Samedi 26 mai, en plein week-end de Pentecôte. Les Syriens de la région parisienne se retrouvent comme toutes les semaines, place du Châtelet en plein centre de la ville mais néanmoins peu visibles, cachés par les arbres.
Drapeaux, banderoles, chants et mots d’ordre repris des manifestations au pays permettent aux personnes présentes de manifester leur soutien au soulèvement de leur peuple. C’est aussi un moment pendant lequel elles peuvent échapper à l’angoisse du suivi permanent des nouvelles sur Internet. Cette dimension de mobilisation collective est particulièrement visible et l’on se demande parfois d’où elles puisent l’énergie permettant de scander encore et encore les « chœurs parlés » des manifestations d’Homs et Deraa et de chanter les airs populaires du pays. Les massacres s’y succèdent, décimant les familles.
Conversation sur place avec un ancien diplomate français qui connaît très bien la région et anime un blog dont la lecture est indispensable à ceux qui veulent suivre la situation en Syrie (voir http://syrie.blog.lemonde.fr)
Il confie que l’opposition syrienne réclame des armes pour pouvoir résister à l’énorme puissance de feu des troupes du régime et aussi une prise de position ferme et claire de la communauté internationale à l’égard du groupe dirigeant, pour lui signifier que la répression doit cesser. Comme prévu la prétendue trêve est violée quotidiennement par Assad, les observateurs internationaux sans aucun pouvoir sont ridiculisés.
L’opposition rejette à ce jour toute intervention extérieure, mais demande qu’on lui donne les moyens de libérer elle-même le pays. Elle doit faire face à l’armée, aux « conseillers militaires » iraniens, à la milice préparée à attaquer les manifestants. Ainsi à Damas ce sont plus de 20000 miliciens qui sont rassemblés tous les vendredis afin d’intimider les protestataires. Il apparaît que les structures locales d’organisation civile et militaire progressent assez rapidement dans un pays écrasé depuis des dizaines d’années par la répression.
Alors que les massacres semblent s’accélérer, nous appelons nos lecteurs à participer le plus largement possible aux protestations et mobilisations qui se déroulent partout dans le pays (voir la liste des manifestations sur http://souriahouria.com/)
voir aussi Pour le peuple syrien: vague blanche le 17 avril
Syrie: un an de combat et de débat.
Syrie: violences à Paris contre les manifestants
La solitude des Ouïghours de Paris
MEMORIAL 98