Sur Facebook suivez l'actualité quotidienne de la lutte contre le racisme, l'antisémitisme,et le négationnisme de Memorial 98 à l'adresse http://www.facebook.com/groups/348947755137242/
Depuis plusieurs années, les négationnistes, les antisémites, racistes et xénophobes de tout poil sont à l'offensive. Dans un contexte de crise économique persistante,ils se sentent encouragés par la dérive des partis de la droite traditionnelle et par la poussée de l'extrême-droite. Les scandales se multiplient à propos du génocide des Tutsi au Rwanda ( voir les scandales Cantaloup (link) et Canal+ qui a donné lieu à une réprimande du CSA (link ), du génocide des Arméniens et de la Shoah ainsi qu'à propos des Roms (affaire Bourdouleix à Cholet (voir le début de l'article Dieudonné : au-delà de la quenelle, l’escalade meurtrière. ).
C'est dans ce contexte marqué par l'affaire Dieudonné, qu'un collectif d'associations et de personnalités vient de publier dans le Huffington Post( link) un appel qui retrace l'exemple de la pièce de théâtre antisémite représentée en avril dernier dans le cadre de l'Université de La Rochelle. Nos amis d’Opération Poulpe ont publié une analyse détaillée de cette pièce et de son contexte (voir link)
L'association Memorial 98 est partie prenante de cet appel intitulé "Halte à la résurgence des stéréotypes de la haine: à l'université et dans toute la société" que nous publions et vous demandons de faire connaître
Memorial 98
Texte de l'appel:
"Une parole raciste et antisémite se déploie et se banalise, encouragée par des discours haineux et médiatiques tels ceux de Dieudonné. Cela engendre un climat délétère. En marge de ces dérives, une campagne se développe pour invoquer le « droit de rire de tout », y compris dans le registre de l’injure, du négationnisme, de la haine des Juifs. Certains invoquent la liberté de pouvoir tout laisser dire, même ce qui est inacceptable sur le plan éthique. C’est ignorer que Dieudonné, depuis qu’il fraye avec les négationnistes, ne se situe pas dans le registre de l'argumentation, mais dans celui d’une diffusion de ses anathèmes contre les Juifs. Cela constitue une atteinte radicale au vivre ensemble républicain.
Il est particulièrement inquiétant que cette résurgence des stéréotypes de la haine ait trouvé un nouveau terrain dans une université. En avril 2013, une vingtaine d’étudiants de l’université de La Rochelle ont joué avec l’aide de subventions publiques [1] une pièce de théâtre intitulée « Une pièce sur le rôle de vos enfants dans la reprise économique mondiale ». Cette pièce prétend dénoncer les « excès de la finance folle ». On s’y moque des pauvres, des prostituées, des Chinois, des homosexuels, etc. Elle présente les Juifs comme les responsables de l’horreur financière du monde.
La pièce met en scène une machination d’une banque juive dans laquelle les enfants seront évalués avant leur naissance et contraints, une fois devenus adultes, de verser une part importante de leur salaire. Bref, une forme nouvelle d’esclavage inventée par les Juifs. Dans la pièce, un cuisinier d’un camp de concentration nazi, personnage devenu plutôt sympathique, est pourchassé par des Juifs ultra-orthodoxes, vulgaires et vindicatifs, et l’un d’eux se réconcilie avec ce nazi… en échange d’une liasse de billets. Ce sont bien les Juifs qui sont visés dans la pièce. Ils sont au centre du dispositif, et sans eux, il ne resterait rien de cette « œuvre ».
La troupe et ses animateurs professionnels ont été défendus avec obstination par la direction de l’université. Par la suite, des attaques violentes, malveillantes et injurieuses ont été proférées sur des sites internet à l’encontre de Michel Goldberg, l’enseignant-chercheur qui avait alerté l’université sur l’ignominie d’un spectacle érigé en tribune antisémite. Son patronyme et son prénom avaient été utilisés dans la pièce pour créer deux personnages répugnants. Par la suite, le Forum de l'université a déversé de nombreuses pages virulentes à son encontre, le qualifiant de malhonnête ou de terroriste. Il a été accusé de complot contre l’établissement, de manipulation, de totalitarisme.
Cependant, durant la controverse, le maire et les députés de La Rochelle et de Rochefort, ainsi que la ministre G. Fioraso ont critiqué sévèrement cette pièce et ont perçu son caractère antisémite. Des centaines de personnes les ont rejoints. La ministre s’est engagée à ce que la pièce ne soit plus rejouée au Canada où il était prévu de l’exporter. Le SNESUP, la LICRA, le CRIF, le MRAP, UAVJ ainsi que des comédiens, des metteurs en scène, de nombreux chercheurs ont montré l’horreur de l’idéologie de cette pièce. Tandis que l’université a refusé de condamner le texte.
Le CA de l’université de La Rochelle n’a pas pris la peine de s’intéresser aux analyses de cette pièce que l’université avait pourtant financée, à ces étudiants qui avaient été mis en situation d’apprendre un discours de haine à l’encontre des Juifs-qui-dominent-le-monde, ni aux professionnels qui avaient entièrement failli dans leur responsabilité éducative. Les attaques à l’encontre du collègue qui avait alerté l’université se sont poursuivies lors de deux CA, sans que le Conseil n’entende jamais ce collègue.
La diffusion sur le Forum de l’université d’un communiqué des quatre représentants des cultes de la ville, alertant sur la nocivité de la pièce, a été fallacieusement qualifiée d’atteinte au principe de laïcité. Et le CA a exprimé un soutien unanime à l’action d’un président qui n’a pourtant jamais émis aucune critique sérieuse à l’égard d’un texte d’un antisémitisme primaire, et qui a laissé se mettre en place des attaques indignes à l’encontre d’un membre du personnel. On pourrait donc ainsi d’un même mouvement justifier la libre expression de la parole antisémite au théâtre et refuser à ceux qui la critiquent le droit de s’exprimer dans un climat serein.
Au-delà de ce cas emblématique, les signataires s’inquiètent aussi de la résurgence des stéréotypes de la haine dont ces faits montrent comment elle peut insidieusement surgir lorsque l’on nie l’humanité de l’autre. C’est le cas lorsque la ministre Christiane Taubira est grossièrement insultée du fait de ses origines, ou lorsque des musulmans, des Roms … font l’objet en tant que tels de stigmatisation et d’agressions. Les signataires appellent à conjurer les périls d’une banalisation d’évènements tragiques de l’Histoire. L’actualité montre aujourd’hui qu’ils peuvent se reproduire dès lors qu’un groupe humain quel qu’il soit est désigné comme bouc émissaire.
[1 ] Dialogues de la pièce et analyses en ligne sur :
https://sites.google.com/site/atelierecriturelarochelle
Signataires : LICRA ; MRAP ; UAVJ ; MEMORIAL98 ; COLLECTIF VAN ; CONFRONTATIONS EUROPE – Éliette Abécassis, Romancière ; André Antibi, Professeur émérite à l’UPS (Toulouse 3) ; Arnold Bac, Professeur d’École honoraire ; Roger Benguigui, Secrétaire général de la LICRA ; Corinne Bitoun, Avocate ; Léon Brenig, Professeur de physique, Université de Bruxelles ; Michel Canet, Président de l'UFAL (Union des familles laïques) ; Jean-Claude Casanova, membre de l’Institut ; Marjolaine Chevallier, MCF honoraire à la Faculté de Théologie Protestante, Univ. Marc Bloch, Strasbourg ; Jean-Yves Duyck, Professeur Emérite de Sciences de Gestion, Université La Rochelle ; Olivier Gebuhrer, MCF honoraire de mathématiques, co-animateur de UAVJ ; Wladimir Glasman, Professeur d’arabe ; Michel Goldberg, Institut Pasteur, Professeur émérite ; Michel Goldberg, INSERM, Professeur émérite ; Michel Goldberg, musicien de jazz ; Gérard Gunzig, Professeur de physique, Université de Bruxelles ; Albert Herszkowicz, président de Memorial98 ; Philippe Herzog, président fondateur de Confrontations Europe et Claude Fischer, présidente ; Philippe Joutard, historien, ancien recteur ; Marc Knobel, historien ; Gérard Lauton, universitaire (UPEC), membre de la Commission Administrative Nationale du SNESUP-FSU ; Pascal Lederer, CNRS, DR émérite, co-animateur de UAVJ ; Bernard Maro, DR émérite, Médaille d'argent du CNRS ; Isabelle De Mecquenem, Philosophe, Université de Reims ; Sabine Missistrano, Présidente d’Honneur de la Ligue des Droits de l'Homme (Belgique) ; Seta Papazian, Présidente du Collectif VAN (Vigilance Arménienne contre le Négationnisme) ; Gilles Perrault, écrivain ; Alain Policar, Politologue, Centre de recherches politiques de Sciences-Po (CÉVIPOF) ; Richard Prasquier, ancien président du CRIF ; François Rastier, Directeur de recherche (CNRS) ; Nathalie Sayac, universitaire (UPEC) ; Bernard Schalscha, membre du Comité de rédaction de La Règle du jeu ; Philippe Schmidt, Vice-Président de la LICRA, Président de l’INACH (International Network Against Cyberhate) ; Marianne Seckel, Pasteur de l'ÉPUdF (Eglise Protestante Unie de France) à La Rochelle et l'Île de Ré ; Antoine Spire, journaliste, Vice-Président de la LICRA ; Pierre-André Taguieff, Directeur de recherche (CNRS) ; Gérard Unger, Président de Metrobus, Président de Jcall ; Emmanuel Wallon, Professeur de sociologie politique ;
Voir aussi
Dans un lycée de prestige, un antisémitisme d'une certaine classe
Histoire: la gauche combat l'antisémitisme.
Dieudonné : au-delà de la quenelle, l’escalade meurtrière.
Extrême-droite: récidive violente.
9 Novembre : 75 ans après la « Nuit de Cristal »
17 octobre 1961: un massacre colonial.
Avec les Roms : rendez vous à la Bastille 5 et 6 octobre