L’histoire est à peine croyable et pourtant elle est absolument vraie.
Mme Pederzoli, professeur d’histoire du lycée Loritz de Nancy , est suspendue pour quatre mois. On lui reproche d’avoir bafoué la laïcité et la neutralité de l’École en organisant un voyage autour de la mémoire de la Shoah.
Nous publions ci-dessous le lien vers une interview télévisée de l’enseignante ainsi que des très larges extraits du journal local, Le Républicain Lorrain.
On rappellera, en contrepoint du révisionnisme bureaucratique du recteur, la mémoire des policiers héroïques de Nancy:
Le 18 juillet 1942, le chef du service des étrangers de la police de Nancy, Édouard Vigneron, apprend que la rafle des Juifs de Nancy est pour le lendemain. Il convoque tous les policiers qu'il peut joindre pour qu'ils fassent fuir tous les Juifs menacés, qu'ils connaissent pour la plupart pour leur avoir remis leurs papiers. Il n'hésite pas à les faire accompagner à la gare et à leur faire remettre tickets et laissez-passer pour atteindre la « zone libre ». Des policiers ont même abrité chez eux des Juifs menacés.
Édouard Vigneron a été arrêté après ces événements mais libéré et réhabilité à la Libération.
Avec trois autres policiers (Charles Bouy, François Pinot et Charles Thouron) il a reçu la Médaille de Juste parmi les Nations de Yad Vashem.
Nous vous appelons à protester auprès du Ministère de l’Education nationale et auprès du rectorat de Nancy.
Rectorat de l'académie de Nancy-Metz, 2, rue Philippe de Gueldres, CO 30013, 54035 Nancy CEDEX ; tél: 03 83 86 20 20 ce.rectorat@ac-nancy-metz.fr
Mémorial 98
Lien vers l'interview de Mme Pederzoli (par un journaliste insupportable)
http://www.dailymotion.com/video/k1olEaJtzopEPq1Fgf8
Extraits de l'article du Républicain lorrain:
La sentence est tombée la veille de la rentrée. Signée du recteur Pollet. Catherine Pederzoli, professeur certifié d’histoire-géographie au lycée Loritz de Nancy, est suspendue pour quatre mois. Dans un an, elle sera à la retraite. L’enseignement, le contact avec les élèves, la transmission du savoir et des valeurs fondamentales, c’est toute sa vie, tout ce à quoi elle croit. C’est pourquoi, depuis quinze ans, elle organise un voyage scolaire. Il s’agit d’un projet pédagogique qu’elle a construit et porté notamment avec l’association « Déportations persécutions mémoire ». Le « Voyage de la mémoire de la Shoah » vient clore l’année scolaire et le programme de terminale. Il emmène les élèves sur les lieux de la persécution et de l’extermination. Six jours en Pologne et en République Tchèque, qui contribuent à leur édification.
C’est ce voyage qui est au centre de tout. C’est autour de lui et de la personnalité de Catherine Pederzoli, femme entière et enseignante passionnée, que se cristallise toute l’affaire. En novembre dernier, le Conseil d'administration du lycée Loritz, appelé à se prononcer sur le projet pédagogique, l’accueille favorablement, mais réduit considérablement le nombre de participants. Le jour de la visite officielle de Luc Chatel à Nancy, une manifestation est organisée par les lycéens qui veulent attirer l’attention du ministre. On accuse Catherine Pederzoli d’en avoir été l’inspiratrice.
À partir de là, rien ne va plus. Une affaire de soirée trop arrosée lors du voyage de 2009, où est mêlée une prof stagiaire, sort opportunément pour alourdir le dossier. Le point d’orgue, ce sera fin juin, avec une inspection de l’Éducation nationale, demandée par le recteur. Deux inspecteurs mènent une enquête pour comprendre ce qu’il se passe dans ce lycée où un climat délétère s’est installé. Ils entendent des profs, des élèves, des parents, et l’intéressée. En août, ils rendent un rapport accablant. Ils estiment que la dimension mémorielle du travail l’emporte sur celle de l’Histoire, que les principes de laïcité et neutralité religieuse qui organisent l’école républicaine « sont clairement enfreints », et que l’enseignante fait cavalier seul. Les nombreux témoignages favorables à la prof ne sont que peu repris.
Me Christine Tadic, l’avocate de Catherine Pederzoli, n’en revient pas. Elle se demande qui veut la peau de l’enseignante, et pourquoi on s’acharne ainsi sur elle. « C’est un rapport exclusivement à charge. Je n’ai jamais vu quelque chose d’aussi partial, d’aussi orienté. Je suis juriste, je pèse mes mots. Manifestement on veut s’encadrer Madame Pederzoli, en l’accusant d’instrumentaliser les élèves, de leur faire un lavage de cerveau. Et je finis par me demander si sa principale faute… n’est pas d’être juive !.
Dans leur rapport, les inspecteurs font des observations étonnantes. Ils relèvent en substance qu’elle utilise dans ses explications à quatorze reprises le terme de Shoah, qui signifie « anéantissement » en hébreu, au lieu du terme « à la fois plus neutre et juridiquement fondé de "génocide" »…
Son avocate conteste la suspension par une procédure en référé devant le tribunal administratif.
MEMORIAL 98
PS Nous avions confondu le Républicain lorrain et l'Est républicain en référence à l'affaire Volson. Erreur corrigée grâce à la vigilance d'un lecteur lorrain que nous remercions