le Pen. Nadine nous a demandé d’envoyer nos parrainages non pas directement au Conseil constitutionnel, mais au siège du comité de soutien départemental de l’UMP. C’est elle, ensuite, qui les a emmenés à Paris”, raconte l’un d’eux".
Puis Brice Hortefeux, proche conseiller de Sarkozy et souvent commis aux basses œuvres, a lancé l'idée de la proportionnelle afin de complaire au FN.
Au plan politique et symbolique c’est sans doute le projet de création d’un ministère de « l’immigration et de l’identité nationale » qui concrétise le plus fortement et le plus ouvertement une référence forte à cette menace d’ « envahissement » qui depuis cent ans, constitue en France la bannière du nationalisme.
C’est aussi dans la mise en scène des meetings que se déploie cette rhétorique, quand le candidat les conclut maintenant systématiquement par la formule « vive la République et surtout vive la France »
D’ailleurs lorsque le Monde l’interroge le 26 Avril:
« …Avez-vous des valeurs communes avec le FN ? », Sarkozy répond : « Mes valeurs sont les valeurs de la République : travail, mérite récompense, fraternité, autorité, exigence, récompense… ».
Cette énumération, qui s’oppose explicitement aux termes de la devise républicaine en soustrayant la Liberté et l’Egalité, est parfaitement choisie pour sa compatibilité avec les « valeurs » du FN
La récupération directe des voix du FN vers Sarkozy vient parachever cette campagne menée depuis 2002 Daniel Simonpieri, maire de la ville de Marignane (13) qu'il a conquise en 1995 sous la bannière FN, maintenant à l'UMP, déclare ainsi, sans non plus être démenti: «Beaucoup d'électeurs FN ont constaté que Nicolas Sarkozy disait les mêmes choses que Le Pen, mais que lui avait une chance de les mettre un jour en application. Ils ont donc voté utile. Parce qu'ils ont cessé de croire à l'accession de Le Pen au pouvoir». ( Le Canard enchaîné du 25 Avril 2007)
Sarkozy veut récupérer l’électorat et sans doute les cadres du Front National, alors que se profile le retrait de Le Pen.
Le soubassement « théorique » de ce rapprochement avec le FN, au delà des invectives de campagne entre Le Pen et Sarkozy, est à chercher dans la tentative acharnée du candidat UMP et de son entourage, truffé d’anciens du groupe fasciste et antisémite Occident (Devedjian, Longuet…) de réhabiliter une droite dure et décomplexée dont l’effacement remonte à la guerre.
Comme le résume Devedjian, cité dans le Monde du 10 avril 2007 : "La droite est sortie honteuse de la guerre. Depuis la Libération, la gauche exerce un magistère moral sur l'histoire, distribuant les bons et les mauvais points : à gauche le parti des fusillés, à droite les collaborateurs. Même Chirac n'a jamais dit qu'il était de droite, et Jospin n'a pas hésité à dire de la droite qu'elle était héritière d'un courant anti-dreyfusard, antisémite et raciste." Puis poursuit "Il a sorti nos valeurs de la réclusion, il redonne sa dignité à la droite, analyse M. Devedjian, pour qui "la droitisation de la société permet aujourd'hui ce réajustement idéologique qui anticipe la victoire politique". M. Guaino (rédacteur des discours de Sarkozy) renchérit : "Ce travail sur l'histoire est un travail préalable pour convaincre les gens qu'ils peuvent refaire les grandes choses qui ont été faites avant eux."
Acharné contre ce qu'il appelle la "repentance nationale » Sarkozy remet aussi en cause l’avancée que constitue la déclaration officielle de Chirac en 1995 concernant le rôle de l'Etat français de Vichy (voir nos articles:"Sarkozy jette aux orties la reconnaissance de la participation de la France à la Shoah" et "Sarkozy encense Maurice Druon, ami et soutien de Papon")
De plus il attribue aux Allemands (et pas aux nazis !) la responsabilité unique du génocide. Or qui a promulgué un statut d'exclusion des juifs dès Octobre 1940 de manière volontaire et autonome? l'Etat français. Qui a décidé la déportation des enfants, non demandée par les nazis? Laval.
Sarkozy va chercher très loin et très à droite les sources de cette révision idéologique.
Dans son discours de Metz le 17 Avril, il commence par invoquer les mannes de Maurice Barrès: « et sur la colline inspirée de Sion, Barrès priait d’un même élan du coeur la Vierge, la Lorraine et la France et écrivait pour la jeunesse française le roman de l’énergie nationale ». Qui est Barrès ? un nationaliste d’extrême droite antidreyfusard, qui affirma notamment : "Je n'ai pas besoin qu'on me dise pourquoi Dreyfus a trahi. En psychologie, il me suffit de savoir qu'il est capable de trahir et il me suffit de savoir qu'il a trahi. L'intervalle est rempli. Que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race…Quant à ceux qui disent que Dreyfus n'est pas un traître, le tout, c'est de s'entendre. Soit ! Ils ont raison : Dreyfus n'appartient pas à notre nation et, dès lors, comment la trahirait-il ? Les Juifs sont de la patrie où ils trouvent leur plus grand intérêt. Et par là on peut dire qu'un juif n'est jamais un traître."
Maurice Barrès, "Ce que j'ai vu à Rennes", Scènes et doctrines du nationalisme, 1902, après que la justice ait reconnu que les » preuves »étaient fausses.
Barrés est de nouveau appelé à la rescousse lors du meeting de Rouen le 24 Avril.
Quand Sarkozy cite à plusieurs reprises Jaurès et Blum, il ne s’agit nullement d’une innovation inspirée mais de la reprise de discours de l’écrivain nationaliste et ex-de gauche Max Gallo appelant dès 1996 à
" réconcilier Louis XIV et les soldats de l'an II, Péguy et Jaurès, Blum et même Brasillach (écrivain fasciste fusillé en 1946 pour collaboration et délation) "
Face à cette entreprise sarkozyste de réécriture de l’Histoire, dont l'ampleur est sous-estimée, un vaste et profond combat s’engage: nous y participons!
Sarkozy fait appel à un "témoin de moralité" qui a témoigné pour Papon lors de son procès en 1998 et y a insulté les déportés et leurs enfants
Le candidat de l'UMP est engagé dans une entreprise de réhabilitation de la droite "décomplexée" et de ses valeurs . Il butte sans cesse sur la colonisation et sur la collaboration d'une grande partie de la droite avec la nazisme à travers le régime de Vichy (voir notre article précédent. Sarkozy jette aux orties la reconnaissance de la participation de la France à la Shoah)
Dans sa recherche de légitimité gaulliste, Sarkozy a été se faire adouber le 1er mars dernier par Maurice Druon. On a surtout retenu de cette épisode la complaisance des journalistes qui ont réjoui Sarkozy et Druon en entonnant le "chant des Partisans" auquel Druon a contribué. Du coup personne ou presque n'a relevé que Druon a témoigné en faveur de Papon lors du procés de ce dernier en 1997. L'académicien ultra-réactionnaire avait scandalisé lors de l'audience en dénonçant la passivité des Juifs déportés (voir ci-dessous le compte rendu de son témoignage par le journal Sud-Ouest ); il avait aussi mis en cause les parties civiles du procès les accusant d'être les "alliés des fils des bourreaux" parce qu'ils mettaient en cause les autorités collaborationnistes françaises de l'époque et pas exclusivement les "Allemands", selon son expression.
On retrouve une argumentation identique à celle de Druon dans le discours de Sarkozy notamment à Nice le 30 Mars: "Je veux leur dire qu'ils auront à choisir entre ceux qui assument toute l'Histoire de France et les adeptes de la repentance qui veulent ressusciter les haines du passé en exigeant des fils qu'ils expient les fautes supposées de leur père et de leurs aïeux. Je suis de ceux qui pensent que la France n'a pas à rougir de son histoire. Elle n'a pas commis de génocide. Elle n'a pas inventé la solution finale. Elle a inventé les droits de l'Homme et elle est le pays du monde qui s'est le plus battu pour la liberté."
Druon a déclaré le 1er mars que Sarkozy faisait partie de sa "descendance" politique; en effet !
Le procès Papon s'est terminé en Avril 1998 et c'est au même moment que la droite a passé des accords avec le Front national dans 5 régions pour diriger ensemble ces institutions. Raffarin et Longuet, dirigeants de la campagne de Sarkozy ont à l'époque crée le parti " Démocratie Libérale" pour soutenir ces accords. Gaudin, vice-président de l'UMP avait déjà dirigé avec le FN dans sa région...Ils ne sont jamais revenus sur ces forfaitures
Le témoin suivant est Maurice Druon, 79 ans, Secrétaire perpétuel de l'Académie Française, ancien ministre, ancien député et parlementaire européen, ancien engagé des Forces Françaises Libre. Il avance, la canne sur le bras, et dépose longuement, comme un discours à l'Académie. Il rappelle d'abord que le jury d'honneur a reconnu les actes de résistance de Maurice Papon et ne tait pas une certaine ironie : « Je me demande si les membres du jury d'honneur et les témoins qui ont été entendus étaient des débiles mentaux, oublieux ou complaisants ! ». Il se livre ensuite à un véritable plaidoyer en faveur de l'accusé et surtout à une virulente critique du procès qui lui est fait : « Comment le juger devant un jury populaire lorsque un jury de 35 millions de personnes a élu par deux fois un homme décoré de la Francisque et médaillé de la Résistance ? ». Le nom de François Mitterrand n'est jamais prononcé.
«Un français symbolique»
Maurice Druon précise qu'il n'a aucun lien particulier avec Maurice Papon qu'il a rencontré lorsqu'il était parlementaire et ministre mais témoigne de « rapports courtois, cordiaux, sans effusion. Il m'a toujours paru un homme très intelligent, très vif, efficace, froid et toujours patriote ».
Pendant la guerre, Maurice Druon était à Londres. Il affirme qu'avant le printemps 1945, on ne connaissait pas la solution finale : « si on avait su, il n'y aurait pas eu de préfets et de sous-préfets pour signer les ordres de déportation, il y aurait eu moins de Juifs passifs, attendant qu'on vienne les arrêter, cousant leur étoile jaune sur leur vêtement, ils ne seraient pas restés là à attendre comme des groggys offerts aux sacrificateurs ». Un brouhaha monte dans la salle.
Maurice Druon refuse que l'on refasse le procès de Vichy : « Il a été fait à la Libération. On pensait alors que le chapitre noir était fermé et qu'il n'aurait pas à être rouvert sinon dans les livres d'histoire. Si on veut rechercher des coupables, en Allemagne, il y a assez d'anciens SS, de gestapistes à traduire devant la justice comme des lois européens le permettent ». Il assure, en effet, que ce procès profitera seulement à l'Allemagne : « Si l'on se met à condamner un français symbolique, il leur sera facile de dire : on est tous pareils, les Français sont aussi moches que nous, il y aura une dissolution de la responsabilité , de la culpabilité, c'est pour celà que je suis venu devant vous ». Il ajoute : « Il y a un paradoxe de voir les fils des victimes devenir les alliés objectifs des fils des bourreaux ». Un murmure d'indignation ponctue son propos. Me Jacob, de sa voix éraillée, n'accepte pas qu'en fils de résistant juif, on en fasse un complice des bourreaux. Maurice Papon qui tient toujours sa tête posée sur sa main gauche a la parole en dernier. Sa voix est faible : « J'observe toujours une dérive pour engager le procès du général De Gaulle. Je partage la véhémence de Maurice Druon, je me sens en bonne compagnie ».
"Jean-Marie Le Pen et les origines de Nicolas Sarkozy
Jean-Marie Le Pen a de nouveau évoqué, mardi 17 avril, sur France 2 les origines étrangères des parents de Nicolas Sarkozy. M. Sarkozy "qui n'a somme toute qu'un grand-parent français n'est peut-être pas le mieux qualifié pour incarner la France et le peuple français comme doit le faire le président de la République" a-t-il dit. Dans Le Parisien du 15 avril, le président du Front national avait précisé : "Le fait d'avoir trois grands-parents étrangers n'est pas ce qui vous qualifie le plus pour cette fonction exceptionnelle." Selon l'association Mémorial 98, qui milite contre le racisme et l'antisémitisme, ce rappel sur les "trois grands-parents (est) une référence directe, bien que codée, au statut des Juifs de 1940 qui fixait ce critère pour exclure les Juifs des fonctions publiques et électives". Il se trouve que Benedict Mallah, le grand-père maternel de M. Sarkozy, était d'origine juive."