Alors que l’urgence sociale et économique est au cœur des préoccupations du pays, le gouvernement choisit de mettre en scène une campagne de répression et d’expulsions contre les populations Roms.
Tout le déploiement habituel, hérité de Sarkozy et Guéant, est au rendez-vous: destruction de campements, charters d’expulsion…
Valls, ministre de l’Intérieur, ainsi que des maires de gauche se retranchent derrière des décisions de justice, mais ce sont bien eux-mêmes qui sollicitent ces décisions et les font appliquer, parfois très brutalement.
Dans une choquante correspondance de dates, cette campagne est organisée deux ans jour pour jour après le fameux et funeste discours de Sarkozy à Grenoble, le 30 juillet 2010. Il avait annoncé la fin des « implantations sauvages de campements de Roms », lançant ainsi, sous l’œil des caméras, une vague d’expulsions pendant l’été (voir Pourquoi les Roms ? Décryptage ).
Les réactions nationales et internationales avaient alors été vives: de Viviane Reding, commissaire européenne en charge de la Justice et de la Citoyenneté qui avait qualifié l’attitude du gouvernement français de « honteuse » au pape Benoît XVI qui avait déclaré :« les discriminations ethniques ou raciales n’ont pas leur place En Europe ».
En France, la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, avait dénoncé une « dérive antirépublicaine ».
Le 4 septembre suivant, d’importantes manifestations unitaires s’étaient déroulées dans différentes villes à l’appel de la Ligue des Droits de l’Homme ( voir Tous dans la rue le 4 Septembre ). Le 28 juin 2011, la France avait été condamnée par le Conseil de l’Europe pour sa politique contre les Roms, cette dernière constituant, selon le Conseil, une violation aggravée du principe de non-discrimination.
La défaite de Sarkozy n’a donc pas changé la donne pour les Roms. Les expulsions continuent puis, lorsqu'il ont été jetés de leurs campements, on ne leur propose toujours aucune solution de relogement digne. Et cela, malgré les déclarations de François Hollande qui avait souhaité, lorsqu’il était candidat, « que, lorsqu’un campement insalubre est démantelé, des solutions alternatives soient proposées. On ne peut pas continuer à accepter que des familles soient chassées d’un endroit sans solution. Cela les conduit à s’installer ailleurs, dans des conditions qui ne sont pas meilleures ».
On s’en prend une fois de plus à ceux qui sont les plus faciles à frapper. Les Roms ne disposent d’aucune institution protectrice, ni d’État qui se porte à leur secours ; au contraire leur pays d’origine les discriminent et les abandonnent à leur sort (voir Au côté des Roms, contre la violence. ).
Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, rejette la responsabilité de la situation actuelle sur les pays d’origine, comme s’il ne connaissait pas l’ampleur des discriminations dont y sont victimes les Roms et la violence des campagnes d’extrême droite les stigmatisant. Leur histoire de persécutions y est niée, notamment les massacres dont ils furent victimes de la part des nazis (voir ici un exemple terrible http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20120712.AFP2558/republique-tcheque-colere-des-roms-contre-une-porcherie-sur-un-ancien-camp-nazi.html )
Les avertissements adressés à Valls n’ont pas manqué, de même que les propositions concrètes pour améliorer la situation.
Le collectif Romeurope en particulier (http://www.romeurope.org/) mène un travail de grande ampleur en lien avec les populations Roms et les habitants des localités concernées. Nous soutenons son combat http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/Roms-Valls-confirme-ce-que-disait-le-gouvernement-precedent-537360.
Dans les semaines à venir, il faudra que se manifeste publiquement, dans la rue, le refus de cette politique répressive, contraire aux valeurs qui ont amené à battre Sarkozy. Nous déclarions alors que les illusions n’étaient pas de mise et écrivions à propos de François. Hollande (voir 6 mai : voter contre le racisme ): «… Nous savons que dans son entourage se trouvent aussi des personnages qui, tel Manuel Valls, peuvent utiliser une rhétorique douteuse… ». C'est dès maintenant que tous ceux qui se réclament de l’anti-racisme doivent mettre le holà à ses agissements.
MEMORIAL 98